Books by Baptiste Morizot
Publié aux Editions du Seuil, coll. "L'ordre philosophique".
Qu’est-ce qui fait que quelque ch... more Publié aux Editions du Seuil, coll. "L'ordre philosophique".
Qu’est-ce qui fait que quelque chose se passe devant une œuvre – ou qu’il ne se passe rien ?
À la croisée de la philosophie et de l’histoire de l’art, ce livre part sur la piste de nos relations à l’art contemporain, et aux œuvres d’art en général.
Et d’abord, une énigme : pourquoi avons-nous souvent l’impression, à l’occasion d’expositions d’art contemporain, que les œuvres sont indisponibles ? Comme si elles n’étaient pas là pour être appréciées, rencontrées. Comment expliquer ces rencontres manquées, autrement que par une inculture du visiteur ou une décadence de l’art contemporain ? Cet échec de communication est ici élucidé à travers une généalogie des contraintes qui pèsent conjointement sur la création contemporaine et sa réception.
Mais à l’inverse, comment comprendre ce qui a lieu, quand il se passe quelque chose, lorsqu’on est saisi par un livre, dévoré vif par un tableau, déplié par une mélodie – simultanément foudroyé et reconstruit par la rencontre avec une œuvre ?
Baptiste Morizot et Estelle Zhong Mengual enquêtent sur le pouvoir de l’art à nous transformer et à se constituer en un lieu privilégié de rencontres individuantes : celles qui nous font.
Il s'agit avant tout d'un problème géopolitique : réagir au retour spontané du loup en France, et... more Il s'agit avant tout d'un problème géopolitique : réagir au retour spontané du loup en France, et à sa dispersion dans une campagne que la déprise rurale rend presque à son passé de « Gaule chevelue ». Le retour du loup interroge notre capacité à coexister avec la biodiversité qui nous fonde – à inventer de nouvelles formes de diplomatie.
Notre sens de la propriété et des frontières relève d'un « sens du territoire » que nous avons en commun avec d'autres animaux. Et notre savoir-faire diplomatique s'enracine dans une compétence animale inscrite au plus profond de notre histoire évolutive.
Guidé par Charles Darwin, Konrad Lorenz, Aldo Leopold… et de nombreux autres « diplomates », Morizot propose ici un essai de philosophie animale.
Comme un incendie de prairie, ce livre traverse et féconde les grands sujets de la philosophie de l'écologie, de l'éthologie, jusqu'à l'éthique. Il esquisse un monde où nous vivrons « en bonne intelligence avec ce qui, en nous et hors de nous, ne veut pas être domestiqué ».
Marseille, Wildproject, 2016.
Quel est le rôle du hasard dans l’individuation théorisée par Gilbert Simondon? Dans cette enquêt... more Quel est le rôle du hasard dans l’individuation théorisée par Gilbert Simondon? Dans cette enquête, le hasard, élaboré à partir du concept darwinien de chance, n’est plus pensé comme principe métaphysique ou mesure de l’ignorance : il devient un opérateur local insérédans le processus d’individuation. Il désigne la modalité de la rencontre entre une singularité, qui donne forme à l’individu, et un milieu métastable, capable de transformations. Il devient un mécanisme du dispositif d’invention des structurations singulières, plurielles, et novatrices (formes de vie et manières d’exister), qui sont élaborées comme solutions à des problèmes par l’individuation. À la lumière de Simondon se dessine une théorie de la rencontre individuante, susceptible d’entrer en dialogue avec les sciences sociales, notamment la sociologie (Bourdieu, Lahire…).
Paris, Jean Vrin, 2016.
