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Salines de Salins-les-Bains

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Salines de Salins-les-Bains *
Coordonnées 46° 56′ 17″ nord, 5° 52′ 32″ est
Critères [1]
Numéro
d’identification
203
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Salines de Salins-les-Bains
Géolocalisation sur la carte : Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Franche-Comté)
Salines de Salins-les-Bains
Géolocalisation sur la carte : Jura
(Voir situation sur carte : Jura)
Salines de Salins-les-Bains
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Les salines de Salins-les-Bains sont un ensemble de deux anciennes salines (ou sauneries) situées à Salins-les-Bains, dans le département du Jura, en France. Site de production industrielle de sel ignigène, elles sont avec les salines de Lons-le-Saunier parmi les plus anciennes connues, en activité depuis environ 7 000 ans.

Fermées en 1962, elles sont à présent un site touristique inscrit depuis 2009 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en complément de la saline royale d'Arc-et-Senans. Le site était inscrit sur la liste indicative depuis 2002.

Propriété de la commune de Salins-les-Bains depuis 1966, les salines de Salins-les-Bains font partie du réseau Engrenages (anciennement musées des techniques et cultures comtoises) depuis 1978.

Site d'exploitation du sel ignigène (évaporation de la saumure par le feu) parmi les plus anciens connus, les salines de Salins-les-Bains illustrent l'histoire des techniques de fabrication du sel, l'« or blanc », à partir du captage de sources d'eau salée sur près de 7 000 ans. Aujourd'hui, les salines de Salins-les-Bains accueillent environ 70 000 visiteurs chaque année[1],[2].

Histoire

Le sel est exploité à Salins depuis le Néolithique (histoire du sel du Jura) et l'existence de salines dans la ville est attestée depuis le haut Moyen Âge. En 1772, la saline royale d'Arc-et-Senans est construite pour traiter la saumure extraite à Salins acheminée au moyen d'une double canalisation (saumoduc) enterrée longue de 21 kilomètres.

Petite et grande salines

Les salines étaient alimentées par trois sources auxquelles il était donné le nom de « puits », l'eau salée qui en provenait était nommée « muire ». Ces trois puits étaient appelés « puits d'Amont », « puits à Gré » et « puits à Muire » et étaient placés sur la droite de la rivière la Furieuse et en dessous du niveau de son lit. Chacun des puits offrait plusieurs sources, d'eau douce ou d'eau salée, très proche les unes des autres[3].

Le « puits à Muire » était le plus important et le plus ancien des trois puits, il était aussi nommé « petite saline ». Pour l'exploiter il avait fallu creuser jusqu'au rocher d'où jaillissaient les sources. Le fond, revêtu d'une paroi en pierres de taille, était occupé par des « récipients » et des « aisances ». C'était à cet endroit que les eaux salée et les eaux douces étaient séparées, ces dernières étaient envoyées par un canal jusqu'à la rivière[3].

Le « puits à Gré » et le « puits d'Amont » étaient nommés aussi « grande saline », un canal en recevait les eaux douces et les conduisait jusqu'au canal de la « petite saline »[3].

L'époque de construction des salines n'est pas connue, la tradition l'attribue au comte Aubry Ier de Mâcon, seigneur de Salins au Xe siècle. Toutefois, aucun titre ne les mentionne avant le XIIIe siècle. Au IXe siècle, l'abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune en Valais obligeait les hameaux des alentours à apporter jusqu'aux portes de la saline le bois qu'il lui était nécessaire, ce qui démontre que l'extraction par le feu était connue à cette époque. Les deux salines étant indépendantes l'une de l'autre, le prix du bois variait, aussi il était courant que la grande saline fasse des donations de « muire » (eau salée) à des abbayes à la condition qu'elles leur fournissent le bois. Plus tard les comtes de Bourgogne, propriétaires d'une grande partie des salines, les mettaient en amodiation et obligeaient les propriétaires des bois environnants à vendre leurs coupes aux amodiateurs[3].

Les deux salines comprenant les bâtiments nécessaires à l'exploitation, les chaudières et les réservoirs d'eau salée[3] étaient fermées depuis le Moyen Âge par des enceintes.

Puisage et extraction

Jusqu'en 1750 les eaux salées étaient puisées au moyen d'une noria (parfois appelée chapelet). Ce procédé était déjà utilisé au XVe siècle car dans un procès datant de 1440 on accusait le distributeur des eaux salées de « favoriser ceux qu'il lui plaisait, en faisant ou laissant tourner un tour ou deux à leur profit, le cheval qui tire la muire », au XIIIe siècle il était utilisé comme expression « traire les muires par les cuves » (« trahere per cuvas »). Ce système a été abandonné pour être remplacé par des pompes utilisant la force du courant de la Furieuse, ce mécanisme était l'œuvre de Vincent Bébian, charpentier à Gy[3].

