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référence courte{{sfn|Arlaut|p=42}} --Ceci est une référence courte[1] etc.

{{ouvrage|nom1=Arlaut|titre=La joie de créer|année=1997|id=Arlaut}}, id= indispensable pour lien

Bonjour (pour Discussion_utilisateur:Masque-sur-Mesure)

Intéressés par ceci, à 01:21, nous voudrions que vous nous contactiez via cela notamment à cause de ça, merci. — W. — 3 juin 2015 à 01:11 (CEST).

Raymond Aron « J'ai su mais je ne l'ai pas cru. Et puisque je ne l'ai pas cru, je ne l'ai pas su »

Karski (??) : « Ce qui est arrivé aux Juifs (pendant la guerre) est unique. Une telle chose ne s'était jamais produite dans l'histoire. Il y avait eu des pogroms, des persécutions, des discriminations, mais pas l'éradication physique, et scientifique, d'une nation entière. Et quand je considère aujourd'hui mon activité d'il y a 50 ans, (je comprends que) pour beaucoup de gens c'était difficile à croire. Parce que c'était absolument sans précédent dans l'histoire humaine. »

“The Jewish experience was unique in history. Such a thing never happened in history. There were pogroms, persecution, discrimination, but not scientific extinction of an entire nation, physical extinction. And as I look now at my activities of 50 years ago, it was difficult to believe for many people. Because it was so unprecedented in human history.”

Karski (??) : « Il est difficile d'exprimer la réalité de l'Holocauste dans les arts. Il y a même un danger à le faire. Spielberg—on a eu de la chance avec lui, il a fait un grand film. Maintenant d'autres pourront suivre son exemple et être kitsch, feront de mauvais films. Cependant, jusqu'à maintenant, pour moi, le plus grand film sur l'Holocauste est Shoah de Lanzmann. »

“It is difficult to express in arts the reality of the Holocaust. There is even a danger in it. Spielberg — humanity’s lucky with him, he made a great film. But others may now follow his example and will make kitsches, will make bad films. But so far, for me, the greatest film made on the Holocaust was Lanzmann’s Shoah.”

Karski (??) : « Des étudiants me demandent parfois, Professeur Karski, un autre Holocauste est-il possible? Et je réponds toujours — Non, impossible. — Est-ce parce que l'humanité a changé ? — Non, l'humanité n'a pas changé. — Nous savons ce qui se passe actuellement en Bosnie ou en Somalie ou en Ethiopie. Pourquoi un Holocauste est-il impossible ? — Parce qu'aujourd'hui il y a Israël. »

And some students ask me, Professor Karski, is another Holocaust possible? And I always answer no, impossible. Is it because humanity changed? No, humanity did not change. We know what happens now in Bosnia or Somalia or Ethiopia. Holocaust is impossible…why? Because today there is Israel.

Dans sa préface, Lanzmann dit que le livre de Filip_Müller, Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz « répond à tous ceux qui, érigeant leur ignorance, leur refus de s’informer, leur mauvaise foi et leur antisémitisme masqué en motifs de méfiance "révisionniste", posent aujourd’hui avec des ricanements d’esprits forts la question du "comment" de ce "pourquoi", autrement dit celle de la possibilité technique d’un pareil massacre de masse. N’ayant pas le courage de proclamer carrément : "tout ceci est une fable", et sous couvert d’investigation scientifico-matérialiste, ils s’attaquent à ce qu’ils croient être le maillon faible de la chaîne – la technique – pour jeter le doute sur la réalité de l’extermination. Là-dessus cent mille livres déjà, qu’ils n’ont pas lus, avaient pourtant été écrits, la littérature holocaustienne, abyssale comme l’Holocauste lui-même, présentait les preuves les plus irréfutables : les archives intactes de la bureaucratie nazie, celles de Korrherr, le statisticien personnel de Himmler, les factures, les bons de commande, les noms des firmes qui construisirent les installations de mort, qui livrèrent par tonnes les cristaux de gaz Zyklon B, les quarante-deux volumes des procès de Nuremberg, les actes des centaines de procès qui suivirent, ceux du procès Eichmann, les confessions des tueurs ou les mémoires des survivants, pour ne rien dire de l’admirable et colossale historiographie américaine et israélienne auprès de laquelle la française fait figure d’abécédaire. J’en passe. Mais puisqu’il faut parler technique...» .

Je ne sais si vous être un négationniste militant, ou seulement malade de la dyslogique du petit détail qui fait perdre la raison, mais pour ce dernier cas je vous offre cette citation.

Si la mission de Karski eut une grande valeur historique pour faire connaître en 1942 la Shoah, l'historiographie possède aujourd'hui beaucoup plus de témoignages et une infinité de documents plus probants que les ch. 29 et 30 de son livre[C 1]


  1. Arlaut, p. 42.

Citations, Notes et Références

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  1. « La littérature holocaustienne, abyssale comme l’Holocauste lui-même, présent(e) les preuves les plus irréfutables : les archives intactes de la bureaucratie nazie, celles de Korrherr, le statisticien personnel de Himmler, les factures, les bons de commande, les noms des firmes qui construisirent les installations de mort, qui livrèrent par tonnes les cristaux de gaz Zyklon B, les quarante-deux volumes des procès de Nuremberg, les actes des centaines de procès qui suivirent, ceux du procès Eichmann, les confessions des tueurs ou les mémoires des survivants, pour ne rien dire de l’admirable et colossale historiographie américaine et israélienne auprès de laquelle la française fait figure d’abécédaire » (Claude Lanzmann, préface au livre de Filip Müller, Trois ans dans une chambre à gaz d'Auschwitz.

Références

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ex page Karski - TEXTE ANTERIEUR

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Karski échappe à Katyn

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En 1939, ce jeune catholique est employé au ministère polonais des Affaires étrangères, où de brillants débuts semblent lui promettre une belle carrière diplomatique[1]. Durant la campagne de septembre 1939, il est fait prisonnier par les Soviétiques. Dissimulant sa qualité d'officier, il obtient d'être remis aux mains des Allemands dans le cadre d'un échange de simples soldats polonais entre l'Allemagne et l'URSS. Il échappe ainsi à l'élimination de l'élite polonaise à laquelle se livre l'URSS et dont le massacre de Katyń est l'épisode le plus connu[2].

Activités de résistance dans l'Europe continentale

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En novembre 1939, il réussit à s'évader d'un transport de prisonniers, arrive à Varsovie et rejoint la Résistance, au sein de laquelle son frère aîné Marian, qui était chef de la police de Varsovie, joue déjà un rôle important. À partir de janvier 1940, Jan Karski prend part aux missions de liaison avec le gouvernement polonais en exil à Angers en France.

Le rapport de 1940 sur les territoires occupés par l'URSS

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À la demande de Stanisław Kot, ministre de l'Intérieur du gouvernement en exil, Karski remet en février 1940 des rapports sur la situation en Pologne. La femme de Kot était juive, et il lui avait dit être inquiet pour sa famille restée en Pologne[3].

Un des rapports de Karski est intitulé « La situation des Juifs dans les territoires occupés par l'URSS ». Karski y écrit que, grâce à leur capacité d'adaptation, les Juifs sont devenus florissants dans les territoires en question; ils ont conquis des postes-clés dans les cellules politiques et sont largement représentés dans divers secteurs, principalement le commerce; mais par-dessus tout, ils pratiquent l'usure, l'exploitation, le commerce illégal, la contrebande, le trafic des devises et des spiritueux, le proxénétisme et l'approvisionnement de l'armée d'occupation; la population polonaise les voit comme des alliés enthousiastes de l'envahisseur communiste et Karski pense que c'est une vue juste, mais l'attitude des Juifs, particulièrement celle de Juifs de condition modeste, lui semble compréhensible, vu les avanies qu'ils avaient subies de la part des Polonais; il considère cependant comme indéfendables les nombreux actes de délation commis par des Juifs, parfois membres de la police, contre des étudiants polonais nationalistes ou contre des Polonais notables, ainsi que le tableau calomnieux qu'ils peignent des relations entre Polonais et Juifs dans la Pologne d'avant la guerre; ces conduites sont malheureusement plus fréquentes chez les Juifs que les preuves de loyalisme envers la Pologne[4].

Les deux rapports contradictoires de 1940 sur les territoires occupés par l'Allemagne

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Karski rédige aussi un rapport sur le sort des Juifs dans les territoires polonais occupés par les Allemands. Selon ce rapport, une grande partie de la population polonaise se réjouit de la façon dont les Allemands débarrassent la Pologne des Juifs. Karski joint cependant à ce rapport une version, destinée à la propagande, où l'hostilité des Polonais envers les Juifs est remplacée par un sentiment croissant de solidarité[5].

Propagande noire

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Fait prisonnier par la Gestapo en Slovaquie en juin 1940 et terriblement torturé (il tente de se suicider), il s'échappe de l'hôpital de Nowy Sącz avec l'aide de la Résistance. En 1941, dans le cadre de l'Action N (en), il fait imprimer et distribuer aux soldats allemands des tracts rédigés en allemand, qui sont de la "propagande noire"[6],[7]. Il participe ensuite aux activités du Bureau d'information et de propagande (en) de l'Armée secrète, où sa tâche est d'abord d'analyser les publications des divers groupes résistants, puis les émissions des radios alliées et neutres[8].

Mission à l'Ouest

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En Angleterre

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En , il part en mission, sous l'identité d'un travailleur français de Varsovie, traversant l'Allemagne, la France, l'Espagne, pour gagner Londres via Gibraltar. Il est chargé par la Résistance polonaise de transmettre au Gouvernement polonais en exil et à son Premier ministre, le général Władysław Sikorski, ainsi qu'aux représentants des partis politiques polonais en exil, des comptes-rendus de la situation en Pologne.

