Thérèse de León (1080-1130)
Comtesse de Portugal avec Henri de Bourgogne | |
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Reine (comté de Portugal) | |
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Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
Teresa de Leão, Teresa de León ou Tareixa Afónsez |
Activité | |
Famille | |
Père | |
Mère |
Jimena Muñoz (en) |
Fratrie | |
Conjoint |
Henri de Bourgogne (à partir de ) |
Enfants |
Urraque de Portugal (en) Sancha de Portugal (d) Alphonse Ier Teresa Fernández de Traba (en) Theresa de Bourgogne (d) |
Thérèse de León (v. 1080- ), fille illégitime du roi Alphonse VI de León et Castille est comtesse régnante du Portugal. Elle est la mère du premier roi de Portugal Alphonse Ier.
Biographie
[modifier | modifier le code]En 1093, à l'âge de treize ans, elle épouse Henri de Bourgogne, et reçoit de son père le comté de Portugal en dot. Avec Henri, régent du comté pendant sa minorité, elle a plusieurs enfants mais seul Alphonse Henriques, futur Alphonse Ier de Portugal, survit et atteint l'âge adulte parmi les mâles issus de ce premier mariage.
Après la mort d'Henri, en 1112, elle règne seule, suivant la même politique d'autonomie de son mari face à Rome et au León. Elle défend victorieusement Coimbra en 1117 face aux envahisseurs Almoravides.
Elle s'allie aux Galiciens, réclamant le royaume de Galice comme sa part d'héritage paternel à sa sœur la reine Urraque de Léon, leur seul frère mâle étant mort jeune. Les couronnes étaient encore des fiefs personnels partagés entre les enfants mâles à cette époque, ou bien divisées entre les filles en l'absence de mâles, ce qui était le cas. Pour soutenir ses prétentions dans la succession de son père, elle se remarie avec un Trastamare, le comte de Trava, le plus puissant seigneur de Galice, et lui confie la défense militaire du comté de Coimbra, au sud du Portugal, menacé par les Musulmans. Sa sœur aînée, Urraque de Léon et Castille, se remarie brièvement, pour le même motif, avec le roi d'Aragon ; elle était en effet contestée comme successeur par son fils Alphonse VII de Castille et León, élevé en Galice ou il régnait depuis son bas âge.
Devant l'influence galicienne au Portugal et l'antagonisme entre l'archevêque de Braga, primat de l'ancien royaume suève, et l'archevêque de Compostelle Diego Gelmírez, qui à la même époque répand le bruit de la « trouvaille » des reliques de Saint Jacques chez lui, enrichissant de cette façon, que quelques-uns disent sans scrupule, brutalement son diocèse, en créant le pèlerinage et ses chemins, et refusant d'obéir à la cathédrale de Braga, la noblesse portugaise s'insurge et choisit comme son chef le fils de la comtesse, qui leur avait été confié pour son éducation de chevalier, suivant l'usage de l'époque parmi la noblesse et la royauté portugaises.
Le second (certains parlent même de troisième) mariage de la reine de Portugal lui pose un problème politique, puisque son nouveau mari, divorcé ou veuf à cette époque, était le frère de son amant ou de son mari antérieur (selon les sources). Ce même frère du comte de Trava rejeté par la reine sera compensé par le mariage avec l'une des infantes, filles du premier mariage de la reine, donc avec une sœur à part entière du futur roi Alphonse Ier Henriques. Ce frère-là ayant vécu comme mari et femme avec la reine, devenue sa belle-mère, on pouvait ne pas considérer comme légitime le remariage de celle-ci avec un beau-frère Trava qui, du point de vue spirituel, était tenu comme son frère à part entière, avec inceste en cas de rapports sexuels, par l'Église romaine.
