Fernande Olivier
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Amélie Lang |
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Fernande Olivier, de son vrai nom Amélie Lang, née le dans le 6e arrondissement de Paris, et morte le à Neuilly-sur-Seine[1], est une artiste peintre, surtout active dans les années 1930. Elle a été, entre autres, la compagne et le modèle de Pablo Picasso entre 1904 et 1909[2].
Biographie
[modifier | modifier le code]Confiée très jeune à son oncle et à sa tante qui la terrifient, elle est une bonne élève, intelligente qui aime beaucoup apprendre, écrire et lire. Le 11 mars 1899, Amélie Lang donne naissance à un garçon[3], André Robert Percheron[4], fils de Paul Percheron âgé de 26 ans, employé de commerce, qui le reconnaît. Cinq mois plus tard, le 8 août 1899, Paul et Amélie se marient[5], ce qui permet de légitimer l’enfant. Clara Lang, la maman d’Amélie, est présente pour donner son accord au mariage de sa fille mineure. Le mari est brutal et très rapidement Amélie Lang s’enfuit du domicile conjugal. Dans ses deux livres de souvenirs, et les interviews qu’elle fera vers la fin de sa vie, elle ne parlera jamais de ce fils. Elle dit avoir fait une fausse couche en tombant dans un escalier, ce qui la rend stérile. Pourtant, comme indiqué dans la marge de son acte de naissance, André vécut jusqu'à l'âge de 65 ans. Après avoir été marié deux fois, il meurt à Lyon (8e arrondissement) le 24 mars 1964, deux ans avant sa mère. On ne sait pas s’il eut des enfants, qui seraient alors les petits enfants de Fernande Olivier.
Paul Percheron, enfermé à l’asile pour aliénés difficiles de Villejuif, y meurt le 4 décembre 1904[6]. Visiblement Fernande Olivier ne fut informée de ce décès que beaucoup plus tard car, quand elle partagea sa vie avec Picasso, elle n’osait pas parler avec lui de mariage, croyant qu’elle était toujours mariée.
Elle se lie à un jeune sculpteur, Laurent Debienne[7], qui l'héberge au Bateau-lavoir. Elle pose pour lui et d'autres artistes, comme Jean-Jacques Henner[7], Ricard Canals[7], Carolus-Duran, Boldini[7] ou encore Othon Friesz.
Fernande Olivier et Picasso
[modifier | modifier le code]En 1904, Picasso, vient de s'installer au Bateau-lavoir. Il est dépressif, il a perdu son ami Carles Casagemas, à la suite d'un chagrin d'amour avec la danseuse de Montmartre Germaine Pichot. Fernande Olivier est modèle professionnelle au Bateau-Lavoir et y fréquente les artistes de la butte Montmartre dont Picasso[8]. Elle cède finalement, vient habiter chez lui et lui redonne le goût de vivre. Commence alors la période rose de Picasso, Fernande Olivier lui inspire de nombreuses œuvres jusqu'à sa période cubiste. Les œuvres les plus remarquables représentant Fernande Olivier sont les sculptures cubistes de Picasso de bustes féminins, réalisées entre 1907 et 1909. Il est admis qu'elle a posé pour l'une des Demoiselles d'Avignon[2]. Début 1907 le maître réalisera la tête « primitivisée » de Fernande Olivier avec le fameux masque fang faisant ainsi d'elle une véritable icône du « primitivisme » du XXe siècle. Picasso est jaloux, l'enferme dans l'atelier lorsqu'il sort et lui interdit de poser pour d'autres artistes. En 1909, la meilleure situation financière de Picasso lui permet de louer un grand appartement et un atelier au 11 du boulevard de Clichy. Mais leurs relations finissent par se tendre, Picasso a une liaison avec Eva Gouel et Fernande Olivier le quitte en 1912[7].
