Coordinateurs du numéro de Géocarrefour « Roms migrants en ville : pratiques et politiques en Ita... more Coordinateurs du numéro de Géocarrefour « Roms migrants en ville : pratiques et politiques en Italie et en France » paru en 2011, Olivier Legros et Tommaso Vitale ont également joué un rôle important depuis 2008 dans la structuration du champ scientifique portant sur les migrations roms, les politiques de résorption des bidonvilles, les migrations précaires en milieu urbain. Un peu plus de dix ans après ce numéro, et à partir des travaux et projets menés depuis, ils reviennent sur les principales évolutions observées en France et dans certains pays européens, tant en termes d’action publique que de recherche scientifique. Plan Années 2010 : le lancement de collectifs de recherche européens dans un contexte d’effervescence politique - Pourriez-vous revenir sur le contexte et les raisons qui vous avaient amenés à proposer ce numéro à la revue Géocarrefour en 2011 ? - Comment caractériseriez-vous les évolutions du traitement de ces questions dans la recherche académique produite ces dix dernières années ? Dix années de résorption des bidonvilles : quelles évolutions ? -Les effets des circulaires de 2012 et 2018 en France : En 2012, soit un an après la parution du numéro de Géocarrefour que vous avez coordonné, paraissait la circulaire du 26 août 2012 sur « l’anticipation de l’évacuation des campements illicites ». Plus récemment en 2018, une « instruction gouvernementale » venait confirmer et renforcer les orientations prises. Quel regard portez-vous sur ces évolutions nationales ? - Ces évolutions que vous décrivez sont-elles observables également dans d’autres pays d’Europe ? Dispositifs bricolés et inadaptés au public : quelles perspectives aujourd’hui ? - Concernant les réponses en termes de logement ou hébergement, le constat dans les années 2000 était l’inadaptation des dispositifs à l’accueil de familles avec enfants. Cette situation a-t-elle évolué, et dans quel sens ? - Une action publique toujours « bricolée », ou « solidifiée » ? Concernant les politiques visant les « Roms migrants », on a souvent parlé de « bricolage ». Les évolutions que vous décrivez ont-elles mené à une forme d’uniformatisation ou de consolidation de l’action publique ? - Donc pour résumer, ces dernières années ont permis selon vous d’étoffer la palette d’outils et d’instruments à disposition, sans pour autant uniformiser les réponses élaborées localement ? Les effets des politiques sur les trajectoires, parcours et situations résidentielles des populations en bidonvilles - Dans vos divers projets depuis 2011, vous avez notamment travaillé sur les effets de politiques publiques sur les trajectoires résidentielles, les parcours de vie. Comment percevez-vous l’effet de ces politiques depuis 2012 ? - Comparé à la situation de 2011, que diriez-vous de l’espace actuel des habitats informels en France : vous semblent-ils toujours aussi urbains, et toujours aussi en marge ?
Revue Electronique Des Sciences Humaines Et Sociales, Sep 27, 2010
Jusqu’a ces dernieres annees, on pouvait penser qu’en France, les operations de resorption de l’h... more Jusqu’a ces dernieres annees, on pouvait penser qu’en France, les operations de resorption de l’habitat insalubre engagees depuis le milieu du siecle avaient elimine les bidonvilles du paysage urbain. Pourtant, depuis les annees 1990, cette forme d’habitat precaire est [...]
International audienceCet article analyse le processus de construction des « villages d’insertion... more International audienceCet article analyse le processus de construction des « villages d’insertion de Roms » installés par l’Etat et par les collectivités locales en proche banlieue à partir de 2007. Ces dispositifs visent l’élimination des grands bidonvilles construits au cours des années 2000 par des Roms roumains et bulgares, le plus souvent sans ressources et en situation irrégulière. Faut-il voir dans ces « villages d’insertion », qui proposent chacun à quelques familles sélectionnées un hébergement sur des terrains clôturés et surveillés, et un accompagnement social pendant une durée de trois à cinq ans, un tournant dans les politiques en direction des migrants roms ? Ou s’agit-il d’une opération de communication qui autoriserait les autorités locales à préserver une apparence humanitaire tout en continuant d’appliquer une politique d’évacuation des terrains et d’expulsion des personnes ? La réponse est complexe car le « village » constitue à la fois une application du paradigm...