Il arrive à Londres le 25 novembre 1942. Les microfilms[9] qu'il transportait, acheminés par une autre voie[10], l'avaient précédés de dix jours. Ces microfilms contenaient des informations sur le déroulement de l'extermination des Juifs en Pologne occupée, et sur la base de ces écrits le Gouvernement polonais à Londres transmit aux Gouvernements Alliés, entre fin novembre et début , un des rapports les plus précoces, précis et accablants sur l'extermination des Juifs en Pologne occupée par l'Allemagne nazie[11], rapport à la suite duquel, le , les Alliés dont la France libre, publièrent une déclaration commune condamnant la mise en application des intentions d'Hitler concernant l'extermination des Juifs d'Europe[12]. En 2014, toutefois, W. Rappak[13] a noté qu'il n'y a pas de preuve documentaire de l'existence d'informations sur les Juifs dans le « courrier » acheminé par Karski. D'ailleurs, quand il arrive à Londres, Karski remet à Sikorski un long rapport où il n'y a pas un mot sur le sort des Juifs[14].

Lors de ce voyage à l'Ouest, Karski raconte que, peu avant son départ, il était entré clandestinement dans le ghetto de Varsovie et dans un camp d'extermination afin de pouvoir témoigner plus tard[15]. Les informations qu'on a sur sa visite au camp reposent toutes sur ses propres témoignages. C'est le cas, par exemple, d'un passage du livre de Jan Nowak[16]. Karski disait, au départ, que le camp d'extermination dans lequel il avait pénétré était celui de Belzec, mais les descriptions qu'il donnait de ce qu'il croyait être Belzec ne correspondaient pas avec ce que l'on en sait[17]. D'après ses biographes, E. Thomas Wood et M. Jankowski, il s'agirait en fait du camp de tri proche d'Izbica Lubelska (en)[18],[17]. Plusieurs historiens ont accepté cette théorie, ainsi que Karski lui-même. Karski disait aussi que pour pénétrer dans le camp, il avait endossé l'uniforme d'un gardien estonien et avait été accompagné par un autre gardien, estonien lui aussi. Ce point ayant soulevé des critiques, il parlera plus tard de gardiens ukrainiens[19].

Sa mission le conduit d'abord en Grande-Bretagne, où il rencontre notamment le ministre britannique des Affaires étrangères, Anthony Eden, et Lord Selborne, ministre chargé du Special Operations Executive (SOE). Karski a raconté qu'après avoir écouté la relation de ses visites au ghetto de Varsovie et au camp de Belzec, Lord Selborne lui dit : « Monsieur Karski, pendant la Première Guerre mondiale, nous avons lancé de la propagande selon laquelle des soldats allemands écrasaient les têtes de bébés belges contre les murs. Je pense que nous faisions un bon travail. Nous devions affaiblir le moral allemand, soulever l'hostilité contre l'Allemagne. C'était une guerre très sanglante. Nous savions que cette histoire était fausse. Parlez de ce qui vous préoccupe, délivrez votre message. Efforcez-vous d'indigner l'opinion publique. Je veux que vous sachiez que vous contribuez à la cause des Alliés. Nous avons besoin de cette sorte de rapports. Votre mission est très importante. » Karski ajoute : « Il me disait clairement : 'Monsieur Karski, vous savez et je sais que votre récit n'est pas vrai[20].' »

Aux États-Unis

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Karski se rend ensuite aux États-Unis.

Comme en Grande-Bretagne, il y rencontre des leaders de la communauté juive. C'est ainsi que Jan Ciechanowski, ambassadeur du gouvernement polonais en exil, obtient que Karski ait, le 5 juillet 1943, un entretien à l'ambassade avec Felix Frankfurter, juge à la Cour suprême des États-Unis et lui-même juif. Frankfurter, qui avait quelques mois auparavant réagi de façon cavalière à des récits d'atrocités nazies qui lui étaient présentés par Nahum Goldmann (il avait immédiatement parlé d'autre chose[21]), dit après avoir écouté l'histoire de Karski : « Monsieur Karski, un homme comme moi parlant à un homme comme vous doit être tout à fait franc. Je dois donc vous dire que je suis incapable de vous croire. » L'ambassadeur ayant protesté contre ce qu'il perçoit comme une accusation de mensonge et un outrage au gouvernement polonais en exil, Frankfurter répond : « M. l'ambassadeur, je n'ai pas dit que ce jeune homme mentait. J'ai dit que je suis incapable de le croire. Ce n'est pas la même chose. » (« Mr. Ambassador, I did not say this young man is lying. I said I am unable to believe him. There is a difference[22],[23]. »).

Wood et Jankowski, biographes de Karski, conjecturent que c'est à cause de l'incrédulité de Frankfurter que Karski, comme cela semble bien résulter des archives et de ses propres souvenirs, évita de mentionner ses constatations oculaires dans les entretiens qu'il eut par la suite avec des représentants du gouvernement américain. Il observe par exemple ce silence au cours d'une audience qui lui est accordée le 28 juillet 1943 par le président Franklin Delano Roosevelt et où il évoque les atrocités nazies contre les Juifs sans se présenter comme témoin direct. En revanche, il fera encore état de ses expériences personnelles lors de rencontres avec des dirigeants juifs[24].

Le général Sikorski transmet[Quand ?] aux gouvernements britannique et américain plusieurs éléments des rapports et informations apportés par Karski, dont l'extermination des Juifs européens en Pologne, information qui est aussi communiquée à divers politiques, évêques et personnalités, mais se heurte à l'incrédulité. Cependant Paul Bouchon rend compte de cette information dans l'émission radiophonique Les Français parlent aux Français du [25].

Le livre de 1944

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En 1944, Karski écrit Story of a Secret State (Histoire d'un État secret)[26], livre consacré à l'État clandestin polonais et à la résistance polonaise, une des plus importantes, sinon la plus importante, en Europe. L'agent d'édition de ce livre est Emery Reves, connu aussi pour avoir édité le livre suspect Hitler m'a dit de Hermann Rauschning et le livre I paid Hitler, de Fritz Thyssen, auquel il semble avoir ajouté des éléments qui ne provenaient pas de Thyssen. Reves interdit à Karski toute critique envers l'URSS, s'arroge le droit de rendre le texte plus attrayant et exige la moitié des droits d'auteur[27].

Selon E.T. Wood et S.M. Jankowski, biographes de Karski, Story of a Secret State est une source valable, mais souvent non fiable : des raisons de sécurité (la guerre n'était pas finie quand le livre parut) ont obligé Karski à y inclure une quantité appréciable de désinformation; des considérations diplomatiques lui interdisaient de divulguer certains de ses contacts à Londres et à Washington; enfin, pour les besoins de la propagande du gouvernement polonais en exil et dans l'intérêt financier de l'éditeur du livre, il a été fait usage de « licences dramatiques[28] ».


Carrière aux États-Unis après la guerre

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Après la guerre, Karski enseigne les sciences politiques et plus précisément les relations internationales à l'université de Georgetown à Washington. Il s'engage aussi dans le combat contre le second totalitarisme qu'il a connu : le communisme soviétique. En 1954, il est naturalisé américain.

À partir de la fin des années 1970, son témoignage est à nouveau sollicité et il est souvent amené à parler de la guerre et de la Shoah[29]. Walter Laqueur le cite dans son livre Le terrifiant secret. La « solution finale » et l'information étouffée (1980)[30]. Laqueur avait également rencontré Gerard Riegner, du Congrès juif mondial, qui avait envoyé le un télégramme au Foreign Office l'informant des mesures prises par Hitler dans le cadre de la « Solution finale »[31].

En 1981, lors de la « Conférence Internationale des Libérateurs » à Washington, Karski revient sur sa propre expérience de témoin du génocide commis par les nazis[29].

En 1994 une biographie, Karski : How One Man Tried to Stop the Holocaust, lui a été consacrée, écrite par Thomas Wood et Stanislaw M. Jankowski[18],[29].

En 1999, un an avant sa mort survenue le , a été enfin publiée une édition polonaise de son livre, dans laquelle des précisions sont apportées, notamment sur l'identité des personnes dont le nom avait dû être codé.

En 1982, il a été reconnu Juste parmi les nations et, en 1994, fait citoyen d'honneur de l'État d'Israël[32].

Interview pour le film Shoah

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Jan Karski fait partie des témoins interrogés par Claude Lanzmann dans le film Shoah paru en 1985. Le réalisateur y diffuse une partie de l'entretien qu'il a eu avec lui, chez Karski, pendant deux jours, en octobre 1978, sans inclure la partie de son témoignage relatif à sa mission d'information des Alliés au nom de la Résistance polonaise, ni sa visite du camp d'extermination près de Belzec. Karski y relate ses rencontres cauchemardesques dans le ghetto de Varosvie et les missions que lui avaient confiées deux responsables juifs polonais, l’un appartenant à la tendance sioniste et l’autre au Bund. On lui demandait d'informer le plus grand nombre de dirigeants politiques et de personnalités juives à travers le monde de l’horreur qu'étaient en train de vivre les Juifs, et de convaincre les Alliés de « faire savoir à la population allemande que des bombardements de représailles [seraient] effectués si l'extermination n'[était] pas interrompue ». Il relate précisément ses deux visites dans le ghetto, étant entré par les caves d’un immeuble qui donnait à la fois dans le ghetto et dans la ville, en compagnie du responsable du Bund, qui lui avait proposé de faire cette visite, pour rendre son témoignage plus convaincant.

Il déclare notamment dans son récit :

« Je n’étais pas préparé à ce que j’ai vu, personne n’avait écrit sur une pareille réalité, je n’avais vu aucune pièce, aucun film [...] je savais que des gens mouraient, mais ce n’était pour moi, que des statistiques.