Papers by Baptiste Morizot
Nouvelle revue d’esthétique
Nouvelle Revue d'Esthétique, 2018
Quels liens entretiennent la crise écologique actuelle et l’esthétique environnementale ? Ce que ... more Quels liens entretiennent la crise écologique actuelle et l’esthétique environnementale ? Ce que nous nous proposons de suivre comme piste, c’est que la crise écologique constitue aussi une crise de la sensibilité – une crise de notre sensibilité à l’égard du vivant. Par crise de la sensibilité, nous entendons un appauvrissement de ce que nous pouvons sentir, percevoir, comprendre, et tisser comme relations à l’égard du vivant. Cet article tente d’esquisser la généalogie, à travers la philosophie et l’histoire de l’art, d’un motif central de cette crise, profondément ancré dans notre cosmologie et notre histoire culturelle : l’idée d’une illisibilité et insignifiance du monde vivant.
ISSUE, Journal of Art and Design, HEAD, 2019
https://issue-journal.ch/focus-posts/baptiste-morizot-et-nastassja-martin-retour-du-temps-du-mythe/
Revue Critique, 2019
Publié dans Critique, Paris, Editions de Minuit, 2019 / 1-2, n°860-861, p. 166-181.
Reclaiming art, reshaping democracy (Les presses du réel, 2017), dir. E. Zhong Mengual, X. Douroux
Tracés. Revue de sciences humaines., 2017
Ce travail entend ébaucher une grammaire environnementale en termes de cohabitation diplomatique ... more Ce travail entend ébaucher une grammaire environnementale en termes de cohabitation diplomatique avec les vivants, sur une terre entendue comme lieu de vie des communautés biotiques : le sol que l’on habite et qui fonde notre subsistance. Cette grammaire est explorée ici comme un genre de récits locaux et circonstanciels, voués à configurer autrement les situations écologiques problématiques, et à libérer l’imagination pratique et théorique des acteurs, lorsqu’elle est enclose par les grands récits de la modernité concernant les relations entre humains et «nature».
This article intends to formulate an environmental grammar in terms of diplomatic cohabitation with living beings, on a land understood as home to biotic communities: as the ground we inhabit, and which constitutes the basis of our livelihood. This grammar is outlined as a narrative genre of local and circumstantial stories, destined to reconfigure challenging ecological situations and to free the practical and theoretical imagination of social actors, sometimes enclosed by Modernity’s grand narratives about man and “nature”.
Tracés, 2017
OPENACCESS ONLINE PAPER : http://traces.revues.org/7071
Redécouvrir la terre est une explorati... more OPENACCESS ONLINE PAPER : http://traces.revues.org/7071
Redécouvrir la terre est une exploration spéculative des enjeux politiques et conceptuels liés au rôle que jouent le sol et le territoire, dans la redéfinition de nos cadres d’appréhension du présent. Ce texte confronte les points de vue de trois philosophes, Pierre Charbonnier, Bruno Latour et Baptiste Morizot. Le dialogue part d’une tension qui traverse l’actualité politique : il nous faut d’une certaine manière réinvestir la terre face à l’abandon que représente la modernisation industrielle et ses dégâts, mais il nous faut aussi résister à l’émergence d’un conservatisme localiste, focalisé sur l’assignation au sol comme source d’identité. À partir de ce constat, les auteurs proposent des pistes pour reconstruire une pensée et une sensibilité politiques adéquates à la conjonction actuelle entre l’explosion des inégalités et l’horizon du changement climatique.
Version auteur d'un article à paraître dans les actes du colloque "Comment penser l'Anthropocène?... more Version auteur d'un article à paraître dans les actes du colloque "Comment penser l'Anthropocène?", Collège de France, novembre 2015, organisé par Catherine Larrère et Philippe Descola.
