Abraham Bloch
Grand-rabbin de Lyon (d) | |
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Grand-rabbin Alger | |
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Père |
Isaac Bloch |
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Joséphine Marsilio |
Distinction |
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Abraham Bloch (Paris 7e, – Taintrux, ) est un rabbin français, aumônier militaire, tué à l'ennemi durant la Première Guerre mondiale.
Biographie
[modifier | modifier le code]Né dans l'ancien 7e arrondissement de Paris[note 1] dans la Seine, il est le fils d'Isaac Bloch, né à Strasbourg et qui s'est installé à Paris en 1856, et de Joséphine Marsilio, née à Venise et qui, au moment de son mariage, réside à Paris avec sa famille, au 92 rue de Provence[2]. Lors du rattachement de l'Alsace à la Prusse en 1870, la famille Bloch opte pour la France[3]. Abraham fait ses études comme élève-auditeur à l’École pratique des hautes études[4] et étudiant au Séminaire israélite de France, rue Vauquelin, puis, en 1883, il est nommé rabbin à Remiremont (Vosges) où il exerce durant 14 ans, où, selon le régime concordataire en vigueur, sa nomination est ratifiée par l’État.
Le , dans le 17e arrondissement de Paris, Abraham Bloch épouse Berthe Eudlitz (Paris, 1868-1940). De cette union naissent deux enfants, Jeanne Bloch-Netter et Moïse, mort enfant en Algérie[5].
En 1897, il pose avec succès sa candidature au poste de grand-rabbin d'Alger où, dès son arrivée, il affronte des troubles anti-juifs[note 2]. Il est un jour attaqué dans la rue par un juif qui avait quémandé une aide financière et qui, déçu qu'elle ne soit pas plus importante, l'avait poignardé[6]. En 1908, Abraham Bloch revient en métropole comme grand-rabbin de Lyon.
En 1913, Abraham répond à un appel à candidature pour devenir aumônier militaire israélite et il est accepté. Dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il se trouve affecté, en tant qu'aumônier, à la 14e section d'infirmiers militaires (SIM)[7] du 14e corps d'armée. Sans tenue militaire distincte[note 3], le rabbin Bloch porte la soutane rabbinique, et un brassard de neutralité, munis de l'emblème de la Croix-Rouge. Il est tué le sur la route entre Taintrux et Anozel[note 4]. Il est reconnu « mort pour la France »[8].
Décorations
[modifier | modifier le code] Médaille militaire
Croix de guerre –
Historiographie du décès d'Abraham Bloch
[modifier | modifier le code]La lettre à sa veuve
[modifier | modifier le code]Selon un courrier adressé à sa veuve par un jésuite, Abraham Bloch, durant un combat, aurait tendu un crucifix, à sa requête, à un soldat catholique mourant. Durant cette action, il aurait été mortellement blessé. Cette scène est située au col d'Anozel, près du village de Taintrux, dans les Vosges.
Plusieurs illustrations représentent cette scène, qui symbolise l'altruisme des aumôniers militaires, mais surtout l'union sacrée qui réconcilie et rapproche, durant la Première Guerre, les combattants français de toutes tendances religieuses dans un même sentiment national, tournant la page de plusieurs décennies de luttes entre « laïcs » et « religieux »[note 5]. Un monument de granit, inauguré en 1934 et restauré en 1958, rappelle le souvenir de cet épisode, à Taintrux. L'artiste Germaine Oury-Desruelles obtiendra une médaille d'or, lors du Salon des artistes français de 1934, en réalisant une statue du Rabbin Bloch[9].
Abraham Bloch repose à Saint-Dié-des-Vosges, au cimetière communal de la rive droite[10], où une stèle rappelle cet épisode[note 6].
Mythe ou réalité ?
