I’m a writer, storyteller and curator. I founded the independent art centre Espace Khiasma, which he has been running from 2004 to 2018 in Les Lilas, on the outskirts of Paris. At Khiasma, I developed a programme addressing minority representations through exhibitions, screenings, debates, performances and collaborative projects across the North-East of Paris. I’ve been interested in the different modalities of transmission of knowledge, and my work is still based on practices of conversation and speculative narratives, attempting to create ephemeral situations of culture. My interest for narrative forms in art led me to develop a specific practice of accompaniment for artists inscribed in film practices. I currently produce films within Spectre productions, based in Rennes, and contribute to the cinematic distribution and research unit, Phantom. I gather here my short texts, talks, interviews and ongoing pieces of research in French and English whenever possible. Here we will talk about modes of making stories from experiences, poetics as politics from French banlieues to caribbean's context, oral culture, questions of representation, the visible, the invisible, bodies as archives and places as a bodies... and some cultural institutions' critics
The Bureau des Depositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying ... more The Bureau des Depositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying legal and administrative statuses, the majority of whom were born and lived in Guinea, West Africa, prior to making their journey to France in 2016 or 2017 in order to demand asylum. The Bureau, declared an immaterial work, also comprises a series of performances and ongoing research-creation processes that are signed in co-authorship. This includes the performance Exercises de justice speculative (Exercises in Speculative Justice), through which the Bureau’s co-dependence is asserted in the face of deportation orders from France that threaten both the lives of the undocumented members and the work that is the Bureau des Depositions. Through the strategic use of French laws that protect the integrity of art works, author’s rights (droits d’auteur) are mobilised in order to petition for the co-authors’ right to remain in France, with the gamble here being that this could potentially be mo...
Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipati... more Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipation, la République française dégaine ses politiques de respectabilité. Stratégies de terreur et de récompenses, rien de nouveau qu’un vieux cocktail colonial qui divise, pour mieux régner, l’indigène et le servant. Un air de déjà-vu pour le conteur créole. « Les Empires Intérieurs », texte de 2019, écrit à l’horizon de « l’année de l’Afrique en France » est plus que jamais d’actualité. "L’année 2020 devait être l’année de l’Afrique en France. Année électorale oblige, cette grande manifestation nationale augurait de quelques cacophonies et de nouveaux exercices de contorsion linguistique pour séparer les bons sauvages de l’ivraie et les électeurs des terroristes. Comme on ne sait plus très bien si « la colonisation fut un crime contre l’humanité » ou pas tout à fait puisqu’« il y a eu des éléments de civilisation1», l’année de l’Afrique qui était aussi celle des Jeux au Japon promettait d’inscrire le dérapage contrôlé aux disciplines olympiques. On aurait pu faire l’aveu que ce n’était pas l’année de toutes les Afriques, mais plutôt l’année d’une certaine Afrique en France, une Afrique luisante à souhait, une Afrique sans signaux faibles2, sans ombre, sans trace sur le front, projetant à l’envie de splendides signaux forts, Afrique exubérante et hors d’elle-même comme une marchandise qui ne cesse de déborder de son emballage bariolé."
par Olivier Marbœuf, Toujours debout, 20 février 2021 L’exercice de possession coloniale procède ... more par Olivier Marbœuf, Toujours debout, 20 février 2021 L’exercice de possession coloniale procède d’un geste de re-nomination. Le nom colonial vient toujours par-dessus un autre nom, une autre histoire, une épistémologie qui dit d’autres rapports au monde. Il est une manière de d’imposer une origine, de marquer une propriété, de dire que la chose commence à exister comme objet ou comme sujet à partir d’un nom qui la convoque depuis le néant surune scène de la dignité en même temps que sur un m..
«Towards a de-speaking cinema» is a short speculative essay that explores what could be a scene o... more «Towards a de-speaking cinema» is a short speculative essay that explores what could be a scene of representation from a caribbean perspective and imagination. Calling to cacophony and hallucination, to the fall of statues and transitions from one living to another, this draft confabulates some strategies of escape of voices and minority lives from the captures of Western Modernity. The body then becomes the instrument of new epistemologies and a fragile cinema of the night.
This essay is published as part of The Living Journal, a project edited by Olivier Marboeuf and Ana Vaz as a commission by Open City Documentary Festival (https://opencitylondon.com/non-fiction/). The french version of it will be published by Les Presses Universitaires de Rennes in 2022
The Bureau des Dépositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying ... more The Bureau des Dépositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying legal and administrative statuses, the majority of whom were born and lived in Guinea, West Africa, prior to making their journey to France in 2016 or 2017 in order to demand asylum. The Bureau, declared an immaterial work, also comprises a series of performances and ongoing research-creation processes that are signed in co-authorship. This includes the performance Exercises de justice spéculative (Exercises in Speculative Justice), through which the Bureau's codependence is asserted in the face of deportation orders from France that threaten both the lives of the undocumented members and the work that is the Bureau des Dépositions. Through the strategic use of French laws that protect the integrity of art works, author's rights (droits d'auteur) are mobilised in order to petition for the co-authors' right to remain in France, with the gamble here being that this could potentially be more effective than appealing to rights of asylum or the sanctity of human (non-citizen) life. As such, the Bureau seeks to create (legal) precedence and participate in the processual transformation of law and life. The performance is not simply about migratory violence, but is a speculative work whose «transformative properties» are used in order to protect the lives of the artists-a work that both points to the limitations of existing (Western) justice and exceeds it, suggesting an alternative conception of justice embodied by the Bureau. Having witnessed the Exercises in October 2020 in Marseille, we provide a narrative of the work, its genesis and precedents, and a series of reflections upon themes raised, including: the representation of minority speech within and beyond contemporary art, economies of testimony, intellectual property rights and collective creative practices, histories of sans papiers activism in France, the production of criminal lives, a politics of the living and the performance of justice. In our reading, the work enacts a decolonial aesthetics that intervenes through an alternative framework of representation and justice. An English translation of a partial score of the Exercises de justice spéculative performance is also included.