« Ce n’était pas l’humanité, on me disait qu’ils étaient des êtres humains, mais ils ne ressemblaient pas à des êtres humains, ce n’était pas le monde, je n’appartenais pas à cela. C’était une sorte d’enfer, les rues étaient sales, crasseuses, et pleines de gens squelettiques, la puanteur vous suffoquait, il régnait de la tension, de la folie dans ce lieu. Des mères allaitaient leurs bébés dans la rue, alors qu’elles n’avaient pas de seins. Les dépouilles étaient déposées, nues, à même le sol, car les familles n’avaient pas les moyens pour leur payer une sépulture, chaque haillon comptait dans ce lieu, tout s’échangeait, tout se vendait pour survivre, et de ce fait, les dépouilles étaient laissées sur le trottoir, en attendant d’être ramassées par un service spécial. Et, marchant à côté du responsable du Bund, qui avait changé d’allure dans sa façon de se mouvoir, le dos courbé, pour se fondre dans la masse et ne pas se faire remarquer, il m’arrivait de lui demander ce qu’il arrivait à tel ou tel Juif, debout, immobile, les yeux hagards, il me répondait toujours, ils se meurent, souvenez-vous, ils se meurent, dites-leur là-bas [...] »

Par la suite, tout en saluant la qualité et la cohérence du film de Lanzmann (« sans aucun doute le plus grand film qui ait été fait sur la tragédie des Juifs »[33]), Karski regrettera que les passages de leur entretien sur le rôle des Polonais dans l'aide aux Juifs n'aient pas pu être diffusés, car « cette limitation rigoureuse du sujet du film donne l'impression que les Juifs ont été abandonnés par l'humanité entière devenue insensible à leur sort. Cela est inexact et, de surcroît, déprimant »[33]. — Cependant, suite à la publication d'un roman contestable et pour rétablir la vérité[34], Lanzmann eut à cœur de monter un autre film, Le rapport Karski, plus de 40 min de l'interview de Karski en 1978, notamment la partie haute en couleur de son entretien avec Roosevelt[35], et celle bouleversante de son entretien avec le Chief Justice Frankfurter.

Contestations

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Le témoignage de Karski, dont le livre est paru en 1944, lorsque la guerre mondiale faisait encore ragea été mis en doute par trois catégories d'intervenants. D'abord par la propagande de Staline, que toute manifestation du patriotisme polonais gênait. – Ensuite par des historiens contestant des détails, parfois effectivement erronés (comme le camp d'extermination visité, qui était celui d'lzbica Lubelska, sur la route de Belzec, et non le camp de Belzec), ou parfois volontairement transposés pour raison diplomatique (nationalité ukrainienne, et non estonienne, du garde qui l'accompagne dans ce camp[36]) ou de prudence (modification des noms de personnes pouvant, en 1944, être menacées). – Enfin par une sorte d'agacement que l'évocation de la Shoah parfois génère, quoique Karsi disait nettement que l'extermination des Juifs de Pologne et d'Europe par Hitler n'était pas la seule, ni même la principale de ses préoccupations[37].

Réserves de Raul Hilberg

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Raul Hilberg, auteur du monumental La Destruction des Juifs d'Europe qui, de façon générale, est réticent à utiliser des témoignages dans ses ouvrages historiques[38], a exprimé les réserves suivantes sur le témoignage de Jan Karski.

En 1986, il déclarait : « Je ne mettrais pas son nom comme référence dans l'un de mes livres »[39].

En 1992, dans son livre Exécuteurs, victimes, témoins, il relevait comme peu vraisemblable la nationalité "estonienne" du gardien dont Karski avait emprunté l'uniforme et de celui qui l'avait accompagné dans le camp[40], car la seule nationalité attestée des gardes non allemands de Belzec était ukrainienne. Il notait aussi que, contrairement à ce que disait Karski, les Juifs détenus à Belzec ne provenaient pas de Varsovie et ne quittaient pas le camp dans des trains où ils devaient mourir, mais étaient tués dans les chambres à gaz du camp[41].

Cependant ces divergences de détail sont peu nombreuses (deux principales : 1) camp sur la route de Belzec et non de Belzec ; 2) gardes ukrainiens et non estoniens) et il en advient souvent entre les récits de témoins pris dans l'action et les recherches subséquentes d'historiens. Des solutions à ces difficultés ont été proposées dans la biographie de Karski parue en 1992[42], et dans l'édition polonaise de son livre en 1999[43], que les notes des rééditions françaises détaillent précisément[44]. — Il est à remarquer que Hilberg n'apporte pas de preuve mais suggère seulement, et avec beaucoup de peut-être, qu'il pourrait s'agir d' « ajouts à ce dont il avait eu personnellement connaissance (visant) peut-être à retenir l'attention et mobiliser les consciences de tous ceux à qui il parla. Il crut peut-être que ce renchérissement était justifié, et peut-être refusa-t-il d'y voir une forme de contamination. »[17] [45]

Arlaut, La joie de créer, , suivi de blabla --{{ouvrage|nom1=Arlaut|titre=La joie de créer|année=1997}}, suivi de blabla

