« Meknassas » : différence entre les versions
m robot Ajoute: nl:Miknasa; changement de type cosmétique |
mAucun résumé des modifications Balises : Éditeur visuel Modification par mobile Modification par le web mobile |
||
(729 versions intermédiaires par plus de 100 utilisateurs sont masquées) | |||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
'''Meknassas'''<ref group="note">Parfois orthographié : Meknassa, Mîknasa, Mêknasa, Miknaça...</ref> ou '''Imeknasen'''<ref name="Encyclopédie berbère">{{Article|langue=fr|prénom1=Khelifa,|nom1=A.|titre=Miknaça/Miknasa. (*Imeknasen)|périodique=Encyclopédie berbère|numéro=32|date=2010-12-31|issn=1015-7344|lire en ligne=http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/603|consulté le=2018-03-25}}.</ref>, ⵉⵎⴽⵏⴰⵙⵏ en [[Langues berbères|berbère]], مكناسة en [[arabe]], est, au [[Moyen Âge]], une [[Tribu (ethnologie)|tribu]] [[berbères|berbère]] zénète, dont les migrations d'est en ouest ont conduit à différentes implantations et ramifications au Maghreb. Les sources divergent mais ils seraient originaires de l'Est du Maghreb<ref group="note">Les sources donnent diverses théories sur l'origine des Meknasas : l'Ifriqiya, la Tripolitaine ou le Sud Tunisien.</ref>, ils auraient été chassés au {{S-|VII}} par les invasions arabes en [[Ifriqiya]]. On les retrouve au [[Maghreb central]], où ils participent vraisemblablement à la conquête musulmane d'[[Oqba Ibn Nafi al-Fihri|Oqba]]. Ils s'installent finalement, en majorité, dans la vallée de la [[Moulouya]], ce qui fait dire à [[Ibn Khaldoun]] et [[Al-Bakri]] que ce fleuve traverse ce qu'ils décrivent comme « le pays des Miknaça ». Suffisamment islamisés, ils participent à l'armée de conquête de la péninsule ibérique puis aux futures révoltes kharidjites. Leur localisation selon les chroniqueurs médiévaux, va depuis la source de la Moulouya, du côté de [[Sijilmassa]], jusqu'à son embouchure, et depuis cette localité jusqu'aux environs de [[Taza]] et de [[Tsoul]]. Une partie des Meknassa est passée en Ibérie, accompagnant les troupes de [[Tariq ibn Ziyad|Tarik Ibn Ziyad]] lors de l'[[Conquête musulmane de l'Hispanie|invasion Omeyyades de la péninsule]]. Une autre branche des Meknasas fonde la [[Émirat de Sijilmassa|principauté sufrite midraride]] de Sijilmassa. Les Meknassa sont, en fait, essentiellement connus pour leur domination du [[Maroc]] [[Oriental (Maroc)|oriental]], où ils imposèrent leur nom ainsi qu’une nouvelle tradition généalogique<ref name=":Généalogie et géographie tribale">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|titre=Généalogie et géographie tribale|éditeur=|date=2020|page=11|lire en ligne=https://www.academia.edu/44133334/GENEALOGIES_et_GEOGRAPHIES_TRIBALES}}.</ref>. Des débris de Meknassas sont cependant signalés au [[Maghreb central]] et en [[Ifriqiya]], mais se sont mêlés avec les diverses peuplades qui habitent ces provinces<ref name=":Ibn Khaldoun V4 272">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Khaldun|titre=Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=272|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_es_berb%C3%A8res_1/uHSX_6r9NKIC?hl=fr&gbpv=1&dq=d%C3%A9bris+mikna%C3%A7a&pg=PA272&printsec=frontcover}}.</ref>. |
|||
{{ébauche|Maroc}} |
|||
{{à sourcer|date=décembre 2008}} |
|||
Au {{S-|X}}, Messala ibn Habbous chef de la tribu des Meknassas de la Moulouya, obtient des Fatimides le gouvernement de [[Tahert]] et soumet tout le Maghreb central, ainsi que Fès et Sijilmassa. Son successeur, Hamid, bascule ensuite dans l'obédience des califes de Cordoue, rivaux des Fatimides. Ils s'installent également sur l'Oued Boufekrane au {{S-|X}}, fondant [[Meknès]]. Au {{s-|XI}}, ils fondent la dynastie [[Aftasides|Aftaside]], dans la [[taïfa de Badajoz]], qui règne sur une grande partie de l'ancienne [[Lusitanie]]. |
|||
Selon [[Ibn Khaldoun]], '''Meknassa''' ou '''Miknassa''' serait une tribu [[Zénète]] qui aurait fondé la ville actuelle de [[Meknès]].<ref>Ibn Khaldoun, Histoire des berbères</ref>. |
|||
La fondation de [[Sijilmassa]], et [[Taza]], autres villes du Maroc, sont également dues aux Meknassas. Les Meknassas ont marqué la toponymie du Maghreb en divers endroits sur leur passage. Au Maroc, outre la ville de [[Meknès]], l'ancien nom de Taza : Meknassa Taza, plusieurs communes et villages dans la [[province de Taza]] à savoir Meknassa Al Gharbia, Meknassa Tahtania, Meknassa Acharqia, Meknassa Foukania, une tribu porte également toujours le nom de Meknassa dans les montagnes au nord de [[Taza]]<ref name=":Jean Besancenot">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean Besancenot|titre=Costumes du Maroc|éditeur=|date=2008|page=51|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Costumes_du_Maroc/Dm96WocgtIsC?hl=fr&gbpv=1&dq=tribu+des+meknassa&pg=PA52&printsec=frontcover}}.</ref>, ainsi qu'une fraction du [[guich des Oudaïas]], au nord de [[Fès]]<ref name=":Rif 7">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|titre=Quelques hypothèses sur le peuplement du Rif Occidental|éditeur=|date=|page=7|lire en ligne=https://www.academia.edu/22953579/Quelques_hypoth%C3%A8ses_sur_le_peuplement_du_Rif_Occidental}}.</ref>. En [[Algérie]], un village près de [[Chlef]] porte le nom de [[Meknassa (chlef)|Meknassa]], ainsi qu'une rivière : l'oued Meknassa<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Société de géographie d'Alger et de l'Afrique du|nom1=Nord|titre=Bulletin|passage=718|date=1922|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=6OcKAAAAIAAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=%22oued+Meknassa%22+alg%C3%A9rie&q=%22oued+Meknassa%22+alg%C3%A9rie&hl=fr|consulté le=2022-02-21}}.</ref>. En [[Tunisie]], une ville et une plaine portent le nom de [[Meknassy]] dans le centre du pays. |
|||
== Histoire == |
== Histoire == |
||
=== Origines === |
|||
Les Meknassas sont une tribu [[Berbères|berbère]] [[zénètes|zénète]] descendante de Warstif ibn Yahia Ibn Dari d'où le fait qu'ils aient été appelés parfois les Wartasif-Miknasa<ref name="Encyclopédie berbère" />. Les Warstif se divisent ainsi en trois branches : Meknassa, Ourtnadja et Megguen<ref name=":Ibn Khaldoun V4 172-173">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Khaldun|titre=Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=172-173|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_es_berb%C3%A8res_1/uHSX_6r9NKIC?hl=fr&gbpv=1&dq=d%C3%A9bris+mikna%C3%A7a&pg=PA272&printsec=frontcover}}.</ref>. |
|||
Les Meknassas seraient originaires de l'est du Maghreb, les historiens les situant dans la Tripolitaine<ref name=":Glauco D'Agostino">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Glauco D'Agostino|titre=Sulle vie dell'Islam : Percorsi storici orientati tra dottrina, movimentismo politico-religioso e architetture sacre|éditeur=Gangemi Editore|date=2016|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Sulle_vie_dell_Islam/tvdTCwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=miknasa+Tripolitania&pg=PA334&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref name=":André Adam">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=André Adam|titre=Histoire de Casablanca, des origines à 1914|éditeur=Éditions Ophrys|date=1968|page=27|lire en ligne=https://mon-aigle.com/Vieux_Maroc/adam-histoire-de-casa/hist-casa-1.pdf}}.</ref>, ou le Sud tunisien<ref name=":Rif 4">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|titre=Quelques hypothèses sur le peuplement du Rif Occidental|éditeur=|date=|page=4|lire en ligne=https://www.academia.edu/22953579/Quelques_hypoth%C3%A8ses_sur_le_peuplement_du_Rif_Occidental}}.</ref>{{,}}<ref name=":Encyclopaedia of the World Muslims">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Abdul Mabud Khan|auteur2=Nagendra Kr Singh |
|||
|titre=Encyclopaedia of the World Muslims : Tribes, Castes and Communities. Volume 1|éditeur=Global Vision Publishing House|date=2001|page=309|pages=1664|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Encyclopaedia_of_the_World_Muslims/k8PXAAAAMAAJ?hl=fr&gbpv=1&bsq=miknasa+libya&dq=miknasa+libya&printsec=frontcover}}.</ref>, plus précisément des steppes de [[Gafsa]]<ref name=":Branes et Awraba">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|titre=Branes et Awraba. Contribution au débat sur les Butr et les Branes|éditeur=|date=|page=6-14|lire en ligne=https://www.academia.edu/50490282/BRANES_ET_AWRABA_Contribution_au_d%C3%A9bat_sur_les_Butr_et_les_Branes_july}}.</ref>. Des Meknassas se seraient installé dans les [[Aurès]] avant la conquête arabe, rejoignant dans cette région les [[Awerba]] et [[Djerawa]] autochtones<ref>{{harvsp|Ṭāha, 'Abdulwāhid Dḥanūn|1989|p=24}}{{citation|The Aurās Mountains were the domain of enormous Berber tribes. Auraba, the most powerful, and Jarāwa — a huge section of Zanāta — joined by Hawwāra, Miknāsa, Kutāma, Luwāta, and Nafza, had settled here many years before the Arab conquest.}}.</ref>. Dès 640, des Meknassas sont signalés dans le [[Jérid]] tunisien<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=comte Antione Du Paty de Clam|titre=Fastes chronologiques de Tôzeur|éditeur=A. Challamel|date=1890|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Fastes_chronologiques_de_T%C3%B4zeur/1WUoAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=mikna%C3%A7a+tunisie&pg=PA12&printsec=frontcover}}.</ref>. De cette zone, et certainement après un passage dans le Maghreb central<ref>{{harvsp|Lazarev|2021|p=13}}{{citation|Avait-il rencontré, dans le Maghreb central, les Meknâsa et les Banû Fâten qui avaient quitté l'Ifrikiya lors des guerres qu'Uqba conduisit contre les apostasies ? Ou bien les avait-t-il emmenés lui-même au cours de ses expéditions vers l’ouest? Les deux réponses sont envisageables. Ce qui semble en tout cas évident, c’est que ces populations avaient occupé le Maghreb Central et qu’elles avaient été suffisamment islamisées pour participer à la conquête d’Al Andalus et,nplus tard, à la première insurrection kharidjite}}.</ref>, ils auraient été déportés vers la [[Moulouya]] après leur islamisation par [[Oqba Ibn Nafi al-Fihri]] {{incise|lors de son premier gouvernorat entre 670 et 675}} pour les sanctionner de leurs multiples apostasies<ref name=":Branes et Awraba" />. Les Meknassas ont donc migré de leur région d'origine, dès les premiers temps de l'islam au Maghreb<ref name=":Les Madyûna 14-15">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Virgilio Martínez Enamorado|auteur2=Grigori Lazarev|titre=Les Madyûna : la dispersion d'une tribu berbère oubliée, de la Libye à la Catalogne|éditeur=|date=|page=14-15|lire en ligne=https://www.academia.edu/44416601/LES_MADY%C3%9BNA_LA_DISPERSION_DUNE_TRIBU_BERB%C3%88RE_OUBLI%C3%89E_DE_LA_LIBYE_A_LA_CATALOGNE}}.</ref>. |