Les eaux salées étaient dirigées vers un réservoir en pierre de taille, garni à l'extérieur de terre glaise ; une pompe aspirait les eaux et les distribuait dans trois « bassins d'approvisionnement » placés près des chaudières. Ces chaudières, appelées aussi « poêles », étaient composées de bassins de forme ovale en fer battu et riveté, d'une capacité de 273 hectolitres. Ils étaient suspendus par 96 barres de fer, nommées aussi « chaînes », accrochées à de grosses poutres transversales. Sous chaque chaudière était creusé un fourneau de même surface, une porte en fer permettait de l'alimenter en combustible (du bois ou de la houille) et d'en retirer les cendres ; deux regards, de part et d'autre de la porte, permettaient de surveiller qu'il n'y ait pas de fuites d'eaux nommées Sclotage[3].

L'emplacement du bâtiment d'une chaudière était appelé une « berne » ou aussi « bagerna » et « baderna ». Le nombre de « bernes » avait beaucoup varié, il y en existait trois à la petite saline et étaient nommées « Ducreux », « Balerne » et « Poupet ». Jusqu'en 1750 la grande saline en avait compté jusqu'à 21, mais à cette date le conseil d'État les réduisaient à 7 puis à 5 en 1805 constituant le « grand » et le « petit Bief », elles étaient nommées « Chatelain", « Comtesse », « Glapin », « Martenet » et « Beauregard[3]. »

L'eau salée était chauffée jusqu'à ce qu'elle s'évapore laissant le sel au fond de la « poêle », ce temps de chauffe était appelé une « cuite » et durait en général 17 à 18 heures. Dans le même temps était faite la cuite du poêlon qui se terminait 3 ou 4 heures avant. À mesure que le sel se formait au fond de la « poêle », il était retiré et placé sur des plans inclinés où il s'égouttait pendant 6 à 8 heures, il était ensuite prêt à être consommé. Les pains de sel pesaient entre deux livres et demi à trois livres et demi, ils étaient réunis par lots de douze pains ce qui composait une « benâte » et quatre « benâtes » formaient la « charge ». Cette manière de compter avait été mis au point au XIIIe siècle, à cette époque le seigneur de Salins, qui était de la maison de Chalon-Arlay, faisait des donations et dans les actes il était question de « salignon », de « charge », d'« actuelles », de « bichets », de « sel trié », de « benâtes » et de « benâtiers ». Des titres de la chambre des comptes de Dole disaient en 1243 : « Cum dominus Galcherus Salinensis dedisset fratribus Montis-Benedicti (Montbenoit) duos bichetos salis in unaquâque hebdomadâ… volumus eos solvi ad mensuram quœ modo est apud Salinas » ; en 1250 : « Nous donnons à l'église de Mouthe six charges de grand sel, pour les 60 bichots de sel trié qu'elle avait en notre puits par aumône du seigneur de Brancion (Château de Brancion) et de sa femme » et en 1256 : « Pour six rasiaux de sal que le couvent de Balerne avoit par semaine en notre puits de Salins, nous lui avons donné deux bouillons en fer et en muire, à faire de lor bois »[3].

Les chauderettes de Rosière

Au fil des siècles le comte de Bourgogne, en qualité de propriétaire principal de la manufacture, fixait les règlements, les poids et les modes de vente du sel. Il chargeait son conseil de la grande saline de fixer le prix du sel ; ce conseil était composé de ses officiers, le directeur se nommait le « pardessus » et parmi les autres postes il y avait le « portier » et le « trésorier ». La « petite saline » était la propriété de plusieurs particuliers, qui plus tard prenaient le titre de « seigneurs rentiers », leurs portions étaient nommées « meix », un meix était composé de trente « seaux », en 1269 il y avait 59 meix dans cette exploitation. Les « seigneurs rentiers » étaient des abbés, des prélats, des bourgeois mais aussi des communautés religieuses. Le sel que ces particuliers extrayaient devait être mis en pain, il était nommé « sel Lombarde » ou « sel Place » ou « sel du Bourg-Dessous ». Il pouvait être vendu dans une zone allant de Chambonoz à Nans, Éternoz, Vuillafans, Valdahon, Ville-Dieu, Passavant, Dambelin et Pont-de-Roide-Vermondans et en aval de cette ligne jusqu'à la Saône[3].

La « grande saline » comptait deux manufactures, les « chauderettes » avaient été données par les seigneurs de Salins à L'abbaye Notre-Dame de Rosières et prenaient dès lors le nom de « chauderettes de Rosière », c'était pourquoi on appelait le sel qui en sortait : « sel de Rosière ». En 1249 l'abbaye aliénait celles-ci au profit du seigneur Jean Ier de Chalon qui à son tour les transmettait à plusieurs chevaliers tels que les Layer, les Enguerrand, les Delisle, les Aresches, les Monnet… Leurs descendants se regroupaient pour prendre le titre de « seigneurs communaux de la grande saline » et en 1363 cette société achetait pour 1 000 [livres estevenants une place et des bâtiments à Salins, rue de Surin, appelés « salle des seigneurs de Châlon ». Cette société percevait sur les deux puits de la « grande saline » la quantité d'eau ayant appartenu à l'abbaye, le pain de sel qui en était façonné devait peser trois livres et pouvait être vendu en concurrence avec celui du puits à muire (ou « petite saline »). Le sel fabriqué dans la « grande saline » pour le profit du comte était de forme et de poids différents, il était appelé « sel d'amont » ou « sel bouchet » ou encore « sel de porte »[3].