International audienceIn France, many Bulgarian and Romanian Roma migrants are being deported bac... more International audienceIn France, many Bulgarian and Romanian Roma migrants are being deported back to their home country. Certain selected families, however, are being re-housed in “integration villages,” that according to the author, are oddly reminiscent of the cités de transit built for immigrants in the 1960’s. Is the State repeating the history of failing to integrate foreign workers?Les migrants roms bulgares et roumains ne font pas seulement l’objet de reconduites au pays d’origine. Certaines familles sélectionnées sont accueillies dans des « villages d’insertion » qui, selon l’auteur, rappellent étrangement les cités de transit construites pour les immigrants des années soixante. L’État serait-il en train de répéter l’histoire d’une intégration manquée des travailleurs étrangers
Pour les partisans de la critical urban theory comme pour ceux de la radical geography, les confl... more Pour les partisans de la critical urban theory comme pour ceux de la radical geography, les conflits urbains constituent une forme majeure des luttes sociales aujourd'hui. Suivant cette idee, les conflits urbains, que l'on definira ici comme l'ensemble des luttes liees a la reclamation de droits collectifs (eau potable, logement, education, etc.) en ville, pourraient bien sur contribuer a inflechir l'action publique dans le sens de la demande sociale, mais aussi donner lieu a l'experimentation de formes nouvelles d'organisation sociale, voire de citoyennete, les citadins exercant alors un veritable " droit a la ville ", soit un " pouvoir collectif sur le processus d'urbanisation " selon David Harvey qui reprend a l'occasion la celebre formule d'Henri Lefebvre (2011, p. 8). Si le constat vaut certainement pour certains groupes d'habitants engages dans les luttes urbaines, y compris parmi les plus pauvres des citadins, par ex...
Depuis quelques temps deja, l'intermediation, qu'elle soit qualifiee de " sociale &q... more Depuis quelques temps deja, l'intermediation, qu'elle soit qualifiee de " sociale " ou, plus frequemment, d' " interculturelle " prend une place croissante dans la lutte contre la pauvrete et contre l'exclusion sociale orchestree par les institutions internationales et celles europeennes. Ainsi le Conseil de l'Europe a-t-il lance depuis l'automne 2010 un plan de formation de " mille mediateurs roms [qui] vise a doter les mediateurs des competences indispensables a l'accomplissement de leur mission de representation des communautes roms au-dehors, a commencer par les etablissements scolaires, les hopitaux et les agents pour l'emploi ". Bien sur, le recours a des intermediaires ne constitue pas en soi une nouveaute, que l'on songe, par exemple, a la presence relativement ancienne de mediateurs interculturels en Angleterre ou les communautes sont partie integrante du paysage institutionnel, notamment a l'echelle loca...
Revue Electronique Des Sciences Humaines Et Sociales, Mar 21, 2014
Cet article a fait l’objet d’une premiere communication orale lors du colloque international « Go... more Cet article a fait l’objet d’une premiere communication orale lors du colloque international « Gouverner les metropoles. Pouvoirs et territoires », organise par La Ville de Paris, le Laboratoire techniques, territoires et societes (Universite Paris Est) et le Centre d’etudes europeennes [...]
Depuis quelques temps deja, les Roms roumains et bulgares en situation precaire dans les villes f... more Depuis quelques temps deja, les Roms roumains et bulgares en situation precaire dans les villes francaises sont la cible des pouvoirs publics, que l'on songe, bien sur, aux discours prononces durant l'ete 2010 par le Chef de l'Etat sur les " problemes que posent les comportements de certains parmi les Gens du voyage et les Roms ", ou aux nombreuses actions engagees sur le terrain, qu'il s'agisse de reconduites a la frontiere, d'expulsions de squats ou de terrains occupes illegalement2 ou encore d'experiences d'accueil et d'insertion a l'initiative des pouvoirs locaux. Ceux que l'on appelle desormais les Roms migrants, voire les Roms tout court, meme si, il faut le souligner, tous ces derniers ne sont evidemment pas en situation precaire, constituent donc desormais un public des politiques publiques. Partant de ce constat, il s'agit de s'interroger sur la genese des politiques en question, ce qui necessite, au prealable, d...
"This article, which combines an ethnographic perspective and the analysis of public policy and u... more "This article, which combines an ethnographic perspective and the analysis of public policy and urban geography, seeks to inform about the policies taken towards Roma migrants in a precarious situation in Île-de-France. Up to now, the “Roma issue” hasn’t given rise to the building of policies at the level of the City-Region. But it lies mainly in the state and local authorities, whose attitude oscillates between hospitality and rejection. The authors, being interested in the practices and residential strategies of Roma migrants in precarious situations, also analyze how migrants, as all recipients of public policy, adapt to policies or make use of them by exploiting urban environment resources. From this point of view, it is clear that the lack of policies or coordination across the metropolitan area is not necessarily a problem for migrants in precarious situations. On the contrary, in many cases, it represents an opportunity that allows them to act in the margins or in the cracks of the system so as to be a part of the city.
