1922 en Italie
Apparence
Chronologies
1919 1920 1921 1922 1923 1924 1925 Décennies : 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 Siècles : XVIIIe XIXe XXe XXIe XXIIe Millénaires : -Ier Ier IIe IIIe |
Cette page concerne l'année 1922 du calendrier grégorien.
Événements
[modifier | modifier le code]- 22 janvier : décès du pape Benoît XV[1].
- 24 janvier : le Congrès des syndicats fascistes de Bologne constitue, sur la proposition de Michele Bianchi, la Confederazione nazionale delle corporazioni sindacali (it) (Confédération nationale des corporations syndicales)[1].
- 2 février : le président du Conseil Ivanoe Bonomi démissionne[2] à la suite d'une motion de censure déposée par les démocrates-sociaux[1]. Les populaires, dont l’influence au parlement est de plus en plus forte, s’opposent au retour de Giovanni Giolitti. Le roi confie la formation du gouvernement à Luigi Facta le 26 février[3].
- 6 février :
- traité de Washington sur les armements navals[4].
- début du pontificat de Pie XI à l'issue du conclave (fin en 1939)[5].
- 3 mars : l’Assemblée constituante de Fiume est renversée par un coup d’État fasciste[6].
- 20-24 mars : IIe congrès du Parti communiste italien à Rome. Adoption des « thèses de Rome » rédigées par Amadeo Bordiga, en désaccord avec la tactique du « front unique »[7].
- 1er mai : les « chemises noires » font une démonstration de force à Bologne et Rovigo[8] ; les heurts avec les socialistes font une dizaine de morts et plusieurs blessés dans toute l'Italie[9].
- 2-10 mai : première assemblée générale de l'Union astronomique internationale, réunie à Rome[10].
- 12-13 mai : les fascistes conduit par Italo Balbo organisent une manifestation avec des milliers de chômeurs à Ferrare, pour obtenir des crédits pour des travaux publics et libérer un des leurs[11],[9].
- 26 mai : assaut des fascistes sur Ferrare ; la Bourse du travail, les sièges et les imprimeries des journaux socialistes et communistes sont détruits[12].
- 29 mai-1er juin : occupation de Bologne par les fascistes où le squadriste Celestino Cavedoni a été tué par la police pendant l'assaut d'une coopérative[11],[9]. Le 2 juin ils obtiennent la mutation du préfet Cesare Mori qui a ordonné de disperser les manifestations fascistes[13],[14].
- 2 juin : un groupe de parlementaires socialistes, dirigé par Filippo Turati, se déclare disposé à soutenir tout gouvernement capable d'assurer le rétablissement du droit et des libertés. Ils sont désavoués par le Conseil national du Parti socialiste italien[1].
- 4 - 6 juin : premier congrès du mouvement syndical fasciste à Milan[15].
- 19 juillet : chute du premier gouvernement Facta mis en minorité sur une motion contre la violence fasciste[16].
- 26 juillet : les fascistes envahissent Ravenne[12].
- 31 juillet-2 août : les organisations ouvrières décident la grève générale, proclamée « grève légalitaire » par Filippo Turati car destinée à lutter contre la subversion. L’échec est total[1]. Le PNF donne 48 heures au gouvernement pour rétablir l’ordre, sans quoi le fascisme se chargerait de « sauver la nation ». Dès le 2 août, les fascistes envahissent les villes, et contraignent par la violence les ouvriers à retourner à l’usine. Des bâtiments sont incendiés, et le 3 août la CGL et l’UIL ordonnent la reprise du travail. Le pays est sous la pression des squadristes. Mussolini s’attache alors à paralyser les réactions de la classe politique en multipliant les transactions avec Nitti et Salandra qui espèrent revenir au pouvoir avec l’appui des fascistes. À la cour, le duc d’Aoste et la reine mère Marguerite sont acquis au fascisme et Mussolini déclare le 20 septembre que le fascisme, quoique républicain, respecterait la monarchie si elle restait neutre[17].
- 1er août : second gouvernement Facta au terme d'une longue crise ministérielle[18].
- 3 - 6 août : les fascistes échouent dans leur tentative d'envahir Parme[12], défendue avec le soutien de la population par les Arditi del Popolo.
- 13 août : le Conseil national du Parti national fasciste prépare les forces fascistes à une marche sur Rome. La direction politique est confiée à Mussolini, Michele Bianchi et Cesare Rossi. Les préparatifs organisationnels et militaires sont confiés à Italo Balbo[19].
