« Histoire des Cyclades » : différence entre les versions
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[[Image:Box.Antiparos (127).jpg|thumb|180px|right|Antiparos, rocher aride ?]] |
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Les '''[[Cyclades]]''' (Κυκλάδες) sont les îles [[grèce|grecques]] de la [[mer Égée]] méridionale. L'archipel comprend environ {{formatnum:2200}} îles, îlots et îlots-rochers. Seules trente-trois îles sont habitées. Pour les anciens, elles formaient un cercle (en [[grec ancien]] κύκλος / ''kuklos'') autour de l'île sacrée de [[Délos]], d'où le nom de l'archipel. Les plus connues sont, du nord au sud et d'est en ouest : [[Andros]], [[Tinos]], [[Myconos]], [[Naxos]], [[Amorgos]], [[Syros (île)|Syros]], [[Paros]] et [[Antiparos]], [[Ios]], [[Santorin]], [[Anafi]], [[Kéa (île)|Kéa]], [[Kythnos]], [[Sérifos]], [[Sifnos]], [[Folégandros]] et [[Sikinos]], [[Milo|Milos]] et [[Kimolos]], auxquelles on peut ajouter les petites Cyclades : [[Iraklia]], [[Schinoussa]], [[Koufonissia]], [[Donoussa]]. Elles reçurent aussi parfois le nom générique d''''Archipel'''.<br /> |
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Les îles sont en position de carrefour entre l'[[Europe]] et l'[[Asie mineure]], l'Europe et le Proche-Orient ainsi qu'entre l'Europe et l'[[Afrique]]. Dans les temps anciens, lorsque la navigation n'était que du cabotage et que les marins cherchaient à ne jamais perdre de vue la terre, elles jouaient un rôle essentiel d'étape. Leur contrôle permettait aussi le contrôle des routes commerciales et stratégiques en Égée. |
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Les '''[[Cyclades]]''', en [[grec moderne|grec]] : {{langue|el|texte=Κυκλάδες|trans=Kykládes}} sont les [[Liste des îles de Grèce|îles grecques]] de la [[mer Égée]] méridionale. L'[[archipel]] comprend environ {{nombre|2200|[[île]]s}}, [[îlot]]s et îlots-rochers. Seules trente-trois îles sont habitées. Pour les Anciens, elles formaient un cercle (en [[grec ancien]] {{grec ancien|κύκλος}} / {{Langue|grc-Latn|''kúklos''}}) autour de l'île sacrée de [[Délos]], d'où le nom de l'archipel. Les plus connues sont, du nord au sud et d'est en ouest : [[Andros (Grèce)|Andros]], [[Tinos]], [[Myconos]], [[Naxos]], [[Amorgós]], [[Syros (île)|Syros]], [[Paros]] et [[Antiparos]], [[Ios (Grèce)|Ios]], [[Santorin]], [[Anafi]], [[Kéa (île)|Kéa]], [[Kythnos]], [[Sérifos]], [[Sifnos]], [[Folégandros]] et [[Sikinos]], [[Milos]] et [[Kimolos]], auxquelles on peut ajouter les [[petites Cyclades]] : [[Iraklia]], [[Schinoussa]], [[Koufonissia]], [[Kéros]], [[Donoussa]] ainsi que [[Makronissos]] entre Kéa et l’Attique, [[Gyaros]] en face d’Andros, [[Polyaigos]] à l’est de Kimolos et Thirassia, en face de Santorin. Elles reçurent aussi parfois le nom générique d’« Archipel »<ref group=N>Il a donc été ici choisi d'utiliser la définition contemporaine et administrative grecque de l'archipel. On peut en effet trouver d'autres listes d'îles appartenant aux Cyclades : [[Strabon]] ({{StrGéo}} Livre X 5, 3) dit que douze îles sont communément admises comme cycladiques : Kéa, Kythnos, Sérifos, Milos, Sifnos, Kimolos, Prepesinthos ([[Despotiko]]), Oliaros ([[Antiparos]]), Naxos, Paros, Syros, Mykonos, Tinos, Andros et Gyaros ; puis il exclut de cette liste Preperinthos, Oliaros et Gyaros. Les textes byzantins (E. Malamut, ''Les îles de l'Empire byzantin''. {{p.|47-49}}) considèrent que les Cyclades sont : Amorgós, Andros, Délos, Ios, Kéa, Kythnos, [[Lemnos]], [[Lesbos]], Milos, Myconos, Naxos, [[Nisyros]], Paros, Rhénée, Sérifos, Sifnos, [[Skyros]], Syros, Théra, Thérassia et Tinos. [[Eustathe de Thessalonique]] dans ses ''Opuscula'' propose une liste de treize îles : Amorgós, Andros, Délos, Ios, Kythnos, Myconos, Naxos, Nisyros, Paros, Sérifos, Sifnos, Syros et Tinos. Quant à [[Theodore Bent]], il visita Sérifos, Sifnos, Kimolos, Milos, Anaphi, Santorin, Ios, Sikinos, Folégandros, Myconos, Tinos, Andros, Syros, Naxos, Paros, Antiparos, Kythnos, Kéa et Amorgós.</ref>. |
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De nombreux auteurs les considéraient, voire les considèrent encore, comme une seule entité, comme une unité. Le groupe insulaire est en effet assez homogène d'un point de vue géomorphologique ; de plus les îles sont visibles les unes des autres tandis qu'elles sont nettement séparées des continents qui les entourent<ref>''Les Civilisations égéennes.'', p. 89.</ref>. L'archipel est parfois vu comme ayant « partout la même désolation, partout la même stérilité ; la plupart des îles ne sont que des masses de rochers, non seulement sans végétation, mais sans apparence de terre végétale »<ref>Alexis de Valon, « Île de Tine. », ''Revue des Deux-Mondes.'', 1843.</ref>. Si ces faits physiques sont indéniables, d'autres facteurs de cette unité sont plus subjectifs. Ainsi, chez certains auteurs, on peut lire que la population insulaire serait restée, de toutes les régions de Grèce, la seule d'origine, n'ayant pas été mélangée à des apports extérieurs<ref>« La population des Cyclades est essentiellement grecque d'origine. », Louis Lacroix, p. 431.</ref>{{,}}<ref>« The Cyclades have remained more or less as they were. », J.T. Bent, p. vii.</ref>. |
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Les îles sont en position de carrefour entre l'[[Europe]] et l'[[Asie mineure]], l'Europe et le [[Proche-Orient]] ainsi qu'entre l'Europe et l'[[Afrique]]. Dans les temps anciens, lorsque la navigation n'était que du [[cabotage]] et que les [[Marin (profession)|marins]] cherchaient à ne jamais perdre de vue la terre, elles jouaient un rôle essentiel d'étape. Jusqu'à une époque très récente, cette situation fit leur fortune : le commerce était une de leurs activités principales, et leur malheur : leur contrôle permettait aussi le contrôle des routes commerciales et stratégiques en Égée. |
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Si leur position stratégique les rapproche, si, par leur aspect extérieur de rocher à peine fertile, elles se ressemblent, elles ont malgré tout souvent connu des destinées différentes. Leur histoire est tout autant similaire que spécifique.<br /> |
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Leurs ressources naturelles et leur rôle potentiel d'étapes commerciales leur ont permis d'être peuplées dès le néolithique. Grâce à ces atouts, elles connurent une culture brillante au {{-m|III|e}} : la civilisation cycladique. Les puissances protohistoriques, minoenne puis mycénienne, y firent sentir leur influence. Les Cyclades connurent un nouvel apogée à l'époque archaïque. Les Perses cherchèrent à s'en emparer lors de leurs tentatives de conquête de la Grèce. Elles entrèrent alors dans l'orbite d'Athènes avec les ligues de Délos. Les royaumes hellénistiques se les disputèrent tandis que Délos devenait une grande puissance commerciale. |
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[[Image:Cyclades-sat-blank.png|thumb|200px|right|Photo satellite des Cyclades]] |
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De nombreux auteurs les considéraient, ou les considèrent encore, comme une entité unique. Le groupe insulaire est en effet assez homogène d'un point de vue géomorphologique ; de plus, les îles sont visibles les unes des autres tandis qu'elles sont nettement séparées des continents qui les entourent<ref>''Les Civilisations égéennes'', {{p.|89}}.</ref>. Si ces faits physiques sont indéniables, d'autres facteurs de cette unité sont plus subjectifs. L'aridité du climat et des sols actuels suggère aussi l'unité<ref group=N>« Partout la même désolation, partout la même stérilité ; la plupart des îles ne sont que des masses de rochers, non seulement sans végétation, mais sans apparence de terre végétale », Alexis de Valon, « Île de Tine. », ''Revue des Deux-Mondes'', 1843.</ref>, mais il n'en a pas toujours été ainsi, vu les [[Histoire du climat avant 1850|variations]] [[climat]]iques du passé<ref>Fabien Locher, ''L'Histoire face à la crise climatique'', in: ''La Vie des idées'', {{lire en ligne|lien=http://www.laviedesidees.fr/L-Histoire-face-a-la-crise.html}}</ref>. Durant les périodes de [[sécheresse]] ou d'instabilité historique, certaines îles ont été désertées, d'autres non ou moins, et le repeuplement s'est fait dans des conditions différentes selon les îles : c'est donc à tort que certains auteurs ont pu penser que la population insulaire serait restée, contrairement aux autres régions de Grèce, la seule d'origine, sans apports extérieurs<ref group=N>« La population des Cyclades est essentiellement grecque d'origine. », Louis Lacroix, {{p.|431}}.</ref>{{,}}<ref group=N>« The Cyclades have remained more or less as they were. », J.T. Bent, p. vii.</ref>. |
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==Préhistoire== |
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===Néolithique=== |
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[[Image:ObsidianOregon.jpg|thumb|right|200px|Un bloc d'obsidienne.]] |
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Les plus anciennes traces d'activité (mais pas forcément d'occupation) dans les Cyclades ne furent pas découvertes dans les îles mêmes, mais sur le continent, en [[Argolide]], dans la grotte de Franchthi. Des fouilles y ont mis à jour, dans une strate datée du {{XIe}} millénaire avant l'ère commune, de l'[[obsidienne]] provenant de [[Milo|Milos]]<ref name="Fitton22">Fitton, p. 22-23.</ref>. L'île volcanique était donc au moins exploitée voire habitée, pas forcément de façon permanente, et ses habitants étaient capables de naviguer et commercer sur une distance d'au moins 150 km. |
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Les ressources naturelles et le rôle potentiel d'étapes commerciales des Cyclades leur ont permis d'être peuplées dès le [[Néolithique]]. Grâce à ces atouts, elles connurent une culture brillante au {{-m|III|e}} : la [[Civilisation des Cyclades|civilisation cycladique]]. Les puissances protohistoriques, [[Civilisation minoenne|minoenne]] puis [[Civilisation mycénienne|mycénienne]], y firent sentir leur influence. Les Cyclades connurent un nouvel apogée à l'époque archaïque ({{-s2-|VIII|VI}}). Les [[Empire achéménide|Perses]] cherchèrent à s'en emparer lors de leurs tentatives de conquête de la Grèce. Elles entrèrent alors dans l'orbite d'[[Athènes antique|Athènes]] avec les [[Ligue de Délos|ligues de Délos]]. Les [[Période hellénistique|royaumes hellénistiques]] se les disputèrent tandis que [[Délos]] devenait une grande puissance commerciale. |
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Une installation définitive sur les îles ne pouvait se faire que par des sédentaires disposant d'une agriculture et d'un élevage pouvant exploiter les quelques plaines fertiles. Des chasseurs-cueilleurs auraient eu beaucoup plus de difficultés<ref name="Fitton22" />. Les habitats les plus anciens jusqu'à présent découverts sont celui de l'îlot de Saliango entre Paros et Antiparos<ref name="Bleu202">''Guide Bleu. Îles grecques.'', p. 202.</ref>{{,}}<ref name="Fitton22" />, celui de Kephala sur Kéa et peut-être les couches les plus anciennes de Grotta sur Naxos<ref name="Fitton22" />. Ils remontent au {{-m|V|e}} millénaire avant l'ère commune. |
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Durant le millénaire [[Empire romain|romano]]-[[Empire byzantin|byzantin]], les îles étaient encore suffisamment prospères pour attiser la convoitise des [[Piraterie|pirates]], des [[Goths]], des [[Slaves]] et des [[Arabes]], ainsi que celle de la [[quatrième croisade]], les Occidentaux se [[États latins d'Orient|partageant]] l'Empire byzantin. Les Cyclades entrèrent alors dans l'[[République de Venise|orbite vénitienne]] et les seigneurs féodaux [[Vocabulaire des croisades et de la reconquista|« latins » et « francs »]] créèrent un certain nombre de [[fief]]s dont le principal était le [[duché de Naxos]]. |
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Sur Saliango (alors relié à ses deux voisines), des maisons de pierres sèches ont été retrouvées, ainsi que deux statuettes cycladiques. Les fouilles du cimetière de Kephala permettent d'estimer le nombre d'habitants entre quarante-cinq et quatre-vingts<ref name="Fitton22" />. L'étude des squelettes a révélé des caries fréquentes (mais peu nombreuses) ; si les dents sont usées par les aliments, elles sont rarement très abimées. Des déformations osseusses, surtout au niveau des vertèbres, ont été constatées. Elles sont attribuées à des affections arthritiques, maladie des sédentaires. Des signes d'[[ostéoporose]] sont aussi présents, mais plus rarement que ce qui a été constaté pour le Néolithique Ancien sur le continent. L'espérance de vie a été évaluée à une vingtaine d'années, avec des maxima de vingt-huit à trente-cinq ans. Les femmes avaient une espérance de vie plus faible que celle des hommes<ref name="CivEg142">''Les Civilisations égéennes.'', p. 142.</ref>. Une division sexuelle du travail aurait existé. Aux femmes auraient été dévolus les soins aux enfants, la cueillette, les travaux agricoles « légers », le « petit » bétail, le filage (on a retrouvé des pesons de fuseau dans les tombes féminines), le tissage, la vannerie et la poterie<ref name="CivEg142" />. Les hommes auraient réalisé les tâches masculines : gros travaux agricoles, chasse, pêche, travail de la pierre, de l'os, du bois et des métaux<ref name="CivEg142" />. Cette division sexuelle du travail entraînait une première différenciation sociale : les tombes, à [[Ciste (archéologie)|ciste]], les plus riches sont les tombes d'hommes<ref name="CivEg142" />. La poterie se faisait sans tour, à partir de boules d'argile modelées à la main ; les peintures étaient appliquées au pinceau ; les incisions à l'ongle. Les vases étaient ensuite cuits en fosse ou en meule, c'est-à-dire sans four, à des températures basses : 700° à 800°<ref>''Les Civilisations égéennes.'', p.153-160.</ref>. Naxos a révélé des objets de métal de petite taille. L'exploitation des mines d'argent de Siphnos pourrait aussi remonter à cette période<ref name="Fitton22" />. |
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Celui-ci finit par être conquis par l'[[Empire ottoman]] qui laissa une certaine [[Charte de franchises|autonomie administrative et fiscale]] aux îles. La prospérité économique se poursuivit donc, malgré la [[piraterie]] ou grâce à elle, selon le statut du navire (pillé ou pillard). Ambigu de ce point de vue, l'archipel le fut aussi pendant la [[guerre d'indépendance grecque]]. Devenues grecques dans les années 1830, les Cyclades partagèrent l'histoire de la Grèce depuis lors. Elles connurent d'abord une phase de prospérité commerciale, toujours grâce à leur position géographique, avant que les routes commerciales et les moyens de transport changent. Elles souffrirent alors de l'exode, rural ou littoral. L'afflux des touristes apporta un renouveau commercial, sans pour autant remplacer l'ancienne trilogie économique des Cyclades : cultures vivrières, élevage extensif et pêche côtière. |
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[[Fichier:Box.Antiparos (127).jpg|thumb|Antiparos, rocher aride ?]] |
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[[Fichier:Cyclades Anacharsis.JPG|thumb|Carte historique des Cyclades pour le ''Voyage du jeune Anacharsis''.]] |
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== Préhistoire == |
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=== Néolithique === |
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[[Fichier:ObsidianOregon.jpg|thumb|Un bloc d'obsidienne.]] |
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Les plus anciennes traces d'activité (mais pas forcément d'occupation) dans les Cyclades ne furent pas découvertes dans les îles mêmes, mais sur le continent, en [[Argolide]], dans la [[Grotte Franchthi|grotte de Franchthi]]. Des fouilles y ont mis au jour, dans une strate datée du {{XIe}} millénaire avant l'ère commune, de l'[[obsidienne]] provenant de [[Milos]]. L'île volcanique était donc au moins exploitée voire habitée, pas forcément de façon permanente, et ses habitants étaient capables de naviguer et commercer sur une distance d'au moins {{unité|150|km}}<ref name="Fitton22">Fitton, ''Cycladic Art'', {{p.|22-23}}.</ref>. |
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Une installation définitive sur les îles ne pouvait se faire que par des sédentaires disposant d'une agriculture et d'un élevage pouvant exploiter les quelques plaines fertiles. Des chasseurs-cueilleurs auraient eu beaucoup plus de difficultés<ref name="Fitton22"/>. Le site de Maroula sur [[Kythnos]] a révélé un fragment d'os daté au [[Carbone 14]] -{{formatnum:7500}}/-{{formatnum:6500}} avant notre ère<ref>Kenneth Honea, « Prehistoric Remains on the Island of Kythnos », ''American Journal of Archaeology'', vol. 79, {{numéro|3}}. juillet 1975.</ref>. Les habitats les plus anciens sont celui de l'îlot de [[Saliagos]] entre [[Paros]] et [[Antiparos]]<ref name="Fitton22"/>{{,}}<ref name="Bleu202">''Guide Bleu. Îles grecques'', {{p.|202}}.</ref>, celui de Kephala sur [[Kéa (île)|Kéa]] et peut-être les couches les plus anciennes de Grotta sur Naxos<ref name="Fitton22"/>. Ils remontent au {{-m|V|e}}. |
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Sur Saliagos (alors relié à ses deux voisines, Paros et Antiparos), des maisons de pierres sèches ont été retrouvées, ainsi que deux statuettes cycladiques. Les fouilles du cimetière de Kephala permettent d'estimer le nombre d'habitants entre quarante-cinq et quatre-vingts<ref name="Fitton22"/>. L'étude des squelettes a révélé des déformations osseuses, surtout au niveau des vertèbres. Elles sont attribuées à des affections arthritiques, maladie des sédentaires. De l'[[ostéoporose]], autre signe de sédentarité est aussi présente, mais plus rarement que sur le continent à la même époque. L'espérance de vie a été évaluée à une vingtaine d'années, avec des maxima de vingt-huit à trente-cinq ans. Les femmes avaient une espérance de vie plus faible que celle des hommes<ref name="CivEg142">''Les Civilisations égéennes'', {{p.|142}}.</ref>. |
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[[Fichier:Cista.jpg|thumb|left|Reconstitution d'une tombe à ciste.]] |
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Une division sexuelle du travail a pu exister : aux femmes auraient été dévolus les soins aux enfants, la cueillette, les travaux agricoles « légers », le « petit » bétail, le filage (on a retrouvé des pesons de fuseau dans les tombes féminines), le tissage, la vannerie et la poterie<ref name="CivEg142"/>. Les hommes auraient réalisé les tâches dites « masculines » : gros travaux agricoles, chasse, pêche, travail de la pierre, de l'os, du bois et des métaux<ref name="CivEg142"/>. Cette division sexuelle du travail entraînait une première différenciation sociale : les tombes, à [[Ciste (archéologie)|ciste]], les plus riches sont les tombes d'hommes<ref name="CivEg142"/>. La poterie se faisait sans tour, à partir de boules d'argile modelées à la main ; les peintures étaient appliquées au pinceau ; les incisions à l'ongle. Les vases étaient ensuite cuits en fosse ou en meule, c'est-à-dire sans four, à des températures basses : 700° à {{unité|800|°C}}<ref>''Les Civilisations égéennes.'', {{p.|153-160}}.</ref>. Naxos a révélé des objets de métal de petite taille. L'exploitation des mines d'argent de [[Siphnos]] pourrait aussi remonter à cette période<ref name="Fitton22"/>. |
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=== Civilisation cycladique === |
=== Civilisation cycladique === |
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{{Article détaillé|Civilisation des Cyclades}} |
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[[Fichier:Figure cycladique Louvre Ma2709.png|thumb|upright|Tête d'une figurine féminine, culture de Kéros-Syros, Cycladique ancien II (2700–2300 {{av JC}}), [[musée du Louvre]].]] |
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L'archéologue grec [[Chrístos Tsoúntas]] a suggéré à la fin du {{XIXe siècle}}, après avoir rapproché diverses découvertes sur de nombreuses îles, que les Cyclades auraient été englobées dans une unité culturelle au {{-m|III|e}} : la civilisation cycladique<ref name="Bleu202"/>, remontant à l'[[âge du bronze]]. Elle est célèbre pour ses idoles de marbre, retrouvées jusqu'au [[Portugal]] et à l'embouchure du [[Danube]]<ref name="Bleu202"/>, ce qui prouve son dynamisme. |
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Elle est un peu plus ancienne que la [[civilisation minoenne]] de [[Crète]]. Les débuts de la civilisation minoenne furent influencés par la civilisation cycladique : des statuettes cycladiques furent importées en Crète et les artisans locaux imitèrent les techniques cycladiques, les sites d'Aghia Photia et d'Archanes en ont apporté les preuves archéologiques<ref>Fitton, ''Cycladic Art'', {{p.|18}}.</ref>. De même, les fouilles du cimetière d'Aghios Kosmas en [[Attique]] ont révélé des objets prouvant une forte influence cycladique, due soit à la présence d'une forte proportion de la population voire d'une véritable colonie provenant des îles<ref name="Fitton19"/>. |
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L'archéologue grec Christos Tsountas a suggéré à la fin du {{XIXe siècle}}, après avoir rapproché diverses découvertes sur de nombreuses îles, que les Cyclades auraient été englobées dans une unité culturelle au {{-m|III|e}} : la civilisation cycladique<ref name="Bleu202" />, remontant à l'[[âge du bronze]]. Elle est célèbre pour ses idoles de marbre, retrouvées jusqu'au [[Portugal]] et à l'embouchure du [[Danube]]<ref name="Bleu202" />, ce qui prouve son dynamisme.<br /> |
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Elle est un peu plus ancienne que la [[civilisation minoenne]] de [[Crète]]. Les débuts de la civilisation minoenne furent influencés par la civilisation cycladique : des statuettes cycladiques furent importées en Crète et les artisans locaux imitèrent les techniques cycladiques, les sites d'Aghia Photia et d'Archanes en ont apporté les preuves archéologiques<ref>Fitton, p. 18.</ref>. De même, le cimetière d'Aghios Kosmas en [[Attique]] a révélé des tombes de type cycladique contenant des objets cycladiques pouvant indiquer soit la présence d'une colonie cycladique, soit une forte proportion de la population d'origine cycladique, en tout cas une influence cycladique certaine<ref name="Fitton19" />. |
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On distingue traditionnellement trois grandes périodes (équivalentes à celles qui divisent l'Helladique sur le continent et le Minoen en Crète)<ref name="Bleu203">''Guide Bleu. Îles grecques |
On distingue traditionnellement trois grandes périodes (équivalentes à celles qui divisent l'[[Helladique]] sur le continent et le Minoen en Crète)<ref name="Bleu203">''Guide Bleu. Îles grecques'', {{p.|203}}.</ref> : |
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* le Cycladique Ancien I (CA I) (3200 - 2800) dit aussi Culture Grotta-Pelos |
* le Cycladique Ancien I (CA I) (3200 - 2800) dit aussi Culture Grotta-Pelos |
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* le Cycladique Ancien II (CA II) (2800 - 2300) dit aussi Culture Kéros-Syros, souvent considérée comme l'apogée de la civilisation cycladique |
* le Cycladique Ancien II (CA II) (2800 - 2300) dit aussi Culture Kéros-Syros, souvent considérée comme l'apogée de la civilisation cycladique |
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* le Cycladique Ancien III (CA III) (2300 - 2000) dit aussi Culture Phylakopi |
* le Cycladique Ancien III (CA III) (2300 - 2000) dit aussi Culture Phylakopi |
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L'étude des squelettes retrouvés dans les sépultures, toujours à [[Ciste (archéologie)|ciste]], montre une évolution depuis le |
L'étude des squelettes retrouvés dans les sépultures, toujours à [[Ciste (archéologie)|ciste]], montre une évolution depuis le Néolithique. L'ostéoporose recule même si les affections arthritiques restent présentes. Donc, le régime alimentaire s'était amélioré. L'espérance de vie a progressé : on constate des maxima de quarante à quarante-cinq ans pour les hommes, mais seulement de trente ans pour les femmes<ref name="CivEg181">''Les Civilisations égéennes'', {{p.|181}}.</ref>. La division sexuelle du travail restait la même que celle constatée au Néolithique Ancien : aux femmes les petits travaux domestiques et agricoles, aux hommes les plus gros travaux et l'« artisanat<ref name="CivEg181"/> ». L'agriculture reposait, comme ailleurs en Méditerranée, sur les céréales (plutôt l'orge, moins gourmande en eau que le blé), la vigne et l'olivier. L'élevage se concentrait déjà principalement sur les chèvres et les moutons, ainsi qu'un peu de porcs ; mais très peu de bovins dont l'élevage est encore aujourd'hui peu développé dans les îles. La pêche complétait les ressources alimentaires, grâce par exemple aux migrations régulières de thons<ref name="Fitton13">Fitton, ''Cycladic Art'', {{p.|13-14}}.</ref>. À cette époque, le bois, plus abondant qu'aujourd'hui, permettait la construction des charpentes et des navires<ref name="Fitton13"/>. |
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Les habitants |
Les habitants de ces îles qui vivaient principalement en bord de mer étaient de remarquables marins et commerçants. Il semblerait que les Cyclades aient alors plus exporté qu'importé de marchandises<ref>Fitton, ''Cycladic Art'', {{p.|12}}.</ref>, fait assez unique dans leur histoire. La céramique retrouvée dans divers sites cycladiques (Phylakopi sur [[Milos]], Aghia Irini sur [[Kéa (île)|Kéa]] et Akrotiri sur [[Santorin]]) prouve l'existence de routes commerciales allant de la Grèce continentale à la Crète en passant principalement par les Cyclades de l'ouest jusqu'au Cycladique Récent. Des vases produits sur le continent ou en Crète et importés dans les îles ont été retrouvés lors de fouilles sur ces trois sites<ref>John F. Cherry et Jack L. Davis, « The Cyclades and the Greek Mainland in Late Cycladic I : the Evidence of the Pottery. »</ref>. |
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On sait qu'il y avait des artisans spécialisés : fondeurs, forgerons, potiers et sculpteurs, mais il est impossible de dire s'ils vivaient de leur travail<ref name="CivEg181" />. L'obsidienne resta le matériau dominant pour la fabrication des outils, même après le développement de la métallurgie. On a retrouvé des outils fabriqués dans un bronze primitif, alliage de cuivre et d'arsenic. Le cuivre provenait de Kythnos et contenait déjà une forte teneur d'arsenic. L'étain, dont la provenance n'a pas été déterminée, ne fut introduit dans les îles que plus tard, après la fin de la civilisation cycladique. Les bronzes à l'étain les plus anciens furent retrouvés à Kastri sur Tinos (période de la Culture Phylakopi) et leur composition prouvent qu'ils provenaient de [[Troade]], soit sous forme de matières premières, soit déjà sous forme de produits finis<ref name="Fitton14">Fitton, p. 14-17.</ref>. Des échanges commerciaux existaient alors entre la Troade et les Cyclades.<br /> |
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Ces outils servaient à travailler le marbre, surtout originaire de Naxos et Paros, soit pour les célèbres idoles cycladiques, soit pour les vases de marbre. Il ne semble pas que le marbre ait alors été exploité dans des mines, comme de nos jours : il se serait trouvé en grande quantité à fleur de sol<ref name="Fitton14" />. Cependant, les outils d'obsidienne de Milos restaient les plus nombreux car moins chers. L'[[émeri]] de Naxos fournissait aussi des matériaux de polissage. Enfin, la pierre ponce de Santorin permettait un fini parfait<ref name="Fitton14" />.<br /> |
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Les pigments qu'on peut retrouver sur les statuettes, mais aussi dans les tombes, étaient aussi originaires des îles, comme l'azurite pour le bleu et le minerai de fer pour le rouge<ref name="Fitton14" />. |
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On sait qu'il y avait des artisans spécialisés : fondeurs, forgerons, potiers et sculpteurs, mais il est impossible de dire s'ils vivaient de leur travail<ref name="CivEg181"/>. L'obsidienne de Milos resta le matériau dominant pour la fabrication des outils, même après le développement de la métallurgie, car moins chère. On a retrouvé des outils fabriqués dans un [[bronze]] primitif, alliage de [[cuivre]] et d'[[arsenic]]. Le cuivre provenait de [[Kythnos]] et contenait déjà une forte teneur d'arsenic. L'[[étain]], dont la provenance n'a pas été déterminée, ne fut introduit dans les îles que plus tard, après la fin de la civilisation cycladique. Les bronzes à l'étain les plus anciens furent retrouvés à Kastri sur [[Tinos]] (période de la Culture Phylakopi) et leur composition prouve qu'ils provenaient de [[Troade]], soit sous forme de matières premières, soit déjà sous forme de produits finis<ref name="Fitton14">Fitton, ''Cycladic Art'', {{p.|14-17}}.</ref>. Des échanges commerciaux existaient alors entre la Troade et les Cyclades. |
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====Culture Grotta-Pelos==== |
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[[Image:Grotta-Pelos.jpg|thumb|left|150px|Figurines Grotta-Pelos de type « violon » dessinées par l'archéologue [[Theodore Bent]] en 1884 qui identifiait un homme et une femme.]] |
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La culture tire son nom du site de Grotta, sur Naxos, à l'extérieur de la capitale actuelle de l'île et du site de Pelos sur Milos. On a découvert d'autres habitats sur Paros et Antiparos, sur Amorgos (site de Kapros) et ailleurs sur Naxos<ref>Fitton, p. 26</ref>. |
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Les habitats sont peu connus : les maisons en pierres sèches ont disparu. Pour la fin de la période, on a retrouvé des maisons rectangulaires, à une ou deux pièces, avec des murs en pierres et argile<ref name="Fitton24" />. Les cimetières permettent d'en évaluer la taille. Il s'agissait de petits hameaux agricoles<ref name="Fitton24">Fitton, p. 24-25.</ref>. Dans les tombes, des vases en poterie et en marbre, ainsi que des statuettes de marbre, le plus souvent en forme de « violon », ont été retrouvés. La poterie était alors faite à la main (le tour était à peine connue). La boîte cylindrique (''pyxis'') était la forme principale de poterie<ref>Fitton, p. 27.</ref>. |
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Ces outils servaient à travailler le marbre, surtout originaire de [[Naxos]] et [[Paros]], soit pour les célèbres idoles cycladiques, soit pour les vases de marbre. Il ne semble pas que le marbre ait alors été exploité dans des mines, comme de nos jours : il se serait trouvé en grande quantité à fleur de sol<ref name="Fitton14"/>. L'[[émeri]] de Naxos fournissait aussi des matériaux de polissage. Enfin, la pierre ponce de Santorin permettait un fini parfait<ref name="Fitton14"/>. Les pigments qu'on peut retrouver sur les statuettes, mais aussi dans les tombes, étaient aussi originaires des îles, comme l'azurite pour le bleu et le minerai de fer pour le rouge<ref name="Fitton14"/>. |
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====Culture Kéros-Syros==== |
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La période Kéros-Syros est souvent considérée comme l'apogée de la civilisation cycladique. Elle tire son nom de la Petite Cyclade, aujourd'hui désertée, Kéros, au sud de Naxos et de l'île de Syros. Elle est aussi la mieux connue, en partie grâce à l'abondance des objets découverts dans les tombes. Les habitats étaient plus grands, atteignant la taille d'un village cycladique actuel, mieux organisés, voire planifiés et mieux construits. Ils étaient situés au bord de la mer. Les habitants des îles en tiraient une partie de leur nourriture, mais ils étaient aussi des commerçants qui naviguaient. Les plaines littorales offraient aussi de l'eau potable et des possibilités d'agriculture. Cependant, on connaît quelques sites fortifiés sur des hauteurs (Kastri sur Syros, Panormos sur Naxos ou le sommet du « mont » Kynthos sur Délos<ref name="Délos14">''Délos.'', p.14.</ref>) mais des maisons étaient construites parfois hors des remparts<ref name="Fitton40">Fitton, p. 40-41.</ref>. La métallurgie était très répandue. Poterie et sculpture étaient très développées et inspiraient les cultures voisines<ref name="Fitton40" />. |
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L'habitat est différent de ce qu'on trouve alors en Crète : pas de palais monumentaux, mais des maisons de pierre avec des poutres de bois et un toît de branchages<ref name="Bleu203" />. Des nécropoles ont été retrouvées à proximité des villages<ref name="Bleu203" />.<br /> |
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Les célèbres idoles cycladiques ont le plus souvent été retrouvées dans ces tombes, mais pas exclusivement. |
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Par la suite, l'habitat se déplaça vers le sommet des îles à l'intérieur d'enceintes fortifiées complétées de tours rondes aux angles. On considère que la piraterie aurait alors pu faire son apparition dans l'archipel<ref name="Bleu203"/>. |
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====Culture Phylakopi==== |
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Les habitats quittèrent les bords de mer pour s'installer au sommet des îles à l'intérieur d'enceintes fortifiées complétées de tours rondes aux angles<ref name="Bleu203" />. On considère que la piraterie aurait alors fait son apparition dans l'archipel<ref name="Bleu203" />. |
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===Minoens et Mycéniens=== |
=== Minoens et Mycéniens === |
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[[Fichier:Minoan fresco, showing a fleet and settlement Akrotiri.jpg|thumb|left|La procession de navires sur une fresque d'Akrotiri (Santorin) montre aussi un habitat cycladique du {{IIe}} millénaire avant notre ère.]] |
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Les Crétois occupèrent les Cyclades au {{-m|II|e}}, puis les [[civilisation mycénienne|Mycéniens]] à partir de [[-1450|1450 avant l'ère commune]] et les Doriens à partir de [[-1100|1100 avant l'ère commune]]. Les îles, à cause de leur relative petite taille, ne purent affronter ces puissances très centralisées<ref name="Fitton19">Fitton, p. |
Les Crétois occupèrent les Cyclades au {{-m|II|e}}, puis les [[civilisation mycénienne|Mycéniens]] à partir de [[-1450|1450 avant l'ère commune]] et les Doriens à partir de [[-1100|1100 avant l'ère commune]]. Les îles, à cause de leur relative petite taille, ne purent affronter ces puissances très centralisées<ref name="Fitton19">Fitton, ''Cycladic Art'', {{p.|19}}</ref>. |
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====Sources littéraires==== |
==== Sources littéraires ==== |
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[[Thucydide]] écrit que [[Minos]] chassa de l'archipel ses premiers habitants, les Cariens<ref> |
[[Thucydide]] écrit que [[Minos]] chassa de l'archipel ses premiers habitants, les [[Carie (Antiquité)|Cariens]]<ref>{{ThuGue}}, I, 4.</ref> dont les tombeaux étaient nombreux sur [[Délos]]<ref>Thucydide, I, 8.</ref>. [[Hérodote]]<ref>{{HérHis}}, I, 171.</ref> précise que les Cariens, aussi appelés Lélèges, étaient arrivés depuis le continent. Ils étaient totalement indépendants (« ils ne payaient aucun tribut »), mais fournissaient des marins aux navires de [[Minos]]. |
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Selon [[Hérodote]], les Cariens auraient été les meilleurs guerriers de leur temps et auraient appris aux Grecs à mettre des crinières aux casques, à mettre des insignes sur les boucliers et à mettre des courroies pour tenir les boucliers.<br /> |
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Les Cariens auraient ensuite été chassés des Cyclades par les Doriens, suivis des Ioniens qui firent de l'île de Délos un grand centre religieux<ref>Thucydide, III, 103.</ref>. |
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Selon [[Hérodote]], les Cariens auraient été les meilleurs guerriers de leur temps et auraient appris aux Grecs à mettre des crinières aux casques, à représenter des insignes sur les boucliers et à utiliser des courroies pour tenir ceux-ci. Les Cariens auraient ensuite été chassés des Cyclades par les Doriens, suivis des Ioniens qui firent de l'île de Délos un grand centre religieux<ref>Thucydide, III, 103.</ref>. |
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====L'influence crétoise==== |
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[[Image:Phylakopi flying fish.jpg|thumb|left|150px|Fresque minoenne à Phylakopi sur Milos.]] |
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On connaît une quinzaine d'habitats du Cycladique Moyen (vers [[-2000|2000 avant l'ère commune]] - vers [[-1600|1600 avant l'ère commune]]). Les trois plus étudiés sont Aghia Irini (IV et V) sur Kéa, Paroikia sur Paros et Phylakopi (II) sur Milos. L'absence de réelle rupture (malgré la couche de destruction) entre Phylakopi I et Phylakopi II permet de penser que la transition ne fut pas brutale<ref name="CivEg262">''Les Civilisations égéennes.'', p. 262-265.</ref>. La principale preuve d'une évolution est la disparition des idoles cycladiques des sépultures<ref name="CivEg262" /> qui par contre ont très peu évolué, restant à [[Ciste (archéologie)|ciste]] depuis le néolithique<ref name="CivEg270" />.<br /> |
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Les Cyclades subirent aussi une différenciation culturelle. Un groupe au nord autour de Kéa et Syros se rapprocherait plus, d'un point de vue culturel, du Nord-Est de l'Égée, tandis que les Cyclades du Sud seraient plus proches de la civilisation crétoise<ref name="CivEg262" />. S'il est nécessaire de nuancer la tradition ancienne d'un empire maritime minoen, il est cependant indéniable que la Crète finit par avoir une influence sur l'ensemble de l'Égée. Celle-ci se fit plus fortement sentir à partir du Cycladique Récent, ou Minoen Récent (à partir de [[-1700|1700]]/[[-1600|1600 avant l'ère commune]])<ref name="CivEg319">''Les Civilisation égéennes.'', p. 319-323</ref>. |
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==== L'influence crétoise ==== |
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Au Minoen Récent, des contacts importants sont attestés à Kéa, Milos et Santorin : poterie et éléments architecturaux (''polythyron'', puits de lumière, décor à fresque) minoens ainsi que des signes du [[Linéaire A]]<ref name="CivEg319" />. Les tessons retrouvés sur les autres Cyclades y seraient arrivés de façon indirecte depuis ces trois îles<ref name="CivEg319" />. Il est difficile de déterminer de quel type était la présence minoenne dans les Cyclades : colonies de peuplement, protectorat ou comptoir<ref name="CivEg319" />. Il a été suggéré un temps que les grands bâtiments à Akrotiri sur Santorin (maison Ouest) ou à Phylakopi pouvaient être des palais de gouverneurs étrangers, mais il n'existe pas de preuve formelle pouvant étayer cette hypothèse. Il n'existe pas non plus suffisamment de preuves archéologiques montrant l'existence de quartier exclusivement crétois, comme dans des colonies de peuplement. Il semblerait que la Crète ait défendu ses intérêts dans la région grâce à des agents qui pouvaient jouer un rôle politique plus ou moins important. La civilisation minoenne aurait ainsi protégé ses routes commerciales<ref name="CivEg319" />. L'influence plus forte sur les trois îles de Kéa, Milos et Santorin s'expliquerait ainsi. Les Cyclades étaient un foyer d'échanges très actif. L'axe (ou cordon) occidental (Kéa, Milos, Santorin) était prépondérant. Kéa était l'étape vers le continent et la première étape depuis celui-ci, à proximité des mines du [[Laurion]] ; Milos redistribuait vers le reste de l'archipel et restait la principale source d'obsidienne ; et Santorin jouait vis à vis de la Crète le même rôle que Kéa vis à vis de l'Attique<ref>''Les Civilisations égéennes.'', p. 282-283.</ref>.<br /> |
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[[Fichier:Phylakopi flying fish.jpg|thumb|left|[[Exocoetidae|Exocet]] d'une fresque minoenne à Phylakopi sur [[Milos]].]] |
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La production du bronze resta en grande majorité à l'arsenic, l'étain ne progressa que très lentement dans les Cyclades, à partir du nord-est de l'archipel<ref>''Les Civilisations égéennes.'', p. 276.</ref>. |
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On connaît une quinzaine d'habitats du Cycladique Moyen (vers [[-2000|2000 avant l'ère commune]] - vers [[-1600|1600 avant l'ère commune]]). Les trois plus étudiés sont Aghia Irini (IV et V) sur [[Kéa (île)|Kéa]], Paroikia sur [[Paros]] et Phylakopi (II) sur [[Milos]]. L'absence de réelle rupture (malgré la couche de destruction) entre Phylakopi I et Phylakopi II permet de penser que la transition ne fut pas brutale<ref name="CivEg262">''Les Civilisations égéennes'', {{p.|262-265}}.</ref>. La principale preuve d'une évolution est la disparition des idoles cycladiques des sépultures<ref name="CivEg262"/> qui par contre ont très peu évolué, restant à [[Ciste (archéologie)|ciste]] depuis le Néolithique<ref name="CivEg270"/>. |
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[[Image:Akrotiri (English Version).png|thumb|left|200px|Plan d'Akrotiri.]] |
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L'habitat était alors constitué de petits villages de marins et d'agriculteurs<ref name="Bleu203" />, souvent fortifiés au plan serré<ref name="CivEg270">''Les Civilisations égéennes.'', p. 270.</ref>. Les maisons, rectangulaires, d'une à trois pièces, sont mitoyennes, de taille et de construction modeste, parfois à étage, organisées plus ou moins régulièrement dans des blocs séparés par des ruelles dallées<ref name="CivEg270" />. Il n'y avait pas de palais tel qu'on en connaissait en Crète ou sur le continent<ref name="Bleu203" />. On n'a pas non plus découvert de « tombes royales » dans les îles. Si elles ont pu être plus ou moins indépendantes politiquement et commercialement, il semblerait que d'un point de vue religieux, l'influence crétoise fut très forte. Les objets cultuels ([[rhytons]] zoomorphes, tables à libation, etc.), les aménagements religieux (bains lustraux, etc.) ou les thèmes des fresques sont similaires à Santorin ou à Phylakopi et dans les palais crétois<ref>''Les Civilisations égéennes.'', p. 353-354.</ref>. |
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Les Cyclades subirent aussi une différenciation culturelle. Un groupe au nord autour de Kéa et [[Syros (île)|Syros]] se rapprocherait plus, d'un point de vue culturel, du Nord-Est de l'Égée, tandis que les Cyclades du Sud seraient plus proches de la civilisation crétoise<ref name="CivEg262"/>. S'il est nécessaire de nuancer la tradition ancienne d'un empire maritime minoen, il est cependant indéniable que la Crète finit par avoir une influence sur l'ensemble de l'Égée. Celle-ci se fit plus fortement sentir à partir du Cycladique Récent, ou Minoen Récent (à partir de [[-1700|1700]]/[[-1600|1600 avant l'ère commune]])<ref name="CivEg319">''Les Civilisations égéennes'', {{p.|319-323}}</ref>. |
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L'explosion de [[Santorin]] (entre le Minoen Récent I A et le Minoen Récent I B) a enseveli et préservé un exemple d'habitat : Akrotiri.<br /> |
