Since the middle of the 20th century, principles and ethical codes have multiplied in the field o... more Since the middle of the 20th century, principles and ethical codes have multiplied in the field of conservation-restoration applied to works of art and architecture. Starting from the observation that this proliferation has not always stimulated the critical spirit of professionals, the CoToCoCo project aims to encourage reflection "out of the box". Case studies are confronted with concepts borrowed from disciplines outside the field of conservation-restoration, such as sociology, anthropology, philosophy, semiology and mathematics, among others. In this article, we examine two case studies of "lost art" through the prism of the concept of antifragility, developed by the mathematician Nassim Nicholas Taleb (1960-): The frescoes of St Francis Basilica in Assisi and the fragments of Victor Horta’s Hôtel Aubecq in Brussels.
Born in the interwar period, Raymond M. Lemaire would have been 100 years old in 2021. Active fro... more Born in the interwar period, Raymond M. Lemaire would have been 100 years old in 2021. Active from the aftermath of the Second World War until the mid-1990s, he was an important actor in the evolution of principles and practices in a period marked by the transition from monuments to heritage and the globalization of debates. His very rich archives allow an intimate look at the major stages of this evolution. In this short article, we consider, through his experiences, the beginnings of internationalization in the 1940s and 1950s until the foundation of ICOMOS, the drafting of the Venice Charter, the establishment of integrated conservation and the drafting of the Nara Document.
Con base en la observación de Nicholas Stanley-Price de una divergencia entre principios y prácti... more Con base en la observación de Nicholas Stanley-Price de una divergencia entre principios y práctica en la reconstrucción, el presente artículo analiza un momento clave en el desarrollo de la doctrina del patrimonio en el siglo XX: el Congreso de Venecia. Mediante un análisis de las sesiones del congreso, la exhibición que lo acompañó y la redacción de la carta que fue uno de sus resultados, se cuestionan las visiones de los expertos de ese tiempo acerca de la reconstrucción de sitios arqueológicos. El resultado es un paisaje contrastado en términos de proyectos y principios, y la observación de una cierta incomodidad ante la práctica que, después de las reconstrucciones de la Segunda Guerra Mundial, se justifica, para gran pesar de una parte de la profesión, por el desarrollo de la economía turística.
Based on Nicholas Stanley-Price's observation of a divergence between principles and practice in ... more Based on Nicholas Stanley-Price's observation of a divergence between principles and practice in reconstruction, this article examines a key moment in the development of heritage doctrine in the 20 th century: the Venice Congress. Through an examination of the sessions of the congress, the accompanying exhibition and the drafting of the charter that was one of its outcomes, it questions the views of experts of the time on the reconstruction of archaeological sites. The result is a contrasted landscape in terms of projects and principles and the observation of a certain unresolved uneasiness in the face of a practice which, after World War II reconstruction, is justified, to the great regret of a part of the profession, by the development of the tourism economy.
Les enjeux théoriques de la réhabilitation. Actes du 3e séminaire du réseau Architecture, Patrimoine et création, 2019
Face à l’extension du champ de l’intervention sur l’existant et au brouillage des limites entre r... more Face à l’extension du champ de l’intervention sur l’existant et au brouillage des limites entre rénovation et restauration d’édifices et d’ensembles allant du monument historique au bâti générique, ancien ou récent, il semble plus que jamais utile d’accepter la notion de bricolage conceptuel et de réfléchir à une « boîtes à outils » permettant aux futurs architectes de faire face à la complexité des enjeux de la réhabilitation. En effet, face à ceux-ci, les théories de la restauration monumentale qui sont enseignées dans les instituts et facultés d’architecture atteignent parfois leurs limites et nous semblent devoir être complétées par/confrontées à de nouveaux concepts ou théories susceptibles d’élargir et même de renouveler notre vision des choses. C’est ainsi que depuis plusieurs années, nous avons choisi de faire un pas de côté et d’interroger des champs aussi éloignés que la logique formelle, l’ontologie de l’art et les théories littéraires et travaillons actuellement à une anthologie critique de textes variés mais tous susceptibles d’intéresser les conservateurs (du patrimoine mobilier et immobilier) et donc aussi, les architectes intervenant sur l’existant. Parmi ces textes, oeuvres d’auteurs en grande partie méconnus dans le champ du patrimoine, « Identity, Origin and spatio-temporal continuity », du philosophe Théodore Scaltsas, professeur à l’université d’Edimbourg, et extrait d’une revue en grande partie écrite en langage mathématique, nous parait particulièrement intéressant à analyser lors du séminaire. En utilisant des exemples aisément transposables au milieu de l’architecture, il aborde notamment la question de l’intention d’une reconstruction de manière originale et interpellante, qui n’autorise plus les fréquents amalgames justifiant tout et n’importe quoi et émanant non seulement du monde économique mais aussi des milieux du patrimoine dits autorisés. Par ailleurs, il enrichit le débat sur l’authenticité d’une dimension peu prise en compte à ce jour et particulièrement éclairante dans le cas des productions modernes et contemporaines, qui constituent l’un des enjeux les plus actuels de la réhabilitation.