- 20 septembre : Mussolini prononce le discours d'Udine dans lequel il justifie l'emploi de la violence : « La violence n'est pas immorale. La violence est parfois morale. » Quand ? Lorsqu'elle « résout une situation gangrenée »[20]. Il accepte l'institution monarchique, au nom de la continuité historique[21]. Il présente une nouvelle politique d’inspiration libérale et déclare : « Il faut en finir avec l'État ferroviaire, avec l'État postier, avec l'État assureur. »[22].
- 1er-4 octobre : 19e congrès du Parti socialiste italien à Rome. Expulsion des réformistes dirigés par Filippo Turati, Claudio Treves (it) et Giacomo Matteotti qui forment le Parti socialiste unitaire[8].
- 23 octobre : signature à Rome des accords conclus à Santa Margherita ente l'Italie et la Yougoslavie. Le port et la ville de Fiume vont à l'Italie , Port-Baros , Susak et les faubourgs à la Yougoslavie[6].
- 24 octobre : grand rassemblement du parti national fasciste à Naples. Benito Mussolini menace de marcher sur Rome avec les forces fascistes(le général De Bono, Italo Balbo, Michele Bianchi et De Vecchi)[12]. Le 27 octobre, il règne une grande confusion dans toute la péninsule : les autorités civiles confient le pouvoir aux militaires qui négocient avec les squadristes.
- 27 octobre : début de la marche sur Rome de Mussolini et ses « Chemises noires»[12].
- 26 000 fascistes, mal armés, marchent sur la capitale, défendue par 28 000 soldats. Mussolini réclame la démission du président du Conseil, Facta. Ce dernier propose au roi, qui refuse, de décréter l’État d’urgence. Facta démissionne[1]. et le roi propose un gouvernement Salandra à participation fasciste, que Mussolini refuse. Soutenu par les milieux d’affaires de la Confindustria et de la Confagricoltura (it), il demande la présidence du Conseil, qui lui est accordée.
- 28 octobre : le roi Victor-Emmanuel III refuse de signer l'état de siège[1]..
- 29 octobre : le roi Victor-Emmanuel III nomme Benito Mussolini Président du Conseil d'Italie[7].
- 31 octobre : Mussolini forme un cabinet d’union nationale (nationalistes, démocrates-sociaux nittiens, giolittiens, proches de Salandra, monarchistes)[1].
- 16 novembre : à l’ouverture des Chambres, le gouvernement se heurte à quelques socialistes modérés (Matteotti, Modigliani, Turati) mais les libéraux, les socialistes indépendants et les populaires votent la confiance à Mussolini par 306 voix contre 116[23], puis les pleins pouvoirs le 24 novembre[1]. Mussolini prononce à cette occasion le discours dit du bivouac , véritable profession de foi d'antiparlementarisme[24].
- 3 décembre : décret de création du premier parc national en Italie et en Europe, le Parc national du Grand-Paradis, signé par Mussolini[25].
- 15 décembre :
- création du « Grand Conseil du fascisme[1]. » par Mussolini, composé de membres de la direction du PNF et des hauts fonctionnaires essentiels à la bonne marche de l’État. Il remplace de facto le gouvernement en prenant les décisions à sa place. Mussolini commence l'épuration de la fonction publique, de la magistrature et de la diplomatie (1922-1928) au profit des fidèles au PNF[26].
- les fascistes de Brescia, sous la conduite d'Augusto Turati, s'attaquent aux organisations catholiques[27].
- 18-20 décembre : massacre de Turin, série de meurtres par représailles commis par les fascistes[28].
- Opposition : Socialiste libéraux et républicains constituent en 1927 une Concentration antifasciste surtout active à l’étranger. Le mouvement Giustizia e Libertà de Carlo Rosselli crée à Paris en 1929 préconise la voie insurrectionnelle (attentats, sabotages) mais le réseau est démantelé par la police. Le Parti communiste italien se dote d’une structure clandestine qui agit à l’intérieur et à l’extérieur (Palmiro Togliatti à Paris). Fidèle à la lutte des classes, il refuse tout accord avec la Concentration.