Notes et références

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  1. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 11 ; aperçu sur GoogleBook.
  2. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 18-19.
  3. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 46.
  4. Tadeusz Piotrowski (en), Poland's Holocaust: Ethnic Strife, Collaboration with Occupying Forces and Genocide in the Second Republic, 1918-1947, McFarland, 1998, p. 52, partiellement consultable sur Google Livres. Une description précise du contenu de ce rapport de Karski a été publiée pour la première fois par David Engel, « An Early Account of Polish Jewry under Nazi and Soviet Occupation Presented to the Polish Govemment-in-Exile, February 1940 », Jewish Social Studies, Vol. XLV, no. 1 (1983), p. 1-16.
  5. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 47-48, partiellement consultable sur Google Livres.
  6. Walter Laqueur, The Terrible Secret, réédition, H. Holt, New York, 1998, p. 230. Dans la traduction française (W. Laqueur, Le Terrifiant secret, Gallimard, 1981, p. 278), les mots « black propaganda » de Laqueur sont rendus par « campagne de démoralisation ».
  7. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 81-83.
  8. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 86-88. La traduction « Bureau d'information et de propagande » est conforme à Jan Karski, Mon témoignage devant le monde, édition française de 2010, note 2 du chapitre XXIII, p. 545.
  9. Dans son livre de 1944, Karki évoque plusieurs fois ces microfilms. Ch. 28. « Les documents que je devais transporter en Angleterre seraient microfilmés... plus d’un millier de pages sur microfilms... Le sténogramme de la séance fut ensuite transposé en langage codé et microfilmé ». Ch. 31. « ...le film remarquablement dissimulé dans le manche de mon rasoir... Je laissai à la consigne la valise contenant le rasoir et le film ». Déjà en 1940 il passe un microfilm avec 36 pages photocopiées, cause des tortures que la Gestapo lui inflige (ch. 12). — David Engel commet donc une erreur quand il affirme que « Karski n'a jamais mentionné ce microfilm avant... 1987 » (Facing a Holocaust..., UNC Press Books, 1993, p. 200, en fin de note 43; aperçu sur Google Livres).
  10. Rappak, Wojtek; : « Les documents emportés par Karski furent remis à un agent polonais à Paris, qui les expédia à Londres où ils arrivèrent vers le 14 novembre. » — Information similaire dans Mon témoignage, Laffont 2010, aux premières notes du ch. 32. Et dans Karski de Wood et Jankowski, p. 160-164.
  11. Note adressée aux gouvernements alliés par le ministre polonais des Affaires étrangères, Edward Raczyński, le 10 décembre 1942, intitulée « The mass extermination of Jews in German occupied Poland, Note addressed to the Governments of the United Nations on December 10th 1942 », publiée ensuite (dès le 30 décembre 1942) par le ministère polonais des Affaires étrangères à l'attention du grand public, sous forme d'une brochure, consultable sous le lien http://www.projectinposterum.org/docs/mass_extermination.htm
  12. (en) « Allies condemn nazi bestial policy of exterminating Jews », The Daily Times, 17 décembre 1942, sur news.google.com.
  13. Wojtek Rappak, „Raport Karskiego” – kontrowersje i interpretacje (The “Karski Report” – Controversies and Interpretations), Holocaust. Studies and Materials, octobre 2014, sommaire en ligne sur le site CEEOL.
  14. David Engel, Facing a Holocaust (...), UNC Press Books, 1993, p. 200, note 43, partiellement consultable sur Google Livres. D. Engel renvoie au document HIA - Karski, Box 1, des archives de la Hoover Institution.
  15. Voir ses récits aux chapitres XXIX (ghetto) et XXX (camp) de son livre.
  16. Jan Nowak, Courrier de Varsovie, collection « Témoins », Gallimard, 1983 (ISBN 2-07-070011-9), passage cité dans l'article Jan Nowak.
  17. a b et c Raul Hilberg (trad. Marie-France de Paloméra), Holocauste : les sources de l'histoire, Paris, Éditions Gallimard, coll. « NRF Essais », , 234 p. (ISBN 9782070761999), p. 197-198
  18. a et b E. Thomas Wood et M. Jankowski, Karski : How One Man Tried to Stop the Holocaust, Wiley, 1994
  19. Dans la version initiale de son livre Mon témoignage devant le monde, Jan Karski avait écrit que le gardien dont il avait emprunté l'uniforme et le gardien qui l'avait accompagné au camp étaient estoniens. Il disait encore la même chose, quant à l'accompagnateur, lors de son interview par Claude Lanzmann en octobre 1978 (transcription de l'interview, p. 30, en ligne sur le site de l'United States Holocaust Memorial Museum) et, quant au propriétaire de l'uniforme, dans un entretien de 1979 avec Walter Laqueur (Walter Laqueur, Le Terrifiant secret, Gallimard, 1981, p. 279). En 1992, Raul Hilberg releva cette affirmation comme peu vraisemblable, la seule nationalité attestée de gardes non allemands de Belzec étant la nationalié ukrainienne (Raul Hilberg, Perpetrators (...), 1992, traduction française Exécuteurs, victimes, témoins, Gallimard, 1994, rééd. 2001, p. 249). Karski a alors expliqué, dans une interview de 1993 avec ses biographes Wood et Jankowski, qu'il avait dit « estonien » au lieu d' « ukrainien » pour un motif de sécurité. (E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 269, seconde note sur la page 111.)
  20. Transcription d'une interview de Karski avec Claude Lanzmann, p. 62-63, présentation et texte sur le site de l'United States Holocaust Memorial Museum.
  21. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 167-168.
  22. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 168, qui renvoient, p. 281, à des entretiens qu'ils ont eus avec Karski en 1987 et en 1992. Ils signalent que la conversation de Karski avec Frankfurter n'est pas mentionnée dans le journal de Frankfurter, mais que ce journal est lacunaire et que Frankfurter le traita (« edited ») avant de le léguer à la bibliothèque du Congrès. Ils considèrent que la scène eut lieu dans la nuit du 5 au 6 juillet 1943, vers une heure du matin, après un dîner à l'ambassade auquel Fankfurter participa avec deux autres Juifs : Ben Cohen et Oscar Cox, lequel a rendu compte de ce dîner dans un mémorandum. Selon le récit de Wood et Jankowski, Karski, au cours du dîner, ne parla qu'en passant de ce qu'il avait vu lui-même, mais Frankfurter s'attarda après les autres invités et l'interrogea sur ses constatations oculaires.
  23. Interview de Karski par Claude Lanzmann en octobre 1978, transcription de l'interview, p. 60-61, en ligne sur le site de l'United States Holocaust Memorial Museum. Contrairement au récit de Wood et Jankowski, Karski place ici la conversation avec Frankfurter après l'audience de Roosevelt, il dit que la scène se passa dans la matinée (entre breakfast et lunch) et il donne l'impression qu'à aucun moment, ce jour-là, Frankfurter ne fut en compagnie d'autres invités.
  24. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 168-169.
  25. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Les voix de la liberté, vol. 3 : « La fin du commencement, 8 novembre 1942-9 juillet 1943 », La Documentation française, , p. 207-208.
  26. My Report to the World (Mon rapport pour le monde) est ajouté au titre en 2011 pour l'édition anglaise (Penguin) et en 2013 pour la réédition américaine (voir Library of Congress Catalog). En france, dès 1948 la traduction met en avant le titre du dernier chapitre (Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État secret). — Réédité fidèlement en 2012 par Penguin Classics, mais avec des additions apportées par Karski dans l'édition polonaise de 1999 (voir p. vii). Une nouvelle traduction française a été publiée chez Robert Laffont en 2010, sous le titre Mon témoignage devant le monde, Histoire d'un État clandestin, accompagné de notes explicatives pour le lecteur français. Dans cette traduction française, le contenu du texte a parfois été modifié compte tenu de rétractations tardives de Karski. Voir par exemple note 3 sur le chapitre XXX, p. 562.
  27. Céline Gervais-Francelle, Introduction à l'édition française de 2010 du livre de Jan Karski, sous le titre Mon témoignage devant le monde, p. 19.
  28. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 256.
  29. a b et c A. Gauvin, « Entretien avec Tom Wood, biographe de Jan Karski », sur pileface.com, Philippe Sollers, (consulté le )
  30. Traduit en français la même année chez Gallimard, collection « Témoins ».
  31. Le terrifiant secret – La solution finale et l’information étouffée de Walter Laqueur, présentation de l'éditeur.
  32. Jan Karki, Mon témoignage devant le monde: Histoire d'un État clandestin, Robert Laffon, 2011 Introduction de Céline Gervais-Francelle p. XXV
  33. a et b Jan Karski, « Shoah », Esprit,‎ , p. 112-114 (lire en ligne)
    Traduction en français de l'article paru en polonais dans Kultura, no 11/ 458, novembre 1985 ; Extraits sur L'Express.
  34. Jan Karski, roman de Y. Haenel, Gallimard, 2009, que Lanzmann critiqua vertement « car on y faisait dire à un Karski imaginaire des choses qu’il n'avait jamais pensées ni exprimées, qu'il ne pouvait pas avoir pensées, au prix d'un truquage de l'homme et d'une falsification de l'histoire » (in Marianne du 23 janvier 2010, en ligne). — Voir aussi François Delpha.
  35. Notamment son grandiloquent « quand vous rentrerez en Pologne, dites aux leaders polonais que ce pays ne les abandonnera jamais, ils ont un ami : le Président des USA », prononcé dans son bureau devant Karski et l'ambassadeur de Pologne en juillet 1943, alors que quatre mois plus tard, fin novembre, à la Conférence de Téhéran, Roosevelt abandonnera la Pologne à celui qu'il appelait « l'oncle Joe », c'est-à-dire Staline.
  36. « Le gouvernement (polonais) de Londres croyant encore possible de conserver Lwow à la future Pologne indépendante, alors même (qu'une) armée ukrainienne s'était livrée à de terribles "nettoyages ethniques" contre les Polonais » (préface de la réédition de 2004 du livre de Karski).
  37. Dans le film de Lanzmann, Le Rapport Karki, à 17 min 47 : « Le problème juif n'était pas le seul. Pour moi le problème clé était la Pologne, les pressions russes, la peur de la nation polonaise : qu'allait-il advenir de la Pologne ? ».
  38. Annette Wieviorka, L'ère du témoin, Paris, Hachette littératures, , 190 p. (ISBN 9782012790469), p. 167
  39. (en) Interview by Emie Meyer, Jerusalem Post, 28 juin 1986, p. 9.
  40. Cette nationalité est encore estonienne lors de son interview par Claude Lanzmann en 1978 (transcription de l'interview, p. 30, en ligne et, quant au propriétaire de l'uniforme, dans un entretien de 1979 avec Walter Laqueur (Le Terrifiant secret, Gallimard, 1981, p. 279).
  41. Raul Hilberg, Perpetrators (...), 1992, traduction française Exécuteurs, victimes, témoins, Gallimard, 1994, rééd. 2001, p. 249).
  42. E.T. Wood et S.M. Jankowski, Karski (...), édition revue de 2014, Texas Tech University Press et Gihon River Press, p. 114.
  43. Jan Karski, Tajne Panstwo (L’État clandestin), Bibliothèque de Kultura, Warszawa, 1999, et Twój Styl, 2003 (sur Amazon).
  44. Ainsi dans Mon témoignage..., au ch. 30, Dernière étape, la première note de la réédition de 2004 (presque identique à la troisième note de la réédition de Laffont, 2010) porte : « Il s'agit du camp d'lzbica Lubelska. Ce camp, situé à une centaine de kilomètres de Lublin sur la route menant effectivement vers celui de Belzec, a été identifié de manière définitive par l'historien J. Marszalek comme étant celui où Karski fut introduit. lzbica Lubelska, camp moins connu, a tenu une place importante dans le processus d'extermination de milliers de Juifs. D'abord concentrés à Izbica Lubelska, dépouillés de tout, ils étaient pour certains exécutés sur place et pour la majorité convoyés à destination de Belzec, comme le décrit Jan Karski.»
  45. R. Hilberg, Sources of Holocaust Research : An Analysis; Ivan R. Dee, Chicago, 2001. Traduction française Holocauste : les sources de l'histoire, Gallimard, 2001, p. 197-198.




Jan Karski
Description de cette image, également commentée ci-après
Jan Karski
Nom de naissance Jan Kozielewski
Naissance
Łódź
Décès (à 86 ans)
Washington
Nationalité Polonais et citoyen des États-Unis (1954)

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Jan Karski, né Jan Kozielewski le à Lodz, décédé le à Washington, est un diplomate polonais, héros de la Résistance polonaise durant la Seconde Guerre mondiale sous le pseudonyme de Witold, devenu après la guerre citoyen des États-Unis, professeur de relations internationales et historien.

Il est célèbre pour avoir contribué à faire connaître les modalités du génocide nazi des Juifs européens en Pologne, et en avoir témoigné auprès des gouvernements Alliés dès novembre 1942 ; puis témoigné encore à partir de 1980 afin de contrer des opinions négationnistes.

Jan Karski a grandi dans une famille modeste, son père, artisan propriétaire d’une petite fabrique d'objets en cuir, étant mort lorsqu'il avait six ans. Mère simple, très catholique « mais »[1] tolérante. Un frère de dix-huit ans son aîné, commandant de la police départementale de Lwov en Galicie puis, en 1934, commandant de la police de Varsovie. Quatre autres enfants vivants (deux étant morts en bas âge), tous plus âgés que lui, ayant bénéficié d'études secondaires.

L'environnement était celui de l'époque patriotique du renouveau de la Pologne, après 123 ans de partitions et absorptions par ses voisins russes, autrichiens et prussiens, puis six années de guerre beaucoup plus terrible qu'en France (1914-1920). La famille était Pilsudskiste, vivait dans le culte du maréchal, “le père de la patrie”.

Jan achève le lycée en 1931. Il fait à l'université de Lwov des études de Droit et de Relations internationales (« la Diplomatie »). Diplômé en 1935, il effectue son service militaire dans l'artillerie montée, obtient le grade de sous-lieutenant ; il est major de sa promotion, honoré d'une décoration remise par le Président de la République en personne.

En 1936, il entre au ministère des Affaires étrangères. Dix-neuf mois de stages à l’étranger lui font connaître Genève (huit mois à l'Organisation internationale du travail) et Londres (onze mois au Consulat général de Pologne). De retour à Varsovie, il suit une formation diplomatique supérieure, qu'il termine encore major sur vingt candidats. Il est titularisé en février 1939 comme fonctionnaire de 1ère catégorie, promis à une belle carrière.

Seconde Guerre Mondiale

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Échappe aux Soviétiques et aux Nazis

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Le 1er septembre 1949, la guerre le surprend au camp militaire polonais d'Auschwitz (Oświęcim) où il avait été mobilisé. A 5h10 du matin, explosions de bombes nazis tandis qu'il se rasait, et défaite immédiate : les chevaux de sa compagnie d'artillerie montée, effrayés par les bombes, s'affolent et détruisent tout. Sa compagnie s'enfuie vers l'est, de proche en proche rattrapée par les bombardements, et il arrive le 17 septembre à Ternopil, où des centaines de milliers de réfugiés s'agglutinaient (ouest de l'actuelle Ukraine, mais extrême est de la Pologne d'alors, proche de l'Union soviétique). Il lui faut vendre son appareil photo pour survivre, et se débarrasser de sa décoration présidentielle devenue dangereuse en présence des Soviétiques. Lesquels, arrivant dans leurs tanks, leur font déposer les armes et les emmènent dans des wagons à bestiaux, jusqu'à l'un des huit camps prévus pour recevoir les 126 000 prisonniers de guerre polonais, à Kozelshchyna (en) près de Kiev, en Ukraine. Il n'y reste que quatre mois, car fin octobre 1939 il s'en échappe dans le cadre d'un échange de prisonniers entre l'Allemagne et la Russie, en se faisant passer pour un simple soldat qui demande à retourner en Pologne récemment annexée par le Troisième Reich — échappant ainsi au sort réservé par Staline aux officiers et cadres civils polonais, dont le Massacre de Katyń est le plus emblématique.

