Pierre Lefaucheux
Président-directeur général Renault |
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Naissance | |
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Décès |
(à 56 ans) Saint-Dizier |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Pierre-André Lefaucheux |
Pseudonyme |
Gildas |
Nationalité | |
Allégeance | |
Formation | |
Activités | |
Conjoint |
Marie-Hélène Lefaucheux (m. 1925) |
Parentèle |
Casimir Lefaucheux (arrière-grand-père) |
A travaillé pour |
Compagnie des chemins de fer du Nord Compagnie Générale de Construction de Fours (d) Renault |
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Membre de | |
Conflits | |
Lieux de détention | |
Distinctions |
Pierre-André Lefaucheux, né le à Triel-sur-Seine, et mort le , est un industriel français et un Compagnon de la Libération.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origine familiale
[modifier | modifier le code]Arrière-petit-fils de l'inventeur Casimir Lefaucheux, Pierre Lefaucheux naît à Triel en 1898. Il est le second des quatre enfants d'André Lefaucheux et de Madeleine Dulac.
Jeunesse
[modifier | modifier le code]Engagé volontaire, il rejoint le front en en tant que canonnier, aspirant puis sous-lieutenant Il est cité deux fois et reçoit la croix de guerre[1]. De retour à la vie civile, il intègre l'École centrale des arts et manufactures dont il est diplômé en 1922[2].
Début de carrière
[modifier | modifier le code]Il commence sa carrière à la Compagnie des chemins de fer du Nord, puis chez Dyle et Bacalan. Mais c'est à la Compagnie générale de construction de fours qu'il effectue l'essentiel de sa carrière avant guerre, de 1925 à 1939. Il occupera à la fin la fonction de directeur.
En parallèle, il commence en 1929 une thèse de doctorat qu'il soutiendra en 1935: La peseta et l'économie espagnole depuis 1928.
Seconde Guerre mondiale
[modifier | modifier le code]La guerre change le cours de la vie de Lefaucheux, qui est remobilisé en 1939 comme capitaine d'artillerie[1] et nommé en directeur de la Cartoucherie du Mans. Mais c'est aussi et surtout son implication dans la Résistance (sous le nom de « Gildas ») qui va avoir des conséquences importantes.
Membre de l'Organisation Civile et Militaire (OCM), il rejoint les FFI et, à la suite de l'arrestation de plusieurs de ses chefs, devient le chef des FFI de la Région Parisienne de mars 1944 à son arrestation début juin 1944[2],[3],[4]. Par ailleurs, il est le « 9e sage de la Résistance »[5], dernier membre du Comité Général d'Études (CGE), l'organisme créé par Jean Moulin pour penser l'après-guerre.
Arrêté par le SD de la rue des Saussaies le 3 lors d'une réunion clandestine[6],[3],[4], interné à Fresnes[3],[4], puis déporté à Buchenwald par le dernier convoi allemand quittant la région parisienne le 15 août 1944 (« convoi des 57000 »)[6],[3],[4], il ne doit son salut qu'à l'action de sa femme Marie-Hélène Lefaucheux (née Postel Vinay, qu'il a épousée en 1925) : elle parvient à convaincre un membre de la Gestapo de le faire transférer à Metz pour interrogatoire complémentaire[3],[4]. Le nazi, de retour dans une ville désertée à cause de l'avancée du front, abandonne son prisonnier[2],[3],[4].
A la tête de Renault
[modifier | modifier le code]De retour à Paris en , il est nommé le administrateur provisoire des Usines Renault réquisitionnées. Puis, après la nationalisation de Renault le , il en devient officiellement le PDG le [7].
Sous sa direction, il fera de la Régie Renault le premier constructeur français d'automobiles et l'un des premiers en Europe. Il prendra la décision de lancer la 4CV, la Frégate mais aussi la Dauphine et préparera la « toute petite voiture » que sera la R4.
Il fera également construire l'usine Renault de Flins et préparera celle de Cléon. Il est aussi le père de ce qui sera connu sous le nom de l'« accord Renault de 1955 », signé par son successeur en septembre.
Décès
[modifier | modifier le code]Alors que l'entreprise amorce un âge d'or (tous les indicateurs étant au vert depuis le second semestre de 1953), il est prévu que Pierre Lefaucheux en fasse une présentation aux étudiants catholiques de Strasbourg le . Automobiliste passionné, il décide au dernier moment de voyager en voiture malgré les conditions particulièrement inclémentes. Il place sa valise non pas dans le coffre, mais sur le siège arrière de sa Renault Frégate.
Approchant de Saint-Dizier par l'ouest, sur la Route Nationale 4 (N4), il est surpris par une pancarte de déviation temporaire et braque au dernier moment pour suivre la route imposée, tentant de freiner sur ce qui s'avère être une plaque de verglas. Après plusieurs tonneaux, le véhicule termine sa course dans un champ. Il est en grande partie intact ainsi que l'habitacle, mais la valise de Lefaucheux a quitté le siège arrière et lui a brisé la nuque. On retrouvera dans sa poche le billet de train, inutilisé, qu'il avait initialement acheté[8].
