Musée des Tissus
Ouverture | |
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Gestionnaire |
GIP Musées des Tissus et des Arts décoratifs (d) |
Visiteurs par an | |
Site web |
Collections |
Textiles Objets d'art Peintures Arts graphiques Orient Occident |
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Nombre d'objets |
+ de 2,5 millions de pièces |
Pays |
France |
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Commune | |
Adresse |
34 rue de la Charité 69002 Lyon |
Coordonnées |
Le musée des Tissus est situé dans le 2e arrondissement de Lyon, au no 34 rue de la Charité, avec le musée des Arts décoratifs.
Il possède notamment l'une des plus importantes collections mondiales de tissus et de textiles, la plus riche de ce type en France.
Les deux musées distincts, mais complémentaires, se visitent avec le même billet.
Le musée est actuellement fermé au public en vue de sa rénovation sous la direction de l'architecte Rudy Ricciotti.
Description
[modifier | modifier le code]Le musée des tissus est composé de deux musées distincts labellisés Musées de France. Ils sont hébergés dans deux hôtels particuliers contigus dans le centre de Lyon : l'hôtel de Villeroy pour les tissus et l'hôtel de Lacroix-Laval pour les arts décoratifs. La collection de textiles est l'une des plus belles au monde[2].
Le musée des Tissus
[modifier | modifier le code]La création
[modifier | modifier le code]L'idée de regrouper à Lyon les plus intéressants témoignages de l'art textile remonte aux années 1850-1860. Au même moment, le succès des expositions universelles de Londres suscite la création du Victoria and Albert Museum. Issu du mouvement européen d'art et d'industrie du XIXe siècle, ce musée ne précède que de peu celui de Lyon.
En effet, dès 1856, la Chambre de commerce décide de fonder un musée d'Art et d'Industrie qui a pour objectif de donner une impulsion nouvelle à la Fabrique lyonnaise en renouvelant l'enseignement artistique, technique, ainsi que les sources d'inspiration. Le musée est ouvert au public en 1864.
En 1890, la Chambre de commerce de Lyon prend le parti de spécialiser cet établissement en musée historique des tissus, installé depuis 1946 dans le somptueux hôtel de Villeroy, résidence du Gouverneur du Lyonnais au XVIIIe siècle.
Les collections
[modifier | modifier le code]Aujourd'hui, le musée des Tissus possède l'une des plus riches collections textiles du monde, retraçant quelque 4 000 ans d'histoire de l'étoffe et de la soierie. Il rassemble plus de 2,5 millions de textiles allant du XXVe siècle av. J.-C. jusqu’à 2006, de l’Égypte pharaonique à nos jours. Les collections du musée, qui se sont considérablement enrichies par donations, legs et acquisitions, se divisent en deux pôles principaux : l'Orient et l'Occident.
Les tapisseries coptes, les tissus de la Perse sassanide, les tissus byzantins, musulmans, chinois et japonais, ainsi qu'une collection de tapis de premier plan, soulignent l'évolution des civilisations orientale et extrême-orientale.
Des pièces hispano-mauresques, italiennes et françaises reflètent la production occidentale.
Lyon occupe bien sûr une place prépondérante avec les dessinateurs-ornemanistes tels que Jean Pillement, Philippe de la Salle ou Dugourc. Le XIXe siècle est illustré par les commandes impériales et royales qui permettent une reprise de l'activité textile lyonnaise. Le musée possède, enfin, d'éloquents exemples des créations de Raoul Dufy ou Sonia Delaunay. Ornements d'église et broderies religieuses (paramentique), costumes civils français, dentelles et passementeries viennent compléter ces collections.
Outre cette mission classique de conservation, le musée des Tissus, depuis de nombreuses années, remplit la fonction de véritable pôle de recherche dans le domaine du textile grâce à son centre de documentation–bibliothèque (30 000 ouvrages), et à l’enseignement prodigué par le Centre international d'étude des textiles anciens (CIETA).
Il apparaît, enfin, comme la plate-forme du rayonnement et de la création textile contemporaine avec l’Association pour l’université de la mode/Modalyon.
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Tenture de la Destruction de Jérusalem : Néron envoie Vespasien et Titus en Judée. Tapisserie de laine et soie. Tournai, entre 1465 et 1475.