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Les fouilles depuis 1967 y ont mis à jour une agglomération d'un hectare de superficie, dépourvue de mur d'enceinte<ref name="CivEg331">''Les Civilisations égéennes.'', p. 331.</ref>. Le plan était en ordre serré, avec un réseau plus ou moins orthogonal de rues pavées et dotées d'égout. Les bâtiments avaient deux à trois étages, sans puits de lumière ni cour : les ouvertures sur la rue donnaient l'air et la lumière. Le rez-de-chaussée abritait l'escalier et des pièces servant de magasin ou d'atelier ; les pièces du premier, un peu plus grandes avaient un pilier central et des décors à fresques. Les maisons avaient des toits en terrasse posés sur des poutres non équarries, recouvertes d'une couche végétale (algues ou feuillage) puis plusieurs couches de terre argileuse<ref name="CivEg331" />, comme dans l'habitat traditionnel encore de nos jours. |
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[[Image:Santorini Landsat.jpg|thumb|right|150px|Morphologie actuelle de Santorin]] |
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Dès le début des fouilles en 1967, l'archéologue grec Spiridon Marinatos, constata que la ville avait subi une première destruction, due à un tremblement de terre, avant même l'éruption, puisque des ruines furent ensevelies<ref name="CivEg362">''Les Civilisations égéennes.'', p. 362-377.</ref>. À peu près au même moment, le site d'Aghia Irini sur Kéa fut lui aussi détruit par un tremblement de terre<ref name="CivEg319" />. L'éruption du volcan provoqua d'abord une [[Éruption volcanique#Éruption plinienne|colonne plinienne]] faite de cendres et de pierres [[ponce]]s qui créa un nuage qui recouvrit les Cyclades. Ensuite, une [[nuée ardente]] recouvrit l'île d'une couche uniforme d'une épaisseur d'un mètre à Akrotiri. Enfin, le dôme de l'immense [[caldeira]] s'effondra créant la morphologie actuelle de l'île<ref name="CivEg362" />. La datation du cataclysme est difficile : la chronologie crétoise la situe aux alentours de [[-1500|1500 avant l'ère commune]] ; le [[carbone 14]] donne une fourchette entre [[-1700|1700 avant l'ère commune]] et [[-1520|1520 avant l'ère commune]] ; la [[dendrologie]] est plus précise : vers [[-1628|1628]]/[[-1626|1626 avant l'ère commune]] ; quant aux cendres retouvées au [[Groënland]] (et venant avec certitude de Santorin), elles indiquent [[-1645|1645 avant l'ère commune]]<ref name="CivEg362" />.<br /> |
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Une chose est certaine : après ce cataclysme, les importations minoennes ont disparu d'Aghia Irini (VIII) pour être remplacées par des importations mycéniennes<ref name="CivEg319" />. L'éruption qui détruisit Santorin ne fut cependant pas dévastatrice comme le rapporte la tradition. En effet, le tremblement de terre ne peut avoir d'un côté détruit [[Zakros]], et de l'autre avoir laissée intacte [[Cnossos]] comme ce fut le cas. La pluie de cendres affecta plus le [[Dodécanèse]] que la Crète, où son épaisseur ne dépassa pas cinq à dix millimètres. Le [[raz-de-marée]] d'une hauteur de huit à dix mètres put affecter le nord voire l'est de la Crète, mais pas sa côte sud. En fait, la combinaison de tous ces éléments, plus les effets à moyen terme sur le climat, aurait pu affaiblir la Crète et sa sphère d'influence et les rendre sensibles à une conquête militaire<ref name="CivEg362" />. |
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Au Minoen Récent, des contacts importants sont attestés à Kéa, Milos et Santorin : poterie et éléments architecturaux (''polythyron'', puits de lumière, décor à fresque) minoens ainsi que des signes du [[Linéaire A]]<ref name="CivEg319"/>. Les tessons retrouvés sur les autres Cyclades y seraient arrivés de façon indirecte depuis ces trois îles<ref name="CivEg319"/>. Il est difficile de déterminer de quel type était la présence minoenne dans les Cyclades : colonies de peuplement, protectorats ou comptoirs<ref name="CivEg319"/>. Il a été suggéré un temps que les grands bâtiments à Akrotiri sur Santorin (maison Ouest) ou à Phylakopi pouvaient être des palais de gouverneurs étrangers, mais il n'existe pas de preuve formelle pouvant étayer cette hypothèse. Il n'existe pas non plus suffisamment de preuves archéologiques montrant l'existence de quartier exclusivement crétois, comme dans des colonies de peuplement. Il semblerait que la Crète ait défendu ses intérêts dans la région grâce à des agents qui pouvaient jouer un rôle politique plus ou moins important. La civilisation minoenne aurait ainsi protégé ses routes commerciales<ref name="CivEg319"/>. L'influence plus forte sur les trois îles de Kéa, Milos et Santorin s'expliquerait ainsi. Les Cyclades étaient un foyer d'échanges très actif. L'axe (ou cordon) occidental (Kéa, Milos, Santorin) était prépondérant. Kéa était l'étape vers le continent et la première étape depuis celui-ci, à proximité des mines du [[Laurion]] ; Milos redistribuait vers le reste de l'archipel et restait la principale source d'obsidienne ; et Santorin jouait vis-à-vis de la Crète le même rôle que Kéa vis-à-vis de l'Attique<ref>''Les Civilisations égéennes'', {{p.|282-283}}.</ref>. La production du bronze resta en grande majorité à l'arsenic, l'étain ne progressa que très lentement dans les Cyclades, à partir du nord-est de l'archipel<ref>''Les Civilisations égéennes'', {{p.|276}}.</ref>. |
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====Cycladique récent : la domination mycénienne==== |
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[[Image:Vase squid 1300-1200 BC Staatliche Antikensammlungen.jpg|thumb|left|200px|Vase mycénien à décor de poulpe.]] |
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Entre le milieu du {{-s|XV|e}} et le milieu du {{-s|XI|e}}, les relations entre les Cyclades et le continent connurent trois phases<ref name="CivEg439">''Les Civilisations égéennes.'', p. 439-440.</ref>. Jusque vers [[-1250|1250 avant l'ère commune]] (Helladique Récent III A-B1 ou début du Cycladique Récent III), l'influence mycénienne se fit sentir seulement sur Délos<ref name="Délos14" />, à Aghia Irini (sur Kéa), à Phylakopi (sur Milos) et peut-être à Grotta (sur Naxos). Certains bâtiments rappellent les palais continentaux, sans que les preuves soient définitives, mais des éléments typiquement mycéniens ont été retrouvés dans les sanctuaires religieux<ref name="CivEg439" />. Dans la période de troubles accompagnés de destructions que connurent les royaumes continentaux (Helladique Récent III B), les relations se ralentirent, allant jusqu'à s'arrêter (disparition d'objets mycéniens dans les strates correspondant dans les îles). De plus, les sites insulaires se fortifièrent ou améliorèrent leurs défenses (Phylakopi, mais aussi Aghios Andréas sur Siphnos ou Koukounariès sur Paros)<ref name="CivEg439" />. Les relations reprirent à l'Helladique Récent III C. Aux importations d'objets (jarres à étrier à décor de poulpes) s'ajoutèrent aussi des mouvements de population avec des migrations venues du continent<ref name="CivEg439" />. Une tombe à [[tholos]], caractéristique des sépultures mycéniennes du continent a été mise au jour sur Mykonos<ref name="Délos14" />. Les Cyclades furent occupées de façon continue jusqu'au moment du déclin de la civilisation mycénienne. |
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Les [[Civilisation mycénienne|Mycéniens]] installèrent un certain nombre de colonies militaires sur les îles<ref name="Bleu204">''Guide Bleu. Îles grecques.'', p. 204</ref>. |
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[[Fichier:Map Akrotiri 1600 BC-fr.png|thumb|left|upright|Plan d'Akrotiri.]] |
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==Époques géométrique et archaïque== |
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===L'arrivée des Ioniens=== |
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Les Ioniens venus du continent arrivèrent vers {{-s|X|e}}. Ils créèrent le grand sanctuaire religieux de [[Délos]] vers le {{-s|VII|e}}. L'''Hymne homérique à Apollon'' (dont la première partie pourrait remonter au {{-s|VII|e}}) fait allusion à des panégyries (avec compétitions sportives, chants et danses) ioniennes<ref name="Baurain212">Claude Baurain, ''Les Grecs et la Méditerranée orientale.'', p. 212.</ref>. Les fouilles archéologiques ont montré qu'un centre religieux avait été installé sur les ruines de l'habitat remontant au Cycladique Moyen<ref name="Baurain212" />. |
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L'habitat était alors constitué de petits villages de marins et d'agriculteurs<ref name="Bleu203"/>, souvent fortifiés au plan serré<ref name="CivEg270">''Les Civilisations égéennes'', {{p.|270}}.</ref>. Les maisons, rectangulaires, d'une à trois pièces, sont mitoyennes, de taille et de construction modeste, parfois à étage, organisées plus ou moins régulièrement dans des blocs séparés par des ruelles dallées<ref name="CivEg270"/>. Il n'y avait toujours pas de palais tel qu'on en connaissait en Crète ou sur le continent<ref name="Bleu203"/>. On n'a pas non plus découvert de « tombes royales » dans les îles. Si elles ont pu être plus ou moins indépendantes politiquement et commercialement, il semblerait que d'un point de vue religieux, l'influence crétoise fut très forte. Les objets cultuels (rhytons zoomorphes, tables à libation, etc.), les aménagements religieux (bains lustraux, etc.) ou les thèmes des fresques sont similaires à Santorin ou à Phylakopi et dans les palais crétois<ref>''Les Civilisations égéennes'', {{p.|353-354}}.</ref>. |
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Ce fut entre le {{-s|XII|e}} et le {{-s|VIII|e}} siècle avant notre ère que se constituèrent les premières cités cycladiques comme les quatre cités de [[Kéa (île)|Kéa]] (Ioulis, Korissia, Piessa et Karthaia), ou Zagora sur Andros dont les maisons étaient entourées d'une muraille que les archéologues datent de [[-850|850 avant notre ère]]<ref>C. Mossé, p. 30.</ref>. Les céramiques montrent la diversité des productions locales<ref name="Bleu204" />, et donc les différences entre les îles. Ainsi, il semblerait que Naxos (site sur l'îlot de Donoussa) et surtout Andros (site de Zagora) aient eu des liens avec l'[[Eubée]], tandis que Milos et Santorin aient été dans la sphère d'influence dorienne<ref>Claude Baurain, ''Les Grecs et la Méditerranée orientale.'', p. 108.</ref>. |
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[[Image:Delos Lions.jpg|thumb|right|150px|Lion de Naxos à Délos.]] |
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L'[[Éruption minoenne|explosion de Santorin]] (entre le Minoen Récent I A et le Minoen Récent I B) a enseveli et préservé un exemple d'habitat : Akrotiri. Les fouilles depuis 1967 y ont mis au jour une agglomération d'un hectare de superficie, dépourvue de mur d'enceinte<ref name="CivEg331">''Les Civilisations égéennes'', {{p.|331}}.</ref>. Le plan était en ordre serré, avec un réseau plus ou moins orthogonal de rues pavées et dotées d'égout. Les bâtiments avaient deux à trois étages, sans puits de lumière ni cour : les ouvertures sur la rue donnaient l'air et la lumière. Le rez-de-chaussée abritait l'escalier et des pièces servant de magasin ou d'atelier ; les pièces du premier, un peu plus grandes avaient un pilier central et des décors à fresques. Les maisons avaient des toits en terrasse posés sur des poutres non équarries, recouvertes d'une couche végétale (algues ou feuillage) puis plusieurs couches de terre argileuse<ref name="CivEg331"/>, comme dans l'habitat traditionnel encore de nos jours. |
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===Un nouvel apogée=== |
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À partir du {{VIIIe}} siècle avant notre ère, les Cyclades connurent un apogée lié en grande partie à leur richesse (obsidienne sur Milos, or sur Siphnos, argent sur Syros, pierre ponce sur Santorin et marbre, principalement à Paros<ref name="Bleu204" />). Cette prospérité peut se lire aussi dans la participation relativement faible des îles au mouvement de [[colonisation grecque]], hormis [[Santorin]] fondant Cyrène<ref>C. Mossé.</ref>. Les cités cycladiques célébrèrent leur prospérité dans les grands sanctuaires : trésor de Siphnos ou colonne des Naxiens à [[Delphes]] ou terrasse des lions offerte par Naxos à [[Délos]]. |
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Dès le début des fouilles en 1967, l'archéologue grec Spyridon Marinatos, constata que la ville avait subi une première destruction, due à un tremblement de terre, avant même l'éruption, puisque des ruines furent ensevelies<ref name="CivEg362">''Les Civilisations égéennes'', {{p.|362-377}}.</ref>. À peu près au même moment, le site d'Aghia Irini sur Kéa fut lui aussi détruit par un tremblement de terre<ref name="CivEg319"/>. Une chose est certaine : après l'éruption, les importations minoennes ont disparu d'Aghia Irini (VIII) pour être remplacées par des importations mycéniennes<ref name="CivEg319"/>. |
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==Période classique== |
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La richesse des cités cycladiques attira alors la convoitise de leurs voisins. La construction du Trésor de Siphnos à Delphes fut suivie de peu par un pillage de l'île par les [[Samos|Samiens]] en 524 avant notre ère<ref name="Bleu205">''Guide Bleu. Îles grecques.'', p.205.</ref>. Le tyran de Naxos [[Lygdamis]] domina un temps une partie de ses voisines à la fin du VIe siècle<ref name="Bleu205" />. |
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==== Cycladique récent : la domination mycénienne ==== |
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Les Perses tentèrent de s'emparer des Cyclades vers la fin du Ve siècle avant notre ère. [[Aristagoras]], neveu d'Histiaeus, tyran de [[Milet]], monta une expédition avec Artaphernes, [[satrape]] de [[Lydie]], contre Naxos. Il espérait contrôler tout l'archipel grâce à la conquête de cette île. En route, Aristagoras se querella avec l'amiral Megabates, qui trahit en informant Naxos de l'approche de la flotte. Les Perses renoncèrent temporairement aux Cyclades à cause de la révolte de Ionie<ref name="Lacroix433">Louis Lacroix, p.433.</ref>. |
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[[Fichier:Cup squid 1300-1200 BC Staatliche Antikensammlungen.jpg|thumb|left|upright|Vase mycénien à décor de poulpe.]] |
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[[Fichier:P1230375 Louvre jare piriforme CA1935 rwk.jpg|thumb|upright=0.8|Jarre piriforme découverte à [[Milos]] (Milo) - HR IIIB, [[musée du Louvre]].]] |
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Entre le milieu du {{-s|XV}} et le milieu du {{-s|XI}}, les relations entre les Cyclades et le continent connurent trois phases<ref name="CivEg439">''Les Civilisations égéennes'', {{p.}}439-440.</ref>. Jusque vers [[-1250|1250 avant l'ère commune]] (Helladique Récent III A-B1 ou début du Cycladique Récent III), l'influence mycénienne se fit sentir seulement sur Délos<ref name="Délos14">''Délos'', {{p.}}14.</ref>, à Aghia Irini (sur Kéa), à Phylakopi (sur Milos) et peut-être à Grotta (sur Naxos). Certains bâtiments rappellent les palais continentaux, sans que les preuves soient définitives, mais des éléments typiquement mycéniens ont été retrouvés dans les sanctuaires religieux<ref name="CivEg439"/>. Dans la période de troubles accompagnés de destructions que connurent les royaumes continentaux (Helladique Récent III B), les relations se ralentirent, allant jusqu'à s'arrêter (disparition d'objets mycéniens dans les strates correspondantes dans les îles). De plus, les sites insulaires se fortifièrent ou améliorèrent leurs défenses (Phylakopi, mais aussi Aghios Andréas sur Siphnos ou Koukounariès sur Paros)<ref name="CivEg439"/>. Les relations reprirent à l'Helladique Récent III C. Aux importations d'objets (jarres à étrier à décor de poulpes) s'ajoutèrent aussi des mouvements de population avec des migrations venues du continent<ref name="CivEg439"/>. Une tombe à [[tholos]], caractéristique des sépultures mycéniennes du continent a été mise au jour sur [[Mykonos]]<ref name="Délos14"/>. Les Cyclades furent occupées de façon continue jusqu'au moment du déclin de la civilisation mycénienne. |
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===Les guerres médiques=== |
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Lorsque [[Darius Ier|Darius]] monta son [[Guerres médiques|expédition contre la Grèce]], il ordonna à [[Datis]] et [[Artapherne]] de s'emparer des Cyclades<ref name="Lacroix433" />. Ils pillèrent Naxos<ref name="Bleu205" />, Délos fut épargnée pour des raisons religieuses et Siphnos, Sériphos et Milos préférèrent se soumettre et livrer des otages<ref name="Lacroix433" />. Les îles passèrent donc sous le contrôle perse. Après [[Bataille de Marathon|Marathon]], [[Miltiade]] entreprit la reconquête de l'archipel, mais il échoua devant Paros<ref name="Lacroix433" />. Les insulaires fournirent dix-sept navires à la flotte perse<ref>Hérodote, VII, 95.</ref>, mais la veille de la [[Bataille de Salamine]], six ou sept navires cycladiques (venus de Naxos, Kéa, Kythnos, Sériphos, Siphnos et Milos) seraient passés du côté grec<ref name="Lacroix433" />. Les îles eurent ainsi le droit d'être sur le trépied consacré à Delphes. |
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== Époques géométrique, archaïque et classique == |
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[[Thémistocle]], poursuivant la flotte perse à travers l'archipel, chercha aussi à punir les îles les plus compromises avec les Perses, prélude à la domination athénienne<ref name="Lacroix433" />. |
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=== L'arrivée des Ioniens === |
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[[Fichier:Terrace of the Lions 02.jpg|thumb|La terrasse des Lions de Naxos à Délos.]] |
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Les [[Ionie]]ns venus du continent arrivèrent vers le {{-s|X}} Ils créèrent le grand sanctuaire religieux de [[Délos]] vers le {{-s|VII}} L{{'}}''Hymne homérique à Apollon'' (dont la première partie pourrait remonter au {{-s|VII}}) fait allusion à des panégyries (avec compétitions sportives, chants et danses) ioniennes<ref name="Baurain212">Claude Baurain, ''Les Grecs et la Méditerranée orientale'', {{p.|212}}.</ref>. Les fouilles archéologiques ont montré qu'un centre religieux était installé sur les ruines de l'habitat remontant au Cycladique Moyen<ref name="Baurain212"/>. |
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Ce fut entre le {{-s|XII}} et le {{-s|VIII}} avant notre ère que se constituèrent les premières cités cycladiques comme les quatre cités de [[Kéa (île)|Kéa]] (Ioulis, Korissia, Piessa et Karthaia), ou le site de Zagora sur [[Andros (Grèce)|Andros]] dont les maisons étaient entourées d'une muraille que les archéologues datent de [[-850|850 avant notre ère]]<ref>C. Mossé, ''La Grèce archaïque d'Homère à Eschyle'', {{p.|30}}.</ref>. Les céramiques montrent la diversité des productions locales<ref name="Bleu204">''Guide Bleu. Îles grecques'', {{p.|204}}.</ref>, et donc les différences entre les îles. Ainsi, il semblerait que [[Naxos]] (site sur l'îlot de Donoussa) et surtout Andros (site de Zagora) aient eu des liens avec l'[[Eubée]], tandis que [[Milos]] et [[Archipel de Santorin|Santorin]] aient été dans la sphère d'influence dorienne<ref>Claude Baurain, ''Les Grecs et la Méditerranée orientale'', {{p.|108}}.</ref>. |
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En [[-479|479]] avant l'ère commune, des cités cycladiques (Kéa, Milos, Tinos, Naxos et Kithnos) étaient présentes aux côtés des autres Grecs lors de la [[Bataille de Platées (479 av. J.-C.)|bataille de Platées]], ainsi que l'atteste le piédestal de la statue consacrée à Zeus Olympien décrit par [[Pausanias (écrivain)|Pausanias]]<ref>V, 23-1</ref>. |
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Zagora, un des plus importants ensembles urbains de l'époque qu'il a été possible d'étudier, a montré que le type des constructions traditionnelles a peu évolué du {{-s|IX}} au {{sap|XIX}} Les maisons avaient des toits plats, en dalles de schiste recouvertes de terre battue et des coins tronqués afin de laisser passer plus facilement les bêtes de somme<ref>''Guide bleu. Îles grecques'', {{p.|221}}.</ref>. |
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===Les ligues de Délos=== |
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Lorsque le danger mède fut repoussé du territoire continental grec et qu'il se porta dans les îles et en Ionie, les Cyclades entrèrent dans l'alliance destinée à venger la Grèce et à se rembourser des dommages causés par les Perses en pillant leurs possessions. Cette alliance fut organisée par [[Athènes]], on la nomme communément première [[Ligue de Délos]]. Les cités coalisées fournirent à partir de 478-477 avant notre ère soit des navires, soit un tribut en argent. Le montant du trésor fut fixé à quatre cents talents et il fut déposé au sanctuaire d'Apollon sur l'île sacrée de Délos<ref>Thucydide, I, 96.</ref>. |
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=== Un nouvel apogée === |
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Bien vite, Athènes se comporta de façon autoritaire vis à vis de ses alliés, avant de les faire passer sous sa domination totale. Naxos fut la première cité alliée à être transformée en État-sujet par Athènes, à la suite d'un siège<ref>Thucydide, I, 98.</ref>. Au début de la [[guerre du Péloponnèse]], toutes les Cyclades, sauf Milos<ref>Athènes envoya en 426 avant notre ère une expédition (soixante navires et deux mille hoplites) pour soumettre l'île, qui résista, mais fut ravagée. (Thucydide, III, 91). Une nouvelle expédition fut montée en 416 avant notre ère (trente navire et mille deux cents hoplites) ; Milos fut prise, les hommes massacrés et femmes et enfants réduits en esclavage. L'île fut transformée en clérouquie athénienne. (Thucydide, V.)</ref> et Santorin, étaient sujets d'Athènes<ref>Thucydide, II, 9.</ref>. Thucydide écrit ainsi que des soldats de Kéa, Andros et Tinos participèrent à l'[[Expédition de Sicile]] et que ces îles étaient des « sujets-tributaires »<ref>''Guerre du Péloponnèse'', VII, 57.</ref>. |
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À partir du {{-s|VIII}}, les Cyclades connurent un apogée lié en grande partie à leur richesse (obsidienne sur Milos, or sur [[Siphnos]], argent sur [[Syros (île)|Syros]], pierre ponce sur Santorin et marbre, principalement à [[Marbre de Paros|Paros]]<ref name="Bleu204"/>). Cette prospérité peut se lire aussi dans la participation relativement faible des îles au mouvement de [[colonisation grecque]], hormis [[Ándros (île de Grèce)|Andros]] fondant plusieurs colonies en [[Chalcidique (péninsule)|Chalcidique]] et en [[Thrace]] et [[Théra (ancienne ville)|Théra]] fondant [[Cyrène]]<ref>C. Mossé, ''La Grèce archaïque d'Homère à Eschyle''.</ref>. Les cités cycladiques célébrèrent leur prospérité dans les grands sanctuaires : trésor de Siphnos ou colonne des Naxiens à [[Delphes]] ou terrasse des lions offerte par Naxos à [[Délos]]. |
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=== Période classique === |
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Les Cyclades versèrent un tribut jusqu'en 404. Elles connurent alors une relative période d'autonomie avant d'entrer dans la seconde [[Ligue de Délos]] et de repasser sous la coupe athénienne. |
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La richesse des cités cycladiques attira alors la convoitise de leurs voisins. La construction du Trésor de Siphnos à Delphes fut suivie de peu par un pillage de l'île par les [[Samos|Samiens]] en 524 avant notre ère<ref name="Bleu205">''Guide Bleu. Îles grecques'', {{p.|205}}.</ref>. Le tyran de Naxos [[Lygdamis (Naxos)|Lygdamis]] domina un temps une partie de ses voisines à la fin du {{s-|VI}}<ref name="Bleu205"/>. |
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Les Perses tentèrent de s'emparer des Cyclades vers la fin du {{s-|V}} avant notre ère. [[Aristagoras]], neveu d'Histiaeus, tyran de [[Milet]], monta une expédition avec Artaphernes, [[satrape]] de [[Lydie]], contre Naxos. Il espérait contrôler tout l'archipel grâce à la conquête de cette île. En route, Aristagoras se querella avec l'amiral Megabates, qui trahit en informant Naxos de l'approche de la flotte. Les Perses renoncèrent temporairement aux Cyclades à cause de la révolte de Ionie<ref name="Lacroix433">Louis Lacroix, {{p.|433}}.</ref>. |
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===La période hellénistique=== |
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====Un archipel disputé entre les royaumes hellénistiques==== |
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Les Cyclades se révoltèrent lors du conflit de [[-357|357]]-[[-355|355]], pour finalement passer sous la domination des [[royaume de Macédoine|Macédoniens]].<br /> |
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En [[-308|308 avant l'ère commune]], elles sont gouvernées par [[Antigone le Borgne]] qui aurait créé la Ligue des Nésiotes autour de Tinos, autour de son sanctuaire renommé de [[Poséidon]] et [[Amphitrite]], mais moins politiquement marqué que le sanctuaire d'[[Apollon]] sur Délos<ref name="Ténos">R. Étienne, ''Ténos II.''</ref>.<br /> |
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[[Philippe V de Macédoine]], après la [[Première guerre macédonienne]], se tourna contre les Cyclades qu'il fit ravager par le pirate étolien Dicaearchus<ref>Polybe, XVIII, 54, 8-11.</ref>.<br /> |
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Les [[Dynastie des Ptolémées|Ptolémées]] les gouvernèrent ensuite. À l'époque de la [[guerre chrémonidéenne]], des garnisons de mercenaires avaient été installées dans un certain nombre d'îles dont Santorin, Andros et Kéa<ref>T. Leslie Shear, Jr., « Kallias of Sphettos and the Revolt of Athens in 286 B. C. », in ''Hesperia'' Supplements'', vol. 17, 1978.</ref>. Mais, vaincus à [[Andros]] en 228, les Ptolémées les cédèrent aux [[royaume de Macédoine|Macédoniens]] d'[[Antigone III Doson]]. Après [[Bataille de Cynoscéphales|Cynocéphales]], les îles passèrent aux [[Rhodes|Rhodiens]] puis aux [[Empire romain|Romains]]. Les Rhodiens auraient donné un nouvel élan à la Ligue des Nésiotes<ref name="Ténos" />.<br /> |
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==== Les guerres médiques ==== |
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Lorsque [[Darius Ier|Darius]] monta son [[Guerres médiques|expédition contre la Grèce]], il ordonna à [[Datis]] et [[Artapherne (fils d'Artapherne)|Artapherne]], fils du satrape de Lydie, de s'emparer des Cyclades<ref name="Lacroix433"/>. Ils pillèrent Naxos<ref name="Bleu205"/>, Délos fut épargnée pour des raisons religieuses et [[Siphnos]], [[Sérifos]] et [[Milos]] préférèrent se soumettre et livrer des otages<ref name="Lacroix433"/>. Les îles passèrent donc sous le contrôle perse. Après [[Bataille de Marathon|Marathon]], [[Miltiade le Jeune|Miltiade]] entreprit la reconquête de l'archipel, mais il échoua devant Paros<ref name="Lacroix433"/>. Les insulaires fournirent dix-sept navires à la flotte perse<ref>Hérodote, VII, 95.</ref>, mais la veille de la [[Bataille de Salamine]], six ou sept navires cycladiques (venus de Naxos, Kéa, Kythnos, Sériphos, Siphnos et Milos) seraient passés du côté grec<ref name="Lacroix433"/>. Les îles eurent ainsi le droit d'être sur le [[colonne serpentine|trépied consacré à Delphes]]. |
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Dans son ouvrage sur Tinos, Roland Étienne évoque une société tiniote dominée par une « aristocratie » agrarienne et patriarchale marquée par une forte endogamie. Ces quelques familles avaient beaucoup d'enfants et tiraient une partie de leurs ressources d'une exploitation financière de la terre (ventes, emprunts, etc.), que R. Étienne qualifie d'« affairisme rural<ref name="Ténos" /> ». Ce « marché de l'immobilier » était dynamique à cause du nombre d'héritiers et du partage du patrimoine au moment des héritages. Il n'y avait pas d'autre solution que l'achat et la vente de terres pour se constituer un patrimoine cohérent. Une partie de ces ressources financières pouvait être aussi investie dans les activités commerciales<ref name="Ténos" />. |
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[[Thémistocle]], poursuivant la flotte perse à travers l'archipel, chercha aussi à punir les îles les plus compromises avec les Perses, prélude à la domination athénienne<ref name="Lacroix433"/>. |
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====La puissance commerciale de Délos==== |
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Présence d'une synagogue sur Délos attestée dès le milieu du IIe siècle avant notre ère<ref>Phlippe Bruneau, ''Les Cultes de Délos'', p. 480-493.</ref>. |
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En [[-479|479]] avant l'ère commune, des cités cycladiques (Kéa, Milos, Tinos, Naxos et Kythnos) étaient présentes aux côtés des autres Grecs lors de la [[Bataille de Platées (479 av. J.-C.)|bataille de Platées]], ainsi que l'atteste le piédestal de la statue consacrée à Zeus Olympien décrit par [[Pausanias le Périégète|Pausanias]]<ref>{{PauDes}}, V, 23-1.</ref>. |
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===Domination romaine=== |
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Les Cyclades auraient, pour certains historiens, été incluses dans la province romaine d'Asie autour de [[-133|133]]-[[-129|129 avant l'ère commune]]<ref name="Ténos" />{{,}}<ref>Voir aussi [[Theodor Mommsen]] ou Hiller von Gaertringer.</ref> ; d'autres les placent dans la province d'Achaïe<ref>Marquardt, Victor Chapot et A.H.M Jones.</ref> ; à moins, qu'elles n'aient été partagées entre ces deux provinces<ref>Silvio Accame, ''Il Dominio Romano in Grecia Dalla Guerra Acaica ad Augusto.'', 1947.</ref>. Les preuves ne placent définitivement les Cyclades dans la province d'Asie qu'à partir de [[Vespasien]] et [[Domitien]]. |
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==== Les ligues de Délos ==== |
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[[Mithridate]], en 88 avant notre ère, après avoir chassé les Romains d'Asie s'intéressa à l'Égée. Son général Archélaüs soumit [[Délos]] et la plupart des Cyclades qu'il confia à [[Athènes]] qui s'était déclarée en faveur de Mithridate. Délos réussit à retourner dans le giron romain. Pour la punir, l'île fut dévastée par les troupes de Mithridate. La défaite de celui-ci par [[Sylla]], [[Lucullus]] puis [[Pompée]] rendit l'archipel à Rome. |
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Lorsque le danger [[Perses|mède]] fut repoussé du territoire continental grec et que le combat se porta dans les îles et en Ionie ([[Asie mineure]]), les Cyclades entrèrent dans l'alliance destinée à venger la Grèce et à se rembourser des dommages causés par les Perses en pillant leurs possessions. Cette alliance fut organisée par [[Athènes]]. On la nomme communément première [[Ligue de Délos]]. Les cités coalisées fournirent à partir de [[-478|478]]-[[-477|477 avant notre ère]] soit des navires (Naxos par exemple), soit surtout un tribut en argent. Le montant du trésor fut fixé à quatre cents talents et il fut déposé au sanctuaire d'Apollon sur l'île sacrée de Délos<ref>{{ThuGue}}, Livre I, 96.</ref>. |
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Bien vite, Athènes se comporta de façon autoritaire vis-à-vis de ses alliés, avant de les faire passer sous sa domination totale. Naxos se révolta en [[-469|469 avant notre ère]]<ref name="Ruzé126">Amouretti et Ruzé, ''Le Monde grec antique'', {{p.|126-129}}.</ref> et fut la première cité alliée à être transformée en État sujet par Athènes, à la suite d'un siège<ref>Thucydide, I, 98.</ref>. Le trésor fut transféré de Délos à l'[[Acropole (Athènes)|Acropole]] d'Athènes vers [[-454|454 avant notre ère]]<ref name="Ruzé126"/>. Les Cyclades entrèrent alors dans le « district » des îles (avec [[Imbros]], [[Lesbos]] et [[Skyros]]) et ne contribuaient plus à la ligue que par des versements en argent. La [[Boulè]] d'Athènes en fixait le montant. Le tribut n'était pas trop lourd, sauf après une révolte, lorsqu'il devenait une punition. Il semblerait que la domination athénienne ait parfois pris la forme de [[clérouquie]]s (sur Naxos et Andros par exemple)<ref name="Ruzé126"/>. |
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[[Auguste]] ayant décidé que ceux qu'il exilait ne pouvaient résider que sur des îles à plus de 400 [[stade]]s (50km) du continent<ref>Dion Cassius, LVI, 27.</ref>, les Cyclades devinrent des lieux d'exil, Gyaros et Sériphos principalement<ref>Mary V. Braginton, « Exile under the Roman Emperors. », ''The Classical Journal'', Vol. 39, No. 7, avril 1944.</ref>. |
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Au début de la [[guerre du Péloponnèse]], toutes les Cyclades, sauf Milos<ref group=N>Athènes envoya en 426 avant notre ère une expédition (soixante navires et deux mille hoplites) pour soumettre l'île, qui résista, mais fut ravagée. ({{ThuGue}}, Livre III, 91). Une nouvelle expédition fut montée en 416 avant notre ère (trente navires et mille deux cents hoplites) ; Milos fut prise, les hommes massacrés et femmes et enfants réduits en esclavage. L'île fut transformée en clérouquie athénienne (Thucydide, V.)</ref> et Santorin, étaient sujets d'Athènes<ref>{{ThuGue}} II, 9.</ref>. Thucydide écrit ainsi que des soldats de Kéa, Andros et Tinos participèrent à l'[[Expédition de Sicile]] et que ces îles étaient des « sujets tributaires<ref>Thucydide, VII, 57.</ref> ». |
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[[Vespasien]] le constitua en province romaine. |
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Les Cyclades versèrent un tribut jusqu'en 404. Elles connurent alors une relative période d'autonomie avant d'entrer dans la [[seconde confédération athénienne]] et de repasser sous la coupe athénienne. D'après [[Quinte-Curce]], après (ou en même temps que) la [[Bataille d'Issos]], une contre-attaque perse menée par Pharnabazus aurait entraîné une occupation d'Andros et Siphnos<ref>Quinte-Curce, IV, 1, 34-37 et [[Arrien]], II, 13, 4-6.</ref>. |
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Sous [[Dioclétien]], une « province des îles » dont faisaient partie les Cyclades<ref name="ODBPar" />. |
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=== La période hellénistique === |
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==Empire byzantin== |
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[[Fichier:Venus de Milo Louvre Ma399.jpg|thumb|left|upright|La ''Vénus de Milo'', une des statues hellénistiques les plus célèbres, signe du dynamisme des Cyclades durant cette période.]] |
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Les Goths ravagèrent l'archipel au {{s-|IV|e}}, ainsi que les Scythes en 376 sous l'Empereur [[Valens]]. Lors de la division de l'Empire romain, les Cyclades passèrent à l'[[Empire byzantin]] qui les conserva jusqu'au {{XIe siècle}} de notre ère. |
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==== Un archipel disputé entre les royaumes hellénistiques ==== |
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D’après Démosthène<ref>''Appolodore contre Polyclès'', 4</ref> et Diodore de Sicile<ref>{{DioBib}}XV, 95.</ref>, le tyran thessalien [[Alexandre de Phères]] mena des opérations de piraterie dans les Cyclades vers [[-362]]-[[-360]]. Ses navires se seraient emparés de quelques-unes des îles, dont Tinos, et auraient emporté un grand nombre d’esclaves. Les Cyclades se révoltèrent à l'occasion de la [[Guerres sacrées#La troisième guerre sacrée|troisième guerre sacrée]] ([[-357|357]]-[[-355|355]]) qui vit l'intervention de [[Philippe II de Macédoine]] contre la [[Phocide]] alliée à Phères. Elles commencèrent alors à passer dans l'orbite du [[royaume de Macédoine]]. |
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Dans leur lutte d'influence, les dirigeants des royaumes hellénistiques affirmèrent souvent vouloir maintenir la « liberté » des cités grecques, en réalité contrôlées par eux et souvent occupées par des garnisons. À partir de [[-314|314 avant l'ère commune]], [[Antigone le Borgne]] créa ainsi la [[Koinon des Nésiotes|Ligue des Nésiôtes (''Insulaires'')]] siégeant à Délos<ref name="Ténos">R. Étienne, ''Ténos II.''</ref>. Vers 308, la flotte égyptienne de [[Ptolémée Ier|Ptolémée]] parcourut l'archipel, au cours d'une expédition dans le Péloponnèse, et « libéra » Andros<ref group=N>{{DioBib}} XX, 37 : « Charinos étant archonte d'Athènes, Publius Décius et Quintus Fabius consuls à Rome, les Éliens célébrèrent la CXVIII{{e}} olympiade, dans laquelle Apollonide le Tégéate fut vainqueur à la course du stade. À cette époque, Ptolémée, parti de Myndus avec une flotte puissante, traversa l'Archipel, et, dans le cours de cette navigation, chassa la garnison d'Andros et rendit à l'île son indépendance. »[http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/diodore_20/lecture/38.htm Lire en ligne]</ref>. La ligue des Nésiôtes se serait peu à peu élevée jusqu'au niveau d'État fédéral au service des Antigonides, puisque [[Démétrios Ier Poliorcète|Démétrios {{Ier}} Poliorcète]] se serait appuyé sur elle pour ses campagnes navales<ref>A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|60}}.</ref>. |
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En 727, les îles se révoltèrent contre l'Empereur [[Période iconoclaste de l'histoire byzantine|iconoclaste]] [[Léon III (empereur byzantin)|Léon l'Isaurien]]. Cosmas, placé à la tête de la rébellion fut proclamé empereur. Il périt lors du siège de [[Constantinople]]. [[Léon III (empereur byzantin)|Léon]] rétablit brutalement son autorité sur les Cyclades en envoyant la flotte qui usa du [[feu grégeois]]<ref>Nicéphore, ''Breviarius'', 37 C-D. et Théophanes, ''Chronologie''.</ref>. |
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Les îles passèrent ensuite sous la domination des [[Dynastie des Ptolémées|Ptolémées]]. À l'époque de la [[guerre chrémonidéenne]], des garnisons de mercenaires avaient été installées dans un certain nombre d'îles dont [[Santorin]], [[Andros (Grèce)|Andros]] et [[Kéa (île)|Kéa]]<ref>T. Leslie Shear, Jr., « {{langue|en|texte=Kallias of Sphettos and the Revolt of Athens in 286 B. C. », in ''Hesperia'' Supplements''}}, vol. 17, 1978, {{p.|17}}.</ref>. Mais la présence lagide s'effaça à partir du milieu du siècle, un recul parfois attribué aux défaites navales de Kos ou [[Andros (Grèce)|Andros]], de datations discutées<ref group=N>Pour la bataille d'Andros, E. Will, ''Histoire politique du monde hellénistique'' propose 258 ou 256, tandis que K. Buraselis, ''Das hellenistische Makedonien und die Ägäis'' suggère 246 ou 245.</ref>, ou à une évolution des centres d'intérêt de la politique égyptienne. Cependant, à cause de la révolte d'Alexandre, fils de Cratère, les [[royaume de Macédoine|Macédoniens]] d'[[Antigone Gonatas]] ne purent totalement contrôler l'Archipel qui entra dans une phase d'instabilité. Selon certains auteurs [[Antigone III Doson|Antigone Dosôn]] les contrôlait encore ou les reconquit lorsqu'il s'attaqua à la Carie ou qu'il défit Sparte à [[Bataille de Sellasia|Sellasia]] en [[-222|222 avant l'ère commune]], mais d'autres doutent de l'existence d'une réelle hégémonie macédonienne à cette période<ref>Reger, 1994, pp.60-61</ref>. [[Démétrios de Pharos]] ravagea ensuite l’archipel<ref>Polybe, IV, 4.</ref> et en fut chassé par les Rhodiens<ref name="Ténos"/>. |
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En [[769]], les îles furent dévastées par les [[Slaves]]. |
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[[Philippe V de Macédoine]], après la [[première guerre macédonienne]], se tourna contre les Cyclades qu'il fit ravager par le pirate étolien Dicéarque<ref>Polybe, XVIII, 54, 8-11.</ref> avant d'en prendre le contrôle en installant des garnisons sur Andros, Paros et Kythnos<ref name="Tite31">Tite-Live, XXXI, XV, 8.</ref>. Après [[Bataille de Cynoscéphales (197 av. J.-C.)|Cynocéphales]], les îles passèrent aux [[Rhodes|Rhodiens]]<ref name="Tite31"/> puis aux [[Empire romain|Romains]]. Les Rhodiens auraient donné un nouvel élan à la Ligue des Nésiotes<ref name="Ténos"/>. |
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Au début du {{IXe siècle}}, les [[Sarrasins]], installés en [[Crète]] à partir de [[829]]<ref name="Miles" />, menaçaient les Cyclades et y menèrent des raids pendant plus de cent ans. Naxos devait leur payer un tribut (''phoroi'')<ref name="ODBNax" />. Les îles auraient alors été en partie dépeuplées : la ''Vie de sainte Théoktiste de Lesbos'' dit que Paros aurait été déserte au {{IXe siècle}} et qu'on n'y rencontrait que des chasseurs<ref name="ODBPar" />. Les pirates crétois sarrasins, après l'avoir enlevée lors d'un raid sur Lesbos vers 837, se seraient arrêtés sur la route du retour à Paros où ils auraient tenté de piller l'église de la Panaghia Ekatontopiliani : Nicétas, au service de [[Léon VI le Sage]] constata les dégats<ref name="Miles">Miles, « Byzantium and the Arabs ».</ref>. En [[904]], Andros, Naxos et d'autres îles des Cyclades furent pillées par une flotte arabe qui rentrait de [[Thessalonique]] qu'elle venait de mettre à sac<ref name="Miles" />. |
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==== La société hellénistique ==== |
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==Le Duché de Naxos== |
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Dans son ouvrage sur [[Tinos]], Roland Étienne évoque une société tiniote dominée par une « aristocratie » agrarienne et patriarcale marquée par une forte [[endogamie]]. Ces quelques familles avaient beaucoup d'enfants et tiraient une partie de leurs ressources d'une exploitation financière de la terre (ventes, emprunts, etc.), que R. Étienne qualifie d'« affairisme rural<ref name="Ténos"/> ». Ce « marché de l'immobilier » était dynamique à cause du nombre d'héritiers et du partage du patrimoine au moment des héritages. Il n'y avait pas d'autre solution que l'achat et la vente de terres pour se constituer un patrimoine cohérent. Une partie de ces ressources financières pouvait être aussi investie dans les activités commerciales<ref name="Ténos"/>. |
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{{détails|Duché de Naxos}} |
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[[Image:Duchy of Naxos locator.svg|thumb|right|200px|Le Duché de Naxos.]] |