|||
D'autre part une autre théorie fait descendre les Meknassas, des [[Macénites]] de l'Antiquité ayant habité le Moyen Atlas<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Morizot|titre=Romains et Berbères face à face|éditeur=Errance|date=2021-04-23|isbn=978-2-87772-858-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=jtEqEAAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA52&dq=Hors+leur+participation+au+premier+colloque+de+Volubilis,+nous+savons+peu+de+chose+des+Mac%C3%A9nites,+cens%C3%A9s+occuper+%C3%A0+l'ouest+des+Baquates+les+pentes+du+Moyen+Atlas.&hl=fr|consulté le=2022-03-18}}.</ref>. Les ''Macénites'' des environs de Volubilis ont peut-être quelque rapport avec les Berbères ''Meknassa'', d'où vient le nom de Meknès<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Morizot|titre=Romains et Berbères face à face|passage=35 ; 52|éditeur=Errance|date=2021-04-23|isbn=978-2-87772-858-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=jtEqEAAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA52&dq=Hors+leur+participation+au+premier+colloque+de+Volubilis,+nous+savons+peu+de+chose+des+Mac%C3%A9nites,+cens%C3%A9s+occuper+%C3%A0+l'ouest+des+Baquates+les+pentes+du+Moyen+Atlas.&hl=fr|consulté le=2022-03-18}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=William|nom1=Seston|titre=Mélanges D'histoire Ancienne Offerts À William Seston|éditeur=E. de Boccard|date=1974|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Cs0fAAAAMAAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=Miknasa+macenite&q=Miknasa+macenite&hl=fr|consulté le=2022-03-18}}.</ref>. Cependant, l'[[Encyclopédie berbère]] tranche selon que s'il est possible que les territoires occupés par les Meknassas médiévaux aient pu correspondre en partie à ceux des Macénites antiques, l'homonymie très approximative, ne permet pas de donner à Meknès des origines macénites<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=R.|nom1=Rebuffat|titre=Macénites|périodique=Encyclopédie berbère|numéro=30|date=2010-12-29|issn=1015-7344|doi=10.4000/encyclopedieberbere.382|lire en ligne=https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/382|consulté le=2022-03-18|pages=4457–4459}}.</ref>. Selon Salem Chaker le rapprochement entre Macénites et Meknassas n'est pas recevable d'un point de vue de la linguistique berbère et doit être « definitivement abandonné »<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=S.|nom1=Chaker|titre=Macénites : Note linguistique complémentaire|périodique=Encyclopédie berbère|numéro=30|date=2010-12-29|issn=1015-7344|doi=10.4000/encyclopedieberbere.385|lire en ligne=https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/385|consulté le=2022-03-18|pages=4459–4460}}.</ref>. |
|||
=== Premiers temps de l'islam === |
|||
[[Fichier:Meknassa 8th century v2.png|vignette|Localisation des Meknassas au {{VIIIe siècle}}<ref>{{lien web |titre=''Les populations et les territoires du Maghreb du VIIè au XIè siècle'' de G. Lazarev, l’œuvre très utile de l’Académie du Royaume |url=https://quid.ma/culture/les-populations-et-les-territoires-du-maghreb-du-viie-au-xie-siecle-de-g.-lazarev,-l%E2%80%99oe |site=Quid.ma |consulté le=14-11-2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Chaïbi|2012|p=62}}.</ref>.]] |
|||
Les Meknassas semblent s’être déplacée d’Est en Ouest avant les autres tribus zénètes. Les différentes branches de la tribu des Wartasif se mêlent à la branche des Miknassas du temps de leur implantation sur l'[[Moulouya|oued Moulouya]], de la source à l'embouchure<ref name="Encyclopédie berbère" />. La Moulouya qui se situe dans le [[Maroc]] [[Oriental (Maroc)|oriental]], est alors considérée comme la limite en le [[Maghreb al-Aqsa|Maghreb al Aqsa]] et le [[Maghreb central]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jennifer|nom1=Vanz|titre=L’invention d’une capitale : Tlemcen: ({{VIIe|s}}-{{XIIIe|s}}/{{sp-|IX|-|XV}})|éditeur=Éditions de la Sorbonne|date=2021-11-29|isbn=979-10-351-0683-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=m09SEAAAQBAJ&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA336&dq=moulouya+maghreb+central&hl=fr|consulté le=2022-03-14|extrait=En effet, depuis al - Bakrī, Ibn Haldūn est le premier à faire de Tlemcen la capitale du Maghreb central [...] le fleuve de la Moulouya est considéré comme la limite entre le Maghreb extrême et le Maghreb central.}}.</ref>. |
|||
Ainsi, lors de la conquête musulmane des Aurès, des Meknassas y sont signalés<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mouloud|nom1=Gaïd|titre=Les Berbers dans l'histoire: De Ziri à Hammad|passage=137|éditeur=Editions Mimouni|date=1990|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=KwxyAAAAMAAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=miknasa+koceila&q=miknasa+koceila&hl=fr|consulté le=2022-02-21}}.</ref>. On les retrouve ainsi aux côtés des [[Houaras]], dans la région des Zibans, région dans laquelle ils deviendront minoritaires avec l'arrivée des Arabes<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mouloud|nom1=Gaïd|titre=Les Berbers dans l'histoire: De Ziri à Hammad|passage=138|éditeur=Editions Mimouni|date=1990|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=KwxyAAAAMAAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=Mais+les+population+autochtones,+%C3%A0+savoir+les+Houara+et+les+Meknassas,+y+%C3%A9taient+toujours&q=Mais+les+population+autochtones,+%C3%A0+savoir+les+Houara+et+les+Meknassas,+y+%C3%A9taient+toujours&hl=fr|consulté le=2022-02-23}}.</ref>. Vers [[837]], ils se révoltent à Qastiliya, région de [[Tozeur]], dans le [[Jérid]] tunisien, de concert avec les [[Zouara]] et [[Louata]]. Certains éléments {{Incise|comme leur participation aux révoltes kharéjites}} prouvent que les Meknassas restent, cependant, en grand nombre dans les régions orientales du Maghreb, longtemps après la période de la domination musulmane<ref name=":02">{{Ouvrage|langue=FR|prénom1=Ernest (1808-1890) Auteur du texte|nom1=Carette|titre=Exploration scientifique de l'Algérie. 3, Recherches sur l'origine et les migrations des principales tribus de l'Afrique septentrionale et particulièrement de l'Algérie / par E. Carette,...|passage=156-157|date=1853|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k104729j|consulté le=2022-02-23}}.</ref>. |
|||
À cette époque la région de la Moulouya est occupée par les Baquates, une population de nomades romanisées. Il n'est pas impossible que la stratégie d'Oqba était d’affaiblir le [[royaume d'Altava]], principauté chrétienne de la région de Tlemcen, et le [[Maghreb al-Aqsa]] par des migrations de tribus peu soumises à l'autorité musulmane<ref name=":Les Madyûna 14-15" />. La basse vallée de la [[Moulouya]], qui constitue aujourd'hui le [[Maroc]] [[Oriental (Maroc)|oriental]], traverse ce qui était autrefois « le pays des Miknaça »<ref name=":Ibn Khaldoun 195">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Khaldun|titre=Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 1|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=195|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_des_Berb%C3%A8res_et_des_dynasties/Xw0-AAAAcAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=pays+des+mikna%C3%A7a&pg=PA195&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref name=":Al Bakri">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Al Bakri|titre=Description de l'Afrique septentrionale|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=216|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Description_de_l_Afrique_septentrionale/LkEYAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=0}}.</ref>. En effet, les pâturages du versant nord des montagnes du [[Moyen Atlas]] jusqu'à la Moulouya étaient la patrie des Meknassas<ref name=":UNESCO">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=M. Elfasi|auteur2=Ivan Hrbek (UNESCO)|titre=Africa from the Seventh to the Eleventh Century|date=1988|éditeur= Heinemann Educational Books|page=228|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Africa_from_the_Seventh_to_the_Eleventh/tw0Q0tg0QLoC?hl=fr&gbpv=1&dq=miknasa+center+morocco&pg=PA228&printsec=frontcover}}.</ref>. D'après [[Ibn Khaldoun]], les Meknassas habitaient les bords de la Moulouya, depuis sa source, du côté de Sijilmassa, jusqu'à son embouchure, et depuis cette localité jusqu'aux environs de [[Taza]] et de [[Tsoul]], dans le couloir de Taza<ref name=":Ibn Khaldoun 259">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Khaldun|titre=Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 1|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=259|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_des_Berb%C3%A8res_et_des_dynasties/Xw0-AAAAcAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=pays+des+mikna%C3%A7a&pg=PA195&printsec=frontcover}}.</ref>. Si le groupe le plus puissant et important nomadisaient dans la vallée de la Moulouya, d'importants contingents meknassas s'installent dans la région au nord de l'Innaouen, fondant ainsi Meknassa Taza<ref name=":La grande mosquée de Taza">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Henri Terrasse|auteur2=Georges Séraphin Colin|titre=La grande mosquée de Taza|éditeur=Les Éditions d'art et d'histoire|date=1943|page=16|lire en ligne=}}.</ref>. |
|||