metropolitan governance, Roma, Paris, mobility, slums
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Quelques mois seulement après la victoire du candidat socialiste François Hollande aux élections ... more Quelques mois seulement après la victoire du candidat socialiste François Hollande aux élections présidentielles de 2012, le nouveau gouvernement formé par Jean-Marc Ayrault rédigeait une circulaire visant à humaniser les opérations d’évacuation des « campements illicites », le plus souvent construits par des ressortissant roumains et bulgares, assimilés à tort ou à raison à des Roms, et en situation précaire dans les villes françaises. Assurément, cette circulaire voulait constituer un changement puisque jusqu’alors, les politiques nationales à l’encontre des migrants roms en situation précaire avaient été largement dominées par les pratiques de rejet. A y regarder de plus près, l’affaire est évidemment plus complexe. En effet, depuis la nomination de Manuel Valls au ministère de l’Intérieur, les évacuations et les reconduites à la frontière se sont maintenues à un rythme soutenu ; elles se sont peut-être même intensifiées si l’on en croit les sources associatives. Aussi peut-on penser que la circulaire a principalement constitué une réponse des autorités françaises aux critiques adressées par la société civile, l’Eglise et les institutions européennes en raison de l’intensité des opérations d’évacuation. La circulaire servirait-elle de caution humanitaire ou de paravent aux mesures sécuritaires, voire d’instrument d’apprivoisement et de fidélisation des associations de défense des droits de l’Homme ? Plus largement, comment interpréter les politiques nationales en direction des migrants roms en situation précaire, qui se dessinent aujourd’hui dans un contexte marqué, certes par la victoire du Parti Socialiste mais aussi par la montée de l’extrême-droite sur fond de crise économique ? En d’autres termes, il s’agit de voir si les politiques en cours de construction inaugurent ou non une approche originale de la pauvreté étrangère, une approche qui pourrait être qualifiée comme étant « de gauche ».
Cet article, qui combine le regard ethnographique avec l’analyse des politiques publiques et la g... more Cet article, qui combine le regard ethnographique avec l’analyse des politiques publiques et la géographie urbaine, cherche à documenter les politiques en direction des migrants roms en situation précaire en Île-de-France. Loin de constituer un point d’appui à la construction d’une capacité de pilotage à l’échelle de la Région-métropole, la « question rom » incombe surtout à l’État et aux pouvoirs locaux dont l’attitude oscille entre accueil et rejet. Attentifs aux pratiques et aux stratégies résidentielles des migrants roms en situation précaire, les auteurs analysent par ailleurs la façon dont, comme tous les destinataires de l’action publique, les migrants s’adaptent aux politiques publiques, voire instrumentalisent celles-ci en exploitant les ressources de l’environnement urbain. Selon cette perspective, il apparaît nettement que l’absence de politique ou de coordination à l’échelle de la région métropolitaine n’est pas nécessairement un problème pour les migrants en situation de précarité. Au contraire, dans bien des cas, c’est une opportunité qui leur permet d’agir dans les marges ou dans les failles du système afin de se faire une place dans la ville.
Abstract
In recent years, public authorities have multiplied the number of evictions of illicit s... more Abstract In recent years, public authorities have multiplied the number of evictions of illicit settlements in France. These operations are conducted without much result seeing as those evicted, mostly Romanian citizens who are designated, correctly or not, as Roma, will settle just a bit further, and again illegally. Under these conditions, what is the use of continuing with these evictions? Initially the instruments of civil enforcement or administrative police, evictions now operate as the public policy regarding illicit settlements. However, the results are mixed in terms of land management: ineffective in the short term as they have not deterred the evicted families to abandon their practices; in the long term, provided they are followed by reallocation or securing sustainability, evictions should compel families to review their residential strategies, without forcibly constraint them to leave the areas where they have settled.
Coordinateurs du numéro de Géocarrefour « Roms migrants en ville : pratiques et politiques en Ita... more Coordinateurs du numéro de Géocarrefour « Roms migrants en ville : pratiques et politiques en Italie et en France » paru en 2011, Olivier Legros et Tommaso Vitale ont également joué un rôle important depuis 2008 dans la structuration du champ scientifique portant sur les migrations roms, les politiques de résorption des bidonvilles, les migrations précaires en milieu urbain. Un peu plus de dix ans après ce numéro, et à partir des travaux et projets menés depuis, ils reviennent sur les principales évolutions observées en France et dans certains pays européens, tant en termes d’action publique que de recherche scientifique. Plan Années 2010 : le lancement de collectifs de recherche européens dans un contexte d’effervescence politique - Pourriez-vous revenir sur le contexte et les raisons qui vous avaient amenés à proposer ce numéro à la revue Géocarrefour en 2011 ? - Comment caractériseriez-vous les évolutions du traitement de ces questions dans la recherche académique produite ces dix dernières années ? Dix années de résorption des bidonvilles : quelles évolutions ? -Les effets des circulaires de 2012 et 2018 en France : En 2012, soit un an après la parution du numéro de Géocarrefour que vous avez coordonné, paraissait la circulaire du 26 août 2012 sur « l’anticipation de l’évacuation des campements illicites ». Plus récemment en 2018, une « instruction gouvernementale » venait confirmer et renforcer les orientations prises. Quel regard portez-vous sur ces évolutions nationales ? - Ces évolutions que vous décrivez sont-elles observables également dans d’autres pays d’Europe ? Dispositifs bricolés et inadaptés au public : quelles perspectives aujourd’hui ? - Concernant les réponses en termes de logement ou hébergement, le constat dans les années 2000 était l’inadaptation des dispositifs à l’accueil de familles avec enfants. Cette situation a-t-elle évolué, et dans quel sens ? - Une action publique toujours « bricolée », ou « solidifiée » ? Concernant les politiques visant les « Roms migrants », on a souvent parlé de « bricolage ». Les évolutions que vous décrivez ont-elles mené à une forme d’uniformatisation ou de consolidation de l’action publique ? - Donc pour résumer, ces dernières années ont permis selon vous d’étoffer la palette d’outils et d’instruments à disposition, sans pour autant uniformiser les réponses élaborées localement ? Les effets des politiques sur les trajectoires, parcours et situations résidentielles des populations en bidonvilles - Dans vos divers projets depuis 2011, vous avez notamment travaillé sur les effets de politiques publiques sur les trajectoires résidentielles, les parcours de vie. Comment percevez-vous l’effet de ces politiques depuis 2012 ? - Comparé à la situation de 2011, que diriez-vous de l’espace actuel des habitats informels en France : vous semblent-ils toujours aussi urbains, et toujours aussi en marge ?
