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Romance (musique)

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La Romance (de l'espagnol Romancero) est un genre poético-musical, abordant généralement des sujets liés à l'amour et à l'expression des sentiments. Apparue au Moyen Âge, puis aux XVIe siècle, XVIIe et XVIIIe siècles, dont certaines partitions sont conservées, la romance connaît une grande influence en France et en Italie dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle pendant l'époque pré-romantique et romantique dans laquelle elle s'opposera à l'ariette, de genre plus virtuose[1]. Les romances regroupent plusieurs possibilités d'instrumentation: la plupart sont des pièces vocales avec accompagnement instrumental (piano-forte, harpe, guitare, etc..) mais il existe aussi des œuvres purement instrumentales, dont des pièces pour piano seul (ex: Romances sans paroles pour piano de Mendelssohn) ou encore soli avec orchestration (ex: Romances pour violon et orchestre op.40 et 50 de Beethoven).

Le terme « Romance » est également employé comme sous-titre de certaines œuvres lyriques et expressives (chansons, méditations, rêveries, nocturnes, etc..)[2] ou de parties d'œuvres (ex : 2e mouvement du Concerto pour violon de Beethoven).

Histoire et contexte

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C'est au Moyen Âge que nous retrouvons les premières romances de l'Histoire de la Musique en France, troubadours et trouvères divertissant la cour (cf. Adam de la Halle - Guillaume de Machaut) chantant des poèmes d'amours aux pucelles, modélisant et cultivant la conception de l'amour courtois[3]. La romance connaît à cette époque un grand intérêt de divertissement, mais son genre profane la fera tomber dans l'oubli à contrario de la stricte croissance de la musique sacrée. Au fil des siècles, le genre finira par renaître et prendre cœur au sein de la bourgeoisie quotidienne, tant dans la littérature qu'en musique, et sera désigné comme un genre savant, spécialement destiné aux aristocrates et intellectuels de hautes classes, justifiant de sa double fonction : plaire et éduquer[2]. (À noter que la romance, Partant pour la Syrie (1807) est due à la reine de Hollande Hortense de Beauharnais.)

À la fin du XVIIIe siècle, un vrai intérêt est porté pour la Romance française, favorisé par l'inspiration des lieds allemands et ce dû à la contribution des divers compositeurs romantiques (tel que Schubert, Schumann, Brahms, Mendelssohn...) mais aussi grâce à la beauté des textes des poètes et écrivains romantiques de l'époque (Rimbaud, Verlaine, Alfred de Musset...) idéalisant des thèmes sentimentaux et amoureux, s'inspirant de la beauté de la nature, de la passion humaine et des rêves héroïques[4]. La Romance connait son âge d'or au cours de la Révolution française et de l'Empire sous Napoléon. Très populaire dans les petits salons, où elle est répandue par de nombreux compositeurs (tel que Antoine Lamparelli et Pierre Garat), elle sera par la suite très appréciée dans les salles de concert.

Le genre se déclinera lentement sous la Restauration et cèdera sa place à la mélodie au milieu du XIXe siècle en France[1].

La romance pour voix et accompagnement

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La composition de la romance vocale est semblable à celle de la brunette espagnole et de la bergerette, se rapprochant plus ou moins du genre « troubadour » qui se veut simple tant dans son harmonie que dans sa structure : le plus souvent de forme « rondo » ou « lied », binaire AB ou ternaire ABA/ABA' avec couplets et ritournelles. Possédant un caractère lyrique, elle requiert une grande sensibilité tant dans son écriture poétique que musicale[3].

Généralement chantée en solo, elle est soutenue par un accompagnement au piano-forte, à la harpe ou un autre instrument de musique, remplaçant l'ancienne basse continue. Il existe aussi des variantes en contrechant avec flûte, violoncelle, etc[1] Nait donc un art d'accompagnement bien plus varié et plus raffiné, dans lequel apparaissent les premiers symboles de pédalisation notamment au piano (fin XVIIe siècle), principal moyen de variation et de recherche de couleurs et timbres musicaux[5].

Jean-Jacques Rousseau exposera une définition enrichie de la Romance vocale dans le Dictionnaire de la Musique, volume 9 (1767):« ROMANCE, s. f. Air sur lequel on chante un petit Poeme du même nom, divisé par couplets, duquel le sujet est pour l’ordinaire quelque histoire amoureuse & souvent tragique. Comme la Romance doit être écrite d’un style simple, touchant, & d’un goût un peu antique, l’Air doit répondre au caractere des paroles; point d’ornemens, rien de maniéré, une mélodie douce, naturelle, champêtre, & qui produise son effet par elle-même, indépendamment de la maniere de la Chanter. Il n’est pas nécessaire que le Chant soit piquant, il suffit qu’il soit naïf, qu’il n’offusque point la parole, qu’il la fasse bien entendre, & qu’il n’exige pas une grande étendue de voix. Une Romance bien faite, n’ayant rien de saillant, n’affecte pas d’abord; mais chaque couplet ajoute quelque chose à l’effet des précédens, [594] l’intérêt augmente insensiblement, & quelquefois on se trouvé attendri jusqu’aux larmes, sans pouvoir dire où est le charme qui a produit cet effet. C’est une expérience certaine que tout accompagnement d’Instrument affoiblit cette impression. Il ne faut, pour le Chant de la Romance, qu’une Voix juste, nette, qui prononce bien, & qui chante simplement. »[6] -- Jean Jacques Rousseau, Dictionnaire de la Musique, volume 9 (1767) » Paroliers de romances au XVIIIe siècle: J.J. Rousseau, J-P. C. de Florian, Fabre d'Églantine, J-F. Marmontel, F-R. de Chateaubriand, F-A de Paradis de Moncrif, M. Desbordes-Valmore, Marc Constantin, Pauline Duchambge.