Lors de la [[conquête musulmane de la péninsule Ibérique|conquête musulmane]] de la [[Péninsule Ibérique|péninsule ibérique]], les Meknassas déjà établis dans la Moulouya<ref name=":Eugène Guernier">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1= Eugène Guernier|titre=La Berbérie, l'Islam et la France (1) : Le destin de l'Afrique du Nord|éditeur=P. Andre|date=1950|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/La_Berb%C3%A9rie_l_Islam_et_la_France_1/Edn8DwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=pays+mikna%C3%A7a&pg=PT254&printsec=frontcover}}.</ref>, font partie des tribus qui accompagnent [[Tariq ibn Ziyad]] dans la traversée du [[Détroit de Gibraltar|Détroit]]<ref name=":Les Madyûna 14-15"/>. Une grande partie des Meknassas s'installent dans la péninsule, devenant très nombreux et puissants<ref name="Encyclopédie berbère" />. |
|||
=== Période des révoltes berbères et des principautés sufrites === |
|||
En 739, la [[grande révolte berbère]] éclate dans le nord du Maroc. Les Meknassas se rallient à la coalition berbère dirigée par [[Maysara al-Matghari]], et qui regroupe également les [[Ghomaras]], [[Berghouata]] et [[Matghara]]<ref name=":Bernard Lugan">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Bernard Lugan|titre=Histoire de l’Afrique – Des origines à nos jours - {{2e}} édition|éditeur=Editions Ellipses|date=2020|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_l_Afrique_Des_origines_%C3%A0_no/WRhEEAAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=maysara+maroc&pg=PT117&printsec=frontcover}}.</ref>. |
|||
[[Fichier:Idrissides22.PNG|250px|vignette|Carte du Maghreb al-Aqsa à l'époque idrisside, dont l'émirat de Sijilmassa.]] |
|||
La tribu berbère des Meknassas contrôle une partie du [[Maroc]] oriental jusqu’à la limite de [[Tafilalet]] durant le {{s|VIII}}<ref>[http://whc.unesco.org/fr/list/793 UNESCO]</ref>. En effet, les Meknassas occupaient alors la vallée supérieure de la Moulouya, une partie du [[Haut Atlas]] et la plupart des oasis de l'[[Ziz|Oued-Ziz]]. Vers le milieu du {{s|VIII}}, à l'instigation d'Abou Qassim Samgu ben Wassoul, les fractions meknassas situées le long de l'Oued-Ziz, convertis au [[kharidjisme]] [[Sufrites|sufrite]] et appartenant à la confédération tribale des Banû Wassûl, choisissent comme chef, Aïssa ben Yazid, un leader kharijite sufrite renommé pour sa piété. Celui-ci exerce sur ses adeptes une autorité absolument indépendante tout en reconaissant la suzeraineté des califes [[Abbassides|abassides]]. Il jete les fondations de [[Sijilmassa]]<ref name=":Péchot">{{Ouvrage|langue=FR|prénom1=L.|nom1=Péchot|titre=Histoire de l'Afrique du Nord avant 1830, préedée de la géographie physique et politique de la Tunisie, de l'Alerie et du Maroc|passage=54-55|date=1914|lire en ligne=https://archive.org/details/histoiredelafriq02pcuoft/page/54/mode/2up|consulté le=2024-05-26}}.</ref>, future capitale du nouveau royaume ː l'[[émirat de Sijilmassa]]<ref>''Ksour et saints du Gourara: dans la tradition orale, l'hagiographie et les chroniques locales'', Rachid Bellil, C.N.R.P.A.H., 2003, {{p.|82}}, [https://books.google.fr/books?id=omgQAQAAIAAJ&q=miknassa&dq=miknassa&hl=fr&sa=X&ved=0CEcQ6AEwB2oVChMIvoyo-Z3-xgIVilU-Ch2YGwJo livre en ligne]</ref>, dont l'autorité s'étend jusqu'aux contrées du sud ouest de l'[[Algérie]]<ref>''Algérie: le passé revisité : une brève histoire de l'Algérie'', Chems-Eddine Chitour, Casbah Editions, 2004, {{p.|197}}, [https://books.google.fr/books?id=2jk_AQAAIAAJ&q=miknassa++tripolitaine&dq=miknassa++tripolitaine&hl=fr&sa=X&ved=0CCYQ6AEwAWoVChMI_oDmlZv-xgIVijc-Ch3T0Qzc livre en ligne]</ref>. |
|||
Les Miknassas sont comptés parmi les Zénètes [[sufrites]] ({{S-|VIII}}). Ils occupent alors un large espace allant au sud d'une ligne rejoignant Tlemcen, Tahert et Fès, mais sont particulièrement nombreux entre Tahert et Ouargla. |
|||
Une branche des Meknassa, les Banu Wassul, fondent Sijilmassa. Ils y prennent le pouvoir en 824, et fondent la dynastie des Banu Midrar (ou Midrarides), exerçant la suprématie sur le Tafilalet, contrôlant les routes vers Bilad al Habech (pays des Noirs) ou Bilad Soudan. {{Refnec|La métropole des Midrarides reste Sijilmassa, même si A.G. P Martin et Zerouki (spécialiste de l'histoire ibadite) présument d'une zone d'influence difficile à cerner.|date=17 mars 2022}} Au {{VIIIe siècle}}/{{IXe siècle}}, les Meknassas dominent un espace au sud d'une ligne joignant Tahert, Tlemcen et [[Fès|Fez]], mais sont particulièrement nombreux entre [[Tahert]] et [[Ouargla]] où ils occupent un certain nombre d'oasis<ref>''Les oasis du Gourara (Sahara algérien)'' par Rachid Bellil, page 91-92 [https://www.google.fr/books/edition/Les_oasis_du_Gourara_Sahara_alg%C3%A9rien/Vl5YrF16t-gC?hl=fr&gbpv=1&dq=miknasa+%22aur%C3%A8s%22&pg=PA91&printsec=frontcover lire en ligne] : {{Citation|Mais ils étaient particulièrement nombreux dans la région entre Tahert et Wargla où ils occupent un grand nombre d'oasis.}}.</ref>. Les Meknassas occupent cependant principalement l'espace compris entre la Moulouya et le [[Tafilalet]]<ref>''Les oasis du Gourara (Sahara algérien)'' par Rachid Bellil, page 40 [https://www.google.fr/books/edition/Les_oasis_du_Gourara_Sahara_alg%C3%A9rien/jaEFbCzF8QMC?hl=fr&gbpv=1&dq=miknasa+tafilalet&pg=PA40&printsec=frontcover lire en ligne] : {{Citation|Il s'agit en réalité d'un berbère appartenant au groupe zénète des Miknasa qui vivaient entre la Moulouya et le Tafilalet.}}.</ref>{{,}}<ref name=":La grande mosquée de Taza"/>. {{refnec|Les liens entre [[Ibn Rustom|Ibn Rûstum]], fondateur de [[Tiaret]], étaient étroites avec les Banou Midrar.}}. |
|||
=== Participation à la fondation de l'émirat idrisside === |
|||
Les Meknassas font partie de la coalition des tribus du nord marocain qui désignent [[Idris Ier]] comme imam, en [[789]]. Cette coalition de tribus regroupent ainsi les Meknassas, les [[Awerba]], [[Ghomaras|Ghomara]], [[Ghiata]], [[Zouagha]], [[Zénètes|Lemmaya]], [[Luwata]], [[Sedrata]], et d'autres tribus [[zénètes]]<ref name=":Fougerouse">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Maurice Fougerouse|titre=Le Maroc : vocations et réalités|éditeur=|date=1987|page=18|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Le_Maroc/ZN1yAAAAMAAJ?hl=fr&gbpv=1&bsq=meknassa+ghiata+idrissides&dq=meknassa+ghiata+idrissides&printsec=frontcover}}.</ref>. |
|||
Des Meknassas s'implantent sur les rives de l'Oued Boufekrane au {{S-|X}}, fondant deux villes : Meknassa Zeïtouna et Meknassa Taza. L'Almoravide Youssef Ibn Tachfin prend les deux bourgades et les fait fortifier, posant les bases de la ville de « Meknassa » qui deviendra [[Meknès]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Le livre d'or du Maroc|passage=15|éditeur=Casa Editrice Bonechi|date=1992|isbn=978-88-7009-841-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=-9wwZrC4rXEC&newbks=0&printsec=frontcover&pg=PA15&dq=meknassas&hl=fr|consulté le=2022-02-20}}.</ref>. |
|||
=== Période fatimide puis [[Émirat de Cordoue|cordouane]] === |
|||
[[Fichier:Tribus Maghreb époque médiévale.png|vignette|Localisation des Meknassas vers le {{XIe siècle}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Karim|nom1=Chaïbi|titre=Atlas historique de l'Algérie|passage=80|éditeur=Éditions Dalimen|date=2012|isbn=978-9931-306-56-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=tLMEoAEACAAJ&newbks=0&hl=fr|consulté le=2022-03-22}}.</ref>.]] |
|||
Vers 910, profitant de l'affaiblissement des [[Idrissides]], les Meknassas se rendent maîtres d'un vaste territoire englobant toute la région comprise entre [[Taza]], [[Tsoul]] et la frontière orientale du [[Maghreb al-Aqsa|Maghreb El Aqsa]]<ref name=":Berthelot et Dreyfus">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=André Berthelot|auteur2=Camille Dreyfus|titre=La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts : par une société de savants et de gens de lettres. Volume 23|page=266|éditeur=H. Lamirault et cie|date=|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/La_Grande_encyclop%C3%A9die_inventaire_raiso/pqhDAQAAMAAJ?hl=fr&gbpv=1&bsq=miknasa+sidjilmassa&dq=miknasa+sidjilmassa&printsec=frontcover}}.</ref>. |
|||
Au {{S-|X}}, après s'être concentrés pendant une période sur l'est du Maghreb, les [[Fatimides]] décident de pousser à l'ouest, de s'imposer au Maroc, en s'appuyant sur les Meknassas de la [[Moulouya]]<ref name=":Ce que devient l'Islam devant le monde moderne">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=J. Bührer|auteur2=Pierre J. André|titre=Ce que devient l'Islam devant le monde moderne|page=247|éditeur=Berger-Levrault|date=1871|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Ce_que_devient_l_Islam_devant_le_monde_m/NvYiAQAAMAAJ?hl=fr&gbpv=1&bsq=meknassa+fatimide&dq=meknassa+fatimide&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref name=":Pierre Redan">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Pierre Redan|titre=L'Islam et les races: Les rameaux (mouvements régionaux et sectes)|page=130|éditeur=Berger-Levrault|date=1922|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/L_Islam_et_les_races_Les_rameaux_mouveme/M8gpAQAAIAAJ?hl=fr&gbpv=1&bsq=meknassa+moulouya+fatimides&dq=meknassa+moulouya+fatimides&printsec=frontcover}}.</ref>, avec à leur tête Messala ben Habbous. Messala, chef de la tribu des Meknassas de la Moulouya<ref name=":Société historique algérienne">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Société historique algérienne|titre=Revue africaine : Numéros 85-96|page=135|éditeur=|date=1871|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Revue_africaine/f3QkAQAAIAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=Messala-ben-Habbous+chef+de+la+grande+tribu+des+Mikna%C3%A7a+de+la+Moulouia&pg=PA135&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref name=":Emile Félix Gautier">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Emile Félix Gautier|titre=L'islamisation de l'Afrique du Nord : Les siècles obscurs du Maghreb|page=356|éditeur=|date=1927|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/L_islamisation_de_l_Afrique_du_Nord/FVgbAAAAIAAJ?hl=fr&gbpv=1&bsq=mikna%C3%A7a&dq=mikna%C3%A7a&printsec=frontcover}}.