Restaurant universitaire
Un restaurant universitaire (familièrement appelé en France resto U ou RU) est une cantine, un lieu de restauration collective destiné aux étudiants.
Un restaurant universitaire est généralement organisé sous forme de cafétéria, avec un système de libre-service qui permet à chaque étudiant de choisir les plats qui composeront son menu en les déposant sur un plateau. À la fin du repas, l'étudiant doit également assurer la desserte en déposant son plateau à l'entrée du service de plonge. Cette organisation permet d'économiser les frais de personnel, en évitant d'avoir à assurer un service de table.
Histoire
[modifier | modifier le code]En France
[modifier | modifier le code]Le premier restaurant universitaire de France, La Gallia, est créé en à Strasbourg par des étudiants de l'université de Strasbourg, en s'inspirant du modèle allemand. Les premiers restaurants qui se développent à sa suite sont également gérés par des associations estudiantines. La Gallia demeure ouvert depuis lors[1]. Plusieurs restaurants universitaires ouvrent dans les années et suivantes, à la faveur de la massification scolaire[2].
Sous la Quatrième République, le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires est créé par la loi du [3]. Elle lui donne mission de passer des conventions avec les rectorats universitaires pour la gestion, par le CROUS, des restaurants universitaires jadis gérés par des associations estudiantines[2].
Jusqu'aux années , le développement de cette forme de restauration se développe dans de nombreuses universités[4]. Entre et , 10 000 nouvelles places sont créées chaque année[5]. En , 28 CROUS gèrent 270 restaurants universitaires, pour 74 millions de repas servis par an[5]. 14 restaurants universitaires sont agréés par le CROUS sans être gérés par lui[5].
En , les restaurants universitaires du CROUS proposent un plat végétarien[6]. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une volonté du CROUS de diversifier l'offre de plats[6]. Le CROUS crée par ailleurs plus de 80 foodtrucks[6].
En , le Premier ministre, Jean Castex, annonce dans son discours de politique générale qu'à partir de la rentrée , les étudiants boursiers paieront leur repas 1 €[7]. Cette mesure fait suite à la mobilisation contre la précarité étudiante initiée à la suite de l'immolation d'Anas K., membre de Solidaires étudiant-e-s, précarité accentuée par la crise du Covid-19 comme le montre l'Observatoire national de la vie étudiante[8]. Elle est saluée par les organisations étudiantes, mais jugée insuffisante[réf. nécessaire].
Cette mesure est étendue à l'ensemble des étudiants en [9], après le cri de détresse d'étudiants qui dénoncent le silence du gouvernement, et demandent la réouverture progressive des universités ainsi que des mesures de soutien[10],[11]. À la rentrée , les repas à 1 € ne sont plus que pour les étudiants boursiers et pour les étudiants non-boursiers en situation de précarité. Pour les autres étudiants, le repas s'élève à 3,30 €[12].
En France
[modifier | modifier le code]Structure
[modifier | modifier le code]Le CROUS a vocation à proposer aux étudiants des repas à un tarif fixé au niveau national et qui assure que chacun puisse se restaurer avec de l'alimentation de qualité à bas prix[3]. En , la France compte 801 points de vente[13].
Les restaurants universitaires, sont majoritairement gérés par les 28 CROUS et supervisés par le CNOUS. Ces sont des établissements publics sous la tutelle de l'État, proposant des repas au prix de 3,30 € (tarif pour l'année –). Au moins 20 % des produits sont achetés au niveau local[6].
Il existe dans certaines villes des restaurants universitaires agréés par le CROUS mais gérés par des entités privées, par exemple à Strasbourg[14].
Le paiement s’effectue directement à la caisse avec Izly (soit avec la carte étudiant avec la fonction « sans contact », soit avec un code QR généré par l’application) ou en espèces, bien que certains restaurants ne les acceptent plus[15].
Prix du repas
[modifier | modifier le code]Le prix d'un repas évolue régulièrement. En , il était de 2,45 francs[16], et de 1,60 francs en [17]. En , il est de 3,1 €, et de 3,3 € à partir de .
