Canon de 42 cm modèle 1875
Canon de 42 cm modèle 1875 | ||||||||
Cuirassé Indomptable en coupe | ||||||||
Caractéristiques de service | ||||||||
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Type | Artillerie navale | |||||||
Service | 1881-1902 | |||||||
Production | ||||||||
Constructeur | Schneider-Creusot et Fonderie de Ruelle | |||||||
Exemplaires produits | 8 | |||||||
Caractéristiques générales | ||||||||
Poids du canon seul | 76 785 kg[1] | |||||||
Longueur du canon seul | 8 895 mm[2] | |||||||
Longueur en calibre | 22 | |||||||
Calibre | 420 mm | |||||||
Vitesse initiale | 530 mètres par seconde[1] | |||||||
Portée maximale | 9100[3] | |||||||
Hausse | - 7 ° à + 10°[4] | |||||||
Azimut | 270 °[4] | |||||||
Pas de rayure | 7°[5] | |||||||
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Le canon de 42 cm modèle 1875[6] ou canon de 420 mm modèle 1875[1] est un canon construit par Schneider-Creusot et la Fonderie de Ruelle à la fin du XIXe siècle. Cette arme est le canon de plus fort diamètre mis en service sur un navire de la marine nationale française. Il appartient avec le canon de 450 mm/45 modèle 1920 ou le 431 mm modèle 1939 aux quelques armes de plus de 400 mm de diamètre développées pour la marine nationale française.
Développement des prototypes
[modifier | modifier le code]Canon de 420 mm en fonte pour les expériences de Gâvres[7]
[modifier | modifier le code]Le développement d'une arme d'un calibre de 420 mm débute sous le Second Empire avec l'artillerie en fonte modèle 1864-1869 et les coulées de deux prototypes les 16 et à la fonderie de Ruelle[8]. Ce canon en fonte de fer renforcé d'un frettage d'acier, au poids de 38 000 kilogrammes, est monté sur un affût et un châssis à mouvement circulaire. Il lance un boulet de 250 kilogrammes à l'aide de 50 kg de poudre et sert aux essais pour la défense des ports et des rades. Il est exposé à l'exposition universelle de 1867.
Modèle 1870 et 1870-1875
[modifier | modifier le code]L'artillerie navale connaît en France une progression rapide à partir de 1855[9] et deux projets de canon de 420 mm sont étudiés sous les noms de modèle 1870 puis modèle 1870-1875, pour aboutir au modèle 1875[10]. Cette évolution s'inscrit dans la course au calibre observée en Europe entre 1870 et 1880 pour l'équipement des cuirassés[11].
Le canon de 42 cm modèle 1875
[modifier | modifier le code]Cette version est créée sur les bases des pièces d'artillerie navale de modèle 1875-1879 réalisées intégralement en acier[12]. L'étude débute en 1878[13].
Fabrication
[modifier | modifier le code]Le fût est fondu par Schneider-Creusot et achevé par la fonderie de Ruelle[14].
Un tube d'acier est foré puis enserré sur sa partie inférieure, où se placent la culasse et la chambre à poudre, par trois rangs de frettes en acier. Ces dernières renforcent le fût et permettent d'augmenter la résistance à la pression, qui atteint plus de 2 800 kg par cm²[15].
L'écrou de culasse est ensuite creusé sur la base du tube. L'intérieur de ce dernier est alors alésé et rainuré pour obtenir le pas de rayure. Un total de 84 rayures sont gravées dans l'âme du canon[5].
Fonctionnement
[modifier | modifier le code]L'ouverture de la culasse se fait en trois étapes, une rotation axiale de son corps sur 60°, suivie d'une translation rectiligne en arrière puis d'une rotation, pour démasquer l'âme et réaliser le chargement d'un obus et des gargousses. La fermeture s'effectue en ordre inverse et le tir peut se faire. [16]
Le mouvement de la culasse est effectué à l'aide de deux presses hydrauliques, l'une assurant l'ouverture et l'autre la fermeture[17]. La culasse est de système Farcot[18].
Les projectiles sont amenés des soutes à munitions par un chariot sur rails et un monte-charge, puis levés avec deux gargousses par une grue hydraulique sur une plate-forme jusqu'à l'affût[19].
L'arme longue de 22 calibres peut percer à bout portant une épaisseur de fer de 825 mm ou d'acier de 550 mm[1]. Des essais menés au Havre en 1891 montrent une capacité de perforation de 960 mm à bout portant et de 780 mm à 2 000 m [20].