D’un point de vue écologique, l’anthropocène est l’autre nom de l’émergence d’une cohabitation de fait rapprochée et généralisée avec le reste du vivant : ils ne sont plus dehors, dans un dehors sauvage inaccessible et intact, hostile ou pur suivant l’encodage qu’on désire, c’est-à-dire dans une wilderness. Ils sont parmi nous. A différents degrés, la quasi-totalité des communautés biotiques de la planète sont désormais sous influence humaine, directe ou indirecte. À l’anthropocène, les ours polaires sont parmi nous, puisque nous sommes la cause du réchauffement qui amoindrit leurs habitats lointains ; les orques du Pacifique Nord, jouant dans les amas de détritus plastiques, sont parmi nous ; les chauves-souris frugivores du genre Pteropus, issues de la jungle tropicale, par lesquelles transite jusqu’à nous le virus Nipah, sont parmi nous, depuis que la déforestation en Asie du Sud-Est a détruit leurs habitats, ce qui les a contraintes à migrer vers les fermes malaises où elles ont infecté la nourriture des porcs.
Quelles sont les implications sur le concept de nature sauvage de cette anthropisation diffuse et généralisée des milieux, de cette extension des boucles d’effets de notre action, qui capturent dans leur ample mouvement jusqu’aux animaux sauvages les plus éloignés, pour les ramener tout contre nous?
Publié dans Revue Semestrielle du Droit Animalier, 1/2014, pp. 295-335.
An integrative view of diversity and singularity in the living world requires a better understand... more An integrative view of diversity and singularity in the living world requires a better understanding of the intricate link between genotypes and phenotypes. Here we re-emphasize the old standpoint that the genotype–phenotype (GP) relationship is best viewed as a connection between two differences, one at the genetic level and one at the phenotypic level. As of today, predominant thinking in biology research is that multiple genes interact with multiple environmental variables (such as abiotic factors, culture, or symbionts) to produce the phenotype. Often, the problem of linking genotypes and phenotypes is framed in terms of genotype and phenotype maps, and such graphical representations implicitly bring us away from the differential view of GP relationships. Here we show that the differential view of GP relationships is a useful explanatory framework in the context of pervasive pleiotropy, epistasis, and environmental effects. In such cases, it is relevant to view GP relationships as differences embedded into differences. Thinking in terms of differences clarifies the comparison between environmental and genetic effects on phenotypes and helps to further understand the connection between genotypes and phenotypes.
Published in Frontiers in Genetics, 2015 ; 6 : 179.
We focus here on two prevalent meanings of the word gene in research articles. On one hand, the g... more We focus here on two prevalent meanings of the word gene in research articles. On one hand, the gene, named here “molecular gene,” is a stretch of DNA that is transcribed and codes for an RNA or a polypeptide with a known or presumed function (as in “gene network”), whose exact spatial delimitation on the chromosome remains a matter of debate, especially in cases with alternative splicing, antisense transcripts, etc. On the other hand, the gene, called here “Mendelian gene,” is a segregating genetic unit which is detected through phenotypic differences associated with different alleles at the same locus (as in “gene flow”). We show that the “Mendelian gene” concept is still extensively used today in biology research and is sometimes confused with the “molecular gene.” We try here to clarify the distinction between both concepts. Efforts to delineate the beginning and the end of the DNA sequence corresponding to the “Mendelian gene” and the “molecular gene” reveal that both entities do not always match. We argue that both concepts are part of two relevant frameworks for explaining the biological world.
Published in Current Developments in Developmental Biology, Academic Press, 2016, Elsevier.
Publié dans Karine-Lou Matignon, Révolutions animales, Paris, Les Liens qui Libèrent/Arte, 2016.
The term “chance” has been given varied and different meanings in the history of occidental thoug... more The term “chance” has been given varied and different meanings in the history of occidental thought, carrying metaphysical connotations and controversial power. Despite the obscurity implied by this polysemy, this term is still frequently used without undergoing the conceptual clarifications that could locate its precise meaning and its original function in a theory. Here I propose a brief genealogical draft of this term and of its conceptual forms, from Aristotle to Darwin, to demonstrate the necessity of specifying what function it is fulfilling in each precise theoretical framework, in order not to be overwhelmed by the wide spectrum of the word.
