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Victor Lanoux

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Victor Lanoux
Description de cette image, également commentée ci-après
Victor Lanoux en 2007.
Nom de naissance Victor Robert Nataf
Surnom Victor Lanoux
Naissance
14e arrondissement de Paris, Drapeau de la France France
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 80 ans)
Vaux-sur-Mer, Drapeau de la France France
Profession Comédien
Producteur de cinéma
Scénariste
Dramaturge
Films notables Cousin, Cousine
Adieu poulet
Un éléphant ça trompe énormément (et suite)
Séries notables Louis la Brocante
Les Enquêtes du commissaire Laviolette

Victor Nataf, dit Victor Lanoux, né le dans le 14e arrondissement de Paris et mort le à Vaux-sur-Mer, est un acteur, producteur, scénariste et auteur de théâtre français.

Fort d'une carrière marquée par plus de quarante rôles au cinéma, une vingtaine au théâtre, plus de vingt-cinq téléfilms et une quinzaine de séries, il a notamment interprété le rôle principal du film Cousin, Cousine (1975) de Jean-Charles Tacchella, qui lui a valu une nomination pour le César du meilleur acteur. Acteur de théâtre et de cinéma renommé, il est aussi connu pour avoir été le célèbre brocanteur de la série télévisée Louis la Brocante, diffusée sur France 3.

Le , Victor Robert Nataf naît dans le 14e arrondissement de Paris[1] d'un père juif tunisien originaire de Sfax, arrivé en France à l'âge de 16 ans et qui ne travaillera jamais de sa vie, préférant jouer au Tiercé et à d'autres jeux d'argent pour gagner sa vie[2], et d'une mère catholique normande[3]. Il est baptisé catholique[4]. Lors de la Seconde Guerre mondiale, ses parents se séparent de lui et le renomment Lanoux pour le protéger. Son père est interné au camp de Drancy, mais ne sera pas déporté[5]. En 1943, il est envoyé avec sa sœur aînée dans la Creuse, au hameau de La Chenaud, à La Chapelle-Taillefert. Le petit Victor Nataf, hébergé par un couple de paysans, Alice et Eugène Ribière[6], y vit jusqu'à ses neuf ans[7] puis retourne vivre chez ses parents en banlieue parisienne où une vie miséreuse l'attend, il doit se nourrir à la Soupe populaire[8].

Dès l'âge de 14 ans, certificat d'études en poche, il travaille comme apprenti vernisseur (au tampon)[9], poseur de stores et enfin ouvrier spécialisé aux usines Simca[3].

Après un engagement de parachutiste de 19 à 22 ans, il entre comme machiniste aux studios de Boulogne, où il a l'idée de devenir comédien en observant Anthony Quinn sur le plateau de Notre-Dame de Paris[10]. Ayant lu une annonce dans la revue Cinémonde, il décide de suivre les cours par correspondance pour devenir acteur, cours proposés par Cinémas du monde et le Conservatoire indépendant du cinéma français[11]. Il reçoit chaque semaine des feuilles d'exercices où il doit notamment se mettre devant un miroir et répéter cinquante fois la même phrase. Il y a un examen final qui se fait devant une caméra en bois[12].

La carrière de Victor Lanoux est riche de plus de quarante rôles au cinéma, une vingtaine au théâtre, plus de vingt-cinq téléfilms et une quinzaine de séries[13].

Victor Lanoux en 1962, Studio Harcourt.

Il débute dans Le Théâtre de la jeunesse de Claude Santelli et fait une tournée théâtrale qui l'amène notamment à Guéret, ce qui lui permet d'aller revoir la femme, devenue veuve, qui l'a hébergé et caché pendant la guerre[14].

Il fait ensuite du cabaret avec Pierre Richard[3]. Pendant cinq ans, les deux compères écrivent des sketches qu'ils interprètent dans la plupart des cabarets de la rive gauche — dont le sketch célèbre dit des gifles en 1965 — et souvent en première partie des concerts de Georges Brassens.

De 1964 à 1969, il joue au Théâtre national populaire (TNP) dans Hamlet, La Résistible Ascension d'Arturo Ui, La Folle de Chaillotetc.[11].

En 1973, le grand public le découvre au cinéma dans le rôle d'un des fils Dominici dans L'Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert, tourné l'année précédente avec Jean Gabin dans le rôle principal. Au cinéma, il se construit un personnage fort, costaud, comparable à l'époque à l'acteur Michel Constantin.

