Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
Aller au contenu

Lituanien

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Lituanien
lietuvių kalba
Pays Lituanie
Nombre de locuteurs env. 3 millions[1]
Typologie SVO, flexionnelle, accusative, à accent de hauteur
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau de la Lituanie Lituanie
Drapeau de l’Union européenne Union européenne
Régi par Commission de la langue lituanienne
Codes de langue
IETF lt
ISO 639-1 lt
ISO 639-2 lit
ISO 639-3 lit
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Linguasphere 54-AAA-a
WALS lit
Glottolog lith1251
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)
1 straipsnis
Visi žmonės gimsta laisvi ir lygūs savo orumu ir teisėmis. Jiems suteiktas protas ir sąžinė ir jie turi elgtis vienas kito atžvilgiu kaip broliai.
Carte
Image illustrative de l’article Lituanien
Localisation des dialectes et sous-dialectes du lituanien
    Samogitien :
    Samogitien occidental
  • Samogitien occidental
  • Samogitien septentrional
  • Sous-dialecte de Kretinga
  • Sous-dialecte de Telšiai
  • Samogitien méridional
  • Sous-dialecte de Varniai
  • Sous-dialecte de Raseiniai
  • Aukštaitien :
    Aukštaitien occidental
  • Sous-dialecte de Šiauliai
  • Sous-dialecte de Kaunas
  • Sous-dialecte de la région de Klaipėda
  • Aukštaitien oriental
  • Sous-dialecte de Panevėžys
  • Sous-dialecte de Širvintos
  • Sous-dialecte de Anykščiai
  • Sous-dialecte de Kupiškis
  • Sous-dialecte de Utena
  • Sous-dialecte de Vilnius
  • Aukštaitien méridional
  • Aukštaitien méridional ou sous-dialecte de Dzūkien

Le lituanien (en lituanien : lietuvių kalba) est une langue appartenant au groupe baltique oriental de la famille des langues indo-européennes parlée par 2 800 000 personnes en 2012 en Lituanie et par 3 001 430 personnes dans le monde[1].

La langue lituanienne est mentionnée parmi les autres langues de Concile de Constance, 1483

À l'instar du letton, le lituanien conserve encore une grande partie du système phonétique et des particularités morphologiques de l'indo-européen[2]. Certaines reconstructions ont montré que le letton et le lituanien sont les langues encore parlées qui se rapprochent le plus de l'indo-européen[2]. Quelques linguistes ont spéculé que les langues proto-baltes se sont séparées des autres langues indo-européennes avant le premier millénaire av. J.-C.[3]

Entre 400 et 600, le lituanien et le letton se sont séparés du sous-groupe occidental (prussien) des langues baltes, lequel a, par la suite, disparu. Le premier ouvrage imprimé connu en vieux prussien est un catéchisme luthérien qui remonte à 1545. On connaît des publications en vieux lituanien qui datent de 1547, mais le niveau d'alphabétisation des Lituaniens était faible au XVIe siècle et au XVIIIe siècle et les livres ne se trouvaient pas facilement.

L'alphabétisation en Lituanie s'est fortement accrue pendant le XIXe siècle, malgré les représailles par les autorités russes, qui parvinrent à leur apogée après la répression de l'insurrection polonaise de 1861-1864, quand les Russes ont interdit l'usage oral du lituanien en public et l'utilisation de l'alphabet latin pour l'écriture. De 1864 à 1904, l'alphabet cyrillique imposé se heurta à une forte résistance[4] ; pendant toute cette période, les autorités russes ne parvinrent à imprimer que 60 livres lituaniens en cyrillique, tandis qu'un grand nombre de livres et périodiques en alphabet latin était imprimés dans la Prusse voisine et importés clandestinement (au risque de la déportation en Sibérie). Paradoxalement, c'est pendant cette période que furent posés les fondements du lituanien standard basés sur l'alphabet latin, l'autre facteur étant l'abolition du servage intervenue en 1861.

Le lituanien est devenu la langue officielle de la Lituanie à partir de 1918. Pendant la période soviétique (1940-1941, 1944-1990), on s'en servait pour les affaires officielles, tout comme le russe qui était la langue officielle de l'URSS et avait préséance sur le lituanien.