[modifier | modifier le code]Dans son ouvrage, Les Juifs de France et la Grande Guerre[11], l'historien Philippe E. Landau détaille la façon dont le récit de cet événement participe de la création d'un mythe national et souligne que, malgré l'analyse des témoignages, journaux de routes, etc., il est impossible d'établir la réalité des faits. P.E. Landau se prononce clairement en faveur de la création d'un mythe national, mettant en scène la fraternisation qui s'est produite entre soldats, quelle que soit leur origine religieuse, durant la Première guerre mondiale. Il relève que le rabbin Bloch a bien été « tué à l'ennemi », mais souligne que les faits concernant le crucifix semblent avoir été rapportés par des personnes qui n'ont pas été témoins de la scène. Ainsi, après enquête auprès du Consistoire central et épluchage d'archives, il apparaît que le récit des circonstances de la mort d'Abraham Bloch liées à la présentation du crucifix à un soldat catholique, aurait été diffusé pour témoigner du rapprochement entre des Français de diverses appartenances religieuses, qu'il faut recontextualiser, pour ce qui concerne les juifs en France, dans une époque encore marquée par le souvenir de l'Affaire Dreyfus et un certain antisémitisme qui s'était exprimé à cette occasion : le patriotisme exprimé au moment de la guerre et en ses lendemains (notamment par l'apposition de plaques commémoratives) aurait été une manifestation d'appartenance nationale[12], comme cela a été le cas pour les catholiques. Alors que les documents et les témoignages contenus dans la biographie d'Abraham Bloch[6] ne permettent pas de se prononcer sur la réalité des faits, cette histoire témoigne d'une fraternisation patriotique qui ne fut pas isolée.
Hommages
[modifier | modifier le code]- Edgar Sèches, Allocution prononcée au service pour l'anniversaire de feu M. Abraham Bloch, grand rabbin de Lyon mort au champ d'honneur, éd. Œuvre du Sacré-Cœur, 1915
- À Paris, le nom d'Abraham Bloch figure :
- sur une plaque commémorative apposée à la Sorbonne[13] comportant la liste de directeurs d'études, d'élèves diplômés et élèves de l'École pratique des hautes études morts pour la France 1914-1919 ;
- sur une plaque de la synagogue de la rue Vauquelin[14], avec la mention « À la mémoire des grands-rabbins, rabbins et anciens élèves morts au champ d’honneur 1914-1918, morts pour la libération 1939-1945 et morts en déportation ».
- À Lyon :
- la rue du cimetière israélite du 7e arrondissement porte son nom ;
- son nom figure sur le monument aux morts de l'île du Souvenir, au parc de la Tête d'or[15].
- À Alger, on baptise une rue, rue du Grand-Rabbin-Bloch près de la grande synagogue.
- Dans les Vosges, le monument du col d'Anozel[16] à sa mémoire, érigé en bordure de la D 58 entre Taintrux et Saulcy-sur-Meurthe[17], est inauguré par le ministre des pensions, Georges Rivollet, le , à l'occasion de manifestations organisées par l'Union patriotique des Français israélites d'Edmond Bloch, en collaboration avec la Légion vosgienne des anciens combattants d'Antoine Walter et l'Union vosgienne des anciens combattants de Jean Leroy[18],[6]. Le centenaire de sa mort y est marqué en 2014[19].
Du au , les Archives départementales des Vosges lui consacrent une exposition, Abraham Bloch, un grand rabbin dans la Grande Guerre.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Actuel 3e arrondissement de Paris.
- À propos des troubles antisémites des années 1890 dans l'Algérie coloniale, cf. par exemple Geneviève Dermenjian, La Crise anti-juive oranaise 1895-1905 - L'antisémitisme dans l'Algérie coloniale, L'Harmattan, 1986.
- En 1914, les aumôniers militaires ne portent pas l'uniforme.
- Commune de Saulcy-sur-Meurthe.
- Cf. Loi de séparation des Églises et de l'État et Querelle des inventaires, notamment.
- Texte gravé : « Le 29 août 1914, les Allemands avaient incendié à Taintrux une grange qui servait d'ambulance. Pendant qu'on évacuait les blessés, un de ceux-ci, prenant pour un prêtre catholique le grand rabbin Abraham Bloch, aumônier du 14e corps d'armée, lui demanda un crucifix pour l'embrasser avant sa mort. Simplement, sans souci du danger, le rabbin se mit à la recherche d'un crucifix, puis l'ayant trouvé l'apporta au blessé. Quelques instants après, Abraham Bloch était atteint par un obus et succombait. Ce monument a été élevé par des Français de toutes confessions pour honorer sa mémoire et glorifier sa fin. »
Références
[modifier | modifier le code]- Archives départementales des Vosges.