</ref>, obtient des Fatimides le gouvernement de [[Tahert]] et soumettant tout le Maghreb central, ainsi que Fès et Sijilmassa<ref name="Encyclopédie berbère" />. Messala à la tête d'une armée ketamo-miknacienne<ref name=":Ibn Khaldoun V4 264">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Khaldun|titre=Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=264|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_es_berb%C3%A8res_1/uHSX_6r9NKIC?hl=fr&gbpv=1&dq=débris+mikna%C3%A7a&pg=PA272&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref name=":Emile Masqueray">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Emile Masqueray|titre=Chronique d'Abou Zakaria|éditeur=l'Association ouvière V. Aillaud et cie|date=1878|page=172|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Chronique_d_Abou_Zakaria/VUZCAAAAIAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=armée+miknacienne&pg=PA172&printsec=frontcover}}.</ref>, participe à la destruction du royaume idrisside dans les campagnes fatimides dans le Maghreb al-Aqsa<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=G.|nom1=Camps|titre=Babor|périodique=Encyclopédie berbère|numéro=9|date=1991-04-01|issn=1015-7344|doi=10.4000/encyclopedieberbere.1243|lire en ligne=https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1243|consulté le=2022-02-21|pages=1295–1296}}.</ref>. En effet, à l'instigation des Fatimides, ce sont les Meknassas qui chassent les Idrissides de [[Fès]]<ref name=":Le pays des Saddina 60">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|auteur2=Virgilio Martínez Enamorado|auteur3=Brahim Akdim|titre=Le pays des Saddina|éditeur=|date=2014|page=60|lire en ligne=https://www.academia.edu/36298723/Le_pays_des_Saddina_Texte_intégral}}.</ref>, établissant ainsi une principauté zénète en 925-926. Les Meknassas sont eux-mêmes chassés de Fès par les [[Banou Ifren]], eux-mêmes chassés ensuite par les [[Maghraouas]]<ref name=":Le pays des Saddina 67">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|auteur2=Virgilio Martínez Enamorado|auteur3=Brahim Akdim|titre=Le pays des Saddina|éditeur=|date=2014|page=67|lire en ligne=https://www.academia.edu/36298723/Le_pays_des_Saddina_Texte_intégral}}.</ref>. |
|||
Vers 928 est actée la rupture de Moussa ben Abou El Afia d'avec les Fatimides. Il guerroie vraisemblablement les deux années suivantes pour son compte, sans être ni pro-fatimide ni pro-[[Omeyyades de Cordoue|omeyyade]]. Il nomme un de ses fils à la tête de Fès, et un commandant militaire à [[Taourirt (Maroc)|Taourirt]] pour surveiller les agissements des Idrissides. [[Moussa ben Abou El Afia]] semble dominer tout le Maghreb occidental, à l'exception d'Ḥajar al-Nasr, et des nombreux autres bastions idrissides qui lui résistent dans le nord-ouest marocain<ref name=":Chafik T. Benchekroun">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Chafik T. Benchekroun|titre=Les Idrissides entre Fatimides et Omeyyades|éditeur=|date=2016|lire en ligne=https://journals.openedition.org/remmm/9412?lang=en}}.</ref>. |
|||
Hamid, neveu de Messala, passe dans l'obédience des [[Califat de Cordoue|califes de Cordoue]], rivaux des [[Califat fatimide|Fatimides]]. Il commande Tlemcen au nom des Cordouans, puis passe en [[Al-Andalus]] où il occupe d'importantes fonctions auprès des Omeyyades. Son fils Isel, s'occupe du gouvernement de Sijilmassa pour le compte des Cordouans<ref name="Encyclopédie berbère" />. |
|||
Plus tard, le commandement des Meknassas établis dans le [[Maghreb al-Aqsa|Maghreb Al Aqsa]] se partage, à la suite de désunions au sein de la tribu. Les Meknassas de [[Sijilmassa]] reconnaissent pour chef(s) les fils de Wassoul ben Maslan, tandis que les Meknassas de Taza, Tsoul, la Moulouya et [[Melilla]] placent à leur tête les fils d'Abou El Afia. Les deux familles fondent chacune un émirat indépendant<ref name=":Ibn Khaldoun V4 260">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Khaldun|titre=Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=260|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_es_berb%C3%A8res_1/uHSX_6r9NKIC?hl=fr&gbpv=1&dq=débris+mikna%C3%A7a&pg=PA272&printsec=frontcover}}.</ref>. |
|||
Jusqu'à la fin du {{S-|X}}, les Meknassas restent les maitres incontestés des steppes de l'[[Oriental (Maroc)|Oriental marocain]], avant d'être supplantés par les [[Maghraouas]]. Les Meknassas se replient alors dans les montagnes au nord de Taza<ref name=":La géographie tribale du Maghreb Al Aqsa">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|titre=La géographie tribale du Maghreb Al Aqsa au {{s-|XI}} : Populations et territoires du Maghreb, {{sp-|VI|-|XI}}|éditeur=|date=2020|page=45-48|lire en ligne=https://www.academia.edu/44621398/MAROC_LA_GEOGRAPHIE_TRIBALE_DU_MAGHREB_AL_AQSA_AU_XI_SIECLE}}.</ref>. |
|||
Les Meknassas se trouvent essentiellement dans la Moulouya à la fin de l'époque idrisside. Ils n'occupent la région de Fès qu'après la fin de la suprématie idrisside, notamment à l'époque almoravide<ref name=":Le pays des Saddina 60"/>. Au {{s-|XI}}, [[Al-Bakri|Al Bakri]] situe les Meknassas dans le Pré-rif occidental, entre le [[Zerhoun]] et le [[Loukkos]], mais également dans la plaine et le couloir de Taza<ref name=":Rif 26">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Grigori Lazarev|titre=Quelques hypothèses sur le peuplement du Rif Occidental|éditeur=|date=|page=26|lire en ligne=https://www.academia.edu/22953579/Quelques_hypoth%C3%A8ses_sur_le_peuplement_du_Rif_Occidental}}.</ref>. |
|||
=== Taïfa de Badajoz en Al-Andalus === |
|||
Vers le {{s-|XI}}, un de leurs descendants fonde la [[Aftasides|dynastie aftaside]] à [[Taïfa de Badajoz|Badajoz]] (1022-1094), en al-Andalus. Cette famille règne sur un [[Taïfa de Badajoz|royaume]] comprenant les villes [[Mérida (Espagne)|Mérida]], [[Lisbonne]], [[Santarém (Portugal)|Santarem]] et [[Coimbra]]<ref name=":Legado Andalusí">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Legado Andalusí|titre=Itinéraire culturel des Almoravides et des Almohades|éditeur=Junta de Andalucía|date=1999|page=244|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Itin%C3%A9raire_culturel_des_Almoravides_et/vKiW0HDhAcoC?hl=fr&gbpv=1&dq=miknasah+badajoz&pg=PA244&printsec=frontcover}}.</ref>. |
|||
=== Ère almohade et mérinide === |
|||
Au {{s|XII}}, les [[Mérinides]], des nomades zénètes, nomadisent selon un parcours essentiellement saharien, allant probablement de [[Figuig]] et [[Sijilmassa]], à l'Ouest et le [[Zibans|Zab]] (sud des Aurès) à l'Est, avant de remonter vers le Nord et de s'établir plus tard vers la basse [[Moulouya]], autour de [[Guercif]], carrefour de rassemblement de toutes les tribus mérinides à la fin de leurs migrations estivales<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=A.|nom1=Khaneboubi|titre=Mérinides (Berb. : Ayt Mrin)|périodique=Encyclopédie berbère|numéro=31|date=2010-12-30|issn=1015-7344|doi=10.4000/encyclopedieberbere.568|lire en ligne=https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/568?lang=en|consulté le=2022-04-23|pages=4889–4895}}.</ref>{{,}}<ref name="Khanoubi1">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Ahmed|nom1=Khaneboubi|titre=Les premiers sultans mérinides: 1269-1331 : histoire politique et sociale|passage=34|éditeur=L'Harmattan|date=1987|isbn=978-2-85802-773-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Di0hAAAAMAAJ&newbks=0&printsec=frontcover&dq=merinides+guercif&q=merinides+guercif&hl=fr|consulté le=2021-10-25}}.</ref>. {{référence à confirmer|Ils se lient d'amitié et contractent des alliances avec les Zénètes sédentaires de la Moulouya<ref name="Khanoubi2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Ahmed|nom1=Khaneboubi|titre=Les institutions gouvernementales sous les Mérinides 1258-1465|éditeur=L'Harmattan|date=2008|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>, notamment les Meknassas<ref name="Gaïd">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mouloud|nom1=Gaïd|titre=Les berbers dans l'histoire: En Espagne musulmane|éditeur=Editions Mimouni|date=1996|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>}}. Ils finissent par prêter serment aux Mérinides<ref name="Encyclopédie berbère" />. |
|||
En [[1275]], les Meknassas participent à la première campagne du sultan mérinide [[Abu Yusuf Yaqub ben Abd al-Haqq|Abu Yusuf Yaqub]] en [[Al-Andalus]], dans laquelle les [[Mérinides]] infligent deux sévères défaites aux [[Couronne de Castille|Castillans]], lors des [[bataille d'Écija (1275)|batailles d'Écija]] et de [[Bataille de Martos|Martos]]<ref name="al-Nasiri 69">{{harvsp|al-Nasiri|1934|p=69}}.</ref>. |
|||
En [[1285]], pour sa [[Campagne d'Andalousie (1285)|quatrième campagne]] en [[Péninsule Ibérique|péninsule ibérique]], le sultan Abu Yusuf Yaqub rassemble un contingent de {{nombre|18000|hommes}} chez les huit tribus des Meknassa, Awerba, Ghomara, Lamta, Beni Ouartyn, [[Beni Yazgha]]<ref name=":Awerba">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=P. Morizot|titre=Awerba|éditeur=Encyclopédie berbère|date=1987|page=18|lire en ligne=https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/177}}.</ref>. |
|||
Au {{s-|XIV}}, les restes de Meknassas vivent près de Taza, leur ancien territoire. Ils prêtent alors serment aux Mérinides<ref name="Encyclopédie berbère"/>. [[Ibn Khaldoun]] situe les Meknassas dans le [[Rif oriental]] au {{s-|XIV}}. [[Léon l'Africain]] situe également les Meknassas dans le Rif oriental, au {{s-|XVI}}<ref name=":Rif 26"/>. |
|||
=== Époque contemporaine === |
|||
{{...}} |
|||
