Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
Aller au contenu

Discussion:Youssouf

Le contenu de la page n’est pas pris en charge dans d’autres langues.
Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Autres discussions [liste]
  • Admissibilité
  • Neutralité
  • Droit d'auteur
  • Article de qualité
  • Bon article
  • Lumière sur
  • À faire
  • Archives
  • Commons

Un éditeur débutant travaille sur cette version en remplacement de l'article Joseph Vantini : merci de ne pas l'effacer - Alchemica 20 mai 2007 à 04:35 (CEST)[répondre]


Le général Joseph Vantini dit Youssouf (ou Yusuf), né en 1808 à l’Île d'Elbe, qui était française depuis 1802, fut pris en 1815 par un corsaire tunisien, sur un bateau qui l’emmenait à Livourne pour y faire ses études. Ses qualités physiques et intellectuelles le firent choisir pour entrer dans la garde du bey, et il reçut à cet effet des leçons comportant la pratique du cheval et des armes ainsi que l’étude du Coran. Il eut alors l’occasion d’être le compagnon de jeux d’une fille du bey, la princesse Kaboura, sut plaire à l’enfant, si bien que plus tard, quand elle eût grandi et qu’il fût devenu mamelouk, une intrigue se noua entre eux. Comme, au début de 1830, il manifestait son enthousiasme pour le parti français qui s’était formé à Tunis, ses ennemis dévoilèrent cette intrigue, et il eût été assassiné, s’il n’avait été prévenu par la princesse ; aidé par les fils du consul de France, Ferdinand de Lesseps, il put fuir sur un bateau français.

Débarqué à Sidi-Ferruch le 16 juin 1830, deux jours après le gros de l’armée expéditionnaire, il fut attaché par Bourmont comme interprète à son état-major. Nommé khalifa (adjoint), de l’Agha des Arabes, il vendit pour une trentaine de mille francs les pierres précieuses des armes qu’il avait apportées de Tunis, équipa avec cet argent quelques cavaliers indigènes et fit avec eux des razzias fructueuses.

Dans l’expédition de Clauzel (Bertrand Clauzel) sur Médéa, Youssouf se conduisit admirablement ; il tua un chef turc qui l’avait blessé et lui prit son cheval, et se fit remarquer dans tous les combats. Clauzel (Bertrand Clauzel), qui venait de créer un escadron de chasseurs algériens, y fit engager Youssouf et le nomma, le 2 décembre 1830, capitaine indigène à titre provisoire, grade qui fut confirmé quelques mois plus tard. Dès lors, dans toutes les expéditions, Youssouf se montra si plein d’audace, d’initiative et d’endurance, qu’il devint rapidement légendaire dans l’armée d’Afrique. Lorsqu’il rentrait dans les camps avec ses cavaliers, « ses enfants » comme il les appelait, il était acclamé par les troupes françaises.

Sa réputation le fit désigner, au début de 1832 pour aller occuper, avec le capitaine d’Armandy, la Kasbah de Bône ; il y risqua sa vie dans des conditions qui lui valurent une véritable célébrité, par son sang-froid et son énergie dans des circonstances tragiques, au point que le maréchal Soult (Nicolas Jean-de-Dieu Soult) qualifia cet exploit, dans un discours à la Chambre, de « plus beau fait d’armes du siècle ». Chargé ensuite de petites opérations autour de Bône, il y accomplit maintes prouesses qui lui valurent quatre citations à l’ordre de l’armée, la croix de la Légion d'honneur et le grade de chef d’escadron du 3e Chasseurs d’Afrique.

Lorsqu’en 1835. Clauzel (Bertrand Clauzel) fit l’expédition de Mascara (Algérie), il appela Youssouf à son état-major, et fut séduit aussitôt par ses qualités : « Youssouf, écrivit-il au Ministre, est un homme des plus intrépides et des plus intelligents que je connaisse. Il est venu me joindre près de Mascara (Algérie), après avoir traversé trente-cinq lieues de pays au milieu des Arabes qui nous suivaient pour nous combattre. »