Année | Prix ticket RU |
---|---|
1,60 € (10,50 F) | |
1,75 € (11,50 F) | |
1,83 € (12,00 F) | |
1,87 € (12,30 F) | |
1,94 € (12,70 F) | |
2,01 € (13,20 F) | |
2,09 € (13,70 F) | |
2,15 € (14,10 F) | |
2,21 € (14,50 F) | |
2,27 € (14,90 F | |
2,33 € (15,30 F) | |
2,40 € (15,75 F) | |
2,50 € | |
[18] | 2,60 € |
2,65 € | |
2,70 € | |
2,75 € | |
2,80 € | |
[19] | 2,85 € |
[20] | 2,90 € |
[21] | 3,00 € |
3,05 € | |
[22] | 3,10 € |
3,15 € | |
[23] | 3,20 € |
3,25 € | |
[24] | 3,30 € |
Le modèle économique du restaurant universitaire public est intrinsèquement déséquilibré, car le prix facturé aux étudiants est inférieur à la moitié du coût réel du repas. En , un rapport sur la restauration universitaire estime le coût réel d'un repas compris entre 6 et 6,5 €[25]. En , le prix du repas est situé entre 7 et 8 €[3].
Organisation interne
[modifier | modifier le code]Les restaurants universitaires ont à leur tête un directeur et un adjoint selon la taille du ou des restaurants gérés, aussi appelé DUG (directeur d'unité de gestion) ou gestionnaire. Si le personnel de direction et d'administration est issu de la fonction publique d'État, les emplois de caisse, de responsable de l'approvisionnement, de plonge et de cuisine sont assurés par des « personnels ouvriers » (qui sont des agents non titulaires de droit public) avec à leur tête un chef cuisinier. Les « personnels ouvriers » doivent devenir des fonctionnaires à partir de . Des vacataires étudiants, aux contrats de durée inégale (souvent trois mois) viennent renforcer les équipes pendant les pics d'activité[26].
Les restaurants sont composés d'un bureau d'administration, d'un bureau de gestion des cartes de paiement Izly, d'une ou de plusieurs cuisines, de plusieurs guichets et caisses.
Les CROUS ont supprimé l'usage du ticket de resto U au profit du porte monnaie électronique Izly (anciennement Moneo qui n'existe plus) qui a l'avantage de pouvoir s'intégrer aux cartes des universités proposant des services complémentaires aux étudiants (accès à la bibliothèque, accès aux photocopieuses, accès aux salles de sport, salles informatiques, etc.)[27].
Certains restaurants universitaires fournissent des repas élaborés à partir de produits agricoles issus de l'agriculture biologique commercialement certifiée, tous les jours ou de manière ponctuelle comme à Rennes et Aix-en-Provence[28].
Aux États-Unis
[modifier | modifier le code]Aux États-Unis, la restauration universitaire est majoritairement géré par des organismes privés. Certaines universités proposent néanmoins un service de restauration sous forme de cafétéria. Le prix d'un repas tourne autour d'une dizaine de dollar[29],[30].
Références
[modifier | modifier le code]- Catherine Rollot, « Créé en , le plus vieux "resto U" de France, La Gallia, est toujours géré par une association d'étudiants », Le Monde, (consulté le ).
- Sylvain Bertoldi (conservateur en chef des Archives d'Angers), « Le premier restaurant universitaire », Vivre à Angers, no 430, , p. 31 (lire en ligne) [lire sur archives.angers.fr].
- Laurent Lafon (rapporteur), mission d'information « Conditions de la vie étudiante en France », « Accompagnement des étudiants : une priorité et un enjeu d'avenir pour L'État et les collectivités », rapport d'information no 742 (–), sur senat.fr, Sénat, (consulté le ).
- « La restauration universitaire », sur fage.org, Fédération des associations générales étudiantes (consulté le ).
- « La restauration universitaire », Libération, (consulté le ).