Published in Biophysics and Molecular Biology, Volume 110, Issue 1, September 2012, pp. 54-60.
Http Www Theses Fr, Dec 10, 2011
Récits philosophiques by Baptiste Morizot
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Books by Baptiste Morizot
Qu’est-ce qui fait que quelque chose se passe devant une œuvre – ou qu’il ne se passe rien ?
À la croisée de la philosophie et de l’histoire de l’art, ce livre part sur la piste de nos relations à l’art contemporain, et aux œuvres d’art en général.
Et d’abord, une énigme : pourquoi avons-nous souvent l’impression, à l’occasion d’expositions d’art contemporain, que les œuvres sont indisponibles ? Comme si elles n’étaient pas là pour être appréciées, rencontrées. Comment expliquer ces rencontres manquées, autrement que par une inculture du visiteur ou une décadence de l’art contemporain ? Cet échec de communication est ici élucidé à travers une généalogie des contraintes qui pèsent conjointement sur la création contemporaine et sa réception.
Mais à l’inverse, comment comprendre ce qui a lieu, quand il se passe quelque chose, lorsqu’on est saisi par un livre, dévoré vif par un tableau, déplié par une mélodie – simultanément foudroyé et reconstruit par la rencontre avec une œuvre ?
Baptiste Morizot et Estelle Zhong Mengual enquêtent sur le pouvoir de l’art à nous transformer et à se constituer en un lieu privilégié de rencontres individuantes : celles qui nous font.
Notre sens de la propriété et des frontières relève d'un « sens du territoire » que nous avons en commun avec d'autres animaux. Et notre savoir-faire diplomatique s'enracine dans une compétence animale inscrite au plus profond de notre histoire évolutive.
Guidé par Charles Darwin, Konrad Lorenz, Aldo Leopold… et de nombreux autres « diplomates », Morizot propose ici un essai de philosophie animale.
Comme un incendie de prairie, ce livre traverse et féconde les grands sujets de la philosophie de l'écologie, de l'éthologie, jusqu'à l'éthique. Il esquisse un monde où nous vivrons « en bonne intelligence avec ce qui, en nous et hors de nous, ne veut pas être domestiqué ».
Marseille, Wildproject, 2016.
Paris, Jean Vrin, 2016.
Papers by Baptiste Morizot
This article intends to formulate an environmental grammar in terms of diplomatic cohabitation with living beings, on a land understood as home to biotic communities: as the ground we inhabit, and which constitutes the basis of our livelihood. This grammar is outlined as a narrative genre of local and circumstantial stories, destined to reconfigure challenging ecological situations and to free the practical and theoretical imagination of social actors, sometimes enclosed by Modernity’s grand narratives about man and “nature”.
Redécouvrir la terre est une exploration spéculative des enjeux politiques et conceptuels liés au rôle que jouent le sol et le territoire, dans la redéfinition de nos cadres d’appréhension du présent. Ce texte confronte les points de vue de trois philosophes, Pierre Charbonnier, Bruno Latour et Baptiste Morizot. Le dialogue part d’une tension qui traverse l’actualité politique : il nous faut d’une certaine manière réinvestir la terre face à l’abandon que représente la modernisation industrielle et ses dégâts, mais il nous faut aussi résister à l’émergence d’un conservatisme localiste, focalisé sur l’assignation au sol comme source d’identité. À partir de ce constat, les auteurs proposent des pistes pour reconstruire une pensée et une sensibilité politiques adéquates à la conjonction actuelle entre l’explosion des inégalités et l’horizon du changement climatique.