Clauzel (Bertrand Clauzel) l’emmèna avec lui à l’expédition de Tlemcen, et lui donna une nouvelle occasion de s’illustrer le 15 janvier 1836, à l’attaque du camp d’Abd_El-Kader. Youssouf, à la tête d’une cinquantaine de cavaliers Douairs et Smela, chargea les cavaliers ennemis avec une fougue incroyable. Monté sur un excellent cheval, il s’attacha à la poursuite Qu’Abd_El-Kader et crut à plusieurs reprises qu’il allait l’atteindre. Cette course effrénée dura 25 kilomètres ! Yusuf se trouvait seul en avant de tous les siens, grâce à la vitesse de son cheval. En vain l’Emir criait-il à ses gens : « Lâches, retournez-vous et voyez : il n’y a qu’un homme qui vous poursuive. » La frayeur l’emportait sur la voix du chef, et la fuite contiuait. Le cheval d’Abd_El-Kader était meilleur encore que celui de Youssouf et le mit finalement hors d’atteinte.

Les succès remportés par Clauzel (Bertrand Clauzel) dans la province d’Oran lui permettant de penser à l’Expédition de Constantine de 1836, c’est Youssouf qu’il considéra comme l’homme capable de l’aider puissamment dans cette tâche. A cet effet, il le nomma, dès le mois, de janvier 1836, bey de Constantine, comptant sur l’habileté du jeune chef d’escadrons, qui connaissait si bien le caractère indigène, pour aplanir nombre de difficultés et lui ouvrir la voie. Youssouf avait à sa disposition les spahis réguliers et auxiliaires, était autorisé à lever un corps de 1.000 Turcs ou Arabes ; il devait, pour préparer les voies, gagner progressivement à sa cause les tribus entre Bône et Constantine (Algérie). C’était une excellente méthode, qui depuis lors a fait ses preuves.

Des le mois d’avril 1836, Youssouf s’établit au camp de Dréan, recevant comme nouveau bey la soumission de nombreuses tribus, et allant châtier celles qui ne reconnaissaient pas son autorité. Il commandait en chef indigène, à la manière d’Abd_El-Kader, faisant trancher la tête après un jugement sommaire à son secrétaire convaincu de trahison, razziant sans pitié les agglomérations qui lui restaient hostiles. Clauzel (Bertrand Clauzel) était en France, cherchant à obtenir des renforts qui lui furent refusés ; parti trop tard en novembre, il arriva cependant sans combat devant Constantine (Algérie), grâce à l’habile préparation politique de Youssouf, qui le précédait à l’avant-garde avec ses Turcs et ses Indigènes (Indigénat) ; mais il fut vaincu par le mauvais temps et l’insuffisance des munitions.

Youssouf porta en partie le poids et cet échec, et fut accusé d’ambition, de cupidité et de cruauté. Il reprit cependant ses fonctions de bey au camp de Dréan, avec la même mission, car Clauzel (Bertrand Clauzel) comptait bien renouveler l’expédition. La nomination de Damrémont comme gouverneur militaire modifia sa situation, et le fit revenir comme chef d’escadron aux spahis réguliers de Bône. Youssouf, plein d’amertume, fit un voyage en France ; mais il eut vite constaté que les calomnies n’avaient en rien diminué son prestige ; fêté partout, il fut même nommé lieutenant-colonel avant de revenir en Algérie, en février 1838, prendre le commancernent des spahis réguliers d’Oran.

Quoique Musulman, Youssouf « tenait à reprendre la nationalité française, dans laquelle il était né, et il reçut cette qualité en 1839, tout en restant dans les cadres de l’armée au titre indigène. Apprécié par Bugeaud Thomas-Robert Bugeaud comme par ses chefs précédents, il fut proposé pour colonel par cet illustre général en avril 1842, dans des termes qui le dépeignent mieux encore que ses nombreuses citations à l’ordre : « L’éloge du lieutenant-colonel Youssouf, écrivait Bugeaud Thomas-Robert Bugeaud au Ministre, est dans toutes les bouches. Il n’est pas un officier, pas un soldat de la province d’Oran qui ne l’admire ! Jamais on n’a montré plus d’élan, plus d’activité dans l’esprit et dans le corps... Youssouf est un officier de cavalerie légère comme on en trouve bien peu. Aussi désirai-je vivement qu’il soit fait colonel, commandant tous les spahis d’Algérie. Il saura donner à tous les habitudes, l’esprit et l’élan guerriers qui ont si fort distingué les escadrons (Escadron) de Mascara (Algérie) , auxquels on doit une grande partie des succès obtenus. » Cette proposition, valut presque aussitôt à Youssouf le grade de colonel et le commandement des spahis d’Algérie. On comprend l’autorité que ce chef à la belle prestance, au passé chargé de gloire, avait sur les Indigènes (Indigénat), si admirateurs des qualités physiques et de la bravoure personnelle. Youssouf ne devait pas néanmoins se confiner dans la direction générale des vingt escadrons (Escadron) placés sous ses ordres. C’est à cheval, entraînant sa troupe à la poursuite d’Abd_El-Kader ou de ses partisans, que ce soldat se sentait à sa place.

