Effondrement des Alpes – Premier Journal, édité par Mabe Bethônico, Camille Garnier, Émilie- Cerise Herbin et Stéphane Sauzedde, Dijon, Les presses du réel., 2020
Le sommeil profond, distinct du reve qu’il accompagne, a bien souvent ete occulte par ce dernier ... more Le sommeil profond, distinct du reve qu’il accompagne, a bien souvent ete occulte par ce dernier au sein des etudes philosophiques et historiques. La presente recherche, consacree aux figures d’endormis et aux theories du sommeil a la Renaissance, propose de combler en partie cette lacune en partant de l'hypothese selon laquelle le sommeil profond, bien qu’il echappe a la conscience, n'en demeure pas moins charge de sens et de valeurs. L’imaginaire bifurque pour creer, en lieu et place d’une absence de connaissance, une source vive de metaphores. Place au confluent des traditions chretiennes et paiennes, l’art de la Renaissance offre a l’interpretation une multiplicite de figures endormies. Metaphores visuelles, petries par la litterature de l’epoque, nourries de theories qu’elles transforment en retour. A travers elles, dormir constitue bien souvent l’indice du peche, car « l’oisivete est mere de tous les vices ». Mais, la metaphore change avec la pose du dormeur, son lieu ...
Selon Léonard de Vinci, le peintre doit « se mettre à la place de l’esprit même de la nature », e... more Selon Léonard de Vinci, le peintre doit « se mettre à la place de l’esprit même de la nature », entendue comme genèse perpétuelle, force vitale et métamorphique. Dans sa démesure, un tel projet fascine autant qu’il terrifie. Pour répondre à ce défi, Léonard renouvelle profondément l’art de la peinture jusqu’à en faire, en théorie comme en pratique, un exercice sans cesse recommencé. Les notes et préceptes du Traité de peinture comme les techniques qu’il invente (ou réinvente) en témoignent – chiaroscuro, sfumato, perspective aérienne, componimento inculto [esquisse informe ou sauvage], etc. À la jonction de la main et de l’esprit, l’exercice de peindre sollicite une ascèse perceptive et imaginative, à travers le jugement, le regard (« jugement de l’œil », giudizio dell’occhio), porté sur le monde et ses formes mouvantes. Ascèse, au sens fort d’un désapprentissage permettant de détisser les rets de l’habitude et les tropismes subjectifs. Cet exercice opère non seulement le crayon à la main, par le déploiement de l’esquisse et la fécondité du repentir [pentimento], mais, dans un plus grand dénuement encore, en regardant « des murs souillés de beaucoup de taches », « avec l’idée d’imaginer quelque scène » – « incitation à la rêverie éveillée » comme l’appelle André Chastel. Dès lors l’exercice de peindre (ou la peinture comme exercice) prend chez Léonard une tournure très étonnante et singulière : tout en privilégiant la dimension processuelle de l’œuvre, il s’agit de faire, pour ainsi dire, de la peinture sans pigment ni pinceau. Autrement dit, la prétention cosmique du peintre n’a d’égale que son aptitude au dénuement.
Le Verger – Bouquet IV : « Viol & Ravissement à la Renaissance », revue numérique de l’association seiziémiste Cornucopia., 2013
Depuis la fable d’Apulée jusqu’à la métaphore mystique de l’âme-papillon, la figure léthargique d... more Depuis la fable d’Apulée jusqu’à la métaphore mystique de l’âme-papillon, la figure léthargique de Psyché s’offre à l’alternative du ravissement spirituel et du rapt sensuel, voire à leur étrange condensation. L’évolution de cette figure dans l’art et la littérature de la Renaissance permet d’interroger cette analogie entre les rapts du corps et de l’âme. Les sommeils de Psyché se métamorphosent et son image se transforme (pose, gestuelle, expression) selon qu’elle s’abandonne aux promesses du ravissement ou qu’elle s’offre aux menaces d’un viol érotisé. Ces déplacements de sens – liés à certaines exégèses, directes ou indirectes, comme celles de Fulgence, Boccace et Marsile Ficin – s’accompagnent de condensations formelles. Ainsi, sur les coffres de mariage florentins du XVe siècle, Psyché, endormie au jardin d’Eros, devient la soeur de l’Epouse du Cantique des Cantiques. Sur les vitraux d’Ecouen, son sommeil voluptueux la rapproche des Vénus endormies. À Mantoue, Giulio Romano en fait une nymphe approchée par un satyre qui préfigure et désacralise Eros. Tentatrice savamment alanguie, Psyché s’approprie les postures érotiques de Vénus et des nymphes dans les gravures maniéristes du XVIe siècle. Dès lors, le rapt charnel semble l’emporter sur la divine extase. A la même époque pourtant, nous retrouvons l’ombre de Psyché, spirituelle dormeuse, à l’œuvre dans les métaphores mystiques de Jean de la Croix et de Thérèse d’Avila. Les métamorphoses de Psyché ne sont pas finies, son sommeil favorise l’analogie paradoxale des possibles contraires.
