Royaume de Sardaigne
1297–1861
1297–1768
Capitale | Turin (1847-1861) |
---|---|
Langue(s) | Latin, sarde, corse, italien, piémontais |
Religion | Catholicisme |
Monnaie | Scudo sarde, Scudo piémontais et livre sarde |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Le royaume de Sardaigne est un État européen, qui a existé entre 1297 et 1861, date à laquelle il a été intégré dans le royaume d'Italie (1861-1946), dont le premier roi, Victor-Emmanuel II, est le dernier roi de Sardaigne.
Ce royaume fut incorporé au sein du royaume d'Italie (1861-1946), dont le premier roi, Victor-Emmanuel II, fut le dernier roi de Sardaigne.
Débuts (1297)
[modifier | modifier le code]Le Regnum Sardiniae et Corsicae (royaume de Sardaigne et de Corse) est promulgué à Rome (dans l'ancienne basilique Saint-Pierre) le [1], à la suite du traité d'Anagni[2],[3],[4].
Le pape Boniface VIII, afin de régler le différend entre les maison d'Anjou-Sicile et la couronne d'Aragon[5], investit le roi d'Aragon Jacques II[6] du jus invadendi (droit de conquête légitime) sur la Sardaigne et la Corse par la Bulle Super reges et regna[7].
Royaume de Sardaigne sous la couronne d'Aragon (1324-1460)
[modifier | modifier le code]Tout au long du XIVe et du XVe siècles, en lien avec sa politique de « route des iles » vers l'Orient[8], le « fet de Sardenya » et la conquête de la Corse furent parmi les principaux problèmes auquel les rois d’Aragon furent confrontés. Au cœur d’une longue guerre contre la Commune de Gênes, la domination des îles fut en effet l’un des enjeux de la diplomatie aragonaise. La difficile conquête du Regnum Sardiniae et Corsicae impliqua aussi bien les rois d’Aragon que leurs princes héritiers.
Initialement conquise au cours de l'année 1324, la Sardaigne resta un territoire en perpétuel révolte face au pouvoir catalano-aragonais ; particulièrement le judicat d'Arborée. En raison de ses moyens limités, la couronne d'Aragon concentra ses propres moyens sur la Sardaigne (riches en ressources et stratégique de par sa position entre la Catalogne et la Sicile)[9].
En Corse, un parti pro-aragonais se créa au sein de la noblesse insulaire, en lutte contre l'influence de la république de Gênes ; particulièrement après la révolte antiseigneuriale des années 1357-1358[10]. La couronne d'Aragon s'appuya sur des nobles tels qu'Arrigo della Rocca et Vincentello d'Istria pour contrôler au mieux l'ile.
Suite à la victoire de San Luri, le 30 juin 1409, des forces Martin le Jeune face à celles de Guillaume II de Narbonne, la Sardaigne est pacifiée par la couronne d'Aragon.
C'est à partir des années 1460, et l'échecs des derniers vice-roi, que l'objectif de contrôler entièrement le Regnum Sardiniae et Corsicae semble être délaisser par la Couronne au profit du contrôle seul de la Sardaigne[11].
Le royaume de Sardaigne sous les monarchies ibériques (1460-1720)
[modifier | modifier le code]Sous la couronne d'Aragon, la Sardaigne continua d'être gouvernée comme un royaume semi-indépendant, conservant son propre parlement et un vice-roi gouvernant l'île au nom du roi. Cet arrangement se poursuivit après l'union personnelle des couronnes de Castille et d'Aragon pour former l'Espagne sous la dynastie des Habsbourg. À cette époque, l'île devint une cible pour les pirates barbaresques, en raison des guerres fréquentes entre l'Espagne et l'Empire ottoman. À partir des années 1570, une série de tours, connues aujourd'hui sous le nom de tours espagnoles, furent construites autour de la côte de l'île pour se protéger des raids des pirates.
Ce contrôle de la Sardaigne dura jusqu'à la Guerre de Succession d'Espagne.
Le royaume de Sardaigne de la maison de Savoie (1720-1861)
[modifier | modifier le code]En 1720, les ducs de Savoie, aussi détenteurs de la principauté de Piémont et du comté de Nice, deviennent rois de Sardaigne, en échange de la royauté de Sicile à la suite du traité de La Haye (1720).
