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Yonaguni (cheval)

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Yonaguni
Chevaux à l'état semi-sauvage sur l'île de Yonaguni
Chevaux à l'état semi-sauvage sur l'île de Yonaguni
Région d’origine
Région Yonaguni-jima, Drapeau du Japon Japon
Caractéristiques
Morphologie Cheval miniature
Taille 1,02 m à 1,22 m
Robe Généralement alezane
Caractère Doux et amical
Statut FAO (conservation) Critique mais maintenueVoir et modifier les données sur Wikidata

Le Yonaguni ou Yonaguni uma (与那国馬?, littéralement cheval de Yonaguni) est une race de petits chevaux japonaise présumée ancienne, et propre à l'île de Yonaguni dans l'archipel Ryūkyū. Proche du cheval mongol et du poney coréen Cheju, le Yonaguni servait aux travaux agricoles courants avant l'arrivée de la motorisation, qui met la race en péril. Une association se constitue pour sa sauvegarde en 1975, mais le nombre d'animaux reste très faible, si bien qu'il est considéré comme une race locale en danger critique d'extinction.

Malgré sa taille réduite, le Yonaguni est considéré localement comme un « petit cheval », et non comme un poney. Animal doux habitué aux contacts humains, il vit le plus souvent en semi-liberté sur son île. Il peut être monté pour des courses au trot, y compris par des personnes adultes pesant moins de 70 kg. En 2016, 130 individus perdurent dans leur biotope originel, le nord et l'est de Yonaguni.

La race porte également les noms de Liukiu[1] et Ryukyu[2], provenant de celui du biotope, l'Archipel Ryūkyū. Malgré les recherches effectuées, il existe peu d'informations fiables quant à l'origine de ces chevaux[3], les données étant contradictoires. Une étude génétique menée en 1983 a permis de déterminer une proximité avec la race voisine du Cheju[3],[4] : il semble alors que, comme tous les autres chevaux natifs japonais, le Yonaguni descende de chevaux mongols qui ont transité par la Corée[5]. Une étude plus récente (1994) souligne que l'origine des chevaux japonais est à chercher parmi les chevaux natifs chinois[6]. La croyance locale veut que ces animaux aient été amenés sur l'île de Yonaguni[7], qui est à 125 km des côtes de Taïwan, il y a environ 2 000 ans, pendant la période Jōmon[3], des recherches archéologiques menées dans les années 1950 et 1960 évoquant plutôt la période du Jōmon tardif, environ 200 ans avant notre ère[8], suivant la conclusion du Pr Hayashida[9]. En 1976, une étude par typage sanguin avait permis de tirer une conclusion différente, à savoir que ces chevaux semblent descendre d'animaux provenant des îles principales du Japon, et dont la taille s'est réduite de génération en génération du fait de la sélection naturelle insulaire[9]. En 2007, dans le cadre d'une analyse moléculaire de l'ADN mitochondrial, Hironaga Kakoi et son équipe synthétisent ces différentes sources et postulent que la race descendrait de chevaux mongols, sans que cela permette de savoir s'ils ont transité par la Chine ou la Corée, voire par les îles principales du Japon, avant d'être amenés sur Yonaguni[10]. La race appartient au même cluster de gènes que les races Misaki et Tokara, ainsi que peut-être du Noma[5].

La première source écrite au sujet des chevaux de Yonaguni, d'origine coréenne, est datée de 1479 et fait état de consommation de viande de cheval et de bœuf parmi les habitants de l'île[3]. L'interprétation de cette source fait débat, certaines allant dans le sens que les habitants possédaient déjà des chevaux à cette époque, d'autres que non[11]. Il est possible que ces animaux aient été amenés par bateaux depuis l'île voisine d'Okinawa[12]. Quoi qu'il en soit, de petits chevaux ont vécu de façon isolée sur l'île de Yonaguni sur plusieurs générations[9],[13], et semblent avoir été exportés vers la Chine[14].

Un cheval Yonaguni alezan dans un pré.
Sujet alezan.