Dans l’expédition du duc d’Aumale (Henri d'Orléans (1822-1897)) contre la Smala, Youssouf, toujours à l’avant garde avec ses spahis, éclairait la colonne ; s’apercevant que sa marche était signalée par des indigènes (Indigénat) qui allumaient des feux, il décida de faire un exemple, parvint à en surprendre quelques-uns et les fit exécuter, sur le champ. Le procédé était cruel, mais produisit son effet ; les signaux lumineux cessèrent, ce qui permit de surprendre la Smala. Lorsque, le 16 mai 1843, les auxiliaires indigènes aperçurent les premiers l’immense agglomération que formait la Smala, une sorte de conseil se tint autour du duc d’Aumale (Henri d'Orléans (1822-1897)) ; le colonel Youssouf avait avec lui, trois escadrons de spahis et les trois escadrons de chasseurs d’Afrique du lieutenant-colonel Morris : « Eh bien ! messieurs, en avant ! », conclut le duc d’Aumale (Henri d'Orléans (1822-1897)). Bientôt les spahis au burnous rouge partirent au galop. La surprise fut telle que les femmes, les prenant pour des cavaliers réguliers de l’Emir, poussèrent des you-yous afin de célébrer leur retour. Cette joie se transforma en stupeur lorsque les premiers coups de feu éclatèrent ; un cri lugubre se propagea : « Er Roumi, er Roumi ! » (les colons sont appelés roumis par les autochtones) Youssouf avec ses spahis se précipita sur le douar d’Abd_El-Kader, tandis que le duc d’Aumale (Henri d'Orléans (1822-1897)) avec l’intrépide Morris abordait la Smala de flanc. La panique saisit la foule indigène (Indigénat) et provoqua un sauve-qui-peut général, si bien que les troupes françaises s’emparèrent de milliers de prisonniers et d’un immense butin, en n’éprouvant que fort peu de pertes. Youssouf fit dresser pendant la nuit, devant la tente du duc d’Aumale (Henri d'Orléans (1822-1897)), la tente d’Abd_El-Kader, et la fit entourer des drapeaux, des armes et des plus beaux trophées enlevés à l’ennemi, pour donner au jeune prince un joyeux réveil. Il fut cité, dans le rapport rédigé par le duc d’Aumale (Henri d'Orléans (1822-1897)), pour « son brillant courage et son intelligence militaire. »

Le duc d’Aumale (Henri d'Orléans (1822-1897)) étant parti pour la France, Youssouf exécuta avec un plein succès diverses opérations contre les tribus de la province d’Alger. Mais c’est surtout en 1844, lors de la campagne contre le Maroc, qu’il trouva de nouvelles occasions de donner sa mesure. A la Bataille de l’Isly, il commanda le premier échelon de la charge de cavalerie, formé de six escadrons de spahis, et, malgré le feu de onze pièces de canon marocaines, aborda le camp du fils du Sultan, sabra les servants et s’empara des pièces. Entré dans cet immense camp, il fut arrêté un moment par des cavaliers et des fantassins lui opposant une farouche défense individuelle ; mais, grâce à l’approche de trois escadrons de chasseurs, il put repartir de l’avant ; il poursuivit les Marocains en retraite jusqu’à plusieurs kilomètres du camp. Les quatre officiers tués dans cette journée étaient quatre officiers de spahis. Youssouf mérita, à cette occasion, sa dix-septième citation !