Revue Electronique Des Sciences Humaines Et Sociales, Sep 27, 2010
Jusqu’a ces dernieres annees, on pouvait penser qu’en France, les operations de resorption de l’h... more Jusqu’a ces dernieres annees, on pouvait penser qu’en France, les operations de resorption de l’habitat insalubre engagees depuis le milieu du siecle avaient elimine les bidonvilles du paysage urbain. Pourtant, depuis les annees 1990, cette forme d’habitat precaire est [...]
International audienceCet article analyse le processus de construction des « villages d’insertion... more International audienceCet article analyse le processus de construction des « villages d’insertion de Roms » installés par l’Etat et par les collectivités locales en proche banlieue à partir de 2007. Ces dispositifs visent l’élimination des grands bidonvilles construits au cours des années 2000 par des Roms roumains et bulgares, le plus souvent sans ressources et en situation irrégulière. Faut-il voir dans ces « villages d’insertion », qui proposent chacun à quelques familles sélectionnées un hébergement sur des terrains clôturés et surveillés, et un accompagnement social pendant une durée de trois à cinq ans, un tournant dans les politiques en direction des migrants roms ? Ou s’agit-il d’une opération de communication qui autoriserait les autorités locales à préserver une apparence humanitaire tout en continuant d’appliquer une politique d’évacuation des terrains et d’expulsion des personnes ? La réponse est complexe car le « village » constitue à la fois une application du paradigm...
International audienceIn France, many Bulgarian and Romanian Roma migrants are being deported bac... more International audienceIn France, many Bulgarian and Romanian Roma migrants are being deported back to their home country. Certain selected families, however, are being re-housed in “integration villages,” that according to the author, are oddly reminiscent of the cités de transit built for immigrants in the 1960’s. Is the State repeating the history of failing to integrate foreign workers?Les migrants roms bulgares et roumains ne font pas seulement l’objet de reconduites au pays d’origine. Certaines familles sélectionnées sont accueillies dans des « villages d’insertion » qui, selon l’auteur, rappellent étrangement les cités de transit construites pour les immigrants des années soixante. L’État serait-il en train de répéter l’histoire d’une intégration manquée des travailleurs étrangers
Pour les partisans de la critical urban theory comme pour ceux de la radical geography, les confl... more Pour les partisans de la critical urban theory comme pour ceux de la radical geography, les conflits urbains constituent une forme majeure des luttes sociales aujourd'hui. Suivant cette idee, les conflits urbains, que l'on definira ici comme l'ensemble des luttes liees a la reclamation de droits collectifs (eau potable, logement, education, etc.) en ville, pourraient bien sur contribuer a inflechir l'action publique dans le sens de la demande sociale, mais aussi donner lieu a l'experimentation de formes nouvelles d'organisation sociale, voire de citoyennete, les citadins exercant alors un veritable " droit a la ville ", soit un " pouvoir collectif sur le processus d'urbanisation " selon David Harvey qui reprend a l'occasion la celebre formule d'Henri Lefebvre (2011, p. 8). Si le constat vaut certainement pour certains groupes d'habitants engages dans les luttes urbaines, y compris parmi les plus pauvres des citadins, par ex...
Depuis quelques temps deja, l'intermediation, qu'elle soit qualifiee de " sociale &q... more Depuis quelques temps deja, l'intermediation, qu'elle soit qualifiee de " sociale " ou, plus frequemment, d' " interculturelle " prend une place croissante dans la lutte contre la pauvrete et contre l'exclusion sociale orchestree par les institutions internationales et celles europeennes. Ainsi le Conseil de l'Europe a-t-il lance depuis l'automne 2010 un plan de formation de " mille mediateurs roms [qui] vise a doter les mediateurs des competences indispensables a l'accomplissement de leur mission de representation des communautes roms au-dehors, a commencer par les etablissements scolaires, les hopitaux et les agents pour l'emploi ". Bien sur, le recours a des intermediaires ne constitue pas en soi une nouveaute, que l'on songe, par exemple, a la presence relativement ancienne de mediateurs interculturels en Angleterre ou les communautes sont partie integrante du paysage institutionnel, notamment a l'echelle loca...
Revue Electronique Des Sciences Humaines Et Sociales, Mar 21, 2014
Cet article a fait l’objet d’une premiere communication orale lors du colloque international « Go... more Cet article a fait l’objet d’une premiere communication orale lors du colloque international « Gouverner les metropoles. Pouvoirs et territoires », organise par La Ville de Paris, le Laboratoire techniques, territoires et societes (Universite Paris Est) et le Centre d’etudes europeennes [...]