Il y a deux ans, à l’occasion du cinquantenaire de la Charte de Venise, colloques et publications... more Il y a deux ans, à l’occasion du cinquantenaire de la Charte de Venise, colloques et publications ont proclamé, à travers le monde, l’importance historique de ce « monument de la doctrine » et parfois même, réaffirmé l’actualité de ses principes. Les recherches que j’ai consacrées à Raymond M. Lemaire (1921-1997), dans le cadre de ma thèse de doctorat, m’ont donné l’occasion, à travers l’examen des archives très complètes du conservateur belge, d’éclairer la « fabrique » de la charte. Signée par 23 experts présents au congrès, la première version de celle-ci se révèle avoir été, en réalité, rédigée par un groupe de cinq personnes, parmi lesquels Piero Gazzola et Roberto Pane, membres du comité d’organisation du congrès – et auxquels la paternité de la charte est souvent attribuée sur base d’un document préparatoire rédigé à quatre mains –, les belges Raymond M. Lemaire et Paul Philippot, mais aussi un français, Jean Sonnier, vice-président, 7 ans plus tôt, du comité organisateur du Congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques à Paris et ACMH. Par ailleurs, mes recherches ont mis en lumière le fait que tout en faisant, aujourd’hui encore, figure de monument intangible ou même, de « constitution de l’ICOMOS » à l’échelle internationale, la charte a pourtant fait l’objet, six ans à peine après son adoption, de projets de révision : deux de ses auteurs, P. Gazzola et R. Lemaire, devenus respectivement Président et Secrétaire général de l’ICOMOS, considéraient en effet le document inefficace face aux enjeux montants de la « réanimation » des ensembles urbains. Bien que tous les comités nationaux de l’ICOMOS aient été associés à ces réflexions, qui allaient se poursuivre, sans aboutir, jusque 1990, le rôle de deux français mérite à nouveau d’être souligné: Jean Sonnier, pour sa collaboration avec R. Lemaire à une version révisée de la charte en 1978, et François Sorlin, administrateur civil chargé des sites, en oeuvrant avec Lemaire et Gazzola, pour le Comité des monuments et des sites du Conseil de l’Europe, à l’élaboration des principes qui deviendraient ceux de la conservation intégrée en 1975. Cette étroite implication de deux personnalités françaises lors de la rédaction et de la révision de la charte m’a convaincue de la nécessité d’explorer plus avant le contexte français, là où ma thèse s’était cantonnée aux contextes belge et italien et ceci d’autant plus que la France me paraissait, sur base d’une connaissance superficielle, avoir été moins réceptive – en dehors de personnalités isolées telles qu’Yves-Marie Froidevaux, Bernard Vitry ou Pierre Prunet – aux aspects de la charte les plus proches des principes de la restauration critique. Dans son ouvrage de 2003, X. Laurent révèle que Bertrand Monnet pensait être l’un des seuls ACMH à connaitre le document, et souligne qu’il « est hasardeux de parler d’influence de la charte de Venise avant le milieu des années 1970 » et que « le dépouillement des archives révèle qu’il [lui] a fallu plus de dix ans (…) pour devenir une référence en France », ceci même si Françoise Bercé considère quant à elle la charte comme un événement majeur des années 1960. Cette question n’a, à mon sens, pas suffisamment retenu l’attention des historiens de l’architecture français. C’est pourquoi, ayant eu la chance de bénéficier du statut de chercheur invité à l’INHA en avril et mai dernier, je me suis employée à clarifier les contributions françaises à la charte, sa réception en France et les possibles particularités de ses interprétations par les ACMH en prenant pour point de départ un dépouillement systématique de la