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En [[1204]], la [[Quatrième croisade|{{IVe}} Croisade]] s'empara de [[Constantinople]], et les vainqueurs se partagèrent l'[[Empire byzantin]]. La souveraineté nominale sur les Cyclades échut aux [[Venise|Vénitiens]]. Ces derniers annoncèrent alors qu'ils laisseraient la gestion des îles à qui serait capable de s'en emparer pour eux. La Sérénissime ne pouvait en effet faire face aux dépenses d'une nouvelle expédition<ref name="Longnon91">Jean Longnon, ''L'Empire latin de Constantinople.'', p.91</ref> Cette nouvelle suscita des vocations. De nombreux aventuriers armèrent des flottes à leurs frais, dont un riche Vénitien résidant à Constantinople, [[Marco Sanudo]], neveu du [[Doge]] [[Enrico Dandolo]]. Il s'empara sans coup férir de Naxos en [[1205]] et en [[1207]], il contrôlait les Cyclades avec ses compagnons et parents<ref name="Longnon91" />. Son cousin Marino Dandolo devint seigneur d'Andros ; d'autres de ses parents, les frères Andrea et Jérôme Ghisi (ou Ghizzi) devinrent maîtres de Tinos et Mykonos ; les Pisani prirent Kéa ; Jaccopo Barozzi eut Santorin ; Anafi échut à Leonardo Foscolo<ref name="Longnon91" /> ; les Guistianini et les Michieti se partagèrent Sériphos et eurent des fiefs sur Kéa ; les Quirini gouvernèrent Amorgos<ref>''Blue Guide'', p.665.</ref>. Marco Sanudo fonda le [[duché de Naxos]] avec les principales îles comme Naxos, Paros, Antiparos, Milos, Siphnos, Kythnos et Syros<ref name="Longnon91" />. Les Ducs de Naxos devinrent vassaux de l'[[Empire latin de Constantinople|empereur latin de Constantinople]] en [[1210]]. Ils imposèrent le système féodal occidental sur les îles qu'ils dominaient. Dans les Cyclades, Sanudo était le suzerain et les autres ses vassaux. Venise ne profitait donc plus directement de cette conquête, même si le duché dépendait nominalement d'elle et qu'il avait été stipulé qu'il ne pouvait être transmis qu'à un Vénitien. Cependant, la République y avait trouvé avantage : l'Archipel avait été débarrassé de ses pirates, mais aussi des Gênois et la route commerciale vers Constantinople était sécurisée<ref name="Longnon91" />. |
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Cette endogamie pouvait se situer au niveau de la classe sociale, mais aussi au niveau de l'ensemble du corps civique. On sait que les citoyens de Délos, dans une agglomération où résidaient de très nombreux étrangers, parfois plus nombreux que les citoyens eux-mêmes, pratiquaient une très forte endogamie civique, tout au long de la période hellénistique<ref name="Erskine414">A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|414}}.</ref>. S'il n'est pas possible d'étendre systématiquement ce phénomène à l'ensemble des Cyclades, il reste un bon indicateur de leur fonctionnement potentiel. Les populations circulaient en effet plus à l'époque hellénistique qu'aux époques précédentes : des cent vingt soldats mis en garnison à [[Santorin]] par les Ptolémées, la grande majorité provenait d'[[Asie mineure]]<ref>A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|432}}.</ref> ; [[Milos]] avaient à la fin du {{-s|I}} une forte population juive<ref>A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|464}}.</ref>. La question du maintien du statut de citoyen s'est posée<ref name="Erskine414"/>. |
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La coutume de la [[Principauté de Morée]], les ''Assizes de Romania'' devint rapidement la base de la législation dans les îles<ref name="Slot">J. Slot, ''Archipelagus Turbatus.''</ref>. En effet, à partir de [[1248]], le Duc de Naxos devint le vassal de [[Guillaume II de Villehardouin]] et donc à partir de [[1278]] de [[Charles Ier de Sicile]]<ref name="ODBNax">« Naxos » in ''Oxford Dictionary of Byzantium.''</ref>. Le système féodal fut appliqué même pour les plus petites propriétés, ce qui eut pour effet de créer une importante « élite locale ». Cependant, ce système féodal « franc » (comme on appelait tout ce qui venait d'Occident à l'époque) se surimposa au système administratif byzantin, conservé par les nouveaux seigneurs : les taxes et corvées féodales étaient appliquées aux divisions administratives byzantines et l'exploitation des fiefs continuait selon les techniques byzantines<ref name="Slot" />. La loi byzantine resta aussi en vigueur pour les mariages et les propriétés pour la population locale d'origine grecque<ref name="ODBNax" />. Il en était de même pour la religion : si la hiérarchie catholique dominait, la hiérarchie orthodoxe subsistait et parfois, lorsque le curé catholique n'était pas disponible, la messe était célébrée par le pope orthodoxe<ref name="Slot" />. |
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[[Image:Naxos Venetian Tower.jpg|thumb|left|200px|Une tour dite « vénitienne » dans la campagne naxiote.]] |
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La tentative de reconquête de l'Égée par Alexis Philanthropenos pour [[Michel VIII Paléologue]], l'Empereur byzantin échoua devant Paros et Naxos<ref name="ODBNax" />{{,}}<ref name="ODBPar">« Paros » in ''Oxford Dictionary of Byzantium.''</ref>, mais certaines îles avaient été conquises et gardées par les Byzantins pendant une vingtaine d'années<ref name="Longnon319">Jean Longnon, ''L'Empire latin de Constantinople.'', p.319-320.</ref>. En [[1292]], le pirate Roger de Loria ravagea Andros, Tinos, Mykonos et Kythnos<ref name="Longnon319" />.<br /> |
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Le Duché de Naxos passa temporairement sous protection vénitienne en [[1499]]-[[1500]] et [[1511]]-[[1517]]<ref name="ODBNax" />. |
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La période hellénistique a laissé un héritage imposant sur certaines Cyclades : des tours en très grand nombre, sur [[Amorgós]]<ref name="Bleu210">''Guide Bleu. Îles grecques'', {{p.|210}}</ref>, sur [[Siphnos]] où on en comptait cinquante-six en [[1991]]<ref>N.G Ashton, ''Siphnos : Ancient towers BC'', Eptalophos, Athènes, 1991.</ref>, vingt-sept identifiées sur Kéa en 1956<ref name="Young">John H. Young « Ancient Towers on the Island of Siphnos », ''American Journal of Archaeology'', Vol. 60, {{n°|1}}, janvier 1956.</ref>. Elles ne pouvaient toutes être des tours de guet<ref name="Young"/>, comme on le suppose souvent<ref name="Bleu210"/>. Leur grand nombre sur Siphnos a été associé à la richesse minérale de l'île, mais cette richesse minérale n'existait pas sur Kéa<ref name="Young"/>, ou sur Amorgós. Mais ces îles possédaient d'autres ressources, agricoles par exemple. Les tours seraient alors un reflet de la prospérité des îles à l'époque hellénistique<ref name="Young"/>. |
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==Domination ottomane== |
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[[Khayr ad-Din Barberousse|Barberousse]] prit les îles pour les [[Empire ottoman|Turcs]] grâce à deux raids en [[1537]] et [[1538]]. La dernière à se soumettre fut [[Tinos]], vénitienne depuis 1390, en 1715<ref name="Slot" />. |
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==== La puissance commerciale de Délos ==== |
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Les îles furent traitées avec un certain ménagement par la Porte. Le Divan n'envoya que très rarement des officiers et gouverneurs les diriger en son nom propre. Il y eut au départ une tentative d'installer des cadis et des beys sur chaque grande île, mais les pirates chrétiens les enlevaient en si grand nombre pour les revendre à Malte que la Porte dut y renoncer. Les îles ne furent plus gouvernées que de loin. Des magistrats locaux, souvent appelés ''épitropes'', gouvernaient localement. Leur principale attribution était de collecter les impôts. Quatre des plus petites Cyclades se retrouvèrent sous administration ottomane directe<ref name="Slot" />. Les plus grandes conservèrent leurs seigneurs latins. Ils payaient un impôt annuel à la Porte, signe de leur nouvelle vassalité<ref name="Slot" />. Le Duché de Naxos, auquel fut ajouté Andros, ne passa à [[Joseph Nasi]], proche du Sultan qu'en [[1566]]. Il ne vint jamais dans « ses » îles. Cependant, comme il en avait la jouissance directe et personnelle, l'administration ottomane n'y fut jamais installée<ref name="Slot" />. |
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[[Fichier:Delos House of Cleopatra.jpg|thumb|upright|La « maison de Cléopâtre » sur Délos.]] |
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Lorsque l'île était contrôlée par Athènes, Délos était avant tout un sanctuaire religieux même si un commerce local existait : déjà, la « banque d'Apollon » consentait des prêts, principalement aux cités cycladiques<ref name="Ruzé256">Amouretti et Ruzé, ''Le Monde grec antique'', {{p.|256}}.</ref>. En [[-314|314 avant notre ère]], l'île obtint son indépendance, même si ses institutions furent copiées sur celles d'[[Démocratie athénienne|Athènes]]. Son appartenance à la ligue des Nésiotes la plaça dans l'orbite des Ptolémées, jusqu'en [[-245|245 avant notre ère]]<ref name="Ruzé256"/>. L'activité bancaire et commerciale (entrepôts de blé et d'esclaves) se développa rapidement. En [[-167|167 avant notre ère]], Délos devint port franc et repassa sous le contrôle athénien<ref group=N>Athènes s'était rangé du côté de Rome contre la Macédoine. Délos était sa récompense (A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|110}}.)</ref>. L'île connut alors une véritable explosion marchande<ref name="Ruzé256"/>, surtout après la destruction de [[Corinthe]], une grande rivale commerciale, par les protecteurs de l'île, les Romains, en [[-146]]<ref>A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|120}}.</ref>. Les commerçants étrangers, de toute la Méditerranée s'y installèrent, comme en témoigne la terrasse des dieux étrangers. Il y a ainsi une synagogue attestée sur Délos dès le milieu du {{s-|II}} avant notre ère<ref>Philippe Bruneau, ''Les Cultes de Délos'', {{p.|480-493}}.</ref>. On estime qu'au {{-s|II}}, Délos aurait eu une population d'environ {{nombre|25000|habitants}}<ref>''Guide bleu. Îles grecques'', {{p.|231}}.</ref>. |
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La célèbre « [[agora]] des [[Langues italiques|Italiens]] » était un immense marché aux esclaves. Les guerres entre royaumes hellénistiques en étaient les principaux fournisseurs, ainsi que les pirates (qui prenaient le statut de marchands en entrant dans le port de Délos). Lorsque [[Strabon]]<ref>{{StrGéo}} Livre XIV, 5, 2</ref> évoque dix mille esclaves vendus par jour, il est nécessaire de nuancer ce propos, ce chiffre pouvant être un moyen trouvé par l'auteur pour dire « beaucoup ». De plus, nombre de ces « esclaves » étaient parfois des prisonniers de guerre ou des personnes enlevées par des pirates - dont la rançon était immédiatement payée au débarquement<ref>A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|497-501}}.</ref>. |
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La Porte accorda par un ''ahdname'' (accord) en [[1580]] des privilèges aux plus grandes Cyclades (celles du Duché de Joseph Nasi). En échange d'un tribut annuel qui comprenait la [[capitation]] et la protection militaire, les propriétaires terriens chrétiens (catholiques et orthodoxes) conservèrent leurs terres et leur position dominante (ils négociaient les impôts pour la communauté)<ref name="Slot" />.<br /> |
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Les Cyclades avaient alors des ressources limitées et dépendaient d'importations pour leur survie alimentaire<ref>F. Braudel, ''La Méditerranée.'', tome 1, p.136-140</ref>. Cependant, elles étaient aussi le centre de la contrebande du blé vers l'Occident. Les années de bonnes récoltes, les bénéfices étaient importants, mais au delà des années de mauvaises récoltes, cette activité dépendait du bon vouloir des autorités ottomanes qui désiraient soit une plus grosse part, soit faire avancer leur carrière en se faisant remarquer par une lutte contre cette contrebande. Ces fluctuations étaient suffisamment importantes pour que Venise suivît de près les nomminations d'« officiers » ottomans dans l'Archipel<ref>F. Braudel, ''La Méditerranée.'', tome 1, p.529.</ref>. |
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Cette prospérité suscitait des convoitises et de nouvelles formes d'« échanges économiques » : en [[-298|298 avant notre ère]], Délos versa à Rhodes au moins {{formatnum:5000}} [[Drachme antique grecque|drachmes]] pour sa « protection contre les pirates » ; au milieu du {{-s|III}}, des pirates étoliens lancèrent un appel d’offres au monde égéen pour négocier la somme à verser en échange d'une protection contre leurs exactions<ref>A. Erskine, ''Le Monde hellénistique'', {{p.|504}}.</ref>. |
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L'Église catholique se montra très active dans les îles au {{XVIIe siècle}}, profitant du fait qu'elle était sous la protection des Ambassadeurs de France et de Venise à Constantinople, ainsi que des guerres entre Venise et l'Empire ottoman qui affaiblirent la position des Turcs dans l'archipel. La [[Congrégation pour la propagation de la foi]], les évêques catholiques et les missionnaires jésuites et capucins tentèrent de gagner les populations à la foi catholique et d'imposer le [[rite tridentin]]<ref name="Slot" />. Ils envisagèrent même le déclenchement d'une [[croisade]]. Le Père Saulger, Supérieur des Jésuites à Naxos, était un ami personnel du confesseur de [[Louis XIV de France|Louis XIV]], le [[François d'Aix de La Chaise|Père La Chaise]]. Il usa de cette influence pour pousser le souverain français à la croisade, en vain<ref name="Slot" />. |
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== L'empire romano-byzantin == |
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Le Capitan-Pacha (grand amiral de la flotte ottomane) possédait les Cyclades au {{XVIIIe siècle}} : le revenu lui revenait. Il n'y venait qu'une fois par an, avec toute sa flotte, toucher la somme globale des impôts. Il s'installait alors dans la baie de Dryo au sud-est de [[Paros]]. |
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=== Les Cyclades dans l'orbite de Rome === |
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Les raisons de l'intervention de [[République romaine|Rome]] en Grèce à partir du {{-s|III}} sont multiples : appel à l'aide des cités d'[[Illyrie]], lutte contre [[Philippe V de Macédoine]] dont la politique navale inquiétait Rome et qui avait été l'allié à [[Hannibal Barca|Hannibal]], ou soutien à ses adversaires dans la région ([[Pergame]], [[Rhodes]] ou [[ligue achéenne]]). Après sa victoire à [[Bataille de Cynoscéphales (197 av. J.-C.)|Cynocéphales]], [[Titus Quinctius Flamininus|Flaminius]] annonça la « libération » la Grèce. Les intérêts commerciaux ne furent pas non plus étrangers à l'implication de Rome. [[Délos]] devint un port franc sous la protection de la République en [[-167|167 avant l'ère commune]]. Les commerçants italiens s'enrichirent alors, plus ou moins aux dépens de Rhodes et [[Corinthe]] (finalement détruite la même année que [[Carthage]])<ref>Yves Perrin et Thomas Bauzou, ''De la Cité à l'Empire'', {{p.|120-121}}.</ref>. Le système politique de la cité grecque, sur le continent et dans les îles, fut maintenu, voire développé, lors des premiers siècles de l'[[Empire romain|Empire]]<ref>Yves Perrin et Thomas Bauzou, ''De la Cité à l'Empire'', {{p.|328}}.</ref>. |
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Les Cyclades auraient, pour certains historiens, été incluses dans la [[Asie (province romaine)|province romaine d'Asie]] autour de [[-133|133]]-[[-129|129 avant l'ère commune]]<ref name="Ténos"/>{{,}}<ref>Voir aussi [[Theodor Mommsen]] ou Hiller von Gaertringer.</ref> ; d'autres les placent dans la [[Achaïe (province romaine)|province d'Achaïe]]<ref>Marquardt, Victor Chapot et A.H.M Jones.</ref> ; à moins, qu'elles n'aient été partagées entre ces deux provinces<ref>Silvio Accame, ''Il Dominio Romano in Grecia Dalla Guerra Acaica ad Augusto'', 1947.</ref>. Les preuves ne placent définitivement les Cyclades dans la province d'Asie qu'à partir de [[Vespasien]] et [[Domitien]]. |
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La domination ottomane était mal vécue. Les Cyclades furent de tous les soulèvements importants, comme en 1770-1774, lors du bref passage des [[Russes]] de [[Catherine II de Russie|Catherine II]]. |
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[[Mithridate VI|Mithridate]], en [[-88|88 avant notre ère]], après avoir chassé les Romains d'Asie, s'intéressa à l'Égée. Son général Archélaüs soumit [[Délos]] et la plupart des Cyclades qu'il confia à [[Athènes]], laquelle s'était déclarée en faveur de Mithridate. Délos réussit à retourner dans le giron romain. Pour la punir, l'île fut dévastée par les troupes de Mithridate. Vingt ans plus tard, elle fut à nouveau détruite par un raid de pirates qui profitaient de l'instabilité dans la région<ref>Yves Perrin et Thomas Bauzou, ''De la Cité à l'Empire'', {{p.|123}}.</ref>. Les Cyclades connurent alors une période difficile. La défaite de Mithridate par [[Sylla]], [[Lucullus]] puis [[Pompée]] rendit l'archipel à Rome. Pompée y fit disparaître en [[-67|67 avant l'ère commune]] la piraterie qui s'était développée lors des divers conflits. Il divisa la Méditerranée en différents secteurs gérés par des lieutenants. [[Marcus Terentius Varro Lucullus]] fut chargé des Cyclades<ref>Jérôme Carcopino, ''Jules César'', PUF, 1990, {{p.|187}}. {{ISBN|2130428177}}</ref>. Pompée ramena ainsi la possibilité d'un commerce prospère dans l'archipel<ref name="Lacroix435">Louis Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|435}}.</ref>. Cependant, il semblerait que la vie chère, les inégalités sociales, la concentration des richesses (et du pouvoir) aient été la règle dans les Cyclades de l'époque romaine, avec leur cortège d'abus et de mécontentements<ref name="Ténos"/>. |
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==Les Cyclades dans la guerre d'indépendance== |
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{{détails|Guerre d'indépendance grecque}} |
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[[Auguste]] ayant décidé que ceux qu'il exilait ne pouvaient résider que sur des îles à plus de 400 [[stade]]s ({{unité|50|km}}) du continent<ref>Dion Cassius, LVI, 27.</ref>, les Cyclades devinrent des lieux d'exil, Gyaros, Amorgós et Sériphos principalement<ref>Mary V. Braginton, « Exile under the Roman Emperors. », ''The Classical Journal'', Vol. 39, {{n°|7}}, avril 1944.</ref>. |
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[[Vespasien]] constitua l'archipel des Cyclades en province romaine<ref name="Lacroix435"/>. Sous [[Dioclétien]], il existait une « province des îles » dont faisaient partie les Cyclades<ref name="ODBPar"/>. |
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==Époque contemporaine== |
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En [[1922]], après la défaite grecque en [[Asie mineure]] et surtout la prise, les massacres et l'incendie à [[Smyrne]], la population grecque de la région s'enfuit avec des embarcations de fortune. Une bonne partie trouva d'abord refuge dans les Cyclades, avant d'être dirigée vers la Macédoine et la Thrace<ref>Raoul Blanchard, « The Exchange of Populations between Greece and Turkey. », in ''Geographical Review'', Vol. 15, No. 3, juillet 1925.</ref>. Les îles ressentirent donc elles aussi, même si dans une moindre mesure, les conséquences de la « Grande Catastrophe ». |
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La christianisation des Cyclades semble avoir été très ancienne. Les catacombes à Trypiti sur Milos, uniques dans l’Égée et en Grèce, de facture très simple, ainsi que les fonts baptismaux tout proches, permettent d’affirmer qu’une communauté chrétienne existait sur l’île au moins à partir des {{sp-|III|e|ou|IV|e}}s de notre ère<ref>Paul Hetherington, ''The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art'', {{p.|206-207}}.</ref>. |
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===Un lieu d'exil à nouveau=== |
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Les Cyclades, Gyaros la première, retrouvèrent lors des diverses dictatures du {{XXe siècle}} leur rôle ancien de lieu d'exil. |
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À partir du {{IVe siècle}}, les Cyclades connurent à nouveau les ravages de la guerre. Les [[Goths]] (en [[376]]) pillèrent l'archipel<ref name="Lacroix435"/>. |
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Dès [[1918]] et l'[[Grande Idée#Le « Grand Schisme »|''Ethnikos Dikhasmos'']], des royalistes avaient été déportés<ref name="Kenna" />. Le gouvernement dictatorial de [[Theodoros Pangalos|Pangalos]] en [[1926]] avait exilé des [[KKE|communistes]]<ref name="Kenna" />.<br /> |
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Durant la dictature de [[Ioannis Metaxas|Metaxas]] (1936-1940), plus de {{formatnum:1000}} personnes (membres du [[KKE]], syndicalistes, socialistes ou opposants en général) furent déportés dans les Cyclades. Dans certaines îles, les déportés étaient plus nombreux que la population locale. Ils venaient principalement des régions de production de tabac du nord de la Grèce et étaient issus de toutes les classes de la société : ouvriers, enseignants, médecins, etc.<ref name="Kenna">Margaret E. Kenna, « The Social Organization of Exile. »</ref>. L'exil sur les îles étaient la solution la plus simple. Elle évitait de surcharger les prisons sur le continent et les îles permettaient un contrôle plus aisé des prisonniers : les communications avec l'extérieur étaient par essence limitées<ref name="Kenna" />. À la différence des prisons, où les détenus étaient logés et nourris, les déportés sur les îles devaient par eux-mêmes se procurer abri, nourriture, matériel de cuisine, etc., ce qui revenait moins cher au gouvernement. Certaines Cyclades ayant été en partie dépeuplées par l'exode rural depuis le milieu du {{XIXe siècle}}, des maisons vides étaient ainsi à la disposition des déportés, qui devaient les louer. Les exilés pauvres recevaient du gouvernement une allocation de 10 [[drachme]]s (un quart du salaire d'un ouvrier agricole) par jour pour se loger et se nourrie ; les exilés dits « prospères » ne recevaient rien<ref name="Kenna" />.<br /> |
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Aussi, les exilés durent-ils mettre en place une forme d'organisation sociale, afin de survivre. Cette organisation était parfaitement en place lorsque les Italiens ou les Allemands prirent le relais des policiers grecs lors de la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref name="Kenna" />. Ils eurent ainsi la possibilité d'appliquer les principes qu'ils défendaient politiquement. Des « communes » furent mises en place, dirigées par un « comité exécutif » qui comprenait entre autres un trésorier, un économe et un secrétaire chargé d'organiser les débats et les groupes d'étude. Les communes avaient un réglement très strict concernant les relations entre les membres de la commune et les insulaires, avec qui ils avaient continuellement des contacts pour le paiement des loyers (des maisons, puis pendant la guerre des terres où les exilés cultivaient ou faisaient paître leurs troupeaux) ou l'achat de nourriture. Les travaux se faisaient en commun. Les diverses tâches ménagères étaient partagées et effectuées par chacun à son tour. Les communes interdisaient à leurs membres, en très grande majorité des hommes, toute relation sexuelle avec les femmes des îles, afin de maintenir une bonne entente et peut-être ainsi gagner les insulaires aux idées politiques des déportés. De même, les médecins exilés ne s'occupaient pas que des membres de leur commune, mais aussi des autochtones<ref name="Kenna" />. Le principal effet que la présence des exilés eut sur la population locale fut de faire découvrir aux insulaires comment les différents gouvernements considéraient leur île : comme un lieu désert et inhospitalier où nul n'habiterait de son plein gré<ref name="Kenna" />. certains insulaires plaisantaient, disant qu'ils pouvaient avoir les opinions politiques qu'ils voulaient, puisque le gouvernement n'avait aucun endroit où les déporter, eux<ref name="Kenna" />. |
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=== La période byzantine === |
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En 1968, {{formatnum:5400}} opposants furent déportés sur Gyaros, en face d'Andros<ref>Stephen G. Xydis, « Coups and Countercoups in Greece, 1967-1973 », in ''Political Science Quarterly.'', Vol. 89, No. 3, 1974.</ref>. |
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==== Organisation administrative ==== |
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Lors de la division de l'[[Empire romain]], les Cyclades passèrent à l'[[Empire romain d'orient|empire d'Orient]] dont la [[Christianisme oriental|christianisation]] donna l'[[Empire byzantin]] qui les conserva jusqu'au {{XIe siècle}} de notre ère. Dans les premiers temps, l’organisation administrative reposait sur de petites provinces. À l’époque de [[Justinien]], les Cyclades, [[île de Chypre|Chypre]] et la [[Carie (Antiquité)|Carie]] furent regroupées avec la [[Mésie]] Secunda (actuelle [[Bulgarie]]) et la [[Scythie mineure]] (actuelle [[Dobroudja|Dobrogée]]) sous l’autorité d’un Questeur installé à Odessos (actuelle [[Varna (Bulgarie)|Varna]]). Les [[Thème (Empire byzantin)|thèmes]] se mirent peu à peu en place, à partir du règne d’[[Héraclius]] au début du {{s|VII}}. Au {{s-|X}} un [[Égée (thème)|thème de l’Égée]] (''tò théma toû Aigaíou Pelágous'') dirigé par un amiral (''drungarios'') est avéré : il englobait les Cyclades, les [[Sporades]], [[Chios]], [[Lesbos]] et [[Limnos]]. En l’occurrence, le thème de l’Égée fournissait plutôt des marins à la [[Marine byzantine|flotte impériale]] qu’une armée. Il semblerait qu’ensuite le contrôle du pouvoir central sur les petites entités isolées qu’étaient les îles ait peu à peu diminué : la défense et la collecte des impôts devinrent de plus en plus difficiles. Au début du {{s|XII}}, elles étaient devenues impossible. Constantinople aurait alors renoncé à les assurer<ref>Paul Hetherington, ''The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art'', pp. xiv et xvi</ref>{{,}}<ref>{{référence incomplète|Charles A. Frazee, ''The Island Princes of Greece'',}} {{p.|6-9}}.</ref>. |
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==== Conflits et migrations dans l'intérieur des îles ==== |
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===Le développement touristique=== |
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En [[727]]-[[728]], les Cyclades se révoltèrent contre l'Empereur [[Période iconoclaste de l'histoire byzantine|iconoclaste]] [[Léon III l'Isaurien|Léon l'Isaurien]]. Cosmas, à la tête de la rébellion [[Icône (religion)|iconodule]], fut proclamé empereur mais périt lors du siège de [[Constantinople]] par [[Léon III l'Isaurien|Léon]] qui envoya la flotte contre les Cyclades, usant du [[feu grégeois]] pour rétablir brutalement l'autorité impériale<ref>E. Malamut, ''Les îles de l'Empire byzantin'', {{p.|106}}.</ref>{{,}}<ref>Nicéphore, ''Breviarius'', 37 C-D. et Théophanes, ''Chronologie''.</ref>. |
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Le refus des gouvernements dans les années 1950 et 1960 d'améliorer les infrastructures portuaires et routières sur certaines petites îles des Cyclades fut interprété par les habitants comme une volonté étatique de se conserver des lieux d'exil encore suffisamment coupés du monde, ce qui ne joua pas en faveur d'Athènes dans l'esprit des insulaires<ref name="Kenna" />. |
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Au début du {{s-|IX}}, les [[Sarrasins]], [[Émirat de Crète|installés en Crète]] à partir de [[829]]<ref name="Miles"/>, menaçaient les Cyclades et y menèrent des raids pendant plus de cent ans. Naxos dut payer un tribut (''phoroi'')<ref name="ODBNax"/> aux pirates sarrasins de Crète, qui, après avoir ravagé Paros lors d'un raid sur Lesbos vers 837, s'y sont encore arrêtés au retour pour tenter de piller l'église de la Panaghia Ekatontopiliani : Nicétas, au service de [[Léon VI le Sage]] constata les dégâts<ref name="Miles">Miles, « Byzantium and the Arabs ».</ref>. En [[904]], Andros, Naxos et d'autres îles des Cyclades furent aussi pillées par une flotte arabe rentrant de [[Thessalonique]] qu'elle venait de mettre à sac<ref name="Miles"/>{{,}}<ref>E. Malamut, ''Les îles de l'Empire byzantin'', {{p.|109-112}}.</ref>. |
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===Un autre développement : les ressources minérales=== |
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Le marbre de Paros, l'émeri de Naxos mais aussi la bauxite sont parmi les ressources minières qui permettent aux Cyclades une autre activité que le tourisme.<br /> |
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On trouve en effet d'importants dépots de bauxite dans les couches calcaires du sous-sol des îles, principalement Amorgos, Naxos, Milos, Kimolos er Sériphos. Les ressources d'Amorgos étaient déjà exploitées en 1940. En 1946, les réserves grecques étaient estimées à 60 millions de tonnes<ref>James E. Collier, « Aluminum Industry of Europe ».</ref>. |
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En [[1027]], une flotte arabe attaqua à nouveau les Cyclades, mais depuis la reconquête de la [[Crète]], les Byzantins contrôlaient à nouveau l'Égée. Les stratèges de [[Samos]] et [[Chios]] la dispersèrent. Une nouvelle attaque en [[1035]] se termina par l'empalement de cinq cents Sarrasins<ref>E. Malamut, ''Les îles de l'Empire byzantin'', {{p.|114}}.</ref>. |
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==Galerie== |
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<gallery> |
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Durant cette période, les îles sont en partie dépeuplées : la ''Vie de sainte Théoktiste de Lesbos'' dit que Paros était déserte au {{s-|IX}} et qu'on n'y rencontrait que pêcheurs et chasseurs de passage<ref name="ODBPar"/>. Les villages des bords de mer, trop exposés, furent abandonnés et les habitants montèrent dans les montagnes : Lefkes plutôt que [[Paroikia]] sur Paros ou plateau de Traghéa sur Naxos<ref>''Guide Bleu. Îles grecques'', {{p.|205}}, 284 et 298.</ref>. Ce mouvement eut aussi des effets positifs car sur les plus grandes îles, les plaines intérieures étaient fertiles et propices à un nouveau développement. Ainsi, ce fut au {{s-|XI}}, lorsque Paléopolis fut abandonnée au profit de la plaine d'altitude de Messaria sur Andros, que l'élevage du [[ver à soie]], qui fit la richesse de l'île jusqu'au {{s-|XIX}}, fut introduit<ref name="Bleu222">''Guide Bleu. Îles grecques'', {{p.|222-224}}.</ref>. |
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Image:MilosTournefort1718.jpg|[[Milo|Milos]] (carte de l'île et costumes traditionnels) en [[1718]] dans [[Joseph Pitton de Tournefort]], ''Voyage d'un botaniste''. |
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Image:Map Kea 1826.jpg|Carte de [[Kéa (île)|Kéa]] en [[1826]]. |
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== Le duché de Naxos == |
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Image:Lion Kea2.jpg|Le lion de Kéa (1826). |
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{{Article détaillé|Duché de Naxos}} |
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Image:Lion Kea.jpg|Le lion de Kéa (1826) sous un autre angle. |
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[[Fichier:Duchy of Naxos locator.svg|thumb|Le duché de Naxos.]] |
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Image:Delos1829.jpg|[[Délos]] en [[1829]] (A. Blouet, [[Expédition de Morée]]). |
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En [[1204]], la [[quatrième croisade]] s'empara de [[Constantinople]], et les vainqueurs se partagèrent l'[[Empire byzantin]]. La souveraineté nominale sur les Cyclades échut aux [[République de Venise|Vénitiens]]. Ces derniers annoncèrent alors qu'ils laisseraient la gestion des îles à qui serait capable de s'en emparer pour eux. La « Sérénissime » ne pouvait en effet faire face aux dépenses d'une nouvelle expédition<ref name="Longnon91">Jean Longnon, ''L'Empire latin de Constantinople'', {{p.|91}}</ref>. Cette nouvelle suscita des vocations. De nombreux aventuriers armèrent des flottes à leurs frais, dont [[Marco Sanudo]], neveu du [[Doge]] [[Enrico Dandolo]]. Il s'empara sans coup férir de Naxos en [[1205]] et en [[1207]], il contrôlait les Cyclades avec ses compagnons et parents<ref name="Longnon91"/>. Son cousin Marino Dandolo devint seigneur d'Andros ; d'autres de ses parents, les frères Andrea et Geremia Ghisi (ou Ghizzi) devinrent maîtres de Tinos et Mykonos, plus des fiefs sur Kéa et Sériphos ; les Pisani prirent Kéa ; Jaccopo Barozzi eut Santorin ; Anafi échut à Leonardo Foscolo<ref name="Longnon91"/>{{,}}<ref name="Yerasimos9">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|9-10}}.</ref> ; Pietro Guistianini et Domenico Michieli se partagèrent Sériphos et eurent des fiefs sur Kéa ; les Quirini gouvernèrent Amorgós<ref>''Blue Guide'', {{p.|665}}.</ref>{{,}}<ref name="Yerasimos9"/>. Marco Sanudo fonda le [[duché de Naxos]] avec les principales îles comme Naxos, Paros, Antiparos, Milos, Siphnos, Kythnos et Syros<ref name="Longnon91"/>. Les Ducs de Naxos devinrent vassaux de l'[[Empire latin de Constantinople|empereur latin de Constantinople]] en [[1210]]. Dans les Cyclades, Sanudo était le suzerain et les autres seigneurs ses vassaux. Venise ne profitait donc plus directement de cette conquête, même si le duché dépendait nominalement d'elle et qu'il avait été stipulé qu'il ne pouvait être transmis qu'à un Vénitien. Cependant, la République y avait trouvé avantage : l'Archipel avait été débarrassé de ses pirates, mais aussi des [[République de Gênes|Génois]], et la route commerciale vers Constantinople était sécurisée<ref name="Longnon91"/>. Les habitats redescendirent vers les côtes et y furent fortifiés par les seigneurs latins : Paroikia sur Paros, le port sur Naxos ou Antiparos. |
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Image:Milos1829.jpg|Milos en 1829 (A. Blouet,Expédition de Morée). |
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Image:Naxos1829.jpg|Portara sur [[Naxos]] en 1829 ([[Guillaume Abel Blouet|Abel Blouet]], Expédition de Morée). |
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[[Fichier:Naxos Venetian Tower.jpg|thumb|left|Une tour dite « vénitienne » dans la campagne naxiote.]] |
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Image:Santorini1848.jpg|Carte de [[Santorin]] en 1848. |
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La coutume de la [[Principauté de Morée]] : les ''[[Assises de Romanie]]''<ref>''Romanie'' était alors [[Vocabulaire des croisades et de la Reconquista|le nom habituel]] de l'[[Empire romain d'Orient]], et ses habitants étaient les ''[[Romioi|Romées]]'', car le mot « {{page h'|Byzantin}} » n'existait pas encore : il n'a été créé qu'en 1557 par [[Hieronymus Wolf|Jerôme Wolf]] et n'est largement utilisé que depuis le {{s-|XIX}}.</ref>, devint rapidement la base de la législation dans les îles<ref name="Slot">J. Slot, ''Archipelagus Turbatus''.</ref>. En effet, à partir de [[1248]], le Duc de Naxos devint le vassal de [[Guillaume II de Villehardouin]] et donc à partir de [[1278]] de [[Charles Ier de Sicile|Charles {{Ier}} de Sicile]]<ref name="ODBNax">{{harvsp|Kazhdan|1991|loc=article « Naxos »}}</ref>. Les « [[Rite romain|Latins]] », dits aussi « [[Vocabulaire des croisades et de la reconquista|Francs]] » bien que la plupart fussent Italiens, imposèrent le [[Féodalisme|système féodal]] occidental sur les îles, jusque-là gouvernées selon le système byzantin des παρουχίες - ''paroukhies'' (communautés rurales d'hommes libres, devant l'impôt collectif et le service militaire). Dans le nouveau système, les corvées et une [[capitation]] étaient dues au seigneur, et les dettes pouvaient mener au [[servage]], mais il n'y avait plus de service militaire pour les autochtones grecs<ref name="Yerasimos9"/>. Le système féodal fut appliqué même pour les plus petites propriétés, ce qui eut pour effet de créer une importante « élite locale ». Les « nobles francs » reproduisirent la vie seigneuriale qu'ils avaient laissée derrière eux : ils se construisirent des « châteaux » où ils entretinrent une cour. Aux liens de vassalité s'ajoutèrent ceux du mariage. Les fiefs circulèrent et se fragmentèrent au fil des dots et des héritages. Ainsi, en [[1350]], quinze seigneurs dont onze Michieli se partageaient Kéa ({{unité|120|km|2}} et quelques dizaines de familles alors)<ref name="Yerasimos9"/>. |
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Cependant, ce système féodal ne remplaça pas intégralement le système administratif byzantin, conservé par les nouveaux seigneurs pour les taxes et corvées féodales, appliquées aux divisions administratives grecques ; de plus l'exploitation des fiefs continuait selon les techniques byzantines, notamment pour la gestion et le partage de l'eau<ref name="Slot"/>. La loi byzantine resta aussi en vigueur pour les mariages et les propriétés de la population locale grecque<ref name="ODBNax"/>. Il en était de même pour la religion : si la hiérarchie catholique dominait, la hiérarchie orthodoxe subsistait<ref name="Slot"/>. La tendance pour les colons « Francs » était à l'intégration dans la population locale, et les deux cultures se mêlèrent, comme on peut le voir dans les motifs des broderies populaires dans les Cyclades : les influences italiennes et vénitiennes y sont très présentes<ref>Louisa F. Pesel, « The Embroideries of the Aegean », ''The Burlington Magazine for Connoisseurs'', Vol. 10, {{numéro|46}}, janvier 1907.</ref>. En outre, il arrivait parfois que, si le [[curé]] catholique n'était pas disponible, la messe soit dite par le [[prêtre orthodoxe]]<ref name="Slot"/> |
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Au {{s-|XIII}} cet équilibre fut remis en question. La tentative de reconquête de l'Égée par Alexis Philanthropenos pour l'[[Basileus|empereur]] byzantin [[Michel VIII Paléologue]], échoua devant Paros et Naxos<ref name="ODBNax"/>{{,}}<ref name="ODBPar">{{harvsp|Kazhdan|1991|loc=article « Paros »}}</ref>, mais certaines îles avaient été reconquises et gardées par les Byzantins entre [[1263]] et [[1278]]<ref name="Longnon319">Jean Longnon, ''L'Empire latin de Constantinople'', {{p.|319-320}}.</ref>{{,}}<ref name="Yerasimos11">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|11-12}}</ref>. En [[1292]], [[Roger de Lauria]] ravagea Andros, Tinos, Mykonos et Kythnos<ref name="Longnon319"/>, peut-être une conséquence de la guerre qui faisait rage entre [[République de Venise|Venise]] et [[République de Gênes|Gênes]]<ref name="Yerasimos11"/>. Au début du {{s-|XIV}}, les [[Couronne d'Aragon|Catalans]] firent leur apparition dans les îles, peu avant les Turcs<ref name="Yerasimos11"/>. Le déclin des [[Seldjoukides]] laissa en effet le champ libre en [[Asie mineure]] à un certain nombre de principautés [[turkmènes]] dont les plus proches de la mer lancèrent à partir de [[1330]] des [[Razzia (militaire)|razzia]]s dans l'archipel, régulièrement pillé. Les habitants capturés furent emmenés en [[Traite orientale|esclavage]]<ref name="Yerasimos11"/>. Les Cyclades connurent alors un déclin économique et démographique. Même lorsque les [[Empire ottoman|Ottomans]] commencèrent à s'imposer et à [[Histoire de l'Anatolie|unifier l'Anatolie]], les expéditions se poursuivirent, jusqu'au milieu du {{XVe siècle}}, en partie à cause du conflit entre Venise et les Ottomans<ref name="Yerasimos11"/>. |
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Le duché de Naxos passa temporairement sous protection vénitienne en [[1499]]-[[1500]] et [[1511]]-[[1517]]<ref name="ODBNax"/>. Vers [[1520]], les anciens fiefs des Ghisi (Tinos et Mykonos) sont passés sous la domination directe de la [[république de Venise]]<ref name="Yerasimos11"/>. [[Giovanni IV Crispo]], qui gouverna le duché de Naxos de [[1518]] à [[1564]], entretint une cour fastueuse, dans le style de la [[Renaissance]]<ref name="Yerasimos14">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|14}}.</ref>. Giovanfrancesco Sommaripa, seigneur d'Andros, s'était en revanche fait détester de ses sujets<ref name="Yerasimos14"/>. |
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== La période ottomane == |
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{{Article détaillé|Grèce ottomane}} |
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=== Conquête turque et administration des îles === |
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[[Fichier:Chaireddin Barbarossa.jpg|thumb|left|upright|Barberousse]] |
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[[Khayr ad-Din Barberousse]], [[Capitan Pacha|grand amiral de la flotte ottomane]], prit les îles pour les [[Empire ottoman|Turcs]] grâce à deux raids en [[1537]] et [[1538]]. La dernière à être soumise en [[1715]] fut [[Tinos]], vénitienne depuis [[1390]]<ref name="Slot"/>. La conquête des Cyclades posa un problème à la « [[Sublime Porte]] » : il ne lui était pas possible, financièrement et militairement, de laisser une garnison dans chaque île<ref name="Yerasimos13">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|13}}.</ref>. De plus, elle menait la guerre contre la [[République de Venise]], pas contre les autres puissances occidentales. Ainsi, Siphnos appartenait à des [[Bologne|Bolonais]], les Gozzadini. La Porte n'étant pas en guerre contre Bologne, elle laissa cette famille gouverner l'île<ref name="Yerasimos13"/>. De même, les Sommaripa avaient Andros. Ils arguèrent du fait qu'ils étaient Français, originaires des rives de la [[Somme (fleuve)|Somme]] (Sommaripa est la forme italianisée de Sommerive), pour passer sous la protection des [[Capitulations]]<ref name="Yerasimos13"/>. Ailleurs, il fut plus simple, comme dans les [[Principautés danubiennes|principautés chrétiennes tributaires]] du [[Liste des sultans de l'Empire ottoman|Sultan]], de laisser en place les familles régnantes moyennant le versement d'un [[tribut]] à la « [[Sublime Porte]] ». Ainsi les plus grandes Cyclades conservèrent leurs seigneurs « [[latins]] » tandis que quatre des plus petites passèrent sous l'[[Provinces de l'Empire ottoman|administration ottomane]] directe<ref name="Slot"/> du « [[Pachalik de l'Archipel|beylerbeylık des Îles]] » créé à cet effet. |
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Dans les années [[1560]], la coalition entre le [[Papauté|Pape]], les Vénitiens et les Espagnols (la future « [[Sainte-Ligue (1571)|Sainte-Ligue]] » qui triomphera à [[Bataille de Lépante|Lépante]]) se mettait en place, et les seigneurs latins des Cyclades étaient sollicités et semblaient prêts à s'engager (financièrement et militairement) contre leur suzerain ottoman<ref name="Yerasimos14"/>. Enfin, les pirates barbaresques continuaient aussi de temps à temps à piller les îles. Les insulaires envoyèrent alors une délégation à [[Constantinople]] pour plaider qu'ils ne pouvaient servir deux maîtres<ref name="Yerasimos14"/>. Le duché de Naxos, auquel fut ajouté Andros, passa ainsi à [[Joseph Nasi]], proche du Sultan, en [[1566]]. Il ne vint jamais dans « ses » îles, laissant l'administration à un noble d'origine italienne : Coronello<ref name="Yerasimos14"/>. Comme celui-ci en avait la jouissance directe et personnelle, l'administration ottomane n'y fut jamais installée<ref name="Slot"/>. Contrairement à ce qui advint aux terres chrétiennes conquises par les Ottomans dans les [[Histoire des Balkans|Balkans]], en [[Histoire de l'Anatolie|Anatolie]], à [[Chypre (île)|Chypre]] et en [[Grèce ottomane|Grèce continentale]], les propriétés foncières ne furent pas touchées, mais laissées, comme dans les [[principautés danubiennes]], à leurs anciens propriétaires féodaux chrétiens qui conservèrent leurs usages et leurs privilèges traditionnels<ref name="Yerasimos14"/>. |