Le sommeil, ce tiers obscur de nos vies… Hormis l'éclair du rêve, il nous plonge dans la nuit noi... more Le sommeil, ce tiers obscur de nos vies… Hormis l'éclair du rêve, il nous plonge dans la nuit noire de l'inconscience, mais son opacité même stimule l'esprit en l'invitant au déplacement métaphorique. Loin de constituer un état vide et sans valeur, il « donne à penser », comme en témoigne de manière éloquente l'art de la Renaissance, de la torpeur d'Adam au Pays de Cocagne en passant par le Jardin de Gethsémani et la sieste des nymphes. Tout en remontant le fil généalogique de la condamnation du sommeil, le présent ouvrage déploie un panorama critique et nuancé des « polyptiques du sommeil » (J.-L. Chrétien) dans l'art européen des XVe et XVIe siècles. À la critique traditionnelle du sommeil, envisagé comme ennemi de la vigilance et source des vices, font contrepoint plusieurs figures d'endormis, autrement positives et variées, parmi lesquelles l'apôtre Jean, étonnamment couché « sur le sein du Christ » lors de la dernière Cène, Psyché, tour à tour héroïne néo-platonicienne et beauté lascive, ou bien encore Luther lui-même, dont le « dernier portrait » met un point d'orgue aux polémiques réformistes au sujet du « sommeil de l'âme ». En effet, le souci du sommeil mobilise autant les artistes – Mantegna, Dürer, Brughel, Michel-Ange ou Tintoret – que les théologiens, les médecins et les philosophes, d'Aristote à Zwingli, en passant par Augustin, Marsile Ficin, Jean Fernel et Michel de Montaigne. À l'heure où notre existence quotidienne est placée sous le sceau de l'accélération, de la performance et de la veille continue, il devient plus que jamais vital de nous soucier du sommeil, celui que nous avons perdu et celui qui nous reste, en faisant ce pari : les « endormis » de la Renaissance n'ont pas fini de nous hanter.
Que se passe-t-il lorsqu’un compositeur s’empare d’un poème ? Lorsqu’un poète se met au diapason ... more Que se passe-t-il lorsqu’un compositeur s’empare d’un poème ? Lorsqu’un poète se met au diapason d’un musicien ? Comment définir l’œuvre issue d’un tel lignage – union heureuse ou forcée – et comment l’écouter sans perdre « en sens » ou « en son » ? Telles sont les questions auxquelles répond ce livre polyphonique, croisant les disciplines philosophique et littéraire, ainsi que les styles musicaux (de l’opéra au jazz).
Ces problèmes d’alliance ou de mésalliance entre poème et musique y sont affrontés dans une perspective élargie, depuis les paradoxes auxquels conduit la revendication moderne d’autonomie jusqu’à l’approche d’une communauté sonore, en passant par les ententes et les mésententes, les portraits et les autoportraits. Au fil de la partition : Schönberg, Karl Kraus, Goethe et Schubert, Carla Bley et Paul Haines, Garcia Lorca et Maurice Ohana, Debussy et Verlaine, Wittgenstein et Steve Reich, Jaccottet, Nicanor Parra…
La portée musicale du poème met en exergue la liberté des processus de création, la « portée » faisant entendre la puissance et la capacité propres à chaque art, leur force de propagation et, in fine, ce lien d’engendrement qui s’opère à même le son.
Ouvrage collectif sous la direction de Céline Barral, Katerina Paplomata et Marina Seretti.
