Pauline Ramart
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance |
Marie Pauline Lucas |
Nationalité | |
Formation |
Faculté des sciences de Paris (doctorat) (jusqu'en ) |
Activités | |
Enfant |
A travaillé pour | |
---|---|
Membre de | |
Distinctions |
Pauline Ramart-Lucas, née le dans le 14e arrondissement de Paris et morte le dans le 15e arrondissement[1] de la même ville, est une chimiste, universitaire et femme politique française.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance
[modifier | modifier le code]Pauline Ramart est la fille d'une domestique, Marie Perrine Ceniguar et d'un forgeron, René Lucas[2],[3]. Elle travaille grâce au cours du soir[2] pour réussir son brevet élémentaire et son brevet supérieur[4]. À 18 ans, elle est fleuriste et accouche d'un fils[5], René Lucas, qui deviendra physicien. Maurice Ramart, avocat, est le père et le couple se marie le 3 octobre 1911[3]. Elle étudie par correspondance pour passer son baccalauréat[3].
Elle étudie à la faculté des sciences de Paris dans le laboratoire d'Albin Haller[3] tout en travaillant pour financer ses études[4]. Elle rejoint la Société chimique de France en 1911[2].
Début de carrière
[modifier | modifier le code]Pauline Ramart rejoint l'Institut Pasteur de 1914 à 1918[4] comme préparatrice[3], où elle travaille pour Antoine Béclère puis Ernest Fourneau[2]. En 1919, elle passe avec succès une licence de biologie suivie, en 1924, d'un doctorat en chimie organique dont le sujet est la synthèse des alcools[3]. Le , elle est suppléante d'Edmond Blaise, professeur sans chaire, rôle qu'elle conserve quand celui-ci obtient une chaire[2].
En 1925, elle est nommée, avec le soutien de Jean Perrin, maître de conférences et en 1935 professeure de chimie organique de la faculté des sciences de Paris jusqu'en 1941[3].
Elle est la seconde femme après Marie Curie à être nommée professeur de chimie organique à la Sorbonne[3]. Ses travaux se portent sur le lien entre le spectre des ultraviolets et les réactions chimiques pour informer la radiologie[3].
Seconde Guerre mondiale et engagement politique
[modifier | modifier le code]Membre de Ligue des droits de l’homme où elle défend l’égalité entre les femmes et les hommes, elle signe l'appel du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) en 1934[3]. Son interview par Luce Langevin dans Les Femmes dans l'action mondiale développe davantage son point de vue pacifiste[6]. Lors de la Conférence internationale des femmes, elle appartient au Comité d’honneur les 14 et 15 mai 1938[3].
Durant l'occupation nazie, elle est traitée de « juive roumaine » par le journal La France au travail[3]. Le régime de Vichy étant contre le travail des femmes, elle est révoquée de son poste à la faculté des sciences en 1941[2]. Il est possible que ses opinions politiques de gauche aient aussi jouées un rôle[7].
Soupçonnés d’activité de résistance, Charles et Aline Lapicque décident de loger Fanny Weisbuch et son fils chez leur amie Pauline Ramart[8]. Elle-même fabrique des explosifs dans son laboratoire[9] qui servent lors de la libération de Paris[7].
Elle est désignée en novembre 1944 par l'Union des femmes françaises pour siéger à l'Assemblée consultative provisoire en compagnie de Mathilde Péri[4]. Elle y reste jusqu'au 3 août 1945, travaillant pour la commission de l'Éducation nationale[9] et s'implique fortement en faveur du droit de vote accordé aux femmes[3]. Elle intervient sur la pénicilline et l'alliance franco-soviétique[9].
Par la suite, elle est sympathisante du Parti communiste[3].
Retour à l'université
[modifier | modifier le code]Peu de temps après sa révocation, Pauline Ramart est nommée directrice de recherches au CNRS en 1941 et mène une équipe de recherche en radiologie pour l’Institut Pasteur[3]. Elle retrouve la chaire de chimie organique à la faculté des sciences de Paris le 1er octobre 1944 et l'occupe jusqu'à sa mort en 1953[2].