Procès et pains de sel

Au fil du temps les « seigneurs rentiers », qui possédaient la « petite saline », furent tentés de vendre leur sel en dessous du prix fixé par le conseil du comte. Tant et si bien qu'en 1440 plus personne n'achetait le sel de la « grande saline », elle fut « réduite à perdre des muires qui auraient pu donner six mille charges de sel, estimées valoir plus de 2 000 francs ». L'année suivante les pertes auraient été encore plus grandes si le duché de Savoie n'eut acheté pour 10 000 charges de sel à la « grande saline ». Devant les abus le parlement de Dole était saisi et condamnait plusieurs particuliers à des amandes de 3 000 francs pour ne s'être pas conformés aux prix fixés et à 2 000 francs pour avoir souvent « amoindri les salignons ». À la fin du XVIe siècle, le gouvernement devenait propriétaire de l'ensemble des salines[3].

Il y avait plusieurs sortes de sel : le « sel extraordinaire » ou « sel de Rosière », en pains de trois livres, le « sel ordinaire » en pains de deux livres et demi et trois livres et demi et le « sel de porte » en pains de deux livres et dix onces. Seuls les cantons suisses recevaient du sel en grains[3].

Propriétaires

En 1790, la saline de Salins intègre la régie nationale des Salines domaniales de l'Est possède le monopole de l'exploitation du sel gemme de Franche-Comté. En 1840, le marché du sel est libéralisé[4] et la saline est vendue aux enchères en 1843[5]. Le projet de rachat et de regroupement des trois salines de Montmorot, Salins-les-Bains et Arc-et-Senans en une Société anonyme des anciennes salines royales de l’Est par Jean-Marie de Grimaldi avec des capitaux espagnols est refusée par le Conseil d'État en 1847 en 1855, craignant une monopolisation du marché privé[6]. En 1862, la Société anonyme des anciennes salines domaniales de l'Est voit finalement le jour et forme avec d'autres sociétés le cartel du « syndicat de Nancy » qui achète la saline de Salins[7].

Aujourd'hui

Elles poursuivent leur activité industrielle de façon presque ininterrompue jusqu'en 1962, date de leur fermeture, et sont rachetées par la commune quatre ans plus tard. Elles comprennent aujourd'hui de vastes galeries souterraines et en surface : la salle des poêles, le magasin des sels et l'ancienne maison du grand puits. Ces galeries abritent des mécanismes de pompage d'eau salée encore en fonctionnement. On capte toujours une saumure (désormais employée au salage pour le déneigement des routes l'hiver) qui contient 330 grammes de sel par litre d'eau (en comparaison un litre d'eau de mer n'en contient que 30 à 40 grammes) dans les souterrains.

Depuis 1854 l'eau salée du « Puits à Muyre » alimente les premiers thermes de Salins-les-Bains. En 1994 l'eau salée du « Puits des Cordeliers » alimente également les thermes.

Si les fortifications ne sont pour l'essentiel plus visibles, les bâtiments d'exploitation occupent encore un large espace urbain au cœur de la ville qui ont été rénovés et dotés d'un « musée du Sel » depuis mai 2009.

Le 27 juin 2009, les salines de Salins-les-Bains ont été reconnues patrimoine mondial par l'Unesco, inscription en extension de celle de la saline royale d'Arc-et-Senans, inscrite depuis 1982.

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Notes et références

  1. « Avec 78 000 visiteurs en 2011, un record est battu à la grande Saline », Le Progrès du 1er janvier 2012, [lire en ligne], consulté le 8 avril 2012.
  2. « 67 500 visiteurs pour la Grande Saline en 2015 », sur macommune.info, [lire en ligne], consulté le 27 janvier 2016.
  3. a b c d e f g h i j k l et m Recherches historiques sur la ville de Salins[réf. incomplète]
  4. Vincent Boully 2013, Première partie, Chapitre premier.
  5. Vincent Boully 2013, Première partie, Chapitre II.
  6. Vincent Boully 2013, Première partie, Chapitre III.
  7. Vincent Boully 2013, Première partie, Chapitre IV.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [PDF] Yves Clerget, Il était une fois... des salines en Franche-Comté, Service éducatif du Muséum Cuvier Montbéliard et Action culturel du Rectorat (lire en ligne)
  • Vincent Boully, Entre liberté d’entreprendre et surveillance par l’État : Les salines de Franche-Comté dans la seconde moitié du XIXe siècle (1840-1907), sorbonne.fr, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • André Besson, La fabuleuse histoire du sel, Éditions Cabédita, 1998.
  • Jean-Baptiste Béchet, Recherches historiques sur la ville de Salins, Impr. de Veuve Daclin, 1828, p.  III à L. [lire en ligne]
  • Laurent Poupard, Les salines de Salins-les-Bains, p. 24-25, dans Patrimoine industriel. Cinquante sites en France, éditions du patrimoine, Paris, 1997 (ISBN 2-85822-189-8)