An edited volume (peer-reviewed) presenting a range of new scholarly perspectives on Jean Dubuffe... more An edited volume (peer-reviewed) presenting a range of new scholarly perspectives on Jean Dubuffet’s notion of “art brut”, from the perspective of reception studies (contrasting “art brut” and the surrealist notion of “objet trouvé”, as well as Harald Szeemann’s “individual mythologies”), the history of ideas (featuring a discussion of Arthur Danto’s writings on “outsider art”, as well as of the use of the term “brut” in Merleau-Ponty’s phenomenology), and performance studies. The volume argues for a dual approach that would historicize and contextualize the notion of “art brut” as a category, thus questioning its underlying assumptions and contemporary relevance, while simultaneously calling for renewed critical and art historical studies to be devoted to the diverse body of work (by artists such as Aloïse Corbaz, Henry Darger, Auguste Forestier, or Adolf Wölfli) that has been historically presented and exhibited under this label.
Effondrement des Alpes – Premier Journal, édité par Mabe Bethônico, Camille Garnier, Émilie- Cerise Herbin et Stéphane Sauzedde, Dijon, Les presses du réel., 2020
Le sommeil profond, distinct du reve qu’il accompagne, a bien souvent ete occulte par ce dernier ... more Le sommeil profond, distinct du reve qu’il accompagne, a bien souvent ete occulte par ce dernier au sein des etudes philosophiques et historiques. La presente recherche, consacree aux figures d’endormis et aux theories du sommeil a la Renaissance, propose de combler en partie cette lacune en partant de l'hypothese selon laquelle le sommeil profond, bien qu’il echappe a la conscience, n'en demeure pas moins charge de sens et de valeurs. L’imaginaire bifurque pour creer, en lieu et place d’une absence de connaissance, une source vive de metaphores. Place au confluent des traditions chretiennes et paiennes, l’art de la Renaissance offre a l’interpretation une multiplicite de figures endormies. Metaphores visuelles, petries par la litterature de l’epoque, nourries de theories qu’elles transforment en retour. A travers elles, dormir constitue bien souvent l’indice du peche, car « l’oisivete est mere de tous les vices ». Mais, la metaphore change avec la pose du dormeur, son lieu ...
Selon Léonard de Vinci, le peintre doit « se mettre à la place de l’esprit même de la nature », e... more Selon Léonard de Vinci, le peintre doit « se mettre à la place de l’esprit même de la nature », entendue comme genèse perpétuelle, force vitale et métamorphique. Dans sa démesure, un tel projet fascine autant qu’il terrifie. Pour répondre à ce défi, Léonard renouvelle profondément l’art de la peinture jusqu’à en faire, en théorie comme en pratique, un exercice sans cesse recommencé. Les notes et préceptes du Traité de peinture comme les techniques qu’il invente (ou réinvente) en témoignent – chiaroscuro, sfumato, perspective aérienne, componimento inculto [esquisse informe ou sauvage], etc. À la jonction de la main et de l’esprit, l’exercice de peindre sollicite une ascèse perceptive et imaginative, à travers le jugement, le regard (« jugement de l’œil », giudizio dell’occhio), porté sur le monde et ses formes mouvantes. Ascèse, au sens fort d’un désapprentissage permettant de détisser les rets de l’habitude et les tropismes subjectifs. Cet exercice opère non seulement le crayon à la main, par le déploiement de l’esquisse et la fécondité du repentir [pentimento], mais, dans un plus grand dénuement encore, en regardant « des murs souillés de beaucoup de taches », « avec l’idée d’imaginer quelque scène » – « incitation à la rêverie éveillée » comme l’appelle André Chastel. Dès lors l’exercice de peindre (ou la peinture comme exercice) prend chez Léonard une tournure très étonnante et singulière : tout en privilégiant la dimension processuelle de l’œuvre, il s’agit de faire, pour ainsi dire, de la peinture sans pigment ni pinceau. Autrement dit, la prétention cosmique du peintre n’a d’égale que son aptitude au dénuement.