Interné d'abord par les Allemands dans un camp près de Kielce, il s'échappe à nouveau (novembre 1939) en sautant du train en marche vers un camp de travail forcé, puis regagne à pied Varsovie.

Courrier diplomatique de la Résistance polonaise

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Karsi entre dans la Résistance guidé par son frère Marian Kozielewski, maintenu commandant de la police de Varsovie par les Allemands, mais organisateur en sous-main de réseaux clandestins. Il y devient « courrier diplomatique »[2], navette entre les organisations de l'État polonais passées dans la clandestinité, et le gouvernement en exil à Angers puis à Londres.

Ces missions consistaient à porter à l'Ouest les rapports microfilmés, et à transmettre toute information utile, que les administrations clandestines et l'Armée secrète voulaient faire parvenir au gouvernement en exil ; et au retour à rapporter les instructions du gouvernement pour le front. Ces émissaires devaient en outre faire connaître les sensibilités et doléances particulières des différentes groupes et partis combattants, ce qui réclamait du doigté et de l'impartialité ; il semble que Karski, diplomate sachant se tenir au dessus des factions, ait su acquérir la confiance de tous.

Sa première mission comme courrier diplomatique est entre janvier et avril 1940. Elle le conduit en France, à Paris et Angers. Elle est importante, en ce qu'au retour en Pologne il porte les instructions du gouvernement pour la structuration de l'administration qui entre en résistance. Auparavant son ministre de l'intérieur, Stanisław Kot, lui a fait rédiger à Angers quatre études, qui témoignent de sa grande fermeté et maturité, quoiqu'il n'ait alors que vingt-cinq ans (voir ci-dessous).

La seconde mission a lieu la même année, en juin, mais il est arrêté en Slovaquie et torturé par la Gestapo. Il tente le suicide, en réchappe et peut, pour la troisième fois, encore s’évader, quoique sérieusement blessé. La Résistance lui confie alors des tâches mineures, au Bureau d'information et de propagande.

En octobre 1942 il effectue sa troisième mission de courrier diplomatique, celle qui le rendra célèbre et qui sera la dernière : il ne reviendra en Pologne ??qu'après 1989. Parti sous l'identité d'un travailleur français de Varsovie, il traverse l'Allemagne, puis la France occupée, puis l'Espagne jusqu'à Gibraltar, d'où il gagne Londres en avion. Les plus hautes autorités de l'administration polonaise passée dans la clandestinité l'avaient chargé de nombreux rapports à remettre au gouvernement en exil à Londres, différents partis politiques et organisations représentatives lui avaient aussi confié leurs propres rapports et demandes à transmettre à leurs directions ou correspondants à Londres. Soit « plus d’un millier de pages sur microfilms », sans compter les diverses informations à transmettre oralement.

Autres missions dans la Résistance en Pologne

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Propagande. Coordination entre les différents groupes, nécessitant de la diplomatie.

Auprès des gouvernements étrangers

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A Londres... la quarantaine , Eden etc.

Aux Etats-Unis... 1) 1943 2) Holliwood 3) Le livre.

Vie aux États-Unis (1945-2000)

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Devenu une personnalité du gouvernement national que la Russie soviétique traquait, il reste en exil et s'installe aux États-Unis où son livre lui avait déjà acquis de la renommée. Il y fait également venir son frère aîné Marian. Il devient citoyen des États-Unis en 1954.

Professeur d'université et historien

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Il obtient en 1952 un PhD à l'université catholique Georgetown à Washington. Il y enseigne ensuite pendant quarante ans, à la la School of Foreign Service, les Relations internationales, spécialisé dans le domaine des affaires Est-européennes et l'étude comparative des gouvernements. En 1974 il entame avec le Programme Fulbright son étude magistrale sur les rapports entre les grandes puissances et la Pologne entre 1919 et 1945, qu'il publie en 1985 (voir bibiographie).

Lutte contre le communisme

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En 1956, devant une commission de la Chambre des Représentants des États-Unis, à la demande : Dans quel domaine enseignez-vous ? Karski répondait : « Le communisme et les méthodes soviétiques de conquête en Europe de l'Est. L'année dernière le Département d'Etat m'a envoyé dans huit pays comme conférencier, entre autres, sur le communisme et la vie aux Etats-Unis » (voir Interviews). Il conseillait aussi des membres de l'administration américaine luttant contre le communisme[C 1].

Liens avec la Pologne à partir de ?1980

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Avec Lech Walesa

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Lech Walesa

Avec ses successeurs

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????

Avec le pape Jean-Paul II

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Contact?? Absence?? à mettre en parallèle avec l'échec de la démarche du président polonais en 1943 auprès de Pie XII?? Ou du jugement qu'il portait sur toutes les autorités de l'époque??

Un livre à succès : L'Etat clandestin (1944)

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Ce livre était une opération de communication du gouvernement polonais de Londres afin d'obtenir des soutiens aux Etats-Unis, mais devenu un best-seller par l'habileté d'un agent d'édition renommé. Karski avait été envoyé aux Etats-unis en février 1944 afin de faire produire à Hollywood un film à la gloire de la Pologne résistante. L'affaire ne se faisant pas, un agent d'édition[N 1] est trouvé, qui aide Karski pour la rédaction de son livre et assure sa promotion : résultat, plus que quatre cents mille exemplaires vendus[3].

Deux titres

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Autre effet de l'intérêt des éditeurs, le titre a évolué. Il était initialement : « Story of a Secret State » (Histoire d'un Etat clandestin). Il désignait le sujet central, d'autant plus que Karski, revenant en Pologne après sa première mission, avait été porteur des instructions du gouvernement pour la structuration des organisations de l’État entré en clandestinité, et avait contribué à leur mise en œuvre. Plusieurs chapitres (ch. 11, 19, 22 à 28) ne parlent que de cette organisation, qui fut unique en Europe sous le joug nazi et que le gouvernement en exil à Londres voulait à bon droit magnifier. Beaucoup d'autres parlent des souffrances terribles infligées aux Polonais par les Allemands, du sort cruel des résistants aux mains de la Gestapo, un chapitre même consacré aux femmes agents de liaison (ch. 25).

Deux chapitres seulement concernent la situation des Juifs dans la Pologne d'alors (ch. 29 et 30). Leur gravité attirant mieux l'attention du public, dès la traduction française parue en 1948 le sous-titre du dernier chapitre fut mis en avant, et le titre français devint : Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État secret. Après 2000 des rééditions anglo-saxonnes l'imiteront. Ainsi la révélation à l'Ouest du martyr juif en Pologne prit le pas sur l'aventure d'un Etat entré en clandestinité, et il s'en est suivi des confusions (voir ci-dessous).

Seconde édition revue et corrigée (1999)

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Le livre de Karski avait été interdit en Pologne par le pouvoir communiste. La première édition en polonais ne sort qu'en 1999 et à cette occasion des modifications ont été apportées par Karski, répercutées dans les rééditions françaises, américaines et anglaises (voir liste des éditions).

DÉTAILLER ici la nature de ces modifications, avec exemples

Témoignages sur la Shoah

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Attitude initiale vis-à-vis des Juifs polonais

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Karski n'était pas juif mais très catholique et nationaliste. Pourtant, dans une époque où l'antisémite en Pologne était fréquent, il venait d'un milieu plutôt tolérant, tandis que le Bureau d'information et de propagande où il travaillait paraît aussi avoir été plus ouvert[C 2].

Un document témoigne de l'attitude de Karski en 1940, la quatrième des études que lui avait commandées Stanislaw Kot, ministre de l'Intérieur, intitulée Le problème juif dans la mère patrie[4]. Karski, qui n'a alors que 25 ans, doit, étant à Angers, débroussailler ce sujet particulièrement difficile et qu'il n'a pas étudié. Il s'y montre clair et ferme, à la fois cinglant quant au traitement que les Allemands réserve aux Juifs, et critique autant du comportement de nombreux Polonais vis-à-vis des Juifs, que de celui des Juifs en Pologne occupée par la Russie soviétique. Et il ne mâche pas ses mots[C 3], au point que le ministre fait rédiger par ses assistants quatre variantes en mode mineur, politiquement correct, atténuant 1/9 de son texte, pour éventuelle distribution hors de la sphère gouvernementale.

Sa première déclaration publique, lue par Arthur Koestler en juillet 1943 à la BBC, est significative :

« Je ne suis pas juif et avant la guerre j'avais très peu de contacts avec les Juifs ; en fait, je ne connaissais pratiquement rien les concernant. Mais, à présent, l'extermination des Juifs revêt une importance particulière (a special significance). »

Mission confiée par la résistance juive

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Deux ans plus tard, en 1942, lors de la montée en puissante de l'extermination des Juifs d'Europe, après le commencement de l'anéantissement des Juifs du ghetto de Varsovie, juste avant son départ vers Londres et après avoir été chargé de mission par le commandement suprême de la Résistance, il rencontre deux représentants d'organisations juives polonaises (l'un Léon Feiner, du Bund, le Parti socialiste juif ; l'autre sioniste, probablement Monachem Kirszenbaum). La narration qu'il fait de ces rencontres (ch. 29 et 30) est apocalyptique :

« Ce que j’appris alors au cours de nos rencontres dans cette maison, et plus tard, quand je fus amené à constater les faits par moi-même, était horrible, au-delà de toute expression. Je connais l’Histoire. J’ai beaucoup étudié l’évolution des nations, des systèmes politiques, des doctrines sociales, des méthodes de conquête, de persécution et d’extermination et je sais aussi que jamais dans l’histoire de l’humanité, jamais nulle part dans le domaine des relations entre les êtres humains, il n’était arrivé rien qui pût être comparé à ce qui a été infligé à la population juive de Pologne. »

Il accepte de visiter, à chaque fois au péril de sa vie, en septembre 1942, deux fois le ghetto de Varsovie et une fois un camp d'extermination[C 4].

