Rafael Barbosa

La grande diversite des approches analytiques dont la musique fait l'objet aujourd'hui, va de pair avec une diversification des outils dont elles se dotent. Actuellement la pluridisciplinarite en musique constitue plutot la regle que l'exception. De l'etude de ces modalites d'analyse foisonnantes, ressort que l'œuvre est rarement le but de l'analyse, mais le plus souvent l'occasion de developper un contenu qui n'est pas immanent a sa structure objective. Le defi de la demarche analytique consiste alors a rendre evidente l'association entre ce contenu et l'œuvre. Car s'il est vrai qu'une piece musicale manifeste un niveau concret ou tous ses parametres sont mesurables, elle n'est pas pour autant un objet autonome, mais comme l'a dit Husserl : un objet culturel et intentionnel.

Si la musique a participe au developpement de la psychologie cognitive et de l'approche experimentale de l'esthetique, la musicologie, et plus particulierement sa branche analytique, n'a que tres peu beneficie des acquis de ce que Francois Delalande appelle « les sciences de la musique ». Cette situation est le resultat d'un l'eloignement ontologique entre les paradigmes sous-jacents des sciences cognitives, et ceux de la theorie et l'analyse musicologiques. La difficulte a assimiler une methodologie transdisciplinaire – question epistemologique qui accompagne le developpement des sciences cognitives –, est aussi responsable d'une forme de desinteressement chronique de la part des musicologues pour des disciplines scientifiques qui pourtant, permettent aujourd'hui de comprendre la musique en tant qu'objet faconne par une dynamique des contraintes perceptives et cognitives, ainsi que comme experience esthetique vivante. Ce travail doctoral cherche ...

During the decade of the 1960s linguistics entered what can be seen as a paradigm shift following Thomas Kuhn’s theory of the Structure of Scientific Revolutions (1962). As a result, the discipline steps out of the Cartesian dualism between body and mind. During the 80th’s analytical musicology was related to the methodological approach of transformational grammars, the best known example being the Generative Theory of Tonal Music (Lerdahl and Jackendoff 1983). For musicologist, the motivation to adopt this position is naturally nurtured by the work of Heinrich Schenker (Der Freier Satz 1935) in which, as in transformational grammar, a hierarchy of layers going from the actual piece of music to its Ursatz (Kernel) is proposed. The hypothesis developed in this article is that the analytical musicology, despite the efforts to link it with modern linguistics, has not yet stepped into the new scientific paradigm led by cognitive sciences. The reason for this is that musicology has not y...