Le Verger – Bouquet IV : « Viol & Ravissement à la Renaissance », revue numérique de l’association seiziémiste Cornucopia., 2013
Depuis la fable d’Apulée jusqu’à la métaphore mystique de l’âme-papillon, la figure léthargique d... more Depuis la fable d’Apulée jusqu’à la métaphore mystique de l’âme-papillon, la figure léthargique de Psyché s’offre à l’alternative du ravissement spirituel et du rapt sensuel, voire à leur étrange condensation. L’évolution de cette figure dans l’art et la littérature de la Renaissance permet d’interroger cette analogie entre les rapts du corps et de l’âme. Les sommeils de Psyché se métamorphosent et son image se transforme (pose, gestuelle, expression) selon qu’elle s’abandonne aux promesses du ravissement ou qu’elle s’offre aux menaces d’un viol érotisé. Ces déplacements de sens – liés à certaines exégèses, directes ou indirectes, comme celles de Fulgence, Boccace et Marsile Ficin – s’accompagnent de condensations formelles. Ainsi, sur les coffres de mariage florentins du XVe siècle, Psyché, endormie au jardin d’Eros, devient la soeur de l’Epouse du Cantique des Cantiques. Sur les vitraux d’Ecouen, son sommeil voluptueux la rapproche des Vénus endormies. À Mantoue, Giulio Romano en fait une nymphe approchée par un satyre qui préfigure et désacralise Eros. Tentatrice savamment alanguie, Psyché s’approprie les postures érotiques de Vénus et des nymphes dans les gravures maniéristes du XVIe siècle. Dès lors, le rapt charnel semble l’emporter sur la divine extase. A la même époque pourtant, nous retrouvons l’ombre de Psyché, spirituelle dormeuse, à l’œuvre dans les métaphores mystiques de Jean de la Croix et de Thérèse d’Avila. Les métamorphoses de Psyché ne sont pas finies, son sommeil favorise l’analogie paradoxale des possibles contraires.
Le sommeil, ce tiers obscur de nos vies… Hormis l'éclair du rêve, il nous plonge dans la nuit noi... more Le sommeil, ce tiers obscur de nos vies… Hormis l'éclair du rêve, il nous plonge dans la nuit noire de l'inconscience, mais son opacité même stimule l'esprit en l'invitant au déplacement métaphorique. Loin de constituer un état vide et sans valeur, il « donne à penser », comme en témoigne de manière éloquente l'art de la Renaissance, de la torpeur d'Adam au Pays de Cocagne en passant par le Jardin de Gethsémani et la sieste des nymphes. Tout en remontant le fil généalogique de la condamnation du sommeil, le présent ouvrage déploie un panorama critique et nuancé des « polyptiques du sommeil » (J.-L. Chrétien) dans l'art européen des XVe et XVIe siècles. À la critique traditionnelle du sommeil, envisagé comme ennemi de la vigilance et source des vices, font contrepoint plusieurs figures d'endormis, autrement positives et variées, parmi lesquelles l'apôtre Jean, étonnamment couché « sur le sein du Christ » lors de la dernière Cène, Psyché, tour à tour héroïne néo-platonicienne et beauté lascive, ou bien encore Luther lui-même, dont le « dernier portrait » met un point d'orgue aux polémiques réformistes au sujet du « sommeil de l'âme ». En effet, le souci du sommeil mobilise autant les artistes – Mantegna, Dürer, Brughel, Michel-Ange ou Tintoret – que les théologiens, les médecins et les philosophes, d'Aristote à Zwingli, en passant par Augustin, Marsile Ficin, Jean Fernel et Michel de Montaigne. À l'heure où notre existence quotidienne est placée sous le sceau de l'accélération, de la performance et de la veille continue, il devient plus que jamais vital de nous soucier du sommeil, celui que nous avons perdu et celui qui nous reste, en faisant ce pari : les « endormis » de la Renaissance n'ont pas fini de nous hanter.
Que se passe-t-il lorsqu’un compositeur s’empare d’un poème ? Lorsqu’un poète se met au diapason ... more Que se passe-t-il lorsqu’un compositeur s’empare d’un poème ? Lorsqu’un poète se met au diapason d’un musicien ? Comment définir l’œuvre issue d’un tel lignage – union heureuse ou forcée – et comment l’écouter sans perdre « en sens » ou « en son » ? Telles sont les questions auxquelles répond ce livre polyphonique, croisant les disciplines philosophique et littéraire, ainsi que les styles musicaux (de l’opéra au jazz).