Le Yonaguni était jadis mis au travail au labour et au transport en fonction des besoins de la maisonnée, chaque ferme de l'île ayant un ou deux de ces équidés à disposition[3]. Une bride spécifique munie d'une rêne unique était confectionnée pour la mise au travail de ces animaux[15]. En 1939, un plan d'amélioration d'élevage est promulgué au Japon dans le but de produire des chevaux de guerre de plus grande taille, mais le Yonaguni est exclu de ce plan, ce qui permet à la race de perdurer dans son type originel[3]. La motorisation des transports et de l’agriculture diminue la nécessité de posséder un cheval, et les effectifs de la race chutent faute de besoins[3]. Cette chute d'effectifs est d'autant plus importante dans les années 1970 et 1980 que les chevaux ne sont pas élevés pour leur viande, et n'ont donc plus aucune utilité économique[7]. En 1975, une association est créée localement pour permettre la sauvegarde de la race[12]. L'année suivante, seuls 70 spécimens sont recensés[9]. En 2002, le Yonaguni est considéré comme en danger critique d'extinction[2].

Description

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Un cheval Yonaguni bai en train de marché dans un pré.
Sujet bai.

Comme toutes les races équines natives du japon, il appartient au groupe des poneys du Sud-Est asiatique et, parmi celui-ci, au sous-groupe des poneys des îles japonaises, de plus petite taille[16],[9]. Il est notamment proche des races Tokara et Miyako[3], et présente une convergence génétique avec le poney thaïlandais[9]. D'après les données de DAD-IS, la taille moyenne des femelles est de 1,16 m, celle des mâles étant de 1,20 m[17]. L'étude de l'université d'Oklahoma indique une fourchette de 1,02 à 1,22 m[3]. Un étalon âgé de quatre ans a été pesé à 184 kg[18]. Malgré son gabarit réduit et sa classification internationale, il est considéré localement comme un « petit cheval », et non comme un poney[8].

La tête, large, a des yeux bien placés et est surmontée de petites oreilles[3]. L'encolure est courte et épaisse[3]. Les épaules sont le plus souvent droites[3]. Le dos, assez long, rejoint une croupe plutôt droite, avec une queue attachée haut[3]. Les cuisses sont assez légères, les membres peuvent être panards (tournés vers l’extérieur)[3]. Les sabots, longs-jointés, sont particulièrement durs[3]. La robe est le plus souvent alezane[3].

Le Yonaguni est doux de nature, et se montre courageux et dur à la tâche[3]. Il est souvent élevé dans les mêmes pâturages que le bétail, en semi-liberté[13]. Son biotope est de nature subtropicale[18]. D'après une étude de la gestion temporelle menée sur une jeune jument et un étalon adulte en juin et en octobre, en moyenne, un Yonaguni passe 830 à 848 minutes à brouter, 415 à 490 minutes à dormir, et 50 à 71 minutes à se toiletter, y compris en compagnie d'autres chevaux[18]. Les Yonaguni ont la particularité de dormir contre de petits arbres, généralement vers deux heures de l'après-midi[18].

La plupart des sujets sont sauvages et vivent en liberté sur l'île sans être exploités par l'homme. Cependant, les chevaux sont habitués aux contacts humains et peuvent être approchés, nourris ou touchés[13]. Une fois par an, l'état de santé du cheptel est vérifié et des vermifuges sont administrés[15].

En 2001, la publication d'une étude sur la présence de la bactérie Rhodococcus equi a permis de constater l'absence de cette bactérie chez les chevaux de Yonaguni[19]. Bien que le cheptel soit très réduit, la diversité génétique du Yonaguni est globalement meilleure que chez les autres races équines natives du Japon, avec notamment une absence de goulot d'étranglement génétique. Quatre à cinq sous-populations sont identifiées, pour seulement deux haplotypes[20].

Utilisations

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Un cheval Yonaguni bridé devant un arbre en fleurs.
Yonaguni bridé dans une pâture.

