Éléphant d'Afrique
Loxodonta
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Proboscidea |
Famille | Elephantidae |
Espèces de rang inférieur
Répartition géographique
Les éléphants d'Afrique (Loxodonta) forment un genre de mammifères proboscidiens de la famille des éléphantidés. Les deux espèces actuelles de ce genre, l'éléphant de savane et l'éléphant de forêt étaient autrefois considérées comme une même espèce. Ces espèces sont aujourd'hui menacées[1],[2].
Étymologie
[modifier | modifier le code]Le nom de genre Loxodonta est un nom de latin scientifique formé à partir de deux étymons du grec ancien λοξός loxós, « oblique, qui est de travers » (Bailly[3]) et du radical ὀδούς odoús « dent » (Bailly), soit « dent oblique ».
Classification
[modifier | modifier le code]Le genre comprend les deux espèces suivantes :
- l'éléphant de savane d'Afrique - Loxodonta africana (Blumenbach, 1797) —, l'espèce africaine la plus connue, a des oreilles plus longues et plus grandes que celles de l'éléphant d'Asie (Elephas maximus). Il présente également une taille moyenne plus importante et un dos concave. Les mâles et les femelles ont des défenses externes, et sont d'habitude moins poilus que leurs cousins asiatiques ;
- l'éléphant de forêt d'Afrique - Loxodonta cyclotis (Matschie, 1900) — possède des oreilles généralement plus petites et plus circulaires que l'espèce de savane et des défenses plus minces et plus droites. Il peut peser jusqu'à cinq tonnes, et mesurer jusqu'à 3,5 mètres pour un mâle, les femelles mesurent 2,5 mètres de haut et pèsent trois tonnes. Cette espèce, moins connue en raison des obstacles écologiques et politiques, est plus difficile à étudier et à protéger. On la rencontre principalement en forêt dense d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest, mais se trouve aussi parfois en lisière de territoire forestier, comme les éléphants de savane.
Les différents éléphants africains ont longtemps été considérés comme des représentants de sous-espèces du taxon Loxodonta africana. Des études sur quatre gènes en 2001 ont permis de démontrer que les deux principales sous-espèces africaines Loxodonta africana africana et Loxodonta africana cyclotis étaient en fait deux espèces phylogénétiques distinctes : en Afrique, il convient donc de distinguer désormais l’éléphant de la savane Loxodonta africana et l’éléphant des forêts Loxodonta cyclotis[4]. Ces résultats, contestés par d'autres scientifiques, ont été confirmés par une étude portant sur 375 régions de leur ADN nucléaire comparés avec l'éléphant d'Asie et deux « cousins » disparus, le Mammut americanum et le Mammuthus primigenius. La divergence entre les deux espèces s'est produite à la même période que la divergence de l’éléphant d’Asie et le mammouth laineux, tandis que la séparation entre les lignées de l'éléphant d'Afrique et celles d'Asie datent de 4,2 à 9 millions d'années[5].
-
À gauche un éléphant de savane d'Afrique (Loxodonta africana), à droite un éléphant d'Asie (Elephas maximus).
-
Éléphant de savane d'Afrique (Loxodonta africana) : femelle et son éléphanteau.
-
Éléphant de forêt d'Afrique (Loxodonta cyclotis) : femelle et son éléphanteau.
Éléphants d'Afrique disparus
[modifier | modifier le code]Entre la fin du XVIIIe et le XXIe siècle, les éléphants d'Afrique éteints suivants ont été décrits sur la base de restes fossiles :
- Éléphant d'Afrique du Nord († Loxodonta africana pharaohensis) proposé par Paulus Edward Pieris Deraniyagala en 1948 était un spécimen du Fayoum en Égypte[6].
- † Loxodonta atlantica a été proposé comme Elephas atlanticus par Auguste Pomel en 1879 basé sur un crâne et des os trouvés à Ternifine, Algérie[7].
- † Loxodonta exoptata proposé par Wilhelm Otto Dietrich en 1941 était basé sur des dents trouvées à Laetoli, en Tanzanie[8].
- † Loxodonta adaurora proposé par Vincent Maglio en 1970 était un squelette complet trouvé à Kanapoi, au Kenya[9].
- † Loxodonta cookei proposé par William J. Sanders en 2007 basé sur des dents trouvées dans la formation de Varswater à Langebaanweg, en Afrique du Sud[10].
Menaces et protection
[modifier | modifier le code]Menaces
[modifier | modifier le code]La population des éléphants d'Afrique a très fortement chuté depuis plusieurs décennies, en raison du braconnage ainsi que, sur le long terme, de la destruction des habitats[11]. L’effectif total du continent africain est estimé à 415 000 éléphants, mais il peut y avoir entre 117 000 et 135 000 éléphants de plus dans des zones n’ayant pas été systématiquement recensées[12]. Pour donner une idée de la vitesse d'extinction, au début du XXe siècle, il y avait entre 3 et 5 millions d'éléphants[13], et avant la colonisation européenne, il y avait environ 20 millions d'éléphants de savane, selon une étude de l'ONG Elephants without borders publiée fin [14]. L'éléphant de savane d'Afrique a été classé en 2004 dans la catégorie des espèces vulnérables de la liste rouge de l'UICN[15]. L'éléphant de forêt d'Afrique est lui classé en danger par l'UICN. Le braconnage est favorisé par le commerce illégal de l'ivoire[16],[17]. Le commerce de l'ivoire a alimenté pendant longtemps les fabriques de sculpture sur ivoire en Chine, qui commencent à fermer depuis 2017[18]. Le gouvernement du Botswana autorise à nouveau la chasse à l'éléphant à partir de 2019[19].