En 1792, profitant de la mort du sultan [[Yazid ben Mohammed|Moulay Yazid]], puis de la guerre civile qui oppose les différents prétendants au trône, les [[Empire ottoman|Turcs]] investissent [[Oujda]] et y installent un khalifa du [[Mohamed el-Kebir|Bey Mohammed]]. En 1795, le sultan [[Slimane ben Mohammed|Moulay Slimane]] victorieux de ses frères, envoie une armée composée d'[[guich des Oudaïas|Oudaïas]], de [[Chéraga (tribu)|Chéraga]], d'Oulad Djâma, d'[[Abid al-Bukhari]], de Meknassas et d'Ahlâf pour reprendre Oujda<ref name=":Aboulqâsem Ben Ahmed Ezziâni">{{Ouvrage|auteur1=Aboulqâsem Ben Ahmed Ezziâni|titre=Le Maroc de 1631 à 1812|éditeur=|date=|page=178|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Le_Maroc_de_1631_%C3%A0_1812/OmMMAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=les+arm%C3%A9es+miknasa&pg=PA178&printsec=frontcover}}.</ref>. Le [[Beylik de l'Ouest|Bey d'Oran]] n'oppose aucune résistance et Oujda est à nouveau réintégrée au territoire marocain<ref name="chenntouf">Tayeb Chenntouf, [http://unesdoc.unesco.org/images/0013/001398/139816f.pdf La dynamique de la frontière au Maghreb], ''Des frontières en Afrique du {{sp-|XII| au |XX}}'', éd. UNESCO, Paris, 2005, {{p.|204-205}}.</ref>. |
|||
== Localisation contemporaine == |
|||
=== Maroc === |
|||
Une tribu qui porte encore le nom de Meknassa se trouve dans les montagnes au nord de [[Taza]]<ref name=":Jean Besancenot"/>, ainsi qu'une fraction du [[guich des Oudaïas]], au nord de [[Fès]]<ref name=":Rif 7"/>. Chez les [[Tsoul]], on a une fraction des Beni Ourtnaj, ou Ourtnadja, appartenant aux Warstif, auxquels appartiennent également les Meknassas qui se sont mêlés avec lors de leur implantation sur les rives de la Moulouya<ref name="Encyclopédie berbère"/>. |
|||
Il y a également les Betalça, dont les représentants sont aujourd'hui la tribu des [[Metalsa]] appartenant à l'[[Rifains|ensemble rifain]]. Les Betalça, frère des Meknaça<ref name=":Ibn Khaldoun 195"/>, appartiennent également aux Ourtnadja<ref name=":Ibn Khaldoun 258">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ibn Khaldun|titre=Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 1|éditeur=Impr. du Gouvernement|date=|page=258|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_des_Berb%C3%A8res_et_des_dynasties/Xw0-AAAAcAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=pays+des+mikna%C3%A7a&pg=PA195&printsec=frontcover}}.</ref>. Ces derniers appartiennent à l'ensemble Wartasif-Miknasa. En effet, les diverses branches de la tribu des Wartasif se sont mêlées avec les Meknassas, et descendent toutes de Warstif ibn Yahia Ibn Dari<ref name="Encyclopédie berbère"/>. |
|||
D'après Aboulqâsem Ben Ahmed Ezziâni, les [[Ghiata]] seraient apparentés aux Meknassas<ref name=":Nicolas Kossovitch">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Nicolas Kossovitch|titre=Anthropologie et groupes sanguins des populations du Maroc|éditeur=Masson|date=1953|page=101|lire en ligne=}}.</ref>. |
|||
Les habitants de Meknès étaient originaires d'Orient pour une partie d'entre eux et l'autre partie serait une tribu berbère de la [[Tunisie]]. Ils auraient immigré vers l'ouest, dans le centre de l'actuel [[Maroc]] et dans l'ouest de l'actuelle [[Algérie]] avec l'avènement de l'islam. Les Meknassa fondent Meknès en [[757]]<ref>[http://books.google.fr/books?id=OSMhAAAAMAAJ&q=mekna%C3%A7a&dq=mekna%C3%A7a&lr=&pgis=1 Le M'Zables pratiques de l'espace De Brahim Benyoucef]</ref>. La ville moderne marocaine de [[Meknès]] témoigne de leur présence. |
|||
=== Algérie === |
|||
En [[711]], plusieurs membres de la tribu ont pris part à la conquête de [[Tariq ibn Ziyad]] . Ils se sont installés au nord de [[Cordoue]] . Et vers le {{XIe siècle}} siècle, ils fondent la dynastie [[Aftasid]] (Banu al Aftas) à Badajoz. |
|||
En [[1067]] de notre ère, [[Al-Bakri]] place des Meknessas {{sfn|Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842|Par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une commission académique|1853|p=159}} au nord de la nouvelle [[Tiaret|Tahart]], ce qui correspond à l'extrémité occidentale de l'[[Ouarsenis]], habité aujourd'hui par le groupe [[Berbères|berbère]] [[Zénètes|zénète]] des [[Beni-Ouragh]]<ref name="+1">[Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842/ Gouverneur général, 1853], Page 159.</ref>. Un siècle après, [[Al Idrissi]]{{sfn|Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842|Par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une commission académique|1853|p=159}} plaçait des Meknessas dans l'[[Ouarsenis]]{{sfn|Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842|Par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une commission académique|1853|p=159}}. Enfin, de nos jours, nous retrouvons encore une tribu chez les [[Beni-Ouragh]], c'est-à-dire à la place où les deux [[écrivains]] [[arabes]] ont signalé sa présence. C'est là un des rares exemples de tribus qui aient conservé, à travers tant d'années et surtout tant de vicissitudes, leur nom avec la place qu'elles occupaient<ref name="+1" />. |
|||
=== Tunisie === |
|||
Un autre groupe des Meknassa ont pris part au soulèvement du [[Maysara]] (739-742),ils ont adopté le [[kharijisme]]. Ils fondent l'émirat de [[Sijilmassa]] à la limite nord du Sahara. La ville est devenue la plus riche de l’Ouest. En s’alliant avec le califat de Cordoue, ils ont été en mesure de combattre les attaques des [[Fatimides]]. Toutefois, lorsque le chef Meknassa Al-Mutazz s'est allié aux [[Fatimides]]. Les Meknassa ont été chassés de [[Sijilmassa]] par les [[Maghraoua]]s, qui étaient les alliés des Omeyyades. |
|||
Dans la région du Haut Tell tunisien, les Ouled-Ayar ont une fraction dénommée Harat ou Beni-Houaat<ref name=":Charles Monchicourt">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Charles Monchicourt|titre=La région du Haut-Tell, en Tunisie (le Kef, Téboursouk, Mactar, Thala) : essai de monographie géographique, thèse...|éditeur=A. Colin|date=1913|page=204|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56728015/f340.image.r=miknasa}}.</ref>, qui sont une branche des Miknasa d'après Ibn Khaldoun<ref name="Encyclopédie berbère"/>. Parmi les Sendi du centre du pays, on trouve une tribu meknassa<ref name=":Paul Provotelle">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Paul Provotelle|titre=Étude sur la Tamazir't ou Zénatia de Qalaât Es-Sened (Tunisie)|éditeur=E. Leroux|date=1911|page=4|lire en ligne=https://archive.org/details/74509409etudesurlatamazirtouzenatiadeqalaatessenedtunisie/page/n7/mode/2up?q=miknasa}}.</ref>. |
|||
== Notes == |
|||
Un autre groupe de Meknassa était allié aux Fatimides contre les [[Omeyyades]], ils ont renversé les [[Rostémides]] de [[Tiaret]] en [[912]] et ils ont chassé les [[Émirat de Nekor|Salihids]] du nord du Maroc en [[917]]. Mais ils n'ont pas pu maintenir leur résistance aux [[Maghraoua]]s . Après plusieurs batailles permanentes dans le nord du Maroc, les Meknassa se retrouvent affaiblis par la lutte, ils ont été vaincus par les [[Almoravides]] au {{XIe siècle}} siècle. |
|||
{{Références|groupe=note}} |
|||
== Références == |
|||
Un autre groupe des Meknassa occupent les bord de l'oued larbaâ et l'oued lahdar. Ce qui pourrait confirmer la légende historique que les Meknassa ont transité par la région de Taza et ont developpé la ville. Ensuite, ils furent défaits et chassés de Taza par les [[Ghiata]] vers l'ouest où ils se sont installé (région de Meknès). D'ailleurs, le nom Taza-meknassa fut rapporté par des historiens. |
|||
{{Références}} |
|||
== |
== Articles connexes == |
||
* [[Histoire du Maroc]] |
|||
<references /> |
|||
* [[Histoire de l'Algérie]] |
|||
== Bibliographie == |
|||
{{Portail|Maroc|Berbères}} |
|||
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ernest Mercier|titre=Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830)|lieu=Paris|éditeur=Ernest Leroux|année=1894|pages totales=477|lire en ligne = https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_l_Afrique_septentrionale_Ber/he5BAQAAMAAJ?hl=en&gbpv=1|id= Mercier1888|plume=oui}}. |
|||
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ar|auteur1=[[Ahmad ibn Khalid al-Nasiri|Ahmed ben Khâled Ennâsiri Esslâoui.]]|traducteur=Ismaël Hamet|titre=[[Al-Istiqsa|Kitâb Elistiqsâ li-Akhbâri doual Elmâgrib Elaqsâ]]|traduction titre=Le livre de la recherche approfondie des événements des dynasties de l'extrême Magrib|volume=XXXIII|titre volume=Les Mérinides|lieu=Paris|éditeur=Librairie Honoré Champion|collection=Archives marocaines|année=1934|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64723512/f1.item.r=les%20archives%20marocaines|id=al-Nasiri1934|plume=oui}}. |
|||
{{Palette|Histoire du Maghreb}} |
|||
[[Catégorie:Meknassa]] |
|||
{{Portail|Maghreb|Berbères|Meknès|anthropologie|Haut Moyen Âge}} |
|||
[[Catégorie:Meknassa|*]] |
|||
[[an:Micnasa]] |
|||
[[Catégorie:Histoire de l'Andalousie]] |
|||
[[ar:مكناسة]] |
|||
[[Catégorie:Tribu berbère du haut Moyen Âge]] |
|||
[[de:Miknasa]] |
|||
[[en:Miknasa]] |
|||
[[nl:Miknasa]] |
Dernière version du 1 novembre 2024 à 21:52
Meknassas[note 1] ou Imeknasen[1], ⵉⵎⴽⵏⴰⵙⵏ en berbère, مكناسة en arabe, est, au Moyen Âge, une tribu berbère zénète, dont les migrations d'est en ouest ont conduit à différentes implantations et ramifications au Maghreb. Les sources divergent mais ils seraient originaires de l'Est du Maghreb[note 2], ils auraient été chassés au VIIe siècle par les invasions arabes en Ifriqiya. On les retrouve au Maghreb central, où ils participent vraisemblablement à la conquête musulmane d'Oqba. Ils s'installent finalement, en majorité, dans la vallée de la Moulouya, ce qui fait dire à Ibn Khaldoun et Al-Bakri que ce fleuve traverse ce qu'ils décrivent comme « le pays des Miknaça ». Suffisamment islamisés, ils participent à l'armée de conquête de la péninsule ibérique puis aux futures révoltes kharidjites. Leur localisation selon les chroniqueurs médiévaux, va depuis la source de la Moulouya, du côté de Sijilmassa, jusqu'à son embouchure, et depuis cette localité jusqu'aux environs de Taza et de Tsoul. Une partie des Meknassa est passée en Ibérie, accompagnant les troupes de Tarik Ibn Ziyad lors de l'invasion Omeyyades de la péninsule. Une autre branche des Meknasas fonde la principauté sufrite midraride de Sijilmassa. Les Meknassa sont, en fait, essentiellement connus pour leur domination du Maroc oriental, où ils imposèrent leur nom ainsi qu’une nouvelle tradition généalogique[2]. Des débris de Meknassas sont cependant signalés au Maghreb central et en Ifriqiya, mais se sont mêlés avec les diverses peuplades qui habitent ces provinces[3].