Répartition géographique

[modifier | modifier le code]
Nombre de locuteurs par pays
Pays Nombre de locuteurs
Drapeau de la Lituanie Lituanie 2 800 000 (2012)[1]
Drapeau de la Russie Russie 70 000
Drapeau de la Lettonie Lettonie 35 000
Drapeau de la Pologne Pologne 30 000
Drapeau de l'Espagne Espagne 20 000
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan 10 964
Drapeau de la Biélorussie Biélorussie 10 031
Drapeau de l'Australie Australie 10 000
Drapeau de l'Estonie Estonie 1 601
Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan 1 040
Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan 472
Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan 430
Drapeau de la Suède Suède 310
Drapeau du Turkménistan Turkménistan 224
Répartition géographique du lituanien

Le lituanien comporte deux grands groupes dialectaux : celui de l'ouest, le bas-lituanien ou samogitien (žemaitique), et celui de l'est, le haut-lituanien ou aukštaitien, qui a donné naissance à la langue littéraire moderne. Les différences entre ces deux groupes de dialectes sont importantes et peuvent parfois empêcher l'intercompréhension. Les Lituaniens utilisent le russe, l'anglais, l'allemand ou le français comme langue seconde pour communiquer avec les étrangers.

Il s'écrit, depuis le XVIe siècle, au moyen de l'alphabet latin augmenté de signes diacritiques (ogonek, háček, point suscrit et macron). Il fait aussi usage de digrammes. Fait intéressant, le Y se place entre le I ogonek et le J.

A Ą B C Č D E Ę Ė F G H I Į Y J K L M N O P R S Š T U Ų Ū V Z Ž
a ą b c č d e ę ė f g h i į y j k l m n o p r s š t u ų ū v z ž

Les accents aigus et graves ainsi que le tilde peuvent servir à indiquer l'accentuation et l'intonation des mots. Cependant, on ne les retrouve guère que dans les dictionnaires ou en cas d'ambiguïté. De plus, on utilise les digrammes suivants, traités dans l'ordre alphabétique comme séquences de deux lettres distinctes.

Ch Dz Ie Uo
ch dz ie uo

Phonétique

[modifier | modifier le code]

Accentuation

[modifier | modifier le code]

Le lituanien possède un accent de hauteur à deux intonations — rude et douce — mobiles. Ailleurs que dans les ouvrages didactiques, l'accent n'est pas noté dans l'écriture.

Le lituanien comporte douze voyelles écrites. En plus des lettres latines standard, on utilise l'ogonek pour indiquer les voyelles longues. L'ogonek est un vestige de l'époque où ces voyelles étaient nasalisées, comme c'est le cas aujourd'hui pour le polonais.

Voyelles du lituanien
Majuscules A Ą E Ę Ė I Į Y O U Ų Ū
Minuscules a ą e ę ė i į y o u ų ū
API [a] [] [ɛ] [ɛː] [] [i] [] [] [o] [u] [] []

Le lituanien utilise vingt consonnes provenant de l'alphabet romain. De plus, le digramme ‹ ch › indique la fricative vélaire (API : [ x]) ; on peut figurer la prononciation des autres digrammes par la prononciation de leurs éléments.

Consonnes du lituanien
Majuscules B C Č D F G H J K L M N P R S Š T V Z Ž
Minuscules b c č d f g h j k l m n p r s š t v z ž
API [b] [ts] [] [d] [f] [g] [ɣ] [j] [k] [l] [m] [n] [p] [r] [s] [ʃ] [t] [ʋ] [z] [ʒ]

La grammaire lituanienne est très proche de celle du letton, mais présente un caractère plus archaïque. Son accentuation est libre et mobile.

Il existe sept cas (nominatif, génitif, datif, accusatif, instrumental, locatif et vocatif) et cinq groupes de déclinaisons. Entre autres, la flexion nominale comprend le nombre duel dans les dialectes lituaniens (samogitien, aukštaitien et à l'état de reliques dans la langue standard), en plus du singulier et du pluriel, pour représenter les groupes de deux éléments.

Tous les verbes se conjuguent au temps présent, passé, passé itératif et au futur du mode indicatif, aux modes conditionnel et impératif (sans distinction des temps) et à l'infinitif. Ces formes se conjuguent à deux personnes du singulier, deux du pluriel, la troisième personne étant indifférente au nombre.