Depuis quelques temps deja, les Roms roumains et bulgares en situation precaire dans les villes f... more Depuis quelques temps deja, les Roms roumains et bulgares en situation precaire dans les villes francaises sont la cible des pouvoirs publics, que l'on songe, bien sur, aux discours prononces durant l'ete 2010 par le Chef de l'Etat sur les " problemes que posent les comportements de certains parmi les Gens du voyage et les Roms ", ou aux nombreuses actions engagees sur le terrain, qu'il s'agisse de reconduites a la frontiere, d'expulsions de squats ou de terrains occupes illegalement2 ou encore d'experiences d'accueil et d'insertion a l'initiative des pouvoirs locaux. Ceux que l'on appelle desormais les Roms migrants, voire les Roms tout court, meme si, il faut le souligner, tous ces derniers ne sont evidemment pas en situation precaire, constituent donc desormais un public des politiques publiques. Partant de ce constat, il s'agit de s'interroger sur la genese des politiques en question, ce qui necessite, au prealable, d...
"This article, which combines an ethnographic perspective and the analysis of public policy and u... more "This article, which combines an ethnographic perspective and the analysis of public policy and urban geography, seeks to inform about the policies taken towards Roma migrants in a precarious situation in Île-de-France. Up to now, the “Roma issue” hasn’t given rise to the building of policies at the level of the City-Region. But it lies mainly in the state and local authorities, whose attitude oscillates between hospitality and rejection. The authors, being interested in the practices and residential strategies of Roma migrants in precarious situations, also analyze how migrants, as all recipients of public policy, adapt to policies or make use of them by exploiting urban environment resources. From this point of view, it is clear that the lack of policies or coordination across the metropolitan area is not necessarily a problem for migrants in precarious situations. On the contrary, in many cases, it represents an opportunity that allows them to act in the margins or in the cracks of the system so as to be a part of the city.
metropolitan governance, Roma, Paris, mobility, slums
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Quelques mois seulement après la victoire du candidat socialiste François Hollande aux élections ... more Quelques mois seulement après la victoire du candidat socialiste François Hollande aux élections présidentielles de 2012, le nouveau gouvernement formé par Jean-Marc Ayrault rédigeait une circulaire visant à humaniser les opérations d’évacuation des « campements illicites », le plus souvent construits par des ressortissant roumains et bulgares, assimilés à tort ou à raison à des Roms, et en situation précaire dans les villes françaises. Assurément, cette circulaire voulait constituer un changement puisque jusqu’alors, les politiques nationales à l’encontre des migrants roms en situation précaire avaient été largement dominées par les pratiques de rejet. A y regarder de plus près, l’affaire est évidemment plus complexe. En effet, depuis la nomination de Manuel Valls au ministère de l’Intérieur, les évacuations et les reconduites à la frontière se sont maintenues à un rythme soutenu ; elles se sont peut-être même intensifiées si l’on en croit les sources associatives. Aussi peut-on penser que la circulaire a principalement constitué une réponse des autorités françaises aux critiques adressées par la société civile, l’Eglise et les institutions européennes en raison de l’intensité des opérations d’évacuation. La circulaire servirait-elle de caution humanitaire ou de paravent aux mesures sécuritaires, voire d’instrument d’apprivoisement et de fidélisation des associations de défense des droits de l’Homme ? Plus largement, comment interpréter les politiques nationales en direction des migrants roms en situation précaire, qui se dessinent aujourd’hui dans un contexte marqué, certes par la victoire du Parti Socialiste mais aussi par la montée de l’extrême-droite sur fond de crise économique ? En d’autres termes, il s’agit de voir si les politiques en cours de construction inaugurent ou non une approche originale de la pauvreté étrangère, une approche qui pourrait être qualifiée comme étant « de gauche ».
Cet article, qui combine le regard ethnographique avec l’analyse des politiques publiques et la g... more Cet article, qui combine le regard ethnographique avec l’analyse des politiques publiques et la géographie urbaine, cherche à documenter les politiques en direction des migrants roms en situation précaire en Île-de-France. Loin de constituer un point d’appui à la construction d’une capacité de pilotage à l’échelle de la Région-métropole, la « question rom » incombe surtout à l’État et aux pouvoirs locaux dont l’attitude oscille entre accueil et rejet. Attentifs aux pratiques et aux stratégies résidentielles des migrants roms en situation précaire, les auteurs analysent par ailleurs la façon dont, comme tous les destinataires de l’action publique, les migrants s’adaptent aux politiques publiques, voire instrumentalisent celles-ci en exploitant les ressources de l’environnement urbain. Selon cette perspective, il apparaît nettement que l’absence de politique ou de coordination à l’échelle de la région métropolitaine n’est pas nécessairement un problème pour les migrants en situation de précarité. Au contraire, dans bien des cas, c’est une opportunité qui leur permet d’agir dans les marges ou dans les failles du système afin de se faire une place dans la ville.