La romance instrumentale

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La romance instrumentale possède les mêmes caractéristiques que la romance vocale. Elle est souvent écrite pour un instrument soliste (ex: violon, flûte, clarinette, etc.). Celui-ci peut être accompagné par un piano, un trio ou quatuor à cordes, un orchestre de chambre ou un orchestre symphonique (ex: la Romance pour flûte et orchestre, op.37 de Camille Saint-Saëns.)

Divers compositeurs, liste de romances célèbres

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Romances vocales
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) Consolations des misères de ma vie ou Recueil d’airs, romances et duos (1781)
André Grétry (1741-1813) Une fièvre brûlante de l'opéra médiéval Richard cœur de Lion (1784)
Jean-Paul-Égide Martini (1741-1816) Plaisir d'amour (1784)
Nicolas Dalayrac (1753-1809) Quand le bien aimé reviendra de l'opéra comique Nina (1786)
François Devienne (1759-1803) Romance d'Estelle no. 3 (1787)
Luigi Cherubini (1760-1842) Romances du roman d'Estelle (1788)
Pierre Garat (1762-1823) Pauvre Jacques, Y sera-t-elle, Je t’aime tant, Complainte du troubadour (1794)
Étienne Nicolas Méhul (1763-1817) L’Orphelin adopté par sa nourrice (1795)
Gaspare Spontini (1774-1851) Il reviendra (1830), L'Adieu (1840)
François-Adrien Boieldieu (1775-1834) L'amour, pour prix de ma défaite (1803)
Édouard Bruguière (1793-1863) Ce n'était pas là mon rêve de bonheur (1834)
Hector Berlioz (1803-1869) Le dépit de la bergère (1819), Pleure pauvre Colette (1822), Le Maure jaloux (1822)
Loïsa Puget (1810-1889) Le Lys dans la Vallée (1837)
Claude Debussy (1862-1918) L'Âme évaporée et souffrante (1885)
Romances instrumentales
Ludwig van Beethoven (1770-1827) Romance pour violon et orchestre no 1 (1802)

Romance pour violon et orchestre no 2 (1798)

Félix Mendelssohn (1809-1847) Romances sans paroles pour piano (1830-1868)
Camille Saint-Saëns (1835-1921) Romance pour flûte et orchestre/piano, op. 37 (1871)

Romance pour cor (ou violoncelle) et orchestre (ou piano), op. 36 (1874)

Romance pour violon et orchestre, op. 48 (1874)

Romance pour violoncelle et piano, op. 51 (1877)

Antonin Dvorak (1841-1904) Romance pour violon et orchestre/piano, op. 11 (1877)
Gabriel Fauré (1845-1924) Trois Romances sans paroles pour piano, op. 17 (1863)

Romance pour violon et piano, op. 28 (1882)

Romance pour violoncelle et piano, op. 69 (1894)

Richard Strauss (1864-1949) Romance pour clarinette et orchestre (1879)

Notes et références

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  1. a b et c « Romance », sur Encyclopédie Larousse (consulté le ).
  2. a et b Kitti Messina, « Mélodie et romance au milieu du XIXe siècle : Points communs et divergences », Revue de Musicologie, vol. 94, no 1,‎ , p. 59–90 (ISSN 0035-1601, lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Laure Schnapper, « Chanter la romance », Napoleonica La Revue, vol. 7, no 1,‎ , p. 3 (ISSN 2100-0123, DOI 10.3917/napo.101.0003, lire en ligne, consulté le ).
  4. Edward Lockspeiser, « The French Song in the 19th Century », The Musical Quarterly, vol. 26, no 2,‎ , p. 192–199 (ISSN 0027-4631, lire en ligne, consulté le ).
  5. Clotilde Verwaerde, « La pédalisation au pianoforte et la pratique de l’accompagnement des romances françaises vers 1800 », Musurgia, vol. XXII, no 3,‎ , p. 5 (ISSN 1257-7537 et 2271-1856, DOI 10.3917/musur.153.0005, lire en ligne, consulté le ).
  6. « VOLUME 9. Dictionnaire de musique », sur www.rousseauonline.ch (consulté le ).

Bibliographie

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  • Henri Gougelot, La Romance française sous la Révolution et l'Empire : choix de textes musicaux, Legrand & Fils, Melun, 1937, 2e éd., 1943.
  • Henri Gougelot, Catalogue des romances françaises parues sous la Révolution et l'Empire, les recueils de romances, Legrand & Fils, Melun, 1937.
  • Hodeir André, La romance - Les formes de la musique, Collection encyclopédique, « Que sais-je ? », Presses Universitaires de France, 2012.
  • Félix Clément, Histoire de la musique : depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, Librairie Hachette et Cie, Paris, 1883 BnF
  • François Buhler, Prélude au siècle d'or de la poésie et de la musique russes. Chansons et romances d'Alexandre Gouriliov, Publibook, Paris, 22 avril 2022, (ISBN 9782342358643)