D’un point de vue écologique, l’anthropocène est l’autre nom de l’émergence d’une cohabitation de fait rapprochée et généralisée avec le reste du vivant : ils ne sont plus dehors, dans un dehors sauvage inaccessible et intact, hostile ou pur suivant l’encodage qu’on désire, c’est-à-dire dans une wilderness. Ils sont parmi nous. A différents degrés, la quasi-totalité des communautés biotiques de la planète sont désormais sous influence humaine, directe ou indirecte. À l’anthropocène, les ours polaires sont parmi nous, puisque nous sommes la cause du réchauffement qui amoindrit leurs habitats lointains ; les orques du Pacifique Nord, jouant dans les amas de détritus plastiques, sont parmi nous ; les chauves-souris frugivores du genre Pteropus, issues de la jungle tropicale, par lesquelles transite jusqu’à nous le virus Nipah, sont parmi nous, depuis que la déforestation en Asie du Sud-Est a détruit leurs habitats, ce qui les a contraintes à migrer vers les fermes malaises où elles ont infecté la nourriture des porcs.
Quelles sont les implications sur le concept de nature sauvage de cette anthropisation diffuse et généralisée des milieux, de cette extension des boucles d’effets de notre action, qui capturent dans leur ample mouvement jusqu’aux animaux sauvages les plus éloignés, pour les ramener tout contre nous?
Published in Frontiers in Genetics, 2015 ; 6 : 179.
Published in Current Developments in Developmental Biology, Academic Press, 2016, Elsevier.
Published in Biophysics and Molecular Biology, Volume 110, Issue 1, September 2012, pp. 54-60.
Récits philosophiques by Baptiste Morizot
https://www.yumpu.com/fr/document/view/56298891/un-seul-ours-debout-baptiste-morizot
Qu’est-ce qui fait que quelque chose se passe devant une œuvre – ou qu’il ne se passe rien ?
À la croisée de la philosophie et de l’histoire de l’art, ce livre part sur la piste de nos relations à l’art contemporain, et aux œuvres d’art en général.
Et d’abord, une énigme : pourquoi avons-nous souvent l’impression, à l’occasion d’expositions d’art contemporain, que les œuvres sont indisponibles ? Comme si elles n’étaient pas là pour être appréciées, rencontrées. Comment expliquer ces rencontres manquées, autrement que par une inculture du visiteur ou une décadence de l’art contemporain ? Cet échec de communication est ici élucidé à travers une généalogie des contraintes qui pèsent conjointement sur la création contemporaine et sa réception.
Mais à l’inverse, comment comprendre ce qui a lieu, quand il se passe quelque chose, lorsqu’on est saisi par un livre, dévoré vif par un tableau, déplié par une mélodie – simultanément foudroyé et reconstruit par la rencontre avec une œuvre ?
Baptiste Morizot et Estelle Zhong Mengual enquêtent sur le pouvoir de l’art à nous transformer et à se constituer en un lieu privilégié de rencontres individuantes : celles qui nous font.
Notre sens de la propriété et des frontières relève d'un « sens du territoire » que nous avons en commun avec d'autres animaux. Et notre savoir-faire diplomatique s'enracine dans une compétence animale inscrite au plus profond de notre histoire évolutive.
Guidé par Charles Darwin, Konrad Lorenz, Aldo Leopold… et de nombreux autres « diplomates », Morizot propose ici un essai de philosophie animale.
Comme un incendie de prairie, ce livre traverse et féconde les grands sujets de la philosophie de l'écologie, de l'éthologie, jusqu'à l'éthique. Il esquisse un monde où nous vivrons « en bonne intelligence avec ce qui, en nous et hors de nous, ne veut pas être domestiqué ».
Marseille, Wildproject, 2016.
Paris, Jean Vrin, 2016.
This article intends to formulate an environmental grammar in terms of diplomatic cohabitation with living beings, on a land understood as home to biotic communities: as the ground we inhabit, and which constitutes the basis of our livelihood. This grammar is outlined as a narrative genre of local and circumstantial stories, destined to reconfigure challenging ecological situations and to free the practical and theoretical imagination of social actors, sometimes enclosed by Modernity’s grand narratives about man and “nature”.