Service
[modifier | modifier le code]Le canon de 42 cm modèle 1875 est construit à huit exemplaires[21]. Il équipe[22] les cuirassés garde-côtes de la classe Terrible à partir de 1880, à raison de deux canons par navire[23]. Ces armes sont installées sur les gaillards d'avant et d'arrière dans une tourelle barbette protégée par un blindage de 15 mm. Chaque tourelle a une amplitude de tir de 270°, soit 135° de chaque bord. Verticalement, les limites du pointage sont + 10° et — 7°[22].
Deux unités sont raccourcies à 19,75 calibres[1] après un accident aux essais de tir à Ruelle et équipent le cuirassé Terrible[6]. Les six armes restantes sont installées selon les mêmes dispositions sur les cuirassés garde-côtes Indomptable, Caïman et Requin[24].
Chaque navire embarque 110 obus en acier et 10 obus en fonte[25].
L'affût est modifié en 1896-1897[26] pour permettre le pointage et le tir nocturne[27].
La Classe Terrible passe en refonte de 1900 à 1902[28] et le 42 cm modèle 1875 est remplacé par le canon de 274 mm modèle 1893-96 en tourelle fermée[29].
Autres utilisations ou mentions
[modifier | modifier le code]Ce modèle de canon fait l'objet en 1916 d'une étude de transformation en obusier pour le tir de projectiles de 520 mm[7].
Durant la Première Guerre mondiale, les services de renseignement de l'artillerie allemande recensent le "Canon de 420 M" 1875" comme toujours en service dans l'armée française et lui attribuent une longueur et une portée inexactes[30].
Munitions
[modifier | modifier le code]Deux types d'obus de 420 mm, de rupture en acier et oblongs en fonte ordinaire[25], sont construits comme munitions pour le canon de 42 centimètres modèle 1875 et propulsés par deux gargousses en serge Boca[31] chargées de poudre prismatique A[32] puis de poudre prismatique B1[1][33].
Type d'obus | Poids du projectile (kg) | Vitesse (m/s) | Charge d'explosif (kg) | Poids de la gargousse (kg) |
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Obus oblong en fonte ordinaire[34] | 650 | 530 | 36 | 274 |
Obus de rupture en acier[34] | 780 | 530 | 11 | 274 |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Renard, p. 78.
- Cadiat et Ledieu Atlas, p. 1.
- Marriott Forty, p. 97.
- Ministère de la marine et des colonies 1890, p. 362.
- Aide-Mémoire, p. 170.
- Cadiat Ledieu, p. 95-§120.
- Discepoli Crespin, p. 51.
- Revue maritime, p. 144 et 152.
- Cavelier de Cuverville, p. 253-298.
- Cadiat Ledieu, p. §112-123 p.92-96.
- Hélène Férat, p. 151-166.
- Cadiat Ledieu, p. §118 et p.93-94.
- Service historique de la Défense, p. 121.
- Exposition universelle de 1889, p. 197.
- Cadiat Ledieu, p. 91-§111.
- Cadiat Ledieu, p. 276-§395.
- Cadiat Ledieu, p. 277-278-§396/396.
- Ministère de la marine et des colonies 1890, p. 3 chapitre III.
- Ministère de la marine et des colonies 1890, p. 363-364 chapitre VI.
- Essais d'artillerie au Havre, p. 291.
- Cadiat Ledieu, p. §118 et p. 93-94.
- Ministère de la marine et des colonies 1890, p. 362-364 chapitre VI.
- Lami Tharellieu, p. 1126-1127.
- Ministère de la marine et des colonies 1890, p. 364-365.
- Renard, p. 90.
- Service historique de la Défense, p. 124.
- Frédéric Jacob, p. 253 §144.
- P.A.B., p. 402.
- Cavelier de Cuverville, p. 120.
- Grand quartier général des armées, p. 71.
- Cadiat Ledieu, p. 154-§218.
- Aide-Mémoire, p. 196.
- Cadiat Ledieu, p. 210-§312.