Le cas est pourtant courant encore à cette époque, entre le peuple et la noblesse, qui gardait le droit de répudier, tenant pour légitimes les enfants issus de ces mariages postérieurs. On pense parfois, même, que ceci fut le cas de la naissance de Thérèse qui s'est toujours déclarée enfant légitime, et qui pourtant, comme les filles de son second mariage, seront plus tard dites « bâtardes ». Car Thérèse de Portugal a vécu justement au moment de transition sociale et canonique où l'Église de Rome cherche à imposer le mariage religieux réalisé en présence d'un prêtre, et non plus seulement par les vœux présentiels des fiancés comme jusque-là. Le pouvoir alors réclamé par Rome sur la dissolution des mariages, et sur les dispensations de parenté entre les fiancés pour que les mariages puissent être reconnus par le nouveau droit canon est dès lors une nouvelle arme dont disposera le pape pour affirmer son autorité sur les cours européennes, et même choisir les partis les plus convenables à ses yeux pour succéder dans les divers fiefs et royaumes, où elle cherchait surtout depuis Alexandre II à imposer la suprématie du pouvoir ecclésiastique sur le pouvoir temporel de l'empereur et des autres souverains.
Devant la révolte des barons portugais opposés à l'alliance galicienne, la mère et le fils entrent rapidement en guerre ouverte. Thérèse est battue à la bataille de São Mamede en 1128 et s'exile en Galicie avec son second mari et les infantes ses filles, issues du second mariage. Là, elle va fonder un couvent où elle meurt en 1130. Contrairement à la légende, les relations familiales entre le nouveau roi, la reine sa mère, le comte son mari et les infantes ses demi-sœurs sont demeurées bonnes[1].
Généalogie
[modifier | modifier le code]Cette princesse, souvent appelée du nom d'un des divers royaumes de son père, dont le principal à cette époque était le Léon, doit pourtant plus correctement être connue du nom du fief qui lui appartenait en propre, et sur lequel elle a régné : Thérèse de Portugal. Luís de Mello Vaz de São Payo a établi la descendance suivie de la reine de Portugal et de son père Alphonse VI de Léon et Castille des anciens comtes souverains de Portugal, comme petite-fille d'Elvira Mendes de Portugal, reine de Léon par son mariage. Ainsi, la famille royale du Portugal est la descendante de l'ancienne famille comtale de Portugal, de par les rois de Léon. Car à Alphonse VI de Léon, Galice, Portugal et Castille ont échu trois des quatre couronnes de chacun de ses quatre royaux grands-parents : le Léon, la Galice (qui avait la dignité de royaume), la Castille (qui avait la dignité de comté), le Portugal, et la Navarre, aussi un royaume. À noter toutefois qu'Alphonse avait partagé ces couronnes comtales et royales avec ses frères, les rois García II de Galice (qui conquit le Portugal à son dernier comte-souverain Nuno Mendes en 1078 (bataille de Pedroso) et s'appela après roi de Galice et de Portugal), et Sanche II, roi de Castille. Pour s'approprier les couronnes de ses frères, il dut lutter contre eux, tuant l'un et faisant prisonnier à vie l'autre, que certains disent avoir été assassiné par empoisonnement.
Le partage des couronnes, comme fiefs personnels, sera pratique courante aux royaumes de Léon et de Castille (mais pas au Portugal) jusqu'au XIVe siècle. Les infants cadets de Portugal continueront de porter officiellement le titre de roi et de reines de Portugal, selon l'usage du droit germanique des Suèves et des Wisigoths, jusqu'à Alphonse II. Les infantes-reines, tout comme leurs frères les infants-rois, étaient appelées à signer et confirmer les papiers royaux officiels, comme héritières de la couronne portugaise en cas de décès de leurs frères. Elles n'ont pu se marier qu'après la succession mâle bien établie, car elles ont toujours gardé leur droit de succéder à la monarchie issu de leur arrière-grand-mère Thérèse de Portugal.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Mattoso, José, D. Afonso Henriques, Círculo de Leitores e Centro de Estudos dos Povos e Culturas de Expressão Portuguesa, 1re ed., Lisbonne, 2006.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (pt) São Payo, Luís de Mello Vaz de, A Herança Genética de D. Afonso Henrique, Centro de Estudos de Família da Universidade Moderna do Porto, 2002.
- Maria do Rosário Ferreira, « L’action culturelle de la reine Teresa du Portugal », e-Spania. Revue interdisciplinaire d’études hispaniques médiévales et modernes, no 24, (ISSN 1951-6169, DOI 10.4000/e-spania.25777, lire en ligne).