Au Xe siècle, Messala ibn Habbous chef de la tribu des Meknassas de la Moulouya, obtient des Fatimides le gouvernement de Tahert et soumet tout le Maghreb central, ainsi que Fès et Sijilmassa. Son successeur, Hamid, bascule ensuite dans l'obédience des califes de Cordoue, rivaux des Fatimides. Ils s'installent également sur l'Oued Boufekrane au Xe siècle, fondant Meknès. Au XIe siècle, ils fondent la dynastie Aftaside, dans la taïfa de Badajoz, qui règne sur une grande partie de l'ancienne Lusitanie.
La fondation de Sijilmassa, et Taza, autres villes du Maroc, sont également dues aux Meknassas. Les Meknassas ont marqué la toponymie du Maghreb en divers endroits sur leur passage. Au Maroc, outre la ville de Meknès, l'ancien nom de Taza : Meknassa Taza, plusieurs communes et villages dans la province de Taza à savoir Meknassa Al Gharbia, Meknassa Tahtania, Meknassa Acharqia, Meknassa Foukania, une tribu porte également toujours le nom de Meknassa dans les montagnes au nord de Taza[4], ainsi qu'une fraction du guich des Oudaïas, au nord de Fès[5]. En Algérie, un village près de Chlef porte le nom de Meknassa, ainsi qu'une rivière : l'oued Meknassa[6]. En Tunisie, une ville et une plaine portent le nom de Meknassy dans le centre du pays.
Histoire
[modifier | modifier le code]Origines
[modifier | modifier le code]Les Meknassas sont une tribu berbère zénète descendante de Warstif ibn Yahia Ibn Dari d'où le fait qu'ils aient été appelés parfois les Wartasif-Miknasa[1]. Les Warstif se divisent ainsi en trois branches : Meknassa, Ourtnadja et Megguen[7].
Les Meknassas seraient originaires de l'est du Maghreb, les historiens les situant dans la Tripolitaine[8],[9], ou le Sud tunisien[10],[11], plus précisément des steppes de Gafsa[12]. Des Meknassas se seraient installé dans les Aurès avant la conquête arabe, rejoignant dans cette région les Awerba et Djerawa autochtones[13]. Dès 640, des Meknassas sont signalés dans le Jérid tunisien[14]. De cette zone, et certainement après un passage dans le Maghreb central[15], ils auraient été déportés vers la Moulouya après leur islamisation par Oqba Ibn Nafi al-Fihri — lors de son premier gouvernorat entre 670 et 675 — pour les sanctionner de leurs multiples apostasies[12]. Les Meknassas ont donc migré de leur région d'origine, dès les premiers temps de l'islam au Maghreb[16].
D'autre part une autre théorie fait descendre les Meknassas, des Macénites de l'Antiquité ayant habité le Moyen Atlas[17]. Les Macénites des environs de Volubilis ont peut-être quelque rapport avec les Berbères Meknassa, d'où vient le nom de Meknès[18],[19]. Cependant, l'Encyclopédie berbère tranche selon que s'il est possible que les territoires occupés par les Meknassas médiévaux aient pu correspondre en partie à ceux des Macénites antiques, l'homonymie très approximative, ne permet pas de donner à Meknès des origines macénites[20]. Selon Salem Chaker le rapprochement entre Macénites et Meknassas n'est pas recevable d'un point de vue de la linguistique berbère et doit être « definitivement abandonné »[21].
Premiers temps de l'islam
[modifier | modifier le code]Les Meknassas semblent s’être déplacée d’Est en Ouest avant les autres tribus zénètes. Les différentes branches de la tribu des Wartasif se mêlent à la branche des Miknassas du temps de leur implantation sur l'oued Moulouya, de la source à l'embouchure[1]. La Moulouya qui se situe dans le Maroc oriental, est alors considérée comme la limite en le Maghreb al Aqsa et le Maghreb central[24].
Ainsi, lors de la conquête musulmane des Aurès, des Meknassas y sont signalés[25]. On les retrouve ainsi aux côtés des Houaras, dans la région des Zibans, région dans laquelle ils deviendront minoritaires avec l'arrivée des Arabes[26]. Vers 837, ils se révoltent à Qastiliya, région de Tozeur, dans le Jérid tunisien, de concert avec les Zouara et Louata. Certains éléments — comme leur participation aux révoltes kharéjites — prouvent que les Meknassas restent, cependant, en grand nombre dans les régions orientales du Maghreb, longtemps après la période de la domination musulmane[27].
À cette époque la région de la Moulouya est occupée par les Baquates, une population de nomades romanisées. Il n'est pas impossible que la stratégie d'Oqba était d’affaiblir le royaume d'Altava, principauté chrétienne de la région de Tlemcen, et le Maghreb al-Aqsa par des migrations de tribus peu soumises à l'autorité musulmane[16]. La basse vallée de la Moulouya, qui constitue aujourd'hui le Maroc oriental, traverse ce qui était autrefois « le pays des Miknaça »[28],[29]. En effet, les pâturages du versant nord des montagnes du Moyen Atlas jusqu'à la Moulouya étaient la patrie des Meknassas[30]. D'après Ibn Khaldoun, les Meknassas habitaient les bords de la Moulouya, depuis sa source, du côté de Sijilmassa, jusqu'à son embouchure, et depuis cette localité jusqu'aux environs de Taza et de Tsoul, dans le couloir de Taza[31]. Si le groupe le plus puissant et important nomadisaient dans la vallée de la Moulouya, d'importants contingents meknassas s'installent dans la région au nord de l'Innaouen, fondant ainsi Meknassa Taza[32].
Lors de la conquête musulmane de la péninsule ibérique, les Meknassas déjà établis dans la Moulouya[33], font partie des tribus qui accompagnent Tariq ibn Ziyad dans la traversée du Détroit[16]. Une grande partie des Meknassas s'installent dans la péninsule, devenant très nombreux et puissants[1].
Période des révoltes berbères et des principautés sufrites
[modifier | modifier le code]En 739, la grande révolte berbère éclate dans le nord du Maroc. Les Meknassas se rallient à la coalition berbère dirigée par Maysara al-Matghari, et qui regroupe également les Ghomaras, Berghouata et Matghara[34].
La tribu berbère des Meknassas contrôle une partie du Maroc oriental jusqu’à la limite de Tafilalet durant le VIIIe siècle[35]. En effet, les Meknassas occupaient alors la vallée supérieure de la Moulouya, une partie du Haut Atlas et la plupart des oasis de l'Oued-Ziz. Vers le milieu du VIIIe siècle, à l'instigation d'Abou Qassim Samgu ben Wassoul, les fractions meknassas situées le long de l'Oued-Ziz, convertis au kharidjisme sufrite et appartenant à la confédération tribale des Banû Wassûl, choisissent comme chef, Aïssa ben Yazid, un leader kharijite sufrite renommé pour sa piété. Celui-ci exerce sur ses adeptes une autorité absolument indépendante tout en reconaissant la suzeraineté des califes abassides. Il jete les fondations de Sijilmassa[36], future capitale du nouveau royaume ː l'émirat de Sijilmassa[37], dont l'autorité s'étend jusqu'aux contrées du sud ouest de l'Algérie[38].
