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Paul Lancrenon

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 Paul Lancrenon
Paul Lancrenon
Photographie de Paul de Lancrenon, publiée dans Pierre de Coubertin, Les Batailles de l'éducation physique, Paris, 1909, p. 198[1].

Nom de naissance Marie Paul Mathieu Lancrenon
Naissance
Besançon
Décès (à 64 ans)
5e arrondissement de Paris
Origine Française
Allégeance Drapeau de la France France
Arme Infanterie
Grade Général de division
Années de service 18761918
Commandement 2e régiment d'artillerie
Conflits Première Guerre mondiale
Distinctions Officier de la Légion d'honneur
Ordre de l'Aigle Blanc de Serbie

Paul Lancrenon, né à Besançon le et mort à Paris le , est un militaire français, général de division, voyageur et photographe amateur.

Études et carrière militaire

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Paul Lancrenon est né dans une famille de notables francs comtois[2] ; son père Antoine-Auguste est notaire à Besançon[3],[N 1].

Il fait ses études à l’École polytechnique à Paris, d’où il sort en 1876. Il rejoint ensuite les rangs de l’École d'application de l'artillerie et du génie de Fontainebleau.

En 1881, il est intégré dans le corps expéditionnaire qui participe à la marche sur Tunis qui conduit à l’instauration du protectorat français.

En 1890, il devient officier d'état-major.

Le , il épouse à Paris Anne Marie Adèle Guibert[3],[N 2]

En 1914, alors colonel, il débute la guerre comme chef d'état-major de l'Armée des Alpes (14e corps d'armée), puis il prend le commandement du 2e régiment d'artillerie. En , il est nommé général de brigade à la 55e brigade d'infanterie et participe à la bataille de la Somme. Nommé à la tête de la 17e division d'infanterie en août 1915, il participe, pendant deux ans et demi, aux combats d'Artois, de la cote 304 à Verdun, de la Somme et du Chemin des Dames. Il est élevé au grade de général de division en . Relevé en janvier 1918, atteint par la limite d'âge, il termine sa carrière militaire en tant qu'inspecteur adjoint des effectifs du territoire en Afrique du Nord. Il en est relevé pour raisons de santé[5],[6].

Un voyageur et photographe amateur prolifique

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En parallèle de sa carrière militaire, il mène de nombreuses expéditions et voyages, dont il rapporte de nombreux clichés.

Il conçoit et fait construire successivement cinq périssoires, dont les quatre dernières, fabriquées par Alphonse Tellier à Paris[7], sont démontables pour permettre leur acheminement par le train.

Avec la première, Vagabonde, il fait des essais sur le Maine alors qu'il est lieutenant au 2e régiment de pontonniers d'Angers en 1882.

Avec Vagabonde II, il descend la Saône et le Rhône en 1883, puis l'Yonne et la Seine en 1884.

Avec Vagabonde III, il descend la Loire et ses affluents[8], puis à nouveau le Rhône et la Garonne. En , il descend le Danube et publie en 1890 le récit de ce périple sous le titre D'Ulm à Belgrade, 1 500 kilomètres en périssoire[7], qui lui vaut d’être proposé à l’Ordre des Palmes académiques[5].

En 1891, il parcourt l’Europe au cours d’un congé de six mois ; parti de Belfort à bicyclette, son périple le mène jusqu’en Russie, à Saint-Pétersbourg. À bord de Vagabonde IV, il descend ensuite la Volga, de sa source à la mer Caspienne soit 3 500 km en 49 jours. Puis, il entreprend de revenir en France à cheval par le Caucase et les Carpates, en passant par l' Azerbaïdjan, la Géorgie[N 3], la Moldavie, la Roumanie et l'Autriche, où il est arrêté pour espionnage.

Lors de ce voyage, des photographies documentent son arrivée à Bakou sur le Zang, avec des vues de la ville et du bateau ; il passe deux jours dans la ville et y fréquente le milieu d'affaires ; des photographies montrent le magnat du pétrole Zeynalabdin Taghiyev (ou Tağiyev) ; un autre cliché légendé "Monsieur Saintmarc dans le désert" représente un des cadres supérieurs employés par Taghiyev ; une autre photographie montre une raffinerie de pétrole[10].

Lancrenon publie en 1898 le récit de son expédition sous le titre Trois mille lieues à la pagaie, de la Seine à la Volga ; l'ouvrage est récompensé en 1899 du Prix Montyon de l'Académie française[11].

En 1896, après deux échecs, il termine la descente du Rhin.

En 1906 et en 1908, il effectue deux voyages en Tunisie et en Algérie, en tant qu'officier d'ordonnance du général Pendezec, et en rapporte des photographies[12],[13].

Il est aussi l’auteur de plusieurs voyages en montagne. Il parcourt ainsi les Alpes pour effectuer des reconnaissances de cols. En hiver, parti de Nice, il traverse les Alpes du sud au nord et tente l'ascension du Mont-Blanc. Il est bloqué par la tempête à l'observatoire Vallot. De ces expéditions, il publie en 1906 Impressions d'hiver dans les Alpes. De la mer bleue au Mont-Blanc. Il a aussi parcouru les Pyrénées en 1907, où il photographie notamment le des migrants espagnols se rendant en France[14],[15].

Fin de vie et postérité

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Paul Lancrenon meurt à l'âge de 64 ans le [16] à l’hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Il est déclaré « mort pour la France » en 1925[5].

En 1987, l’État acquiert son fonds photographique constitué de plus de quatre mille clichés (2 600 plaques de verre et 1 500 négatifs souples) ; ce fonds est conservé par la Médiathèque du patrimoine et de la photographie au fort de Saint-Cyr[5].