Comme 30 ans plus tard lors de celle, criminelle, de Georges Besse, sa disparition provoqua un choc considérable dans l’entreprise et en France[9]. À Saint-Dizier, mis en cause, André Penin, ingénieur chargé de la subdivision des Ponts et Chaussées, réussit à prouver aux enquêteurs que le panneau avait été bien placé et que seules la vitesse excessive et une plaque de verglas étaient responsables de l'accident. Un monument à la mémoire de Lefaucheux a été érigé sur le bord de la N4 près de Saint-Dizier. L'usine Renault de Flins a été rebaptisée en son honneur ainsi qu'un boulevard au Mans. La promotion 2016 de l'École centrale des arts et manufactures a été baptisée en son honneur. Il est enterré à Saint-Quentin-des-Prés (Oise).
Site du monument dédié à Pierre Lefaucheux : 48° 38′ 26,559″ N, 4° 55′ 03,52″ E
Décorations
[modifier | modifier le code]- Officier de la Légion d'honneur par décret du 11 avril 1951 (chevalier du 16 octobre 1946)[1]
- Compagnon de la Libération par décret du 18 Janvier 1946
- Croix de guerre 1914-1918 (2 citations à l'ordre de la Division)[1]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Archives nationales - Base Léonore, « Cote 19800035/23/2963 - Dossier Légion d'honneur de Pierre André LEFAUCHEUX » (consulté le ).
- Jean-Louis Loubet, « Revue Centraliens N°611 - pp.54 à 57 : Biographie de Pierre LEFAUCHEUX », (consulté le ).
- Archives nationales, « Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale - Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques et syndicats - Témoignage de Pierre Lefaucheux, recueilli par Marie Granet : cote FFI, VI (72AJ/54 Dossier n° 3) - pièce 5 » (consulté le )
- Archives nationales, « Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale - Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques et syndicats - Témoignage de Pierre Lefaucheux, recueilli par Marie Granet, et note de Marie-Hélène Lefaucheux sur l'évasion de son mari : cote OCM, IV (72AJ/67 Dossier n° 4) - pièce 18 » (consulté le )
- Diane de Bellescize, Les neuf sages de la Résistance. Le Comité Général d’études dans la clandestinité, Paris, Plon, 1979.
- Ordre de la Libération, « Base Compagnons de la Libération - fiche Pierre LEFAUCHEUX » (consulté le ).
- Alain Michel et Laure Pitti, « Renault à Billancourt : des usines au(x) patrimoine(s), histoire d’une conquête et d’un effacement », dans La mémoire de l’industrie. De l'usine au patrimoine, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-140-6, DOI 10.4000/books.pufc.28244, lire en ligne), p. 377-399
- « Renault Histoire (en allemand) », Renaultoloog - Andreas Gaubatz : « Freitag, 11. Februar 1955: LEFAUCHEUX hat zugesagt, in Strassburg einen Vortrag zu halten. Er hat eine Fahrkarte für die Bahn in der Tasche, das Wetter ist schlecht, es wird Glatteis vorausgesagt. Doch in letzter Minute entscheidet sich LEFAUCHEUX für die Fahrt mit dem Auto. Er wirft seinen Koffer auf den Rücksitz seiner Frégate. Als die Stadt Saint-Dizier in Sicht kommt, überrascht ihn ein Schild, das eine Umleitung anzeigt. Er hätte geradeaus weiter fahren können, doch er versucht im letzten Moment der Umleitung nachzufahren. Er bremst, doch auf der Strasse ist Glatteis. Die Frégate dreht und überschlägt sich und kommt in einem Acker auf der Seite zum Liegen. Die Fahrgastzelle ist nahezu unbeschädigt. Doch der Koffer auf dem Rücksitz trifft LEFAUCHEUX im Nacken. PIERRE LEFAUCHEUX war auf der Stelle tot! ».
- « Pierre Lefaucheux, déjà 60 ans... », sur www.histoirerenault.net (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Patrick Fridenson, L’avenir vu par les patrons : Pierre Lefaucheux, in Vincent Duclert, Rémi Fabre, Patrick Fridenson (dir.), Avenirs et avant-gardes en France XIXe - XXe siècle, Paris, La découverte, 1999, p. 223-238.
- Gilbert Hatry, Pierre Lefaucheux : le commandant Gildas, Renault Histoire, no 2, .
- Cyrille Sardais, Leadership et création d'institution. Les actions, intentions et perceptions d'un dirigeant: Pierre Lefaucheux, PDG de la Régie Renault, thèse de doctorat, HEC, 2005.
- Cyrille Sardais, Patron de Renault: Pierre Lefaucheux (1944-1955), Paris, Les Presses de Sciences-Po, 2009.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Marie-Hélène Lefaucheux
- Organisation civile et militaire
- Libération de Paris
- Convoi des 57000
- Compagnon de la Libération
- Renault
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- Pierre Lefaucheux, compagnon de la Libération
- Le 11 février 1955 disparaissait Pierre Lefaucheux: documents
- Personnalité de Renault
- Homme d'affaires français
- Militaire français de la Première Guerre mondiale
- Élève de l'École centrale Paris
- Officier de la Légion d'honneur promu en 1951
- Compagnon de la Libération
- Titulaire de la croix de guerre 1914-1918
- Organisation civile et militaire
- Résistance en Île-de-France
- Résistant français
- Prisonnier au centre pénitentiaire de Fresnes
- Déporté résistant
- Déporté au camp de concentration de Buchenwald
- Survivant de Buchenwald
- Conjoint de personnalité politique
- Naissance dans les Yvelines
- Naissance en juin 1898
- Décès à Saint-Dizier
- Décès en février 1955
- Décès à 56 ans
- Mort dans un accident de la route en France
- Personnalité inhumée dans l'Oise