Trouveresse
Une trouveresse (féminin de trouvère) est une poétesse et compositrice de langue d'oïl au Moyen Âge.
Histoire
[modifier | modifier le code]Dans l'histoire de la musique occidentale, les chants des trouveresses et des trobairitz sont les plus anciennes sources écrites de musique profane composée par des femmes[1].
En Provence, les trobairitz exerçaient conjointement avec les troubadours mais, si ces derniers pouvaient appartenir à différentes couches sociales de la population, les trobairitz étaient généralement issues de la noblesse[2]. Pour la période allant de 1150 à 1250, une vingtaine de noms de ces poétesses compositrices est connu, le plus célèbre alors semblant être la comtesse de Die, dont une chanson nous est parvenue avec sa mélodie : A chantar m'er de so qu'ieu non volria[2].
Si dans l'aire linguistique allemande aucun nom de Minnesängerin ne s'est transmis[3], dans le Nord de la France les trouveresses, parallèlement à leurs collègues masculins, exerçaient des activités de poétesses, compositrices et musiciennes[4]. Parmi les plus renommées figurent par exemple Maroie de Dregnau de Lille, Dame Margot, Dame de Fayel ou Agnès de Navarre-Champagne, comtesse de Foix[3].
Quelques trouveresses
[modifier | modifier le code]- Agnès de Navarre-Champagne, dame de Foix[5]
- Agnès de Bragelongne (vivant sous Philippe-Auguste) qui dans le “poëme de Gabrielle de Vergy” utilise pour la première fois rimes masculines et féminines en alternance[6]
- Doete de Troyes
- Marguerite de Champagne, duchesse de Lorraine (1244-1306)[7] : "par maintes fois aurai esteit requise" (un planh ou plainte funèbre)[8] et une aubette (chanson d'aube) “Un petit devant lo jor”
- Marie de France (fl. 1160-1210)[9]
- Maroie de Diergnau (de Diergnau ou Dregnan (Lille) : "Mout m'abelist quant je voi revenir..."[10],[11] ; avec Dame Margot, elle a écrit un jeu parti : "Je vous pri, Dame Maroie"[12],[13],[14]
- Muse an Borse : "Fine amors m'aprent à chanter"[15], "Le tens d'esté et mais et violette"[16]
- Nicole de Margival, du XIVe siècle : "Les trois morts et les trois vifs"[17] ; "Le dit de la panthère d'amour"[18]
- Rose de Créqui, Rose d'Estrées et Flore de Rose[19] : ces trois sont sujettes à caution, car rattachées à Barbe de Verrue qui serait une écrivaine fictive.
- Sainte des Prés (ou des Prez)[20],[21]
- Dame de la Chaucie a écrit un jeu parti avec Sainte des Prez : "Que ferai-je, dame de la Chaucie ?"[12]
- La dame du Fayel ; plus connue de par le Roman du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel, on lui attribue "Chanterai por mon corage"[22] ; cependant selon les sources, la dame du Fayel serait une auteure fictive, et cette chanson serait de Guyot de Dijon[23],[24].
- La dame de Gosnay[25]
Discographie
[modifier | modifier le code]- Ensemble Perceval, La chanson d'ami : chansons de femmes XII et XIII siècles (Arion, 1994)[26].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Roster 1998, p. 31.
- Roster 1998, p. 29.
- Roster 1998, p. 30.
- Roster 1998, p. 29-30.
- Poésies sur Gallica
- Chefs-d'œuvre poétiques des dames françaises
- « Duchesse de Lorraine (poètesse, 12..-12.. ) », sur data.bnf.fr (consulté le )
- [1].
- « https://www.cairn.info/revue-de-la-bibliotheque-nationale-de-france-2011-3-page-6.htm#re13no13 »
- [2]
- les trouvères cambrésiens.
- [3]
- Mélanges Chabaneau : dans les pages qui précèdent, écrites en allemand, l'auteur différencie Sainte des Prez et Dame de la Chaucie de Maroie de Dregnan et Margot
- Fabienne Gégou, Cahiers de civilisation médiévale, 1998 Volume 41
- Gaston Raynaud Bibliographie des chansonniers français des 13e et 14e siècles (1884).
- Gaston Raynaud Bibliographie des chansonniers français des 13e et 14e siècles (1884)
- Les trois morts...
- Le dit de la panthère...
- Chefs-d'œuvre poétiques des dames françaises
- Chefs-d'œuvre poétiques des dames françaises
- Page 587, recueil de l'origine de la langue et poésie françoise, Paul Fauchet
- Chanterai por...
- Bibliographie des chansonniers français des 13e et 14e siècles, Table des auteurs
- La notice complète de la BNF pour le Chansonnier Cangé donne comme auteur de « Chanterai por mon corage » Guyot de Dijon, ou La dame du Fayel
- [4]
- https://www.deezer.com/fr/album/731338.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Danielle Roster (trad. de l'allemand par Denise Modigliani), Les femmes et la création musicale : Les compositrices européennes du Moyen Âge au milieu du XXe siècle, Paris, L'Harmattan, coll. « Bibliothèque du féminisme », , 350 p. (ISBN 2-7384-6565-X, lire en ligne)
- Anne Paupert, La poésie au féminin en langue d’oïl avant Christine de Pizan la voix des troveresses, Université Paris Diderot (lire en ligne) à consulter pour, entre autres, les attributions de ces écrits ; en effet les manuscrits sont anciens, et certaines sources divergent.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]