revue Monuments historiques afin d’identifier l’apparition des références explicites (ou même implicites) aux principes de la charte ainsi qu’un corpus de projets représentatifs. Alors que j’avais programmé un dépouillement de 1957 à 1976 (du Congrès de Paris au colloque Les restaurations françaises et la Charte de Venise), il s’est avéré nécessaire de poursuivre les investigations jusqu’en 1990, date de la 9e assemblée générale de l’ICOMOS à Lausanne, lors de laquelle les contributions majeures de comité français ont consisté à faire le point sur l’application de la charte de France durant les 20 dernières années. J’ai pu constater que si jusqu’au colloque de 1976, les références à la charte sont essentiellement implicites, dans les années qui suivent, les réflexions se succèdent rapidement, le plus souvent à l’initiative du comité français de l’ICOMOS, dont le premier président avait été Jean Sonnier. Ce sont les résultats de cette recherche que je me propose de présenter dans un article pour la revue Apuntes, autour des quatre balises chronologiques que sont 1957, 1964, 1976 et 1990, en illustrant mon propos par des projets et manifestations (colloques, expositions) représentatifs à propos desquels j’ai approfondi la recherche aux archives de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
EAUH Conference 2018 - URban Renewal and Resilience - Cities in Comparative Perspective, 2018
Commissioned by the University of Louvain and mainly carried on between 1962 and 1972, the renova... more Commissioned by the University of Louvain and mainly carried on between 1962 and 1972, the renovation of the Great Beguinage under the exclusive supervision of Raymond M. Lemaire (1921-1997) has been a crucial milestone in the development of conservative urban policies at the turn of the 1960's. Widely celebrated as a implementation laboratory of the contemporary Venice Charter, of which Lemaire was one of the writers, the operation was considered a pilot project by the council of Europe and contributed to the promotion of the concept of integrated conservation. It is now inscribed on the world heritage list. The in-depth study of the beguinage I had the opportunity to carry on during my PhD research, based on an extensive archival and photographic material, revealed that rather than a conservative project, respectful of the historical layering of the place, the operation had often consisted in a deep restoration of the individual buildings (houses and convents), bordering on reconstruction, in order to provide an ideal overall image of the pre-industrial city. At the light of Lemaire's contemporary texts and reports presented on the international scene (Council of Europe, Unesco, ICOMOS), emphasising the benefits of a « traditional » environment for a healthy social life in response to the rising criticism towards the modernist model, the project appears to have been a manifesto rather than a laboratory. At the turn of the 1970's, the success of the project helped Raymond Lemaire to get many commissions in Brussels, and while promoting a quite scientific approach of the urban areas to renovate, he cannot help but try to reproduce the ideal beguinage model. Confronted to a much more heterogeneous built environment, with a more complex historical layering than in Leuven, he can't escape the temptation of reinventing the pre-industrial city architecture and urban layering on the basis of scarce fragments. Ranging from pastiche to late-modern re-interpretations, his projects, often not or very partly realised, illustrate not only his aesthetic parti pris but above all, his faith in the power of pre-industrial architecture, even reinvented, to make the city a better place to live in.