Ecritures et petits métiers
[modifier | modifier le code]Les années qui suivent sa séparation avec Picasso sont difficiles. Elle multiplie les petits emplois, garde le fils de Pierre Hodé lorsque celui-ci est mobilisé en 1917-1918, travaille pour Paul Poiret, récite des vers au Lapin agile, est employée par un antiquaire, puis par un galeriste, etc.[9]. Elle écrit et publie ses souvenirs à partir de 1930 dans le quotidien Le Soir, et rassemble ensuite ses écrits dans des ouvrages dont l'ouvrage réputé : Picasso et ses amis[10]. Elle partage un moment la vie du peintre italien Ubaldo Oppi puis celle du comédien, Roger Karl. Par la suite, elle vit seule, dans le dénuement. Picasso lui vient en aide à la fin des années 1950[7].
Décès et postérité
[modifier | modifier le code]Fernande Olivier meurt en 1966 à Neuilly[7]. Son filleul et héritier, le peintre charentais Gilbert Krill, fait transférer sa dépouille au cimetière de Cognac, où a été créée, en 2011, l’association « La Belle Fernande » qui gère ses archives et ses œuvres.
Mention littéraire
[modifier | modifier le code]Paul Léautaud évoque Fernande Olivier dans son Journal et Gertrude Stein dans son livre Autobiographie d'Alice Toklas.
Dans son Journal littéraire du , Paul Léautaud évoque sa rencontre avec Fernande Olivier :
« Elle m’a parlé de Picasso. Garde un excellent souvenir de lui. Est atteinte quand on dit devant elle du mal de lui, ou qu’on dit qu’il est malade. Il a été très bon pour elle, bien qu’il la trompât. Un vrai père. Même les jours qu’il n’avait pas de quoi manger, il trouvait le moyen de lui apporter une gentillesse, un flacon de parfum, par exemple, de trois francs, c’est entendu, mais enfin une gentillesse. Elle était jeune, pas d’expérience de la vie, elle a pris les choses au tragique, elle est partie, avec onze francs dans sa poche, abandonnant tout, même ce qui lui appartenait. Une folie ! Elle serait aujourd’hui Mme Picasso, riche, tranquille, la vie assurée. »
— Journal littéraire (1931), Paul Léautaud[11].
Publications
[modifier | modifier le code]- Neuf ans chez Picasso : I Picasso et ses amis ; II : La naissance du cubisme ; III : L'Atelier du boulevard de Clichy, articles parus les , et dans Le Mercure de France[12]
- Picasso et ses Amis, préface de Paul Léautaud, première édition chez Stock en 1933. Réédition augmentée présentée par Gérard Dufaud, éditions coMédiArt, 2022 (ISBN 978-2-9541295-3-2)
- Souvenirs intimes, écrits pour Picasso, édition posthume de son journal, présenté par Gilbert Krill, Éditions Calmann-Lévy, 1988
Expositions
[modifier | modifier le code]- Fernande Olivier et Pablo Picasso, dans l’intimité du Bateau-Lavoir, Musée de Montmartre, au [13].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Archives de Paris 6e, acte de naissance no 1405, année 1881 (page 15/31) (avec mention marginale de décès).
- Marie-Laure Bernadac et Androula Michael, Picasso. Propos sur l'art, éditions Gallimard, coll. « Art et artistes », 1998, p. 60-61 (ISBN 2-07-074698-4).
- Yves Brocard, Le fils secret de Fernande, in Nathalie Bondil et Saskia Ooms, Fernande Olivier et Pablo Picasso dans l’intimité du Bateau-Lavoir, catalogue de l’exposition au Musée de Montmartre – Jardins Renoir, éditeurs in fine et Musée de Montmartre, 2022, p. 40-43 ; Yves Brocard, « Picasso et sa femme » : Eva Gouel, cette inconnue effacée, 2022 p. 36-44.
- « Archives de Paris 14e, acte de naissance no 2015, année 1899 (page 14/31) (avec mentions marginales de mariages et de décès) », sur archives.paris.fr (consulté le ).
- Acte de mariage de Paul Percheron et Amélie Lang Archives de Paris 14e, acte de mariage no 816, année 1899 (page 4/28) (consulté le 17 octobre 2022).
