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Laurent Cars

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Laurent Cars
Jean-Baptiste Perronneau, Portrait de Laurent Cars, pastel,
Paris, musée du Louvre.
Naissance
Décès
(à 71 ans)
Paris
Période d'activité
Nationalité
Française
Activité
Maître
Élève
Lieu de travail
Mouvement
Père
Fratrie
Agathe Cars (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Andromède délivrée par Persée ; Hercule et Omphale ; Suzanne et les vieillards, etc.

Laurent Cars est un peintre et graveur français, né à Lyon le , et mort à Paris le .

Augustin de Saint-Aubin, Laurent Cars d'après Charles-Nicolas Cochin

Laurent Cars était l'arrière-petit-fils de Jean Cars, peintre « de peu de notoriété » selon Portalis & Béraldi[1], et de Marie Firens, fille d'un graveur réputé[2] ; et le petit-fils de François Cars, dit François I Cars, graveur, imprimeur, éditeur et marchand d'estampes (Paris -Lyon 1701) et premier graveur de la dynastie Cars, qui s'installera à Lyon au début des années 1660.

Son père, Jean-François Cars (1661-1738), est graveur également, à Lyon. Mais au commencement du XVIIIe siècle, tout en gardant son activité lyonnaise, il s'installe, aussi, à Paris, rue de la Savonnerie, près de la manufacture des Gobelins. C'est à cette adresse qu'il vend l'une de ses premières œuvres, un portrait gravé de Louis XIV[3]. Ce n'est que dans les années 1720 qu'il semble s'être définitivement installé à Paris. Il aura comme élèves, entre autres, François Boucher et Jean-Baptiste Perronneau[4]

Travaillant dans l'atelier de son père qui se consacrait aux estampes de thèses pour le fonds Odieuvre, Laurent Cars fut cependant placé auprès du peintre Joseph Christophe, membre de l'académie de Saint-Luc, afin d'exercer cet art, comme le rapporte l'abbé de Fontenai[5] :

« Étant tout jeune encore, il dessina d'après nature à l'Académie de Saint-Luc, se mit sur le rang, chaque fois qu'il y eut concours pour les médailles et remporta la première ; mais plusieurs années s'étant écoulées sans qu'on en distribuât aucune et cette académie ayant un trop grand nombre de couronnes à décerner, décida que tous ceux qui avaient gagné le premier prix concourroient ensemble et qu'un seul vainqueur le remporteroit. Cars rentra dans la lice et triompha de ses rivaux »[6].

Plan de Turgot, La rue Saint-Jacques à hauteur du collège du Plessis en 1739
Andromède délivrée par Persée d'après François Lemoyne
Iris au bain d'après François Lemoyne - 1731
Le Temps enlevant la Vérité d'après François Lemoyne

Mais, très vite, il revient à la gravure, Émile Dacier le citant avec Jacques-Philippe Le Bas comme élève de Nicolas-Henri Tardieu[7]. En 1724, il peint et grave en même temps le portrait de Michel-Celse-Roger de Bussy-Rabutin, évêque de Luçon. Cars débute surtout sa carrière par l'interprétation d'une œuvre d'un ami de sa famille, François Lemoyne qui vient de livrer l'un de ses chefs-d'œuvre en 1724 : Hercule et Omphale[8] ; toile exposée au Salon de 1725. Le jeune interprète grava également plusieurs autres toiles du maître de Boucher : l'Iris au bain, Andromède délivrée par Persée et Céphale enlevée par l'Aurore. « Ses planches ne sentent point la sujétion d'un graveur copiste, mais elles semblent l'ouvrage d'un même artiste qui aurait conçu et exécuté le même sujet » nous avoues Jean-Baptiste D. Lempereur[9].

Très vite, Cars livre une belle estampe d'après les Fêtes Vénitiennes de Watteau avant de se consacrer, en 32 planches restées célèbres, à l'interprétation des figures des Comédies de Molière d'après des dessins de Boucher (1734).

Agréé dès le , Laurent Cars est reçu à l'Académie Royale le , sur présentation des planches gravées des portraits du sculpteur Michel Anguier d'après Gabriel Revel, et du peintre Sébastien Bourdon d'après Hyacinthe Rigaud. En 1757, il y est nommé conseiller.