Économie
[modifier | modifier le code]- L’économiste Alberto De Stefani (it), ministre des Finances de Mussolini, inaugure une phase libérale de la politique économique fasciste (1922-1925)[29] : libération des prix et des loyers, fin de la réforme agraire, remise en cause des monopoles d’État (allumettes, téléphone), équilibre budgétaire par la réduction drastique des dépenses de l’État. Cette politique porte ses fruits. Les salaires augmentent et le chômage baisse. Entre 1922 et 1925, le PIB augmente au taux moyen annuel de 4 % et les exportations de produits industriels, grâce à la dépréciation de la lire, augmentent chaque année au taux moyen de 15,5 %.
- L’État engage une politique de grands travaux publics destinés au développement des infrastructures de l'Italie et pour résorber le chômage[30]. Cette politique, qui coûtera 45 milliards de lires sur les 12 ans de son application, aura des résultats mitigés.
Culture
[modifier | modifier le code]- 24 février : la première d'Enrico IV de Luigi Pirandello a lieu au Théâtre Manzoni à Milan.
- 14 novembre : création au Teatro Quirino, à Rome, de la pièce Vêtir ceux qui sont nus (Vestire gli ignudi), comédie de Luigi Pirandello, par la compagnie de Maria Melato (it) et Annibale Betrone.
Cinéma
[modifier | modifier le code]Livres parus en 1922
[modifier | modifier le code]- La tela di Penelope de Raffaele Calzini (A. Mondadori).
- 25 janvier : Luigi Luca Cavalli-Sforza, généticien. († )
- 1er février : Renata Tebaldi, soprano. († )
- 16 février : Luigi Meneghello, universitaire, traducteur et écrivain. († )
- 24 février : Carlo Riva, ingénieur et industriel. († )
- 5 mars : Pier Paolo Pasolini, écrivain, scénariste et réalisateur. († )
- 7 mars : Umberto Betti, cardinal, recteur émérite de l'Université pontificale du Latran. († ).
- 23 mars : Ugo Tognazzi, acteur de cinéma et réalisateur. († ).
- 25 mars : Flavio Mogherini, réalisateur, scénariste, costumier et chef décorateur. († )
- 30 mars : Virgilio Noe, cardinal, archiprêtre émérite de la basilique vaticane. († ).
- 2 avril : Dino Monduzzi, cardinal, préfet de la Maison pontificale de 1986 à 1998. († ).
- 24 avril : Susanna Agnelli, femme politique et femme d'affaires, ancien ministre. († ).
- 18 mai : Mario Casalinuovo, homme politique. († )
- 21 mai : Pio Laghi, cardinal, préfet émérite de la Congrégation pour l'éducation catholique († ).
- 11 juin : Alberto Bovone, cardinal, préfet de la Congrégation pour les causes des saints († ).
- 26 juin : Enzo Apicella, dessinateur et journaliste. († )
- 28 juin : Mauro Bolognini, réalisateur. († ).
- 23 juillet : Damiano Damiani, écrivain, scénariste, acteur et réalisateur. († )
- 31 juillet : Lorenzo Antonetti, cardinal, président de l'administration du patrimoine du siège apostolique de 1995 à 1998. . († )
- 1er septembre : Vittorio Gassman, acteur. († ).
- 3 octobre : Raffaele La Capria, écrivain, scénariste et traducteur.
- 11 novembre : Dante Isella, philologue et historien de la littérature. († ).
Décès en 1922
[modifier | modifier le code]- 22 janvier : Benoît XV (Giacomo della Chiesa), 67 ans, pape. (°).