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Détail.
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Robe. Lyon, première moitié du XVIIIe siècle (?). Soie, filé et frisé métalliques argent...
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Détail.
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Robe de cour à la française. Soie. Parements à pompons de cour à sourcils de hanneton. Lyon (pour les étoffes), vers 1750.
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Détail.
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Robe à l'anglaise. Taffetas rayé. Application de rubans en taffetas. Soie. France, vers 1780.
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Veste. Satin ; soie, filé métallique riant[3]. Iran, XIXe siècle.
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Paire de bottines, soie. France, vers 1880.
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Bojagi. Gaze façonnée, taffetas, technique du patchwork coréen / soie. Doublure: taffetas / soie. Corée, 1997.
La collection des Arts décoratifs
[modifier | modifier le code]La création
[modifier | modifier le code]Issu du musée d'Art et d'Industrie créé par la chambre de commerce de Lyon, le musée des Arts décoratifs a été installé en 1925 dans l'hôtel de Jean de Lacroix. Cet hôtel particulier a été construit pour l'ancien conseiller à la Cour des monnaies par Jacques-Germain Soufflot en 1739. Il a été acquis en 1919 grâce à la générosité de quelques philanthropes lyonnais, membres de la Société pour le développement des musées de Lyon, amis de l'art : Émile Baboin, Charles Cabaud, Raoul Baguenault de Puchesse, François Ferrier, Alexandre Franc, Georges Sabran, Ennemond Morel, Henri Bertrand et les familles Gillet et Roche de la Rigodière
Description
[modifier | modifier le code]Revêtues de boiseries provenant en partie d'anciens hôtels particuliers lyonnais du XVIIIe siècle, ou ornées de tapisseries tissées du XVIe au XVIIIe siècle, les différentes salles du musée servent d'écrin à un remarquable ensemble d'ébénisterie ou de menuiserie d'origine parisienne (Jean-François Oeben, Pierre Roussel, Charles Topino, Jean-Henri Riesener), lyonnaise (Canot, Nogaret) ou grenobloise (Famille Hache). Le musée abrite également une collection rare et originale d'objets en marqueterie de paille du XVIIe au XIXe siècle.
Les collections
[modifier | modifier le code]Parmi les plus importants dons faits au musée, il convient de citer en tout premier lieu celui de la famille Gillet, ayant légué notamment une exceptionnelle collection de majoliques italiennes datant de la Renaissance, celui de la famille Gonin et celui de la famille Baboin-Jaubert constitué en partie de fauteuils réalisés par l'ébéniste Nogaret qui constituent une référence en matière de sièges Louis XV.
La collection de pendules comprend une quarantaine de pièces de première qualité dues à de grands ébénistes, émailleurs, bronziers et horlogers. Parmi elles se distingue la rare « pendule-cage » avec fontaine et oiseaux chanteurs en bronze ciselé et doré (France, vers 1780).
Le musée abrite également de nombreux bronzes d'ameublement et d'ornement ciselés et dorés des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi qu'un exceptionnel clavecin à deux claviers dû au facteur lyonnais Donzelague de 1716.
L'orfèvrerie ancienne, composée en grande partie de pièces du XVIIIe siècle aux poinçons de Paris ou de centres provinciaux, fait l'objet d'une présentation particulière. L'orfèvrerie contemporaine réunit plus de 70 pièces éditées par Danèse, Algorithme, Christofle, Alessi, Cleto Munari, Maeght ou créées par des orfèvres eux-mêmes.
La section céramique comprend d'intéressantes porcelaines tendres et dures de Vincennes, Sèvres et Saint-Cloud, Paris, Tournai, ainsi qu'une des plus importantes collections de majoliques italiennes conservées en France, formant un ensemble de plus de deux cents pièces. La faïence française n'est pas pour autant absente avec de belles séries de Moustiers, Nevers, Lyon et Pont-aux-Choux.
Enfin, le musée possède une collection de dix mille dessins comprenant des feuilles d'artistes tels que Giorgio Vasari, Primatice, Le Guerchin, Pieter Jansz Saenredam, Charles Le Brun, Giandomenico Tiepolo, Jean Honoré Fragonard, Hubert Robert, Anne-Louis Girodet ou Jean Auguste Dominique Ingres.