Les affinités du graveur de 32 ans avec le dernier, peintre d'origine catalane âgé de 74 ans, n'étaient d'ailleurs pas nouvelles. En effet, le père de Laurent Cars, Jean-François, avait également choisi une œuvre de Rigaud pour l'une de ses planches : le portrait du cardinal de Polignac et de l'évêque d'Angers, Michel Poncet de La Rivière (1722).

Suzanne et les vieillards d'après Jean-François de Troy

Laurent Cars fut également un témoin des artistes de son temps en gravant les portraits de Boucher, de Chardin (dont il fut un « merveilleux interprète » écrit Paul Lacroix[10]) et de son épouse, Marguerite Pouget. Auteur d'une vaste planche figurant la reine de France, Marie Leszczyńska, Cars produisit également le portrait d'une danseuse renommée, « La Camargo » d'après Nicolas Lancret et celui de Mademoiselle Clairon d'après Carle Van Loo, non moins célèbre actrice que le roi souhaitait flatter en lui offrant son portrait. Malgré son talent, Cars n'arriva pas à achever la tête de l'actrice et on sollicita dans un premier temps le graveur Wille, en 1763, pour ce travail. Ayant « la vue trop courte », c'est finalement à Beauvarlet que revint le privilège d'achever la planche[11].

Le graveur collabora ensuite avec Charles-Nicolas Cochin sur une série d'illustrations des Fables de La Fontaine d'après des dessins d'Oudry (1755).

Il traduisit également au burin plusieurs œuvres majeures et emblématiques de Jean-François de Troy : Suzanne et les vieillards ; Bethsabée au bain ; L'évanouissement d'Esther.

Installé rue Saint-Jacques à Paris juste face au collège du Plessis[12], Laurent Cars se consacra de plus en plus vers 1750 au commerce des estampes, notamment celles de son élève Jean-Jacques Flipart ainsi que les fonds hérités de son père (thèses). Ce fonds est acheté après sa mort par François Babuty, qui en publie le catalogue[13].

Mort le , « regretté autant par ses qualités morales et l'agrément de son esprit, que par ses talents »[6], Laurent Cars est inhumé le lendemain, , « juste au pied de son banc » en l'église Saint-Benoît-le-Bétourné[12]. À la démolition de celle-ci en 1831, les ossements sont portés aux catacombes.

En décembre 1773, Jacques-François Chéreau rachète une partie de son fonds[14].

  • Recueil d'un grand nombre de vues des plus belles villes, palais, châteaux, maisons de plaisance de France, d'Italie, dessinés et gravés par Israël Sylvestre, quatre volumes, cinq cent cinquante-sept planches, 1750.
  • La tricoteuse endormie, gravure de Claude-Donat Jardinier d'après Jean-Baptiste Greuze.

Galerie de Portraits

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Expositions

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Musées et collections publiques

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Escorte d'équipages d'après Antoine Watteau

Royaume-Uni

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  • Galerie municipale de Bratislava, Hercule tuant Cacus, d'après François Lemoyne[18].

États-Unis

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Réception critique

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Le malade imaginaire, d'après François Boucher
  • « Laurent Cars, l'un des meilleurs graveurs du XVIIIe siècle. Il mit dans ses ouvrages un goût qui n'était pas celui des graveurs du siècle précédent, qui peut-être ne lui doit pas être préféré, qui même n'aurait pas convenu aux tableaux que ces graveurs devaient rendre, mais qui fut inspiré à Cars par les gravures de Lemoyne. Les tableaux des grands maîtres d'Italie, ceux de Le Sueur, de Le Brun, de Mignard, avaient dans le faire une sorte d'austérité qui aurait été mal exprimée par l'aimable mollesse que Cars introduisit jusque dans les masses d'ombre. Dans Gérard Audran, le ragoût domine dans les parties de demi-teintes, et dans Cars c'est dans les parties ombrées. Ses chefs-d'œuvre sont les morceaux qu'il a gravés d'après Lemoyne, et surtout l'estampe d'Hercule filant auprès d'Omphale. » - Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque[47]
  • « Laurent Cars peut être regardé, après Gérard Audran, comme le plus habile graveur dans le grand genre ; son Hercule et Omphale, son Allégorie sur la fécondité de la Reine, la Thèse de Ventadour, sont des chefs-d'œuvre ; le moelleux du pinceau, l'empâtement de la couleur, la finesse de la touche, y sont rendus avec une vérité, un sentiment rares. » - Biographie universelle, ancienne et moderne[6]
  • « Laurent Cars ne figure pas parmi les graveurs de Boucher, si ce n'est pour une seule pièce : un tableau d'histoire ! Son absence paraît d'autant plus surprenante que, d'une part, ce graveur, à coup sûr l'un des meilleurs de la première moitié du XVIIIe siècle, a été l'interprète favori du maître de Boucher, François Lemoyne, dont il a traduit supérieurement une douzaine de peintures ; que, d'autre part, il a été formé à la gravure en même temps que Boucher par son père Jean-François Cars ; enfin, qu'il a reproduit avec un rare bonheur les dessins de son ancien camarade d'atelier pour le Molière de 1734. » - Émile Dacier[7]
  • « Laurent Cars fut un des graveurs les plus estimés du XVIIIe siècle. Son dessin est correct et savant, sa touche est mœlleuse et expressive. » - Dictionnaire Bénézit[48]