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À la mort de Joseph Nasi, il y eut encore quelques seigneurs chrétiens de Naxos, de plus en plus virtuels, et les îles glissèrent peu à peu sous l'administration ottomane directe. Elles furent concédées au [[Capitan Pacha]] (grand amiral de la flotte ottomane), c'est-à-dire que le revenu lui en revenait<ref name="Yerasimos14"/>. Il n'y venait qu'une fois par an pour toucher la somme globale des impôts. Il [[Mouillage|mouillait]] alors, avec toute sa flotte, dans la baie Dryo (« sèche ») au sud-est de [[Paros]]. |
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Le [[Divan (institution)|Divan ottoman]] n'envoya que très rarement des officiers et gouverneurs diriger les îles au nom propre du Sultan. Il y eut des tentatives d'installer des cadis (juges musulmans) et des [[bey (titre)|beys]] (gouverneurs) sur chaque grande île, mais les pirates chrétiens les enlevaient la plupart du temps pour les revendre à [[Histoire de Malte|Malte]], si bien que la Porte dut y renoncer. Les îles ne furent plus gouvernées que de loin. Des magistrats chrétiens, des [[archonte]]s souvent appelés ''épitropes'', gouvernaient localement. Leur principale attribution était de collecter les impôts<ref name="Slot"/>. La Porte accorda par un ''ahdname'' (« accord ») en [[1580]] des privilèges aux plus grandes Cyclades (celles de l'ancien domaine de Nasi). En échange d'un tribut annuel qui comprenait la [[capitation]] et la protection militaire, les propriétaires terriens chrétiens (catholiques et orthodoxes) conservèrent leurs terres et leur position dominante (ils négociaient les impôts pour la communauté)<ref name="Slot"/>. |
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Un droit local particulier se mit alors en place, compromis de traditions grecques, de coutumes féodales « franques », de [[droit canon]] orthodoxe et d'exigences ottomanes, le tout décliné selon la situation de chaque île. Ce particularisme législatif fit que seules les autorités autochtones pouvaient s'y retrouver. La langue elle-même des documents produits était un mélange d'italien, de grec et de turc<ref>On y retrouve des racines du démotique.</ref>, à la fois effet et cause de l'absence administrative ottomane directe<ref name="Yerasimos17">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|17}}.</ref>. |
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=== Population et économie === |
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Les Cyclades avaient beaucoup souffert économiquement et démographiquement des exactions d'abord des pirates turcs et barbaresques, puis plus tard ({{s-|XVII}}) des pirates chrétiens. Après la défaite de Lépante, [[Uluç Ali Paşa|Kılıç Ali]], nouveau [[capitan pacha]], entama une politique de repeuplement des îles. Par exemple, le [[pope]] Pothétos fut autorisé en [[1579]] à installer des colons d'Amorgós dans l'île presque désertée d'Ios<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|15}}.</ref>. Kimolos, pillée par des pirates chrétiens en [[1638]] fut repeuplée par des colons [[Siphnos|siphniotes]] en [[1646]]<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|34}}.</ref>. Des [[Arvanites|Albanais chrétiens]], qui avaient déjà migré vers le [[Péloponnèse]] à l'époque du [[Despotat de Morée]] ou qui avaient été installés sur Kythnos par les Vénitiens, furent invités par l'Empire ottoman à venir s'installer sur Andros<ref name="Bleu222"/>. C'est pourquoi la « pureté [[Ethnie|ethnique]] des Cyclades » n'est (comme dans la plupart des îles du monde) qu'un [[mythe]]. |
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Les pillages et exactions des pirates, de quelque origine qu'ils fussent, avaient une autre conséquence : la quarantaine n'étant évidemment pas respectée, des [[épidémie]]s touchaient les îles. La [[peste]] sévit ainsi à Milos en [[1687]], [[1688]] et [[1689]], à chaque fois pendant plus de trois mois. L'épidémie de 1689 fit 700 morts pour une population de {{nombre|4000|habitants}}. La peste fit son retour en [[1704]], accompagnée de l'[[Charbon (maladie)|anthrax]] et tua presque tous les enfants de l'île<ref name="Yerasimos37">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|37}}.</ref>. |
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Contrairement à ce qui advint en Crète et à Chypre, très peu de [[Turcs (peuple)|Turcs]] s'installèrent dans les Cyclades en raison de l'absence de [[Timariote|redistribution des terres à des colons musulmans]], du peu d'intérêt de l'Empire ottoman pour la mer et du danger des pirates chrétiens. Seule Naxos accueillit quelques familles turques<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|16}}.</ref>. |
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[[Fichier:ParosLefkes.JPG|thumb|left|Paros, île fertile ou stérile selon la [[pluviosité]].]] |
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Les Cyclades avaient alors des ressources limitées et durant les nombreuses [[Climat méditerranéen|années sèches]], dépendaient d'importations pour leur survie alimentaire<ref>F. Braudel, ''La Méditerranée'', tome 1, {{p.|136-140}}.</ref>. Les grandes îles (Naxos et Paros principalement) étaient plus fertiles que les autres grâce à leurs montagnes encore boisées qui retenaient l'eau et grâce à leurs plaines littorales<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|38}}.</ref>. Le peu qui était produit sur les îles faisait, comme depuis la Préhistoire, l'objet d'un intense commerce qui permettait de mettre les ressources en commun. Le [[Viticulture en Grèce|vin ''assyrtiko'']] de Santorin, le bois de Folégandros, le sel de Milos ou le froment de Sikinos circulaient dans l'archipel, qui produisait aussi de l'huile d'olive, de la laine, des fromages, du miel, du poisson séché, des éponges. Andros [[Magnanerie|élevait des vers à soie]] et la [[soie|matière première]] était filée sur Tinos et Kéa. Ces productions n'étaient pas destinées au marché local : Milos envoyait sa [[Meulière (géologie)|meulière]] jusqu'en France et les chapeaux de paille de Siphnos (production introduite par les seigneurs francs) partaient aussi en Occident<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|39}}.</ref>. En [[1700]], année minimum, le port de Marseille accueillit onze vaisseaux et trente-sept [[Caïque (bateau)|caïque]]s provenant des Cyclades. La cité phocéenne vit ainsi passer cette année-là : {{formatnum:231000}} [[Livre (unité de masse)|livre]]s de blé ; {{nombre|150000|livres}} d'huile ; {{nombre|58660|livres}} de soie de Tinos ; {{nombre|14400|livres}} de fromages ; {{nombre|7635|livres}} de laine ; {{nombre|5019|livres}} de riz ; {{nombre|2833|livres}} de peaux d'agneau ; {{nombre|2235|livres}} de coton ; {{nombre|1881|livres}} de cire ; {{nombre|1065|livres}} d'éponges<ref>Paul Masson, ''Histoire du commerce du Levant'', in Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|39}}.</ref>. |
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Les Cyclades étaient aussi le centre de la [[contrebande]] du blé de la [[mer Noire]] vers l'Occident (jusqu'à la fin du {{s-|XVIII}}, la mer Noire avec ses riches [[Tchernoziom|terres noires]] était un « lac ottoman », mais dont les rives et les ports étaient peuplées de grecs [[pontiques]]). Les années de bonnes récoltes, les bénéfices étaient importants, mais au-delà des années de mauvaises récoltes, cette activité dépendait du bon vouloir des autorités ottomanes qui désiraient soit une plus grosse part, soit faire avancer leur carrière en se faisant remarquer par une lutte contre cette contrebande. Ces fluctuations étaient suffisamment importantes pour que Venise suivît de près les nominations d'« officiers » ottomans dans l'Archipel<ref>F. Braudel, ''La Méditerranée'', tome 1, {{p.|529}}.</ref>. |
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[[Fichier:School of the Holy Sepulchre (Sifnos, Greece).JPG|thumb|École du Saint-Sépulcre de Kástro, à [[Sifnos]].]] |
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L'activité commerciale restait donc importante dans les Cyclades. Une partie de cette activité était, [[Piraterie en Méditerranée antique|depuis l'Antiquité, liée à la piraterie et à la contrebande]]. Des commerçants s'étaient spécialisés dans l'achat du [[butin]] et dans la fourniture d'approvisionnements. D'autres avaient développé une économie de services destinée aux pirates : [[voilerie]]s, [[Carénage (bateau)|carénages]], [[cordonnerie]]s, [[Forgeron|forges]], [[taverne (établissement)|tavernes]] et [[Prostitution|prostituées]]. Les îles où ils hivernaient, comme Milos, Mykonos et surtout Kimolos, ne vivaient à la fin du {{s-|XVII}} que de leur présence<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|35}}.</ref>. Kimolos devait son nom occidental d{{'}}''Argentière'' autant à ses mines d'argent qu'aux sommes dépensées par les pirates. Cette situation amena une différenciation entre d'un côté les îles « dépravées » (ces trois îles principalement), et de l'autre côté les îles « vertueuses » sur lesquelles veillaient des monastères [[Patriarcat œcuménique de Constantinople|orthodoxes]], avec en tête la très pieuse [[Sifnos]] où s'ouvrit en [[1687]] ''l'école du Saint-Sépulcre'', surnommée ''l'Université des Cyclades''<ref name="Yerasimos37"/>. [[Joseph Pitton de Tournefort]] visitant les Cyclades en 1701, recensa les monastères orthodoxes : treize sur Milos, six sur Siphnos, au moins un à Sériphos, seize sur Paros, au moins sept à Naxos, un à Amorgós, quelques-uns à Mykonos, cinq à Kéa, au moins trois à Andros (pour les autres îles, les renseignements manquent)<ref>Tournefort, ''Voyage...'', [[François Maspero]], {{p.|161}} (Milos), {{p.|173-174}} (Siphnos), {{p.|180}} (Sériphos), {{p.|196-198}} (Paros), {{p.|207}} (Naxos), {{p.|214-215}} (Amorgós), {{p.|245}} (Mykonos), {{p.|275-276}} (Kéa), {{p.|284}} (Andros).</ref>. Trois remontaient à la période byzantine : la Panaghia Chozoviotissa sur Amorgós ({{XIe siècle}}), la Panaghia Panachrantos sur Andros ({{s-|X}})<ref group=N>Le monastère de la Zôodochos Pighi, datant du {{s-|XI}} ou {{s-|XII}} n'est pas cité, peut-être était-il alors abandonné, puis il fut réutilisé.</ref> et le Prophitis Elias (1154<ref>''Guide bleu. Îles grecques'', p; 326)</ref>) sur Siphnos : tous les autres sont dus à la vague de reconquête orthodoxe sous protection ottomane<ref name="Yerasimos17"/>. Les autres monastères, fondés lors de la période ottomane, sont des fondations privées par des particuliers sur des terres leur appartenant. |
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Au cours des guerres opposant la [[République de Venise]] et l'Empire ottoman pour la possession de [[Histoire de la Crète|Candie]], les Vénitiens menèrent une grande contre-attaque en [[1656]] qui leur permit de bloquer efficacement les [[Dardanelles]]. La flotte ottomane ne put alors protéger les Cyclades qui furent mises en coupe réglée par les Vénitiens pendant une dizaine d'années. Le proverbe cycladique {{Citation|mieux vaut se faire massacrer par le Turc qu'être donné en pâture au Vénitien}} daterait de ces exactions. Lorsque la flotte ottomane réussit à briser le blocus vénitien, la flotte de Venise en repli ravagea les îles, brûlant des forêts et des oliveraies et volant tout le bétail<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|21}}.</ref>. L'économie cycladique mit du temps à s'en relever. |
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=== Les Cyclades : enjeu entre orthodoxes et catholiques === |
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[[Fichier:Panaghia Chozoviotisa Klooster.jpg|thumb|left|upright|Le monastère de la Panaghia Chozoviotisa sur Amorgós.]] |
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Le Sultan, comme partout ailleurs dans ses territoires (à l'exception de la [[Hongrie ottomane]]), favorisa l'[[église orthodoxe]] dont il pouvait contrôler l'[[Patriarcat œcuménique de Constantinople|instance dirigeante]] sise à [[Constantinople]] et dont relevaient la plupart de [[Millet (Empire ottoman)|ses sujets chrétiens]], plutôt que l'[[église catholique]] dont le [[Papauté|dirigeant]] se trouvait à [[Rome]], hors de l’Empire, et dont les fidèles étaient à la fois minoritaires et protégés par des « [[Capitulations de l'Empire ottoman|Capitulations]] » signés par la « [[Sublime Porte]] » à l'issue des gierres perdues contre l'Occident<ref name="Yerasimos13"/>{{,}}<ref name="Frazee">Charles A. Frazee, « The Greek Catholic Islanders and the Revolution of 1821 »</ref>. À Constantinople, le patriarche orthodoxe devait répondre de la fidélité des Grecs, des Bulgares et des Serbes au Sultan : en échange il lui était laissé de larges pouvoirs sur la communauté orthodoxe ainsi que les propriétés et les [[Charte de franchises|franchises]] qu’il avait déjà sous l’[[Empire byzantin]]<ref>Nicolas Svoronos, ''Histoire de la Grèce moderne'', Que-Sais-Je ?, PUF, 1964, {{p.|17-18}}.</ref>. Dans les Cyclades et les autres îles égéennes, comme à Chypre, le catholicisme était la religion de l'ennemi vénitien : l'orthodoxie profita de cette situation pour reconquérir le terrain perdu pendant l'occupation « latine »<ref name="Yerasimos17"/>. |
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Dans le reste de l'Empire, la mise en valeur des terres était souvent confiée aux ordres religieux et aux fondations religieuses musulmanes. Comme ces derniers étaient quasi-absents des Cyclades, Naxos exceptée, ce furent les monastères orthodoxes qui eurent cette fonction<ref name="Yerasimos17"/>. Peu-à-peu, les grandes familles catholiques passèrent à l'orthodoxie, mais cela ne suffit pas à expliquer la multiplication et la prospérité des monastères sous la domination ottomane. L'émergence d'une nouvelle élite grecque orthodoxe après la conquête ottomane des Cyclades vient surtout de la possibilité d'y acquérir des biens fonciers. Leur richesse se renforça ensuite avec les bénéfices des entreprises commerciales et navales<ref name="Yerasimos18">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|18}}</ref>. Au début du {{s-|XVII}}, la reconquête orthodoxe était presque totale et provoqua une « contre-attaque » catholique<ref name="Yerasimos18"/> : des [[missionnaire chrétien|missionnaires]] catholiques envisagèrent par exemple le déclenchement d'une [[croisade]]. Le supérieur des [[Jésuite]]s à Naxos, [[Robert Saulger]], était un ami personnel de [[François d'Aix de La Chaise]], confesseur de [[Louis XIV de France|Louis XIV]] : il usa de cette influence pour pousser le souverain français à la croisade, en vain<ref name="Slot"/>. |
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Les Cyclades comptaient six évêchés catholiques : Santorin, Syros, Naxos, Tinos, Andros et Milos. Ils faisaient partie de la politique de présence catholique, car le faible nombre de paroissiens ne justifiait pas autant d'évêques : au milieu du {{s-|XVII}} l'évêché d'Andros regroupait cinquante catholiques, celui de Milos, treize<ref name="Yerasimos19">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|19-20}}.</ref>. L'Église catholique se montra en effet très active dans les îles au {{s-|XVII}}, profitant du fait qu'elle était sous la protection des Ambassadeurs de France et de Venise à Constantinople, ainsi que des guerres entre Venise et l'Empire ottoman qui affaiblirent la position des Turcs et des orthodoxes dans l'archipel. La [[Congrégation pour la propagation de la foi]], les évêques catholiques et les missionnaires jésuites et [[Frères mineurs capucins|capucins]] tentèrent de gagner les populations grecques orthodoxes à la foi catholique et d'imposer le [[rite tridentin]]<ref name="Slot"/>. |
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Les capucins, membres de la Mission de Paris, donc sous protection de [[Louis XIV de France]], voyaient là un moyen d'affirmer son prestige de Roi Très Chrétien, mais aussi de placer des jalons commerciaux et diplomatiques<ref name="Yerasimos18"/>. Des établissements capucins furent fondés à Syros en 1627, Andros en 1638 (ils en furent chassés par les Vénitiens en 1645 et firent leur retour en 1700), à Naxos en 1652, à Milos en 1661 et à Paros, d'abord à Naoussa au nord en 1675, puis à [[Paroikia]] en 1680<ref name="Yerasimos19"/>. Les Jésuites étaient plutôt l'instrument de l'[[Église catholique romaine]], même s'ils disposaient aussi de la protection française et étaient souvent d'origine française<ref name="Yerasimos19"/>. Un monastère jésuite fut fondé à Naxos en 1627, en partie grâce à un financement par des marchands de [[Rouen]]<ref name="Puchner">Walter Puchner, « {{langue|en|texte=Jesuit Theatre on the Islands of the Aegean Sea. », ''Journal of Modern Greek Studies''}}, Vol. 21, {{numéro|2}}, octobre 2003.</ref>. Ils s'installèrent à Santorin (1642) et à Tinos (1670). Il y eut aussi une [[Ordre des frères mineurs|mission franciscaine]] fondée au {{s-|XVI}} à Naxos et un couvent de [[Ordre des Prêcheurs|dominicaines]] fondé à Santorin en 1595<ref name="Yerasimos19"/>. |
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[[Fichier:Syros Harbour.jpg|thumb|Ermopouli, le port de Syros, avec les deux cathédrales, catholique et orthodoxe, se faisant face, chacune sur sa colline.]] |
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Parmi les activités de [[prosélytisme]], les Jésuites montaient des pièces de théâtre, dans lesquelles jouaient des pères jésuites et des membres de la bonne société catholique de l'île. Ces pièces furent données à Naxos, mais aussi à Paros ou Santorin pendant plus d'un siècle. Les thèmes étaient religieux et en rapport avec la culture locale<ref name="Puchner"/> : {{Citation|1=''pour gaigner'' <small>(sic)</small> ''plus facilement le cœur des Grecs et pour ce on a représenté telle action tout en leur langue vulgaire et au mesme jour que les Grecs célèbrent la fest de S. Chrisostome''<ref>Rapport du Vice Supérieur François Aurillac in Puchner.</ref>.}} |
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Malgré ces efforts, au {{s-|XVIII}} la plupart des missions catholiques avaient disparu sans atteindre leurs objectifs, hormis à Syros, qui conserve encore de nos jours une forte communauté catholique. À Santorin, ils réussirent juste à maintenir les effectifs de la communauté catholique. À Naxos, malgré une diminution du nombre de fidèles, un petit noyau catholique subsista. Bien entendu, Tinos, vénitienne jusqu'en 1715, resta un cas à part, avec une importante communauté catholique<ref name="Yerasimos19"/>{{,}}<ref group=N>La découverte miraculeuse de l'icône de la Vierge en 1822 pourrait bien être une tentative de reconquête orthodoxe de l'île.</ref>. Là où elles existaient, les communautés catholiques vivaient à part, séparées des orthodoxes : villages entièrement catholiques sur Naxos ou quartier au centre du village principal de l'île. Ainsi, elles disposaient d'une certaine autonomie administrative elles aussi, puisqu'elles traitaient directement avec les autorités ottomanes, sans passer par les représentants orthodoxes de l'île. Cette situation créait des tensions : en 1800 et 1801, des notables catholiques naxiotes furent attaqués par une partie de la population orthodoxe, menée par Markos Politis<ref name="Frazee"/>. |
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=== La piraterie catholique === |
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Lorsque l'Afrique du nord fut définitivement intégrée à l'Empire ottoman, et surtout lorsque les Cyclades passèrent au Capitan-Pacha, il ne fut plus question pour les pirates barbaresques d'y continuer leurs razzias. Ils agirent alors en Méditerranée occidentale, vivant principalement de la [[traite orientale]]. À l'inverse, les chrétiens avaient été chassés de l'Égée, après les défaites vénitiennes : ils prirent alors le relais des pirates musulmans dans l'Archipel<ref name="Yerasimos20-37">Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|20-34}}.</ref>. |
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[[Fichier:MilosTournefort1718.jpg|thumb|left|upright|[[Milos]], lieu de rendez-vous des pirates : carte de l'île et costumes traditionnels des femmes ([[Joseph Pitton de Tournefort]], ''Voyage d'un botaniste'').]] |
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Leur principal objectif était la route commerciale entre l'[[Égypte]], son blé et ses impôts (le tribut des [[Mamelouk]]s), et Constantinople<ref name="Yerasimos20-37"/>. Les pirates hivernaient sur Paros, Antiparos, Ios ou Milos (décembre-mars). Profitant de la faiblesse en moyens des garde-côtes ottomans et de la corruption de la hiérarchie du [[pachalik de l'Archipel]], ils s'installaient au printemps dans les parages de Samos puis au début de l'été dans les eaux chypriotes et à la fin de l'été sur les côtes de Syrie. Si à Samos et Chypre, ils attaquaient les navires, en Syrie, ils descendaient à terre et enlevaient de riches musulmans qu'ils libéraient contre rançon. Ces activités rapportaient le plus. Ils revenaient ensuite dépenser leur butin dans les Cyclades<ref name="Yerasimos20-37"/>. |
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Les pirates les plus célèbres furent les deux frères Téméricourt, originaires du [[Vexin]]. Le cadet, Téméricourt-Beninville était [[chevalier de Malte]]. Au printemps [[1668]], ils pénétrèrent, avec quatre [[frégate (navire)|frégate]]s dans la rade d'Ios. Lorsque la flotte ottomane, qui faisait voile vers la Crète dans le cadre de la guerre contre Venise, tenta de les en déloger le 2 mai, ils la repoussèrent en lui causant d'importants dégâts et firent ainsi leur réputation<ref name="Yerasimos20-37"/>. Hugues Creveliers, surnommé « l'Hercule des mers » commença sa carrière un peu plus tôt, avec l'aide des [[Chevalier de Malte|chevaliers de Malte]]. Il fit rapidement fortune et organisa la piraterie catholique dans les Cyclades. Il avait sous ses ordres directs entre une douzaine et une quinzaine de navires et avait accordé son pavillon à une vingtaine d'armateurs qui disposaient de sa protection et lui reversaient une partie de leurs revenus. Il mit les îles en coupe réglée<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|28}}.</ref>. |
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Leur carrière s'achevait assez brusquement : Téméricourt-Beninville fut décapité à vingt-deux ans en [[1673]] lors des fêtes pour la circoncision d'un des fils du Sultan ; Creveliers sauta avec son navire en baie d'[[Astypalée]] en [[1678]]<ref name="Yerasimos20-37"/>. |
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Ces pirates se considéraient comme des corsaires, mais leur situation était plus ambiguë. D'origine livournaise, corse ou française, ils étaient en grande majorité catholiques et agissaient sous la protection plus ou moins officieuse soit d'ordre religieux comme les [[chevalier de Malte|chevaliers de Malte]] ou l'Ordre de Saint-Étienne de [[Livourne]], soit de puissances occidentales qui cherchaient à se maintenir ou à s'implanter dans la région : Venise, la France, la Toscane, la Savoie ou Gênes. Ils étaient donc « presque » des corsaires, mais pouvaient être désavoués à tout moment par leurs protecteurs secrets : ils redevenaient alors des pirates<ref name="Yerasimos20-37"/>. Ainsi, après avoir capitulé en Crète, Venise dut accepter par traité de lutter contre la piraterie catholique en Égée. |
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[[Jean Chardin]] raconte ainsi l'arrivée à Mykonos de deux navires vénitiens en 1672 :<br /> |
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{{Citation|1=''Ils y entrèrent de nuit. L'amiral, en jetant l'ancre, tira des fusées. […] C'était pour avertir les corsaires chrétiens qui pourraient être au port de se retirer avant le jour. Il y en avait alors deux. Ils firent voile le lendemain matin […]. La République s'était engagée auprès du Grand Seigneur dans le Traité de Candie de chasser les corsaires chrétiens, […] elle usait de ce ménagement afin de satisfaire la Porte sans agir pour autant contre les corsaires<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », p.22-23.</ref>.''}} |
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Le chevalier [[Laurent d'Arvieux]] rapporte lui aussi l'attitude ambiguë de la France vis-à-vis de Téméricourt-Beninville, dont il fut témoin en [[1671]]. Cette attitude, qu'eut aussi le [[Charles Olier de Nointel|marquis de Nointel]], ambassadeur de France à Constantinople quelques années plus tard, était un moyen de pression « para-diplomatique » lorsqu'il s'agissait de renégocier les [[capitulations]]<ref name="Yerasimos20-37"/>. De même, le marquis de Fleury, considéré comme un pirate, vint s'installer dans les Cyclades avec le financement de la Chambre de Commerce de [[Marseille]] à un moment où se négociait le renouvellement des capitulations. Certains de ces commerçants occidentaux (faillis en fuite surtout) se mettaient aussi au service des pirates dans leurs îles de prédilection, leur achetant le butin et leur fournissant équipement et ravitaillement<ref name="Yerasimos20-37"/>. |
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Des liens étroits existaient entre la piraterie catholique et les missions catholiques. Les capucins de Paros protégèrent Creveliers et firent dire des messes pour le repos de son âme. Ils reçurent aussi de nombreuses riches aumônes de pirates corses comme Anghjelu-Maria Vitali ou Ghjuan Demarchi, qui leur donna {{formatnum:3000}} [[piastre]]s pour construire leur église<ref name="Yerasimos20-37"/>. Les pirates protégeaient les missions contre les exactions ottomanes et les progrès de l'Église orthodoxe. Les moines fournissaient approvisionnement et parfois asile<ref name="Yerasimos20-37"/>. |
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La présence de ces pirates-corsaires catholiques dans les Cyclades à la fin du {{s-|XVII}} ne devait donc rien au hasard et participait d'un mouvement plus vaste de tentative de retour des [[Occident chrétien|Occidentaux]] dans l'Archipel. Au début du {{s-|XVIII}}, la piraterie dans les Cyclades évolua : la [[Siège de Candie|défaite définitive de Venise en Crète]] diminua l'intérêt de la « [[République sérénissime|Sérénissime]] » pour la région et donc ses interventions. [[Louis XIV de France|Louis XIV]] changea aussi d'attitude<ref group=N>« Le roi ne souffre plus de corsaires français au Levant » écrit Joseph Pitton de Tournefort, ''Voyage d'un botaniste'', tome 1, {{p.|150}}.</ref>. Les corsaires occidentaux disparurent peu à peu et furent remplacés par des autochtones qui se livraient autant à la piraterie qu'à la contrebande ou au commerce. Les grandes fortunes d'armateurs se mirent alors doucement en place<ref>Stéphane Yerasimos, « Introduction », {{p.|40}}.</ref>. |
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[[Fichier:Graeco-Ottoman banner.png|vignette|gauche|Navire marchand portant le pavillon des Grecs sous suzeraineté ottomane, vers 1700.]] |
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=== Déclin de l'Empire ottoman === |
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Dans les Cyclades, les avantages d'une domination ottomane et musulmane plutôt que latine ou franque et catholique furent codifiés par l’''ahdname'' de 1580 qui accordait aux Grecs orthodoxes une plus grande liberté administrative, fiscale et religieuse : ils pouvaient construire et réparer leurs églises y compris sur les hauteurs et avaient le droit de faire sonner les cloches, privilège dont ne disposaient pas les autres terres grecques sous domination ottomane<ref>Louis Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|436}}.</ref>. |
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Du point de vue laïc, les idées des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] atteignaient les Cyclades par l'intermédiaire des armateurs, marins et commerçants qui entraient en contact avec les idées [[Humanisme|humanistes]] lors de leurs voyages. Certains d'entre eux envoyaient aussi parfois leurs fils faire leurs études dans les universités européennes<ref>R. Clogg, ''A Concise History of Greece'', {{p.|27}}.</ref> ; d'autres avaient des précepteurs italiens, français ou britanniques et tout cela contribua à l'émergence de la « [[Filikí Etería|Société des Amis]] » dont les statuts visaient à unir tous les chrétiens des [[Balkans]], sous l'égide de l'[[hellénisme]], contre l'[[absolutisme]] ottoman<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=David|nom1=Brewer|titre=The Greek War of Independence|sous-titre=The Struggle for Freedom from Ottoman Oppression and the Birth of the Modern Greek Nation|éditeur=The Overlook Press|lieu=New York|année=2001|pages totales=393|isbn=1-58567-395-1}}.</ref>. Du point de vue religieux, des légendes populaires couraient aux {{sp-|XVII|e|et|XVIII|e}}s à propos de la libération des Grecs et de la reconquête de [[Constantinople]] avec l'[[Projet grec|aide de la « Sainte Russie »]]. Ces légendes faisaient intervenir Dieu, ses « Saints guerriers » et le dernier Empereur, [[Constantin XI Paléologue]], qui se réveillerait et quitterait la caverne où les anges l'avaient transporté et transformé en marbre. Ils mèneraient les combattants grecs jusqu'à [[Sainte-Sophie (Constantinople)|Sainte-Sophie]] qui redeviendrait une église. Ils seraient aidés dans ce combat par un ''xanthos genos'', un « peuple blond »<ref name="Clogg18-19">R. Clogg, ''A Concise History of Greece'', {{p.|18-19}}</ref> que les Grecs identifièrent aux [[Empire russe|Russes]], seuls [[Église orthodoxe|Orthodoxes]] à n'être ni soumis ni tributaires des Turcs. De son côté, la Russie qui cherchait un débouché sur la [[Méditerranée]], affrontant pour cela l'Empire ottoman pour atteindre d'abord la [[mer Noire]]. Elle sut encourager ces légendes grecques. Ainsi, [[Catherine II de Russie|Catherine II]] avait prénommé son fils, qui devait lui succéder, Constantin<ref name="Clogg18-19"/>. |
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[[Fichier:Battle of Chios (1770), by Ivan Aivazovsky (1848).jpg|thumb|left|upright|La bataille d'[[Tchesmé|Erythrai]].]] |
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Les Cyclades participèrent à divers soulèvements importants, comme en [[1770]]-[[1774]], lors de la [[révolution d'Orloff]] qui amena un bref passage des [[Empire russe|Russes]] de [[Catherine II de Russie|Catherine II]] dans les îles. Les opérations eurent principalement lieu dans le [[Péloponnèse]] : des combattants originaires des Cyclades quittèrent leurs îles pour aller y participer<ref>Louis Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|437}}.</ref>. En 1770, la flotte russe poursuivit la flotte ottomane à travers l'Égée et lui infligea la [[Bataille de Tchesmé|défaite d'Erythrai]]. Puis, elle alla hiverner dans la baie de Naoussa, au nord de Paros. Mais, touchés par une épidémie, les Russes se retirèrent de Grèce en [[1771]]<ref>[[Wladimir Brunet de Presle]] et Blanchet, ''Grèce depuis la conquête ottomane jusqu'à nos jours'', Firmin-Didot, 1860, {{p.|390}}.</ref>. Cette guerre s'acheva par [[traité de Kutchuk-Kaïnardji|traité de Koutchouk-Kaïnardji]] (1774) qui donna aux Russes un accès direct à la [[mer Noire]]<ref>Selon [[Yves Ternon]], ''L’Empire ottoman : le déclin, la chute, l'effacement'', Paris, Kiron, Éd. du Félin - éd. Michel de Maule, coll. « Histoire et sociétés », 2002 {{ISBN|2866454251}}, les articles 7 et 16 du traité {{Citation|ouvrent un chapitre nouveau du [[droit des gens]] : ils consacrent le [[droit d’ingérence]] dans les affaires intérieures d’un État souverain, sous prétexte humanitaire}}.</ref>. Durant leur campagne en mer Égée, les Russes, {{Citation|en 1774, s'emparèrent des îles de l'Archipel, qu'ils occupèrent en partie pendant quatre ou cinq ans<ref name="Lacroix437">Louis Lacroix, ''Îles de la Grèce'', p. 437.</ref>}} ; Myconos aurait accueilli les Russes de 1770 à 1774<ref>Guide Toubi's ''Mykonos. Délos'', 1995, {{p.|25}}. {{ISBN|9607504267}}</ref> ; les navires russes seraient restés à Naoussa (Paros) jusqu'en 1777<ref>Guide Adam ''Paros, Antiparos'', {{p.|30}}. {{ISBN|9605001314}}</ref>. |
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Un nouveau [[Guerre russo-turque de 1787-1792|conflit russo-turc]] (1787-1792) vit encore des opérations dans les Cyclades, pendant lesquelles Lambros Katsonis, officier grec de la [[Flotte de la mer Noire|marine russe]], opéra avec une flottille gréco-russe depuis l'île de Kéa, d'où il attaquait les navires ottomans<ref>{{Harvsp|Vakalopoulos|1975|pp=92-93}}</ref>. Une flotte turco-algérienne finit par le défaire le {{date|18|mai|1790}} (calendrier julien) au large d'Andros. Katsonis réussit à s'enfuir avec seulement deux navires vers Milos. Il avait perdu 565 hommes, les Turcs plus de {{formatnum:3000}}<ref>''An Index of Events in the military History of the Greek Nation'', {{p.|459-460}}.</ref>. Cependant, les Grecs n'avaient pas tout perdu car le conflit se termina par le [[Traité d'Iaşi|traité de Jassy]] qui donna aux Russes un accès direct aux [[principautés danubiennes]], tributaires du Sultan mais chrétiennes orthodoxes et gouvernées par des [[Phanariotes|princes grecs]]<ref>Joëlle Dalègre, ''Grecs et Ottomans 1453-1923 : de la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman'', L’Harmattan, Paris 2002, {{ISBN|2747521621}}.</ref>. Cela permit aux îles de développer leur commerce sous pavillon russe. De plus, les exactions vengeresses des Ottomans épargnèrent relativement les îles. |
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== Les Cyclades dans la Grèce des {{s2-|XIX|XX}} == |
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=== Les Cyclades dans la guerre d'indépendance === |
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{{Article détaillé|Guerre d'indépendance grecque}} |
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[[Fichier:Βρυζάκης, Θεόδωρος - Ο Παλαιών Πατρών Γερμανός ευλογεί τη σημαία της Επανάστασης, 1865.jpg|thumb|left|upright|Germanos bénit le drapeau grec.]] |
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Le [[Traité de Kutchuk-Kaïnardji]] en [[1774]] fit la prospérité des îles grecques en général, bien au-delà des seules îles d'armateurs célèbres ([[Hydra (île)|Hydra]] ou [[Spetses]] par exemple). Ainsi, Andros en profita en mettant en place elle aussi une flotte marchande<ref name="Bleu222"/>. Cette prospérité eut deux conséquences contradictoires liées aussi à l'absentéisme administratif des Ottomans dans les Cyclades. D'un côté, le « gouvernement » turc ne semblait pas si insupportable que cela. D'un autre côté, partager les fruits de cette prospérité avec le Turc, plutôt que de tout conserver pour soi dans un État indépendant, devenait de moins en moins acceptable<ref name="Lacroix437"/>. |
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Pour les catholiques de l'archipel, la situation était assez similaire. Au début de la guerre d'indépendance, les Cyclades comptaient autour de {{formatnum:16000}} catholiques (sur Naxos, Syros, Tinos et Santorin surtout)<ref name="Roudometof">Victor Roudometof, « From Rum Millet to Greek Nation: Enlightenment, Secularization, and National Identity in Ottoman Balkan Society, 1453-1821 », ''Journal of Modern Greek Studies'', Vol 16, {{numéro|1}}, 1998.</ref>. La domination ottomane lointaine n'était pas insupportable, mais, les Ottomans étaient considérés comme les ennemis de la Chrétienté en général. Si la révolution échouait, les représailles turques seraient cruelles, comme après le passage des Russes dans les années 1770. Enfin, si la révolution réussissait, la perspective de vivre dans un État orthodoxe où ils perdraient leurs privilèges, n'enchantait pas les catholiques insulaires. D'ailleurs, dans les îles « libérées » de l'Empire ottoman, les Commissaires grecs mis en place exigèrent des catholiques qu'ils leur versent à l'État grec les impôts jusque-là payés aux Turcs<ref name="Frazee"/>. Les catholiques ne participèrent plus au conflit après que le [[Pape]] eut déclaré sa neutralité<ref name="Roudometof"/>, que l'[[Empire d'Autriche|Autriche]] de [[Metternich]] l'obligea à maintenir malgré l'ambassade de [[Germanos]]<ref name="Frazee"/>. |
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L'insurrection nationale se déclencha en mars 1821, avec le mythique appel du métropolite de [[Patras]], [[Germanos]]. Des ''capétans'' (commandants, chefs de guerre) déclenchèrent l'insurrection à travers la Grèce, principalement dans le Péloponnèse et en [[Épire]]. |
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Cette ambivalence explique les différences d'attitude dans l'Archipel au moment de la guerre d'indépendance. Cette situation fut aggravée par les conséquences de la guerre : renouveau de la piraterie sous prétexte patriotique, « impôt révolutionnaire » exigé par les chefs de guerre, disparition des institutions locales, règlement de vieux contentieux en profitant de l'anarchie sous la forme de soulèvements sociaux : pauvres contre riches ; ou religieux : Grecs contre Latins<ref name="Lacroix437"/>. Le drapeau français flotta sur les églises catholiques de Naxos tout au long du conflit. Elles furent ainsi protégées du ressentiment des orthodoxes qui appelaient les catholiques des ''Turcolâtres''<ref name="Frazee"/>. |
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[[Fichier:Gysis Nikolaos After the destruction of Psara.jpg|thumb|[[Nikolaos Gysis]], ''Après la prise de Psará.'' évoque la fuite des survivants, vers les Cyclades pour certains.]] |
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Les Cyclades participèrent donc de façon « sporadique » au conflit. Comme Hydra ou Spetses, Andros<ref name="Bleu222"/>, Tinos<ref>L. Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|441}}.</ref> ou Anaphi<ref>L. Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|484}}.</ref> mirent leur flotte au service de la cause nationale. [[Manto Mavrogenous|Mado Mavrogenis]], fille de [[Phanariotes|Phanariote]], engagea sa fortune pour armer des navires, et poussa l'île de Mykonos à engager sa flotte, apportant ainsi vingt-deux navires et cent trente-deux canons à l’« amiral » [[Emmanuel Tombazis]]<ref>L. Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|459}}.</ref>. Les Grecs orthodoxes de Naxos réunirent une troupe de huit cents hommes qui combattit les Ottomans<ref>L. Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|466}}.</ref>. Paros envoya dans le Péloponnèse un contingent qui se distingua au siège de [[Tripoli (Grèce)|Tripolitza]] mené par [[Theódoros Kolokotrónis]]<ref>L. Lacroix, ''Îles de la Grèce'', {{p.|468}}.</ref>. |
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Les vicissitudes du conflit sur le continent eurent des répercussions dans les Cyclades. Les [[Chios#Le massacre de Chios|massacres de Chios]] en 1822 ou ceux de [[Psará]] (juillet 1824 par les troupes d'[[Ibrahim Pacha]]) entraînèrent un afflux de population dans les Cyclades. Les survivants s'y réfugièrent en effet<ref name="Bleu207">''Guide bleu. Îles grecques'', {{p.|207}}</ref>. Lorsqu'en [[1825]], [[Ibrahim Pacha]] débarqua avec ses troupes égyptiennes dans le Péloponnèse, un grand nombre de réfugiés afflua sur Syros. La composition religieuse de l'île, et son organisation urbaine en furent totalement transformées. L'île, catholique, devint de plus en plus orthodoxe. Les orthodoxes s'installèrent au bord de la mer dans ce qui allait devenir plus tard le très industrieux port d'[[Ermoúpoli]], alors que les catholiques restèrent sur les hauteurs de la ville médiévale<ref name="Frazee"/>. Milos fut occupée dès le début de l'insurrection par les Russes et les Français qui désiraient surveiller ce qui se passait dans le Péloponnèse<ref name="Myres">Myres, « The Islands of the Aegean. »</ref>. |
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À l'issue de la guerre d'indépendance, les Cyclades furent rattachées au jeune royaume grec d'[[Othon Ier de Grèce|Othon]] en 1832. Cependant, leur attribution à la Grèce n'alla pas de soi. Si l'Empire ottoman ne souhaitait pas les conserver (elles ne lui avaient jamais beaucoup rapporté), la France se montra très intéressée par leur acquisition au nom de la protection des Catholiques<ref name="Myres"/>. |
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=== Économie et société === |
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==== Une prospérité contrastée au {{XIXe siècle}} ==== |
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Les carrières de [[Marbre de Paros|marbre sur Paros]], abandonnées depuis plusieurs siècles furent remises en activité en [[1844]], à la suite d'une commande bien spécifique : celle du [[Honneurs rendus à la mémoire de Napoléon|tombeau de Napoléon]] aux [[Hôtel des Invalides|Invalides]]<ref group=N>''Blue Guide'', {{p.|693}}. Le sarcophage lui-même est en porphyre (finlandais) et marbre vert (des Vosges). Le marbre de Paros a dû servir au décor (blanc) de la crypte.</ref>. Une « Société des Marbres de Paros » fut ensuite créée en [[1878]]. |
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Syros joua un rôle fondamental dans le commerce, les transports et l'économie grecs de la seconde moitié du {{XIXe siècle}}. L'île disposait d'un certain nombre d'avantages à la fin de la guerre d'indépendance. Elle avait été protégée par la relative neutralité des Cyclades et par les Français qui avaient pris sous leur aile les Catholiques de Syros (et donc l'île en général). Elle n'avait plus non plus de concurrentes : les îles d'armateurs comme [[Hydra (île)|Hydra]] et [[Spetses]] s'étaient tellement impliquées dans le conflit qu'elles s'étaient ruinées<ref>{{Harvsp|Vakalopoulos|1975|p=126}}.</ref> Ermoupolis fut longtemps le plus grand port de Grèce, et la seconde ville du pays ([[Thessalonique]] était encore dans l'Empire ottoman. Elle fut aussi un grand centre industriel<ref name="Bleu207"/>. Dès [[1872]], les premières machines à vapeur faisaient leur apparition en Grèce : au Pirée et à Ermoupolis, il en fut de même pour les usines à gaz<ref>{{Harvsp|Vakalopoulos|1975|p=180}}.</ref>. Ce fut aussi à Ermoupolis qu'éclata la première grève dans l'histoire sociale de la Grèce : 400 ouvriers des tanneries et des chantiers navals cessèrent le travail en 1879, réclamant des hausses de salaire<ref>{{Harvsp|Vakalopoulos|1975|p=195}}.</ref> |
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Lorsque le [[canal de Corinthe]] fut inauguré (en [[1893]]), Syros, et les Cyclades en général commencèrent à péricliter. L'avènement de la marine à vapeur les rendit encore moins indispensable en tant qu'étape maritime. Le chemin de fer, vecteur de la révolution industrielle, ne pouvant par essence les atteindre, leur porta lui aussi un coup fatal<ref name="Bleu207"/>. Il en fut de même avec la victoire de l'automobile et du transport routier au {{XXe siècle}}. La maladie qui décima les vers à soie au {{XIXe siècle}} porta aussi un coup très dur à l'économie d'Andros et de sa voisine Tinos<ref name="Bleu222"/>. |
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Cependant, dès cette période, certaines îles connurent un exode rural important. Les habitants d'Anaphi partirent si nombreux vers Athènes dès le règne d'Othon que le quartier qu'ils construisirent, dans leur architecture traditionnelle, au pied de l'Acropole porte encore le nom d'Anaphiôtika<ref>''Guide bleu. Îles grecques'', {{p.|219}}.</ref>. |
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==== Les mouvements de population ==== |
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Les vicissitudes de la [[Grande Idée]] au {{XIXe siècle}} continuèrent à faire évoluer la composition ethnique et sociale des îles. L'échec de l'insurrection crétoise de 1866-1867 amena de nombreux réfugiés sur Milos, qui s'installèrent, comme les Péloponnésiens à Syros quelques années plus tôt, au bord de la mer et y créèrent, au pied du vieux village médiéval des seigneurs francs, le nouveau port, celui d'Adamas<ref name="Bleu207"/>. |