- Acte de décès de Paul Percheron : Archives du Val de Marne, commune de Villejuif, acte de décès no 316 (page 80/92) (consulté le 17 octobre 2022).
- Philippe Dagen, « Au Musée de Montmartre, à Paris, Fernande Olivier, modèle de Picasso et chroniqueuse du cubisme », Le Monde, (lire en ligne).
- Brigitte Léal, Dictionnaire du cubisme, dl 2018 (ISBN 978-2-221-21991-1 et 2-221-21991-0, OCLC 1057365695), p. 546.
- Franck 1998, p. 192.
- Philippe Dagen, « Au Musée de Montmartre, à Paris, Fernande Olivier, modèle de Picasso et chroniqueuse du cubisme », Le Monde, (lire en ligne).
- Rapports entre Fernande Olivier et Paul Léautaud, leautaud.com, consulté septembre 2021.
- « Fernande Olivier (1881-1966) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- Margot Delpierre, « Exposition sur Fernande Olivier, modèle, peintre, autrice : "Ce n'était que justice que de lui rendre hommage" », France Culture, le sur le site radiofran1nce.fr.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Fernande Olivier, Picasso et ses Amis, préface de Paul Léautaud, première édition chez Stock en 1933
- Jean Bouret, Sept jours avec la peinture, in Les Lettres françaises no 1118 du 10 au , p. 32
- John Richardson, Vie de Picasso, Volume I 1881-1906, Ed. Chêne, 1992 (ISBN 2-85108-719-3)
- John Richardson, A Life of Picasso, Volume II 1907-1917, Jonathan Cape London, 1996 (ISBN 0-224-03120-1)
- Dan Franck, Bohèmes. Les aventuriers de l’Art moderne (1900-1930), Éditions Calmann-Lévy Livre de poche, , 637 p., p. 97-104, 132-145, 193.
- Marilyn McCully, Loving Picasso, The Private Journal of Fernande Olivier, Éditeur Harry N. Abrams, Inc., 2001 (ISBN 0-8109-4251-8)
- (en) Jonathan Jones, « Head of a Woman (Fernande), Picasso (1909) », The Guardian, (lire en ligne).
- Pierre Daix, Le nouveau dictionnaire Picasso, Robert Laffont, 2012 (ISBN 978-2-221-11627-2) Article sur Fernande Olivier p. 641-651
- Une série de bande dessinée, intitulée Pablo, de Julie Birmant et Clément Oubrerie, retrace la vie de Pablo Picasso à Montmartre. Tome 1 : Max Jacob, Dargaud, (ISBN 978-22-0506-9365) ; tome 2 : Apollinaire, Dargaud, (ISBN 978-22-0507-0170) ; tome 3 : Matisse, Dargaud, (ISBN 978-22-0507-0187) ; tome 4 : Picasso, Dargaud, 2014 (ISBN 978-22-0507-1160). Ces volumes prennent Fernande Olivier pour narratrice.
- Amy Licence, Bohemian Lives, three extraordinary women, Ida Nettleship (en), Sophie Brzeska (en) and Fernande Olivier, éditions Amberley Publishing, 2017
- Picasso amoureux, Frédéric Ferney paru aux Éditions Rabelais.
- Nathalie Bondil et Saskia Ooms, Fernande Olivier et Pablo Picasso dans l’intimité du Bateau-Lavoir, catalogue de l’exposition au Musée de Montmartre – Jardins Renoir, éditeurs in fine et Musée de Montmartre, 2022 (ISBN 978-2-38203-104-9)
- Yves Brocard, « Picasso et sa femme » : Eva Gouel, cette inconnue effacée, Les éditions du net, 2022 (ISBN 978-2-312-12885-6)
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) « Picasso. The Cubist Portraits of Fernande Olivier », sur le site de la National Gallery of Art, .
- (en) « Pablo Picasso. Head of a Woman (Fernande) 1909 », sur le site de la Tate Britain, .