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Bassin, ateliers du Fars. Alliage cuivreux ciselé, gravé, incrusté d'or et d'argent. Iran, XIVe siècle.
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Casque à camail et nasal mobile. Décor ciselé, acier damasquiné d'or, mailles en fer tréfilées. Iran, fin du XVIIIe siècle.
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Salon aux boiseries peintes représentant la ville de Lyon.
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Salon à la grande tapisserie et au clavecin.
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Plat d'apparat du début du XVIe siècle.
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Coupe ancienne, Casteldurante (1545-1450).
Les services des musées
[modifier | modifier le code]Le service culturel
[modifier | modifier le code]Un service au programme associant les professionnels, les métiers d’art, la musique, la danse, le théâtre.
L'atelier de restauration des textiles anciens
[modifier | modifier le code]Créé en 1985, l'atelier de restauration des textiles anciens, le premier en France, a pour mission de restaurer et de conserver les collections propres du musée des Tissus ainsi que les collections extérieures. Dans cette perspective, l'atelier est équipé des technologies les plus avancées dans le respect des critères rigoureux de la restauration et de la conservation des tissus anciens. Cet atelier mène parallèlement une action d'enseignement auprès des professeurs et des étudiants, à travers des stages pratiques.
Le centre de documentation des musées (bibliothèque et service photographique)
[modifier | modifier le code]Le centre de documentation des musées des Tissus et des Arts décoratifs met à la disposition du public varié - chercheurs, étudiants, amateurs et professionnels - a été créé en 1864, en complément aux collections des musées[4]. Son fonds est constitué d'environ 30 000 ouvrages, manuscrits, recueils de gravures et d'un millier de périodiques, permet d'aborder trois thèmes majeurs : le textile, la mode et les arts décoratifs[4]. En 1992, le musée des Tissus a mis en service une banque d'images, dispositif inédit permettant d'accéder aux archives du musée. Cet outil informatique numérique permet une connaissance parfaite du patrimoine textile et de son lieu de stockage, ainsi qu'une visualisation en instantané des pièces. Il contribue ainsi à aider les professionnels du textile et de la décoration dans leur processus de création et à répondre à la démarche des historiens et des chercheurs.
La boutique
[modifier | modifier le code]En 1988, la création d'un espace d'accueil du public, d'une boutique de vente et d'une salle polyvalente a permis une ouverture plus large des musées au monde extérieur. La boutique propose aux visiteurs une large gamme de soieries et imprimés divers, reproductions de documents anciens réalisées, pour la plupart, à partir des collections des musées. Outre les catalogues publiés par les musées, à l'occasion de leurs expositions, divers ouvrages sur le textile et les arts décoratifs sont proposés aux visiteurs.
Fréquentation
[modifier | modifier le code]Année | Entrées gratuites | Entrées payantes | Total |
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2001 | 13 600 | 69 296 | 82 896 |
2002 | 24 332 | 69 511 | 93 843 |
2003 | 18 877 | 63 663 | 82 540 |
2004 | 20 138 | 59 395 | 79 533 |
2005 | 14 859 | 56 439 | 71 298 |
2006 | 13 544 | 71 678 | 85 222 |
2007 | 13 928 | 63 774 | 77 702 |
2008 | 21 558 | 64 674 | 86 232 |
2009 | 41 380 | 90 420 | 131 800 |
2010 | 29 766 | 51 937 | 81 703 |
2011 | 21 886 | 47 410 | 69 296 |
2012 | 21 973 | 36 365 | 58 338 |
2013 | 22 283 | 34 707 | 56 990 |
2014 | 23 251 | 45 135 | 68 386 |
2015 | 18 385 | 30 291 | 48 676 |
2016 | 19 411 | 40 980 | 60 391 |
2017 | 3 947 | 49 874 | 53 821 |
Un avenir incertain
[modifier | modifier le code]Depuis au moins 2014[6], confrontés à difficultés budgétaires et délaissés par la ville et la métropole de Lyon, le musée des Tissus et le musée des Arts décoratifs risquent d'être démantelés et leurs locaux vendus si la chambre de commerce et d’industrie de Lyon, la région Auvergne-Rhône-Alpes ou l'État ne trouvent pas les ressources nécessaires au maintien de leur fonctionnement[7].