L'exercice de possession coloniale procède d'un geste de re-nomination. Le nom colonial vient tou... more L'exercice de possession coloniale procède d'un geste de re-nomination. Le nom colonial vient toujours par-dessus un autre nom, une autre histoire, une épistémologie qui dit d'autres rapports au monde. Il est une manière de d'imposer une origine, de marquer une propriété, de dire que la chose commence à exister comme objet ou comme sujet à partir d'un nom qui la convoque depuis le néant sur une scène de la dignité en même temps que sur un marché qui lui attribue une valeur-de transaction ou d'épouvante, c'est selon. Pour cette bouche coloniale donc, tout ce qu'il y avait avant le nom qu'elle prononce ne peut être que sauvagerie inarticulée, obscurité sans valeur, vaines croyances improductives. Cette manière de nommer par-dessus est ainsi un geste d'appropriation mais également de dissimulation et d'effacement qui rompt les généalogies, les alliances, les attachements, embrouille l'Histoire. Un geste qui sépare et rend les relations impraticables. Dans « islamo-gauchisme », le préfixe « islamo » est donc d'abord une façon de nommer sans le nommer l'antiracisme politique. Grâce à de longues années de lutte et à la dynamique récente du mouvement Black Lives Matter en France, les sensibilités, les mots et les prises du mouvement antiraciste ont élargi brutalement leur audience. Les violences policières ont mobilisé plus que jamais, le racisme systémique est apparu soudainement-même brièvement-comme une évidence qui s'est même invitée, parfois à des heures de grande écoute, à la radio et à la télévision. La fête fut courte. Ça ne pouvait durer. Mais l'antiracisme ne peut être contré sur son terrain sauf à revendiquer la légitimité à être raciste-ce qu'a fait Donald Trump de manière continue durant son mandat de Président de la plus grande démocratie du monde. Le moins que l'on puisse dire c'est que personne ne s'attendait au succès de cette approche qui fracasse à la hache la table des négociations et anéantit tout débat d'idées. Cette méthode épuise par la transparence et l'aveu de sa violence. Elle a inspiré. L'inconvénient est qu'elle fait une confession à laquelle certains leaders européens se refusent ; celle de reconnaître le privilège et la domination, voire l'impunité du patriarcat blanc. Ce qui va à Donald n'est pas encore confortable pour tous et toutes. Pas encore. Mais en France, l'Etat a quelques autres atouts dans sa manche. Il arrive au même point par un chemin détourné grâce à des invité·es de choix : les indigènes musulman·es. Ceci nous obligent au passage à redéfinir de manière située-plutôt que d'en chercher une traduction-ce que pourrait bien vouloir dire «blackness » dans le contexte particulier de la société postcoloniale française. Puisqu'une Matière Noire politique y fait irruption, y reçoit des coups et que le seul terme de « négritude » ne saurait suffire à nommer cette apparition dérangeante.
On November 21, 2020, I’ve been invited to share a lecture I gave on zoom as part of the ‘Interse... more On November 21, 2020, I’ve been invited to share a lecture I gave on zoom as part of the ‘Intersections of Care, Open School’, developed by Loraine Furter and Florence Cheval. This ‘Open School’ was part of ‘Risquons-Tout’, a series of events presented from September 12, 2020 to March 28, 2021 at Wiels, a center for contemporary art in Brussels, Belgium. ‘Risquons-Tout’ proposed an exhibition, performances and composed « an ambitious program that explores the potential of transgression, risk and unpredictability.” I come back to this spicy intervention which again questions the decolonial fever of a certain art world and I try at the same time to give it a context and a perspective, to pursue it concretely because it seems that criticism is not a form of action. This is the “Brussels lesson”.
Le 21 novembre 2020, j’ai été invité à donner une lecture sur zoom dans le cadre d’OPEN SCHOOL – ... more Le 21 novembre 2020, j’ai été invité à donner une lecture sur zoom dans le cadre d’OPEN SCHOOL – Intersections of Care. Développé par Loraine Furter et Florence Cheval, cette open school était l’un des volets de Risquons-Tout, série de temps forts présentés du 12 septembre 2020 au 28 Mars 2021 au Wiels, centre d’art contemporain à Bruxelles, Belgique. Risquons-Tout comportait également une exposition, des performances et se propose de composer « un programme ambitieux qui explore le potentiel de la transgression, du risque et de l’imprévisible. » Je reviens sur cette intervention piquante qui interroge de nouveau la fièvre décoloniale d’un certain monde de l’art et j’essaie à la fois de lui redonner un contexte et une perspective, de la poursuivre de manière concrète car il paraît que la critique n’est pas une forme d’action. C’est la « leçon de Bruxelles ».