Vocabulaire

[modifier | modifier le code]
Vocabulaire du lituanien
Mot Traduction Prononciation standard Rapport étymologique au latin
terre žemė ˈʒʲæːmʲeː humus
maison namas ˈn̪äːmɐs̪ domus (alternance n/d)
ciel dangus d̪ɐŋˈɡʊs̪ nimbus (alternance ng/mb)
eau vanduo vɐn̪ˈd̪uə unda
feu ugnis ʊɡʲˈnʲɪs̪ ignis
homme vyras ˈvʲîːrɐs̪ vir
femme moteris ˈmôːtʲɛrʲɪs̪ mater
manger valgyti ˈvä̂ˑlʲɡʲiːtʲɪ algere
boire gerti ˈɡæ̂ˑrʲtʲɪ vorare
grand didelis ˈdʲɪdʲɛlʲɪs̪
petit mažas ˈmäːʒɐs̪ magnus (inversion de sens)
œil akis ɐˈkʲɪs̪ oculus
nuit naktis n̪ɐkʲˈtʲɪs̪ nox
jour diena dʲiəˈn̪ɐ dies
  • 0 à 10 : nulis, vienas, du, trys, keturi, penki, šeši, septyni, aštuoni, devyni, dešimt.
  • 11 à 20 : vienuolika, dvylika, trylika, keturiolika, penkiolika, šešiolika, septyniolika, aštuoniolika, devyniolika, dvidešimt.
  • 30 : trisdešimt
  • 31 : trisdešimt vienas
  • 40 : keturiasdešimt
  • 50 : penkiasdešimt
  • 60 : šešiasdešimt
  • 70 : septyniasdešimt
  • 80 : aštuoniasdešimt
  • 90 : devyniasdešimt
  • 100 : šimtas
  • 200 : du šimtai
  • 300 : trys šimtai
  • 1 000 : tūkstantis
  • 10 000 : dešimt tūkstančių
  • 100 000 : šimtas tūkstančių
  • 1 000 000 : milijonas

Mois de l'année

[modifier | modifier le code]
  • janvier Sausis (de sausas, sec, sans doute en rapport avec le froid sec œuvrant à cette époque),
  • février Vasaris (de pavasaris, le printemps, donc le mois qui annonce cette saison),
  • mars Kovas (de kovas, corbeau freux, fréquent à ce moment de l'année),
  • avril Balandis (la colombe),
  • mai Gegužė (de gegutė le coucou),
  • juin Birželis (de berželis, un petit bouleau dont on utilisait les branches pour chauffer le sauna),
  • juillet Liepa (le tilleul),
  • août Rugpjūtis (de rugpjūtė, la moisson du seigle),
  • septembre Rugsėjis (la semaison du seigle),
  • octobre Spalis (de spaliai, restes de lin ou de chanvre après les moissons que l'on utilisait pour se chauffer),
  • novembre Lapkritis (la chute des feuilles),
  • décembre Gruodis (de gruodas, la terre, gelée)

Notre Père

[modifier | modifier le code]

Le Notre Père en lituanien (les signes d’accentuation, inusités dans le langage quotidien, sont indiqués ici pour des raisons didactiques, voir Accentuation du lituanien).

Tė́ve Mū́sų, kurìs esì dangujè!
Teesiẽ šveñtas tàvo var̃das,
Teateiniẽ tàvo karalỹstė,
Teesiẽ tàvo valià
Kaĩp dangujè, taĩp ir̃ žẽmėje.
Kasdiẽnės mū́sų dúonos dúok mùms šiañdien
Ir̃ atléisk mùms mū́sų kaltès,
Kaĩp ir̃ mẽs atléidžiame sàvo kaltiniñkams.
Ir̃ neléisk mū́sų gùndyti,
Bèt gélbėk mùs nuõ pìkto.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c Ethnologue [lit].
  2. a et b Michel Malesherbe, Les langages de l'humanité, p. 1143, éditions Robert Laffont
  3. Par exemple R.D.Gray et Q.D.Atkinson, Nature, vol. 426, pp. 435-438, 2003, doi:10.1038/nature02029.
  4. Giedrius Subačius, La langue lituanienne, tradition et modernité, Institut lituanien, 2003 (ISBN 9955-548-18-5).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (de) Jolanta Gelumbeckaitė, Entwicklung des litauischen Alphabets. Von der Grammatica Litvanica (1653) von Daniel Klein bis zur Staatlichen Kommission für litauische Sprache, (lire en ligne)

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]