- Cadiat Ledieu, p. §118 p.93-94.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- « Les établissements impériaux de la Marine française. Fonderie de Ruelle », Revue maritime et coloniale, no 29, , p. 132-165 [1]
- Maxime Hélène et Jules Férat, La Poudre à canon et les nouveaux corps explosifs, Paris, Hachette, , 319 p. [2]
- à l'usage des officiers d'artillerie Aide-Mémoire, Aide-Mémoire à l'usage des officiers d'artillerie. 4e édition 1880. chapitre XXIII, Paris, J. Dumaine, , 196 p. [3]
- M. Cavelier de Cuverville, « Progrès réalisés de l'artillerie navale de 1855 à 1880 », Revue maritime et coloniale, no 70, , p. 253-298 [4]
- Ministère de la marine et des colonies 1882, Aide-mémoire d'artillerie navale.Annexe au mémorial de l'artillerie de la Marine. Chapitre VI. Renseignements sur les navires, Paris, J. Dumaine, , 382 p. [5]
- Ministère de la marine et des colonies 1889, Aide-mémoire d'artillerie navale., Paris, , 382 p. [6]
- Ernest Cadiat et Alfred Ledieu, Le nouveau matériel naval.Tome premier : balistique, agents explosifs, canons et mitrailleuses, hydraulique de manœuvre pour l'artillerie, fusils, électricité en marine, piles, accumulateurs, dynamos et magnétos, lumière et éclairage électriques, torpilles, Paris, Vve Ch. Dunod, , 762 p. [7]
- [8]
- Les industries maritimes de 1889 (Schneider) Exposition universelle de 1889, « Exposition universelle de 1889. Les industries maritimes de 1889 (Schneider) », Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, no 10, , p. 197-199[9]
- E. Lisbonne, « La Marine militaire à l'Exposition », Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, no 18, , p. 396-402[10]
- Ministère de la marine et des colonies 1890, Aide-mémoire d'artillerie navale.Annexe au mémorial de l'artillerie de la Marine, Paris, Imprimerie nationale, , 320 p. [11]
- revue générale des industries françaises et étrangères Essais d'artillerie au Havre, « Essais d'artillerie au Havre », Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, no 18, , p. 291 [12]
- E.-O. Lami et A. Tharellieu=Paris, Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels. Supplément, Librairie des dictionnaires, , 1399 p. [13]
- Léon Renard, Carnet de l'officier de marine, Paris, Berger-Levrault et Cie, [14]
- Jules-Marie-Armand Cavelier de Cuverville, « Nos Constructions navales », Armée et marine : revue hebdomadaire illustrée des armées de terre et de mer , , p. 406-420 [15]
- J. T., « Le Requin », Armée et marine : revue hebdomadaire illustrée des armées de terre et de mer , , p. 79 [16]
- Jules-Marie-Armand Cavelier de Cuverville, « Chronique maritime France », Armée et marine : revue hebdomadaire illustrée des armées de terre et de mer, , p. 120 [17]
- P.A.B., « Le Voyage du Ministre et de la Marine en Algérie-Tunisie », , , p. 402 [18]
- Louis Frédéric et Gustave Jacob, Artillerie navale : Les affûts, les poudres, le tir, Paris, O. Doin et fils,
- Grand quartier général des armées, « Renseignements principaux sur l'artillerie allemande parus dans le mois. I. Les matériels d'artillerie français et britanniques d'après le service des renseignements de l'artillerie allemande », Bulletin de renseignements de l'artillerie, no 7, avril 1918-mai 1918, p. 67-73 [19]
- Ministère des Armées Discepoli et Emmanuel Crespin, Centre des archives de l’Armement et du Personnel. Série 2I7. Documents relatifs à l'Artillerie navale.Fonds de la direction des constructions navales de Ruelle. Direction des constructions navales Ruelle, plans de canons et de navires 1866-1951. Répertoire numérique n° 896, Châtellerault, Centre des Archives de l’Armement et du Personnel, , 206 p.
- (en) Leo Marriott et Simon Forty, Heavyweights : The Military Use of Massive Weapons, Book Sales, , 192 p. (ISBN 978-0-7858-3549-3, lire en ligne)
- Ministère des Armées Service historique de la Défense, Centre des archives de l’Armement et du Personnel Civil. Série 5I. Documents relatifs à l'Artillerie navale.Fonds du Service Historique de la Marine de Toulon. 1856-1973. Instrument de recherche n° 683, Châtellerault, Centre des Archives de l’Armement et du Personnel Civil, , 206 p.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Atlas du nouveau matériel naval, Ernest Cadiat, Alfred Ledieu, 1889, PLANCHE I. Fabrication de la poudre : Four à carboniser le bois. Différents modèles de canons (pl.1x1) [20]
- Atlas du nouveau matériel naval, Ernest Cadiat, Alfred Ledieu, 1889,PLANCHE XIX. Appareils hydrauliques pour la manœuvre de la culasse mobile du canon de 42 cm (pl.19) [21]