En 1987, le Port-musée de Douarnenez acquiert la périssoire Vagabonde III, la restaure et l'expose depuis 2005[17].

Publications

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  • D'Ulm à Belgrade, 1500 kilomètres en périssoire, Belfort, .
  • Trois mille lieues à la pagaie, de la Seine à la Volga, Paris, E. Plon-Nourrit et Cie, , II-405 p. (lire en ligne) Lire sur Wikisource.
  • Impressions d'hiver dans les Alpes : De la mer bleue au Mont-Blanc, Paris, E. Plon-Nourrit et Cie, , 242 p.

Décorations

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Notes et références

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  1. Son grand-oncle, le peintre Joseph-Ferdinand Lancrenon (1794-1874), dirige le Musée de Besançon de 1834 à sa mort et l'École de peinture et de sculpture de 1840 à 1872.
  2. Un de leurs fils, Robert Lancrenon (1909-1980), suivra également la carrière militaire[4].
  3. Il y croise le joaillier et collectionneur d'art français Henri Vever, qui lui emprunte son appareil photo pour prendre une photographie d’un Géorgien croisé sur leur chemin, et qui commente ainsi le périple de Lancrenon : « un Français venu de Paris à Pétersbourg en vélocipède, puis descendu la Volga en périssoire, et qui maintenant traverse le Caucase à pied [...] Rentrer en France depuis Vladikavkas à cheval tout cela seul, sans guide, avec son bagage sous le bras et un appareil à photo – et on dira que les Français ne sont pas entreprenants »[9].
  4. Pierre de Coubertin a créé cet honneur lors du Congrès olympique de Bruxelles en 1905 pour ceux qui avaient rendu des services exceptionnels au sport ou à la promotion des idéaux olympiques[19].

Références

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  1. a et b Pierre de Coubertin, Les Batailles de l'éducation physique. Une campagne de vingt-et-un ans (1887-1908), Paris, Librairie de l'"Éducation physique", , III-220 p. (lire en ligne), p. 199.
  2. « Aux orgines de la famille Lancrenon », sur lancrenon.fr.
  3. a et b « Acte de naissance de Paul Lancrenon », sur Mémoire vive, patrimoine numérisé de la Ville de Besançon.
  4. « Le général Lancrenon nommé chef de la mission française auprès du commandement des forces alliées en Europe », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  5. a b c et d « Paul Lancrenon (1857-1922) », sur Médiathèque du patrimoine et de la photographie.
  6. Didier Marin 2021.
  7. a et b « Paul Lancrenon et le Danube », sur www.danube-culture.org.
  8. Serge Aillery et Philippe Auclerc 2021.
  9. N. Christine Brookes et Willa Z. Silverman, « Une source inédite pour l’étude des rapports franco-russes à la Belle Époque. Le carnet de voyage en Russie d’Henri Vever », dans Annie Charon (dir.), La France et les Français en Russie : nouvelles sources, nouvelles approches : 1815-1917, Paris, École nationale des chartes, (ISBN 978-2-35723-019-4, lire en ligne Accès libre), p. 245-260.
  10. (en) Dominik, Gutmeyr-Schnur, « The Oil Boom and the Beginnings of Photography in Imperial Baku. Co-Constructing Knowledge in an Industrialising City », dans Biljana Ristovska-Josifovska (dir.), Migration, Knowledge Exchange and Academic Cultures: Europe and the Black Sea Region before WWI, Skopje, Institute of National History, (lire en ligne Accès libre [PDF]), p. 271-296.
  11. « De la Seine à la Volga », sur Académie française.
  12. « Paul Lancrenon, photographies d'Algérie », sur Médiathèque du patrimoine et de la photographie.
  13. « Fort-National [Larbaâ Nath Iraten] vu par Paul Lancrenon - 1906 », sur larbaanathirathen.blogspot.com, .
  14. Alexandre Sumpf, « L’immigration des travailleurs en France », sur L’Histoire par l’image, .
  15. « Au port de Venasque : Espagnols allant travailler en France », sur Plateforme ouverte du patrimoine (POP).
  16. « Général de division Lancrenon », sur museedesetoiles.fr.
  17. Pascal Aumasson et Patrice de Ravel 2006.
  18. « Discours prononcé à la Sorbonne par Pierre de Coubertin pour la remise des diplômes olympiques à S.A.R. le duc des Abruzzes et à M. le commandant Lancrenon », Revue olympique,‎ , p. 122-123.
  19. Patrick Clastres, « Performance sportive et prouesse olympique selon Pierre de Coubertin », Les Cahiers de l'INSEP, no 46 « Histoire(s) de la performance du sportif de haut niveau »,‎ , p. 193-202 (lire en ligne).
  20. « Lancrenon Marie Paul Mathieu », base Léonore, ministère français de la Culture.
  21. « Général de division Lancrenon - Décorations », sur museedesetoiles.fr.

Bibliographie

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  • Serge Aillery et Philippe Auclerc, « Un sacré coureur de fleuve et de rivières : Paul Lancrenon 1857-1922 », La Loire et ses terroirs, no 107,‎ , p. 102-125.
  • Pascal Aumasson et Patrice de Ravel, Vagabonde III : périssoire, Douarnenez, Port-Musée de Douarnenez, , 14 p.
  • Didier Marin, Le général Lancrenon. Itinéraires d'un officier de la IIIe République, Toulouse, Messages SAS, , 260 p. (ISBN 979-1-03437-927-9).

Liens externes

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