For quite some time now I’ve been asking myself the question of what it is possible to do and how... more For quite some time now I’ve been asking myself the question of what it is possible to do and how to do it in order to change, even a bit, the conditions in which we live, work, imagine and speak. Participating in the context of a school as HEAD is not easy for me and so I wanted to share with you the difficulties this creates for me and at the same time to look with you for ways not to move beyond the difficulties, but rather to experiment with these conditions in the perspective of reaching a place-in-becoming. A letter to students of the CCC Master at HEAD (High School of Art and Design) in Geneva.
"Cela fait un certain temps que je me pose la question de ce qu’il est possible de faire et de co... more "Cela fait un certain temps que je me pose la question de ce qu’il est possible de faire et de comment le faire afin de changer, même modestement, les conditions dans lesquels nous vivons, travaillons, imaginons et parlons. Intervenir dans le cadre d'une école comme la HEAD n’est pas facile pour moi et je souhaitais donc partager les difficultés que cela me pose en même temps que de chercher avec vous des moyens non pas de les dépasser, mais plutôt d’expérimenter ces conditions en vue de rejoindre un lieu-en-devenir." Une lettre aux étudiant·es-x du master CCC de la Haut Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève
Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipati... more Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipation, la République française dégaine ses politiques de respectabilité. Stratégies de terreur et de récompenses, rien de nouveau qu’un vieux cocktail colonial qui divise, pour mieux régner, l’indigène et le servant. Un air de déjà-vu pour le conteur créole. « Les Empires Intérieurs », texte de 2019, écrit à l’horizon de « l’année de l’Afrique en France » est plus que jamais d’actualité.
"L’année 2020 devait être l’année de l’Afrique en France. Année électorale oblige, cette grande manifestation nationale augurait de quelques cacophonies et de nouveaux exercices de contorsion linguistique pour séparer les bons sauvages de l’ivraie et les électeurs des terroristes. Comme on ne sait plus très bien si « la colonisation fut un crime contre l’humanité » ou pas tout à fait puisqu’« il y a eu des éléments de civilisation1», l’année de l’Afrique qui était aussi celle des Jeux au Japon promettait d’inscrire le dérapage contrôlé aux disciplines olympiques. On aurait pu faire l’aveu que ce n’était pas l’année de toutes les Afriques, mais plutôt l’année d’une certaine Afrique en France, une Afrique luisante à souhait, une Afrique sans signaux faibles2, sans ombre, sans trace sur le front, projetant à l’envie de splendides signaux forts, Afrique exubérante et hors d’elle-même comme une marchandise qui ne cesse de déborder de son emballage bariolé."
Kills and new princes, in response to Black Lives Matter and any desire for emancipation, the Fre... more Kills and new princes, in response to Black Lives Matter and any desire for emancipation, the French Republic draws its policies of respectability. Strategies of terror and rewards, nothing new but an old colonial cocktail that divides, to better rule, the indigenous and the servant. An air of déjà vu for the Creole storyteller. «The Interior Empires», text of 2019, written on the horizon of «the year of Africa in France» is more topical than ever.
"2020 was to be the year of Africa in France. As it was an election year, this immense national manifestation guaranteed us a few cacophonies and novel exercises in linguistic contortion to separate the good savages from the bad and voters from terrorists. And as we no longer know whether "colonization was a crime against humanity," or maybe not really, since "there were some elements of civilization," 1 the year of Africa, which should be the year of the Olympic Games in Japan, would surely register damage control on the list of new Olympic activities. We could instead have spoken of the year of a certain Africa in France, as a way of admitting that something has escaped from that particular Africa, an Africa that gleams as much as you could wish, an Africa with no weak signals, 2 no shadow, no trace on its forehead, projecting a multitude of splendid strong signals, an exuberant Africa, beside itself even, like merchandise bursting out of its brightly coloured packaging."
About two years ago, shortly after the end of the Espace Khiasma, I started a conversation with J... more About two years ago, shortly after the end of the Espace Khiasma, I started a conversation with Julien Duc-Maugé, director of Synesthésie Mmaintenant in Saint-Denis (www.mmaintenant.org), about the becoming of independent art spaces. He then invited me to write a text. It took some time. « Phantoms of Benevolence » that appears today is filled with ghosts and matter from these two years of digestion. He does not quite answer the question of the future of the place, but seeks at the heart of its invisible powers, a path, an eye, a language. ------ Review (French): Lorraine Drevon Translation from the French: Liz Young Review (English): Shela Sheikh
Avec ce nouvel exercice de conversation, réalisé dans le cadre de ma résidence d’écriture aux Ate... more Avec ce nouvel exercice de conversation, réalisé dans le cadre de ma résidence d’écriture aux Ateliers Médicis à Clichy-sous-Bois (banlieue de Paris), et qui fait écho à celui que j’avais produit avec Joachim Ben Yacoub en 2019 (Variations Décoloniales), je tente de poursuivre mon exploration critiques des pratiques artistiques et culturelles aux marges des institutions, ici dans le contexte d’une banlieue populaire. En parcourant les mangroves de formes culturelles de faible intensité, fragiles et sans nom, je tente d’opposer quelques motifs à la stratégie de mise en spectacle des corps minoritaires et à leur consumation. Et je reviens aussi sur un récit possible de mon propre parcours qui m’amène à examiner les formes de la veillée.