- Delphine Bancaud, « Comment la restauration universitaire a su évoluer ces dernières années », 20 Minutes, (consulté le ).
- « Les étudiants boursiers pourront bénéficier de repas à un euro dans les restaurants universitaires », Ouest-France, (consulté le ).
- Violaine Morin, « Ticket restaurant universitaire et allocation de rentrée : les nouvelles mesures contre la précarité », Le Monde, (consulté le ).
- « Le repas au Crous passe à 1 euro pour tous les étudiants », sur etudiant.gouv.fr, (version du sur Internet Archive).
- Clément Rocher, « Le mouvement Etudiants fantômes veut faire entendre sa voix auprès du Gouvernement », L'Étudiant, (consulté le ).
- Caroline Quevrain, « À Paris, les "étudiants fantômes" se manifestent pour la réouverture des facs », LCI, (consulté le ).
- Direction de l'information légale et administrative, « Des aides pour les étudiants en difficulté face à la crise sanitaire », sur service-public.fr, (version du sur Internet Archive).
- « Crous Resto', la restauration sur le campus », sur etudiant.gouv.fr, (version du sur Internet Archive).
- « Restaurants universitaires », sur unistra.fr, Université de Strasbourg (version du sur Internet Archive).
- « IZLY - Le paiement sur le campus », sur izly.fr (consulté le ).
- « Les tarifs des restaurants et résidences universitaires augmenteront le », Le Monde, .
- « Protestation contre l'augmentation du prix des repas dans les restaurants universitaires », Le Monde, .
- « Conférence de rentrée des Ministres : un cartable vide », communiqué de presse, sur fage.asso.fr, Fédération des associations générales étudiantes, (version du sur Internet Archive).
- Théo Haberbusch, « Le Cnous fixe le prix du ticket restaurant universitaire à 2,85 euros pour l'année – (+1,8%) », dépêche no 312513, sur AEF info, (consulté le ).
- Jessica Gourdon, « Le prix du ticket restaurant universitaire passe à 2,90 euros (+ 5 centimes) à la rentrée », dépêche no 298315, sur AEF info, (consulté le ).
- Sarah Piovezan, « Le prix du ticket de restauration universitaire passera à 3 euros (+ 10 centimes) au », dépêche no 264212, sur AEF info, (consulté le ).
- Anaïs Gérard, « Le CA du Cnous s'oppose à l'augmentation de 1,64 % du prix du ticket de restaurant universitaire pour l'année – », dépêche no 210944, sur AEF info, (consulté le ).
- « Le ticket du resto U passe à 3,20€ pour la rentrée », Le Figaro Étudiant, (consulté le )
- Stéphanie Alexandre, « Le prix du ticket restaurant universitaire passe à 3,30 € », Le Particulier, (consulté le ).
- Boutet-Waïss et al. 2013, p. 4.
- « Les CROUS et le CNOUS » [odt], sur tribu.phm.education.gouv.fr, Ministère de l'Éducation nationale (version du sur Internet Archive).
- « Lancé en , le porte-monnaie électronique Moneo va disparaître », Sud Ouest, (consulté le ).
- Sophie de Tarlé, « Plus bio, plus végétariens : les restaurants universitaires sont appréciés des étudiants », Le Figaro Étudiant, (consulté le ).
- « Etre étudiant aux Etats-Unis - Vie étudiante, étudier aux Etats-Unis », sur French District, (consulté le ).
- Nadja, « Vie étudiante aux États-Unis: Guide pour les étudiants internationaux », sur Aljawaz (version du sur Internet Archive).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- D. Paquet, « Un guide pour mettre en place des menus responsables dans les restaurants universitaires », sur Actu-Environnement, .
- Françoise Boutet-Waïss, Jean Déroche, Pierre Hanotaux, Jean-Paul Mialot, Jean-Marc Vallauri et Paul-Marie Dubée, Évaluation de la restauration universitaire, t. 3, , 160 p. (lire en ligne [PDF]), p. 4.