Dans les années 1970, le Yonaguni était souvent utilisé pour les travaux de ferme, quoique moins populaire que le bœuf pour le labour[21]. Il était fréquent que les enfants se rendent à l'école sur le dos de ces montures[12]. Désormais, il peut être monté pour les sports équestres, en équitation sur poney[17], et est également apte à la traction[3]. Traditionnellement, ces poneys sont montés en tant que trotteurs, y compris par des personnes adultes. Dans le cadre d'une recherche de respect du bien-être du cheval, une étude a été menée sur la capacité de charge d'un mâle adulte mesurant 1,22 m. Il est recommandé de ne pas dépasser une charge de 70 kg au trot, représentant 33 % du poids total du cheval testé[22].

Diffusion de l'élevage

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Le Yonaguni est considéré par l'étude de l'université d'Uppsala menée pour la FAO (2010) comme une race locale en danger critique d'extinction, faisant l'objet de mesures de protection[23]. Ce poney n'est présent que sur l'île de Yonaguni-jima, dépendant de la préfecture d'Okinawa[17]. Il existe en 2014 deux hardes sur cette île[13]. Une zone d'environ 490 hectares leur est réservée. D'autre part, les chevaux sont élevés dans trois pâturages communs à l'extérieur de 24 exploitations[7]. La population est considérée comme stable, et le comptage comme fiable[17]. La préservation via une banque de données génétiques a été préconisée en 1995[24].


Recensement des Yonaguni
Année 1991[17] 1998[17] 2006[17] 2007[17] 2008[17] 2012[3] 2014[13] 2016[20]
Nombre d'individus recensés 112 100 94 85 85 120 Environ 100 130

En 2016, dans le cadre de la publication d'une étude sur la diversité génétique, 130 têtes sont dénombrées[20]. Les poneys sont principalement répartis dans des ranches du nord et de l'est de l'île[3]. Pour prévenir le risque d'extinction en cas de problèmes sur l'île, quelques sujets sont présents dans des zoos japonais, comme le zoo et muséum d'Okinawa[25], avec d'autres races d'animaux rares endémiques des petites îles japonaises[26].