The Bureau des Depositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying ... more The Bureau des Depositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying legal and administrative statuses, the majority of whom were born and lived in Guinea, West Africa, prior to making their journey to France in 2016 or 2017 in order to demand asylum. The Bureau, declared an immaterial work, also comprises a series of performances and ongoing research-creation processes that are signed in co-authorship. This includes the performance Exercises de justice speculative (Exercises in Speculative Justice), through which the Bureau’s co-dependence is asserted in the face of deportation orders from France that threaten both the lives of the undocumented members and the work that is the Bureau des Depositions. Through the strategic use of French laws that protect the integrity of art works, author’s rights (droits d’auteur) are mobilised in order to petition for the co-authors’ right to remain in France, with the gamble here being that this could potentially be mo...
Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipati... more Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipation, la République française dégaine ses politiques de respectabilité. Stratégies de terreur et de récompenses, rien de nouveau qu’un vieux cocktail colonial qui divise, pour mieux régner, l’indigène et le servant. Un air de déjà-vu pour le conteur créole. « Les Empires Intérieurs », texte de 2019, écrit à l’horizon de « l’année de l’Afrique en France » est plus que jamais d’actualité. "L’année 2020 devait être l’année de l’Afrique en France. Année électorale oblige, cette grande manifestation nationale augurait de quelques cacophonies et de nouveaux exercices de contorsion linguistique pour séparer les bons sauvages de l’ivraie et les électeurs des terroristes. Comme on ne sait plus très bien si « la colonisation fut un crime contre l’humanité » ou pas tout à fait puisqu’« il y a eu des éléments de civilisation1», l’année de l’Afrique qui était aussi celle des Jeux au Japon promettait d’inscrire le dérapage contrôlé aux disciplines olympiques. On aurait pu faire l’aveu que ce n’était pas l’année de toutes les Afriques, mais plutôt l’année d’une certaine Afrique en France, une Afrique luisante à souhait, une Afrique sans signaux faibles2, sans ombre, sans trace sur le front, projetant à l’envie de splendides signaux forts, Afrique exubérante et hors d’elle-même comme une marchandise qui ne cesse de déborder de son emballage bariolé."
par Olivier Marbœuf, Toujours debout, 20 février 2021 L’exercice de possession coloniale procède ... more par Olivier Marbœuf, Toujours debout, 20 février 2021 L’exercice de possession coloniale procède d’un geste de re-nomination. Le nom colonial vient toujours par-dessus un autre nom, une autre histoire, une épistémologie qui dit d’autres rapports au monde. Il est une manière de d’imposer une origine, de marquer une propriété, de dire que la chose commence à exister comme objet ou comme sujet à partir d’un nom qui la convoque depuis le néant surune scène de la dignité en même temps que sur un m..
«Towards a de-speaking cinema» is a short speculative essay that explores what could be a scene o... more «Towards a de-speaking cinema» is a short speculative essay that explores what could be a scene of representation from a caribbean perspective and imagination. Calling to cacophony and hallucination, to the fall of statues and transitions from one living to another, this draft confabulates some strategies of escape of voices and minority lives from the captures of Western Modernity. The body then becomes the instrument of new epistemologies and a fragile cinema of the night.
This essay is published as part of The Living Journal, a project edited by Olivier Marboeuf and Ana Vaz as a commission by Open City Documentary Festival (https://opencitylondon.com/non-fiction/). The french version of it will be published by Les Presses Universitaires de Rennes in 2022
The Bureau des Dépositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying ... more The Bureau des Dépositions (Bureau of Depositions) is an ensemble of ten co-authors with varying legal and administrative statuses, the majority of whom were born and lived in Guinea, West Africa, prior to making their journey to France in 2016 or 2017 in order to demand asylum. The Bureau, declared an immaterial work, also comprises a series of performances and ongoing research-creation processes that are signed in co-authorship. This includes the performance Exercises de justice spéculative (Exercises in Speculative Justice), through which the Bureau's codependence is asserted in the face of deportation orders from France that threaten both the lives of the undocumented members and the work that is the Bureau des Dépositions. Through the strategic use of French laws that protect the integrity of art works, author's rights (droits d'auteur) are mobilised in order to petition for the co-authors' right to remain in France, with the gamble here being that this could potentially be more effective than appealing to rights of asylum or the sanctity of human (non-citizen) life. As such, the Bureau seeks to create (legal) precedence and participate in the processual transformation of law and life. The performance is not simply about migratory violence, but is a speculative work whose «transformative properties» are used in order to protect the lives of the artists-a work that both points to the limitations of existing (Western) justice and exceeds it, suggesting an alternative conception of justice embodied by the Bureau. Having witnessed the Exercises in October 2020 in Marseille, we provide a narrative of the work, its genesis and precedents, and a series of reflections upon themes raised, including: the representation of minority speech within and beyond contemporary art, economies of testimony, intellectual property rights and collective creative practices, histories of sans papiers activism in France, the production of criminal lives, a politics of the living and the performance of justice. In our reading, the work enacts a decolonial aesthetics that intervenes through an alternative framework of representation and justice. An English translation of a partial score of the Exercises de justice spéculative performance is also included.