In his now classic essay on the « Régimes d’historicité », the French historian François Hartog ... more In his now classic essay on the « Régimes d’historicité », the French historian François Hartog (2003) has very well described the effect of globalisation, democratisation and mass consumerism on our relation with the past and thus, with heritage. In the course of the 1970’s, at a time when the ink of the Venice Charter was barely dry, postmodernity triggered a loss of collective anchoring and memory, paradoxically accompanied by an amplification of the thirst for commemorations, in the name of identity or heritage. Pierre Nora’s great endeavour « Les lieux de mémoire », fully corresponds to this « presentism » era, including aside from monuments, museum and archives, intellectual constructions such as the Larousse encyclopaedia (Nora 1989). It very well illustrates the « extension of the heritage domain » as defined by the sociologist Nathalie Heinich (2009). In our « post-monumental » era, anything can possibly become heritage, regardless of scale, of artistic qualities, of age or ontological degree – from tangible to intangible. This is a sign of times. Following the example of Nelson Goodman replacing the essentialist definitions of art with the question « When is there art ? » (Goodman 1976), we should consider focusing on a dynamic and operational definition of heritage. The question « When is there heritage ?» better correspond to contemporary cultural studies and our attempt to understand « heritagization »; it contains the idea of a performative action, implying new actors, new dynamics, new process, new research questions, new difficulties and new opportunities. And by necessity new concepts. We are far from rejecting theories from the past which provided us with effective and stimulating tools. But who could still imagine today, in the situation we described, that any system could fully encompass the heritage reality as the grand theories – Brandi, Riegl,… – succeeded to do? The repeated attempts to get the Venice charter revised from the 1970’s on (Houbart 2014), and the multiplication of thematic documents and charters are the best illustration of this impossibility. But while postmodern thinkers made us suspicious towards large systems, they also made us more modest and above all, more inclined to respect « bricolage », as a most helpful attitude after a shipwreck. We believe that the current return to a case by case approach – as promoted from the interwar period by theoreticians such as Ambrogio Annoni (1946) – often mostly relying on practical constraints such as reuse and technical performances, combined with the use of decontextualised concepts – separated articles from the Venice Charter, for example – and practices – using the Ise shrine periodical rebuilding to advocate any reconstruction project – doesn’t mean to accept a cynical relativism in answer to the cause of a capital-intensive machine. But in practice, we cannot deny that it has sometimes been the case: the clearest examples are the debates addressing the reconstruction of monuments all over Europe, based on a jumble of arguments confusing the pure mercantilism of the tourism industry or unconfessed political reasons with post-conflict identity issues or religious traditions (Monumental 2010). Reflecting on such reconstruction projects, raising questions of identity, has convinced us of the incompleteness of the toolkit we inherited from 20th century theoreticians. Though still perfectly relevant to address the issues that were already present at the time when they were elaborated, they might prove inappropriate to address new types of heritage, new concerns, new issues such as cultural tourism, inclusive approaches, modern heritage or the digital turn. In this context, we have been drawn to look at texts outside the conservation sphere, starting from ontology of art and analytical philosophy. We discovered that taking a step to the side could provide a stimulating insight on heritage conservation problems. In fact, it is not surprising that, facing what many have called a heritage inflation, some new actors could help us. Now that heritage has quitted the monuments sphere to encompass any material or immaterial reality worthy of conservation and that the expert point of view is challenged by the ones of a broad range of stakeholders, from the user to the investor, it becomes interesting to look at this reality from different points of view borrowed to a wide range of human sciences such as law, communication, aesthetics, semiotics, anthropology or philosophy, to name a few. Together with our colleague Muriel Verbeeck, we are currently gathering texts in order to propose an anthology that could complement the existing ones in helping to fill conceptual gaps and throw a reinvigorating light on new problems raising old questions. The originality of the project is to chose most texts outside the conservation world, and to address movable and immovable heritage at the same time. During our presentation, we will provide some examples of the usefulness of these new concepts, some already known by a number of conservators – such as the distinction proposed by Nelson Goodman between allography and autography (Goodman 1976) –, some not – the impact of intention on identity, based on texts by Theodore Scaltsas (1981), for example –, and will encourage the members of the committee who might be interested in this approach to contribute to the project.
