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Carpe diem

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Carpe diem, quam minimum credula postero est une locution latine extraite d'un poème d'Horace que l'on traduit en français par : « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain », littéralement « cueille le jour, et [sois] la moins crédule [possible] pour le [jour] suivant » (postero = postero diei, le jour suivant, credula étant au féminin car Horace s'adresse à une femme).

Interprétation

Approximativement, cette phrase signifie « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain ». Elle est tirée de vers latins du poète Horace, intéressé par l'épicurisme et le stoïcisme (dans ses Odes, I, 11, 8 « À Leuconoé », 23 ou 22 av. J.-C.). Elle résume le poème qui le précède et dans lequel Horace cherche à persuader Leuconoé de profiter du moment présent et d'en tirer toutes les joies, sans s'inquiéter ni du jour ni de l'heure de sa mort.

Odes, I, 11

Tu ne quaesieris, scire nefas, quem mihi, quem tibi
finem di dederint, Leuconoe, nec Babylonios
temptaris numeros. ut melius, quidquid erit, pati.
seu pluris hiemes seu tribuit Iuppiter ultimam,
quae nunc oppositis debilitat pumicibus mare
Tyrrhenum. Sapias, vina liques et spatio brevi
spem longam reseces. dum loquimur, fugerit invida
aetas: carpe diem, quam minimum credula postero.

Traduction Leconte de Lisle, 1873

Ne cherche pas à connaître, il est défendu de le savoir, quelle destinée nous ont faite les Dieux, à toi et à moi, ô Leuconoé ; et n’interroge pas les Nombres Babyloniens. Combien le mieux est de se résigner, quoi qu’il arrive ! Que Jupiter t’accorde plusieurs hivers, ou que celui-ci soit le dernier, qui heurte maintenant la mer Tyrrhénienne contre les rochers immuables, sois sage, filtre tes vins et mesure tes longues espérances à la brièveté de la vie. Pendant que nous parlons, le temps jaloux s’enfuit.
Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain.

Carpe est une forme impérative venant du verbe latin carpo, carpis, carpere, carpsi, carptum. Ce verbe a pour signification primitive « brouter » (de l'herbe), « cueillir » (une fleur) ; puis « déchirer, censurer, trier, choisir, goûter, profiter ».

Rendu célèbre auprès du grand public depuis l'Antiquité, l'extrait Carpe diem fait l'objet d'une mauvaise interprétation : traduit par « Profite du jour présent » (alors que les deux mots signifient « cueille le jour ») et compris comme une incitation à l'hédonisme le plus fort, peut-être le plus aveugle, il perd tout rapport avec le texte original qui, au contraire, incite à bien savourer le présent qui nous est donné (sans toutefois récuser toute discipline de vie) dans l'idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître.

C'est donc un hédonisme d'ascèse, une recherche de plaisir ordonnée, raisonnée, qui doit éviter tout déplaisir et toute suprématie du plaisir. C'est un hédonisme a minima : c'est un épicurisme (Horace faisait partie des épicuriens de l'ère romaine). « Horace, note André Dacier en commentaire de l'Ode à Leuconoé, a heureusement expliqué le καρπίζειν d’Épicure. Ce mot emporte non seulement jouir de quelque chose avec plaisir ; mais encore en tirer tout ce qu'il y a de bon. Et il est emprunté des abeilles, qui choisissent ce qu'il y a de plus pur dans les fleurs. Le Glossaire l'a heureusement exprimé par ἐξανθίζειν, de fleurer. »[1]

Symbolique

On peut rapprocher ce vers, devenu une maxime, de ces mots tirés du même poème : Spatio brevi / Spem longam reseces, soit « Ôte le long espoir à tes jours comptés » (littéralement « Retranche l'espoir durable au bref laps de temps »).

La rose, fleur rapidement fanée et qu'il faut cueillir dès sa floraison, est devenue une métaphore canonique de la brièveté de l'existence humaine dans la poésie française du XVIe siècle, en particulier avec les poètes de la Pléiade. Ronsard écrit ainsi : « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie » dans ses Sonnets pour Hélène. Le même thème sera repris au XVIIe siècle par les poètes anglais Robert Herrick et Andrew Marvell ainsi qu'au XXe siècle par Raymond Queneau dans son poème Si tu t'imagines.

Utilisations

La maxime Carpe Diem figure fréquemment sur les cadrans solaires. Elle est souvent reprise comme titre de chansons ou d'albums, ainsi qu'en poésie ou encore en architecture. C'est aussi un motif de tatouage récurrent.

Elle est citée intégralement dans le film Le Cercle des poètes disparus.

Notes et références

  1. André Dacier, Œuvres d'Horace en latin et français, avec des remarques critiques et historiques. Par Monsieur Dacier […], Paris, , t. I, liv. I, p. 175.

Annexes

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