Au printemps 2016, la CCI de Lyon, propriétaire des lieux occupés par le musée demande des aides financières aux institutions publiques ; le musée représentant 2,7 millions d'euros de charges par an, avec notamment une équipe de vingt salariés, pour un million d'euros de recettes, billetterie et mécénat confondus[8]. En , le ministère de la Culture s'engage à confier la gestion du musée à une association pour le [8].
Le mardi , Laurent Wauquiez annonce que la région est prête à apporter la moitié du budget d'investissement, soit 10 millions d'euros, puis un million par an pour le fonctionnement. Le , Maximilien Durand, directeur du musée depuis 2011, est licencié. La CCI de Lyon, propriétaire des lieux, prend alors l'intérim. Le cabinet d'expertise In Extenso propose deux solutions : une modernisation du musée actuel ou une séparation en deux entités, rattachant la partie textile au musée des Confluences et la partie arts décoratifs au musée des beaux-arts[2].
Bernard Pivot et Stéphane Bern s'opposent à la fermeture du musée[9]. Une pétition est lancée et recueille 134 783 signatures[10]. Le collectif Canutopie est créé. Le sauvetage du musée est annoncé en [9], il se conclut par la cession des deux hôtels particuliers à la région pour un euro symbolique. Mais près de la moitié du financement manque. Sur les 30 millions d'euros nécessaires à la modernisation du musée, il manque 14 millions : la région donne 10 millions, l'État 5 millions et l'Union inter-entreprises textile Lyon et région 1 million. La région espère trouver le reste auprès de fonds privés et grâce au financement participatif[11],[12].
À la suite de la création d'un comité scientifique et l'embauche d'une conservatrice, Esclarmonde Monteil, à la mi-janvier 2020, le conseil régional désigne Rudi Ricciotti comme architecte de la rénovation du musée. Le coût est estimé à 60 millions d'euros, dont 5 viendraient de l’État, Laurent Wauquiez sollicite la Métropole et la Ville, qui ont d'autres priorités[13].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- [PDF] Museostat 2009 - Fréquentation des musées de France, p. 68
- Florence Evin, « A Lyon, le Musée des tissus se déchire », sur LeMonde.fr, .
- fil riant: fil guipé de métal dont les spires ne sont pas jointives.
- Anne-Marie Reder, Patrimoine des bibliothèques de France : un guide des régions, Payot, (ISBN 2-228-88964-4, 978-2-228-88964-3 et 2-228-88965-2, OCLC 34094764, lire en ligne)
- « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le )
- Didier Rykner, « Les musées des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon, des collections exceptionnelles en danger », La Tribune de l'art, 5 décembre 2015.
- Didier Rykner, « Lyon fait échouer les négociations sur le Musée des Tissus et des Arts décoratifs », La Tribune de l'art, 6 octobre 2017.
- « Les fils emmêlés du Musée des Tissus », article de Nadja Pobel, dans le Petit Bulletin numéro 851, du 28 septembre 2016, lire en ligne.
- « Le musée des Tissus à Lyon sauvé in extremis de la fermeture », sur Le Figaro,
- « Non à la fermeture du musée des tissus de Lyon », sur change.org (consulté le )
- « Lyon: Les dons affluent pour que le musée des tissus se tisse un avenir ambitieux », sur 20 minutes,
- Maïté Darnault, « L'intox de Laurent Wauquiez sur le sauvetage du musée des tissus de Lyon », .
- Pierre Sorgue, « Déchirements politiques autour du Musée des tissus de Lyon », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Arizzoli-Clémentel, « Philippe de Lasalle (1723-1804), Les portraits tissés de Louis XV et de la comtesse de Provence au musée des tissus de Lyon », La Revue du Louvre et des musées de France, no 3, , p. 47-55 (ISSN 0035-2608).
- Donald Lindsay Galbreath et Jean Tricou (suppléments par), Les documents héraldiques du musée des tissus de Lyon, Bâle, E. Birkhæuser & Cie, , 48 p..
- Marie Bouzard, La soierie lyonnaise du XVIIe au XXe siècle dans les collections du musée des tissus de Lyon, Lyon, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, , 2e éd. (1re éd. 1997), 80 p. (ISBN 2-84147-093-8).