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Les recensements de 1889 et 1896 montrent l'évolution de la population dans les Cyclades. La population totale augmenta de 2,4 % passant de {{formatnum:131500}} à {{formatnum:134750}}. Cette croissance était la plus faible de Grèce (+11 % en moyenne, +21 % pour l'Attique). Dans le même temps, la ville d'Ermoupolis perdait {{nombre|8000|habitants}} (-27 %), passant de plus de {{formatnum:30000}} à {{nombre|22000|habitants}}. Elle subissait déjà le contrecoup de l'ouverture du canal de Corinthe et de la croissance du Pirée<ref>A. Philippson, « Die Bevölkerungszunahme in Griechenland », ''Geographische Zeitschrift'', vol. 4, {{numéro|3}}, mars 1898.</ref>. |
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En [[1922]], après la défaite grecque en [[Asie mineure]] et surtout la prise, les massacres et l'incendie à [[Smyrne]], la population grecque de la région s'enfuit avec des embarcations de fortune. Une bonne partie trouva d'abord refuge dans les Cyclades, avant d'être dirigée vers la Macédoine et la Thrace<ref>Raoul Blanchard, « The Exchange of Populations between Greece and Turkey. », in ''Geographical Review'', Vol. 15, {{n°|3}}, juillet 1925.</ref>. Les îles ressentirent donc elles aussi, même si dans une moindre mesure, les conséquences de la « [[Grande Idée#La « Grande Catastrophe »|Grande Catastrophe]] ». |
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Les années 1950 furent une période de grands changements en Grèce. La population urbaine passa de 37 % à 56 % entre 1951 et 1961, avec Athènes qui absorba 62 % de la croissance urbaine totale. De 1956 à 1961, {{nombre|220000|personnes}} quittèrent les campagnes pour Athènes tandis que {{formatnum:600000}} autres migraient à l'étranger<ref>C. Tsoucalas, ''La Grèce...", {{p.|115-125}}</ref>. Dans la période 1951-1962, 417 Pariotes quittèrent leur île pour Athènes à cause des conditions de vie qu'ils y considéraient comme déplorables et dans l'espoir de trouver du travail à Athènes<ref>Calliope Moustaka, ''{{langue|en|texte=The Internal Migrant: A Comparative Study in Urbanization}}.'', Social Sciences Center, Athènes, 1964.</ref>. |
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==== Les transformations économiques (hors tourisme) du {{XXe siècle}} ==== |
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Au milieu des années 1930, la densité de population dans les Cyclades se situait entre 40 et {{unité|50|hab./km|2}}, soit au niveau de la moyenne nationale ({{unité|47|hab./km|2}})<ref name="Roucek">Roucek, « Economic Geography of Greece »</ref>. |
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Dans un article synthétique sur l'économie de la Grèce au milieu des années 1930, un économiste américain citait très peu les Cyclades. Pour l'agriculture, il relevait la production viticole de [[Santorin]]. Il ne les évoquait pas concernant l'industrie de la pêche. Son chapitre consacré à l'industrie citait des ateliers de vannerie à Santorin et pour [[Syros (île)|Syros]] une activité de vannerie et de tannerie. Les Cyclades apparaissaient par contre pour les ressources minérales. L'émeri de [[Naxos]], toujours exploité depuis la Préhistoire, était exploité principalement en vue de l'exportation. [[Siphnos]], [[Sérifos]], [[Kythnos]] et [[Milos]] fournissaient du minerai de fer. Santorin fournit de la pozzolana (ciment volcanique) ; Milos du soufre ; et [[Antiparos]] et Siphnos, du zinc sous forme de [[Calamine (minéral)|calamine]]. Syros restait encore un des ports d'exportation du pays<ref name="Roucek"/>. |
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On trouve en effet d'importants dépôts de [[bauxite]] dans les couches calcaires du sous-sol des îles, principalement Amorgós, Naxos, Milos, Kimolos et Sériphos. Les ressources d'Amorgós étaient déjà exploitées en 1940. En 1946, les réserves grecques étaient estimées à 60 millions de tonnes<ref>James E. Collier, « Aluminum Industry of Europe ».</ref>. L'épuisement du minerai de fer sur Kythnos fut une des causes de l'immigration importante à partir des années 1950<ref>''Blue Guide'' {{p.|686}}.</ref>. Andros fut une des rares îles d'armateurs à avoir réussi à prendre le tournant de la vapeur (fortune des Goulandris par exemple) et jusqu'aux années 1960-1970, elle fournit de nombreux marins à la flotte grecque<ref name="Bleu222"/>. |
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De nos jours, un certain nombre de ressources naturelles offrent aux Cyclades une autre activité que le tourisme. L'agriculture est encore sur certaines îles une activité prépondérante, voire tellement développée que l'île pourrait se passer de la présence des touristes (c'est le cas à Naxos). Les Cyclades produisent mais surtout exportent du vin (Andros, Tinos, Mykonos, Paros, Naxos, Sikinos et Santorin), des figues (Syros, Andros, Tinos, Mykonos, Naxos et Sikinos), de l'huile d'olive |
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s (Syros, Siphnos, Naxos et Ios), des agrumes (Andros, Siphnos et Naxos), des légumes (Syros, Tinos, Siphnos, Ios et Santorin) dont la célèbre [[pomme de terre de Naxos]]. Moutons, chèvres et quelques vaches sont élevés (Siphnos, Paros et Naxos). Les ressources minières sont elles aussi présentes : le marbre ([[Paros]], Tinos et Naxos) et la poussière de marbre pour le ciment (Paros), l'émeri de Naxos, le manganèse de Mykonos, le fer de Sériphos mais aussi la bauxite. Milos est parsemée d'immenses mines à ciel ouvert : soufre, alun, baryum, perlite, kaolin, bensonite et toujours obsidienne. Syros dispose encore de chantiers navals, d'industries métallurgiques et de tanneries<ref>''Blue Guide'' {{p.|666-672}} et 685-704 (Les pages intermédiaires concernent Délos).</ref>. |
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=== La Seconde Guerre mondiale : famine et combats === |
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{{Article détaillé|Bataille de Grèce|Occupation de la Grèce}} |
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[[Fichier:Occupation de la grece (1941-1944) -fr.png|thumb|left|Les zones d'occupation en Grèce : Les Cyclades étaient sous contrôle italien (jusqu'en 1943) sauf [[Milos]] et [[Amorgós]], occupées par les Allemands.]] |
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L'attaque italienne contre la Grèce avait été précédée du torpillage du croiseur Elli, un navire symbolique pour la Grèce<ref>Cf. [[Bataille d'Elli]]</ref>, en baie de [[Tinos]], le {{date|15|août|1940}}<ref>''An Index of Events in the military History of the Greek Nation'', {{p.|124}}.</ref>. L'attaque allemande d'avril 1941 entraîna la défaite totale et l'occupation de la Grèce dès la fin de ce mois. Cependant, les Cyclades furent occupées tardivement et plus par les troupes italiennes que par les troupes allemandes. Les premières troupes d'occupation firent leur apparition le {{date|9|mai|1941}} : [[Syros (île)|Syros]], [[Andros (Grèce)|Andros]], Tinos et [[Kythnos]] sont occupées par des Italiens et des Allemands s'emparèrent de Milos<ref>[http://www.chrito.users1.50megs.com/1941/mai/9mai41.htm Les troupes allemandes au jour le jour]</ref>. Cela permit aux îles de servir d'étape aux personnalités politiques allant se réfugier en [[Égypte]] pour continuer la lutte. [[Georges Papandréou (1888-1968)|Georges Papandréou]] et [[Konstantínos Karamanlís (1907-1998)|Constantin Karamanlís]] s'arrêtèrent ainsi sur Tinos avant de rejoindre [[Alexandrie]]<ref name="Tinos21"/>. |
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À la suite de la [[Campagne d'Italie (Seconde Guerre mondiale)|reddition italienne]], l'[[Oberkommando der Wehrmacht|OKW]] donna l'ordre le {{date|8|septembre|1943}} aux commandants des unités du secteur de la Méditerranée de neutraliser, par la force si nécessaire, les unités italiennes. Le {{date|1er|octobre|1943}}, [[Adolf Hitler|Hitler]] ordonna d'occuper toutes les îles de l'Égée contrôlées par les Italiens<ref>Contre-amiral Pépin-Lehalleur, « Coups durs en mer Égée. » in ''La Deuxième Guerre mondiale'', Taillandier, 1972-1974, {{p.|1704}}.</ref>. En parallèle, l'objectif de [[Winston Churchill|Churchill]] en Méditerranée orientale était alors de s'emparer du [[Dodécanèse]] afin de faire pression sur la [[Turquie]], neutre, pour la faire basculer dans le camp allié. Des troupes britanniques prirent alors petit à petit le contrôle de cet archipel. La contre-attaque allemande fut fulgurante. Le général Müller partit de Grèce continentale le {{date|5|novembre|1943}} et progressa d'île en île en les occupant pour atteindre [[Leros]] le {{date|12|novembre|1943}} et repousser les Britanniques<ref>Contre-amiral Pépin-Lehalleur, « Coups durs en mer Égée. », {{p.|1707}}.</ref>. Les Cyclades furent alors occupées définitivement par les troupes allemandes. |
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Comme le reste du pays, les Cyclades eurent à souffrir de la famine organisée par l'occupant allemand. De plus, dans les îles, les caïques n'avaient plus l'autorisation de sortir pêcher<ref name="Mazower"/>. Ainsi, sur Tinos, on considère que 327 personnes dans la ville de Tinos et autour de 900 dans la région de Panormos moururent de faim lors du conflit<ref name="Tinos21">G. Giagakis, ''Tinos d'hier et aujourd'hui'', {{p.|21}}.</ref>. [[Naxos]] avant le conflit dépendait d'Athènes pour le tiers de son approvisionnement, acheminé par six caïques. Pendant la guerre, comme on mourait de faim dans la capitale, l'île ne pouvait plus compter sur cet apport et quatre de ses navires avaient été coulés par les Allemands<ref name="Mazower">M. Mazower, {{p.|49-52}}.</ref>. Sur Syros, le nombre de morts passa de 435 en 1939 à {{formatnum:2290}} en 1942, et le déficit des naissances se fit aussi sentir : 52 naissances en excédent en 1939, 964 morts en excédent en 1942<ref name="Mazower"/>. |
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La résistance s'organisa par île, mais leur isolation géographique ne permit pas le développement d'une lutte armée. Pendant le printemps et l'été 1944, les îles virent se dérouler des combats entre les garnisons allemandes et le « [[Bataillon sacré (Seconde Guerre mondiale)|bataillon sacré]] » (une unité de forces spéciales grecques) et des commandos britanniques. Ainsi le {{date|14|mai|1944}} sur Paros, le bataillon sacré attaqua l'aérodrome construit sur l'île par les Allemands et s'en empara, ainsi que de son commandant ; à Naxos, il attaqua la garnison allemande le {{date|24|mai|1944}}, puis le {{date|12|octobre|1944}} où il réussit à libérer l'île le {{date|15|octobre|1944}} ; à [[Mykonos]], un groupe de vingt-cinq hommes attaqua un dépôt de munitions, tuant six soldats allemands et obligeant finalement les Allemands à évacuer l'île le {{date|25|septembre|1944}}. Si presque toute la Grèce était évacuée en septembre 1944, quelques garnisons restèrent, comme à Milos, où elle ne se rendit au bataillon sacré que le {{date|7|mai|1945}}<ref>''An Index of Events in the military History of the Greek Nation'', {{p.|466-467}}</ref>. |
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=== Un lieu d'exil à nouveau === |
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[[Fichier:GR Amorgos IMG0032 asb 1987.jpg|thumb|upright|Amorgós, un des lieux d'exil.]] |
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Les Cyclades, [[Gyaros]] la première mais aussi [[Amorgós]] ou [[Anafi]], retrouvèrent lors des diverses dictatures du {{XXe siècle}} leur rôle ancien de lieu d'exil. Dès [[1918]] et l'[[Grande Idée#Le « Schisme National »|''Ethnikos Dikhasmos'']], des royalistes avaient été déportés<ref name="Kenna"/>. Le gouvernement dictatorial de [[Theodoros Pangalos (1878-1952)|Pangalos]] en [[1926]] avait exilé des [[KKE|communistes]]<ref name="Kenna"/>. |
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Durant la dictature de [[Ioánnis Metaxás|Metaxás]] (1936-1940), plus de {{nombre|1000|personnes}} (membres du [[KKE]], syndicalistes, socialistes ou opposants en général) furent déportés dans les Cyclades. Dans certaines îles, les déportés étaient plus nombreux que la population locale. Ils venaient principalement des régions de production de tabac du nord de la Grèce et étaient issus de toutes les classes de la société : ouvriers, enseignants, médecins{{etc.}}<ref name="Kenna">Margaret E. Kenna, « The Social Organization of Exile. »</ref>. L'exil sur les îles était la solution la plus simple. Elle évitait de surcharger les prisons sur le continent et les îles permettaient un contrôle plus aisé des prisonniers : les communications avec l'extérieur étaient par essence limitées<ref name="Kenna"/>. À la différence des prisons, où les détenus étaient logés et nourris, les déportés sur les îles devaient par eux-mêmes se procurer abri, nourriture, matériel de cuisine, etc., ce qui revenait moins cher au gouvernement. Certaines Cyclades ayant été en partie dépeuplées par l'exode rural depuis le milieu du {{XIXe siècle}}, des maisons vides étaient ainsi à la disposition des déportés, qui devaient les louer. Les exilés pauvres recevaient du gouvernement une allocation de 10 [[Drachme moderne grecque|drachmes]] (un quart du salaire d'un [[ouvrier agricole]]) par jour pour se loger et se nourrir ; les exilés dits « prospères » ne recevaient rien<ref name="Kenna"/>. |
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Aussi, les exilés durent-ils mettre en place une forme d'organisation sociale, afin de survivre. Cette organisation était parfaitement en place lorsque les Italiens ou les Allemands prirent le relais des policiers grecs lors de la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref name="Kenna"/>. Les prisonniers politiques eurent ainsi la possibilité d'appliquer les principes qu'ils défendaient politiquement. Des « communes » furent mises en place, dirigées par un « comité exécutif » qui comprenait entre autres un trésorier, un économe et un secrétaire chargé d'organiser les débats et les groupes d'étude. Les communes avaient un règlement très strict concernant les relations entre les membres de la commune et les insulaires, avec qui ils avaient continuellement des contacts pour le paiement des loyers (des maisons, puis pendant la guerre des terres où les exilés cultivaient ou faisaient paître leurs troupeaux) ou l'achat de nourriture. Les travaux se faisaient en commun. Les diverses tâches ménagères étaient partagées et effectuées par chacun à son tour. Les communes interdisaient à leurs membres, en très grande majorité des hommes, toute relation sexuelle avec les femmes des îles, afin de maintenir une bonne entente et peut-être ainsi gagner les insulaires aux idées politiques des déportés. De même, les médecins exilés ne s'occupaient pas que des membres de leur commune, mais aussi des autochtones<ref name="Kenna"/>. Le principal effet que la présence des exilés eut sur la population locale fut de faire découvrir aux insulaires comment les différents gouvernements considéraient leur île : comme un lieu désert et inhospitalier où nul n'habiterait de son plein gré<ref name="Kenna"/>. Certains insulaires plaisantaient, disant qu'ils pouvaient avoir les opinions politiques qu'ils voulaient, puisque le gouvernement n'avait aucun endroit où les déporter, eux<ref name="Kenna"/>. |
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En 1968, {{formatnum:5400}} opposants furent déportés sur Gyaros, en face d'Andros<ref>Stephen G. Xydis, « Coups and Countercoups in Greece, 1967-1973 », in ''Political Science Quarterly'', Vol. 89, {{n°|3}}, 1974.</ref>. Le refus des gouvernements dans les années 1950 et 1960 d'améliorer les infrastructures portuaires et routières sur certaines petites îles des Cyclades fut interprété par les habitants comme une volonté étatique de se conserver des lieux d'exil encore suffisamment coupés du monde, ce qui ne joua pas en faveur d'Athènes dans l'esprit des insulaires<ref name="Kenna"/>. Ainsi, Amorgós ne fut électrifiée que dans les années 1980 et la route reliant les deux principaux villages ne fut asphaltée qu'en 1991<ref>''Guide bleu. Îles grecques'', {{p.|211}}.</ref>. Cette situation retarda le développement touristique des Cyclades. |
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== Le développement touristique aux {{s2-|XIX|XX}} == |
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[[Fichier:Santorini beach.jpg|thumb|left|upright|Le développement touristique : touristes, boutiques et avion près d'une plage à Santorin.]] |
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La Grèce est depuis très longtemps une destination touristique. Elle faisait déjà partie de l'itinéraire des premiers touristes, les inventeurs du mot : les [[Royaume-Uni|Britanniques]] du [[Grand Tour]]. |
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À la fin du {{XIXe siècle}} et au début du {{XXe siècle}}, l'intérêt touristique principal était [[Délos]] dont l'importance antique avait bercé les études des « touristes ». Le ''Guide Baedeker'' n'évoquait que [[Syros (île)|Syros]], [[Mykonos]] et Délos. Syros était le port principal où touchaient tous les navires ; Mykonos était l'étape obligatoire avant la visite de Délos. Syros disposait de deux hôtels dignes de ce nom (''Hôtel de la ville'' et ''Hôtel d'Angleterre''). Sur Mykonos, il fallait se contenter de la « maison » Konsolina ou compter sur l'Epistates des Antiquités, auquel cas, la concurrence entre les visiteurs potentiels de Délos devait être rude<ref>''Baedeker. Greece'', 1894, {{p.|139-146}}, dont 142-146 sur Délos</ref>. Le ''[[Guides Joanne|Guide Joanne]]'' de 1911 insistait lui aussi sur Délos (12 des 22 pages consacrées aux Cyclades) mais toutes les autres îles étaient évoquées, ne fût-ce qu'en un paragraphe. Cependant, on peut déjà y constater le développement touristique : Mykonos disposait alors d'un hôtel (''Kalymnios'') et de deux pensions, outre celle de {{Mme}} Konsolina (qui existait donc toujours), il y avait aussi celle de {{Mme}} Malamaténia<ref>''Grèce'', Guide Joanne, 1911, {{p.|482-504}}.</ref>. En [[1933]], Mykonos accueillit {{nombre|2150|personnes}} venues en villégiature et 200 étrangers visitèrent Délos et le musée de Mykonos<ref>Vasso Kourtara, ''Mykonos. Délos'', {{p.|26}}.</ref>. |
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Le tourisme de masse en Grèce ne prit véritablement son essor qu’à partir des années 1950. Après [[1957]], les revenus qu’il générait augmentèrent de 20 % par an<ref>C. Tsoucalas, {{p.|122}}.</ref>. Ils rivalisèrent bientôt avec les revenus de la principale matière première exportée, le tabac, puis les dépassèrent<ref>C.M. Woodhouse, {{p.|282}}.</ref>. De nos jours, le tourisme dans les Cyclades est un phénomène contrasté. Certaines îles, comme [[Naxos]] qui dispose d'importantes ressources agricoles et minières, ou Syros qui joue encore un rôle commercial et administratif, ne dépendent pas que du tourisme pour leur survie. C'est moins le cas pour des petits rochers peu fertiles comme [[Anafi]]<ref name="KennaTourism">Margaret E. Kenna, « Return Migrants and Tourism Development »</ref>, ou comme [[Donoussa]] qui compte ([[2001]]) 120 habitants, six élèves dans son école primaire mais 120 chambres à louer, deux agences de voyages et une boulangerie ouverte seulement l'été<ref>{{en}} {{lien brisé|url=http://www.ekathimerini.com/4dcgi/news/content.asp?aid=84605 |titre=Ekathemerini, informations sur l'île }}</ref>. |
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En [[2005]], les Cyclades comptent 909 hôtels, avec {{formatnum:21000}} chambres pour {{nombre|40000|places}}. Les principales îles touristiques sont [[Santorin]] (240 hôtels dont 6 hôtels cinq étoiles) et Mykonos (160 hôtels dont 8 hôtels cinq étoiles) puis [[Paros]] (145 hôtels dont un seul cinq étoiles) et Naxos (105 hôtels). Toutes les autres îles offrent moins de 50 hôtels. À l'autre bout de la chaîne, [[Schinoussa]] et [[Sikinos]] ne disposent que d'un seul hôtel deux étoiles en tout et pour tout. Le principal type d'hébergement dans les Cyclades est l'hôtel deux étoiles (404 établissements)<ref>{{en}} [http://www.statistics.gr/eng_tables/S604B_STO_1_TB_AN_05_2_Y_EN.pdf Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : équipement hôtelier]</ref>. En [[1997]], on peut mesurer ainsi la pression touristique : les Cyclades disposaient de 32 lits par km{{2}}, ou aussi 0,75 lit par habitant. C'est sur Mykonos, Paros, [[Ios (Grèce)|Ios]] et Santorin (du nord au sud) que la pression touristique est la plus forte, non seulement pour les Cyclades, mais aussi pour l'ensemble des îles de l'Égée, avec plus de 1,5 lits par habitant. Cependant, au niveau de l'archipel, la pression touristique est plus forte dans le Dodécanèse<ref>[http://www.planbleu.org/publications/livreblanc_grc.pdf Tourisme et développement durable en Méditerranée. La Grèce.]</ref>. Cela s'explique par le fait que les îles des Cyclades sont plus petites et moins peuplées que les autres îles, donc la pression individuelle est plus forte que la pression sur l'ensemble de l'archipel. |
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Pour la saison [[2006]], les Cyclades accueillent {{nombre|310000|visiteurs}}, sur les 11,3 millions de touristes qui viennent en Grèce<ref>{{en}} [http://www.statistics.gr/eng_tables/S604B_STO_1_TB_01-09_06_3_T_EN.pdf Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : nombre de touristes]</ref>, soit 1,1 million de nuitées sur les 49,2 millions de nuitées en Grèce, c’est-à-dire un taux de remplissage de 61 %, au niveau de la moyenne nationale<ref>{{en}} [http://www.statistics.gr/eng_tables/S604B_STO_1_TB_01-09_06_4_T_EN.pdf Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : nombre de nuitées]</ref>. Ce chiffre de 1,1 million de nuitées reste stable depuis quelques années, alors que le nombre de touristes se rendant en Grèce diminue : les Cyclades attirent toujours autant alors que la Grèce attire moins<ref>{{en}} [http://www.statistics.gr/eng_tables/S604B_STO_1_TB_AN_04_4_Y.pdf Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : nombre de nuitées 2003-2004]</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.statistics.gr/eng_tables/hellas_in_numbers_eng.pdf ''Greece in figures'']</ref>. |
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La tendance très récente est que le tourisme étranger est peu à peu remplacé par le tourisme grec autochtone. En 2006, 60 % des touristes sur [[Santorin]] étaient d’origine grecque, et ils ne diffèrent pas foncièrement des touristes étrangers (longueur moyenne du séjour : 6,5 nuits pour un Grec et 6,1 nuits pour un étranger ; dépense moyenne pour un Grec : {{unité|725|€}} et {{unité|770|€}} pour un étranger). Les seules différences sont que les Grecs préparent leur séjour plus tard (20 jours avant) que les étrangers (45 jours avant) et reviennent (50 % des Grecs ont déjà fait plus de deux séjours contre 20 % des étrangers)<ref>{{lien brisé|url=http://www.ekathimerini.com/4dcgi/news/content.asp?aid=83143 |titre=''Ekathimerini'', « Santorini, the bright spot », 5 mai 2007. }}</ref>. |
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== Galerie == |
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Fichier:Fresco_of_a_fisherman,_Akrotiri,_Greece.jpg|[[Akrotiri (Santorin)|Akrotiri]], Santorin, le « pêcheur aux [[Coryphaena hippurus|coryphènes]] ». |
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Fichier:Image-Hermes Pio-Clementino Inv907 n3.jpg|Type d'Hermès dit d'Andros. |
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Fichier:Lion Kea2.jpg|Le lion de Kéa (1826). |
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Fichier:Lion Kea.jpg|Le lion de Kéa (1826) sous un autre angle. |
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Fichier:Delos1829.jpg|[[Délos]] en [[1829]] (A. Blouet, [[Expédition de Morée]]). |
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Fichier:Vue de la ville de Naxia - Choiseul-gouffier Gabriel Florent Auguste De - 1782.jpg|Naxos au {{XVIIIe siècle}} pour le ''Voyage pittoresque de la Grèce'' de [[Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-Gouffier|Choiseul-Gouffier]] |
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Fichier:Milos1829.jpg|Milos en 1829 (A. Blouet, Expédition de Morée). |
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Fichier:Carl Anton Joseph Rottmann 001.jpg|Délos en 1847 (Carl Anton Joseph Rottmann) |
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Fichier:Naxos1829.jpg|Portara sur [[Naxos]] en 1829 ([[Guillaume Abel Blouet|Abel Blouet]], Expédition de Morée). |
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Fichier:Map Kea 1826.jpg|Carte de [[Kéa (île)|Kéa]] en [[1826]]. |
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Fichier:Santorini1848.jpg|Carte de [[Archipel de Santorin|Santorin]] en 1848. |
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== Notes et références == |
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==Références== |
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=== Notes === |
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{{Références|groupe=N}} |
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* [[Cyclades]] |
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* [[Duché de Naxos]] |
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{{commons|Category:Cyclades|les Cyclades}} |
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=== Références === |
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{{Références nombreuses|taille=25}} |
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* {{en}} [http://projectsx.dartmouth.edu/classics/history/bronze_age/index.html L'archéologie préhistorique dans les Cyclades. Université de Dartmouth] |
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* {{de}} [http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/broendsted1826bd1/ Peter Oluf Bröndsted, ''Reisen und Untersuchungen in Griechenland : Über die Insel Keos'', Paris, 1826] |
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== Voir aussi == |
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{{Autres projets | commons = Category:Cyclades | commons titre = les Cyclades}} |
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====Sources anciennes==== |
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=== Bibliographie === |
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* {{en}} James Theodore Bent, ''The Cyclades, or Life among the Insular Greeks.'', Longmans, Green and Co., Londres, 1885. |
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==== Sources anciennes ==== |
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* Pierre Daru, ''Histoire de la République de Venise.'', Firmin Didot, 1820. |
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* {{en}} Karl Baedeker, ''Greece. Handbook for Travellers'', Baedeker, Leipzig, 1894. |
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* Hervé Duchêne, ''Le Voyage en Grèce.'', coll. Bouquins, Robert Laffont, 2003. {{ISBN|2-221-08460-8}} |
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* {{en}} James [[Theodore Bent]], ''The Cyclades, or Life among the Insular Greeks'', Longmans, Green and Co., Londres, 1885. |
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* Pierre Daru, ''Histoire de la république de Venise'', Firmin Didot, 1820. |
|||
* Hervé Duchêne, ''Le Voyage en Grèce'', coll. Bouquins, Robert Laffont, 2003. {{ISBN|2-221-08460-8}} |
|||
* Gustave Fougères, ''La Grèce'', Guide Joanne, Hachette, 1911. |
* Gustave Fougères, ''La Grèce'', Guide Joanne, Hachette, 1911. |
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* André Grasset de Saint-Sauveur, ''Voyage historique, littéraire et pittoresque dans les isles et possessions ci-devant vénitiennes du Levant...'', Tavernier, 1799. [ |
* André Grasset de Saint-Sauveur, ''Voyage historique, littéraire et pittoresque dans les isles et possessions ci-devant vénitiennes du Levant...'', Tavernier, 1799. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85345m.notice Lire sur Gallica] |
||
* Louis Lacroix, ''Îles de la Grèce |
* Louis Lacroix, ''Îles de la Grèce'', Firmin Didot, 1853. {{ISBN|2-7196-0012-1}} pour la réédition récente en fac-similé. |
||
* Joseph Pitton de Tournefort, ''Voyage d'un botaniste |
* Joseph Pitton de Tournefort, ''Voyage d'un botaniste'', tome 1 L'Archipel grec, [[François Maspero]], La Découverte, Paris, 1982. |
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</div> |
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====Ouvrages contemporains==== |
==== Ouvrages et articles contemporains ==== |
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===== Ouvrages généraux ===== |
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* {{en}} Articles « Naxos » et « Paros » in ''Oxford Dictionary of Byzantium.'', Oxford U.P, 1991. <small>Il n'y a pas de références pour « Cyclades » ou pour les autres îles.</small> |
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* {{en}} ''An Index of Events in the military History of the Greek Nation'', Hellenic Army General Staff, Army History Directorate, 1998. {{ISBN|960-7897-27-7}} |
* {{en}} ''An Index of Events in the military History of the Greek Nation'', Hellenic Army General Staff, Army History Directorate, 1998. {{ISBN|960-7897-27-7}} |
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* {{en}} Robin Barber, ''Greece'', Blue Guide, Londres, 1988. {{ISBN|0-7136-2771-9}} |
* {{en}} Robin Barber, ''Greece'', Blue Guide, Londres, 1988. {{ISBN|0-7136-2771-9}} |
||
* {{en}} Richard Clogg, ''A Concise History of Greece'', Cambridge U.P., 1992. {{ISBN|0-521-37830-3}} |
|||
* Claude Baurain, ''Les Grecs et la Méditerranée orientale. Des siècles obscurs à la fin de l'époque archaïque.'', Nouvelle Clio, PUF, 1997. {{ISBN|2130479936}} |
|||
* [[Georges Contogeorgis]], ''Histoire de la Grèce'', Coll. Nations d’Europe, Hatier, 1992. {{ISBN|2-218-03-841-2}} |
|||
* [[Fernand Braudel]], ''La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II.'', A. Colin, édition de 1996, tome 1 : {{ISBN|22200372248}}, tome 2 : {{ISBN|22200372256}} |
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* Yiannis Desypris, ''777 superbes îles grecques'', Toubi's, Athènes, 1995. |
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* Phlippe Bruneau, Michèle Brunet, Alexandre Farnoux, Jean-Charles Moretti, ''Délos. Île sacrée et ville cosmopolite.'', CNRS Éditions, 1996. {{ISBN|2271054230}} |
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* Georgios K. Giagakis, ''Tinos d'hier et aujourd'hui'', Toubis, Athènes, 1995. {{ISBN|9607504232}} |
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* {{en}} John F. Cherry et Jack L. Davis, « The Cyclades and the Greek Mainland in Late Cycladic I : the Evidence of the Pottery. » in ''American Journal of Archeology.'', vol. 26, n°3, juillet 1982. |
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* ''Guide Bleu. Îles grecques'', Hachette, 1998. {{ISBN|2012426409}} |
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* {{en}} James E. Collier, « Aluminum Industry of Europe », in ''Economic Geography'', Vol. 22, No. 2, avril 1946. |
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* Vasso Kourtara, ''Mykonos. Délos'', Toubi’s, Athènes, 1995. {{ISBN|9607504267}} |
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* {{en}} J. L. Myres, « The Islands of the Aegean. », ''The Geographical Journal'', Vol. 97, {{numéro|.}} 3, mars 1941. |
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* Yiannis Desypris, ''777 superbes îles grecques.'', Toubi's, Athènes, 1995. |
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* Constantin Tsoucalas, ''La Grèce de l'indépendance aux colonels'', Maspero, Paris, 1970 {{ISBN|0-140-52-277-8}} (pour la version originale en anglais). |
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* Roland Etienne, ''Ténos II. Ténos et les Cyclades du milieu du IVe siècle avant J.C. au milieu du IIIe siècle après J.C.'', BEFAR, De Boccard, 1990. |
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* {{Ouvrage|prénom1=Apostolos E.|nom1=Vakalopoulos|titre=Histoire de la Grèce moderne|éditeur=Horvath|collection=Histoire des nations européenes|date=1975|isbn=978-2-7171-0057-0}}. |
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* {{en}} J. Lesley Fitton, ''Cycladic Art.'', British Museum Press, 1989. {{ISBN|0714121606}} |
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* {{en}} Charles A. Frazee, « The Greek Catholic Islanders and the Revolution of 1821 », ''East European Quarterly'', vol. 13, n°3, 1979. |
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* [[Olivier Delorme]], ''La Grèce et les Balkans'', 3 vol., Gallimard, Paris, 2013. {{ISBN|9782070396061}} - {{ISBN|9782070452712}} - {{ISBN|9782070454532}} |
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* ''Guide Bleu. Îles grecques.'', Hachette, 1998. {{ISBN|2012426409}} |
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* {{en}} Paul Hetherington, ''The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art'', Londres, 2001. {{ISBN|1-8999163-68-9}} |
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===== Préhistoire ===== |
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* {{en}} John F. Cherry et Jack L. Davis, « The Cyclades and the Greek Mainland in Late Cycladic I : the Evidence of the Pottery. » in ''American Journal of Archeology'', vol. 26, {{numéro|3}}, juillet 1982. |
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* Élisabeth Malamut, ''Les îles de l'Empire byzantin, VIIIe-XIIe siècles'', Byzantina Sorbonensia 8, Paris, 1988. {{ISBN|2-85944-164-6}} |
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* {{en}} J. Lesley Fitton, ''Cycladic Art'', British Museum Press, 1989. {{ISBN|0714121606}} |
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* {{en}} George C. Miles, « Byzantium and the Arabs: Relations in Crete and the Aegean Area », in ''Dumbarton Oaks Papers'', Vol. 18., 1964. |
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* René Treuil, Pascal Darcque, Jean-Claude Poursat, Gilles Touchais, ''Les Civilisations égéennes du Néolithique à l'âge du bronze'', Nouvelle Clio, PUF, 1989.{{ISBN|2130422802}} |
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* Claude Mossé, ''La Grèce archaïque d'Homère à Eschyle.'', Points Seuil, 1984. {{ISBN|202006944x}} |
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===== Antiquité ===== |
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* Marie-Claire Amouretti et Françoise Ruzé, ''Le Monde grec antique'', Hachette, 1985. {{ISBN|2010074971}} |
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* Claude Baurain, ''Les Grecs et la Méditerranée orientale. Des siècles obscurs à la fin de l'époque archaïque'', Nouvelle Clio, PUF, 1997. {{ISBN|2130479936}} |
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* Philippe Bruneau, Michèle Brunet, Alexandre Farnoux, Jean-Charles Moretti, ''Délos. Île sacrée et ville cosmopolite'', CNRS Éditions, 1996. {{ISBN|2271054230}} |
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* {{en}} Gary Reger, ''The Political History of the Kyklades 260-200 B.C.'' in ''Historia: Zeitschrift für Alte Geschichte'' Bd. 43, H. 1, 1994), pp. 32-69 |
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* Andrew Erskine (dir.), ''Le Monde hellénistique. Espaces, sociétés, cultures. 323-31 {{av JC}}'', PUR, 2004. {{ISBN|2868478751}} |
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* Roland Étienne, ''Ténos II. Ténos et les Cyclades du milieu du {{-s-|IV}} au milieu du {{sap-|III}}'', BEFAR, De Boccard, 1990. |
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* Claude Mossé, ''La Grèce archaïque d'Homère à Eschyle'', Points Seuil, 1984. {{ISBN|202006944X}} |
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* Yves Perrin et Thomas Bauzou, ''De la Cité à l'Empire : histoire de Rome'', Ellipses, Universités - Histoire, 2004. {{ISBN|2729817433}} |
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* Georges Rougemont, ''Géographie Historique des Cyclades. L'homme et le milieu dans l'archipel''. in ''Journal des savants'', 1990, {{n°|3-4}}. pp. 199–220 [http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1990_num_3_1_1536 en ligne] |
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===== Byzance et duché de Naxos ===== |
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* {{en}} Articles « Naxos » et « Paros » in {{OxDByz}} (Il n'y a pas de références pour « Cyclades » ou pour les autres îles). |
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* {{en}} Charles A. Frazee, ''The Island Princes of Greece. The Dukes of the Archipelago'', Adolf M. Hakkert, Amsterdam, 1988. {{ISBN|9025609481}} |
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* {{en}} Paul Hetherington, ''The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art'', Londres, 2001. {{ISBN|1-899163-68-9}} |
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* Jean Longnon, ''L'Empire latin de Constantinople et la Principauté de Morée'', Payot, 1949. |
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* Élisabeth Malamut, ''Les îles de l'Empire byzantin, {{sp-|VIII|e|- |XII|e}}s'', Byzantina Sorbonensia 8, Paris, 1988. {{ISBN|2-85944-164-6}} |
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* {{en}} George C. Miles, « Byzantium and the Arabs: Relations in Crete and the Aegean Area », in ''[[Dumbarton Oaks Papers]]'', Vol. 18, 1964. |
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* J. Slot, ''Archipelagus Turbatus. Les Cyclades entre colonisation latine et occupation ottomane. c.1500-1718.'', Publications de l'Institut historique-archéologique néerlandais de Stamboul, 1982. {{ISBN|9062580513}} |
* J. Slot, ''Archipelagus Turbatus. Les Cyclades entre colonisation latine et occupation ottomane. c.1500-1718.'', Publications de l'Institut historique-archéologique néerlandais de Stamboul, 1982. {{ISBN|9062580513}} |
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* Stéphane Yerasimos, « Introduction » à J. Pitton de Tournefort ''Voyage d'un botaniste'', Maspero, 1982. {{ISBN|2707113247}} |
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* René Treuil, Pascal Darcque, Jean-Claude Poursat, Gilles Touchais, ''Les Civilisations égéennes du Néolothique à l'Âge du Bronze.'', Nouvelle Clio, PUF, 1989.{{ISBN|2130422802}} |
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* Apostolis Vacalopoulos, ''Histoire de la Grèce moderne.'', Horvath, 1975. {{ISBN|2717100571}} |
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===== Empire Ottoman et Grèce contemporaine ===== |
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* Cédric Boissière, « Les Femmes de l'Égée vues par les voyageurs britanniques aux {{s2-|XVIII|XIX}}. », in ''L'Orient des femmes'', dirigé par Marie-Élise Palmier-Chatelain et Pauline Lavagne d'Ortigue, ENS Éditions, 2002. {{ISBN|290212693X}} |
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* Cédric Boissière, « Mal de mer, pirates et cafards : les voyageurs britanniques dans l'Égée au {{s-|XIX}}. », Actes du Colloque Seuils et Traverses II : ''Seuils et Traverses : Enjeux de l'écriture de voyage'', 2002. {{ISBN|2-901737-55-2}} |
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* [[Fernand Braudel]], ''La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II.'', A. Colin, édition de 1996, tome 1 : {{ISBN|2-200-37081-4}}, tome 2 : {{ISBN|2-200-37082-2}} {{BNF|37358567g}} |
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* {{en}} James E. Collier, « Aluminum Industry of Europe », in ''Economic Geography'', Vol. 22, {{n°|2}}, avril 1946. |
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* {{en}} Charles A. Frazee, « The Greek Catholic Islanders and the Revolution of 1821 », ''East European Quarterly'', vol. 13, {{numéro|3}}, 1979. |
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* {{en}} Margaret E. Kenna, « The Social Organization of Exile: The Everyday Life of Political Exiles in the Cyclades in the 1930s », ''Journal of Modern Greek Studies'', vol. 9, {{numéro|1}}, mai 1991. |
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* {{en}} Margaret E. Kenna, « Return Migrants and Tourism Development: An Example from the Cyclades », ''Journal of Modern Greek Studies'', vol. 11, {{numéro|1}}, mai 1993. |
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* {{en}} Mark Mazower, ''Inside Hitler’s Greece. The Experience of Occupation. 1941-44.'', Yale U.P, 1993. {{ISBN|0300065523}} |
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* {{en}} Joseph Slabey Roucek, « Economic Geography of Greece », ''Economic Geography'', Vol. 11, {{numéro|1}}, janvier 1935. |
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=== Articles connexes === |
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* [[Cyclades]] |
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* [[Culture des Cyclades]] |
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* [[Duché de Naxos]] |
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=== Liens externes === |
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* {{en}} [http://projectsx.dartmouth.edu/classics/history/bronze_age/index.html L'archéologie préhistorique dans les Cyclades], université de Dartmouth |
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* [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b23005662.chemindefer Les illustrations du ''Voyage d'un botaniste'' de Tournefort] sur Gallica |
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* {{de}} Peter Oluf Bröndsted, [http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/broendsted1826bd1/ ''Reisen und Untersuchungen in Griechenland : Über die Insel Keos''], Paris, 1826 |
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{{Portail|histoire|Empire ottoman|Grèce}} |
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===Notes=== |
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{{Références | colonnes = 2}} |
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[[Catégorie:Histoire des Cyclades|*]] |
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{{portail Grèce}} |
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[[Catégorie:Histoire de la Grèce]] |
[[Catégorie:Histoire régionale de la Grèce|Cyclades]] |
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[[Catégorie:île grecque]] |
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[[Catégorie:Cyclades]] |
Dernière version du 19 décembre 2024 à 14:29
Les Cyclades, en grec : Κυκλάδες (Kykládes) sont les îles grecques de la mer Égée méridionale. L'archipel comprend environ 2 200 îles, îlots et îlots-rochers. Seules trente-trois îles sont habitées. Pour les Anciens, elles formaient un cercle (en grec ancien κύκλος / kúklos) autour de l'île sacrée de Délos, d'où le nom de l'archipel. Les plus connues sont, du nord au sud et d'est en ouest : Andros, Tinos, Myconos, Naxos, Amorgós, Syros, Paros et Antiparos, Ios, Santorin, Anafi, Kéa, Kythnos, Sérifos, Sifnos, Folégandros et Sikinos, Milos et Kimolos, auxquelles on peut ajouter les petites Cyclades : Iraklia, Schinoussa, Koufonissia, Kéros, Donoussa ainsi que Makronissos entre Kéa et l’Attique, Gyaros en face d’Andros, Polyaigos à l’est de Kimolos et Thirassia, en face de Santorin. Elles reçurent aussi parfois le nom générique d’« Archipel »[N 1].