L'exercice de possession coloniale procède d'un geste de re-nomination. Le nom colonial vient tou... more L'exercice de possession coloniale procède d'un geste de re-nomination. Le nom colonial vient toujours par-dessus un autre nom, une autre histoire, une épistémologie qui dit d'autres rapports au monde. Il est une manière de d'imposer une origine, de marquer une propriété, de dire que la chose commence à exister comme objet ou comme sujet à partir d'un nom qui la convoque depuis le néant sur une scène de la dignité en même temps que sur un marché qui lui attribue une valeur-de transaction ou d'épouvante, c'est selon. Pour cette bouche coloniale donc, tout ce qu'il y avait avant le nom qu'elle prononce ne peut être que sauvagerie inarticulée, obscurité sans valeur, vaines croyances improductives. Cette manière de nommer par-dessus est ainsi un geste d'appropriation mais également de dissimulation et d'effacement qui rompt les généalogies, les alliances, les attachements, embrouille l'Histoire. Un geste qui sépare et rend les relations impraticables. Dans « islamo-gauchisme », le préfixe « islamo » est donc d'abord une façon de nommer sans le nommer l'antiracisme politique. Grâce à de longues années de lutte et à la dynamique récente du mouvement Black Lives Matter en France, les sensibilités, les mots et les prises du mouvement antiraciste ont élargi brutalement leur audience. Les violences policières ont mobilisé plus que jamais, le racisme systémique est apparu soudainement-même brièvement-comme une évidence qui s'est même invitée, parfois à des heures de grande écoute, à la radio et à la télévision. La fête fut courte. Ça ne pouvait durer. Mais l'antiracisme ne peut être contré sur son terrain sauf à revendiquer la légitimité à être raciste-ce qu'a fait Donald Trump de manière continue durant son mandat de Président de la plus grande démocratie du monde. Le moins que l'on puisse dire c'est que personne ne s'attendait au succès de cette approche qui fracasse à la hache la table des négociations et anéantit tout débat d'idées. Cette méthode épuise par la transparence et l'aveu de sa violence. Elle a inspiré. L'inconvénient est qu'elle fait une confession à laquelle certains leaders européens se refusent ; celle de reconnaître le privilège et la domination, voire l'impunité du patriarcat blanc. Ce qui va à Donald n'est pas encore confortable pour tous et toutes. Pas encore. Mais en France, l'Etat a quelques autres atouts dans sa manche. Il arrive au même point par un chemin détourné grâce à des invité·es de choix : les indigènes musulman·es. Ceci nous obligent au passage à redéfinir de manière située-plutôt que d'en chercher une traduction-ce que pourrait bien vouloir dire «blackness » dans le contexte particulier de la société postcoloniale française. Puisqu'une Matière Noire politique y fait irruption, y reçoit des coups et que le seul terme de « négritude » ne saurait suffire à nommer cette apparition dérangeante.
On November 21, 2020, I’ve been invited to share a lecture I gave on zoom as part of the ‘Interse... more On November 21, 2020, I’ve been invited to share a lecture I gave on zoom as part of the ‘Intersections of Care, Open School’, developed by Loraine Furter and Florence Cheval. This ‘Open School’ was part of ‘Risquons-Tout’, a series of events presented from September 12, 2020 to March 28, 2021 at Wiels, a center for contemporary art in Brussels, Belgium. ‘Risquons-Tout’ proposed an exhibition, performances and composed « an ambitious program that explores the potential of transgression, risk and unpredictability.” I come back to this spicy intervention which again questions the decolonial fever of a certain art world and I try at the same time to give it a context and a perspective, to pursue it concretely because it seems that criticism is not a form of action. This is the “Brussels lesson”.
Le 21 novembre 2020, j’ai été invité à donner une lecture sur zoom dans le cadre d’OPEN SCHOOL – ... more Le 21 novembre 2020, j’ai été invité à donner une lecture sur zoom dans le cadre d’OPEN SCHOOL – Intersections of Care. Développé par Loraine Furter et Florence Cheval, cette open school était l’un des volets de Risquons-Tout, série de temps forts présentés du 12 septembre 2020 au 28 Mars 2021 au Wiels, centre d’art contemporain à Bruxelles, Belgique. Risquons-Tout comportait également une exposition, des performances et se propose de composer « un programme ambitieux qui explore le potentiel de la transgression, du risque et de l’imprévisible. » Je reviens sur cette intervention piquante qui interroge de nouveau la fièvre décoloniale d’un certain monde de l’art et j’essaie à la fois de lui redonner un contexte et une perspective, de la poursuivre de manière concrète car il paraît que la critique n’est pas une forme d’action. C’est la « leçon de Bruxelles ».
For quite some time now I’ve been asking myself the question of what it is possible to do and how... more For quite some time now I’ve been asking myself the question of what it is possible to do and how to do it in order to change, even a bit, the conditions in which we live, work, imagine and speak. Participating in the context of a school as HEAD is not easy for me and so I wanted to share with you the difficulties this creates for me and at the same time to look with you for ways not to move beyond the difficulties, but rather to experiment with these conditions in the perspective of reaching a place-in-becoming. A letter to students of the CCC Master at HEAD (High School of Art and Design) in Geneva.