Contrairement au procès qui a pu leur être fait, les logiciens sont loin de développer, lorsqu’il... more Contrairement au procès qui a pu leur être fait, les logiciens sont loin de développer, lorsqu’ils parlent d’identité, une approche que l’on peut réduire à ce que Tim Winter appelle un « matérialisme scientiste » (Winter 2013). Au contraire, en utilisant des notions comme les intentions et les attentes, des logiciens comme Theodore Scaltsas, David Wiggins et, en France, Stéphane Ferret et Pascal Engel situent bel et bien l’évaluation des identités (et des authenticités) dans un cadre anthropo-logique. Ils peuvent donc s’intéresser aux raisons pour lesquelles un couteau familial dont le grand-père avait remplacé la lame, et le père, le manche, continue à jouer son rôle patrimonial lorsque le petit-fils en hérite. Wiggins et Scaltsas démontrent très bien que l’identité du bateau de Thésée – ou du Parthénon – dépend de ce que les prêtres, les antiquaires ou les simples fidèles en attendent. Plus étonnant encore de la part d’un logicien, Scaltsas va jusqu’à affirmer que la reconstruction d’un bâtiment à partir de ses propres matériaux est identique ou non selon qui opère cette reconstruction et avec quelles intentions (Scaltsas 1981). Comme Gérard Genette le souligne dans le champ de l’ontologie de l’art, « les traits qui définissent l’identité d’un objet ne sont pas seulement des propriétés internes de composition physique, de forme ou de fonction : ce sont aussi des propriétés, externes si l’on veut, d’emplacement et de relation au site et à l’environnement » (Genette 1994). Comme l’a montré Nelson Goodman, déplacer la question peut être une manière de résoudre des problèmes d’apparence insolubles. C’est ce que font les « critical heritage studies » en posant la question : « quand y a-t-il patrimoine? ». Dans un même ordre d’idées, les logiciens, en considérant les attentes et/ou intentions comme des conditions à prendre en compte dans l’évaluation de l’identité d’un objet patrimonial, peuvent permettre de clarifier son statut. D’où le titre un peu provocateur de cette proposition: « Quand y a-t-il Parthénon ? ».
In the decades following the second world war, the Belgian cities of Brussels and Liège, which d... more In the decades following the second world war, the Belgian cities of Brussels and Liège, which didn’t suffer from any large-scale destruction during the conflict, are subjected to modernistic urban policies leading to the disappearance of whole sections of their traditional urban fabric. Helped by private agencies, cities’ administrations develop ambitious plans aiming to update their built environment and road system, in order to answer the needs of motorised traffic and modern lifestyle. This paper focuses on a practice developed in parallel to this prevailing tendency: under the direction of the city architects Jean Rombaux (Brussels) and Jean Francotte (Liège), some fragments of ancient buildings to be demolished are carefully dismantled and stored, with the aim of being reassembled in order to recreate fragments of idealised traditional townscapes. Through the examples of the Lombard-Violette and Saint-Georges blocks, respectively in the city centres of Brussels and Liège, this paper addresses the reasons behind the operations and the successive projects, and discusses the status of the results.
Since the middle of the 20th century, principles and ethical codes have multiplied in the field o... more Since the middle of the 20th century, principles and ethical codes have multiplied in the field of conservation-restoration applied to works of art and architecture. Starting from the observation that this proliferation has not always stimulated the critical spirit of professionals, the CoToCoCo project aims to encourage reflection "out of the box". Case studies are confronted with concepts borrowed from disciplines outside the field of conservation-restoration, such as sociology, anthropology, philosophy, semiology and mathematics, among others. In this article, we examine two case studies of "lost art" through the prism of the concept of antifragility, developed by the mathematician Nassim Nicholas Taleb (1960-): The frescoes of St Francis Basilica in Assisi and the fragments of Victor Horta’s Hôtel Aubecq in Brussels.