Les îles sont en position de carrefour entre l'Europe et l'Asie mineure, l'Europe et le Proche-Orient ainsi qu'entre l'Europe et l'Afrique. Dans les temps anciens, lorsque la navigation n'était que du cabotage et que les marins cherchaient à ne jamais perdre de vue la terre, elles jouaient un rôle essentiel d'étape. Jusqu'à une époque très récente, cette situation fit leur fortune : le commerce était une de leurs activités principales, et leur malheur : leur contrôle permettait aussi le contrôle des routes commerciales et stratégiques en Égée.
De nombreux auteurs les considéraient, ou les considèrent encore, comme une entité unique. Le groupe insulaire est en effet assez homogène d'un point de vue géomorphologique ; de plus, les îles sont visibles les unes des autres tandis qu'elles sont nettement séparées des continents qui les entourent[1]. Si ces faits physiques sont indéniables, d'autres facteurs de cette unité sont plus subjectifs. L'aridité du climat et des sols actuels suggère aussi l'unité[N 2], mais il n'en a pas toujours été ainsi, vu les variations climatiques du passé[2]. Durant les périodes de sécheresse ou d'instabilité historique, certaines îles ont été désertées, d'autres non ou moins, et le repeuplement s'est fait dans des conditions différentes selon les îles : c'est donc à tort que certains auteurs ont pu penser que la population insulaire serait restée, contrairement aux autres régions de Grèce, la seule d'origine, sans apports extérieurs[N 3],[N 4].
Les ressources naturelles et le rôle potentiel d'étapes commerciales des Cyclades leur ont permis d'être peuplées dès le Néolithique. Grâce à ces atouts, elles connurent une culture brillante au IIIe millénaire av. J.-C. : la civilisation cycladique. Les puissances protohistoriques, minoenne puis mycénienne, y firent sentir leur influence. Les Cyclades connurent un nouvel apogée à l'époque archaïque (VIIIe et VIe siècles av. J.-C.). Les Perses cherchèrent à s'en emparer lors de leurs tentatives de conquête de la Grèce. Elles entrèrent alors dans l'orbite d'Athènes avec les ligues de Délos. Les royaumes hellénistiques se les disputèrent tandis que Délos devenait une grande puissance commerciale.
Durant le millénaire romano-byzantin, les îles étaient encore suffisamment prospères pour attiser la convoitise des pirates, des Goths, des Slaves et des Arabes, ainsi que celle de la quatrième croisade, les Occidentaux se partageant l'Empire byzantin. Les Cyclades entrèrent alors dans l'orbite vénitienne et les seigneurs féodaux « latins » et « francs » créèrent un certain nombre de fiefs dont le principal était le duché de Naxos.
Celui-ci finit par être conquis par l'Empire ottoman qui laissa une certaine autonomie administrative et fiscale aux îles. La prospérité économique se poursuivit donc, malgré la piraterie ou grâce à elle, selon le statut du navire (pillé ou pillard). Ambigu de ce point de vue, l'archipel le fut aussi pendant la guerre d'indépendance grecque. Devenues grecques dans les années 1830, les Cyclades partagèrent l'histoire de la Grèce depuis lors. Elles connurent d'abord une phase de prospérité commerciale, toujours grâce à leur position géographique, avant que les routes commerciales et les moyens de transport changent. Elles souffrirent alors de l'exode, rural ou littoral. L'afflux des touristes apporta un renouveau commercial, sans pour autant remplacer l'ancienne trilogie économique des Cyclades : cultures vivrières, élevage extensif et pêche côtière.
Préhistoire
[modifier | modifier le code]Néolithique
[modifier | modifier le code]Les plus anciennes traces d'activité (mais pas forcément d'occupation) dans les Cyclades ne furent pas découvertes dans les îles mêmes, mais sur le continent, en Argolide, dans la grotte de Franchthi. Des fouilles y ont mis au jour, dans une strate datée du XIe millénaire avant l'ère commune, de l'obsidienne provenant de Milos. L'île volcanique était donc au moins exploitée voire habitée, pas forcément de façon permanente, et ses habitants étaient capables de naviguer et commercer sur une distance d'au moins 150 km[3].
Une installation définitive sur les îles ne pouvait se faire que par des sédentaires disposant d'une agriculture et d'un élevage pouvant exploiter les quelques plaines fertiles. Des chasseurs-cueilleurs auraient eu beaucoup plus de difficultés[3]. Le site de Maroula sur Kythnos a révélé un fragment d'os daté au Carbone 14 -7 500/-6 500 avant notre ère[4]. Les habitats les plus anciens sont celui de l'îlot de Saliagos entre Paros et Antiparos[3],[5], celui de Kephala sur Kéa et peut-être les couches les plus anciennes de Grotta sur Naxos[3]. Ils remontent au Ve millénaire av. J.-C..
Sur Saliagos (alors relié à ses deux voisines, Paros et Antiparos), des maisons de pierres sèches ont été retrouvées, ainsi que deux statuettes cycladiques. Les fouilles du cimetière de Kephala permettent d'estimer le nombre d'habitants entre quarante-cinq et quatre-vingts[3]. L'étude des squelettes a révélé des déformations osseuses, surtout au niveau des vertèbres. Elles sont attribuées à des affections arthritiques, maladie des sédentaires. De l'ostéoporose, autre signe de sédentarité est aussi présente, mais plus rarement que sur le continent à la même époque. L'espérance de vie a été évaluée à une vingtaine d'années, avec des maxima de vingt-huit à trente-cinq ans. Les femmes avaient une espérance de vie plus faible que celle des hommes[6].
Une division sexuelle du travail a pu exister : aux femmes auraient été dévolus les soins aux enfants, la cueillette, les travaux agricoles « légers », le « petit » bétail, le filage (on a retrouvé des pesons de fuseau dans les tombes féminines), le tissage, la vannerie et la poterie[6]. Les hommes auraient réalisé les tâches dites « masculines » : gros travaux agricoles, chasse, pêche, travail de la pierre, de l'os, du bois et des métaux[6]. Cette division sexuelle du travail entraînait une première différenciation sociale : les tombes, à ciste, les plus riches sont les tombes d'hommes[6]. La poterie se faisait sans tour, à partir de boules d'argile modelées à la main ; les peintures étaient appliquées au pinceau ; les incisions à l'ongle. Les vases étaient ensuite cuits en fosse ou en meule, c'est-à-dire sans four, à des températures basses : 700° à 800 °C[7]. Naxos a révélé des objets de métal de petite taille. L'exploitation des mines d'argent de Siphnos pourrait aussi remonter à cette période[3].
Civilisation cycladique
[modifier | modifier le code]L'archéologue grec Chrístos Tsoúntas a suggéré à la fin du XIXe siècle, après avoir rapproché diverses découvertes sur de nombreuses îles, que les Cyclades auraient été englobées dans une unité culturelle au IIIe millénaire av. J.-C. : la civilisation cycladique[5], remontant à l'âge du bronze. Elle est célèbre pour ses idoles de marbre, retrouvées jusqu'au Portugal et à l'embouchure du Danube[5], ce qui prouve son dynamisme.
Elle est un peu plus ancienne que la civilisation minoenne de Crète. Les débuts de la civilisation minoenne furent influencés par la civilisation cycladique : des statuettes cycladiques furent importées en Crète et les artisans locaux imitèrent les techniques cycladiques, les sites d'Aghia Photia et d'Archanes en ont apporté les preuves archéologiques[8]. De même, les fouilles du cimetière d'Aghios Kosmas en Attique ont révélé des objets prouvant une forte influence cycladique, due soit à la présence d'une forte proportion de la population voire d'une véritable colonie provenant des îles[9].
On distingue traditionnellement trois grandes périodes (équivalentes à celles qui divisent l'Helladique sur le continent et le Minoen en Crète)[10] :
- le Cycladique Ancien I (CA I) (3200 - 2800) dit aussi Culture Grotta-Pelos
- le Cycladique Ancien II (CA II) (2800 - 2300) dit aussi Culture Kéros-Syros, souvent considérée comme l'apogée de la civilisation cycladique
- le Cycladique Ancien III (CA III) (2300 - 2000) dit aussi Culture Phylakopi
L'étude des squelettes retrouvés dans les sépultures, toujours à ciste, montre une évolution depuis le Néolithique. L'ostéoporose recule même si les affections arthritiques restent présentes. Donc, le régime alimentaire s'était amélioré. L'espérance de vie a progressé : on constate des maxima de quarante à quarante-cinq ans pour les hommes, mais seulement de trente ans pour les femmes[11]. La division sexuelle du travail restait la même que celle constatée au Néolithique Ancien : aux femmes les petits travaux domestiques et agricoles, aux hommes les plus gros travaux et l'« artisanat[11] ». L'agriculture reposait, comme ailleurs en Méditerranée, sur les céréales (plutôt l'orge, moins gourmande en eau que le blé), la vigne et l'olivier. L'élevage se concentrait déjà principalement sur les chèvres et les moutons, ainsi qu'un peu de porcs ; mais très peu de bovins dont l'élevage est encore aujourd'hui peu développé dans les îles. La pêche complétait les ressources alimentaires, grâce par exemple aux migrations régulières de thons[12]. À cette époque, le bois, plus abondant qu'aujourd'hui, permettait la construction des charpentes et des navires[12].
Les habitants de ces îles qui vivaient principalement en bord de mer étaient de remarquables marins et commerçants. Il semblerait que les Cyclades aient alors plus exporté qu'importé de marchandises[13], fait assez unique dans leur histoire. La céramique retrouvée dans divers sites cycladiques (Phylakopi sur Milos, Aghia Irini sur Kéa et Akrotiri sur Santorin) prouve l'existence de routes commerciales allant de la Grèce continentale à la Crète en passant principalement par les Cyclades de l'ouest jusqu'au Cycladique Récent. Des vases produits sur le continent ou en Crète et importés dans les îles ont été retrouvés lors de fouilles sur ces trois sites[14].
On sait qu'il y avait des artisans spécialisés : fondeurs, forgerons, potiers et sculpteurs, mais il est impossible de dire s'ils vivaient de leur travail[11]. L'obsidienne de Milos resta le matériau dominant pour la fabrication des outils, même après le développement de la métallurgie, car moins chère. On a retrouvé des outils fabriqués dans un bronze primitif, alliage de cuivre et d'arsenic. Le cuivre provenait de Kythnos et contenait déjà une forte teneur d'arsenic. L'étain, dont la provenance n'a pas été déterminée, ne fut introduit dans les îles que plus tard, après la fin de la civilisation cycladique. Les bronzes à l'étain les plus anciens furent retrouvés à Kastri sur Tinos (période de la Culture Phylakopi) et leur composition prouve qu'ils provenaient de Troade, soit sous forme de matières premières, soit déjà sous forme de produits finis[15]. Des échanges commerciaux existaient alors entre la Troade et les Cyclades.
Ces outils servaient à travailler le marbre, surtout originaire de Naxos et Paros, soit pour les célèbres idoles cycladiques, soit pour les vases de marbre. Il ne semble pas que le marbre ait alors été exploité dans des mines, comme de nos jours : il se serait trouvé en grande quantité à fleur de sol[15]. L'émeri de Naxos fournissait aussi des matériaux de polissage. Enfin, la pierre ponce de Santorin permettait un fini parfait[15]. Les pigments qu'on peut retrouver sur les statuettes, mais aussi dans les tombes, étaient aussi originaires des îles, comme l'azurite pour le bleu et le minerai de fer pour le rouge[15].
Par la suite, l'habitat se déplaça vers le sommet des îles à l'intérieur d'enceintes fortifiées complétées de tours rondes aux angles. On considère que la piraterie aurait alors pu faire son apparition dans l'archipel[10].
Minoens et Mycéniens
[modifier | modifier le code]Les Crétois occupèrent les Cyclades au IIe millénaire av. J.-C., puis les Mycéniens à partir de 1450 avant l'ère commune et les Doriens à partir de 1100 avant l'ère commune. Les îles, à cause de leur relative petite taille, ne purent affronter ces puissances très centralisées[9].
Sources littéraires
[modifier | modifier le code]Thucydide écrit que Minos chassa de l'archipel ses premiers habitants, les Cariens[16] dont les tombeaux étaient nombreux sur Délos[17]. Hérodote[18] précise que les Cariens, aussi appelés Lélèges, étaient arrivés depuis le continent. Ils étaient totalement indépendants (« ils ne payaient aucun tribut »), mais fournissaient des marins aux navires de Minos.
Selon Hérodote, les Cariens auraient été les meilleurs guerriers de leur temps et auraient appris aux Grecs à mettre des crinières aux casques, à représenter des insignes sur les boucliers et à utiliser des courroies pour tenir ceux-ci. Les Cariens auraient ensuite été chassés des Cyclades par les Doriens, suivis des Ioniens qui firent de l'île de Délos un grand centre religieux[19].
L'influence crétoise
[modifier | modifier le code]On connaît une quinzaine d'habitats du Cycladique Moyen (vers 2000 avant l'ère commune - vers 1600 avant l'ère commune). Les trois plus étudiés sont Aghia Irini (IV et V) sur Kéa, Paroikia sur Paros et Phylakopi (II) sur Milos. L'absence de réelle rupture (malgré la couche de destruction) entre Phylakopi I et Phylakopi II permet de penser que la transition ne fut pas brutale[20]. La principale preuve d'une évolution est la disparition des idoles cycladiques des sépultures[20] qui par contre ont très peu évolué, restant à ciste depuis le Néolithique[21].
Les Cyclades subirent aussi une différenciation culturelle. Un groupe au nord autour de Kéa et Syros se rapprocherait plus, d'un point de vue culturel, du Nord-Est de l'Égée, tandis que les Cyclades du Sud seraient plus proches de la civilisation crétoise[20]. S'il est nécessaire de nuancer la tradition ancienne d'un empire maritime minoen, il est cependant indéniable que la Crète finit par avoir une influence sur l'ensemble de l'Égée. Celle-ci se fit plus fortement sentir à partir du Cycladique Récent, ou Minoen Récent (à partir de 1700/1600 avant l'ère commune)[22].
Au Minoen Récent, des contacts importants sont attestés à Kéa, Milos et Santorin : poterie et éléments architecturaux (polythyron, puits de lumière, décor à fresque) minoens ainsi que des signes du Linéaire A[22]. Les tessons retrouvés sur les autres Cyclades y seraient arrivés de façon indirecte depuis ces trois îles[22]. Il est difficile de déterminer de quel type était la présence minoenne dans les Cyclades : colonies de peuplement, protectorats ou comptoirs[22]. Il a été suggéré un temps que les grands bâtiments à Akrotiri sur Santorin (maison Ouest) ou à Phylakopi pouvaient être des palais de gouverneurs étrangers, mais il n'existe pas de preuve formelle pouvant étayer cette hypothèse. Il n'existe pas non plus suffisamment de preuves archéologiques montrant l'existence de quartier exclusivement crétois, comme dans des colonies de peuplement. Il semblerait que la Crète ait défendu ses intérêts dans la région grâce à des agents qui pouvaient jouer un rôle politique plus ou moins important. La civilisation minoenne aurait ainsi protégé ses routes commerciales[22]. L'influence plus forte sur les trois îles de Kéa, Milos et Santorin s'expliquerait ainsi. Les Cyclades étaient un foyer d'échanges très actif. L'axe (ou cordon) occidental (Kéa, Milos, Santorin) était prépondérant. Kéa était l'étape vers le continent et la première étape depuis celui-ci, à proximité des mines du Laurion ; Milos redistribuait vers le reste de l'archipel et restait la principale source d'obsidienne ; et Santorin jouait vis-à-vis de la Crète le même rôle que Kéa vis-à-vis de l'Attique[23]. La production du bronze resta en grande majorité à l'arsenic, l'étain ne progressa que très lentement dans les Cyclades, à partir du nord-est de l'archipel[24].
L'habitat était alors constitué de petits villages de marins et d'agriculteurs[10], souvent fortifiés au plan serré[21]. Les maisons, rectangulaires, d'une à trois pièces, sont mitoyennes, de taille et de construction modeste, parfois à étage, organisées plus ou moins régulièrement dans des blocs séparés par des ruelles dallées[21]. Il n'y avait toujours pas de palais tel qu'on en connaissait en Crète ou sur le continent[10]. On n'a pas non plus découvert de « tombes royales » dans les îles. Si elles ont pu être plus ou moins indépendantes politiquement et commercialement, il semblerait que d'un point de vue religieux, l'influence crétoise fut très forte. Les objets cultuels (rhytons zoomorphes, tables à libation, etc.), les aménagements religieux (bains lustraux, etc.) ou les thèmes des fresques sont similaires à Santorin ou à Phylakopi et dans les palais crétois[25].
L'explosion de Santorin (entre le Minoen Récent I A et le Minoen Récent I B) a enseveli et préservé un exemple d'habitat : Akrotiri. Les fouilles depuis 1967 y ont mis au jour une agglomération d'un hectare de superficie, dépourvue de mur d'enceinte[26]. Le plan était en ordre serré, avec un réseau plus ou moins orthogonal de rues pavées et dotées d'égout. Les bâtiments avaient deux à trois étages, sans puits de lumière ni cour : les ouvertures sur la rue donnaient l'air et la lumière. Le rez-de-chaussée abritait l'escalier et des pièces servant de magasin ou d'atelier ; les pièces du premier, un peu plus grandes avaient un pilier central et des décors à fresques. Les maisons avaient des toits en terrasse posés sur des poutres non équarries, recouvertes d'une couche végétale (algues ou feuillage) puis plusieurs couches de terre argileuse[26], comme dans l'habitat traditionnel encore de nos jours.
Dès le début des fouilles en 1967, l'archéologue grec Spyridon Marinatos, constata que la ville avait subi une première destruction, due à un tremblement de terre, avant même l'éruption, puisque des ruines furent ensevelies[27]. À peu près au même moment, le site d'Aghia Irini sur Kéa fut lui aussi détruit par un tremblement de terre[22]. Une chose est certaine : après l'éruption, les importations minoennes ont disparu d'Aghia Irini (VIII) pour être remplacées par des importations mycéniennes[22].
Cycladique récent : la domination mycénienne
[modifier | modifier le code]Entre le milieu du XVe siècle av. J.-C. et le milieu du XIe siècle av. J.-C., les relations entre les Cyclades et le continent connurent trois phases[28]. Jusque vers 1250 avant l'ère commune (Helladique Récent III A-B1 ou début du Cycladique Récent III), l'influence mycénienne se fit sentir seulement sur Délos[29], à Aghia Irini (sur Kéa), à Phylakopi (sur Milos) et peut-être à Grotta (sur Naxos). Certains bâtiments rappellent les palais continentaux, sans que les preuves soient définitives, mais des éléments typiquement mycéniens ont été retrouvés dans les sanctuaires religieux[28]. Dans la période de troubles accompagnés de destructions que connurent les royaumes continentaux (Helladique Récent III B), les relations se ralentirent, allant jusqu'à s'arrêter (disparition d'objets mycéniens dans les strates correspondantes dans les îles). De plus, les sites insulaires se fortifièrent ou améliorèrent leurs défenses (Phylakopi, mais aussi Aghios Andréas sur Siphnos ou Koukounariès sur Paros)[28]. Les relations reprirent à l'Helladique Récent III C. Aux importations d'objets (jarres à étrier à décor de poulpes) s'ajoutèrent aussi des mouvements de population avec des migrations venues du continent[28]. Une tombe à tholos, caractéristique des sépultures mycéniennes du continent a été mise au jour sur Mykonos[29]. Les Cyclades furent occupées de façon continue jusqu'au moment du déclin de la civilisation mycénienne.
Époques géométrique, archaïque et classique
[modifier | modifier le code]L'arrivée des Ioniens
[modifier | modifier le code]Les Ioniens venus du continent arrivèrent vers le Xe siècle av. J.-C. Ils créèrent le grand sanctuaire religieux de Délos vers le VIIe siècle av. J.-C. L'Hymne homérique à Apollon (dont la première partie pourrait remonter au VIIe siècle av. J.-C.) fait allusion à des panégyries (avec compétitions sportives, chants et danses) ioniennes[30]. Les fouilles archéologiques ont montré qu'un centre religieux était installé sur les ruines de l'habitat remontant au Cycladique Moyen[30].
Ce fut entre le XIIe siècle av. J.-C. et le VIIIe siècle av. J.-C. avant notre ère que se constituèrent les premières cités cycladiques comme les quatre cités de Kéa (Ioulis, Korissia, Piessa et Karthaia), ou le site de Zagora sur Andros dont les maisons étaient entourées d'une muraille que les archéologues datent de 850 avant notre ère[31]. Les céramiques montrent la diversité des productions locales[32], et donc les différences entre les îles. Ainsi, il semblerait que Naxos (site sur l'îlot de Donoussa) et surtout Andros (site de Zagora) aient eu des liens avec l'Eubée, tandis que Milos et Santorin aient été dans la sphère d'influence dorienne[33].
Zagora, un des plus importants ensembles urbains de l'époque qu'il a été possible d'étudier, a montré que le type des constructions traditionnelles a peu évolué du IXe siècle av. J.-C. au XIXe siècle apr. J.-C. Les maisons avaient des toits plats, en dalles de schiste recouvertes de terre battue et des coins tronqués afin de laisser passer plus facilement les bêtes de somme[34].
Un nouvel apogée
[modifier | modifier le code]À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Cyclades connurent un apogée lié en grande partie à leur richesse (obsidienne sur Milos, or sur Siphnos, argent sur Syros, pierre ponce sur Santorin et marbre, principalement à Paros[32]). Cette prospérité peut se lire aussi dans la participation relativement faible des îles au mouvement de colonisation grecque, hormis Andros fondant plusieurs colonies en Chalcidique et en Thrace et Théra fondant Cyrène[35]. Les cités cycladiques célébrèrent leur prospérité dans les grands sanctuaires : trésor de Siphnos ou colonne des Naxiens à Delphes ou terrasse des lions offerte par Naxos à Délos.
Période classique
[modifier | modifier le code]La richesse des cités cycladiques attira alors la convoitise de leurs voisins. La construction du Trésor de Siphnos à Delphes fut suivie de peu par un pillage de l'île par les Samiens en 524 avant notre ère[36]. Le tyran de Naxos Lygdamis domina un temps une partie de ses voisines à la fin du VIe siècle[36].
Les Perses tentèrent de s'emparer des Cyclades vers la fin du Ve siècle avant notre ère. Aristagoras, neveu d'Histiaeus, tyran de Milet, monta une expédition avec Artaphernes, satrape de Lydie, contre Naxos. Il espérait contrôler tout l'archipel grâce à la conquête de cette île. En route, Aristagoras se querella avec l'amiral Megabates, qui trahit en informant Naxos de l'approche de la flotte. Les Perses renoncèrent temporairement aux Cyclades à cause de la révolte de Ionie[37].
Les guerres médiques
[modifier | modifier le code]Lorsque Darius monta son expédition contre la Grèce, il ordonna à Datis et Artapherne, fils du satrape de Lydie, de s'emparer des Cyclades[37]. Ils pillèrent Naxos[36], Délos fut épargnée pour des raisons religieuses et Siphnos, Sérifos et Milos préférèrent se soumettre et livrer des otages[37]. Les îles passèrent donc sous le contrôle perse. Après Marathon, Miltiade entreprit la reconquête de l'archipel, mais il échoua devant Paros[37]. Les insulaires fournirent dix-sept navires à la flotte perse[38], mais la veille de la Bataille de Salamine, six ou sept navires cycladiques (venus de Naxos, Kéa, Kythnos, Sériphos, Siphnos et Milos) seraient passés du côté grec[37]. Les îles eurent ainsi le droit d'être sur le trépied consacré à Delphes.
Thémistocle, poursuivant la flotte perse à travers l'archipel, chercha aussi à punir les îles les plus compromises avec les Perses, prélude à la domination athénienne[37].
En 479 avant l'ère commune, des cités cycladiques (Kéa, Milos, Tinos, Naxos et Kythnos) étaient présentes aux côtés des autres Grecs lors de la bataille de Platées, ainsi que l'atteste le piédestal de la statue consacrée à Zeus Olympien décrit par Pausanias[39].
Les ligues de Délos
[modifier | modifier le code]Lorsque le danger mède fut repoussé du territoire continental grec et que le combat se porta dans les îles et en Ionie (Asie mineure), les Cyclades entrèrent dans l'alliance destinée à venger la Grèce et à se rembourser des dommages causés par les Perses en pillant leurs possessions. Cette alliance fut organisée par Athènes. On la nomme communément première Ligue de Délos. Les cités coalisées fournirent à partir de 478-477 avant notre ère soit des navires (Naxos par exemple), soit surtout un tribut en argent. Le montant du trésor fut fixé à quatre cents talents et il fut déposé au sanctuaire d'Apollon sur l'île sacrée de Délos[40].
Bien vite, Athènes se comporta de façon autoritaire vis-à-vis de ses alliés, avant de les faire passer sous sa domination totale. Naxos se révolta en 469 avant notre ère[41] et fut la première cité alliée à être transformée en État sujet par Athènes, à la suite d'un siège[42]. Le trésor fut transféré de Délos à l'Acropole d'Athènes vers 454 avant notre ère[41]. Les Cyclades entrèrent alors dans le « district » des îles (avec Imbros, Lesbos et Skyros) et ne contribuaient plus à la ligue que par des versements en argent. La Boulè d'Athènes en fixait le montant. Le tribut n'était pas trop lourd, sauf après une révolte, lorsqu'il devenait une punition. Il semblerait que la domination athénienne ait parfois pris la forme de clérouquies (sur Naxos et Andros par exemple)[41].
Au début de la guerre du Péloponnèse, toutes les Cyclades, sauf Milos[N 5] et Santorin, étaient sujets d'Athènes[43]. Thucydide écrit ainsi que des soldats de Kéa, Andros et Tinos participèrent à l'Expédition de Sicile et que ces îles étaient des « sujets tributaires[44] ».
Les Cyclades versèrent un tribut jusqu'en 404. Elles connurent alors une relative période d'autonomie avant d'entrer dans la seconde confédération athénienne et de repasser sous la coupe athénienne. D'après Quinte-Curce, après (ou en même temps que) la Bataille d'Issos, une contre-attaque perse menée par Pharnabazus aurait entraîné une occupation d'Andros et Siphnos[45].
La période hellénistique
[modifier | modifier le code]Un archipel disputé entre les royaumes hellénistiques
[modifier | modifier le code]D’après Démosthène[46] et Diodore de Sicile[47], le tyran thessalien Alexandre de Phères mena des opérations de piraterie dans les Cyclades vers -362--360. Ses navires se seraient emparés de quelques-unes des îles, dont Tinos, et auraient emporté un grand nombre d’esclaves. Les Cyclades se révoltèrent à l'occasion de la troisième guerre sacrée (357-355) qui vit l'intervention de Philippe II de Macédoine contre la Phocide alliée à Phères. Elles commencèrent alors à passer dans l'orbite du royaume de Macédoine.
Dans leur lutte d'influence, les dirigeants des royaumes hellénistiques affirmèrent souvent vouloir maintenir la « liberté » des cités grecques, en réalité contrôlées par eux et souvent occupées par des garnisons. À partir de 314 avant l'ère commune, Antigone le Borgne créa ainsi la Ligue des Nésiôtes (Insulaires) siégeant à Délos[48]. Vers 308, la flotte égyptienne de Ptolémée parcourut l'archipel, au cours d'une expédition dans le Péloponnèse, et « libéra » Andros[N 6]. La ligue des Nésiôtes se serait peu à peu élevée jusqu'au niveau d'État fédéral au service des Antigonides, puisque Démétrios Ier Poliorcète se serait appuyé sur elle pour ses campagnes navales[49].
Les îles passèrent ensuite sous la domination des Ptolémées. À l'époque de la guerre chrémonidéenne, des garnisons de mercenaires avaient été installées dans un certain nombre d'îles dont Santorin, Andros et Kéa[50]. Mais la présence lagide s'effaça à partir du milieu du siècle, un recul parfois attribué aux défaites navales de Kos ou Andros, de datations discutées[N 7], ou à une évolution des centres d'intérêt de la politique égyptienne. Cependant, à cause de la révolte d'Alexandre, fils de Cratère, les Macédoniens d'Antigone Gonatas ne purent totalement contrôler l'Archipel qui entra dans une phase d'instabilité. Selon certains auteurs Antigone Dosôn les contrôlait encore ou les reconquit lorsqu'il s'attaqua à la Carie ou qu'il défit Sparte à Sellasia en 222 avant l'ère commune, mais d'autres doutent de l'existence d'une réelle hégémonie macédonienne à cette période[51]. Démétrios de Pharos ravagea ensuite l’archipel[52] et en fut chassé par les Rhodiens[48].
Philippe V de Macédoine, après la première guerre macédonienne, se tourna contre les Cyclades qu'il fit ravager par le pirate étolien Dicéarque[53] avant d'en prendre le contrôle en installant des garnisons sur Andros, Paros et Kythnos[54]. Après Cynocéphales, les îles passèrent aux Rhodiens[54] puis aux Romains. Les Rhodiens auraient donné un nouvel élan à la Ligue des Nésiotes[48].
La société hellénistique
[modifier | modifier le code]Dans son ouvrage sur Tinos, Roland Étienne évoque une société tiniote dominée par une « aristocratie » agrarienne et patriarcale marquée par une forte endogamie. Ces quelques familles avaient beaucoup d'enfants et tiraient une partie de leurs ressources d'une exploitation financière de la terre (ventes, emprunts, etc.), que R. Étienne qualifie d'« affairisme rural[48] ». Ce « marché de l'immobilier » était dynamique à cause du nombre d'héritiers et du partage du patrimoine au moment des héritages. Il n'y avait pas d'autre solution que l'achat et la vente de terres pour se constituer un patrimoine cohérent. Une partie de ces ressources financières pouvait être aussi investie dans les activités commerciales[48].