Ils se trouvent dès lors à la tête d'un ensemble stable, appelé officiellement « royaume de Sardaigne », mais souvent, de façon familière, « royaume de Piémont-Sardaigne », dont la capitale est d'abord Chambéry (Savoie), puis Turin (Piémont).
Au XIXe siècle, le royaume de Sardaigne devient l'État italien autour duquel va se réaliser l'unité de la péninsule, avec le slogan : « VERDI » (Vittorio Emmanuele Re D'Italia).
Le royaume d'Italie[12] de Victor-Emmanuel est effectivement réalisé en 1861. Le premier roi d'Italie conserve le nom qu'il portait en tant que roi de Sardaigne et que duc de Savoie : Victor-Emmanuel II.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- À ce sujet, l'historien italien Francesco Cesare Casula écrit : "Quel giorno, Giacomo II il Giusto ricevette dalle mani del pontefice la simbolica coppa d'oro che lo faceva, di nome, Dei gratia rex Sardiniae et Corsicae. L'atto di infeudazione, datato 5 aprile 1297, (uguale a quello concesso a Perugia nel 1265 da Clemente IV a Carlo I d'Angiò per il regno di Sicilia) era di tipo ligio, e specificava che il regno - non le isole fisiche - apparteneva alla Chiesa che l'aveva istituito, che era dato in perpetuo ai re della Corona di Aragona in cambio del giuramento di vassallaggio, del servizio di cinquecento fanti e cento cavalieri, del pagamento di duemila marchi di argento. Le condizioni, sotto pena di reversibilità (regnum ipsum ad Romanam Ecclesiam integre et libere revertatum), erano che il regno non potesse essere mai diviso (regnum ipsum Sardiniae et Corsicae nullatenus dividatis) e che i suoi re fossero sempre gli stessi che regnavano in Aragona (quod unus et idem sit rex regni Aragonum et regni Sardiniae et Corsicae)". Francesco Cesare Casula, Breve storia di Sardegna, p 178.
- « Le Traité d'Anagni (1295) - Anagni et la formation des alliances européennes »
- « "Contabilidad detallada de los embajadores Guillem Durfort, Gilabert de Cruïlles, Pere de la Costa y Guillem Galvany, enviados por el rey Jaime II de Aragón a la corte de Bonifacio VIII en Anagni." Archivo de la Corona de Aragón, ACA, REAL PATRIMONIO, APÉNDICE GENERAL, 217 », sur Portal de Archivos Españoles (PARES)
- (it) Olivetta Schena, « The kingdom of Sardinia and Corsica », dans The Italian Renaissance State, Cambridge University Press, , 50–68 p. (ISBN 978-1-107-01012-3, DOI 10.1017/CBO9780511845697.006, lire en ligne)
- « {{{1}}} »
- Stéphane Péquignot, Au nom du roi: Pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II d'Aragon (1291-1327), Casa de Velázquez, (ISBN 978-84-96820-29-6 et 978-84-9096-125-4, DOI 10.4000/books.cvz.576., lire en ligne)
- Alessandra Cioppi, « The Crown of Aragon and the Regnum Sardiniae et Corsicae in the Fourteenth Century: Comparing Institutional Identities », dans Identity in the Middle Ages: Approaches from Southwestern Europe, Amsterdam University Press, coll. « CARMEN Monographs and Studies », (ISBN 978-1-64189-259-9, lire en ligne), p. 329–346
- Revista Aragón en la Edad Media, « Índices de la revista Estudios de Edad Media de la Corona de Aragón », Aragón en la Edad Media, no 26, , p. 157 (ISSN 2387-1377 et 0213-2486, DOI 10.26754/ojs_aem/aem.2015261276, lire en ligne, consulté le )
- Vannina Marchi Van Cauwelaert, Un royaume dans la mer: l'archipel corso-sarde du XIIIe au XVe siècle, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque d'histoire médiévale », (ISBN 978-2-406-16518-7)
- Philippe Colombani, Les Corses et la Couronne d'Aragon - Projets Politiques et Affrontement des Légitimités, Editions Alain Piazzola 1 Rue Sainte-Lucie, 20000 Ajaccio, Alain Piazzola, , 542 p. (ISBN 2364790662)
- Geronimo Zurita, Los cinco libros postreros de la segunda parte de los Anales de la Corona d'Aragon, Oficino de Domingo de Portonaris y Ursono, Zaragoza, 1629, libro XVII, pp. 75–76
- [PDF] L’organizzazione dello Stato unitario.Aldo Sandulli et Giulio Vesperini.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Source Primaire
[modifier | modifier le code]- "Contabilidad detallada de los embajadores Guillem Durfort, Gilabert de Cruïlles, Pere de la Costa y Guillem Galvany, enviados por el rey Jaime II de Aragón a la corte de Bonifacio VIII en Anagni.", (19.03.1295 - 08.07.1295).