Les Miknassas sont comptés parmi les Zénètes sufrites (VIIIe siècle). Ils occupent alors un large espace allant au sud d'une ligne rejoignant Tlemcen, Tahert et Fès, mais sont particulièrement nombreux entre Tahert et Ouargla. Une branche des Meknassa, les Banu Wassul, fondent Sijilmassa. Ils y prennent le pouvoir en 824, et fondent la dynastie des Banu Midrar (ou Midrarides), exerçant la suprématie sur le Tafilalet, contrôlant les routes vers Bilad al Habech (pays des Noirs) ou Bilad Soudan. La métropole des Midrarides reste Sijilmassa, même si A.G. P Martin et Zerouki (spécialiste de l'histoire ibadite) présument d'une zone d'influence difficile à cerner.[réf. nécessaire] Au VIIIe siècle/IXe siècle, les Meknassas dominent un espace au sud d'une ligne joignant Tahert, Tlemcen et Fez, mais sont particulièrement nombreux entre Tahert et Ouargla où ils occupent un certain nombre d'oasis[39]. Les Meknassas occupent cependant principalement l'espace compris entre la Moulouya et le Tafilalet[40],[32]. Les liens entre Ibn Rûstum, fondateur de Tiaret, étaient étroites avec les Banou Midrar.[réf. nécessaire].
Participation à la fondation de l'émirat idrisside
[modifier | modifier le code]Les Meknassas font partie de la coalition des tribus du nord marocain qui désignent Idris Ier comme imam, en 789. Cette coalition de tribus regroupent ainsi les Meknassas, les Awerba, Ghomara, Ghiata, Zouagha, Lemmaya, Luwata, Sedrata, et d'autres tribus zénètes[41].
Des Meknassas s'implantent sur les rives de l'Oued Boufekrane au Xe siècle, fondant deux villes : Meknassa Zeïtouna et Meknassa Taza. L'Almoravide Youssef Ibn Tachfin prend les deux bourgades et les fait fortifier, posant les bases de la ville de « Meknassa » qui deviendra Meknès[42].
Période fatimide puis cordouane
[modifier | modifier le code]Vers 910, profitant de l'affaiblissement des Idrissides, les Meknassas se rendent maîtres d'un vaste territoire englobant toute la région comprise entre Taza, Tsoul et la frontière orientale du Maghreb El Aqsa[44].
Au Xe siècle, après s'être concentrés pendant une période sur l'est du Maghreb, les Fatimides décident de pousser à l'ouest, de s'imposer au Maroc, en s'appuyant sur les Meknassas de la Moulouya[45],[46], avec à leur tête Messala ben Habbous. Messala, chef de la tribu des Meknassas de la Moulouya[47],[48], obtient des Fatimides le gouvernement de Tahert et soumettant tout le Maghreb central, ainsi que Fès et Sijilmassa[1]. Messala à la tête d'une armée ketamo-miknacienne[49],[50], participe à la destruction du royaume idrisside dans les campagnes fatimides dans le Maghreb al-Aqsa[51]. En effet, à l'instigation des Fatimides, ce sont les Meknassas qui chassent les Idrissides de Fès[52], établissant ainsi une principauté zénète en 925-926. Les Meknassas sont eux-mêmes chassés de Fès par les Banou Ifren, eux-mêmes chassés ensuite par les Maghraouas[53].
Vers 928 est actée la rupture de Moussa ben Abou El Afia d'avec les Fatimides. Il guerroie vraisemblablement les deux années suivantes pour son compte, sans être ni pro-fatimide ni pro-omeyyade. Il nomme un de ses fils à la tête de Fès, et un commandant militaire à Taourirt pour surveiller les agissements des Idrissides. Moussa ben Abou El Afia semble dominer tout le Maghreb occidental, à l'exception d'Ḥajar al-Nasr, et des nombreux autres bastions idrissides qui lui résistent dans le nord-ouest marocain[54].
Hamid, neveu de Messala, passe dans l'obédience des califes de Cordoue, rivaux des Fatimides. Il commande Tlemcen au nom des Cordouans, puis passe en Al-Andalus où il occupe d'importantes fonctions auprès des Omeyyades. Son fils Isel, s'occupe du gouvernement de Sijilmassa pour le compte des Cordouans[1].
Plus tard, le commandement des Meknassas établis dans le Maghreb Al Aqsa se partage, à la suite de désunions au sein de la tribu. Les Meknassas de Sijilmassa reconnaissent pour chef(s) les fils de Wassoul ben Maslan, tandis que les Meknassas de Taza, Tsoul, la Moulouya et Melilla placent à leur tête les fils d'Abou El Afia. Les deux familles fondent chacune un émirat indépendant[55].
Jusqu'à la fin du Xe siècle, les Meknassas restent les maitres incontestés des steppes de l'Oriental marocain, avant d'être supplantés par les Maghraouas. Les Meknassas se replient alors dans les montagnes au nord de Taza[56].
Les Meknassas se trouvent essentiellement dans la Moulouya à la fin de l'époque idrisside. Ils n'occupent la région de Fès qu'après la fin de la suprématie idrisside, notamment à l'époque almoravide[52]. Au XIe siècle, Al Bakri situe les Meknassas dans le Pré-rif occidental, entre le Zerhoun et le Loukkos, mais également dans la plaine et le couloir de Taza[57].
Taïfa de Badajoz en Al-Andalus
[modifier | modifier le code]Vers le XIe siècle, un de leurs descendants fonde la dynastie aftaside à Badajoz (1022-1094), en al-Andalus. Cette famille règne sur un royaume comprenant les villes Mérida, Lisbonne, Santarem et Coimbra[58].
Ère almohade et mérinide
[modifier | modifier le code]Au XIIe siècle, les Mérinides, des nomades zénètes, nomadisent selon un parcours essentiellement saharien, allant probablement de Figuig et Sijilmassa, à l'Ouest et le Zab (sud des Aurès) à l'Est, avant de remonter vers le Nord et de s'établir plus tard vers la basse Moulouya, autour de Guercif, carrefour de rassemblement de toutes les tribus mérinides à la fin de leurs migrations estivales[59],[60]. Ils se lient d'amitié et contractent des alliances avec les Zénètes sédentaires de la Moulouya[61], notamment les Meknassas[62][réf. à confirmer]. Ils finissent par prêter serment aux Mérinides[1].
En 1275, les Meknassas participent à la première campagne du sultan mérinide Abu Yusuf Yaqub en Al-Andalus, dans laquelle les Mérinides infligent deux sévères défaites aux Castillans, lors des batailles d'Écija et de Martos[63].
En 1285, pour sa quatrième campagne en péninsule ibérique, le sultan Abu Yusuf Yaqub rassemble un contingent de 18 000 hommes chez les huit tribus des Meknassa, Awerba, Ghomara, Lamta, Beni Ouartyn, Beni Yazgha[64].
Au XIVe siècle, les restes de Meknassas vivent près de Taza, leur ancien territoire. Ils prêtent alors serment aux Mérinides[1]. Ibn Khaldoun situe les Meknassas dans le Rif oriental au XIVe siècle. Léon l'Africain situe également les Meknassas dans le Rif oriental, au XVIe siècle[57].
Époque contemporaine
[modifier | modifier le code]En 1792, profitant de la mort du sultan Moulay Yazid, puis de la guerre civile qui oppose les différents prétendants au trône, les Turcs investissent Oujda et y installent un khalifa du Bey Mohammed. En 1795, le sultan Moulay Slimane victorieux de ses frères, envoie une armée composée d'Oudaïas, de Chéraga, d'Oulad Djâma, d'Abid al-Bukhari, de Meknassas et d'Ahlâf pour reprendre Oujda[65]. Le Bey d'Oran n'oppose aucune résistance et Oujda est à nouveau réintégrée au territoire marocain[66].
Localisation contemporaine
[modifier | modifier le code]Maroc
[modifier | modifier le code]Une tribu qui porte encore le nom de Meknassa se trouve dans les montagnes au nord de Taza[4], ainsi qu'une fraction du guich des Oudaïas, au nord de Fès[5]. Chez les Tsoul, on a une fraction des Beni Ourtnaj, ou Ourtnadja, appartenant aux Warstif, auxquels appartiennent également les Meknassas qui se sont mêlés avec lors de leur implantation sur les rives de la Moulouya[1].
Il y a également les Betalça, dont les représentants sont aujourd'hui la tribu des Metalsa appartenant à l'ensemble rifain. Les Betalça, frère des Meknaça[28], appartiennent également aux Ourtnadja[67]. Ces derniers appartiennent à l'ensemble Wartasif-Miknasa. En effet, les diverses branches de la tribu des Wartasif se sont mêlées avec les Meknassas, et descendent toutes de Warstif ibn Yahia Ibn Dari[1].
D'après Aboulqâsem Ben Ahmed Ezziâni, les Ghiata seraient apparentés aux Meknassas[68].
Algérie
[modifier | modifier le code]En 1067 de notre ère, Al-Bakri place des Meknessas [69] au nord de la nouvelle Tahart, ce qui correspond à l'extrémité occidentale de l'Ouarsenis, habité aujourd'hui par le groupe berbère zénète des Beni-Ouragh[70]. Un siècle après, Al Idrissi[69] plaçait des Meknessas dans l'Ouarsenis[69]. Enfin, de nos jours, nous retrouvons encore une tribu chez les Beni-Ouragh, c'est-à-dire à la place où les deux écrivains arabes ont signalé sa présence. C'est là un des rares exemples de tribus qui aient conservé, à travers tant d'années et surtout tant de vicissitudes, leur nom avec la place qu'elles occupaient[70].
Tunisie
[modifier | modifier le code]Dans la région du Haut Tell tunisien, les Ouled-Ayar ont une fraction dénommée Harat ou Beni-Houaat[71], qui sont une branche des Miknasa d'après Ibn Khaldoun[1]. Parmi les Sendi du centre du pays, on trouve une tribu meknassa[72].
Notes
[modifier | modifier le code]- Parfois orthographié : Meknassa, Mîknasa, Mêknasa, Miknaça...
- Les sources donnent diverses théories sur l'origine des Meknasas : l'Ifriqiya, la Tripolitaine ou le Sud Tunisien.
Références
[modifier | modifier le code]- Khelifa, A., « Miknaça/Miknasa. (*Imeknasen) », Encyclopédie berbère, no 32, (ISSN 1015-7344, lire en ligne, consulté le ).
- Grigori Lazarev, Généalogie et géographie tribale, (lire en ligne), p. 11.
- Ibn Khaldun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 272.
- Jean Besancenot, Costumes du Maroc, (lire en ligne), p. 51.
- Grigori Lazarev, Quelques hypothèses sur le peuplement du Rif Occidental (lire en ligne), p. 7.
- Société de géographie d'Alger et de l'Afrique du Nord, Bulletin, (lire en ligne), p. 718.
- Ibn Khaldun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 172-173.