Notes et références

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  1. Porter 2002, p. 188.
  2. a et b Porter 2002, p. 208.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Hendricks 2007, p. 447.
  4. (en) Chung, E. Y.; Han, S. K.; Shin, Y. C.; Yang, K. S., « Studies on biochemical polymorphism of blood proteins and enzymes in Cheju native horses. », Korean Journal of Animal Sciences, vol. 32, no 11,‎ , p. 658-668 (ISSN 0367-5807, lire en ligne).
  5. a et b (en) T. Tozaki, N. Takezaki, T. Hasegawa et N. Ishida, « Microsatellite Variation in Japanese and Asian Horses and Their Phylogenetic Relationship Using a European Horse Outgroup », Journal of Heredity, vol. 94, no 5,‎ , p. 374–380 (ISSN 0022-1503 et 1465-7333, PMID 14557389, DOI 10.1093/jhered/esg079, lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) Hideji Yamashita, Shujiro Murata, Kikuo Komura et Shin Okamoto, « Population Differentiation of Japanese Native Horses by DNA Fingerprinting », Journal of Equine Science, vol. 5, no 4,‎ , p. 115–120 (DOI 10.1294/jes.5.115, lire en ligne, consulté le ).
  7. a b et c Sakashita 2013.
  8. a et b (en) Takane Matsuo, Gene conservation : exploration, collection, preservation, and utilization of genetic resources, University of Tokyo Press, , p. 131-132.
  9. a b c d e et f (en) K. Nozawa, T. Shotake et Y. Ohkura, « Blood protein variations within and between the east Asian and European horse populations », Zeitschrift für Tierzüchtung und Züchtungsbiologie, vol. 93, nos 1-4,‎ , p. 60–74 (ISSN 1439-0388, DOI 10.1111/j.1439-0388.1976.tb00886.x, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Hironaga Kakoi, Teruaki Tozaki et Hitoshi Gawahara, « Molecular Analysis Using Mitochondrial DNA and Microsatellites to Infer the Formation Process of Japanese Native Horse Populations », Biochemical Genetics, vol. 45, nos 3-4,‎ , p. 375–395 (ISSN 0006-2928 et 1573-4927, DOI 10.1007/s10528-007-9083-0, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Richard J. Pearson, Archaeology of the Ryukyu Islands : a regional chronology from 3000 B.C. to the historic period, University of Hawaii Press, , 210 p., p. 82.
  12. a b et c (ja) « #05 伝説の島に生きる、与那国馬 -沖縄県与那国島- | 011 にっぽん、馬紀行 高草操 Misao Takakusa | 日本列島 知恵プロジェクト », sur 日本列島 知恵プロジェクト (consulté le ).
  13. a b c d et e (en) Robert Walker, Okinawa and the Ryukyu Islands : The First Comprehensive Guide to the Entire Ryukyu Island Chain, Tuttle Publishing, , 288 p. (ISBN 978-1-4629-1431-9 et 1-4629-1431-4, lire en ligne), p. 272-273.
  14. (en) Katrien Hendrickx, The Origins of Banana-fibre Cloth in the Ryukyus, Japan, Louvain, Leuven University Press, coll. « Studia anthropologica », , 336 p. (ISBN 978-90-5867-614-6 et 90-5867-614-5, lire en ligne), p. 153.
  15. a et b (en) Gerald Hausman et Loretta Hausman, The Mythology of Horses : Horse Legend and Lore Throughout the Ages, Crown/Archetype, , 288 p. (ISBN 978-0-307-82475-2 et 0-307-82475-6, lire en ligne), p. 52.
  16. Porter 2002, p. 184.
  17. a b c d e f g h et i (en) « Yonaguni/Japan », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ).
  18. a b c et d (ja) Morihiko Hirakawa, Takuji Hirayama, Eri Nishiyama et Yuka Horie, « 亜熱帯野草地における与那国馬の放牧行動 » [« Comportement des chevaux Yonaguni en pâture dans leur berceau subtropical »], 琉球大学農学部学術報告 / The Science Bulletin of the Faculty of Agriculture. University of the Ryukyus, 琉球大学農学部, no 57,‎ , p. 31-36 (ISSN 0370-4246, résumé).
  19. (en) S Takai, K Ogawa, N Fukunaga et Y Sasaki, « Isolation of virulent Rhodococcus equi from native Japanese horses », Comparative Immunology, Microbiology and Infectious Diseases, vol. 24, no 2,‎ , p. 123–133 (DOI 10.1016/S0147-9571(00)00022-9, lire en ligne, consulté le ).
  20. a b et c (en) Natsuko Senju, Teruaki Tozaki, Hironaga Kakoi et Akihisa Shinjo, « Genetic diversity of the Yonaguni horse based on polymorphisms in microsatellites and mitochondrial DNA », Journal of Veterinary Medical Science, vol. advpub,‎ (DOI 10.1292/jvms.16-0040, lire en ligne, consulté le ).
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  22. (en) A Matsuura, H Mano, M Irimajiri et K Hodate, « Maximum permissible load for Yonaguni ponies (Japanese landrace horses) trotting over a short, straight course », Animal Welfare, vol. 25, no 1,‎ , p. 151–156 (DOI 10.7120/09627286.25.1.151, lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 58 ; 64.
  24. Y. Izaike, K. Kocuchi, J. Noguchi et K. Mrasawa, « Animal Genetic Resources:Efficient Conservation and Effective Use », Animal Genetic Resources, Tsukuba Office Agriculture, Forestry and Fisheries Research Council Secretariat, vol. 141,‎ (lire en ligne).
  25. (en) « Okinawa Zoo & Museum », Zoo et muséum d'Okinawa, (consulté le )
  26. (en) Jürgen Lange et Motofumi Tai, « A Visit to the zoos and aquariums in Japan III », Der Zoologische Garten, vol. 84, nos 3–4,‎ , p. 142–172 (DOI 10.1016/j.zoolgart.2015.01.005, lire en ligne, consulté le ).

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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