Un événement romanesque devait encore une fois se produire dans sa vie ; étant allé en France accompagné du maréchal des logis Weyer, son secrétaire, il s’éprit de la sœur du jeune sous-officier, la demanda en mariage, renonça à la religion musulmane (Islam) et l’épousa. Revenu avec sa femme en Algérie, il reçut en juillet 1845 le grade de maréchal de camp à titre indigène (Indigénat) et le commandement d’une brigade de vingt escadrons de spahis, en trois régiments. C’est dans la période qui s’ouvre en septembre 1845, par le fameux combat de Sidi Brahim, et qui marque l’effort suprême d’Abd_El-Kader, que Youssouf allait se surpasser. Chargé par Bugeaud Thomas-Robert Bugeaud du commandement de colonnes mobiles successives, il poursuivit, avec une inlassable activité, Abd_El-Kader et les, tribus qui avaient pris son parti. Il eut l’occasion a cette époque de démontrer souvent l’excellence de ses principes de guerre africaine, si différents de ceux de la guerre européenne. En décembre 1845, Abd_El-Kader fuyait devant lui en deux colonnes, l’une formée de ses cavaliers, l’autre de ses bagages et troupeaux ; ce fut non la première, mais la seconde qu’il poursuivit, certain d’obliger ainsi son adversaire à venir défendre son bien. Le combat eut lieu à l’oued Temda : Abd_El-Kader eut son cheval tué sous lui, s’échappa à grand’peine grâce au dévouement des siens, et laissa entre les mains de Youssouf ses morts, ses blessés et ses bagages.

La cavalerie de Youssouf, rentrée à Alger exténuée par trois mois de dure campagne dans des pays difficiles, repartit à la fin de février 1846, mais pour le Sud, c’est-à-dire pour des régions plus favorables à son action. Le 12 mars, Youssouf découvrit les traces d’Abd_El-Kader ; alors ce fut une poursuite, sans répit, qui dura pendant plus de 20 kilomètres, dans la région de Bou-Saâda, et qui fit tomber entre ses mains plusieurs drapeaux, des prisonniers, des tentes et un convoi de 800 mulets. Abd_El-Kader serré de près à plusieurs reprises avec 14 de ses cavaliers, par plusieurs officiers français qui avaient de bons chevaux, dut encore une fois son salut à la qualité supérieure de son cheval. Si Youssouf épuisait ses chevaux, il pouvait les remplacer, tandis que l’Emir ne pouvait pas : Bugeaud Thomas-Robert Bugeaud écrivait le 31 mai à Léon Roches que les éclaireurs de Yusuf avaient suivi Abd_El-Kader en fuite vers le sud-ouest et qu’ils l’avaient vu réduit à « environ 150 cavaliers, éparpillés sur la route, les uns démontés, les autres traînant leurs chevaux par la figure, d’autres montés sur des haridelles (mauvais chevaux) maigres et blessées. » Youssouf avait conquis l’estime et l’affection de Bugeaud Thomas-Robert Bugeaud, qui le considérait comme un magnifique cavalier, et l’appelait le « Murat (Joachim Murat) de l’armée d’Afrique». Après le départ pour la France de l’illustre Maréchal, il n’eut plus guère l’occasion de chevauchées, car Abd_El-Kader s’était réfugié au Maroc et fut bientôt amené à se rendre : l’ère glorieuse était close. Nommé inspecteur général permanent de la cavalerie indigène (Indigénat), il eût voulu, par-dessus tout, être admis dans le cadre des généraux français ; malgré ses efforts et ceux de ses amis et malgré l’appui de Bugeaud Thomas-Robert Bugeaud lui-même, il ne pouvait y parvenir.

Le livre qu’il publia en 1851 « De la guerre en Afrique » témoigne du moins de son activité dans un nouveau domaine. Les principes qu’il y exposait ont servi de bases aux règlements spéciaux si nécessaires à l’Armée d’Afrique. Aux conseils militaires pratiques, il ajoutait des pages d’une portée plus haute, celles par exemple où il indiquait le rôle de l’officier des bureaux arabes : « La France veut coloniser, écrivait-il ; elle appelle de ses vœux le moment où la charrue pourraient ouvrir ce nouveau sol, où les baïonnettes ne seront plus que protectrices, et où le colon n’aura plus à craindre de voir surgir un ennemi derrière chaque buisson. Dès ce jour (puisse-t-il bientôt luire), l’officier des bureaux arabes verra encore, s’agrandir sa mission : il sera, plus que jamais l’homme nécessaire, le trait d’union indispensable ; pendant de longues années, il sera appelé, sur les zones de l’intérieur, à diriger, surveiller, protéger la colonisation qui aura franchi le Sahel, et se sera aventuré presque jusqu’au désert. » Enfin Youssouf obtint en décembre 1851 la récompense qu’il souhaitait ardemment, l’admission dans le cadre des généraux français ; le Président de la République, Louis-Napoléon (Napoléon III), lui écrivit à ce sujet : « Il était juste que la France adoptât celui qui, depuis de longues années, la défend en Algérie avec tant de courage et de dévouement. »