Notes et références

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  1. Voir Bibliographie, p. 301.
  2. Pierre Firens (vers 1580-1638), un des graveurs et éditeurs flamands majeurs au début du XVIIe siècle.
  3. Signé « J.F. Cars del. et sculp. Lugd. - 1701. »
  4. Dictionnaire des graveurs-éditeurs et marchands d'estampes à Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles. Catalogue des pièces retrouvées. Par Sylvie Martin de Vesvrotte et Henriette Pommier. PUL 2002
  5. Louis-Abel de Bonafons, abbé de Fontenay, « Dictionnaire des Artistes, ou Notice historique et raisonnée des Architectes, Peintres, Graveurs, Sculpteurs, Musiciens, Acteurs & Danseurs ; Imprimeurs, Horlogers & Méchaniciens » - A Paris chez Vincent, 1776
  6. a b et c Biographie universelle, ancienne et moderne, ouvrage rédigé par une société de gens de lettres et de savants, Louis-Gabriel Michaud, Paris, 1813, tome 7, pages 222-223.
  7. a b et c Émile Dacier, La Gravure française, Larousse, 1944, pages 82-84.
  8. Paris, musée du Louvre. Inv. MI1086
  9. « Dictionnaire général des artistes anciens et modernes » (1795), cité par Portalis et Béraldi, op. cit. p. 305.
  10. Paul Lacroix, L'ancienne France - Peintres et graveurs, Firmin-Didot et Cie, 1888, réédition B.N.F. 2012.
  11. Portralis & Béraldi, op. cit., p. 310.
  12. a et b Henri Herluison, Actes d'état civil d'artistes français, peintres, graveurs, architectes, etc. - Extraits des registres de l'hôtel de ville de Paris détruits dans l'incendie du 24 mai 1871, Slatkine Reprints, Genève, 1972.
  13. Maxime Préaud, Pierre Casselle, Marianne Grivel, Corinne Le Bitouzé, Dictionnaire des éditeurs d'estampes à Paris sous l'Ancien régime, Paris, Cercle de la Librairie, 1986, p. 74
  14. (BNF 14954485).
  15. a et b Victoria and Albert Museum, Laurent Cars dans les collections
  16. a et b Musée du Louvre, Laurent Cars dans les collections
  17. a et b Écola nationale supérieure des beaux-arts, Laurent Cars dans les collections
  18. a et b Galerie municipale de Bratislava, Laurent Cars dans les collections
  19. a et b Musée d'art et d'histoire de Genève, Laurent Cars dans les collections
  20. a b et c Musée du Louvre, Antoine Watteau et l'art de l'estampe, présentation de l'exposition, 2010
  21. a et b Petit Palais, Laurent Cars dans les cvollections
  22. a et b British Museum, "Escorte d'équipages" dans les collections
  23. a et b Royal Collection, "Louis-François de Bourbon-Conti" par Laurent Cars dans les collections
  24. a et b Institut d'art de Chicago, Laurent Cars dans les collections""
  25. Bibliothèque nationale de France, Mademoiselle de Camargo dansant, présentation de l'estampe
  26. a et b San Francisco De Young Museum, Laurent Cars dans les collections
  27. a et b British Museum, "Mademoiselle Clairon" dans les collections
  28. Site Hyancinthe Rigaud, Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne
  29. a et b San Francisco De Young Museum, Laurent Cars dans les collections
  30. a et b Château de Versailles, "Charles-Louis de Lorraine" par Laurent Cars dans les collections
  31. a et b Royal Collection, Marie Leszczynska par Laurent Cars dans les collections
  32. Musée Magnin, Les heures du jour, dossier d'exposition, 2009
  33. Annick Nottier, « La dévotion au Calvaire d'Arras et sa diffusion », Revue du Nord, n°29, vol.74, 1992, pages 6635-644
  34. a b c et d Réunion des musées nationaux, Laurent Cars dans les collections
  35. Musée Médard, "Histoire des Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem" dans les collections
  36. Musée Sinebrychoff, Laurent Cars dans les collections
  37. Galerie nationale d'art, Dublin, Laurent Cars dans les collections
  38. Rijksmuseum, Laurent Cars dans les collections
  39. Royal Academy, Le recueil Julienne dans les cllections
  40. National Trust, Laurent Cars dans les collections
  41. Waddesdon Manor, Les fables de La Fontaine d'après Jean-Baptiste Oudry dans les collections
  42. Nationalmuseum, Stockholm, Laurent Cars dans les collections
  43. Musée des beaux-arts de Boston, Laurent Cars dans les collections
  44. Musées d'art de Harvard, Laurent Cars dans les collections
  45. Minneapolis Institute of Art, Laurent Cars dans loes collections
  46. Philadelphia Museum of Art, Laurent Cars dans les collections
  47. Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque, Dictionnaire des arts de peinture, sculpture et gravure, Fuchs, Paris, 1792, vol. 2, pages 595-597.
  48. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 3, page 301.