De son vivant, elle ne put pas entrer pas à l’Académie des sciences, aucune femme n’y étant alors admise[3].
Hommages
[modifier | modifier le code]Une rue de Montpellier porte son nom[10].
Prix et distinctions
[modifier | modifier le code]- Médaille Berthelot (1912, 1921)[2]
- prix Ellen Richards (1928)[2],[4]
- prix Jecker (1933 et 1941)[2]
- prix Jungfleisch[2]
- prix Nicolas Leblanc (1920)[2]
- Chevalier (1923) puis officier (1938) puis commandeur de la Légion d'honneur (1953)[2]
Œuvres et publications
[modifier | modifier le code]- Contribution à l'étude de l'action des organomagnésiens sur les trialcoylacétophénomes, thèse de doctorat, .
- Notice sur la vie et les travaux de Albin Haller, Paris, Dupont, 1926.
- L'effort créateur des chimistes, Paris, Editions de la Revue politique et littéraire (Revue bleue) et de la Revue scientifique, 1929.
- Rapports et discussions relatifs à la constitution et à la configuration des molécules organiques, Paris, Gauthier-Villars, 1931.
- Relations entre la structure des molécules organiques et leur spectre d'absorption dans l'ultraviolet, Paris, Société chimique de France, 1932.
- Titres et travaux scientifiques de Pauline Ramart-Lucas (1924-1934), Paris, Impressions de la Cour d'Appel, 1934.
- Structure des hétérosides d'après leur absorption dans l'ultraviolet, avec M. J. Rabaté, 1935.
- Victor Grignard, Traité de chimie organique : Structures des molécules et spectres d'absorption, t. 2, .
- Traité de chimie organique Tome II, publié sous la direction de Victor Grignard, avec A. Andant et M. Auméras, Paris, Masson, 1936.
- Aperçu de chimie organique, Paris, Hermann, 1937.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Archives de Paris 14e, « Acte de naissance no 4099, année 1880 (avec mention marginale de décès) » (consulté le )
- Christophe Charle et Eva Telkes, Les professeurs de la Faculté des sciences de Paris : dictionnaire biographique 1901-1939, Paris, Institut national de recherche pédagogique, coll. « Histoire biographique de l'enseignement » (no 25), (ISBN 978-2-7342-0230-1, présentation en ligne), chap. 103 (« Ramart-Lucas (Pauline) »), p. 245.
- Jacques Girault et Michel Pinault, « RAMART-LUCAS Pauline, Rose », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
- Femmes françaises (Union des femmes françaises), « Deux femmes viennent d’être désignées pour siéger à l’assemblée consultative » , sur Gallica, France d'abord, (consulté le )
- Jacques Girault, Michel Pinault, « LUCAS René », dans LUCAS Auguste, René, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
- Luce Langevin (Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme), « le droit au travail : Ce que nous dit Pauline Ramart, deuxième femme admise à une chaire en Sorbonne », sur Gallica, Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, (consulté le )
- « Une fleuriste et une servante = deux savants français : destins hors-série » , sur Gallica, La Femme, (consulté le ), p. 11
- « Visage 27 – Charles et Anne Lapique | Les Justes parmi les Nations de Paris » (consulté le )
- « Onze femmes dans un palais antiféministe » , sur Gallica, La Femme, (consulté le )
- « Rue Pauline Ramart sur la carte de Montpellier, France. », sur fr-street-view.pw (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressources relatives à la vie publique :
- Ressource relative à la santé :
- Naissance en novembre 1880
- Naissance dans le 14e arrondissement de Paris
- Chimiste français du XXe siècle
- Chimiste organicien
- Femme chimiste
- Femme politique française
- Étudiant de la faculté des sciences de Paris
- Docteur ès sciences de la faculté des sciences de Paris
- Professeur à la faculté des sciences de Paris
- Membre de l'Assemblée consultative provisoire
- Personnalité de l'Union des femmes françaises
- Commandeur de la Légion d'honneur promu en 1953
- Lauréat du prix Jecker
- Décès en mars 1953
- Décès dans le 15e arrondissement de Paris
- Décès à 72 ans