En 1975, il accède à la notoriété grâce au rôle de Ludovic dans Cousin, Cousine de Jean-Charles Tacchella, ce qui lui vaut une nomination pour le César du meilleur acteur[13]. Puis il tourne dans de nombreux films, dont Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis d'Yves Robert.

Il écrit également pour le théâtre : Le Tourniquet en 1973, Le Péril bleu ou Méfiez-vous des autobus en 1974, La Ritournelle en 1989, qui lui vaut une nomination aux Molières et Drame au concert en 1994.

En 1977, lors du tournage du film La Carapate, il retrouve Pierre Richard et se lie d'amitié avec le comédien Raymond Bussières qui, comme lui, se définit comme « artiste du peuple »[15].

En 1978, il crée « Les Films de la Drouette », société avec laquelle il produit plusieurs de ses films (Un si joli village, Les Chiens, Une sale affaire, Boulevard des assassins) ainsi que le film de Peter Kassovitz Au bout du bout du banc. La même année il aide financièrement Christian Varini, lui-même comédien, pour la reprise du Point-Virgule, une salle de spectacles dans le quartier du Marais à Paris[16].

Le , il est pris d'un malaise sur le tournage de Louis la Brocante, la série dont il est le personnage principal sur France 3. L'opération d'un anévrisme de l'aorte, prévue depuis plusieurs mois, est avancée et réalisée le . Victor Lanoux se réveille paraplégique. Malgré le peu d'espoir de ses médecins, avec le soutien de Véronique, sa future épouse, scripte sur la série, il reprend peu à peu le dessus, après plusieurs mois de rééducation à Garches, puis à Rambouillet, ce qui lui permettra de reprendre le 4 octobre 2008 le tournage[17], adapté à son handicap, du 35ème épisode de Louis la Brocante[18]. Il narrera cet épisode douloureux de sa vie, avec des retours sur son enfance malheureuse, dans un livre sorti en 2009, intitulé Laisser les flotter les rubans[19].

En 2010, il tourne deux épisodes de Louis la Brocante et affirme avoir récupéré 95 % de ses moyens[20]. Le , il annonce la fin de la série. Le dernier épisode est diffusé le [21].

Il prend sa retraite à Royan, dans une résidence du quartier du Parc[22].

Vie privée

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Victor Lanoux a épousé en premières noces Nicole, avec laquelle il a eu ses trois enfants : Richard, né en 1959, Emmanuelle, née en 1963 et Stéphanie, née en 1972. Il a ensuite eu une longue relation avec Marie-José Nat. Le 18 décembre 2007 à Droue-sur-Drouette, il épouse la réalisatrice Véronique Langlois[23].

Sa fille aînée Emmanuelle Nataf est costumière, sa fille cadette Stéphanie Lanoux, née en 1972, est actrice et son fils Richard est scénariste[24].

Dans la nuit du au , Victor Lanoux meurt, à l'âge de 80 ans, au centre hospitalier de Royan — situé dans la commune voisine de Vaux-sur-Mer — où il est hospitalisé et dans le coma depuis plusieurs jours à la suite d’un accident vasculaire cérébral[25],[26].

Le à Royan, les obsèques de Victor Lanoux se déroulent dans la plus stricte intimité. Les cendres de l'acteur, grand amateur de pêche, sont dispersées le lendemain dans une rivière, « afin de rendre aux poissons ce qu'il leur a pris », selon les dernières volontés de l'acteur[13].

En tant que comédien

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En tant que metteur en scène

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En tant qu'auteur

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Filmographie

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Film Date de sortie Réalisateurs Entrées
Un éléphant ça trompe énormément 22 septembre 1976 Yves Robert 2 925 868 entrées
La Carapate 11 octobre 1978 Gérard Oury 2 923 257 entrées
Deux hommes dans la ville 25 octobre 1973 José Giovanni 2 457 900 entrées
Nous irons tous au paradis 9 novembre 1977 Yves Robert 2 080 789 entrées

Télévision

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Téléfilms

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Séries télévisées

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  • Victor Lanoux, Le Tourniquet, Paris, L'Avant-scène théâtre (no 520), , 42 p..
  • Victor Lanoux, Le Péril bleu ou Méfiez-vous des autobus, Paris, L’Avant-scène théâtre (no 556), , 50 p..
  • Victor Lanoux, L’Ouvre-boîte, Montréal, Leméac, , 121 p. (ISBN 0-7761-0907-3).
  • Victor Lanoux, Grand-père, L'Avant-scène théâtre (no 751), 1984
  • Jérôme Chodorov (trad. Victor Lanoux), Voisin Voisine, Paris, L’Avant-scène théâtre (no 786), , 50 p..
  • Victor Lanoux, Drame au concert, 1994