Cette endogamie pouvait se situer au niveau de la classe sociale, mais aussi au niveau de l'ensemble du corps civique. On sait que les citoyens de Délos, dans une agglomération où résidaient de très nombreux étrangers, parfois plus nombreux que les citoyens eux-mêmes, pratiquaient une très forte endogamie civique, tout au long de la période hellénistique[55]. S'il n'est pas possible d'étendre systématiquement ce phénomène à l'ensemble des Cyclades, il reste un bon indicateur de leur fonctionnement potentiel. Les populations circulaient en effet plus à l'époque hellénistique qu'aux époques précédentes : des cent vingt soldats mis en garnison à Santorin par les Ptolémées, la grande majorité provenait d'Asie mineure[56] ; Milos avaient à la fin du Ier siècle av. J.-C. une forte population juive[57]. La question du maintien du statut de citoyen s'est posée[55].
La période hellénistique a laissé un héritage imposant sur certaines Cyclades : des tours en très grand nombre, sur Amorgós[58], sur Siphnos où on en comptait cinquante-six en 1991[59], vingt-sept identifiées sur Kéa en 1956[60]. Elles ne pouvaient toutes être des tours de guet[60], comme on le suppose souvent[58]. Leur grand nombre sur Siphnos a été associé à la richesse minérale de l'île, mais cette richesse minérale n'existait pas sur Kéa[60], ou sur Amorgós. Mais ces îles possédaient d'autres ressources, agricoles par exemple. Les tours seraient alors un reflet de la prospérité des îles à l'époque hellénistique[60].
La puissance commerciale de Délos
[modifier | modifier le code]Lorsque l'île était contrôlée par Athènes, Délos était avant tout un sanctuaire religieux même si un commerce local existait : déjà, la « banque d'Apollon » consentait des prêts, principalement aux cités cycladiques[61]. En 314 avant notre ère, l'île obtint son indépendance, même si ses institutions furent copiées sur celles d'Athènes. Son appartenance à la ligue des Nésiotes la plaça dans l'orbite des Ptolémées, jusqu'en 245 avant notre ère[61]. L'activité bancaire et commerciale (entrepôts de blé et d'esclaves) se développa rapidement. En 167 avant notre ère, Délos devint port franc et repassa sous le contrôle athénien[N 8]. L'île connut alors une véritable explosion marchande[61], surtout après la destruction de Corinthe, une grande rivale commerciale, par les protecteurs de l'île, les Romains, en -146[62]. Les commerçants étrangers, de toute la Méditerranée s'y installèrent, comme en témoigne la terrasse des dieux étrangers. Il y a ainsi une synagogue attestée sur Délos dès le milieu du IIe siècle avant notre ère[63]. On estime qu'au IIe siècle av. J.-C., Délos aurait eu une population d'environ 25 000 habitants[64].
La célèbre « agora des Italiens » était un immense marché aux esclaves. Les guerres entre royaumes hellénistiques en étaient les principaux fournisseurs, ainsi que les pirates (qui prenaient le statut de marchands en entrant dans le port de Délos). Lorsque Strabon[65] évoque dix mille esclaves vendus par jour, il est nécessaire de nuancer ce propos, ce chiffre pouvant être un moyen trouvé par l'auteur pour dire « beaucoup ». De plus, nombre de ces « esclaves » étaient parfois des prisonniers de guerre ou des personnes enlevées par des pirates - dont la rançon était immédiatement payée au débarquement[66].
Cette prospérité suscitait des convoitises et de nouvelles formes d'« échanges économiques » : en 298 avant notre ère, Délos versa à Rhodes au moins 5 000 drachmes pour sa « protection contre les pirates » ; au milieu du IIIe siècle av. J.-C., des pirates étoliens lancèrent un appel d’offres au monde égéen pour négocier la somme à verser en échange d'une protection contre leurs exactions[67].
L'empire romano-byzantin
[modifier | modifier le code]Les Cyclades dans l'orbite de Rome
[modifier | modifier le code]Les raisons de l'intervention de Rome en Grèce à partir du IIIe siècle av. J.-C. sont multiples : appel à l'aide des cités d'Illyrie, lutte contre Philippe V de Macédoine dont la politique navale inquiétait Rome et qui avait été l'allié à Hannibal, ou soutien à ses adversaires dans la région (Pergame, Rhodes ou ligue achéenne). Après sa victoire à Cynocéphales, Flaminius annonça la « libération » la Grèce. Les intérêts commerciaux ne furent pas non plus étrangers à l'implication de Rome. Délos devint un port franc sous la protection de la République en 167 avant l'ère commune. Les commerçants italiens s'enrichirent alors, plus ou moins aux dépens de Rhodes et Corinthe (finalement détruite la même année que Carthage)[68]. Le système politique de la cité grecque, sur le continent et dans les îles, fut maintenu, voire développé, lors des premiers siècles de l'Empire[69].
Les Cyclades auraient, pour certains historiens, été incluses dans la province romaine d'Asie autour de 133-129 avant l'ère commune[48],[70] ; d'autres les placent dans la province d'Achaïe[71] ; à moins, qu'elles n'aient été partagées entre ces deux provinces[72]. Les preuves ne placent définitivement les Cyclades dans la province d'Asie qu'à partir de Vespasien et Domitien.
Mithridate, en 88 avant notre ère, après avoir chassé les Romains d'Asie, s'intéressa à l'Égée. Son général Archélaüs soumit Délos et la plupart des Cyclades qu'il confia à Athènes, laquelle s'était déclarée en faveur de Mithridate. Délos réussit à retourner dans le giron romain. Pour la punir, l'île fut dévastée par les troupes de Mithridate. Vingt ans plus tard, elle fut à nouveau détruite par un raid de pirates qui profitaient de l'instabilité dans la région[73]. Les Cyclades connurent alors une période difficile. La défaite de Mithridate par Sylla, Lucullus puis Pompée rendit l'archipel à Rome. Pompée y fit disparaître en 67 avant l'ère commune la piraterie qui s'était développée lors des divers conflits. Il divisa la Méditerranée en différents secteurs gérés par des lieutenants. Marcus Terentius Varro Lucullus fut chargé des Cyclades[74]. Pompée ramena ainsi la possibilité d'un commerce prospère dans l'archipel[75]. Cependant, il semblerait que la vie chère, les inégalités sociales, la concentration des richesses (et du pouvoir) aient été la règle dans les Cyclades de l'époque romaine, avec leur cortège d'abus et de mécontentements[48].
Auguste ayant décidé que ceux qu'il exilait ne pouvaient résider que sur des îles à plus de 400 stades (50 km) du continent[76], les Cyclades devinrent des lieux d'exil, Gyaros, Amorgós et Sériphos principalement[77].
Vespasien constitua l'archipel des Cyclades en province romaine[75]. Sous Dioclétien, il existait une « province des îles » dont faisaient partie les Cyclades[78].
La christianisation des Cyclades semble avoir été très ancienne. Les catacombes à Trypiti sur Milos, uniques dans l’Égée et en Grèce, de facture très simple, ainsi que les fonts baptismaux tout proches, permettent d’affirmer qu’une communauté chrétienne existait sur l’île au moins à partir des IIIe ou IVe siècles de notre ère[79].
À partir du IVe siècle, les Cyclades connurent à nouveau les ravages de la guerre. Les Goths (en 376) pillèrent l'archipel[75].
La période byzantine
[modifier | modifier le code]Organisation administrative
[modifier | modifier le code]Lors de la division de l'Empire romain, les Cyclades passèrent à l'empire d'Orient dont la christianisation donna l'Empire byzantin qui les conserva jusqu'au XIe siècle de notre ère. Dans les premiers temps, l’organisation administrative reposait sur de petites provinces. À l’époque de Justinien, les Cyclades, Chypre et la Carie furent regroupées avec la Mésie Secunda (actuelle Bulgarie) et la Scythie mineure (actuelle Dobrogée) sous l’autorité d’un Questeur installé à Odessos (actuelle Varna). Les thèmes se mirent peu à peu en place, à partir du règne d’Héraclius au début du VIIe siècle. Au Xe siècle un thème de l’Égée (tò théma toû Aigaíou Pelágous) dirigé par un amiral (drungarios) est avéré : il englobait les Cyclades, les Sporades, Chios, Lesbos et Limnos. En l’occurrence, le thème de l’Égée fournissait plutôt des marins à la flotte impériale qu’une armée. Il semblerait qu’ensuite le contrôle du pouvoir central sur les petites entités isolées qu’étaient les îles ait peu à peu diminué : la défense et la collecte des impôts devinrent de plus en plus difficiles. Au début du XIIe siècle, elles étaient devenues impossible. Constantinople aurait alors renoncé à les assurer[80],[81].
Conflits et migrations dans l'intérieur des îles
[modifier | modifier le code]En 727-728, les Cyclades se révoltèrent contre l'Empereur iconoclaste Léon l'Isaurien. Cosmas, à la tête de la rébellion iconodule, fut proclamé empereur mais périt lors du siège de Constantinople par Léon qui envoya la flotte contre les Cyclades, usant du feu grégeois pour rétablir brutalement l'autorité impériale[82],[83].
Au début du IXe siècle, les Sarrasins, installés en Crète à partir de 829[84], menaçaient les Cyclades et y menèrent des raids pendant plus de cent ans. Naxos dut payer un tribut (phoroi)[85] aux pirates sarrasins de Crète, qui, après avoir ravagé Paros lors d'un raid sur Lesbos vers 837, s'y sont encore arrêtés au retour pour tenter de piller l'église de la Panaghia Ekatontopiliani : Nicétas, au service de Léon VI le Sage constata les dégâts[84]. En 904, Andros, Naxos et d'autres îles des Cyclades furent aussi pillées par une flotte arabe rentrant de Thessalonique qu'elle venait de mettre à sac[84],[86].
En 1027, une flotte arabe attaqua à nouveau les Cyclades, mais depuis la reconquête de la Crète, les Byzantins contrôlaient à nouveau l'Égée. Les stratèges de Samos et Chios la dispersèrent. Une nouvelle attaque en 1035 se termina par l'empalement de cinq cents Sarrasins[87].
Durant cette période, les îles sont en partie dépeuplées : la Vie de sainte Théoktiste de Lesbos dit que Paros était déserte au IXe siècle et qu'on n'y rencontrait que pêcheurs et chasseurs de passage[78]. Les villages des bords de mer, trop exposés, furent abandonnés et les habitants montèrent dans les montagnes : Lefkes plutôt que Paroikia sur Paros ou plateau de Traghéa sur Naxos[88]. Ce mouvement eut aussi des effets positifs car sur les plus grandes îles, les plaines intérieures étaient fertiles et propices à un nouveau développement. Ainsi, ce fut au XIe siècle, lorsque Paléopolis fut abandonnée au profit de la plaine d'altitude de Messaria sur Andros, que l'élevage du ver à soie, qui fit la richesse de l'île jusqu'au XIXe siècle, fut introduit[89].
Le duché de Naxos
[modifier | modifier le code]En 1204, la quatrième croisade s'empara de Constantinople, et les vainqueurs se partagèrent l'Empire byzantin. La souveraineté nominale sur les Cyclades échut aux Vénitiens. Ces derniers annoncèrent alors qu'ils laisseraient la gestion des îles à qui serait capable de s'en emparer pour eux. La « Sérénissime » ne pouvait en effet faire face aux dépenses d'une nouvelle expédition[90]. Cette nouvelle suscita des vocations. De nombreux aventuriers armèrent des flottes à leurs frais, dont Marco Sanudo, neveu du Doge Enrico Dandolo. Il s'empara sans coup férir de Naxos en 1205 et en 1207, il contrôlait les Cyclades avec ses compagnons et parents[90]. Son cousin Marino Dandolo devint seigneur d'Andros ; d'autres de ses parents, les frères Andrea et Geremia Ghisi (ou Ghizzi) devinrent maîtres de Tinos et Mykonos, plus des fiefs sur Kéa et Sériphos ; les Pisani prirent Kéa ; Jaccopo Barozzi eut Santorin ; Anafi échut à Leonardo Foscolo[90],[91] ; Pietro Guistianini et Domenico Michieli se partagèrent Sériphos et eurent des fiefs sur Kéa ; les Quirini gouvernèrent Amorgós[92],[91]. Marco Sanudo fonda le duché de Naxos avec les principales îles comme Naxos, Paros, Antiparos, Milos, Siphnos, Kythnos et Syros[90]. Les Ducs de Naxos devinrent vassaux de l'empereur latin de Constantinople en 1210. Dans les Cyclades, Sanudo était le suzerain et les autres seigneurs ses vassaux. Venise ne profitait donc plus directement de cette conquête, même si le duché dépendait nominalement d'elle et qu'il avait été stipulé qu'il ne pouvait être transmis qu'à un Vénitien. Cependant, la République y avait trouvé avantage : l'Archipel avait été débarrassé de ses pirates, mais aussi des Génois, et la route commerciale vers Constantinople était sécurisée[90]. Les habitats redescendirent vers les côtes et y furent fortifiés par les seigneurs latins : Paroikia sur Paros, le port sur Naxos ou Antiparos.
La coutume de la Principauté de Morée : les Assises de Romanie[93], devint rapidement la base de la législation dans les îles[94]. En effet, à partir de 1248, le Duc de Naxos devint le vassal de Guillaume II de Villehardouin et donc à partir de 1278 de Charles Ier de Sicile[85]. Les « Latins », dits aussi « Francs » bien que la plupart fussent Italiens, imposèrent le système féodal occidental sur les îles, jusque-là gouvernées selon le système byzantin des παρουχίες - paroukhies (communautés rurales d'hommes libres, devant l'impôt collectif et le service militaire). Dans le nouveau système, les corvées et une capitation étaient dues au seigneur, et les dettes pouvaient mener au servage, mais il n'y avait plus de service militaire pour les autochtones grecs[91]. Le système féodal fut appliqué même pour les plus petites propriétés, ce qui eut pour effet de créer une importante « élite locale ». Les « nobles francs » reproduisirent la vie seigneuriale qu'ils avaient laissée derrière eux : ils se construisirent des « châteaux » où ils entretinrent une cour. Aux liens de vassalité s'ajoutèrent ceux du mariage. Les fiefs circulèrent et se fragmentèrent au fil des dots et des héritages. Ainsi, en 1350, quinze seigneurs dont onze Michieli se partageaient Kéa (120 km2 et quelques dizaines de familles alors)[91].
Cependant, ce système féodal ne remplaça pas intégralement le système administratif byzantin, conservé par les nouveaux seigneurs pour les taxes et corvées féodales, appliquées aux divisions administratives grecques ; de plus l'exploitation des fiefs continuait selon les techniques byzantines, notamment pour la gestion et le partage de l'eau[94]. La loi byzantine resta aussi en vigueur pour les mariages et les propriétés de la population locale grecque[85]. Il en était de même pour la religion : si la hiérarchie catholique dominait, la hiérarchie orthodoxe subsistait[94]. La tendance pour les colons « Francs » était à l'intégration dans la population locale, et les deux cultures se mêlèrent, comme on peut le voir dans les motifs des broderies populaires dans les Cyclades : les influences italiennes et vénitiennes y sont très présentes[95]. En outre, il arrivait parfois que, si le curé catholique n'était pas disponible, la messe soit dite par le prêtre orthodoxe[94]
Au XIIIe siècle cet équilibre fut remis en question. La tentative de reconquête de l'Égée par Alexis Philanthropenos pour l'empereur byzantin Michel VIII Paléologue, échoua devant Paros et Naxos[85],[78], mais certaines îles avaient été reconquises et gardées par les Byzantins entre 1263 et 1278[96],[97]. En 1292, Roger de Lauria ravagea Andros, Tinos, Mykonos et Kythnos[96], peut-être une conséquence de la guerre qui faisait rage entre Venise et Gênes[97]. Au début du XIVe siècle, les Catalans firent leur apparition dans les îles, peu avant les Turcs[97]. Le déclin des Seldjoukides laissa en effet le champ libre en Asie mineure à un certain nombre de principautés turkmènes dont les plus proches de la mer lancèrent à partir de 1330 des razzias dans l'archipel, régulièrement pillé. Les habitants capturés furent emmenés en esclavage[97]. Les Cyclades connurent alors un déclin économique et démographique. Même lorsque les Ottomans commencèrent à s'imposer et à unifier l'Anatolie, les expéditions se poursuivirent, jusqu'au milieu du XVe siècle, en partie à cause du conflit entre Venise et les Ottomans[97].
Le duché de Naxos passa temporairement sous protection vénitienne en 1499-1500 et 1511-1517[85]. Vers 1520, les anciens fiefs des Ghisi (Tinos et Mykonos) sont passés sous la domination directe de la république de Venise[97]. Giovanni IV Crispo, qui gouverna le duché de Naxos de 1518 à 1564, entretint une cour fastueuse, dans le style de la Renaissance[98]. Giovanfrancesco Sommaripa, seigneur d'Andros, s'était en revanche fait détester de ses sujets[98].
La période ottomane
[modifier | modifier le code]Conquête turque et administration des îles
[modifier | modifier le code]Khayr ad-Din Barberousse, grand amiral de la flotte ottomane, prit les îles pour les Turcs grâce à deux raids en 1537 et 1538. La dernière à être soumise en 1715 fut Tinos, vénitienne depuis 1390[94]. La conquête des Cyclades posa un problème à la « Sublime Porte » : il ne lui était pas possible, financièrement et militairement, de laisser une garnison dans chaque île[99]. De plus, elle menait la guerre contre la République de Venise, pas contre les autres puissances occidentales. Ainsi, Siphnos appartenait à des Bolonais, les Gozzadini. La Porte n'étant pas en guerre contre Bologne, elle laissa cette famille gouverner l'île[99]. De même, les Sommaripa avaient Andros. Ils arguèrent du fait qu'ils étaient Français, originaires des rives de la Somme (Sommaripa est la forme italianisée de Sommerive), pour passer sous la protection des Capitulations[99]. Ailleurs, il fut plus simple, comme dans les principautés chrétiennes tributaires du Sultan, de laisser en place les familles régnantes moyennant le versement d'un tribut à la « Sublime Porte ». Ainsi les plus grandes Cyclades conservèrent leurs seigneurs « latins » tandis que quatre des plus petites passèrent sous l'administration ottomane directe[94] du « beylerbeylık des Îles » créé à cet effet.
Dans les années 1560, la coalition entre le Pape, les Vénitiens et les Espagnols (la future « Sainte-Ligue » qui triomphera à Lépante) se mettait en place, et les seigneurs latins des Cyclades étaient sollicités et semblaient prêts à s'engager (financièrement et militairement) contre leur suzerain ottoman[98]. Enfin, les pirates barbaresques continuaient aussi de temps à temps à piller les îles. Les insulaires envoyèrent alors une délégation à Constantinople pour plaider qu'ils ne pouvaient servir deux maîtres[98]. Le duché de Naxos, auquel fut ajouté Andros, passa ainsi à Joseph Nasi, proche du Sultan, en 1566. Il ne vint jamais dans « ses » îles, laissant l'administration à un noble d'origine italienne : Coronello[98]. Comme celui-ci en avait la jouissance directe et personnelle, l'administration ottomane n'y fut jamais installée[94]. Contrairement à ce qui advint aux terres chrétiennes conquises par les Ottomans dans les Balkans, en Anatolie, à Chypre et en Grèce continentale, les propriétés foncières ne furent pas touchées, mais laissées, comme dans les principautés danubiennes, à leurs anciens propriétaires féodaux chrétiens qui conservèrent leurs usages et leurs privilèges traditionnels[98].
À la mort de Joseph Nasi, il y eut encore quelques seigneurs chrétiens de Naxos, de plus en plus virtuels, et les îles glissèrent peu à peu sous l'administration ottomane directe. Elles furent concédées au Capitan Pacha (grand amiral de la flotte ottomane), c'est-à-dire que le revenu lui en revenait[98]. Il n'y venait qu'une fois par an pour toucher la somme globale des impôts. Il mouillait alors, avec toute sa flotte, dans la baie Dryo (« sèche ») au sud-est de Paros.
Le Divan ottoman n'envoya que très rarement des officiers et gouverneurs diriger les îles au nom propre du Sultan. Il y eut des tentatives d'installer des cadis (juges musulmans) et des beys (gouverneurs) sur chaque grande île, mais les pirates chrétiens les enlevaient la plupart du temps pour les revendre à Malte, si bien que la Porte dut y renoncer. Les îles ne furent plus gouvernées que de loin. Des magistrats chrétiens, des archontes souvent appelés épitropes, gouvernaient localement. Leur principale attribution était de collecter les impôts[94]. La Porte accorda par un ahdname (« accord ») en 1580 des privilèges aux plus grandes Cyclades (celles de l'ancien domaine de Nasi). En échange d'un tribut annuel qui comprenait la capitation et la protection militaire, les propriétaires terriens chrétiens (catholiques et orthodoxes) conservèrent leurs terres et leur position dominante (ils négociaient les impôts pour la communauté)[94].
Un droit local particulier se mit alors en place, compromis de traditions grecques, de coutumes féodales « franques », de droit canon orthodoxe et d'exigences ottomanes, le tout décliné selon la situation de chaque île. Ce particularisme législatif fit que seules les autorités autochtones pouvaient s'y retrouver. La langue elle-même des documents produits était un mélange d'italien, de grec et de turc[100], à la fois effet et cause de l'absence administrative ottomane directe[101].
Population et économie
[modifier | modifier le code]Les Cyclades avaient beaucoup souffert économiquement et démographiquement des exactions d'abord des pirates turcs et barbaresques, puis plus tard (XVIIe siècle) des pirates chrétiens. Après la défaite de Lépante, Kılıç Ali, nouveau capitan pacha, entama une politique de repeuplement des îles. Par exemple, le pope Pothétos fut autorisé en 1579 à installer des colons d'Amorgós dans l'île presque désertée d'Ios[102]. Kimolos, pillée par des pirates chrétiens en 1638 fut repeuplée par des colons siphniotes en 1646[103]. Des Albanais chrétiens, qui avaient déjà migré vers le Péloponnèse à l'époque du Despotat de Morée ou qui avaient été installés sur Kythnos par les Vénitiens, furent invités par l'Empire ottoman à venir s'installer sur Andros[89]. C'est pourquoi la « pureté ethnique des Cyclades » n'est (comme dans la plupart des îles du monde) qu'un mythe.
Les pillages et exactions des pirates, de quelque origine qu'ils fussent, avaient une autre conséquence : la quarantaine n'étant évidemment pas respectée, des épidémies touchaient les îles. La peste sévit ainsi à Milos en 1687, 1688 et 1689, à chaque fois pendant plus de trois mois. L'épidémie de 1689 fit 700 morts pour une population de 4 000 habitants. La peste fit son retour en 1704, accompagnée de l'anthrax et tua presque tous les enfants de l'île[104].
Contrairement à ce qui advint en Crète et à Chypre, très peu de Turcs s'installèrent dans les Cyclades en raison de l'absence de redistribution des terres à des colons musulmans, du peu d'intérêt de l'Empire ottoman pour la mer et du danger des pirates chrétiens. Seule Naxos accueillit quelques familles turques[105].
Les Cyclades avaient alors des ressources limitées et durant les nombreuses années sèches, dépendaient d'importations pour leur survie alimentaire[106]. Les grandes îles (Naxos et Paros principalement) étaient plus fertiles que les autres grâce à leurs montagnes encore boisées qui retenaient l'eau et grâce à leurs plaines littorales[107]. Le peu qui était produit sur les îles faisait, comme depuis la Préhistoire, l'objet d'un intense commerce qui permettait de mettre les ressources en commun. Le vin assyrtiko de Santorin, le bois de Folégandros, le sel de Milos ou le froment de Sikinos circulaient dans l'archipel, qui produisait aussi de l'huile d'olive, de la laine, des fromages, du miel, du poisson séché, des éponges. Andros élevait des vers à soie et la matière première était filée sur Tinos et Kéa. Ces productions n'étaient pas destinées au marché local : Milos envoyait sa meulière jusqu'en France et les chapeaux de paille de Siphnos (production introduite par les seigneurs francs) partaient aussi en Occident[108]. En 1700, année minimum, le port de Marseille accueillit onze vaisseaux et trente-sept caïques provenant des Cyclades. La cité phocéenne vit ainsi passer cette année-là : 231 000 livres de blé ; 150 000 livres d'huile ; 58 660 livres de soie de Tinos ; 14 400 livres de fromages ; 7 635 livres de laine ; 5 019 livres de riz ; 2 833 livres de peaux d'agneau ; 2 235 livres de coton ; 1 881 livres de cire ; 1 065 livres d'éponges[109].
Les Cyclades étaient aussi le centre de la contrebande du blé de la mer Noire vers l'Occident (jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la mer Noire avec ses riches terres noires était un « lac ottoman », mais dont les rives et les ports étaient peuplées de grecs pontiques). Les années de bonnes récoltes, les bénéfices étaient importants, mais au-delà des années de mauvaises récoltes, cette activité dépendait du bon vouloir des autorités ottomanes qui désiraient soit une plus grosse part, soit faire avancer leur carrière en se faisant remarquer par une lutte contre cette contrebande. Ces fluctuations étaient suffisamment importantes pour que Venise suivît de près les nominations d'« officiers » ottomans dans l'Archipel[110].
L'activité commerciale restait donc importante dans les Cyclades. Une partie de cette activité était, depuis l'Antiquité, liée à la piraterie et à la contrebande. Des commerçants s'étaient spécialisés dans l'achat du butin et dans la fourniture d'approvisionnements. D'autres avaient développé une économie de services destinée aux pirates : voileries, carénages, cordonneries, forges, tavernes et prostituées. Les îles où ils hivernaient, comme Milos, Mykonos et surtout Kimolos, ne vivaient à la fin du XVIIe siècle que de leur présence[111]. Kimolos devait son nom occidental d'Argentière autant à ses mines d'argent qu'aux sommes dépensées par les pirates. Cette situation amena une différenciation entre d'un côté les îles « dépravées » (ces trois îles principalement), et de l'autre côté les îles « vertueuses » sur lesquelles veillaient des monastères orthodoxes, avec en tête la très pieuse Sifnos où s'ouvrit en 1687 l'école du Saint-Sépulcre, surnommée l'Université des Cyclades[104]. Joseph Pitton de Tournefort visitant les Cyclades en 1701, recensa les monastères orthodoxes : treize sur Milos, six sur Siphnos, au moins un à Sériphos, seize sur Paros, au moins sept à Naxos, un à Amorgós, quelques-uns à Mykonos, cinq à Kéa, au moins trois à Andros (pour les autres îles, les renseignements manquent)[112]. Trois remontaient à la période byzantine : la Panaghia Chozoviotissa sur Amorgós (XIe siècle), la Panaghia Panachrantos sur Andros (Xe siècle)[N 9] et le Prophitis Elias (1154[113]) sur Siphnos : tous les autres sont dus à la vague de reconquête orthodoxe sous protection ottomane[101]. Les autres monastères, fondés lors de la période ottomane, sont des fondations privées par des particuliers sur des terres leur appartenant.
Au cours des guerres opposant la République de Venise et l'Empire ottoman pour la possession de Candie, les Vénitiens menèrent une grande contre-attaque en 1656 qui leur permit de bloquer efficacement les Dardanelles. La flotte ottomane ne put alors protéger les Cyclades qui furent mises en coupe réglée par les Vénitiens pendant une dizaine d'années. Le proverbe cycladique « mieux vaut se faire massacrer par le Turc qu'être donné en pâture au Vénitien » daterait de ces exactions. Lorsque la flotte ottomane réussit à briser le blocus vénitien, la flotte de Venise en repli ravagea les îles, brûlant des forêts et des oliveraies et volant tout le bétail[114]. L'économie cycladique mit du temps à s'en relever.
Les Cyclades : enjeu entre orthodoxes et catholiques
[modifier | modifier le code]Le Sultan, comme partout ailleurs dans ses territoires (à l'exception de la Hongrie ottomane), favorisa l'église orthodoxe dont il pouvait contrôler l'instance dirigeante sise à Constantinople et dont relevaient la plupart de ses sujets chrétiens, plutôt que l'église catholique dont le dirigeant se trouvait à Rome, hors de l’Empire, et dont les fidèles étaient à la fois minoritaires et protégés par des « Capitulations » signés par la « Sublime Porte » à l'issue des gierres perdues contre l'Occident[99],[115]. À Constantinople, le patriarche orthodoxe devait répondre de la fidélité des Grecs, des Bulgares et des Serbes au Sultan : en échange il lui était laissé de larges pouvoirs sur la communauté orthodoxe ainsi que les propriétés et les franchises qu’il avait déjà sous l’Empire byzantin[116]. Dans les Cyclades et les autres îles égéennes, comme à Chypre, le catholicisme était la religion de l'ennemi vénitien : l'orthodoxie profita de cette situation pour reconquérir le terrain perdu pendant l'occupation « latine »[101].
Dans le reste de l'Empire, la mise en valeur des terres était souvent confiée aux ordres religieux et aux fondations religieuses musulmanes. Comme ces derniers étaient quasi-absents des Cyclades, Naxos exceptée, ce furent les monastères orthodoxes qui eurent cette fonction[101]. Peu-à-peu, les grandes familles catholiques passèrent à l'orthodoxie, mais cela ne suffit pas à expliquer la multiplication et la prospérité des monastères sous la domination ottomane. L'émergence d'une nouvelle élite grecque orthodoxe après la conquête ottomane des Cyclades vient surtout de la possibilité d'y acquérir des biens fonciers. Leur richesse se renforça ensuite avec les bénéfices des entreprises commerciales et navales[117]. Au début du XVIIe siècle, la reconquête orthodoxe était presque totale et provoqua une « contre-attaque » catholique[117] : des missionnaires catholiques envisagèrent par exemple le déclenchement d'une croisade. Le supérieur des Jésuites à Naxos, Robert Saulger, était un ami personnel de François d'Aix de La Chaise, confesseur de Louis XIV : il usa de cette influence pour pousser le souverain français à la croisade, en vain[94].
Les Cyclades comptaient six évêchés catholiques : Santorin, Syros, Naxos, Tinos, Andros et Milos. Ils faisaient partie de la politique de présence catholique, car le faible nombre de paroissiens ne justifiait pas autant d'évêques : au milieu du XVIIe siècle l'évêché d'Andros regroupait cinquante catholiques, celui de Milos, treize[118]. L'Église catholique se montra en effet très active dans les îles au XVIIe siècle, profitant du fait qu'elle était sous la protection des Ambassadeurs de France et de Venise à Constantinople, ainsi que des guerres entre Venise et l'Empire ottoman qui affaiblirent la position des Turcs et des orthodoxes dans l'archipel. La Congrégation pour la propagation de la foi, les évêques catholiques et les missionnaires jésuites et capucins tentèrent de gagner les populations grecques orthodoxes à la foi catholique et d'imposer le rite tridentin[94].
Les capucins, membres de la Mission de Paris, donc sous protection de Louis XIV de France, voyaient là un moyen d'affirmer son prestige de Roi Très Chrétien, mais aussi de placer des jalons commerciaux et diplomatiques[117]. Des établissements capucins furent fondés à Syros en 1627, Andros en 1638 (ils en furent chassés par les Vénitiens en 1645 et firent leur retour en 1700), à Naxos en 1652, à Milos en 1661 et à Paros, d'abord à Naoussa au nord en 1675, puis à Paroikia en 1680[118]. Les Jésuites étaient plutôt l'instrument de l'Église catholique romaine, même s'ils disposaient aussi de la protection française et étaient souvent d'origine française[118]. Un monastère jésuite fut fondé à Naxos en 1627, en partie grâce à un financement par des marchands de Rouen[119]. Ils s'installèrent à Santorin (1642) et à Tinos (1670). Il y eut aussi une mission franciscaine fondée au XVIe siècle à Naxos et un couvent de dominicaines fondé à Santorin en 1595[118].
Parmi les activités de prosélytisme, les Jésuites montaient des pièces de théâtre, dans lesquelles jouaient des pères jésuites et des membres de la bonne société catholique de l'île. Ces pièces furent données à Naxos, mais aussi à Paros ou Santorin pendant plus d'un siècle. Les thèmes étaient religieux et en rapport avec la culture locale[119] : « pour gaigner (sic) plus facilement le cœur des Grecs et pour ce on a représenté telle action tout en leur langue vulgaire et au mesme jour que les Grecs célèbrent la fest de S. Chrisostome[120]. »
Malgré ces efforts, au XVIIIe siècle la plupart des missions catholiques avaient disparu sans atteindre leurs objectifs, hormis à Syros, qui conserve encore de nos jours une forte communauté catholique. À Santorin, ils réussirent juste à maintenir les effectifs de la communauté catholique. À Naxos, malgré une diminution du nombre de fidèles, un petit noyau catholique subsista. Bien entendu, Tinos, vénitienne jusqu'en 1715, resta un cas à part, avec une importante communauté catholique[118],[N 10]. Là où elles existaient, les communautés catholiques vivaient à part, séparées des orthodoxes : villages entièrement catholiques sur Naxos ou quartier au centre du village principal de l'île. Ainsi, elles disposaient d'une certaine autonomie administrative elles aussi, puisqu'elles traitaient directement avec les autorités ottomanes, sans passer par les représentants orthodoxes de l'île. Cette situation créait des tensions : en 1800 et 1801, des notables catholiques naxiotes furent attaqués par une partie de la population orthodoxe, menée par Markos Politis[115].
La piraterie catholique
[modifier | modifier le code]Lorsque l'Afrique du nord fut définitivement intégrée à l'Empire ottoman, et surtout lorsque les Cyclades passèrent au Capitan-Pacha, il ne fut plus question pour les pirates barbaresques d'y continuer leurs razzias. Ils agirent alors en Méditerranée occidentale, vivant principalement de la traite orientale. À l'inverse, les chrétiens avaient été chassés de l'Égée, après les défaites vénitiennes : ils prirent alors le relais des pirates musulmans dans l'Archipel[121].
Leur principal objectif était la route commerciale entre l'Égypte, son blé et ses impôts (le tribut des Mamelouks), et Constantinople[121]. Les pirates hivernaient sur Paros, Antiparos, Ios ou Milos (décembre-mars). Profitant de la faiblesse en moyens des garde-côtes ottomans et de la corruption de la hiérarchie du pachalik de l'Archipel, ils s'installaient au printemps dans les parages de Samos puis au début de l'été dans les eaux chypriotes et à la fin de l'été sur les côtes de Syrie. Si à Samos et Chypre, ils attaquaient les navires, en Syrie, ils descendaient à terre et enlevaient de riches musulmans qu'ils libéraient contre rançon. Ces activités rapportaient le plus. Ils revenaient ensuite dépenser leur butin dans les Cyclades[121].
Les pirates les plus célèbres furent les deux frères Téméricourt, originaires du Vexin. Le cadet, Téméricourt-Beninville était chevalier de Malte. Au printemps 1668, ils pénétrèrent, avec quatre frégates dans la rade d'Ios. Lorsque la flotte ottomane, qui faisait voile vers la Crète dans le cadre de la guerre contre Venise, tenta de les en déloger le 2 mai, ils la repoussèrent en lui causant d'importants dégâts et firent ainsi leur réputation[121]. Hugues Creveliers, surnommé « l'Hercule des mers » commença sa carrière un peu plus tôt, avec l'aide des chevaliers de Malte. Il fit rapidement fortune et organisa la piraterie catholique dans les Cyclades. Il avait sous ses ordres directs entre une douzaine et une quinzaine de navires et avait accordé son pavillon à une vingtaine d'armateurs qui disposaient de sa protection et lui reversaient une partie de leurs revenus. Il mit les îles en coupe réglée[122].
Leur carrière s'achevait assez brusquement : Téméricourt-Beninville fut décapité à vingt-deux ans en 1673 lors des fêtes pour la circoncision d'un des fils du Sultan ; Creveliers sauta avec son navire en baie d'Astypalée en 1678[121].
Ces pirates se considéraient comme des corsaires, mais leur situation était plus ambiguë. D'origine livournaise, corse ou française, ils étaient en grande majorité catholiques et agissaient sous la protection plus ou moins officieuse soit d'ordre religieux comme les chevaliers de Malte ou l'Ordre de Saint-Étienne de Livourne, soit de puissances occidentales qui cherchaient à se maintenir ou à s'implanter dans la région : Venise, la France, la Toscane, la Savoie ou Gênes. Ils étaient donc « presque » des corsaires, mais pouvaient être désavoués à tout moment par leurs protecteurs secrets : ils redevenaient alors des pirates[121]. Ainsi, après avoir capitulé en Crète, Venise dut accepter par traité de lutter contre la piraterie catholique en Égée.
Jean Chardin raconte ainsi l'arrivée à Mykonos de deux navires vénitiens en 1672 :
« Ils y entrèrent de nuit. L'amiral, en jetant l'ancre, tira des fusées. […] C'était pour avertir les corsaires chrétiens qui pourraient être au port de se retirer avant le jour. Il y en avait alors deux. Ils firent voile le lendemain matin […]. La République s'était engagée auprès du Grand Seigneur dans le Traité de Candie de chasser les corsaires chrétiens, […] elle usait de ce ménagement afin de satisfaire la Porte sans agir pour autant contre les corsaires[123]. »
Le chevalier Laurent d'Arvieux rapporte lui aussi l'attitude ambiguë de la France vis-à-vis de Téméricourt-Beninville, dont il fut témoin en 1671. Cette attitude, qu'eut aussi le marquis de Nointel, ambassadeur de France à Constantinople quelques années plus tard, était un moyen de pression « para-diplomatique » lorsqu'il s'agissait de renégocier les capitulations[121]. De même, le marquis de Fleury, considéré comme un pirate, vint s'installer dans les Cyclades avec le financement de la Chambre de Commerce de Marseille à un moment où se négociait le renouvellement des capitulations. Certains de ces commerçants occidentaux (faillis en fuite surtout) se mettaient aussi au service des pirates dans leurs îles de prédilection, leur achetant le butin et leur fournissant équipement et ravitaillement[121].
Des liens étroits existaient entre la piraterie catholique et les missions catholiques. Les capucins de Paros protégèrent Creveliers et firent dire des messes pour le repos de son âme. Ils reçurent aussi de nombreuses riches aumônes de pirates corses comme Anghjelu-Maria Vitali ou Ghjuan Demarchi, qui leur donna 3 000 piastres pour construire leur église[121]. Les pirates protégeaient les missions contre les exactions ottomanes et les progrès de l'Église orthodoxe. Les moines fournissaient approvisionnement et parfois asile[121].
La présence de ces pirates-corsaires catholiques dans les Cyclades à la fin du XVIIe siècle ne devait donc rien au hasard et participait d'un mouvement plus vaste de tentative de retour des Occidentaux dans l'Archipel. Au début du XVIIIe siècle, la piraterie dans les Cyclades évolua : la défaite définitive de Venise en Crète diminua l'intérêt de la « Sérénissime » pour la région et donc ses interventions. Louis XIV changea aussi d'attitude[N 11]. Les corsaires occidentaux disparurent peu à peu et furent remplacés par des autochtones qui se livraient autant à la piraterie qu'à la contrebande ou au commerce. Les grandes fortunes d'armateurs se mirent alors doucement en place[124].
Déclin de l'Empire ottoman
[modifier | modifier le code]Dans les Cyclades, les avantages d'une domination ottomane et musulmane plutôt que latine ou franque et catholique furent codifiés par l’ahdname de 1580 qui accordait aux Grecs orthodoxes une plus grande liberté administrative, fiscale et religieuse : ils pouvaient construire et réparer leurs églises y compris sur les hauteurs et avaient le droit de faire sonner les cloches, privilège dont ne disposaient pas les autres terres grecques sous domination ottomane[125].
Du point de vue laïc, les idées des Lumières atteignaient les Cyclades par l'intermédiaire des armateurs, marins et commerçants qui entraient en contact avec les idées humanistes lors de leurs voyages. Certains d'entre eux envoyaient aussi parfois leurs fils faire leurs études dans les universités européennes[126] ; d'autres avaient des précepteurs italiens, français ou britanniques et tout cela contribua à l'émergence de la « Société des Amis » dont les statuts visaient à unir tous les chrétiens des Balkans, sous l'égide de l'hellénisme, contre l'absolutisme ottoman[127]. Du point de vue religieux, des légendes populaires couraient aux XVIIe et XVIIIe siècles à propos de la libération des Grecs et de la reconquête de Constantinople avec l'aide de la « Sainte Russie ». Ces légendes faisaient intervenir Dieu, ses « Saints guerriers » et le dernier Empereur, Constantin XI Paléologue, qui se réveillerait et quitterait la caverne où les anges l'avaient transporté et transformé en marbre. Ils mèneraient les combattants grecs jusqu'à Sainte-Sophie qui redeviendrait une église. Ils seraient aidés dans ce combat par un xanthos genos, un « peuple blond »[128] que les Grecs identifièrent aux Russes, seuls Orthodoxes à n'être ni soumis ni tributaires des Turcs. De son côté, la Russie qui cherchait un débouché sur la Méditerranée, affrontant pour cela l'Empire ottoman pour atteindre d'abord la mer Noire. Elle sut encourager ces légendes grecques. Ainsi, Catherine II avait prénommé son fils, qui devait lui succéder, Constantin[128].