Bibliographie

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  • François Basan, Dictionnaire des graveurs anciens et modernes depuis l'origine de la gravure, avec une notice des principales estampes qu'ils ont gravées, chez De Lormel, Saillant, Veuve Durand, Durand et Dessaint, Paris, 1767.
  • Encyclopédie méthodique - Beaux-arts dédiés et présentés à Monsieur Vidaud de La Tour, Charles-Joseph Panckoucke à Paris et Plomteux à Liège, 1788.
  • Karl-Heinrich von Heinecken, Dictionnaire des artistes dont nous avons des estampes avec une notice détaillée de leurs ouvrages gravés, t. III, Bretikopf, Leipzig, 1789, p. 679 et suiv.
  • Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque, Dictionnaire des arts de peinture, sculpture et gravure, Fuchs, Paris, 1792.
  • Biographie universelle, ancienne et moderne ouvrage rédigé par une société de gens de lettres et de savants, Louis-Gabriel Michaud, Paris, 1813.
  • Edmond de Goncourt, Catalogue raisonné de l'œuvre peint, dessiné et gravé d'Antoine Watteau, Rapilly, Paris, 1875.
  • Roger Portalis et Henri Beraldi, Les Graveurs du dix-huitième siècle, t. I, Paris, 1880, p. 301 et suiv. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Paul Lacroix, L'ancienne France - Peintres et graveurs, Firmin-Didot et Cie, Paris, 1888, réédition B.N.F. 2012.
  • Emilia Dilke, French engravers and draughtsmen of the XVIIIth century, George Bell ans Sons, 1902 (chapitre 6 : Laurent Cars, Flipart and Le Bas).
  • Émile Dacier, Hubert Vuaflart et Jean Herold, Jean de Julienne et les graveurs de Watteau au XVIIIe siècle, 4 volumes, Maurice Rousseau, libraire à Paris, 1922-1929.
  • Marcel Roux, Inventaire du fonds français - Graveurs du dix-huitième siècle, tome 2, Bibliothèque nationale, Paris, 1934 (consulter en ligne).
  • Émile Dacier, La gravure française, Larousse, 1944.
  • William McAllister Johnson, « La gravure d'art au XVIIIe siècle », Revue de l'art, vol.99, no 1, 1993, pages 29-44 (lire en ligne).
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Marie-Catherine Sahut, Antoine Watteau et l'art de l'estampe, Le Passage Eds, 2010.
  • Peter Fuhring, Louis Marchesano, Rémy Mathis et Vanessa Selbach, A Kingdom of images - French prints in the age of Louis XIV, 1660-1715, Getty Research Institute, Los Angeles, 2015.
  • Giorgio Marini, « Laurent Cars, Joseph Wagner, Charles-Joseph Flipart : le radici francesi dell'incisione di traduzione a Venezia nel Settecento », actes du colloque Invenit et delineavit. La stampa di traduzione tra Italia e Francia dal XVI al XIX secolo, Istituto centrale per la grafica, Rome, .

Liens externes

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