- Berger, Elie, "Les registres d’Innocent IV publiés ou analysés d’après les manuscrits originaux du Vatican et de la Bibliothèque nationale", Paris, E. Thorin – École française de Rome, 1884, t. I.
- Zurita, Jerónimo, "Anales de la Corona de Aragón", texte établi par Ángel Canellas López, éd. électronique de José Javier Iso (coord.), María Isabel Yagüe, Pilar Rivero, Saragosse, Institución « Fernando el Católico » (CSIC), publication n° 2473 [en ligne sur <http://ifc.dpz.es>], 2003.
- Giovanni della Grossa, "Cronica corsesca".
Source Bibliographique
[modifier | modifier le code]- Philippe Colombani, "Héros corses du Moyen âge", Albiana, Ajaccio, 2010, 192 p.
- Schena O, "The kingdom of Sardinia and Corsica." In: Gamberini A, Lazzarini I, eds. The Italian Renaissance State, Cambridge University Press, 2012, 50-68 p.
- Cioppi A., "The Crown of Aragon and the Regnum Sardiniae et Corsicae in the Fourteenth Century: Comparing Institutional Identities." In: Sabaté F, ed. Identity in the Middle Ages: Approaches from Southwestern Europe. CARMEN Monographs and Studies. Amsterdam University Press, 2021, 329-346 p.
- Schena O., "The kingdom of Sardinia and Corsica." In: Gamberini A, Lazzarini I, eds. The Italian Renaissance State. Cambridge University Press; 2012, 50-68 p.
- Pierre-Paul Raoul Colonna de Cesari Rocca et Louis Villat, "Petite Histoire de Corse - Chapitre VIII. La fin du Moyen Âge", Réédition EDR/Édition des régionalismes, 2016
- Vannina Marchi van Cauwelaert. "Pour une histoire de la Méditerranée vue des îles. Approche comparée de la Corse, de la Sardaigne et de la Sicile au bas Moyen Âge",. in Histoire monde, jeux d’échelles et espaces connectés, XLVIIe congrès de la SHMESP (Arras 26-29 mai 2016), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2017, p. 95-110., 2017. ⟨hal-02520233⟩
- Gallinari L., "Identity-Making Discourses in the Kingdom of Sardinia and Corsica and the Giudicato of Arborea". In: Sabaté F, ed. Identity in the Middle Ages: Approaches from Southwestern Europe. CARMEN Monographs and Studies, Amsterdam University Press, 2021, 309-328p.
- Jean-André Cancellieri et Vannina Marchi van Cauwelaert, "Les lieux de mémoire de la Corse médiévale", Albiana, Ajaccio, Collection: Bibliothèque d'histoire médiévale de la Corse, 2020, 180 p.
- Philippe Colombani, "Les Corses et la Couronne d'Aragon - Projets Politiques et Affrontement des Légitimités", Editions Alain Piazzola, Ajaccio, 2020, 542 p.
- Vannina Marchi van Cauwelaert, Jean-André Cancellieri. "Les îles méditerranéennes au Moyen Âge". Quaderni di Mediterranea. Ricerche storiche, 40, 2023. ⟨hal-04254238⟩
- Michèle Ferrara, "La Corse médiévale de Giovanni Della Grossa", Albiana, Ajaccio, 2024, 640 p.
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Traité d'Anagni
- Royaume de Sardaigne (1324-1713)
- Royaume de Sardaigne (1713-1720)
- Royaume de Sardaigne (1720-1861)
- Couronne d'Aragon
- Papauté
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Corrispondenza del Regnum Sardiniae et Corsicae nelle Cartas Reales di Alfonso il Magnanimo dell’Archivo de la Corona de Aragón - Università degli Studi di Cagliari [1]
- Chronique de Giovanni della Grossa, sur le site corsemedievale.huma-num.fr.