Également, il accepte et est autorisé à porter au gouvernement polonais à Londres les rapports et requêtes particulières de ces organisations ; et il s'engage à tenter d'influencer l'opinion publique occidentale en leur faveur[C 5].

A Londres (1942-1943)

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Karsi arrive à Londres le 25 novembre 1942. Les microfilms[N 2] qu'il transportait, acheminés par une autre voie[5], l'avaient précédés de dix jours. Déjà le gouvernement polonais les avait décodés et en avait extrait les informations sur la persécution des Juifs, en deux pages rédigées en anglais, concluant que plus d'un millions de Juifs avaient déjà été exterminés ; document communiqué aux anglais le 24 novembre  ??.

Puis Karski présente les demandes orales de la résistance juive, le 2 décembre 1942 devant le Conseil des ministres polonais, en ajoutant son propre témoignage de ce qu'il avait vu. Il s'en suivit : Le 10 décembre, le gouvernement de Pologne à Londres adresse aux gouvernements alliés une note sur « L'extermination massive des Juifs en Pologne occupée par l'Allemagne ». Le 17 décembre au soir, le ministre polonais des Affaires étrangères le révèle publiquement à la BBC[C 6]. Le même jour les gouvernements anglais et américain publient la Déclaration conjointe des Membres des Nations unies, qui fait la Une du New York Times[6] et de nombreux autres journaux.

Suivant les ordres de son gouvernement, il s'entretient avec des officiels anglais (dont Anthony Eden, ministre britannique des Affaires étrangères et avec de nombreuses personnalités. L'un des premiers fut Ignavy Schwarzbart, dont le télégramme intercepté par la censure anglaise laisse date certaine[C 7]. Il rencontre aussi des écrivains[C 8], dont Thomas Mann. Et à la BBC, Arthur Koestler lira en juillet 1943 le premier écrit public de Jan Karski : The Jewish Mass Executions (Les exécutions de masse des Juifs - Rapport d'un témoin oculaire), texte de quatre pages :

« Depuis les ghettos, ils (les Juifs) sont "emmenés vers l'Est", selon la terminologie officielle, en fait vers les camps d'extermination de Belzec, Treblinka et Sobibor. Dans ces camps, ils sont tués par groupes de 1000 à 6000 avec différentes méthodes, y compris le gaz. »

Effets de sa mission

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Les informations apportées par Karski en 1942 à Londres n'étaient pas entièrement nouvelles, depuis l'été 42 des preuves et témoignages s'accumulaient, par voie officielle ou dans la presse[7]. Mais les organisations juives l'avaient chargé de rapports détaillés avec des demandes terriblement pressantes, et c'était la première fois qu'un témoin oculaire, non juif, occupant une position éminente dans son organisation, et soutenu par son gouvernement, en confirmait les aspects les plus incroyables.

Moins d'un mois après son arrivée à Londres, la Déclaration conjointe des Membres des Nations unies fut l'effet public maximal des efforts de Karski. Sans lui, il est probable qu'en 1942 il n'y aurait pas eu de condamnation du génocide en cours[8].

En fait cette Déclaration des Alliés condamnait les atrocités nazis et annonçait un châtiment, mais sans s'accompagner de mesures concrètes pour interrompre, ou freiner, le processus d'annihilation des Juifs d'Europe. Goebbels railla cette Déclaration. Himmler, Heidrich, Eichmann eurent ainsi tout le loisir d'aller chercher des Israélites jusqu'au 23 juillet 1944 et jusqu'à Rhodes, leur faire faire 23 jours de voyage et les tuer sans rencontrer d'obstacle. Karski l'a plus tard résumé en ces termes :

« [les institutions n'ont pas...] ».

A Washington (1943)

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Dans son livre (1944)

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Sur les trente-trois chapitres de son livre, deux seulement sont consacrés à la situation des Juifs en Pologne (ch. 29 et 30) mais les mots sont forts :

« Je savais qu’au moment [sept. 1942] où ces deux êtres malheureux me transmettaient ce message dramatique, les nazis étaient déjà parvenus à massacrer 1 850 000 Juifs. Ils m’avaient préparé un rapport minutieux sur la mortalité juive en Pologne. »
« Je blêmis... En deux mois et demi, dans le seul ghetto de Varsovie, les nazis avaient commis trois cent mille assassinats ! C’est de cela que je devais informer le monde. »
Sur le ghetto de Varsovie : « Était-ce un cimetière ? Non, car ces corps se mouvaient encore, pris souvent d’une agitation violente ; ils étaient encore vivants, mais à part la peau qui les recouvrait, les yeux et la voix, il n’y avait plus rien d’humain dans ces formes palpitantes. Partout, c’était la faim, la souffrance, l’horrible puanteur des cadavres en décomposition, les plaintes déchirantes des enfants à l’agonie, les cris de désespoir d’un peuple se débattant dans une lutte effroyablement inégale. »
Dans le camp d'extermination : « Cela signifiait qu’il y avait toujours deux à trois mille hommes, femmes, enfants entassés à ciel ouvert, exposés aux froids. Rien ne peut dépeindre l’horreur du spectacle que j’avais sous les yeux. L’atmosphère était chargée de miasmes, d’odeurs d’excréments, de saleté et de putréfaction... Ce fut une terrible épreuve. Nous étions forcés de marcher sur les corps entassés. Mon compagnon, plus habitué que moi à ce genre d’exercice, se déplaçait dans la foule avec aisance. Chaque fois que je marchais sur un corps, j’étais pris de nausée et je m’arrêtais net, mais mon guide me pressait d’aller de l’avant. »

Controverses

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Valeur historique

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L'action de Karski à Londres et Washington contribua à la connaissance du fait de la Shoah en 1942 et 1943, mais la valeur historique de son livre au regard de la connaissance actuelle est moindre. Son livre de 1944 n'est qu'un témoignage, avec multiples aventures personnelles propres à satisfaire le grand public, ce n'est pas une historiographie. Lui-même le dit dans son Post-scriptum :

« Je ne prétends pas avoir fait dans ce livre une étude approfondie de la résistance polonaise, de son organisation et de son activité. En raison même de nos méthodes, j’estime que personne, actuellement [1944], ne pourrait faire un exposé complet de la question. Ce ne sera possible que plusieurs années après la guerre, à l’aide d’informations qu’il faut rassembler et confronter. »

La question centrale était pour lui la Pologne et non le martyre des Juifs, auquel son livre ne consacre que 18 pages sur 216[C 9]. Quand il deviendra historien à partir de 1974, ce sera pour l'histoire de la Pologne, et non pour la connaissance de la Shoah.

Enfin, écrit et publié en pleine guerre, ce livre devait coder des noms et transposer des faits afin de ne pas mettre en péril les résistants encore sur place et traqués par la Gestapo[C 10]. Des aspects aussi devaient être traités avec diplomatie (Staline, qui voulait vassaliser la Pologne, était le grand allié de Roosevelt), et l'éditeur, qui voulait vendre beaucoup, poussait à simplifier voire romancer[N 3].

Accueil durant la guerre

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L'épreuve des historiens

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Raul Hilberg, auteur du monumental La Destruction des Juifs d'Europe, a mis en doute le témoignage de Karski sur un seul point : sa visite clandestine d'un camp d'extermination. Il n'y croit guère parce que « les convois de Juifs arrivant de Varsovie étaient dirigés sur Treblinka et non sur Belzec » ; que les gardes y « étaient en majorité ukrainiens » et non baltes ; et « surtout » qu'il n'est pas documenté que des trains en partaient « pour que les gens puissent mourir dans les wagons »[C 11].

Camp de Belzec ou d'lzbica Lubelska ?

Raul Hilberg, auteur du monumental La Destruction des Juifs d'Europe qui,, a le premier exprimé un doute mais avec beaucoup de "peut-être". , plutôt que des témoignages préfère dans ses ouvrages historiques retenir des éléments non susceptibles de controverses[9]

ex: Au total deux points seulement ont fait débat : sa visite clandestine d'un camp d'extermination, et l'échec relatif de sa tentative d'engager les Alliés à agir contre l’extermination des Juifs européens. Quant à la demie querelle entre Karski et Lanzmann, elle ne mérite mention que pour illustrer leur hauteur de vue[C 12].

Négationnistes

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Des auteurs niant la Shoah ont attaqué le témoignage de Karski, qu'ils disent être « un des plus proéminents témoignages qui a été utilisé pour justifier l'histoire de l'Holocauste »[10]. Mais comme le témoignage apporté par Karski est, non pas « proéminent » ni « vedette », mais infime au regard de l'immensité des preuves mises à jour[C 13], l'attaque contre sa personne est un leurre, la masse des preuves demeure.

Le témoignage de Karski ne fut « proéminent » ou « vedette » qu'en 1942-1943, à Londres puis à Washington, pour confirmer ce que les gouvernements savaient déjà plus ou moins ; puis après 1980, pour contrer le négationnisme naissant.

Pourquoi les Alliés n'ont rien fait?

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....Mais l'un des premiers aussi il sut saisir la difficulté de comprendre de telles atrocités : « Pouvait-on le comparer à un quelconque événement de l'Histoire ? De ce que je sais de l'Histoire, ce fut unique, c'était sans précédent historiquement. », opinion partagée par Lanzmann et d'autres[C 14].

________________________ Le témoignage de Karski sur la situation des Juifs dans la Pologne de 1942 a été mis en doute par trois catégories d'intervenants. D'abord le régime de la Russie soviétique et de ses satellites, que toute manifestation du patriotisme polonais gênait, a, entre autresquelques détails en note??, interdit son livre de publication en Europe de l'Est. – Des historiens ont cherché à évaluer la valeur historique de son témoignage. – Enfin l'agacement, que l'évocation de la Shoah parfois génère, a ses propres intervenants[11].