- Netter 2013, Bibliographie.
- Netter 2013, p. 19.
- « BLOCH Abraham 1914-1918 », sur memorialgenweb.org (consulté le ).
- Ronsin 1990, Bibliographie.
- Netter 2013.
- Journal de marches et des opérations (JMO) du Groupe de brancardiers de corps, cote SHD 26 N 154/19, ministère français de la Défense.
- « Abraham Bloch », base Mémoire des hommes, ministère français de la Défense.
- France 2, D'art d'art, Germaine Oury Desruelles Le grand rabbin Abraham Bloch, Clip no 69.
- MemorialGenWeb.org Saint-Dié-des-Vosges : Corps restitués du cimetière communal Rive droite.
- C, Les Juifs de France et la Grande Guerre, un patriotisme républicain, CNRS Éditions
- Claudine Pierre, note de lecture «Les Juifs de France et la grande guerre» 2000.
- MemorialGenWeb.org Paris 5e : plaque commémorative de la Sorbonne
- memorialgenweb.org Paris 5e : plaque commémorative de la synagogue de la rue Vauquelin
- MemorialGenWeb.org Lyon : Monument aux morts, parc de la Tête d'or
- 48° 14′ 43″ N, 6° 55′ 33″ E.
- MemorialGenWeb.org Taintrux (88) monument commémoratif Abraham BLOCH
- Journal des mutilés, réformés et blessés de guerre, 9 septembre 1934
- Laure Costalonga, « La fraternité en héritage », in L'Est républicain, 30 août 2014
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Archives
[modifier | modifier le code]- Le fonds Abraham Bloch (notamment les lettres qu'il a écrites durant la guerre à son épouse) est déposé aux archives du Séminaire israélite de France, rue Vauquelin (Paris).
Travaux liés à Abraham Bloch
[modifier | modifier le code]- Paul Netter et al., Un grand rabbin dans la Grande Guerre : Abraham Bloch, mort pour la France, symbole de l'union sacrée, Triel-sur-Seine, Italiques, , 143 p. (ISBN 9782356170125).L'auteur est l'arrière petit-fils d'Abraham Bloch.
- « Abraham Bloch », dans Albert Ronsin, Les Vosgiens célèbres. Dictionnaire biographique illustré, Vagney, Gérard Louis, (ISBN 2-907016-09-1), p. 48.
Travaux de recherche généraux
[modifier | modifier le code]- Philippe-E. Landau, Les Juifs de France et la Grande Guerre, un patriotisme républicain, CNRS Éditions
- Claudine Pierre, «Philippe-E. Landau, Les Juifs de France et la grande guerre», 2000. (note de lecture critique sur cet ouvrage, en ligne).
- Célébration du Cinquantenaire de l'École pratique des hautes études, H. Champion, Paris, 1921, p. 31-33 (Maîtres et élèves morts pour la France 1914-1919) (Liste de noms).
Liens externes
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- Ressource relative aux militaires :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Commentaire d'un tableau de Lucien Lévy-Dhurmer qui rappelle cet épisode, par Christian Delorme () sur le blog Jewish Heritage
- Blog sur Abraham Bloch
- Plusieurs fiches sur le site MémorialGenWeb
- Abraham Bloch
- Naissance en novembre 1859
- Naissance dans l'ancien 7e arrondissement de Paris
- Étudiant du Séminaire israélite de France
- Rabbin français
- Rabbin du XIXe siècle
- Rabbin du XXe siècle
- Rabbin de Remiremont
- Aumônier militaire israélite du XXe siècle
- Personnalité liée aux relations entre juifs et chrétiens
- Grand-rabbin de Lyon
- Décès en août 1914
- Décès dans le département des Vosges
- Décès à 54 ans
- Personnalité inhumée dans le département des Vosges
- Militaire français mort au combat lors de la Première Guerre mondiale
- Mort pour la France