Euripide
Euripide, né à Salamine vers 480 av. J.-C., mort en Macédoine en 406 av. J.-C., est l'un des trois grands poètes tragiques de l'époque classique, avec Eschyle et Sophocle.
Les Phéniciennes
[modifier]- (grc)
δούλου τόδ’ εἶπας, μὴ λέγειν ἅ τις φρονεῖ.
- Jocaste réagissant aux propos de Polynice qui lui décrit sa condition d'exilé.
- (grc) Les Phéniciennes., Euripide (trad. Louis Méridier), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1950, p. 170, vers 392
- (grc)
ἁπλοῦς ὁ μῦθος τῆς ἀληθείας ἔφυ,
κοὐ ποικίλων δεῖ τἄνδιχ’ ἑρμηνευμάτων·
ἔχει γὰρ αὐτὰ καιρόν· ὁ δ’ ἄδικος λόγος
νοσῶν ἐν αὑτῷ φαρμάκων δεῖται σοφῶν.
- Polynice répondant à Étéocle.
- (grc) Les Phéniciennes., Euripide (trad. Louis Méridier), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1950, p. 170, vers 469-472
- Citation choisie pour le 25 septembre 2016.
Médée
[modifier]Et je n'approuve pas le citoyen à l'humeur insolente
qui blesse les siens en dédaignant de les comprendre.
- (grc)
οὐδ’ ἀστὸν ᾔνεσ’ ὅστις αὐθάδης γεγὼς
πικρὸς πολίταις ἐστὶν ἀμαθίας ὕπο.
- Médée s'adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
- (grc) Tragédies complètes, Euripide (trad. Marie Delcourt-Curvers), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1962, t. 1, p. 143, vers 223-224
De tout ce qui respire et qui a conscience
il n'est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.
D'abord nous devons faire enchère
et nous acheter un mari, qui sera maître de notre corps,
malheur plus onéreux que le prix qui le paie.
Car notre plus grand risque est là: l'acquis est-il bon ou mauvais ?
Se séparer de son mari, c'est se déshonorer,
et le refuser est interdit aux femmes.
Entrant dans un monde inconnu, dans de nouvelles lois,
dont la maison natale n'a rien pu lui apprendre,
une fille doit deviner l'art d'en user avec son compagnon de lit.
Si elle y parvient à grand'peine,
s'il accepte la vie commune en portant de bon cœur le joug avec elle,
elle vivra digne d'envie. Sinon, la mort est préférable.
Car un homme, quand son foyer lui donne la nausée,
n'a qu'à s'en aller, pour dissiper son ennui,
vers un ami ou quelqu'un de son âge.
Nous ne pouvons tourner les yeux que vers un être unique.
Et puis l'on dit que nous menons dans nos maisons
une vie sans danger, tandis qu'eux vont se battre !
Mauvaise raison : j'aimerais mieux monter trois fois en ligne
que mettre au monde un seul enfant !
- (grc)
άντων δ’ ὅσ’ ἔστ’ ἔμψυχα καὶ γνώμην ἔχει
γυναῖκές ἐσμεν ἀθλιώτατον φυτόν·
ἃς πρῶτα μὲν δεῖ χρημάτων ὑπερβολῇ
πόσιν πρίασθαι, δεσπότην τε σώματος
λαβεῖν· κακοῦ γὰρ τοῦτ’ ἔτ’ ἄλγιον κακόν.
κἀν τῷδ’ ἀγὼν μέγιστος, ἢ κακὸν λαβεῖν
ἢ χρηστόν. οὐ γὰρ εὐκλεεῖς ἀπαλλαγαὶ
γυναιξίν, οὐδ’ οἷόν τ’ ἀνήνασθαι πόσιν.
ἐς καινὰ δ’ ἤθη καὶ νόμους ἀφιγμένην
δεῖ μάντιν εἶναι, μὴ μαθοῦσαν οἴκοθεν,
ὅτῳ μάλιστα χρήσεται ξυνευνέτῃ.
κἂν μὲν τάδ’ ἡμῖν ἐκπονουμέναισιν εὖ
πόσις ξυνοικῇ μὴ βίᾳ φέρων ζυγόν,
ζηλωτὸς αἰών· εἰ δὲ μή, θανεῖν χρεών.
ἀνὴρ δ’, ὅταν τοῖς ἔνδον ἄχθηται ξυνών,
ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
[ἢ πρὸς φίλον τιν’ ἢ πρὸς ἥλικα τραπείς·]
ἡμῖν δ’ ἀνάγκη πρὸς μίαν ψυχὴν βλέπειν.
λέγουσι δ’ ἡμᾶς ὡς ἀκίνδυνον βίον
ζῶμεν κατ’ οἴκους, οἳ δὲ μάρνανται δορί·
κακῶς φρονοῦντες· ὡς τρὶς ἂν παρ’ ἀσπίδα
στῆναι θέλοιμ’ ἂν μᾶλλον ἢ τεκεῖν ἅπαξ.
- Médée s'adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
- (grc) Tragédies complètes, Euripide (trad. Marie Delcourt-Curvers), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1962, t. 1, p. 143, vers 230-251
Sur Euripide
[modifier]Aristote
[modifier]- (grc) οἱ Εὐριπίδῃ ἐγκαλοῦντες τὸ αὐτὸ ἁμαρτάνουσιν ὅτι τοῦτο δρᾷ ἐν ταῖς τραγῳδίαις καὶ αἱ πολλαὶ αὐτοῦ εἰς δυστυχίαν τελευτῶσιν. τοῦτο γάρ ἐστιν ὥσπερ εἴρηται ὀρθόν: σημεῖον δὲ μέγιστον: ἐπὶ γὰρ τῶν σκηνῶν καὶ τῶν ἀγώνων τραγικώταται αἱ τοιαῦται φαίνονται, ἂν κατορθωθῶσιν, καὶ ὁ Εὐριπίδης, εἰ καὶ τὰ ἄλλα μὴ εὖ οἰκονομεῖ, ἀλλὰ τραγι κώτατός γε τῶν ποιητῶν φαίνεται.
- Poétique (IVe siècle avant J.-C.), Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996 (Les Belles Lettres 1990) (ISBN 2-07-074368-3), 1453a, p. 101
- Citation que Jean de La Bruyère a paraphrasée et adaptée dans ses Caractères : « Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se conforme aux nôtres ; celui-là peint les hommes comme ils devraient être, celui-ci les peint tels qu’ils sont. »
- Poétique, Aristote (trad. Michel Magnien), éd. Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche / Classiques », 1990 (ISBN 978-2-253-05241--8), chap. XXV, 1460 b 33-34, p. 128