Abstract
In recent years, public authorities have multiplied the number of evictions of illicit s... more Abstract In recent years, public authorities have multiplied the number of evictions of illicit settlements in France. These operations are conducted without much result seeing as those evicted, mostly Romanian citizens who are designated, correctly or not, as Roma, will settle just a bit further, and again illegally. Under these conditions, what is the use of continuing with these evictions? Initially the instruments of civil enforcement or administrative police, evictions now operate as the public policy regarding illicit settlements. However, the results are mixed in terms of land management: ineffective in the short term as they have not deterred the evicted families to abandon their practices; in the long term, provided they are followed by reallocation or securing sustainability, evictions should compel families to review their residential strategies, without forcibly constraint them to leave the areas where they have settled.
Since my doctoral thesis, devoted to the study of articulations between urban policies and social... more Since my doctoral thesis, devoted to the study of articulations between urban policies and social dynamics, my research focuses on the issue of power in the urban margins from three fields: the suburbs of Dakar and Tunis; and "Roma" Slums, that is to say, areas of precarious housing occupied by Bulgarians or Romanians, poorly endowed financially and designated rightly or wrongly as "Roma" in France. My work is organized around three axes: the public action in the urban margins (genesis, devices, systems of actors); the political practices of the populations; and the social effects of public action. While highlighting the effects of context, the comparison of the systems of actors makes it possible to underline three invariants: the asymetry of the balance of power at work in the production of space; the frequent use of symbolic and even physical violence by institutional actors; and the diversity of initiatives taken by the inhabitants to improve their living conditions, to gain recognition by the public authorities and, in so doing, to emancipate themselves from dominant actors. In this balance of power, space has a privileged role : on the one hand, it is a stake and a leading resource for the political action of the governed as well as for the institutional actors; on the other hand, it is a physical and symbolic frame for the individual and collective action. These assertions certainly underline the importance to take into account the spatial dimension in the analysis of political phenomena.
Résumé Depuis ma thèse de doctorat qui était consacrée à l’étude des articulations entre politiques urbaines (équipement et lutte contre la pauvreté) et dynamiques sociales, mes recherches portent sur la question du pouvoir dans les marges urbaines à partir de trois terrains : d’abord les banlieues populaires de Dakar et de Tunis, puis, à partir de 2005, les bidonvilles « roms », c’est-à-dire des secteurs d’habitat précaire occupés par des Bulgares ou des Roumains, faiblement dotés sur le plan financier et désignés à tort ou à raison comme « Roms » en France. Mes travaux s’organisent autour de trois axes : les interventions publiques dans les marges urbaines (genèse, dispositifs, jeux d’acteurs) ; les pratiques politiques des populations visées; et les effets sociaux des interventions publiques. Tout en soulignant les effets de contexte, la comparaison des jeux d’acteurs sur les trois terrains permet de mettre à jour trois invariants : l’asymétrie des rapports de force à l’œuvre dans la production de l’espace ; l’usage fréquent de la violence symbolique et même physique par les acteurs institutionnels ; et la diversité des initiatives prises par les habitants afin d’améliorer leurs conditions de vie, accéder à la reconnaissance par les pouvoirs publics et, ce faisant, s’émanciper des acteurs dominants. Dans ce rapport de force, l’espace a une place privilégiée. A la fois enjeu et ressource de premier plan pour l’action politique des gouvernés comme des gouvernants, c’est aussi un cadre physique et symbolique déterminant pour l’expérience humaine. Ces assertions plaident assurément pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des phénomènes politiques.
Since my doctoral thesis, devoted to the study of articulations between urban policies and social... more Since my doctoral thesis, devoted to the study of articulations between urban policies and social dynamics, my research focuses on the issue of power in the urban margins from three fields: the suburbs of Dakar and Tunis; and "Roma" Slums, that is to say, areas of precarious housing occupied by Bulgarians or Romanians, poorly endowed financially and designated rightly or wrongly as "Roma" in France. My work is organized around three axes: the public action in the urban margins (genesis, devices, systems of actors); the political practices of the populations; and the social effects of public action. While highlighting the effects of context, the comparison of the systems of actors makes it possible to underline three invariants: the asymetry of the balance of power at work in the production of space; the frequent use of symbolic and even physical violence by institutional actors; and the diversity of initiatives taken by the inhabitants to improve their living conditions, to gain recognition by the public authorities and, in so doing, to emancipate themselves from dominant actors. In this balance of power, space has a privileged role : on the one hand, it is a stake and a leading resource for the political action of the governed as well as for the institutional actors; on the other hand, it is a physical and symbolic frame for the individual and collective action. These assertions certainly underline the importance to take into account the spatial dimension in the analysis of political phenomena.