- (en) Glauco D'Agostino, Sulle vie dell'Islam : Percorsi storici orientati tra dottrina, movimentismo politico-religioso e architetture sacre, Gangemi Editore, (lire en ligne).
- (en) André Adam, Histoire de Casablanca, des origines à 1914, Éditions Ophrys, (lire en ligne), p. 27.
- Grigori Lazarev, Quelques hypothèses sur le peuplement du Rif Occidental (lire en ligne), p. 4.
- (en) Abdul Mabud Khan et Nagendra Kr Singh, Encyclopaedia of the World Muslims : Tribes, Castes and Communities. Volume 1, Global Vision Publishing House, , 1664 p. (lire en ligne), p. 309.
- Grigori Lazarev, Branes et Awraba. Contribution au débat sur les Butr et les Branes (lire en ligne), p. 6-14.
- Ṭāha, 'Abdulwāhid Dḥanūn 1989, p. 24« The Aurās Mountains were the domain of enormous Berber tribes. Auraba, the most powerful, and Jarāwa — a huge section of Zanāta — joined by Hawwāra, Miknāsa, Kutāma, Luwāta, and Nafza, had settled here many years before the Arab conquest. ».
- comte Antione Du Paty de Clam, Fastes chronologiques de Tôzeur, A. Challamel, (lire en ligne).
- Lazarev 2021, p. 13« Avait-il rencontré, dans le Maghreb central, les Meknâsa et les Banû Fâten qui avaient quitté l'Ifrikiya lors des guerres qu'Uqba conduisit contre les apostasies ? Ou bien les avait-t-il emmenés lui-même au cours de ses expéditions vers l’ouest? Les deux réponses sont envisageables. Ce qui semble en tout cas évident, c’est que ces populations avaient occupé le Maghreb Central et qu’elles avaient été suffisamment islamisées pour participer à la conquête d’Al Andalus et,nplus tard, à la première insurrection kharidjite ».
- Virgilio Martínez Enamorado et Grigori Lazarev, Les Madyûna : la dispersion d'une tribu berbère oubliée, de la Libye à la Catalogne (lire en ligne), p. 14-15.
- Pierre Morizot, Romains et Berbères face à face, Errance, (ISBN 978-2-87772-858-4, lire en ligne).
- Pierre Morizot, Romains et Berbères face à face, Errance, (ISBN 978-2-87772-858-4, lire en ligne), p. 35 ; 52.
- William Seston, Mélanges D'histoire Ancienne Offerts À William Seston, E. de Boccard, (lire en ligne).
- R. Rebuffat, « Macénites », Encyclopédie berbère, no 30, , p. 4457–4459 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.382, lire en ligne, consulté le ).
- S. Chaker, « Macénites : Note linguistique complémentaire », Encyclopédie berbère, no 30, , p. 4459–4460 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.385, lire en ligne, consulté le ).
- « Les populations et les territoires du Maghreb du VIIè au XIè siècle de G. Lazarev, l’œuvre très utile de l’Académie du Royaume », sur Quid.ma (consulté le ).
- Chaïbi 2012, p. 62.
- Jennifer Vanz, L’invention d’une capitale : Tlemcen: (VIIe-XIIIe/IXe – XVe siècle), Éditions de la Sorbonne, (ISBN 979-10-351-0683-6, lire en ligne) :
.« En effet, depuis al - Bakrī, Ibn Haldūn est le premier à faire de Tlemcen la capitale du Maghreb central [...] le fleuve de la Moulouya est considéré comme la limite entre le Maghreb extrême et le Maghreb central. »
- Mouloud Gaïd, Les Berbers dans l'histoire: De Ziri à Hammad, Editions Mimouni, (lire en ligne), p. 137.
- Mouloud Gaïd, Les Berbers dans l'histoire: De Ziri à Hammad, Editions Mimouni, (lire en ligne), p. 138.
- Ernest (1808-1890) Auteur du texte Carette, Exploration scientifique de l'Algérie. 3, Recherches sur l'origine et les migrations des principales tribus de l'Afrique septentrionale et particulièrement de l'Algérie / par E. Carette,..., (lire en ligne), p. 156-157.
- Ibn Khaldun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 1, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 195.
- Al Bakri, Description de l'Afrique septentrionale, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 216.
- (en) M. Elfasi et Ivan Hrbek (UNESCO), Africa from the Seventh to the Eleventh Century, Heinemann Educational Books, (lire en ligne), p. 228.
- Ibn Khaldun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 1, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 259.
- Henri Terrasse et Georges Séraphin Colin, La grande mosquée de Taza, Les Éditions d'art et d'histoire, , p. 16.
- Eugène Guernier, La Berbérie, l'Islam et la France (1) : Le destin de l'Afrique du Nord, P. Andre, (lire en ligne).
- Bernard Lugan, Histoire de l’Afrique – Des origines à nos jours - 2e édition, Editions Ellipses, (lire en ligne).
- UNESCO
- L. Péchot, Histoire de l'Afrique du Nord avant 1830, préedée de la géographie physique et politique de la Tunisie, de l'Alerie et du Maroc, (lire en ligne), p. 54-55.
- Ksour et saints du Gourara: dans la tradition orale, l'hagiographie et les chroniques locales, Rachid Bellil, C.N.R.P.A.H., 2003, p. 82, livre en ligne
- Algérie: le passé revisité : une brève histoire de l'Algérie, Chems-Eddine Chitour, Casbah Editions, 2004, p. 197, livre en ligne
- Les oasis du Gourara (Sahara algérien) par Rachid Bellil, page 91-92 lire en ligne : « Mais ils étaient particulièrement nombreux dans la région entre Tahert et Wargla où ils occupent un grand nombre d'oasis. ».
- Les oasis du Gourara (Sahara algérien) par Rachid Bellil, page 40 lire en ligne : « Il s'agit en réalité d'un berbère appartenant au groupe zénète des Miknasa qui vivaient entre la Moulouya et le Tafilalet. ».
- Maurice Fougerouse, Le Maroc : vocations et réalités, (lire en ligne), p. 18.
- Le livre d'or du Maroc, Casa Editrice Bonechi, (ISBN 978-88-7009-841-9, lire en ligne), p. 15.
- Karim Chaïbi, Atlas historique de l'Algérie, Éditions Dalimen, (ISBN 978-9931-306-56-6, lire en ligne), p. 80.
- André Berthelot et Camille Dreyfus, La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts : par une société de savants et de gens de lettres. Volume 23, H. Lamirault et cie (lire en ligne), p. 266.
- J. Bührer et Pierre J. André, Ce que devient l'Islam devant le monde moderne, Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 247.
- Pierre Redan, L'Islam et les races: Les rameaux (mouvements régionaux et sectes), Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 130.
- Société historique algérienne, Revue africaine : Numéros 85-96, (lire en ligne), p. 135.
- Emile Félix Gautier, L'islamisation de l'Afrique du Nord : Les siècles obscurs du Maghreb, (lire en ligne), p. 356.
- Ibn Khaldun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 264.
- Emile Masqueray, Chronique d'Abou Zakaria, l'Association ouvière V. Aillaud et cie, (lire en ligne), p. 172.
- G. Camps, « Babor », Encyclopédie berbère, no 9, , p. 1295–1296 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.1243, lire en ligne, consulté le ).
- Grigori Lazarev, Virgilio Martínez Enamorado et Brahim Akdim, Le pays des Saddina, (lire en ligne), p. 60.
- Grigori Lazarev, Virgilio Martínez Enamorado et Brahim Akdim, Le pays des Saddina, (lire en ligne), p. 67.
- Chafik T. Benchekroun, Les Idrissides entre Fatimides et Omeyyades, (lire en ligne).
- Ibn Khaldun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 4, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 260.
- Grigori Lazarev, La géographie tribale du Maghreb Al Aqsa au XIe siècle : Populations et territoires du Maghreb, VIe – XIe siècle, (lire en ligne), p. 45-48.
- Grigori Lazarev, Quelques hypothèses sur le peuplement du Rif Occidental (lire en ligne), p. 26.
- Legado Andalusí, Itinéraire culturel des Almoravides et des Almohades, Junta de Andalucía, (lire en ligne), p. 244.
- A. Khaneboubi, « Mérinides (Berb. : Ayt Mrin) », Encyclopédie berbère, no 31, , p. 4889–4895 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.568, lire en ligne, consulté le ).
- Ahmed Khaneboubi, Les premiers sultans mérinides: 1269-1331 : histoire politique et sociale, L'Harmattan, (ISBN 978-2-85802-773-6, lire en ligne), p. 34.
- Ahmed Khaneboubi, Les institutions gouvernementales sous les Mérinides 1258-1465, L'Harmattan, .
- Mouloud Gaïd, Les berbers dans l'histoire: En Espagne musulmane, Editions Mimouni, .
- al-Nasiri 1934, p. 69.
- P. Morizot, Awerba, Encyclopédie berbère, (lire en ligne), p. 18.
- Aboulqâsem Ben Ahmed Ezziâni, Le Maroc de 1631 à 1812 (lire en ligne), p. 178.
- Tayeb Chenntouf, La dynamique de la frontière au Maghreb, Des frontières en Afrique du XIIe au XXe siècle, éd. UNESCO, Paris, 2005, p. 204-205.
- Ibn Khaldun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale collationné sur plusieurs manuscrits. Volume 1, Impr. du Gouvernement (lire en ligne), p. 258.
- Nicolas Kossovitch, Anthropologie et groupes sanguins des populations du Maroc, Masson, , p. 101.
- Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842 et Par ordre du Gouvernement et avec le concours d'une commission académique 1853, p. 159.
- [Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842/ Gouverneur général, 1853], Page 159.
- Charles Monchicourt, La région du Haut-Tell, en Tunisie (le Kef, Téboursouk, Mactar, Thala) : essai de monographie géographique, thèse..., A. Colin, (lire en ligne), p. 204.
- Paul Provotelle, Étude sur la Tamazir't ou Zénatia de Qalaât Es-Sened (Tunisie), E. Leroux, (lire en ligne), p. 4.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830), Paris, Ernest Leroux, , 477 p. (lire en ligne). .
- Ahmed ben Khâled Ennâsiri Esslâoui. (trad. de l'arabe par Ismaël Hamet), Kitâb Elistiqsâ li-Akhbâri doual Elmâgrib Elaqsâ [« Le livre de la recherche approfondie des événements des dynasties de l'extrême Magrib »], vol. XXXIII : Les Mérinides, Paris, Librairie Honoré Champion, coll. « Archives marocaines », (lire en ligne). .