Autobiographies

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Distinctions

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Nominations

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Notes et références

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  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.72 : "Il est arrivé à Paris à l'âge de 16 ans, débarquant de sa Tunisie natale. Et de ce jeune âge à sa mort, mon père n'a jamais cessé de jouer. Il n'a rien fait d'autre que jouer. Il n'a jamais travaillé, jamais. Sa vie, c'était, disons, le jeu. (...) Étant très fatigué, il avait demandé un lit pour se reposer. Il ne pouvait plus se rendre aux courses dans l'après-midi."
  3. a b et c Didier Péron, « Mort de Victor Lanoux, tombeur seventies reconverti en Louis La Brocante », sur liberation.fr, .
  4. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.127 : "J'avais une mère catholique, française. Elle m'avait fait baptiser. Je n'étais même pas coupé.
  5. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.127 : "Je songeais parfois à mon père qui avait fait un séjour au camp de Drancy. Il s'en était sorti, comme par miracle."
  6. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.152 : "Nous sommes arrivés ensemble, en Creuse, en 1943. Nous sommes montés ensemble jusqu'au village. On nous a mis chacun dans une famille. Elle chez les Grandet, et moi chez les Ribière."
  7. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.152 : "Ah, la Creuse ! J'ai quitté ce pays, j'avais 9 ans !"
  8. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.153 : "Chez ma mère, j'imagine que l'on mangeait la nourriture qu'elle avait obtenue à la soupe populaire. Moi, j'y allais le jeudi et le dimanche. J'avais honte, mais il le fallait. La guerre était finie, mais la vie était pire qu'avant."
  9. (en) David Shipman, The Great movie stars, The International Years, , p. 313.
  10. Laure-Hélène de Vriendt, « Mort de Victor Lanoux : 4 anecdotes que vous ignoriez peut-être sur l'acteur », sur rtl.fr, .
  11. a et b (en) David Shipman, The Great movie stars, The International Years, , p. 314.
  12. Magazine Première n° 47 (février 1981) "Victor Lanoux le franc-tireur", article de Constance Poniatowski.
  13. a b et c « Les cendres de Victor Lanoux seront dispersées dans une rivière », sur lefigaro.fr, .
  14. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.155-158
  15. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le Cherche midi, 2009.
  16. Témoignage de Victor Lanoux dans l'émission Vivement dimanche sur France 2, le .
  17. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.222: "Je suis à la veille du tournage. Nous sommes le 3 octobre 2008. Un an. Un an, il m'aura fallu un an pour que je retrouve un rythme à peu près normal. J'entends au niveau du boulot. Huit mois depuis que je suis sorti de Garches, huit mois pour essayer de me retaper."
  18. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009, p.233 :
  19. Victor Lanoux, Laisser flotter les rubans, Le cherche midi, 2009
  20. Louis la Brocante - Victor Lanoux : « La retraite ? Jamais ! », France-Soir, 1er mars 2010.
  21. « Louis la Brocante fait ses adieux ce soir sur France », sur allocine.fr, .
  22. François Gibert, « Disparition de Victor Lanoux : Royan pleure son brocanteur préféré », sur francetvinfo.fr, .
  23. Isabelle Enault, « Hommage. Victor Lanoux est décédé », sur lepetitjournal, .
  24. Sandra Karas, « Louis La Brocante : la famille de Victor Lanoux aux petits soins pour l'acteur », sur telestar.fr, .
  25. Stéphane Durand, « Le comédien Victor Lanoux est décédé à l’hôpital de Royan », sur SudOuest.fr, (consulté le ).
  26. « Clap de fin pour Victor Lanoux, le plus célèbre des brocanteurs », ladepeche.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. Victor Lanoux, Deux heures à tuer au bord de la piscine, Le Cherche Midi, , p. 168.
  28. Alexandra Mauviel, « Le Tréport : Victor Lanoux en tournage sur le port », Le Courrier picard, .
  29. Julia Baudin, « Pas de retraite en vue pour Victor Lanoux », tvmag.lefigaro.fr, .

Bibliographie

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  • Danièle Parra, « Victor Lanoux, acteur populaire. Le comédien a quitté la scène à 80 ans. Il laisse des personnages chéris du public, Bouly au cinéma et Louis à la télévision.», Télécâble Sat Hebdo no 1411, SETC, Saint-Cloud, , p. 6, (ISSN 1280-6617)

Liens externes

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