Ces problèmes d’alliance ou de mésalliance entre poème et musique y sont affrontés dans une perspective élargie, depuis les paradoxes auxquels conduit la revendication moderne d’autonomie jusqu’à l’approche d’une communauté sonore, en passant par les ententes et les mésententes, les portraits et les autoportraits. Au fil de la partition : Schönberg, Karl Kraus, Goethe et Schubert, Carla Bley et Paul Haines, Garcia Lorca et Maurice Ohana, Debussy et Verlaine, Wittgenstein et Steve Reich, Jaccottet, Nicanor Parra…
La portée musicale du poème met en exergue la liberté des processus de création, la « portée » faisant entendre la puissance et la capacité propres à chaque art, leur force de propagation et, in fine, ce lien d’engendrement qui s’opère à même le son.
Ouvrage collectif sous la direction de Céline Barral, Katerina Paplomata et Marina Seretti.
An edited volume (peer-reviewed) presenting a range of new scholarly perspectives on Jean Dubuffe... more An edited volume (peer-reviewed) presenting a range of new scholarly perspectives on Jean Dubuffet’s notion of “art brut”, from the perspective of reception studies (contrasting “art brut” and the surrealist notion of “objet trouvé”, as well as Harald Szeemann’s “individual mythologies”), the history of ideas (featuring a discussion of Arthur Danto’s writings on “outsider art”, as well as of the use of the term “brut” in Merleau-Ponty’s phenomenology), and performance studies. The volume argues for a dual approach that would historicize and contextualize the notion of “art brut” as a category, thus questioning its underlying assumptions and contemporary relevance, while simultaneously calling for renewed critical and art historical studies to be devoted to the diverse body of work (by artists such as Aloïse Corbaz, Henry Darger, Auguste Forestier, or Adolf Wölfli) that has been historically presented and exhibited under this label.
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Loin de constituer un état vide et sans valeur, il « donne à penser », comme en témoigne de manière éloquente l'art de la Renaissance, de la torpeur d'Adam au Pays de Cocagne en passant par le Jardin de Gethsémani et la sieste des nymphes. Tout en remontant le fil généalogique de la condamnation du sommeil, le présent ouvrage déploie un panorama critique et nuancé des « polyptiques du sommeil » (J.-L. Chrétien) dans l'art européen des XVe et XVIe siècles. À la critique traditionnelle du sommeil, envisagé comme ennemi de la vigilance et source des vices, font contrepoint plusieurs figures d'endormis, autrement positives et variées, parmi lesquelles l'apôtre Jean, étonnamment couché « sur le sein du Christ » lors de la dernière Cène, Psyché, tour à tour héroïne néo-platonicienne et beauté lascive, ou bien encore Luther lui-même, dont le « dernier portrait » met un point d'orgue aux polémiques réformistes au sujet du « sommeil de l'âme ». En effet, le souci du sommeil mobilise autant les artistes – Mantegna, Dürer, Brughel, Michel-Ange ou Tintoret – que les théologiens, les médecins et les philosophes, d'Aristote à Zwingli, en passant par Augustin, Marsile Ficin, Jean Fernel et Michel de Montaigne.
À l'heure où notre existence quotidienne est placée sous le sceau de l'accélération, de la performance et de la veille continue, il devient plus que jamais vital de nous soucier du sommeil, celui que nous avons perdu et celui qui nous reste, en faisant ce pari : les « endormis » de la Renaissance n'ont pas fini de nous hanter.
Ces problèmes d’alliance ou de mésalliance entre poème et musique y sont affrontés dans une perspective élargie, depuis les paradoxes auxquels conduit la revendication moderne d’autonomie jusqu’à l’approche d’une communauté sonore, en passant par les ententes et les mésententes, les portraits et les autoportraits. Au fil de la partition : Schönberg, Karl Kraus, Goethe et Schubert, Carla Bley et Paul Haines, Garcia Lorca et Maurice Ohana, Debussy et Verlaine, Wittgenstein et Steve Reich, Jaccottet, Nicanor Parra…
La portée musicale du poème met en exergue la liberté des processus de création, la « portée » faisant entendre la puissance et la capacité propres à chaque art, leur force de propagation et, in fine, ce lien d’engendrement qui s’opère à même le son.