Résumé Depuis ma thèse de doctorat qui était consacrée à l’étude des articulations entre politiques urbaines (équipement et lutte contre la pauvreté) et dynamiques sociales, mes recherches portent sur la question du pouvoir dans les marges urbaines à partir de trois terrains : d’abord les banlieues populaires de Dakar et de Tunis, puis, à partir de 2005, les bidonvilles « roms », c’est-à-dire des secteurs d’habitat précaire occupés par des Bulgares ou des Roumains, faiblement dotés sur le plan financier et désignés à tort ou à raison comme « Roms » en France. Mes travaux s’organisent autour de trois axes : les interventions publiques dans les marges urbaines (genèse, dispositifs, jeux d’acteurs) ; les pratiques politiques des populations visées; et les effets sociaux des interventions publiques. Tout en soulignant les effets de contexte, la comparaison des jeux d’acteurs sur les trois terrains permet de mettre à jour trois invariants : l’asymétrie des rapports de force à l’œuvre dans la production de l’espace ; l’usage fréquent de la violence symbolique et même physique par les acteurs institutionnels ; et la diversité des initiatives prises par les habitants afin d’améliorer leurs conditions de vie, accéder à la reconnaissance par les pouvoirs publics et, ce faisant, s’émanciper des acteurs dominants. Dans ce rapport de force, l’espace a une place privilégiée. A la fois enjeu et ressource de premier plan pour l’action politique des gouvernés comme des gouvernants, c’est aussi un cadre physique et symbolique déterminant pour l’expérience humaine. Ces assertions plaident assurément pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des phénomènes politiques.
Since my doctoral thesis, devoted to the study of articulations between urban policies and social... more Since my doctoral thesis, devoted to the study of articulations between urban policies and social dynamics, my research focuses on the issue of power in the urban margins from three fields: the suburbs of Dakar and Tunis; and "Roma" Slums, that is to say, areas of precarious housing occupied by Bulgarians or Romanians, poorly endowed financially and designated rightly or wrongly as "Roma" in France. My work is organized around three axes: the public action in the urban margins (genesis, devices, systems of actors); the political practices of the populations; and the social effects of public action. While highlighting the effects of context, the comparison of the systems of actors makes it possible to underline three invariants: the asymetry of the balance of power at work in the production of space; the frequent use of symbolic and even physical violence by institutional actors; and the diversity of initiatives taken by the inhabitants to improve their living conditions, to gain recognition by the public authorities and, in so doing, to emancipate themselves from dominant actors. In this balance of power, space has a privileged role : on the one hand, it is a stake and a leading resource for the political action of the governed as well as for the institutional actors; on the other hand, it is a physical and symbolic frame for the individual and collective action. These assertions certainly underline the importance to take into account the spatial dimension in the analysis of political phenomena.
Résumé Depuis ma thèse de doctorat qui était consacrée à l’étude des articulations entre politiques urbaines (équipement et lutte contre la pauvreté) et dynamiques sociales, mes recherches portent sur la question du pouvoir dans les marges urbaines à partir de trois terrains : d’abord les banlieues populaires de Dakar et de Tunis, puis, à partir de 2005, les bidonvilles « roms », c’est-à-dire des secteurs d’habitat précaire occupés par des Bulgares ou des Roumains, faiblement dotés sur le plan financier et désignés à tort ou à raison comme « Roms » en France. Mes travaux s’organisent autour de trois axes : les interventions publiques dans les marges urbaines (genèse, dispositifs, jeux d’acteurs) ; les pratiques politiques des populations visées; et les effets sociaux des interventions publiques. Tout en soulignant les effets de contexte, la comparaison des jeux d’acteurs sur les trois terrains permet de mettre à jour trois invariants : l’asymétrie des rapports de force à l’œuvre dans la production de l’espace ; l’usage fréquent de la violence symbolique et même physique par les acteurs institutionnels ; et la diversité des initiatives prises par les habitants afin d’améliorer leurs conditions de vie, accéder à la reconnaissance par les pouvoirs publics et, ce faisant, s’émanciper des acteurs dominants. Dans ce rapport de force, l’espace a une place privilégiée. A la fois enjeu et ressource de premier plan pour l’action politique des gouvernés comme des gouvernants, c’est aussi un cadre physique et symbolique déterminant pour l’expérience humaine. Ces assertions plaident assurément pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des phénomènes politiques.
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metropolitan governance, Roma, Paris, mobility, slums
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In recent years, public authorities have multiplied the number of evictions of illicit settlements in France. These operations are conducted without much result seeing as those evicted, mostly Romanian citizens who are designated, correctly or not, as Roma, will settle just a bit further, and again illegally. Under these conditions, what is the use of continuing with these evictions? Initially the instruments of civil enforcement or administrative police, evictions now operate as the public policy regarding illicit settlements. However, the results are mixed in terms of land management: ineffective in the short term as they have not deterred the evicted families to abandon their practices; in the long term, provided they are followed by reallocation or securing sustainability, evictions should compel families to review their residential strategies, without forcibly constraint them to leave the areas where they have settled.
metropolitan governance, Roma, Paris, mobility, slums
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In recent years, public authorities have multiplied the number of evictions of illicit settlements in France. These operations are conducted without much result seeing as those evicted, mostly Romanian citizens who are designated, correctly or not, as Roma, will settle just a bit further, and again illegally. Under these conditions, what is the use of continuing with these evictions? Initially the instruments of civil enforcement or administrative police, evictions now operate as the public policy regarding illicit settlements. However, the results are mixed in terms of land management: ineffective in the short term as they have not deterred the evicted families to abandon their practices; in the long term, provided they are followed by reallocation or securing sustainability, evictions should compel families to review their residential strategies, without forcibly constraint them to leave the areas where they have settled.