Les Cyclades participèrent à divers soulèvements importants, comme en 1770-1774, lors de la révolution d'Orloff qui amena un bref passage des Russes de Catherine II dans les îles. Les opérations eurent principalement lieu dans le Péloponnèse : des combattants originaires des Cyclades quittèrent leurs îles pour aller y participer[129]. En 1770, la flotte russe poursuivit la flotte ottomane à travers l'Égée et lui infligea la défaite d'Erythrai. Puis, elle alla hiverner dans la baie de Naoussa, au nord de Paros. Mais, touchés par une épidémie, les Russes se retirèrent de Grèce en 1771[130]. Cette guerre s'acheva par traité de Koutchouk-Kaïnardji (1774) qui donna aux Russes un accès direct à la mer Noire[131]. Durant leur campagne en mer Égée, les Russes, « en 1774, s'emparèrent des îles de l'Archipel, qu'ils occupèrent en partie pendant quatre ou cinq ans[132] » ; Myconos aurait accueilli les Russes de 1770 à 1774[133] ; les navires russes seraient restés à Naoussa (Paros) jusqu'en 1777[134].
Un nouveau conflit russo-turc (1787-1792) vit encore des opérations dans les Cyclades, pendant lesquelles Lambros Katsonis, officier grec de la marine russe, opéra avec une flottille gréco-russe depuis l'île de Kéa, d'où il attaquait les navires ottomans[135]. Une flotte turco-algérienne finit par le défaire le (calendrier julien) au large d'Andros. Katsonis réussit à s'enfuir avec seulement deux navires vers Milos. Il avait perdu 565 hommes, les Turcs plus de 3 000[136]. Cependant, les Grecs n'avaient pas tout perdu car le conflit se termina par le traité de Jassy qui donna aux Russes un accès direct aux principautés danubiennes, tributaires du Sultan mais chrétiennes orthodoxes et gouvernées par des princes grecs[137]. Cela permit aux îles de développer leur commerce sous pavillon russe. De plus, les exactions vengeresses des Ottomans épargnèrent relativement les îles.
Les Cyclades dans la Grèce des XIXe et XXe siècles
[modifier | modifier le code]Les Cyclades dans la guerre d'indépendance
[modifier | modifier le code]Le Traité de Kutchuk-Kaïnardji en 1774 fit la prospérité des îles grecques en général, bien au-delà des seules îles d'armateurs célèbres (Hydra ou Spetses par exemple). Ainsi, Andros en profita en mettant en place elle aussi une flotte marchande[89]. Cette prospérité eut deux conséquences contradictoires liées aussi à l'absentéisme administratif des Ottomans dans les Cyclades. D'un côté, le « gouvernement » turc ne semblait pas si insupportable que cela. D'un autre côté, partager les fruits de cette prospérité avec le Turc, plutôt que de tout conserver pour soi dans un État indépendant, devenait de moins en moins acceptable[132].
Pour les catholiques de l'archipel, la situation était assez similaire. Au début de la guerre d'indépendance, les Cyclades comptaient autour de 16 000 catholiques (sur Naxos, Syros, Tinos et Santorin surtout)[138]. La domination ottomane lointaine n'était pas insupportable, mais, les Ottomans étaient considérés comme les ennemis de la Chrétienté en général. Si la révolution échouait, les représailles turques seraient cruelles, comme après le passage des Russes dans les années 1770. Enfin, si la révolution réussissait, la perspective de vivre dans un État orthodoxe où ils perdraient leurs privilèges, n'enchantait pas les catholiques insulaires. D'ailleurs, dans les îles « libérées » de l'Empire ottoman, les Commissaires grecs mis en place exigèrent des catholiques qu'ils leur versent à l'État grec les impôts jusque-là payés aux Turcs[115]. Les catholiques ne participèrent plus au conflit après que le Pape eut déclaré sa neutralité[138], que l'Autriche de Metternich l'obligea à maintenir malgré l'ambassade de Germanos[115].
L'insurrection nationale se déclencha en mars 1821, avec le mythique appel du métropolite de Patras, Germanos. Des capétans (commandants, chefs de guerre) déclenchèrent l'insurrection à travers la Grèce, principalement dans le Péloponnèse et en Épire.
Cette ambivalence explique les différences d'attitude dans l'Archipel au moment de la guerre d'indépendance. Cette situation fut aggravée par les conséquences de la guerre : renouveau de la piraterie sous prétexte patriotique, « impôt révolutionnaire » exigé par les chefs de guerre, disparition des institutions locales, règlement de vieux contentieux en profitant de l'anarchie sous la forme de soulèvements sociaux : pauvres contre riches ; ou religieux : Grecs contre Latins[132]. Le drapeau français flotta sur les églises catholiques de Naxos tout au long du conflit. Elles furent ainsi protégées du ressentiment des orthodoxes qui appelaient les catholiques des Turcolâtres[115].
Les Cyclades participèrent donc de façon « sporadique » au conflit. Comme Hydra ou Spetses, Andros[89], Tinos[139] ou Anaphi[140] mirent leur flotte au service de la cause nationale. Mado Mavrogenis, fille de Phanariote, engagea sa fortune pour armer des navires, et poussa l'île de Mykonos à engager sa flotte, apportant ainsi vingt-deux navires et cent trente-deux canons à l’« amiral » Emmanuel Tombazis[141]. Les Grecs orthodoxes de Naxos réunirent une troupe de huit cents hommes qui combattit les Ottomans[142]. Paros envoya dans le Péloponnèse un contingent qui se distingua au siège de Tripolitza mené par Theódoros Kolokotrónis[143].
Les vicissitudes du conflit sur le continent eurent des répercussions dans les Cyclades. Les massacres de Chios en 1822 ou ceux de Psará (juillet 1824 par les troupes d'Ibrahim Pacha) entraînèrent un afflux de population dans les Cyclades. Les survivants s'y réfugièrent en effet[144]. Lorsqu'en 1825, Ibrahim Pacha débarqua avec ses troupes égyptiennes dans le Péloponnèse, un grand nombre de réfugiés afflua sur Syros. La composition religieuse de l'île, et son organisation urbaine en furent totalement transformées. L'île, catholique, devint de plus en plus orthodoxe. Les orthodoxes s'installèrent au bord de la mer dans ce qui allait devenir plus tard le très industrieux port d'Ermoúpoli, alors que les catholiques restèrent sur les hauteurs de la ville médiévale[115]. Milos fut occupée dès le début de l'insurrection par les Russes et les Français qui désiraient surveiller ce qui se passait dans le Péloponnèse[145].
À l'issue de la guerre d'indépendance, les Cyclades furent rattachées au jeune royaume grec d'Othon en 1832. Cependant, leur attribution à la Grèce n'alla pas de soi. Si l'Empire ottoman ne souhaitait pas les conserver (elles ne lui avaient jamais beaucoup rapporté), la France se montra très intéressée par leur acquisition au nom de la protection des Catholiques[145].
Économie et société
[modifier | modifier le code]Une prospérité contrastée au XIXe siècle
[modifier | modifier le code]Les carrières de marbre sur Paros, abandonnées depuis plusieurs siècles furent remises en activité en 1844, à la suite d'une commande bien spécifique : celle du tombeau de Napoléon aux Invalides[N 12]. Une « Société des Marbres de Paros » fut ensuite créée en 1878.
Syros joua un rôle fondamental dans le commerce, les transports et l'économie grecs de la seconde moitié du XIXe siècle. L'île disposait d'un certain nombre d'avantages à la fin de la guerre d'indépendance. Elle avait été protégée par la relative neutralité des Cyclades et par les Français qui avaient pris sous leur aile les Catholiques de Syros (et donc l'île en général). Elle n'avait plus non plus de concurrentes : les îles d'armateurs comme Hydra et Spetses s'étaient tellement impliquées dans le conflit qu'elles s'étaient ruinées[146] Ermoupolis fut longtemps le plus grand port de Grèce, et la seconde ville du pays (Thessalonique était encore dans l'Empire ottoman. Elle fut aussi un grand centre industriel[144]. Dès 1872, les premières machines à vapeur faisaient leur apparition en Grèce : au Pirée et à Ermoupolis, il en fut de même pour les usines à gaz[147]. Ce fut aussi à Ermoupolis qu'éclata la première grève dans l'histoire sociale de la Grèce : 400 ouvriers des tanneries et des chantiers navals cessèrent le travail en 1879, réclamant des hausses de salaire[148]
Lorsque le canal de Corinthe fut inauguré (en 1893), Syros, et les Cyclades en général commencèrent à péricliter. L'avènement de la marine à vapeur les rendit encore moins indispensable en tant qu'étape maritime. Le chemin de fer, vecteur de la révolution industrielle, ne pouvant par essence les atteindre, leur porta lui aussi un coup fatal[144]. Il en fut de même avec la victoire de l'automobile et du transport routier au XXe siècle. La maladie qui décima les vers à soie au XIXe siècle porta aussi un coup très dur à l'économie d'Andros et de sa voisine Tinos[89].
Cependant, dès cette période, certaines îles connurent un exode rural important. Les habitants d'Anaphi partirent si nombreux vers Athènes dès le règne d'Othon que le quartier qu'ils construisirent, dans leur architecture traditionnelle, au pied de l'Acropole porte encore le nom d'Anaphiôtika[149].
Les mouvements de population
[modifier | modifier le code]Les vicissitudes de la Grande Idée au XIXe siècle continuèrent à faire évoluer la composition ethnique et sociale des îles. L'échec de l'insurrection crétoise de 1866-1867 amena de nombreux réfugiés sur Milos, qui s'installèrent, comme les Péloponnésiens à Syros quelques années plus tôt, au bord de la mer et y créèrent, au pied du vieux village médiéval des seigneurs francs, le nouveau port, celui d'Adamas[144].
Les recensements de 1889 et 1896 montrent l'évolution de la population dans les Cyclades. La population totale augmenta de 2,4 % passant de 131 500 à 134 750. Cette croissance était la plus faible de Grèce (+11 % en moyenne, +21 % pour l'Attique). Dans le même temps, la ville d'Ermoupolis perdait 8 000 habitants (-27 %), passant de plus de 30 000 à 22 000 habitants. Elle subissait déjà le contrecoup de l'ouverture du canal de Corinthe et de la croissance du Pirée[150].
En 1922, après la défaite grecque en Asie mineure et surtout la prise, les massacres et l'incendie à Smyrne, la population grecque de la région s'enfuit avec des embarcations de fortune. Une bonne partie trouva d'abord refuge dans les Cyclades, avant d'être dirigée vers la Macédoine et la Thrace[151]. Les îles ressentirent donc elles aussi, même si dans une moindre mesure, les conséquences de la « Grande Catastrophe ».
Les années 1950 furent une période de grands changements en Grèce. La population urbaine passa de 37 % à 56 % entre 1951 et 1961, avec Athènes qui absorba 62 % de la croissance urbaine totale. De 1956 à 1961, 220 000 personnes quittèrent les campagnes pour Athènes tandis que 600 000 autres migraient à l'étranger[152]. Dans la période 1951-1962, 417 Pariotes quittèrent leur île pour Athènes à cause des conditions de vie qu'ils y considéraient comme déplorables et dans l'espoir de trouver du travail à Athènes[153].
Les transformations économiques (hors tourisme) du XXe siècle
[modifier | modifier le code]Au milieu des années 1930, la densité de population dans les Cyclades se situait entre 40 et 50 hab./km2, soit au niveau de la moyenne nationale (47 hab./km2)[154].
Dans un article synthétique sur l'économie de la Grèce au milieu des années 1930, un économiste américain citait très peu les Cyclades. Pour l'agriculture, il relevait la production viticole de Santorin. Il ne les évoquait pas concernant l'industrie de la pêche. Son chapitre consacré à l'industrie citait des ateliers de vannerie à Santorin et pour Syros une activité de vannerie et de tannerie. Les Cyclades apparaissaient par contre pour les ressources minérales. L'émeri de Naxos, toujours exploité depuis la Préhistoire, était exploité principalement en vue de l'exportation. Siphnos, Sérifos, Kythnos et Milos fournissaient du minerai de fer. Santorin fournit de la pozzolana (ciment volcanique) ; Milos du soufre ; et Antiparos et Siphnos, du zinc sous forme de calamine. Syros restait encore un des ports d'exportation du pays[154].
On trouve en effet d'importants dépôts de bauxite dans les couches calcaires du sous-sol des îles, principalement Amorgós, Naxos, Milos, Kimolos et Sériphos. Les ressources d'Amorgós étaient déjà exploitées en 1940. En 1946, les réserves grecques étaient estimées à 60 millions de tonnes[155]. L'épuisement du minerai de fer sur Kythnos fut une des causes de l'immigration importante à partir des années 1950[156]. Andros fut une des rares îles d'armateurs à avoir réussi à prendre le tournant de la vapeur (fortune des Goulandris par exemple) et jusqu'aux années 1960-1970, elle fournit de nombreux marins à la flotte grecque[89].
De nos jours, un certain nombre de ressources naturelles offrent aux Cyclades une autre activité que le tourisme. L'agriculture est encore sur certaines îles une activité prépondérante, voire tellement développée que l'île pourrait se passer de la présence des touristes (c'est le cas à Naxos). Les Cyclades produisent mais surtout exportent du vin (Andros, Tinos, Mykonos, Paros, Naxos, Sikinos et Santorin), des figues (Syros, Andros, Tinos, Mykonos, Naxos et Sikinos), de l'huile d'olive
s (Syros, Siphnos, Naxos et Ios), des agrumes (Andros, Siphnos et Naxos), des légumes (Syros, Tinos, Siphnos, Ios et Santorin) dont la célèbre pomme de terre de Naxos. Moutons, chèvres et quelques vaches sont élevés (Siphnos, Paros et Naxos). Les ressources minières sont elles aussi présentes : le marbre (Paros, Tinos et Naxos) et la poussière de marbre pour le ciment (Paros), l'émeri de Naxos, le manganèse de Mykonos, le fer de Sériphos mais aussi la bauxite. Milos est parsemée d'immenses mines à ciel ouvert : soufre, alun, baryum, perlite, kaolin, bensonite et toujours obsidienne. Syros dispose encore de chantiers navals, d'industries métallurgiques et de tanneries[157].
La Seconde Guerre mondiale : famine et combats
[modifier | modifier le code]L'attaque italienne contre la Grèce avait été précédée du torpillage du croiseur Elli, un navire symbolique pour la Grèce[158], en baie de Tinos, le [159]. L'attaque allemande d'avril 1941 entraîna la défaite totale et l'occupation de la Grèce dès la fin de ce mois. Cependant, les Cyclades furent occupées tardivement et plus par les troupes italiennes que par les troupes allemandes. Les premières troupes d'occupation firent leur apparition le : Syros, Andros, Tinos et Kythnos sont occupées par des Italiens et des Allemands s'emparèrent de Milos[160]. Cela permit aux îles de servir d'étape aux personnalités politiques allant se réfugier en Égypte pour continuer la lutte. Georges Papandréou et Constantin Karamanlís s'arrêtèrent ainsi sur Tinos avant de rejoindre Alexandrie[161].
À la suite de la reddition italienne, l'OKW donna l'ordre le aux commandants des unités du secteur de la Méditerranée de neutraliser, par la force si nécessaire, les unités italiennes. Le , Hitler ordonna d'occuper toutes les îles de l'Égée contrôlées par les Italiens[162]. En parallèle, l'objectif de Churchill en Méditerranée orientale était alors de s'emparer du Dodécanèse afin de faire pression sur la Turquie, neutre, pour la faire basculer dans le camp allié. Des troupes britanniques prirent alors petit à petit le contrôle de cet archipel. La contre-attaque allemande fut fulgurante. Le général Müller partit de Grèce continentale le et progressa d'île en île en les occupant pour atteindre Leros le et repousser les Britanniques[163]. Les Cyclades furent alors occupées définitivement par les troupes allemandes.
Comme le reste du pays, les Cyclades eurent à souffrir de la famine organisée par l'occupant allemand. De plus, dans les îles, les caïques n'avaient plus l'autorisation de sortir pêcher[164]. Ainsi, sur Tinos, on considère que 327 personnes dans la ville de Tinos et autour de 900 dans la région de Panormos moururent de faim lors du conflit[161]. Naxos avant le conflit dépendait d'Athènes pour le tiers de son approvisionnement, acheminé par six caïques. Pendant la guerre, comme on mourait de faim dans la capitale, l'île ne pouvait plus compter sur cet apport et quatre de ses navires avaient été coulés par les Allemands[164]. Sur Syros, le nombre de morts passa de 435 en 1939 à 2 290 en 1942, et le déficit des naissances se fit aussi sentir : 52 naissances en excédent en 1939, 964 morts en excédent en 1942[164].
La résistance s'organisa par île, mais leur isolation géographique ne permit pas le développement d'une lutte armée. Pendant le printemps et l'été 1944, les îles virent se dérouler des combats entre les garnisons allemandes et le « bataillon sacré » (une unité de forces spéciales grecques) et des commandos britanniques. Ainsi le sur Paros, le bataillon sacré attaqua l'aérodrome construit sur l'île par les Allemands et s'en empara, ainsi que de son commandant ; à Naxos, il attaqua la garnison allemande le , puis le où il réussit à libérer l'île le ; à Mykonos, un groupe de vingt-cinq hommes attaqua un dépôt de munitions, tuant six soldats allemands et obligeant finalement les Allemands à évacuer l'île le . Si presque toute la Grèce était évacuée en septembre 1944, quelques garnisons restèrent, comme à Milos, où elle ne se rendit au bataillon sacré que le [165].
Un lieu d'exil à nouveau
[modifier | modifier le code]Les Cyclades, Gyaros la première mais aussi Amorgós ou Anafi, retrouvèrent lors des diverses dictatures du XXe siècle leur rôle ancien de lieu d'exil. Dès 1918 et l'Ethnikos Dikhasmos, des royalistes avaient été déportés[166]. Le gouvernement dictatorial de Pangalos en 1926 avait exilé des communistes[166].
Durant la dictature de Metaxás (1936-1940), plus de 1 000 personnes (membres du KKE, syndicalistes, socialistes ou opposants en général) furent déportés dans les Cyclades. Dans certaines îles, les déportés étaient plus nombreux que la population locale. Ils venaient principalement des régions de production de tabac du nord de la Grèce et étaient issus de toutes les classes de la société : ouvriers, enseignants, médecins, etc.[166]. L'exil sur les îles était la solution la plus simple. Elle évitait de surcharger les prisons sur le continent et les îles permettaient un contrôle plus aisé des prisonniers : les communications avec l'extérieur étaient par essence limitées[166]. À la différence des prisons, où les détenus étaient logés et nourris, les déportés sur les îles devaient par eux-mêmes se procurer abri, nourriture, matériel de cuisine, etc., ce qui revenait moins cher au gouvernement. Certaines Cyclades ayant été en partie dépeuplées par l'exode rural depuis le milieu du XIXe siècle, des maisons vides étaient ainsi à la disposition des déportés, qui devaient les louer. Les exilés pauvres recevaient du gouvernement une allocation de 10 drachmes (un quart du salaire d'un ouvrier agricole) par jour pour se loger et se nourrir ; les exilés dits « prospères » ne recevaient rien[166].
Aussi, les exilés durent-ils mettre en place une forme d'organisation sociale, afin de survivre. Cette organisation était parfaitement en place lorsque les Italiens ou les Allemands prirent le relais des policiers grecs lors de la Seconde Guerre mondiale[166]. Les prisonniers politiques eurent ainsi la possibilité d'appliquer les principes qu'ils défendaient politiquement. Des « communes » furent mises en place, dirigées par un « comité exécutif » qui comprenait entre autres un trésorier, un économe et un secrétaire chargé d'organiser les débats et les groupes d'étude. Les communes avaient un règlement très strict concernant les relations entre les membres de la commune et les insulaires, avec qui ils avaient continuellement des contacts pour le paiement des loyers (des maisons, puis pendant la guerre des terres où les exilés cultivaient ou faisaient paître leurs troupeaux) ou l'achat de nourriture. Les travaux se faisaient en commun. Les diverses tâches ménagères étaient partagées et effectuées par chacun à son tour. Les communes interdisaient à leurs membres, en très grande majorité des hommes, toute relation sexuelle avec les femmes des îles, afin de maintenir une bonne entente et peut-être ainsi gagner les insulaires aux idées politiques des déportés. De même, les médecins exilés ne s'occupaient pas que des membres de leur commune, mais aussi des autochtones[166]. Le principal effet que la présence des exilés eut sur la population locale fut de faire découvrir aux insulaires comment les différents gouvernements considéraient leur île : comme un lieu désert et inhospitalier où nul n'habiterait de son plein gré[166]. Certains insulaires plaisantaient, disant qu'ils pouvaient avoir les opinions politiques qu'ils voulaient, puisque le gouvernement n'avait aucun endroit où les déporter, eux[166].
En 1968, 5 400 opposants furent déportés sur Gyaros, en face d'Andros[167]. Le refus des gouvernements dans les années 1950 et 1960 d'améliorer les infrastructures portuaires et routières sur certaines petites îles des Cyclades fut interprété par les habitants comme une volonté étatique de se conserver des lieux d'exil encore suffisamment coupés du monde, ce qui ne joua pas en faveur d'Athènes dans l'esprit des insulaires[166]. Ainsi, Amorgós ne fut électrifiée que dans les années 1980 et la route reliant les deux principaux villages ne fut asphaltée qu'en 1991[168]. Cette situation retarda le développement touristique des Cyclades.
Le développement touristique aux XIXe et XXe siècles
[modifier | modifier le code]La Grèce est depuis très longtemps une destination touristique. Elle faisait déjà partie de l'itinéraire des premiers touristes, les inventeurs du mot : les Britanniques du Grand Tour.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'intérêt touristique principal était Délos dont l'importance antique avait bercé les études des « touristes ». Le Guide Baedeker n'évoquait que Syros, Mykonos et Délos. Syros était le port principal où touchaient tous les navires ; Mykonos était l'étape obligatoire avant la visite de Délos. Syros disposait de deux hôtels dignes de ce nom (Hôtel de la ville et Hôtel d'Angleterre). Sur Mykonos, il fallait se contenter de la « maison » Konsolina ou compter sur l'Epistates des Antiquités, auquel cas, la concurrence entre les visiteurs potentiels de Délos devait être rude[169]. Le Guide Joanne de 1911 insistait lui aussi sur Délos (12 des 22 pages consacrées aux Cyclades) mais toutes les autres îles étaient évoquées, ne fût-ce qu'en un paragraphe. Cependant, on peut déjà y constater le développement touristique : Mykonos disposait alors d'un hôtel (Kalymnios) et de deux pensions, outre celle de Mme Konsolina (qui existait donc toujours), il y avait aussi celle de Mme Malamaténia[170]. En 1933, Mykonos accueillit 2 150 personnes venues en villégiature et 200 étrangers visitèrent Délos et le musée de Mykonos[171].
Le tourisme de masse en Grèce ne prit véritablement son essor qu’à partir des années 1950. Après 1957, les revenus qu’il générait augmentèrent de 20 % par an[172]. Ils rivalisèrent bientôt avec les revenus de la principale matière première exportée, le tabac, puis les dépassèrent[173]. De nos jours, le tourisme dans les Cyclades est un phénomène contrasté. Certaines îles, comme Naxos qui dispose d'importantes ressources agricoles et minières, ou Syros qui joue encore un rôle commercial et administratif, ne dépendent pas que du tourisme pour leur survie. C'est moins le cas pour des petits rochers peu fertiles comme Anafi[174], ou comme Donoussa qui compte (2001) 120 habitants, six élèves dans son école primaire mais 120 chambres à louer, deux agences de voyages et une boulangerie ouverte seulement l'été[175].
En 2005, les Cyclades comptent 909 hôtels, avec 21 000 chambres pour 40 000 places. Les principales îles touristiques sont Santorin (240 hôtels dont 6 hôtels cinq étoiles) et Mykonos (160 hôtels dont 8 hôtels cinq étoiles) puis Paros (145 hôtels dont un seul cinq étoiles) et Naxos (105 hôtels). Toutes les autres îles offrent moins de 50 hôtels. À l'autre bout de la chaîne, Schinoussa et Sikinos ne disposent que d'un seul hôtel deux étoiles en tout et pour tout. Le principal type d'hébergement dans les Cyclades est l'hôtel deux étoiles (404 établissements)[176]. En 1997, on peut mesurer ainsi la pression touristique : les Cyclades disposaient de 32 lits par km2, ou aussi 0,75 lit par habitant. C'est sur Mykonos, Paros, Ios et Santorin (du nord au sud) que la pression touristique est la plus forte, non seulement pour les Cyclades, mais aussi pour l'ensemble des îles de l'Égée, avec plus de 1,5 lits par habitant. Cependant, au niveau de l'archipel, la pression touristique est plus forte dans le Dodécanèse[177]. Cela s'explique par le fait que les îles des Cyclades sont plus petites et moins peuplées que les autres îles, donc la pression individuelle est plus forte que la pression sur l'ensemble de l'archipel.
Pour la saison 2006, les Cyclades accueillent 310 000 visiteurs, sur les 11,3 millions de touristes qui viennent en Grèce[178], soit 1,1 million de nuitées sur les 49,2 millions de nuitées en Grèce, c’est-à-dire un taux de remplissage de 61 %, au niveau de la moyenne nationale[179]. Ce chiffre de 1,1 million de nuitées reste stable depuis quelques années, alors que le nombre de touristes se rendant en Grèce diminue : les Cyclades attirent toujours autant alors que la Grèce attire moins[180],[181].
La tendance très récente est que le tourisme étranger est peu à peu remplacé par le tourisme grec autochtone. En 2006, 60 % des touristes sur Santorin étaient d’origine grecque, et ils ne diffèrent pas foncièrement des touristes étrangers (longueur moyenne du séjour : 6,5 nuits pour un Grec et 6,1 nuits pour un étranger ; dépense moyenne pour un Grec : 725 € et 770 € pour un étranger). Les seules différences sont que les Grecs préparent leur séjour plus tard (20 jours avant) que les étrangers (45 jours avant) et reviennent (50 % des Grecs ont déjà fait plus de deux séjours contre 20 % des étrangers)[182].
Galerie
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Akrotiri, Santorin, le « pêcheur aux coryphènes ».
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Type d'Hermès dit d'Andros.
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Le lion de Kéa (1826).
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Le lion de Kéa (1826) sous un autre angle.
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Naxos au XVIIIe siècle pour le Voyage pittoresque de la Grèce de Choiseul-Gouffier
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Milos en 1829 (A. Blouet, Expédition de Morée).
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Délos en 1847 (Carl Anton Joseph Rottmann)
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Portara sur Naxos en 1829 (Abel Blouet, Expédition de Morée).
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Carte de Santorin en 1848.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Il a donc été ici choisi d'utiliser la définition contemporaine et administrative grecque de l'archipel. On peut en effet trouver d'autres listes d'îles appartenant aux Cyclades : Strabon (Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] Livre X 5, 3) dit que douze îles sont communément admises comme cycladiques : Kéa, Kythnos, Sérifos, Milos, Sifnos, Kimolos, Prepesinthos (Despotiko), Oliaros (Antiparos), Naxos, Paros, Syros, Mykonos, Tinos, Andros et Gyaros ; puis il exclut de cette liste Preperinthos, Oliaros et Gyaros. Les textes byzantins (E. Malamut, Les îles de l'Empire byzantin. p. 47-49) considèrent que les Cyclades sont : Amorgós, Andros, Délos, Ios, Kéa, Kythnos, Lemnos, Lesbos, Milos, Myconos, Naxos, Nisyros, Paros, Rhénée, Sérifos, Sifnos, Skyros, Syros, Théra, Thérassia et Tinos. Eustathe de Thessalonique dans ses Opuscula propose une liste de treize îles : Amorgós, Andros, Délos, Ios, Kythnos, Myconos, Naxos, Nisyros, Paros, Sérifos, Sifnos, Syros et Tinos. Quant à Theodore Bent, il visita Sérifos, Sifnos, Kimolos, Milos, Anaphi, Santorin, Ios, Sikinos, Folégandros, Myconos, Tinos, Andros, Syros, Naxos, Paros, Antiparos, Kythnos, Kéa et Amorgós.
- « Partout la même désolation, partout la même stérilité ; la plupart des îles ne sont que des masses de rochers, non seulement sans végétation, mais sans apparence de terre végétale », Alexis de Valon, « Île de Tine. », Revue des Deux-Mondes, 1843.
- « La population des Cyclades est essentiellement grecque d'origine. », Louis Lacroix, p. 431.
- « The Cyclades have remained more or less as they were. », J.T. Bent, p. vii.
- Athènes envoya en 426 avant notre ère une expédition (soixante navires et deux mille hoplites) pour soumettre l'île, qui résista, mais fut ravagée. (Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], Livre III, 91). Une nouvelle expédition fut montée en 416 avant notre ère (trente navires et mille deux cents hoplites) ; Milos fut prise, les hommes massacrés et femmes et enfants réduits en esclavage. L'île fut transformée en clérouquie athénienne (Thucydide, V.)
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] XX, 37 : « Charinos étant archonte d'Athènes, Publius Décius et Quintus Fabius consuls à Rome, les Éliens célébrèrent la CXVIIIe olympiade, dans laquelle Apollonide le Tégéate fut vainqueur à la course du stade. À cette époque, Ptolémée, parti de Myndus avec une flotte puissante, traversa l'Archipel, et, dans le cours de cette navigation, chassa la garnison d'Andros et rendit à l'île son indépendance. »Lire en ligne
- Pour la bataille d'Andros, E. Will, Histoire politique du monde hellénistique propose 258 ou 256, tandis que K. Buraselis, Das hellenistische Makedonien und die Ägäis suggère 246 ou 245.
- Athènes s'était rangé du côté de Rome contre la Macédoine. Délos était sa récompense (A. Erskine, Le Monde hellénistique, p. 110.)
- Le monastère de la Zôodochos Pighi, datant du XIe siècle ou XIIe siècle n'est pas cité, peut-être était-il alors abandonné, puis il fut réutilisé.
- La découverte miraculeuse de l'icône de la Vierge en 1822 pourrait bien être une tentative de reconquête orthodoxe de l'île.
- « Le roi ne souffre plus de corsaires français au Levant » écrit Joseph Pitton de Tournefort, Voyage d'un botaniste, tome 1, p. 150.
- Blue Guide, p. 693. Le sarcophage lui-même est en porphyre (finlandais) et marbre vert (des Vosges). Le marbre de Paros a dû servir au décor (blanc) de la crypte.
Références
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- Fabien Locher, L'Histoire face à la crise climatique, in: La Vie des idées, [lire en ligne]
- Fitton, Cycladic Art, p. 22-23.
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- Les Civilisations égéennes., p. 153-160.
- Fitton, Cycladic Art, p. 18.
- Fitton, Cycladic Art, p. 19
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- Les Civilisations égéennes, p. 181.
- Fitton, Cycladic Art, p. 13-14.
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- John F. Cherry et Jack L. Davis, « The Cyclades and the Greek Mainland in Late Cycladic I : the Evidence of the Pottery. »
- Fitton, Cycladic Art, p. 14-17.
- Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], I, 4.
- Thucydide, I, 8.
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], I, 171.
- Thucydide, III, 103.
- Les Civilisations égéennes, p. 262-265.
- Les Civilisations égéennes, p. 270.
- Les Civilisations égéennes, p. 319-323
- Les Civilisations égéennes, p. 282-283.
- Les Civilisations égéennes, p. 276.
- Les Civilisations égéennes, p. 353-354.
- Les Civilisations égéennes, p. 331.
- Les Civilisations égéennes, p. 362-377.
- Les Civilisations égéennes, p. 439-440.
- Délos, p. 14.
- Claude Baurain, Les Grecs et la Méditerranée orientale, p. 212.
- C. Mossé, La Grèce archaïque d'Homère à Eschyle, p. 30.
- Guide Bleu. Îles grecques, p. 204.
- Claude Baurain, Les Grecs et la Méditerranée orientale, p. 108.
- Guide bleu. Îles grecques, p. 221.
- C. Mossé, La Grèce archaïque d'Homère à Eschyle.
- Guide Bleu. Îles grecques, p. 205.
- Louis Lacroix, p. 433.
- Hérodote, VII, 95.
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], V, 23-1.
- Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], Livre I, 96.
- Amouretti et Ruzé, Le Monde grec antique, p. 126-129.
- Thucydide, I, 98.
- Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] II, 9.
- Thucydide, VII, 57.
- Quinte-Curce, IV, 1, 34-37 et Arrien, II, 13, 4-6.
- Appolodore contre Polyclès, 4
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne]XV, 95.
- R. Étienne, Ténos II.
- A. Erskine, Le Monde hellénistique, p. 60.
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- Polybe, IV, 4.
- Polybe, XVIII, 54, 8-11.
- Tite-Live, XXXI, XV, 8.
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- Amouretti et Ruzé, Le Monde grec antique, p. 256.
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- Philippe Bruneau, Les Cultes de Délos, p. 480-493.
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- Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] Livre XIV, 5, 2
- A. Erskine, Le Monde hellénistique, p. 497-501.
- A. Erskine, Le Monde hellénistique, p. 504.
- Yves Perrin et Thomas Bauzou, De la Cité à l'Empire, p. 120-121.
- Yves Perrin et Thomas Bauzou, De la Cité à l'Empire, p. 328.
- Voir aussi Theodor Mommsen ou Hiller von Gaertringer.
- Marquardt, Victor Chapot et A.H.M Jones.
- Silvio Accame, Il Dominio Romano in Grecia Dalla Guerra Acaica ad Augusto, 1947.
- Yves Perrin et Thomas Bauzou, De la Cité à l'Empire, p. 123.
- Jérôme Carcopino, Jules César, PUF, 1990, p. 187. (ISBN 2130428177)
- Louis Lacroix, Îles de la Grèce, p. 435.
- Dion Cassius, LVI, 27.
- Mary V. Braginton, « Exile under the Roman Emperors. », The Classical Journal, Vol. 39, no 7, avril 1944.
- Kazhdan 1991, article « Paros »
- Paul Hetherington, The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art, p. 206-207.
- Paul Hetherington, The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art, pp. xiv et xvi
- Charles A. Frazee, The Island Princes of Greece,[réf. incomplète] p. 6-9.
- E. Malamut, Les îles de l'Empire byzantin, p. 106.
- Nicéphore, Breviarius, 37 C-D. et Théophanes, Chronologie.
- Miles, « Byzantium and the Arabs ».
- Kazhdan 1991, article « Naxos »
- E. Malamut, Les îles de l'Empire byzantin, p. 109-112.
- E. Malamut, Les îles de l'Empire byzantin, p. 114.
- Guide Bleu. Îles grecques, p. 205, 284 et 298.
- Guide Bleu. Îles grecques, p. 222-224.
- Jean Longnon, L'Empire latin de Constantinople, p. 91
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 9-10.
- Blue Guide, p. 665.
- Romanie était alors le nom habituel de l'Empire romain d'Orient, et ses habitants étaient les Romées, car le mot « Byzantin » n'existait pas encore : il n'a été créé qu'en 1557 par Jerôme Wolf et n'est largement utilisé que depuis le XIXe siècle.
- J. Slot, Archipelagus Turbatus.
- Louisa F. Pesel, « The Embroideries of the Aegean », The Burlington Magazine for Connoisseurs, Vol. 10, no 46, janvier 1907.
- Jean Longnon, L'Empire latin de Constantinople, p. 319-320.
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 11-12
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 14.
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 13.
- On y retrouve des racines du démotique.
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 17.
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 15.
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 34.
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 37.
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- F. Braudel, La Méditerranée, tome 1, p. 136-140.
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- F. Braudel, La Méditerranée, tome 1, p. 529.
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 35.
- Tournefort, Voyage..., François Maspero, p. 161 (Milos), p. 173-174 (Siphnos), p. 180 (Sériphos), p. 196-198 (Paros), p. 207 (Naxos), p. 214-215 (Amorgós), p. 245 (Mykonos), p. 275-276 (Kéa), p. 284 (Andros).
- Guide bleu. Îles grecques, p; 326)
- Stéphane Yerasimos, « Introduction », p. 21.
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- Louis Lacroix, Îles de la Grèce, p. 437.
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- Guide Adam Paros, Antiparos, p. 30. (ISBN 9605001314)
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- Blue Guide p. 686.
- Blue Guide p. 666-672 et 685-704 (Les pages intermédiaires concernent Délos).
- Cf. Bataille d'Elli
- An Index of Events in the military History of the Greek Nation, p. 124.
- Les troupes allemandes au jour le jour
- G. Giagakis, Tinos d'hier et aujourd'hui, p. 21.
- Contre-amiral Pépin-Lehalleur, « Coups durs en mer Égée. » in La Deuxième Guerre mondiale, Taillandier, 1972-1974, p. 1704.
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- M. Mazower, p. 49-52.
- An Index of Events in the military History of the Greek Nation, p. 466-467
- Margaret E. Kenna, « The Social Organization of Exile. »
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- (en) « Ekathemerini, informations sur l'île »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- (en) Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : équipement hôtelier
- Tourisme et développement durable en Méditerranée. La Grèce.
- (en) Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : nombre de touristes
- (en) Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : nombre de nuitées
- (en) Secrétariat général du service national de statistiques de Grèce : nombre de nuitées 2003-2004
- (en) Greece in figures
- « Ekathimerini, « Santorini, the bright spot », 5 mai 2007. »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Sources anciennes
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- Hervé Duchêne, Le Voyage en Grèce, coll. Bouquins, Robert Laffont, 2003. (ISBN 2-221-08460-8)
- Gustave Fougères, La Grèce, Guide Joanne, Hachette, 1911.
- André Grasset de Saint-Sauveur, Voyage historique, littéraire et pittoresque dans les isles et possessions ci-devant vénitiennes du Levant..., Tavernier, 1799. Lire sur Gallica
- Louis Lacroix, Îles de la Grèce, Firmin Didot, 1853. (ISBN 2-7196-0012-1) pour la réédition récente en fac-similé.
- Joseph Pitton de Tournefort, Voyage d'un botaniste, tome 1 L'Archipel grec, François Maspero, La Découverte, Paris, 1982.
Ouvrages et articles contemporains
[modifier | modifier le code]Ouvrages généraux
[modifier | modifier le code]- (en) An Index of Events in the military History of the Greek Nation, Hellenic Army General Staff, Army History Directorate, 1998. (ISBN 960-7897-27-7)
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- (en) Richard Clogg, A Concise History of Greece, Cambridge U.P., 1992. (ISBN 0-521-37830-3)
- Georges Contogeorgis, Histoire de la Grèce, Coll. Nations d’Europe, Hatier, 1992. (ISBN 2-218-03-841-2)
- Yiannis Desypris, 777 superbes îles grecques, Toubi's, Athènes, 1995.
- Georgios K. Giagakis, Tinos d'hier et aujourd'hui, Toubis, Athènes, 1995. (ISBN 9607504232)
- Guide Bleu. Îles grecques, Hachette, 1998. (ISBN 2012426409)
- Vasso Kourtara, Mykonos. Délos, Toubi’s, Athènes, 1995. (ISBN 9607504267)
- (en) J. L. Myres, « The Islands of the Aegean. », The Geographical Journal, Vol. 97, no . 3, mars 1941.
- Constantin Tsoucalas, La Grèce de l'indépendance aux colonels, Maspero, Paris, 1970 (ISBN 0-140-52-277-8) (pour la version originale en anglais).
- Apostolos E. Vakalopoulos, Histoire de la Grèce moderne, Horvath, coll. « Histoire des nations européenes », (ISBN 978-2-7171-0057-0).
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- Olivier Delorme, La Grèce et les Balkans, 3 vol., Gallimard, Paris, 2013. (ISBN 9782070396061) - (ISBN 9782070452712) - (ISBN 9782070454532)
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[modifier | modifier le code]- Cédric Boissière, « Les Femmes de l'Égée vues par les voyageurs britanniques aux XVIIIe et XIXe siècles. », in L'Orient des femmes, dirigé par Marie-Élise Palmier-Chatelain et Pauline Lavagne d'Ortigue, ENS Éditions, 2002. (ISBN 290212693X)
- Cédric Boissière, « Mal de mer, pirates et cafards : les voyageurs britanniques dans l'Égée au XIXe siècle. », Actes du Colloque Seuils et Traverses II : Seuils et Traverses : Enjeux de l'écriture de voyage, 2002. (ISBN 2-901737-55-2)
- Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II., A. Colin, édition de 1996, tome 1 : (ISBN 2-200-37081-4), tome 2 : (ISBN 2-200-37082-2) (BNF 37358567)
- (en) James E. Collier, « Aluminum Industry of Europe », in Economic Geography, Vol. 22, no 2, avril 1946.
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- (en) Margaret E. Kenna, « Return Migrants and Tourism Development: An Example from the Cyclades », Journal of Modern Greek Studies, vol. 11, no 1, mai 1993.
- (en) Mark Mazower, Inside Hitler’s Greece. The Experience of Occupation. 1941-44., Yale U.P, 1993. (ISBN 0300065523)
- (en) Joseph Slabey Roucek, « Economic Geography of Greece », Economic Geography, Vol. 11, no 1, janvier 1935.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) L'archéologie préhistorique dans les Cyclades, université de Dartmouth
- Les illustrations du Voyage d'un botaniste de Tournefort sur Gallica
- (de) Peter Oluf Bröndsted, Reisen und Untersuchungen in Griechenland : Über die Insel Keos, Paris, 1826