Ouvrage collectif sous la direction de Céline Barral, Katerina Paplomata et Marina Seretti.
Auteurs : ANGOT Sophie, ARDAILLON Lise, BARRAL Céline, BENOIT Eric, COLLECTIF, MILLIOT Sylvain, NADRIGNY Pauline, PAPLOMATA Katerina, SAUVANET Pierre, SERETTI Marina, SEVE Bernard, SOULEZ Antonia, SOUNAC Frédéric
The volume argues for a dual approach that would historicize and contextualize the notion of “art brut” as a category, thus questioning its underlying assumptions and contemporary relevance, while simultaneously calling for renewed critical and art historical studies to be devoted to the diverse body of work (by artists such as Aloïse Corbaz, Henry Darger, Auguste Forestier, or Adolf Wölfli) that has been historically presented and exhibited under this label.
Loin de constituer un état vide et sans valeur, il « donne à penser », comme en témoigne de manière éloquente l'art de la Renaissance, de la torpeur d'Adam au Pays de Cocagne en passant par le Jardin de Gethsémani et la sieste des nymphes. Tout en remontant le fil généalogique de la condamnation du sommeil, le présent ouvrage déploie un panorama critique et nuancé des « polyptiques du sommeil » (J.-L. Chrétien) dans l'art européen des XVe et XVIe siècles. À la critique traditionnelle du sommeil, envisagé comme ennemi de la vigilance et source des vices, font contrepoint plusieurs figures d'endormis, autrement positives et variées, parmi lesquelles l'apôtre Jean, étonnamment couché « sur le sein du Christ » lors de la dernière Cène, Psyché, tour à tour héroïne néo-platonicienne et beauté lascive, ou bien encore Luther lui-même, dont le « dernier portrait » met un point d'orgue aux polémiques réformistes au sujet du « sommeil de l'âme ». En effet, le souci du sommeil mobilise autant les artistes – Mantegna, Dürer, Brughel, Michel-Ange ou Tintoret – que les théologiens, les médecins et les philosophes, d'Aristote à Zwingli, en passant par Augustin, Marsile Ficin, Jean Fernel et Michel de Montaigne.
À l'heure où notre existence quotidienne est placée sous le sceau de l'accélération, de la performance et de la veille continue, il devient plus que jamais vital de nous soucier du sommeil, celui que nous avons perdu et celui qui nous reste, en faisant ce pari : les « endormis » de la Renaissance n'ont pas fini de nous hanter.
Ces problèmes d’alliance ou de mésalliance entre poème et musique y sont affrontés dans une perspective élargie, depuis les paradoxes auxquels conduit la revendication moderne d’autonomie jusqu’à l’approche d’une communauté sonore, en passant par les ententes et les mésententes, les portraits et les autoportraits. Au fil de la partition : Schönberg, Karl Kraus, Goethe et Schubert, Carla Bley et Paul Haines, Garcia Lorca et Maurice Ohana, Debussy et Verlaine, Wittgenstein et Steve Reich, Jaccottet, Nicanor Parra…
La portée musicale du poème met en exergue la liberté des processus de création, la « portée » faisant entendre la puissance et la capacité propres à chaque art, leur force de propagation et, in fine, ce lien d’engendrement qui s’opère à même le son.
Ouvrage collectif sous la direction de Céline Barral, Katerina Paplomata et Marina Seretti.
Auteurs : ANGOT Sophie, ARDAILLON Lise, BARRAL Céline, BENOIT Eric, COLLECTIF, MILLIOT Sylvain, NADRIGNY Pauline, PAPLOMATA Katerina, SAUVANET Pierre, SERETTI Marina, SEVE Bernard, SOULEZ Antonia, SOUNAC Frédéric
The volume argues for a dual approach that would historicize and contextualize the notion of “art brut” as a category, thus questioning its underlying assumptions and contemporary relevance, while simultaneously calling for renewed critical and art historical studies to be devoted to the diverse body of work (by artists such as Aloïse Corbaz, Henry Darger, Auguste Forestier, or Adolf Wölfli) that has been historically presented and exhibited under this label.