Qualité française
La qualité française, ou tradition de la qualité, désigne un type de films français des années 1940-1950 contre lequel se construira la nouvelle vague dans la deuxième moitié des années 1950. Le terme, devenu un chrononyme pour le cinéma français entre l'après-guerre et la nouvelle vague, s'est imposé avec François Truffaut dans son article Une certaine tendance du cinéma français publié dans les Cahiers du cinéma en .
Histoire
[modifier | modifier le code]Le terme « qualité française » est en fait péjoratif, il désigne un cinéma qui, par ses récompenses et son succès en salle, démontre un savoir-faire de qualité, mais qui est engoncé dans une sorte d'académisme.
Le concept est né dans les Cahiers du cinéma. Ainsi, en , Michel Dorsday déplore que « le cinéma français est mort, mort sous la qualité, l'impeccable, le parfait [...] on ne fait plus en France que de bons films, fabriqués, léchés, présentés avec élégance. Et c'est là le désastre... »[1] Mais c'est François Truffaut qui baptise le genre dans l'article de Une certaine tendance du cinéma français.
Les critiques fustigent ces productions françaises qui s'enferment dans une tradition de savoir-faire qui manque d'âme. Truffaut épingle notamment les scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost qui utilisent selon lui une même formule pour adapter des romans aux cinéma, et ne permettant pas à un metteur en scène d'exprimer son art d'auteur de film. Il écrit ainsi : « Je ne puis croire à la co-existence pacifique de la tradition de la qualité et d'un cinéma d'auteurs »[2].
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Les films catégorisé « qualité française » se caractérisent par un manque de cohérence esthétique, un immobilisme, une absence de profondeur ou de substance[3]. Pour Truffaut, grand lecteur, ce sont des adaptations trahissant la lettre.
Films emblématiques
[modifier | modifier le code]- Adorables Créatures
- La Symphonie pastorale
- Le Diable au corps
- Manèges
- Un homme marche dans la ville
- Jeux interdits
- Dieu a besoin des hommes
- Le Blé en herbe
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Le cinéma est mort, Michel Dorsday, Cahiers du cinéma no 16, octobre 1952
- François Truffaut, Une certaine tendance du cinéma français, Cahiers du cinéma no 31, janvier 1954.
- La « Qualité française », un mythe critique ?, Jean Montarnal, Paris, L'Harmattan, coll. « Champs visuels », 2018 (ISBN 978-2-343-14763-5)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Michel Dorsday, Le cinéma est mort, Cahiers du cinéma no 16,
- François Truffaut, Une certaine tendance du cinéma français, Cahiers du cinéma no 31,
- Jean Montarnal, La « Qualité française », un mythe critique ?, Paris, L'Harmattan, coll. « Champs visuels », 2018 (ISBN 978-2-343-14763-5)
- Antoine de Baeque, La Cinéphilie. Invention d'un regard, histoire d'une culture, 1944-1968, Paris, Fayart, 2003