Mohamed Ben Si Ahmed Bencherif
Mohamed Ben Si Ahmed Bencherif, né le à Djelfa et mort le à Djelfa, est un officier de l'armée française, romancier et médecin bénévole algérien d'expression française[1].
Biographie
[modifier | modifier le code]Né le à Djelfa, chez les Ouled si M’hamed, de la confédération des Ouled Naïl, il est le fils du bachagha Si Ahmed Bencherif, Grand officier de la Légion d'Honneur[2]. Son grand-père, Si Cherif ben el Ahrech (orthographié aussi ben Lahreche), fut un lieutenant de l'émir Abdelkader. Après avoir fait sa soumission au général Bugeaud, il servit ensuite aux côtés des Français et fut tué le 12 octobre 1864 dans un combat contre les insurgés à la tête des goums du général Yussuf[3],[4]. Son grand-oncle Si Belkacem ben el Ahrech (1830-1892), le frère de Si Cherif, était également militaire dans l'armée française puis bachagha. Il reçut une lettre de félicitations de Mac Mahon pour les services rendus pendant la famine de 1867 et fait commandeur de la Légion d'honneur en 1890[4],[5].
Mohamed ben si Ahmed Benchérif suivit les cours du lycée d'Alger. Condisciple en 1897 de l'émir Khaled à l'école militaire de Saint-Cyr (France), il en sort sous-lieutenant en 1899.
Affecté comme officier d'ordonnance du gouverneur général Charles Jonnart, il est lieutenant de spahis en 1905 et caïd des Ouled Si Amed le . En 1908, il combat avec son goum au Maroc.
Il accomplit le pèlerinage à La Mecque en 1913.
De retour en Algérie en 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il part pour le front français au sein du Régiment de spahis auxiliaires algériens (RSAA) du colonel du Jonchay. Fait prisonnier à Lille en , il tombe gravement malade en captivité et refuse d'avoir des privilèges par rapport à ses compagnons de captivité à Krefeld. Interné en Suisse après seize mois de captivité, il est rapatrié en et est promu capitaine cette année-là. Il reprend sa place à la tête des Ouled Si Ahmed.
Le typhus se déclarant à Djelfa, il se dévoue inlassablement auprès de ses compatriotes. Lui-même est atteint par la maladie et meurt le à Djelfa.
Hommages
[modifier | modifier le code]La revue L'Afrique du Nord illustrée lui rend hommage dans son numéro d'avril 1921 [6] :
« Avec le capitaine Benchérif disparaît prématurément une des personnalités les plus marquantes de notre monde indigène et un des champions les plus qualifiés de notre civilisation. La France et l'Algérie font en lui une perte irréparable. »
— « La mort du capitaine Bencherif » dans L'Afrique du Nord illustrée, 30 avril 1921
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Ahmed ben Mostapha, goumier, Paris, Payot, 1920, 245 p. Roman autobiographique. Les historiens de la culture algérienne s’accordent à considérer la parution de ce roman comme la date de naissance de la littérature algérienne de langue française [7].
- Aux villes saintes de l'Islam, Paris, Hachette, 1919, 252 p
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Capitaine Mohamed Bencherif, Les Villes saintes de l'islam, Saint-Denis, Paris Hachette, , 245 p. (ISBN 978-2-332-70285-2), Cette fiction de Mohamed Bencherif est tissée en grande partie sur un substrat autobiographique. Elle rapporte essentiellement les faits de guerre vécus par l’auteur : la campagne du Maroc et la Première Guerre mondiale. Ce texte donne également un aperçu du mode de vie de son peuple d’origine, avec toute la saveur de cette bédouinité aux traditions complètement différentes du modèle européen. L’écriture aborde enfin les rapports politiques liés à la colonisation. Dans ces questionnements, on sent une recherche de concorde entre les communautés et une aspiration à réaliser un projet de société sur un réel socle républicain équitable et égalitaire, et ce, au-delà des conflits, des doctrines ou des appartenances.
- Dossier de la Légion d'Honneur de Si Ahmed Bencherif, cote 19800035/3/297, base de données Léonore, lire en ligne
- Jacques Bouveresse, Un parlement colonial ?: Les Délégations financières algériennes, Universités de Rouen et du Havre, 2008, p.682
- « Le bachagha de Djelfa » dans L'Armée d'Afrique :, avril 1929, lire en ligne
- Dossier de la Légion d'Honneur de Si Belkacem ben el Ahrech, cote LH//2513/17, base de données Léonore, lire en ligne
- « La mort du capitaine Bencherif » dans L'Afrique du Nord illustrée, 30 avril 1921, lire en ligne
- « Les historiens de la culture algérienne s’accordent à considérer la parution, en 1920 aux éditions Payot, du roman autobiographique du caïd et capitaine Benchérif, intitulé : Ahmed Ben Mustapha, goumier, comme la date de naissance de cette littérature. », Sous la direction de Alain Quella-Villéger, Les Carnets de l'exotisme, juillet 1994, lire en ligne
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- « La mort du capitaine Bencherif » dans L'Afrique du Nord illustrée, 30 avril 1921, lire en ligne
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]