Redécouvrir la terre est une exploration spéculative des enjeux politiques et conceptuels liés au rôle que jouent le sol et le territoire, dans la redéfinition de nos cadres d’appréhension du présent. Ce texte confronte les points de vue de trois philosophes, Pierre Charbonnier, Bruno Latour et Baptiste Morizot. Le dialogue part d’une tension qui traverse l’actualité politique : il nous faut d’une certaine manière réinvestir la terre face à l’abandon que représente la modernisation industrielle et ses dégâts, mais il nous faut aussi résister à l’émergence d’un conservatisme localiste, focalisé sur l’assignation au sol comme source d’identité. À partir de ce constat, les auteurs proposent des pistes pour reconstruire une pensée et une sensibilité politiques adéquates à la conjonction actuelle entre l’explosion des inégalités et l’horizon du changement climatique.
D’un point de vue écologique, l’anthropocène est l’autre nom de l’émergence d’une cohabitation de fait rapprochée et généralisée avec le reste du vivant : ils ne sont plus dehors, dans un dehors sauvage inaccessible et intact, hostile ou pur suivant l’encodage qu’on désire, c’est-à-dire dans une wilderness. Ils sont parmi nous. A différents degrés, la quasi-totalité des communautés biotiques de la planète sont désormais sous influence humaine, directe ou indirecte. À l’anthropocène, les ours polaires sont parmi nous, puisque nous sommes la cause du réchauffement qui amoindrit leurs habitats lointains ; les orques du Pacifique Nord, jouant dans les amas de détritus plastiques, sont parmi nous ; les chauves-souris frugivores du genre Pteropus, issues de la jungle tropicale, par lesquelles transite jusqu’à nous le virus Nipah, sont parmi nous, depuis que la déforestation en Asie du Sud-Est a détruit leurs habitats, ce qui les a contraintes à migrer vers les fermes malaises où elles ont infecté la nourriture des porcs.
Quelles sont les implications sur le concept de nature sauvage de cette anthropisation diffuse et généralisée des milieux, de cette extension des boucles d’effets de notre action, qui capturent dans leur ample mouvement jusqu’aux animaux sauvages les plus éloignés, pour les ramener tout contre nous?
Published in Frontiers in Genetics, 2015 ; 6 : 179.
Published in Current Developments in Developmental Biology, Academic Press, 2016, Elsevier.
Published in Biophysics and Molecular Biology, Volume 110, Issue 1, September 2012, pp. 54-60.
https://www.yumpu.com/fr/document/view/56298891/un-seul-ours-debout-baptiste-morizot
En ce moment, les médias parlent beaucoup de CRISPR, une technique révolutionnaire qui permet d'éditer facilement les gènes comme on le souhaite. CRISPR a été quasi-simultanément déclarée découverte scientifique de l’année 2015 et classée au rang des armes de destruction massive par la NSA1. Dans cet article, nous nous intéressons à l'application de CRISPR qui nous semble la plus préoccupante et néanmoins la moins mise en lumière : le « gene drive ». Nous nous interrogeons ici sur les implications et les risques liés au lâcher d'individus « gene drive » dans la nature.
Reportage philosophique publié dans Philosophie Magazine, n°72, 2013.
La survie du plus fort est le nom de ce rapport de force, rapport exclusif à tous ceux qui ne comprennent pas le droit. C’est dans cette dichotomie que repose l’erreur ontologique des Modernes à l’égard de l’animal, et je voudrais le montrer ici à l’égard du loup (Canis lupus). Le loup ne parle pas et ne contracte pas au sens du contrat social, il a néanmoins des comportements politiques, c’est-à-dire symboliques : des comportements géopolitiques d’établissement de frontières et de hiérarchies conventionnels, intra et interspécifique. De sorte que nous ne sommes pas condamnés au rapport de force envers lui. C’est ce que
j’appelle la diplomatie animale.