Film (film)
Réalisation | Alan Schneider |
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Scénario | Samuel Beckett |
Acteurs principaux |
Buster Keaton |
Sociétés de production | Boris Kaufman |
Pays de production | États-Unis |
Genre | Film expérimental |
Durée | 24 minutes |
Sortie | 1965 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Film est un film expérimental écrit par Samuel Beckett et réalisé par Alan Schneider en 1965.
Synopsis
[modifier | modifier le code]Ce court-métrage muet d'une vingtaine de minutes montre le parcours d'un homme qui terrifie tout le monde sur son passage, hommes, femmes, animaux, etc. On le voit longer un mur, évitant tous les regards, puis monter dans une pièce où il s'enferme. Il en fait sortir le chaton et les deux petits chiens qui s'y trouvent, recouvre la cage d'un perroquet, le bocal d'un poisson, un miroir, puis déchire un portrait cloué au mur, pour enfin aller s'asseoir dans une chaise à bascule. Il sort d'une enveloppe quelques photos de famille, qu'il finit par déchirer à leur tour. Quand enfin il semble avoir annulé tout regard sur lui, il s'assoupit paisiblement dans la chaise. Mais il se réveille en se retrouvant face à son double qui le regarde droit dans les yeux. On découvre alors le visage du personnage, un borgne.
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Titre : Film
- Réalisation : Alan Schneider
- Scénario : Samuel Beckett
- Photographie : Boris Kaufman
- Production : Grove Press / Evergreen Films
- Durée : 24 minutes
- Noir et blanc
Distribution
[modifier | modifier le code]- Buster Keaton : l'homme
- Nell Harrison : un passant
- James Karen : un passant
Interprétation
[modifier | modifier le code]Gilles Deleuze donne une analyse de Film dans Critique et Clinique[1] et part de la citation de l'évêque George Berkeley : « Esse est percipi aut percipere » (« être, c'est être perçu ou percevoir »). Il la relie à tous les événements du film : l'homme du film se dérobe au regard des passants ; arrivé chez lui, il se dérobe au regard de ses animaux, au regard des photos, à son propre regard. Il s'assoupit et quand il se réveille il est face à lui-même, il se cache les yeux.
Dans L'image-mouvement (chapitre IV), Deleuze analyse également Film, le prenant comme modèle pour définir les trois catégories de l'image-mouvement (image-perception, image-action, image-affection) et illustrer leur évitement possible[2].
Récompense
[modifier | modifier le code]Film a obtenu le Prix du mérite à la Mostra de Venise de 1965.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Critique et clinique, Paris, Les Éditions de Minuit, 1993, pp. 36-39.
- L'image-mouvement (Cinéma 1), Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1983.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Llewellyn Brown, « Regard et prédation dans Film de Samuel Beckett : De la fable à la structure », Études françaises, vol. 54, n° 2, 2018, p. 57-72 (lire en ligne).
- Gabriela Trujillo, « Par écran interposé. En 1964, l'écrivain met en scène le dispositif même du cinéma dans son court métrage Film, où le vieux Buster Keaton ne cesse de fuir l’œil intrusif et implacable de la caméra », Le Nouveau Magazine littéraire N°6, Edition Le Nouveau Magazine pensées et llittéraire, Paris, , pp.95-96 (ISSN 2606-1368)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- films de Samuel Beckett sur UbuWeb