Résumé
Depuis ma thèse de doctorat qui était consacrée à l’étude des articulations entre politiques urbaines (équipement et lutte contre la pauvreté) et dynamiques sociales, mes recherches portent sur la question du pouvoir dans les marges urbaines à partir de trois terrains : d’abord les banlieues populaires de Dakar et de Tunis, puis, à partir de 2005, les bidonvilles « roms », c’est-à-dire des secteurs d’habitat précaire occupés par des Bulgares ou des Roumains, faiblement dotés sur le plan financier et désignés à tort ou à raison comme « Roms » en France. Mes travaux s’organisent autour de trois axes : les interventions publiques dans les marges urbaines (genèse, dispositifs, jeux d’acteurs) ; les pratiques politiques des populations visées; et les effets sociaux des interventions publiques. Tout en soulignant les effets de contexte, la comparaison des jeux d’acteurs sur les trois terrains permet de mettre à jour trois invariants : l’asymétrie des rapports de force à l’œuvre dans la production de l’espace ; l’usage fréquent de la violence symbolique et même physique par les acteurs institutionnels ; et la diversité des initiatives prises par les habitants afin d’améliorer leurs conditions de vie, accéder à la reconnaissance par les pouvoirs publics et, ce faisant, s’émanciper des acteurs dominants. Dans ce rapport de force, l’espace a une place privilégiée. A la fois enjeu et ressource de premier plan pour l’action politique des gouvernés comme des gouvernants, c’est aussi un cadre physique et symbolique déterminant pour l’expérience humaine. Ces assertions plaident assurément pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des phénomènes politiques.
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Depuis ma thèse de doctorat qui était consacrée à l’étude des articulations entre politiques urbaines (équipement et lutte contre la pauvreté) et dynamiques sociales, mes recherches portent sur la question du pouvoir dans les marges urbaines à partir de trois terrains : d’abord les banlieues populaires de Dakar et de Tunis, puis, à partir de 2005, les bidonvilles « roms », c’est-à-dire des secteurs d’habitat précaire occupés par des Bulgares ou des Roumains, faiblement dotés sur le plan financier et désignés à tort ou à raison comme « Roms » en France. Mes travaux s’organisent autour de trois axes : les interventions publiques dans les marges urbaines (genèse, dispositifs, jeux d’acteurs) ; les pratiques politiques des populations visées; et les effets sociaux des interventions publiques. Tout en soulignant les effets de contexte, la comparaison des jeux d’acteurs sur les trois terrains permet de mettre à jour trois invariants : l’asymétrie des rapports de force à l’œuvre dans la production de l’espace ; l’usage fréquent de la violence symbolique et même physique par les acteurs institutionnels ; et la diversité des initiatives prises par les habitants afin d’améliorer leurs conditions de vie, accéder à la reconnaissance par les pouvoirs publics et, ce faisant, s’émanciper des acteurs dominants. Dans ce rapport de force, l’espace a une place privilégiée. A la fois enjeu et ressource de premier plan pour l’action politique des gouvernés comme des gouvernants, c’est aussi un cadre physique et symbolique déterminant pour l’expérience humaine. Ces assertions plaident assurément pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des phénomènes politiques.
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Depuis ma thèse de doctorat qui était consacrée à l’étude des articulations entre politiques urbaines (équipement et lutte contre la pauvreté) et dynamiques sociales, mes recherches portent sur la question du pouvoir dans les marges urbaines à partir de trois terrains : d’abord les banlieues populaires de Dakar et de Tunis, puis, à partir de 2005, les bidonvilles « roms », c’est-à-dire des secteurs d’habitat précaire occupés par des Bulgares ou des Roumains, faiblement dotés sur le plan financier et désignés à tort ou à raison comme « Roms » en France. Mes travaux s’organisent autour de trois axes : les interventions publiques dans les marges urbaines (genèse, dispositifs, jeux d’acteurs) ; les pratiques politiques des populations visées; et les effets sociaux des interventions publiques. Tout en soulignant les effets de contexte, la comparaison des jeux d’acteurs sur les trois terrains permet de mettre à jour trois invariants : l’asymétrie des rapports de force à l’œuvre dans la production de l’espace ; l’usage fréquent de la violence symbolique et même physique par les acteurs institutionnels ; et la diversité des initiatives prises par les habitants afin d’améliorer leurs conditions de vie, accéder à la reconnaissance par les pouvoirs publics et, ce faisant, s’émanciper des acteurs dominants. Dans ce rapport de force, l’espace a une place privilégiée. A la fois enjeu et ressource de premier plan pour l’action politique des gouvernés comme des gouvernants, c’est aussi un cadre physique et symbolique déterminant pour l’expérience humaine. Ces assertions plaident assurément pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’analyse des phénomènes politiques.