"Cela fait un certain temps que je me pose la question de ce qu’il est possible de faire et de co... more "Cela fait un certain temps que je me pose la question de ce qu’il est possible de faire et de comment le faire afin de changer, même modestement, les conditions dans lesquels nous vivons, travaillons, imaginons et parlons. Intervenir dans le cadre d'une école comme la HEAD n’est pas facile pour moi et je souhaitais donc partager les difficultés que cela me pose en même temps que de chercher avec vous des moyens non pas de les dépasser, mais plutôt d’expérimenter ces conditions en vue de rejoindre un lieu-en-devenir." Une lettre aux étudiant·es-x du master CCC de la Haut Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève
Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipati... more Mises à mort et nouveaux princes, pour répondre à Black Lives Matter et à tout désir d’émancipation, la République française dégaine ses politiques de respectabilité. Stratégies de terreur et de récompenses, rien de nouveau qu’un vieux cocktail colonial qui divise, pour mieux régner, l’indigène et le servant. Un air de déjà-vu pour le conteur créole. « Les Empires Intérieurs », texte de 2019, écrit à l’horizon de « l’année de l’Afrique en France » est plus que jamais d’actualité.
"L’année 2020 devait être l’année de l’Afrique en France. Année électorale oblige, cette grande manifestation nationale augurait de quelques cacophonies et de nouveaux exercices de contorsion linguistique pour séparer les bons sauvages de l’ivraie et les électeurs des terroristes. Comme on ne sait plus très bien si « la colonisation fut un crime contre l’humanité » ou pas tout à fait puisqu’« il y a eu des éléments de civilisation1», l’année de l’Afrique qui était aussi celle des Jeux au Japon promettait d’inscrire le dérapage contrôlé aux disciplines olympiques. On aurait pu faire l’aveu que ce n’était pas l’année de toutes les Afriques, mais plutôt l’année d’une certaine Afrique en France, une Afrique luisante à souhait, une Afrique sans signaux faibles2, sans ombre, sans trace sur le front, projetant à l’envie de splendides signaux forts, Afrique exubérante et hors d’elle-même comme une marchandise qui ne cesse de déborder de son emballage bariolé."
Kills and new princes, in response to Black Lives Matter and any desire for emancipation, the Fre... more Kills and new princes, in response to Black Lives Matter and any desire for emancipation, the French Republic draws its policies of respectability. Strategies of terror and rewards, nothing new but an old colonial cocktail that divides, to better rule, the indigenous and the servant. An air of déjà vu for the Creole storyteller. «The Interior Empires», text of 2019, written on the horizon of «the year of Africa in France» is more topical than ever.
"2020 was to be the year of Africa in France. As it was an election year, this immense national manifestation guaranteed us a few cacophonies and novel exercises in linguistic contortion to separate the good savages from the bad and voters from terrorists. And as we no longer know whether "colonization was a crime against humanity," or maybe not really, since "there were some elements of civilization," 1 the year of Africa, which should be the year of the Olympic Games in Japan, would surely register damage control on the list of new Olympic activities. We could instead have spoken of the year of a certain Africa in France, as a way of admitting that something has escaped from that particular Africa, an Africa that gleams as much as you could wish, an Africa with no weak signals, 2 no shadow, no trace on its forehead, projecting a multitude of splendid strong signals, an exuberant Africa, beside itself even, like merchandise bursting out of its brightly coloured packaging."
About two years ago, shortly after the end of the Espace Khiasma, I started a conversation with J... more About two years ago, shortly after the end of the Espace Khiasma, I started a conversation with Julien Duc-Maugé, director of Synesthésie Mmaintenant in Saint-Denis (www.mmaintenant.org), about the becoming of independent art spaces. He then invited me to write a text. It took some time. « Phantoms of Benevolence » that appears today is filled with ghosts and matter from these two years of digestion. He does not quite answer the question of the future of the place, but seeks at the heart of its invisible powers, a path, an eye, a language. ------ Review (French): Lorraine Drevon Translation from the French: Liz Young Review (English): Shela Sheikh
Avec ce nouvel exercice de conversation, réalisé dans le cadre de ma résidence d’écriture aux Ate... more Avec ce nouvel exercice de conversation, réalisé dans le cadre de ma résidence d’écriture aux Ateliers Médicis à Clichy-sous-Bois (banlieue de Paris), et qui fait écho à celui que j’avais produit avec Joachim Ben Yacoub en 2019 (Variations Décoloniales), je tente de poursuivre mon exploration critiques des pratiques artistiques et culturelles aux marges des institutions, ici dans le contexte d’une banlieue populaire. En parcourant les mangroves de formes culturelles de faible intensité, fragiles et sans nom, je tente d’opposer quelques motifs à la stratégie de mise en spectacle des corps minoritaires et à leur consumation. Et je reviens aussi sur un récit possible de mon propre parcours qui m’amène à examiner les formes de la veillée.