A partir de 1978

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Interview de Lanzmann

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Autres interviews

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Conférences

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Karol Badyna: Banc Jan Karski à Varsovie
Karol Badyna: Banc Jan Karski à Łódź
Karol Badyna: Banc Jan Karski à l'Université de Tel Aviv
Université catholique Georgetown à Washington,
Université d'État de l'Oregon,
Collège hébraïque de Baltimore (en),
Université de Varsovie,
Łódź,
Université Marie Curie-Skłodowska.
Varsovie,
Łódź,
Kielce,
sur le campus de l'université catholique Georgetown à Washington,
233 Madison Avenue, à New York, devant le Consulat général de Pologne,
sur le campus de l'Université de Tel Aviv en Israël.
  • Titre de Juste parmi les nations décerné par le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem en 1982, avec un arbre planté à son nom, car « quoiqu'il n'ait pas sauvé de Juifs... il a risqué sa vie afin d'alerter le monde »[12].
  • Citoyen d'honneur de l'État d'Israël en 1994 (Honorary citizenship of Israel)[12].
  • Ordre de l'Aigle blanc en 1998, la plus haute distinction civile polonaise[13].
  • Ordre militaire de Virtuti Militari, la plus haute distinction militaire polonaise, délivrée en février 1941, dont certificat en janvier 1943, mais il semble que Karski l'ait ignoré jusqu'en 1990 du fait des troubles de la guerre puis de la censure en Pologne communiste[14].
  • Société Jan Karski fondée après son décès pour préserver sa mémoire, et administrer le Jan Karski Eagle Award établi par lui-même en 2000 afin de récompenser le « service humanitaire pour autrui » ; devenue la Jan Karski Educational Fondation en 2011.
  • Médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute décoration civile américaine, décernée à titre posthume par le Président Obama en 2012.
  • L'an 2014 a été déclaré "Année commémorative de Jan Karsky" par le Parlement polonais, conjointement célébrée aux Etats-Unis[15].
  • Jan Karski, Héros de l'humanité : exposition virtuelle lancée par le Musée d'histoire de Pologne et l'Institut culturel de Google en 2015.
  • Une place de Paris est nommée Jan Karski dans le 10° arrondissement (entre rue Cail et Louis-Blanc, décision du Conseil de Paris du 27 mai 2015).

Bibliographie, interviews et filmographie

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Écrits de Jan Karski

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  • The Jewish Mass Executions, Account by an Eye-Witness (Les exécutions de masse des Juifs, Rapport d'un témoin oculaire), lu par Arthur Koestler en juillet 1943 à la BBC, rediffusé en toutes langues[16]. — Trois pages. Publié dans Terror in Europe - The Fate of the Jews (Terreur en Europe - Le sort des Juifs), National Commitee for Rescue from Nazi Terror, Londres 1943.
  • Story of a Secret State, Houghton Mifflin Company, Boston 1944 ; Hodder & Stoughton, Londres 1945 (extraits).
  • Traduction française : Mon témoignage devant le monde (Histoire d'un État secret), Éditions Self, Paris 1948.
Seconde édition revue et corrigée : à vérifier, replacer au-dessus ceux qui ne sont que réédition de 1944-48
  • Pologne : Tajne państwo': opowieść o polskim Podziemiu, Twój styl, Varsovie 1999, (ISBN 83-7163-177-4).
  • Etats-Unis : Story of a secret state, Safety Harbor, Simon Publications, 2001, (ISBN 1-931541-39-6) (extraits).
  • France : Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État secret, préface et notes par Jean-Louis Panné et Céline Gervais-Francelle, Paris, Point de mire, 2004, (ISBN 9782914090131).
  • France : Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État secret, préface et notes par Céline Gervais-Francelle, Robert Laffont, Paris, 2011, (ISBN 9782221117354) (aperçu).
  • Angleterre : Story of a secret state - My Report to the World, Penguin, Londres, 2011, (ISBN 9780141968445) (aperçu).
  • Etats-Unis : Story of a secret state - My Report to the World, préface par Madeleine Albright, Georgetown University Press, Washington, 2013, (ISBN 9781589019836 et 9781626160316).
  • The Great Powers and Poland, 1919-1945 : From Versailles to Yalta (Les Grandes Puissance et la Pologne, 1919-1945 - De Versailles à Yalta), ouvrage historique de référence, University Press of America, 1985, (ISBN 0-81914399-5) (aperçu d'une réédition de 2014).
  • Messages aux Gouvernements polonais et alliés remis à Karski en septembre 1942 par les Juifs résistants de Varsovie, quatre pages rédigées par Karski en 1979 à la demande de Laqueur, publié dans Le terrifiant secret, Appendice V.
  • Article sur Shoah de Jacques Lanzmann, paru en polonais dans Kultura (11/458, novembre 1985), traduit en français dans Esprit (extraits).

Interviews et films

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  • Audition à la Chambre des Représentants sur le communisme, International Communism : Revolt in the Satellites, United States Committee on Un-American Activities, 1956 (en ligne).
  • Shoah, film de Claude Lanzmann, Paris, 1985 (enregistré en 1978 chez Karski), 9 h 30[17]. Pendant 38 min (de 2 h 57 min 25 s à 3 h 35 min 50 s de la 2° partie), récit par Karski en anglais de ses deux visites du ghetto de Varsovie.
  • (en) Interview de Jan Karski par Renée Firestone, Holocauste rescue and aid provider, Jan Karski Testimony, 1h09, Archives du USC Shoah Foundation Institute, mars 1995 (en ligne).
  • (en) Interview de Jan Karski par E. Thomas Wood, How One Man Tried to Stop the Holocaust, (4 h), octobre 1996 (aperçu).
  • Le Rapport Karski, film de Claude Lanzmann, Paris, 2010 (enregistré en 1978 chez Karski), diffusé sur Arte[18], 49 mn. Récit par Karski en anglais de sa mission à Washington en 1943, dont ses entretiens avec Roosevelt et le juge Frankfurter.[19]

Biographies

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  • Jean-Louis Panné, Jan Karski, le roman et l'histoire : suivi de documents, entretiens et articles, Saint-Malo, Pascal Galodé, , 187 p. (ISBN 9782355930997)
  • (en) Thomas Wood et Stanislaw Jankowski, Karski: How One Man Tried to Stop the Holocaust, Wiley ,1994, (ISBN 978-0-47114573-8).
  • (en) World Heritage Encyclopedia, en ligne.
  • (pl) Stanislaw M. Jankowski, Karski. Raporty tajnego emisariusza, Rebis,
  • (pl) Andrzej Żbikowski, Karski, Świat Książki, (ISBN 978-83-247-2123-8)

Romans utilisant le personnage Jan Karski

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Citations, notes et références