- 25 septembre : Carlo Caneva, 77 ans, général, qui prit part à la première guerre italo-éthiopienne et à la guerre italo-turque et fut sénateur. (° )
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Articles généraux
- Articles sur l'année 1922 en Italie
- L'année sportive 1922 en Italie
- Championnats du monde de tir 1922
- Championnat d'Italie de football de la CCI 1921-1922
- Championnat d'Italie de football 1922-1923
- Saison 1921-1922 de la Juventus FC
- Saison 1922-1923 de la Juventus FC
- Grand Prix automobile d'Italie 1922
- Milan-San Remo 1922
- Tour d'Italie 1922
Liens externes
[modifier | modifier le code]Voir aussi
[modifier | modifier le code]- L'année 1922 dans le monde
- 1922 aux États-Unis, 1922 au Canada
- 1922 par pays en Europe, 1922 en France, 1922 en Suisse
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Philippe Foro, L'Italie fasciste, Armand Colin, (ISBN 9782200615833, présentation en ligne)
- Italy's Cabinet Out, Rebuked On Vatican, The New York Times, 3 February 1922
- Giolitti's Victory in Facta Cabinet, The New York Times, February 27, 1922
- Ministère des Affaires étrangères, Documents diplomatiques français 1932/II, Paris, Peter Lang, , 743 p. (ISBN 978-90-5201-082-3, présentation en ligne)
- Georges Jarlot, Pie XI, Gregorian Biblical BookShop (présentation en ligne)
- Luc Thanassecos, Chronologie des relations internationales 1914–1971 - Exposés thématiques, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 9783110810738, présentation en ligne)
- Jean-Claude Zancarini, Romain Descendre, L'oeuvre-vie d'Antonio Gramsci, La Découverte, (ISBN 9782348078569, présentation en ligne)
- Alberto Toscano, Mussolini, "Un homme à nous" - La France et la marche sur Rome, Armand Colin, (ISBN 9782200636111, présentation en ligne)
- Robert Paris, Histoire du fascisme en Italie - Des origines à la prise du pouvoir, vol. 1, Maspero, (ISBN 9782348032479, présentation en ligne)
- Revue de Genève,, vol. 22, (présentation en ligne)
- Antonio Torrenzano, Antifascistes de l’Émilie Romagne réfugiés en France : 1922-1943 - L'expérience politique de l'exil comme héritage au service de la résistance italienne, Editions L'Harmattan, (ISBN 9782336318660, présentation en ligne)
- Raymond Cartier, Le Monde entre deux guerres (1919-1939), Presses de la Cité, (ISBN 9782258119307, présentation en ligne)
- Philippe Foro, Dictionnaire de l'Italie fasciste, Vendémiaire, (ISBN 9782363581662, présentation en ligne)
- Patrizia Dogliani, Il fascismo degli italiani, Utet Libri, (ISBN 9788851126988, présentation en ligne)
- Marco Piraino, Stefano Fiorito, Dizionario di politica a cura del Partito Nazionale Fascista, Lulu.com, (ISBN 9781291681192, présentation en ligne)
- Mario Pendinelli, Marcello Sorgi, Quando c'erano i comunisti - I cento anni del Pci tra cronaca e storia, Marsilio Editori spa (ISBN 9788829708888, présentation en ligne)
- Serge Berstein, Pierre Milza, L'Italie contemporaine, des nationalistes aux Européens, A. Colin, (présentation en ligne)
- Frédéric Le Moal, Victor-Emmanuel III, Place des éditeurs, (ISBN 9782262050832, présentation en ligne)
- Michel Catala, Jean-Claude Lescure, Yves-Henri Nouailhat, Jacques Tranier, Alfred Wahl, Démocraties occidentales et bouleversements de l'histoire, 1918-1989 - États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie (ISBN 9791037600752, présentation en ligne)
- Catherine Lanneau, Simon Petermann, Les 100 discours qui ont marqué le XXe siècle - 1900-1945, vol. 1, L'Archipel, (ISBN 9782377354177, présentation en ligne)
- Roger Bourderon, Le Fascisme, idéologie et pratiques - Essai d'analyse comparée, Editions sociales (ISBN 9782402031158, présentation en ligne)
- Groupe Nestor Makhno de la Fédération anarchiste, Du fascisme au post-fascisme - Mythes et réalités de la menace fasciste - éléments d'analyse, Le monde libertaire (ISBN 9782307151289, présentation en ligne)
- Ian Kershaw, Ces Grandes Figures qui ont fait l'histoire - Charisme et politique au XXe siècle, Seuil (ISBN 9782021488531, présentation en ligne)
- Patrick Godfard, L'histoire du monde depuis 1914, Editions Ellipses, (ISBN 9782340045248, présentation en ligne)
- Philippe Pelletier, Écologie et géographie - Une histoire tumultueuse (XIXe XXe siècle), CNRS Editions (ISBN 9782271143983, présentation en ligne)
- Thierry De Briey, Repenser la démocratie. Réflexions sur la démocratie en France et dans le monde. Volume 1, Librinova, (ISBN 9791026289180, présentation en ligne).
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- Camillo Berneri, Contre le fascisme - Textes choisis (1923-1937), Agone, (ISBN 9782748904062, présentation en ligne)
- Serge Berstein, Pierre Milza, Le Fascisme italien, Média Diffusion (ISBN 9782021346060, présentation en ligne)
- Sergio Romano, Histoire de l'Italie du Risorgimento à nos jours, Seuil, (ISBN 9782020046411, présentation en ligne)