Nommé au commandement de la subdivision de Médéa, Youssouf mena en 1852 une colonne contre Laghouat ; il eut bien voulu attaquer seul, mais il n’avait que 1.500 hommes, et dut se résigner à attendre la colonne du général Pélissier (Aimable Pélissier), venant de la province d’Oran. Pélissier (Aimable Pélissier) fit enlever brillamment l’oasis, mais n’oublia pas de citer Youssouf, qui fut fait grand officier de la Légion d'honneur.

Après un court séjour en 1854 en Crimée (Guerre de Crimée), où il organisa un corps de 3.000 « bachi-bouzouks » (Bachi-bouzouk), qui fut largement diminué par le choléra dans la Dobrudja, puis licencié, Youssouf revint en Algérie. il fut promu général de division, et dirigea, d’après les ordres du général Randon, des colonnes qui participèrent de la façon la plus efficace, en 1856 et 1857, à la soumission définitive de la Kabylie. En 1859, à l’expédition conduite par le général de Martimprey contre la tribu marocaine des Beni-Snassen, il montra, pendant l’épidémie de choléra qui décima ses troupes, une humanité, un courage et une abnégation admirables. Il fut nommé en 1860 grand’croix de la Légion d'honneur par Napoléon III. La grande expérience que Youssouf avait du Sahara et des indigènes (Indigénat) lui permit de rendre, pendant l’insurrection de 1864, des services importants dans le Sud des provinces d’Alger et d’Oran. Cependant, le maréchal de Mac-Mahon (Patrice de Mac-Mahon), nommé gouverneur général de l’Algérie, lui déclara au début de 1865 qu’avec de nouveaux systèmes, il fallait des hommes nouveaux ».

Youssouf demanda la division de Montpellier, mais il tomba gravement malade et alla mourir à Cannes le 16 mars 1866. Dans son agonie, ce merveilleux soldat se revoyait au milieu de ses compagnons des charges d’autrefois, à un moment il se leva sur son séant, étendit les mains en avant comme s’il tenait les rênes de son cheval, et demanda en arabe : « Agha Sliman, qui est autour de moi ? » Dernière évocation de toute une vie héroïque au service de la France.

Youssouf est le seul chef qui ait participé de bout en bout à la Conquête de l'Algérie, depuis le débarquement à Sidi-Ferruch en juin 1830, jusqu’à la soumission de la Kabylie en 1857, sans parler de l’expédition du Maroc et de l’insurrection de 1864. Il a été comblé de gloire et d’honneurs. Cependant il s’est attiré de nombreuses inimitiés, dues autant à des jalousies inévitables qu’à l’incompréhension de sa mentalité. Youssouf, quoique redevenu Français, conserva toujours le caractère et la tournure d’esprit d’un Musulman de l’Afrique du Nord. Ses jugements sommaires, après lesquels il faisait trancher des têtes, ses procédés d’administration, n’ayant souvent rien de commun avec ceux de la bureaucratie officielle, l’ont fait critiquer beaucoup plus qu’il n’eût convenu. Pour juger un homme, Il faut se représenter les conditions et le milieu dans lequel il agit. Il vécut à l’époque héroïque de la conquête, qui ne ressembla en rien à la période suivante : superbe cavalier, habile sabreur, vigoureux entraîneur d’hommes, il était fait pour les chevauchées téméraires, les mêlées ardentes et les entreprises audacieuses. Il était adoré des troupes indigènes, et longtemps encore, dans les villages et dans les douars d’Algérie, les descendants des spahis qu’il a si brillamment commandés raconteront des épisodes du temps où leur aïeul servait avec Youssouf.

Notes et sources

[modifier le code]

<references>