Carpophilus lugubris
Carpophilus lugubris est une espèce américaine de petits coléoptères de la famille des Nitidulidae. C'est un ravageur du maïs et de la tomate.
Systématique
[modifier | modifier le code]L'espèce Carpophilus lugubris a été décrite pour la première fois en 1864 par le naturaliste écossais Andrew Murray (1812-1878)[2].
Description
[modifier | modifier le code]Ce coléoptère a une longue durée de vie à l'âge adulte, qui peut atteindre jusqu'à 300 jours[3]. Long de 3,3 à 4,5 mm, il est principalement brun, avec une coloration orange sur ses élytres[4]. Des dépressions de chaque côté de son pygidium sont une caractéristique des mâles[4]. De plus, la capsule génitale, qui est bien distincte, n'est pas visible depuis le dessus[4].
Ses œufs sont blanc laiteux et de forme ovale[3]. Les larves peuvent être du même blanc, ou jaunes avec la tête brune[3].
Habitat
[modifier | modifier le code]Comme pour les autres Nitidulidae, les sécrétions des fruits sont la principale source de nourriture de Carpophilus lugubris, mais celui-ci consomme également des champignons, des fruits en décomposition et même du pollen[3]. Il est également capable de se nourrir de fruits intacts, le maïs étant sa principale source de nourriture[3]. L'espèce a une longue durée de vie et s'abrite dans des conditions environnementales défavorables. L'un de ses refuges est le fond des ruches d'abeilles, qui sont souvent situées à proximité des cultures[4]. Ils survivent à l'hiver en s'enfouissant dans le sol, aux nymphal et adulte[3]. Les niches écologiques des larves et ses adultes se chevauchent souvent, les larves se développant sur les épis du maïs et finissant par se nourrir des grains[4].
Distribution
[modifier | modifier le code]Originaire d'Amérique du Nord, Carpophilus lugubris est présent dans tout le sud du Canada, aux États-Unis et jusqu'en Amérique du Sud[3]. Des rapports ont même indiqué sa propagation dans les pays du sud de l'Europe, comme l'Italie[4]. Seules les régions climatiques très froides sont exemptes du genre Carpophilus[5].
Cycle biologique
[modifier | modifier le code]Carpophilus lugubris passe par quatre stades de développement[3], comme un coléoptère typique : l'œuf, la larve, la nymphe et l'adulte. Les œufs sont souvent pondus sur la soie du maïs et éclosent après 2 à 4 jours. Trois à cinq œufs sont pondus à la fois, à une température optimale de 21 °C[3]. Le stade larvaire commence à se nourrir de grains de maïs et subit trois à quatre stades avant d'atteindre le stade de nymphe. Cette étape dure souvent environ trois semaines[3]. Lorsqu'elles sont prêtes à se nymphoser, les larves tombent au sol et s'enterrent. Elle réapparaissent au bout de 9 à 10 jours, mais cela peut être plus long si l'hivernage devient nécessaire[3]. Une fois sorti du sol, l'adulte utilise des phéromones pour localiser une nouvelle source de nourriture et un lieu d'accouplement possible[3].
Impacts écologiques
[modifier | modifier le code]Sa capacité à attaquer les fruits et légumes non endommagés fait du genre Carpophilus une grande menace pour les cultures[5]. Carpophilus lugubris est un ravageur commun du maïs en Amérique du Nord, mais il menace aussi les plantations de tomates[4]. Les larves présentes dans les grains de maïs ne sont souvent pas découvertes, ce qui peut entraîner le rejet ultérieur du produit[3].
Ils peuvent également agir comme vecteurs du transfert de champignons vers les plantes cultivées[3]. Les espèces apparentées agissent comme vecteurs de maladies comme le flétrissement du chêne[6]. La capacité de se disperser en volant donne à ce genre un grand potentiel de transmission de maladies. Une espèce apparentée est connue pour être parasite des ruches d'abeilles mellifères, dans lesquelles elles s'enfouissent pour attaquer les larves[4]. L'utilisation de Carpophilus lugubris pour lutter contre les infections fongiques est également une possibilité[7].
Gestion agricole
[modifier | modifier le code]Les insecticides sont rarement appliqués en réponse directe à Carpophilus lugubris, mais ceux qui ciblent d'autres espèces sont efficaces contre lui[3]. Une approche plus efficace consiste à s'assurer qu'aucune culture n'est laissée sans récolte, car ces plantes fourniraient de la nourriture aux individus hivernants[3]. L'utilisation de phéromones par les espèces de Carpophilus a permis de développer des pièges et les leurres pour protéger les cultures[6]. Chez Carpophilus sayi, les phéromones de 'Carpophilus lugubris sont utilisées pour faire croire à l'espèce qu'une source de nourriture se trouve à proximité[6]. De même, des pièges avec des fruits en cours de fermentation placés dans les lieux de culture donnent des taux de capture assez élevés. Cependant, lorsque les cultures commencent à mûrir, ces pièges deviennent inefficaces[6]. Les méthodes impliquant l'utilisation de radiofréquences sont un moyen possible de tuer les larves cachées dans le fruit[8]. En Caroline du Nord, la plantation précoce du maïs a réduit le nombre de plantes endommagées, par opposition aux cultures plantées plus tard[3].
Publication originale
[modifier | modifier le code]- (en) Andrew Murray, « Monograph of the Family of Nitidulariæ », Transactions of the Linnean Society of London, vol. 24, no 3, , p. 211-414 (ISSN 1945-9432, 1945-9335 et 1945-9432, lire en ligne).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 6 mai 2022
- Murray 1864, p. 355
- (en) Capinera, J., Handbook of vegetable pests, Elsevier Science & Technology, , « Dusky sap Beetle »
- (en) Marini, F., Audisio, P., Mutinelli, F. et Montarsi, F., « First report in Italy of the dusky sap beetle, Carpophilus lugubris, a new potential pest for Europe », Journal of Pest Science, vol. 86, no 2, , p. 257–160 (DOI 10.1007/s10340-013-0479-9)
- (en) Bartelt, R, J. Hossain, M, S. (2010) Chemical ecology of Carpophilus sap beetles (Coleoptera: Nitidulidae) and development of an environmentally friendly method of crop protection. Terrestrial Arthropod Reviews. 3 (1). Pp 29-61.
- (en) Bartelt, Robert J, Kyhl, John F, Ambourn, Angie K et Juzwik, Jennifer, « Male-produced aggregation pheromone of Carpophilus sayi, a nitidulid vector of oak wilt disease, and pheromone comparison with Carpophilus lugubris », Agricultural and Forest Entomology, vol. 6, no 1, , p. 39–46 (DOI 10.1111/j.1461-9555.2004.00201.x)
- (en) Cooke, L. (1994) Insect drafted to fight fungus it spreads. Agricultural Research 42 (7). Pp 13.
- (en) Pengna, F, Sacchetti P., Canuti U. et Trapani, S., « Radio frequency irradiation treatment of dates in a single layer to control Carpophilus hemipterus. », Biosystems Engineering, vol. 155, , p. 1–11 (DOI 10.1016/j.biosystemseng.2016.11.011)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Référence BioLib : Carpophilus lugubris Murray, 1864 (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Carpophilus lugubris Murray, 1864 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Carpophilus lugubris Murray, 1864 (taxons inclus) (consulté le )
- Ressources relatives au vivant :