La population des éléphants d'Afrique a chuté de 70 % depuis les années 1980. Ils pourraient être amenés à la disparition totale dans les années 2040[20].
Protection
[modifier | modifier le code]L'ONG britannique Save the Elephants lutte pour la protection de l'éléphant d'Afrique[21]. Le WWF mène aussi des programmes de conservation, selon plusieurs axes : la lutte contre le braconnage, la réduction du commerce illégal, l'atténuation des conflits éléphants-hommes et le renforcement des capacités dans les pays de l’aire de répartition en aidant des gouvernements des États de l’aire de répartition à produire des stratégies nationales et sous régionales de conservation des éléphants[13].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « African Forest Elephant », sur The IUCN Red List of Threatened Species 2021
- (en) « African Savanna Elephant », sur The IUCN Red List of Threatened Species 2021
- Anatole Bailly, « Dictionnaire grec-français : λοξός, ή, όν, oblique » (consulté le )
- Alfred L. Roca, Nicholas Georgiadis, Jill Pecon-Slattery et Stephen J. O'Brien, « Genetic Evidence for Two Species of Elephant in Africa », 24 août 2001, Science 293 (5534), 1473. résumé
- Nadin Rohland et coll, « Genomic DNA Sequences from Mastodon and Woolly Mammoth Reveal Deep Speciation of Forest and Savanna Elephants », 21 décembre 2010, PLoS Biology 8(12). résumé
- Deraniyagala, P. E. P., Some extinct elephants, their relatives, and the two living species, Colombo, Ceylon National Museums Publication,
- A. Pomel, Les éléphants quaternaires, Alger, P. Fontana & Co., coll. « Paléontologie : monographies », , 42–59 p., « Elephas atlanticus Pom. »
- W. O. Dietrich, « Die säugetierpaläontologischen Ergebnisse der Kohl-Larsen'schen Expedition 1937–1939 im nördlichen Deutsch-Ostafrika », Zentralblatt für Mineralogie, Geologie und Paläontologie, vol. B, no 8, , p. 217–223
- V. J. Maglio, « Four new species of Elephantidae from the Plio-Pleistocene of northwestern Kenya », Breviora, no 341, , p. 1–43 (lire en ligne)
- W. Sanders, « Taxonomic review of fossil Proboscidea (Mammalia) from Langebaanweg, South Africa », Transactions of the Royal Society of South Africa, vol. 62, no 1, , p. 1–16 (DOI 10.1080/00359190709519192, S2CID 27499106, lire en ligne)
- (en) Charles T. T. Edwards, Kathleen S. Gobush, Fiona Maisels et Dave Balfour, « Survey-based inference of continental African elephant decline », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 121, no 48, (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, DOI 10.1073/pnas.2403816121, lire en ligne, consulté le )
- Le braconnage est à l’origine du pire déclin subi par l’éléphant d’Afrique depuis 25 ans, selon un rapport de l’UICN
- Éléphant : plus grand mammifère terrestre, sur le site du WWF
- Sciences et Avenir/AFP, « Au Gabon, protéger les éléphants mais aussi les villageois », 16 juin 2017, lire en ligne
- Loxodonta africana sur le site de l'UICN
- Isabelle Hanne, « Les éléphants d'Afrique, «réfugiés politiques» de l'or blanc », sur liberation.fr, Libération,
- Mélissa Kalaydjian, « En Afrique, les éléphants s’éteignent et le trafic d’ivoire s’amplifie », Libération, 8 septembre 2017, lire en ligne
- Rachael Bale, « Le plus grand marché d'ivoire au monde est sur le point de fermer », National Geographic, 9 novembre 2017, lire en ligne
- « Environnement : le Botswana autorise la chasse aux éléphants », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Les éléphants d'Afrique disparaitront en 2040 si rien n'est fait, assure le WWF », sur Sciences et Avenir,
- Site internet de l'ONG Save the Elephants
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Références taxonomiques
[modifier | modifier le code]- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Loxodonta
- (en) Référence Catalogue of Life : Loxodonta Anonymous, 1827 (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Loxodonta Cuvier 1825
- (fr + en) Référence ITIS : Loxodonta Anonymous, 1827
- (en) Référence Animal Diversity Web : Loxodonta
- (en) Référence NCBI : Loxodonta (taxons inclus)
- (fr + en) Référence CITES : genre Loxodonta (sur le site de l’UNEP-WCMC)
- (fr) Éléphant d'Afrique
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (fr) WWF - Éléphant : plus grand mammifère terrestre
- (fr) Analyse des instruments internationaux de lutte contre le trafic et le braconnage des espèces menacées en Afrique centrale : le cas de l'éléphant et du gorille
- (en) Ryan M. Huang, Celesté Maré, Robert A. R. Guldemond et Stuart L. Pimm, « Protecting and connecting landscapes stabilizes populations of the Endangered savannah elephant », Science Advances, vol. 10, no 1, (ISSN 2375-2548, PMID 38181078, PMCID PMC10776014, DOI 10.1126/sciadv.adk2896, lire en ligne, consulté le )