Décolonisons les arts ! (Editions de l'Arche, Paris), 2018
Décoloniser c’est être là, décoloniser c’est fuir. En guise d’introduction, je propose à dessein ... more Décoloniser c’est être là, décoloniser c’est fuir. En guise d’introduction, je propose à dessein un titre en forme de contradiction dont l’une des propositions défait toute ambition héroïque ou annonce peut-être les prémices d’une pratique où serait signifiée la nécessité d’un glissement de terrain, afin de créer les conditions liminaires d’une autre scène. Une scène produite dans la chambre d’écho du marronnage, de la fuite des esclaves, stratégie de soustraction des espaces, des règles et des affects de la plantation. La fuite comme premier geste et motif d’une possible recomposition politique et forme de vie à la fois, qui réclamerait une certaine écologie, défaite de l’autorité des lieux. S’enfuir de la terre ferme vers un sol incertain et mouvant, réclamer un lieu en devenir où les voix sonneraient d’un autre accord ; une grotte, un morne, une mangrove.
Décolonisons les arts ! (Let's decolonize arts !) - Editions de l'Arche, Paris, 2018
To decolonise is to be present, to decolonise is to flee. I offer by design, as
an introduction, ... more To decolonise is to be present, to decolonise is to flee. I offer by design, as an introduction, a title in the form of a contradiction, of which one of the proposals undoes any heroic ambition, or perhaps announces the early days of a practice signifying the need for a shift in terrain to create the preliminary conditions of a different scene. A scene produced inside the echo chamber of marronnage, of slave flight — a strategy of appropriating the plantation’s spaces, rules and affects. Fleeing as the initial gesture and pattern of both a possible political recomposition and a form of life, one which calls for a certain ecology, freed from the authorities in place. Fleeing from solid ground towards an uncertain, moving soil, demanding a place of becoming where voices would resound in other harmonies; a cave, a hill, a mangrove.
Il y a deux ans environ, peu après la fin de l’Espace Khiasma, j’ai débuté avec Julien Duc-Maugé,... more Il y a deux ans environ, peu après la fin de l’Espace Khiasma, j’ai débuté avec Julien Duc-Maugé, directeur de Synesthésie Mmaintenant à Saint-Denis (www.mmaintenant.org), une conversation autour du devenir des espaces d’art indépendants. Il m’a alors invité à écrire un texte. Cela a pris un certain temps. « Fantômes de la Bienveillance » qui paraît aujourd’hui est rempli des fantômes et de la matière de ces deux années de digestion. Il ne répond pas tout à fait à la question du devenir du lieu, mais cherche au cœur de ses puissances invisibles, un chemin, un œil, une langue. ----- Relecture : Lorraine Drevon
In his famous essay Discourse on Colonialism, the poet Aimé Césaire argued that what in Europe is... more In his famous essay Discourse on Colonialism, the poet Aimé Césaire argued that what in Europe is called ‘fascism’ is just colonial violence finding its way back home. But his warnings went unheeded. More widely read was The Authoritarian Personality by Theodor Adorno et al. Published in 1950, the same year as Discourse on Colonialism, it developed the F scale (F for fascist) in order to gauge the psychological predisposition for fascism among the democratic citizenry, leaving the post-war consensus to settle on the notion that fascism was a personality trait, resulting from the devolution of the individuated liberal subject. Still dominant today, this tendency to psychologize fascism fails to incorporate the colonial dimension, obscuring the continuities between fascism and the biopolitics of empire, and ultimately depoliticizes both. Seventy-five years later, while the West indulges in fantasies of reverse colonization involving the subjugation of white people, the process of recolonization has been renewed with increased ferocity. Recent events in Bolivia, driven by the hunger for lithium, commonly used for mobile devices or electric vehicles, make apparent the structuring force of race in geopolitics, as well as the role of the digital economy in the production and reproduction of a new settler frontier. The White West III: Automating Apartheid contends that without the will to confront the role of race in the production and reproduction of global wealth differentials, the question of the good life can only be raised in distorted form, under the guise of welfare chauvinism or the tech industry’s cargo cult, promising that a cornucopia of goods will be supplied magically—weak utopias whose structural inconsistencies open up an ambiguous space in which a critique or disruption of capitalism can be inflected in the direction of fascism.
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Papers by olivier marboeuf
This essay is published as part of The Living Journal, a project edited by Olivier Marboeuf and Ana Vaz as a commission by Open City Documentary Festival (https://opencitylondon.com/non-fiction/). The french version of it will be published by Les Presses Universitaires de Rennes in 2022
A letter to students of the CCC Master at HEAD (High School of Art and Design) in Geneva.
Une lettre aux étudiant·es-x du master CCC de la Haut Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève
"L’année 2020 devait être l’année de l’Afrique en France. Année électorale oblige, cette grande manifestation nationale augurait de quelques cacophonies et de nouveaux exercices de contorsion linguistique pour séparer les bons sauvages de l’ivraie et les électeurs des terroristes. Comme on ne sait plus très bien si « la colonisation fut un crime contre l’humanité » ou pas tout à fait puisqu’« il y a eu des éléments de civilisation1», l’année de l’Afrique qui était aussi celle des Jeux au Japon promettait d’inscrire le dérapage contrôlé aux disciplines olympiques. On aurait pu faire l’aveu que ce n’était pas l’année de toutes les Afriques, mais plutôt l’année d’une certaine Afrique en France, une Afrique luisante à souhait, une Afrique sans signaux faibles2, sans ombre, sans trace sur le front, projetant à l’envie de splendides signaux forts, Afrique exubérante et hors d’elle-même comme une marchandise qui ne cesse de déborder de son emballage bariolé."