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  1. Emery Reves. Ce personnage avait en 1944 une grande réputation, comme agent sur le marché américain de Winston Churchill, Anthony Eden et Duff Cooper. Si deux de ses publications ont pu être contestées, ce fut longtemps plus tard, après 1970.
  2. Ces microfilms sont mentionnés dès la première édition de son livre en 1944. Ch. 28. « Les documents que je devais transporter en Angleterre seraient microfilmés... plus d’un millier de pages sur microfilms... Le sténogramme de la séance fut ensuite transposé en langage codé et microfilmé ». Ch. 31. « ...le film remarquablement dissimulé dans le manche de mon rasoir... Je laissai à la consigne la valise contenant le rasoir et le film ». Déjà en 1940 il passe un microfilm avec 36 pages photocopiées, cause des tortures que la Gestapo lui inflige (ch. 12). — David Engel semble donc erroné quand il affirme que « Karski n'a jamais mentionné ce microfilm avant... 1987 » (Facing a Holocaust..., UNC Press Books, 1993, p. 200, en fin de note 43; aperçu sur Google Livres).
  3. Cependant, au ch. 29, l'allusion aux préparatifs de l’insurrection du ghetto de Varsovie (« Effectivement, nous sommes en train d’organiser la défense du ghetto »), ne constitue pas un anachronisme, puisque cette révélation est faite lors d'une rencontre tenue au plus tôt fin août 1942, soit après la création des premières unités combattantes. (Voir Holocaust Encyclopedia : A cause des déportations, plusieurs organisations juives créèrent le 28 juillet 1942 une unité de défense armée, l'Organisation juive de combat, et le parti des sionistes de droite en fonda une autre, l'Union combattante juive; elles décidèrent de combattre ensemble.) — Karski, dans le compte-rendu des demandes juives qu'il a rédigé en 1979 à la demande de Laqueur (p. 282), le confirme, il devait en parler au commandant en chef des forces armées polonaises : « §4. Une organisation militaire juive a pris naissance. »
  1. Général Edward Rowny, janvier 2012 : « J'ai entretenu une relation étroite avec Jan Karski pendant les années où il enseignait à l'Université de Georgetown. Il m'a donné de bons conseils sur la façon de négocier avec les Soviétiques, quand j'étais Négociateur en chef des armements stratégiques et Conseiller spécial sur le contrôle des armes pour les présidents Reagan et Bush senior. Il était particulièrement intéressé par les contacts que j'avais établi avec Lech Walesa, Vaslov Havel, Boronislaw Geremek, Rita Klimowa, et les dissidents en Tchécoslovaquie et Hongrie... Il était une figure héroïque et méritait la médaille présidentielle de la Liberté.»
  2. Wood et Jankowski, p. 102 : « Le Bureau d'information et de propagande était un point de contact principal entre le mouvement clandestin polonais et les Juifs persécutés de Pologne. Beaucoup des agents de ce Bureau étaient des intellectuels, y compris quelques-uns des plus éminents éducateurs, historiens et scientifiques de la nation. L'antisémitisme était moins répandu dans cette classe que dans les autres segments de la société polonaise. Certains officiers du Bureau suivaient avec compassion le sort des Juifs, en outre plusieurs Juifs y travaillaient. »
  3. « La situation des Juifs dans ces territoires (occupés par l'Allemagne) est claire, pas compliquée, facile à comprendre. Ils sont en dehors de la loi, ils ne sont pas protégés par les autorités... Ils sont chassés en dehors de ces territoires, leurs biens sont confisqués, les "coupables" sont emprisonnés – l'intention étant le nettoyage complet de l'élément juif dans cette zone. Ils sont en pratique privés de possibilité de vivre – s'ils parviennent à vivre, c'est furtivement, dans la peur, sans droit... Souvent (cela) dépasse tout ce qu'on peut imaginer de misère humaine. » — « L'attitude des masses populaires polonaises envers les Juifs est extrêmement sévère. La situation nouvelle confère à un grand pourcentage d'entre eux des droits, qu'ils exploitent et souvent même en abusent. Cela les rend, dans une certaine mesure, plus proche des Allemands. » — « La situation des Juifs dans ces territoires (occupés par l'URSS) est fondamentalement différente... Les Juifs s'y sentent chez eux, parce qu'ils n'y subissent ni humiliations ni persécutions, et que leur vivacité d'esprit et leur faculté d'adaptation leur confère du pouvoir, tant politique qu'économique... Leur attitude me semble tout à fait compréhensible. Cependant, il y a des cas graves, quand ils dénoncent des Polonais, étudiants nationalistes ou personnalités politiques, et quand ils dirigent le travail de la police bolchévique (...et beaucoup) sont usuriers, profiteurs, dans le commerce illégal, la contrebande, le trafic de devises, l'alcool, l'immoralité, proxénètes et entremetteurs. »
  4. Jan Nowak, émissaire comme Karsi, dans Courrier de Varsovie : « Karski était allé loin : avant de partir, il avait risqué sa vie en se faisant passer pour un policier estonien afin de pénétrer dans le camp de la mort de Belzec et d’y voir de ses propres yeux quel était réellement le sort des Juifs emprisonnés là-bas. »
  5. « Outre les messages qu'ils me donnèrent à transmettre, les deux responsables Juifs me chargèrent solennellement de faire tout mon possible pour influencer l'opinion publique du monde libre en faveur des Juifs polonais. Je jurai solennellement de ne pas manquer à cet engagement si j'arrivais sain et sauf à Londres. » (Karski, détail de la mission qu'ils lui ont confiée, rédigée de sa main en 1979, quatre pages, in Laqueur, Le terrifiant secret, p. 283).
  6. « Le gouvernement polonais a communiqué aux gouvernements des Nations Alliées des informations authentiques sur le massacre de masse, non seulement des populations juives tombées aux mains des Allemands en Pologne, mais aussi des centaines de milliers de Juifs transportés d’autres pays et emprisonnés dans les ghettos créés par l’occupant dans mon pays... Sur un total de trois millions cent trente mille Juifs polonais, plus d'un tiers ont déjà été exterminés » (document 3 annexé à Mon témoignage, réédition de 2011).
  7. Télégramme (en ligne) du 5-12-1942, de Ignavy Schwarzbart (Londres) à Jewish Congress (New York) : « Special official envoy gentile (non juif) escaped and arrived here - Left capital (Varsovie) this october - Saw Warsaw Ghetto on last August and September - Witnessed mass murder of one transport six thousand Jews at Belzec - Spoke to him yesterday 3 hours - Confirm all most horrible mass atrocities... ».
  8. « J’ai dit ce que j’avais vu dans le ghetto à quelques-uns des plus grands écrivains du monde – à H. G. Wells, à Arthur Koestler, aux membres du PEN club en Angleterre et aux États-Unis – afin qu’ils le racontent à leur tour avec plus de force et de talent que moi » (Mon témoignage, ch. 29).
  9. « Le problème juif n'était pas le seul. Pour moi le problème clé était la Pologne, les pressions russes, la peur de la nation polonaise : qu'allait-il advenir de la Pologne ? » (Dans Le Rapport Karki, à 17 min 47.
  10. Karki le dit ainsi à son ministre, Kot, en juin 1944, au sujet des nombreux noms cités : « C’est indispensable pour soutenir l’authenticité du livre. Bien évidemment, je ne parle que des noms hors de la clandestinité. Les noms, les lieux et toute une série de situations du mouvement de résistance sont camouflés. » (Mon témoignage, réédition de 2010, Préface, qui donne d'autres précisions à cet égard.)
  11. Exécuteurs, victimes, témoins, Gallimard, 1992, p. 249. — Dans Holocauste : les sources de l'histoire (Gallimard, 2001, p. 197-198), il reconnaît que « Il y eut effectivement des trains de déportés qui firent demi-tour après leur arrivée à Izbica », mais conclut quand même : « Karski relata beaucoup de choses qu'il avait vues de ses propres yeux (...mais) ses ajouts à ce dont il avait eu personnellement connaissance visaient peut-être à retenir l'attention et mobiliser les consciences de tous ceux à qui il parla. Il crut peut-être que ce renchérissement était justifié, et peut-être refusa-t-il d'y voir une forme de contamination. »
  12. Karski : « Sans aucun doute le plus grand film qui ait été fait sur la tragédie des Juifs » (dans Esprit, (aperçu). Lanzmann : « J’aimais Karski... (c'était) encore une façon de manifester le respect absolu que je lui porte » (sur Pileface de Philippe Sollers, et témoignage de Thomas Wood).
  13. Lanzmann : « La littérature holocaustienne, abyssale comme l’Holocauste lui-même, présentait les preuves les plus irréfutables : les archives intactes de la bureaucratie nazie, celles de Korrherr, le statisticien personnel de Himmler, les factures, les bons de commande, les noms des firmes qui construisirent les installations de mort, qui livrèrent par tonnes les cristaux de gaz Zyklon B, les quarante-deux volumes des procès de Nuremberg, les actes des centaines de procès qui suivirent, ceux du procès Eichmann, les confessions des tueurs ou les mémoires des survivants, pour ne rien dire de l’admirable et colossale historiographie américaine et israélienne auprès de laquelle la française fait figure d’abécédaire. »
  14. Par exemple, Raymond Aron : « J'ai su mais je ne l'ai pas cru. Et puisque je ne l'ai pas cru, je ne l'ai pas su. » Ou Doris Bergen : « Plusieurs facteurs ont empêché les Alliés de diffuser leurs informations sur l'extermination des Juifs et d'autres populations en Europe. De loin le plus important, il y avait une guerre à gagner, une guerre dont l'issue était loin d'être évidente en 1942 ou même 1943. Ainsi les chefs militaires aux États-Unis et en Grande-Bretagne soulignaient la nécessité de rester concentré et d'éviter d'être distrait par des sideshows. Certains, sans doute, restaient indifférents au sort des Juifs européens, ou même avaient leurs propres préjugés antisémites. Néanmoins, il est probablement équitable de reconnaître aussi que beaucoup de gens ne pouvaient tout simplement pas saisir la dimension unique, sans précédent, de cette guerre d'anéantissement, et même ceux qui le pouvaient avaient tendance à être absorbés par leurs propres problèmes et luttes. » (Holocauste, Rowman & Littlefield, 2009, p. 207, aperçu.)

Références

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  1. Voir interview de 1995, 1h09.
  2. Titre officiel de son passeport, reproduit en annexe de la réédition française de son livre par Laffont, 2010.
  3. Source georgetown.edu.
  4. En ligne sur jstor.
  5. Rappak, Wojtek; : « Les documents emportés par Karski furent remis à un agent polonais à Paris, qui les expédia à Londres où ils arrivèrent vers le 14 novembre. » — Information similaire dans Mon témoignage, Laffont 2010, aux premières notes du ch. 32. Et dans Karski de Wood et Jankowski, p. 160-164.
  6. (en) « 11 ALLIES CONDEMN NAZI WAR ON JEWS; », The New York Times, (consulté le )
  7. Télégramme Riegner au Foreign Office 10 août 1942. — Laqueur dans Le terrifiant secret donne la liste et dit : « Karski n’était ni le premier ni le dernier courrier à arriver de Varsovie, mais en ce qui concerne les informations sur le sort des Juifs en Pologne, il fut certainement le plus important ».
  8. Voir dans les Appendices 3 et 4 du Terrifiant secret de Laqueur le détail des oppositions et amendements qui ont amoindri cette Déclaration, quand par ailleurs l'Angleterre entendait maintenir la fermeture de la Palestine aux Juifs. Voir aussi Jan Nowak : « J'ai retrouvé dans les Archives (anglaise le compte-rendu de l'audience chez Eden) et constaté avec étonnement que rien de ce que Karski avait déclaré concernant l'extermination des Juifs n'y figurait. »
  9. Annette Wieviorka, L'ère du témoin, Paris, Hachette littératures, , 190 p. (ISBN 9782012790469), p. 167
  10. Autre formulation : « Si l'on devait désigner un témoin vedette de l'Holocauste, il semble que ce serait Jan Karski, et, de fait, depuis cinquante ans cela a été Jan Karski. » Voir Un faux témoin (août 2000), par l'un des principaux négationnistes américains. — Ses arguments retrouvés dans fr.Wikipedia ont été analysés par Jean-Louis Panné, Jan Karski, Wikipedia et les Négationnistes en 2010.
  11. Voir par exemple Jean-Louis Panné, Jan Karski, Wikipedia et les Négationnistes.
  12. a et b Yad Vashem)
  13. Liste officielle (en polonais).
  14. Voir Mon témoignage, édition de 2010, Documents 2 ; certificat dans Secret State, édition de 2013, Documents 3 ; et liste en polonais).
  15. Programme des célébrations.
  16. Michael Fleming, Auschwitz, the Allies and Censorship of the Holocaust, Cambridge University Press, 2014, p. 321, note 89 (en).
  17. Texte intégral du film : Claude Lanzmann, Shoah, Fayard, Le Livre de poche, 1986 (pages 207 à 221 pour l'intervention de Karski).
  18. Programme Arte, 17 mars 2010
  19. Passage sur la réaction de Frankfurter en ligne.
    Voir aussi Franck Nouchi, « Ce que vous dites est impossible », Le Monde, 18 mars 2010.
    Christophe Ono-dit-Biot, « Affaire Karski, l'épilogue », Le Point, 15 mars 2010.

Articles connexes

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Liens externes

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