"2020 was to be the year of Africa in France. As it was an election year, this immense national manifestation guaranteed us a few cacophonies and novel exercises in linguistic contortion to separate the good savages from the bad and voters from terrorists. And as we no longer know whether "colonization was a crime against humanity," or maybe not really, since "there were some elements of civilization," 1 the year of Africa, which should be the year of the Olympic Games in Japan, would surely register damage control on the list of new Olympic activities. We could instead have spoken of the year of a certain Africa in France, as a way of admitting that something has escaped from that particular Africa, an Africa that gleams as much as you could wish, an Africa with no weak signals, 2 no shadow, no trace on its forehead, projecting a multitude of splendid strong signals, an exuberant Africa, beside itself even, like merchandise bursting out of its brightly coloured packaging."
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Review (French): Lorraine Drevon
Translation from the French: Liz Young
Review (English): Shela Sheikh
This essay is published as part of The Living Journal, a project edited by Olivier Marboeuf and Ana Vaz as a commission by Open City Documentary Festival (https://opencitylondon.com/non-fiction/). The french version of it will be published by Les Presses Universitaires de Rennes in 2022
A letter to students of the CCC Master at HEAD (High School of Art and Design) in Geneva.
Une lettre aux étudiant·es-x du master CCC de la Haut Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève
"L’année 2020 devait être l’année de l’Afrique en France. Année électorale oblige, cette grande manifestation nationale augurait de quelques cacophonies et de nouveaux exercices de contorsion linguistique pour séparer les bons sauvages de l’ivraie et les électeurs des terroristes. Comme on ne sait plus très bien si « la colonisation fut un crime contre l’humanité » ou pas tout à fait puisqu’« il y a eu des éléments de civilisation1», l’année de l’Afrique qui était aussi celle des Jeux au Japon promettait d’inscrire le dérapage contrôlé aux disciplines olympiques. On aurait pu faire l’aveu que ce n’était pas l’année de toutes les Afriques, mais plutôt l’année d’une certaine Afrique en France, une Afrique luisante à souhait, une Afrique sans signaux faibles2, sans ombre, sans trace sur le front, projetant à l’envie de splendides signaux forts, Afrique exubérante et hors d’elle-même comme une marchandise qui ne cesse de déborder de son emballage bariolé."
"2020 was to be the year of Africa in France. As it was an election year, this immense national manifestation guaranteed us a few cacophonies and novel exercises in linguistic contortion to separate the good savages from the bad and voters from terrorists. And as we no longer know whether "colonization was a crime against humanity," or maybe not really, since "there were some elements of civilization," 1 the year of Africa, which should be the year of the Olympic Games in Japan, would surely register damage control on the list of new Olympic activities. We could instead have spoken of the year of a certain Africa in France, as a way of admitting that something has escaped from that particular Africa, an Africa that gleams as much as you could wish, an Africa with no weak signals, 2 no shadow, no trace on its forehead, projecting a multitude of splendid strong signals, an exuberant Africa, beside itself even, like merchandise bursting out of its brightly coloured packaging."
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Review (French): Lorraine Drevon
Translation from the French: Liz Young
Review (English): Shela Sheikh
terrain, afin de créer les conditions liminaires d’une autre scène. Une scène produite dans la chambre d’écho du marronnage, de la fuite des esclaves, stratégie de soustraction des espaces, des règles et des affects de la plantation. La fuite comme premier geste et motif d’une possible recomposition politique et forme de vie à la fois, qui réclamerait une certaine écologie, défaite de l’autorité des lieux. S’enfuir de la terre ferme vers un sol incertain et mouvant, réclamer un lieu en devenir où les voix sonneraient d’un autre accord ; une grotte, un morne, une mangrove.
an introduction, a title in the form of a contradiction, of which one of the
proposals undoes any heroic ambition, or perhaps announces the early
days of a practice signifying the need for a shift in terrain to create the
preliminary conditions of a different scene. A scene produced inside the
echo chamber of marronnage, of slave flight — a strategy of appropriating
the plantation’s spaces, rules and affects. Fleeing as the initial gesture and
pattern of both a possible political recomposition and a form of life, one
which calls for a certain ecology, freed from the authorities in place. Fleeing
from solid ground towards an uncertain, moving soil, demanding a place of
becoming where voices would resound in other harmonies; a cave, a hill, a
mangrove.
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Relecture : Lorraine Drevon
Seventy-five years later, while the West indulges in fantasies of reverse colonization involving the subjugation of white people, the process of recolonization has been renewed with increased ferocity. Recent events in Bolivia, driven by the hunger for lithium, commonly used for mobile devices or electric vehicles, make apparent the structuring force of race in geopolitics, as well as the role of the digital economy in the production and reproduction of a new settler frontier.
The White West III: Automating Apartheid contends that without the will to confront the role of race in the production and reproduction of global wealth differentials, the question of the good life can only be raised in distorted form, under the guise of welfare chauvinism or the tech industry’s cargo cult, promising that a cornucopia of goods will be supplied magically—weak utopias whose structural inconsistencies open up an ambiguous space in which a critique or disruption of capitalism can be inflected in the direction of fascism.