Born in the interwar period, Raymond M. Lemaire would have been 100 years old in 2021. Active fro... more Born in the interwar period, Raymond M. Lemaire would have been 100 years old in 2021. Active from the aftermath of the Second World War until the mid-1990s, he was an important actor in the evolution of principles and practices in a period marked by the transition from monuments to heritage and the globalization of debates. His very rich archives allow an intimate look at the major stages of this evolution. In this short article, we consider, through his experiences, the beginnings of internationalization in the 1940s and 1950s until the foundation of ICOMOS, the drafting of the Venice Charter, the establishment of integrated conservation and the drafting of the Nara Document.
Con base en la observación de Nicholas Stanley-Price de una divergencia entre principios y prácti... more Con base en la observación de Nicholas Stanley-Price de una divergencia entre principios y práctica en la reconstrucción, el presente artículo analiza un momento clave en el desarrollo de la doctrina del patrimonio en el siglo XX: el Congreso de Venecia. Mediante un análisis de las sesiones del congreso, la exhibición que lo acompañó y la redacción de la carta que fue uno de sus resultados, se cuestionan las visiones de los expertos de ese tiempo acerca de la reconstrucción de sitios arqueológicos. El resultado es un paisaje contrastado en términos de proyectos y principios, y la observación de una cierta incomodidad ante la práctica que, después de las reconstrucciones de la Segunda Guerra Mundial, se justifica, para gran pesar de una parte de la profesión, por el desarrollo de la economía turística.
Based on Nicholas Stanley-Price's observation of a divergence between principles and practice in ... more Based on Nicholas Stanley-Price's observation of a divergence between principles and practice in reconstruction, this article examines a key moment in the development of heritage doctrine in the 20 th century: the Venice Congress. Through an examination of the sessions of the congress, the accompanying exhibition and the drafting of the charter that was one of its outcomes, it questions the views of experts of the time on the reconstruction of archaeological sites. The result is a contrasted landscape in terms of projects and principles and the observation of a certain unresolved uneasiness in the face of a practice which, after World War II reconstruction, is justified, to the great regret of a part of the profession, by the development of the tourism economy.
Les enjeux théoriques de la réhabilitation. Actes du 3e séminaire du réseau Architecture, Patrimoine et création, 2019
Face à l’extension du champ de l’intervention sur l’existant et au brouillage des limites entre r... more Face à l’extension du champ de l’intervention sur l’existant et au brouillage des limites entre rénovation et restauration d’édifices et d’ensembles allant du monument historique au bâti générique, ancien ou récent, il semble plus que jamais utile d’accepter la notion de bricolage conceptuel et de réfléchir à une « boîtes à outils » permettant aux futurs architectes de faire face à la complexité des enjeux de la réhabilitation. En effet, face à ceux-ci, les théories de la restauration monumentale qui sont enseignées dans les instituts et facultés d’architecture atteignent parfois leurs limites et nous semblent devoir être complétées par/confrontées à de nouveaux concepts ou théories susceptibles d’élargir et même de renouveler notre vision des choses. C’est ainsi que depuis plusieurs années, nous avons choisi de faire un pas de côté et d’interroger des champs aussi éloignés que la logique formelle, l’ontologie de l’art et les théories littéraires et travaillons actuellement à une anthologie critique de textes variés mais tous susceptibles d’intéresser les conservateurs (du patrimoine mobilier et immobilier) et donc aussi, les architectes intervenant sur l’existant. Parmi ces textes, oeuvres d’auteurs en grande partie méconnus dans le champ du patrimoine, « Identity, Origin and spatio-temporal continuity », du philosophe Théodore Scaltsas, professeur à l’université d’Edimbourg, et extrait d’une revue en grande partie écrite en langage mathématique, nous parait particulièrement intéressant à analyser lors du séminaire. En utilisant des exemples aisément transposables au milieu de l’architecture, il aborde notamment la question de l’intention d’une reconstruction de manière originale et interpellante, qui n’autorise plus les fréquents amalgames justifiant tout et n’importe quoi et émanant non seulement du monde économique mais aussi des milieux du patrimoine dits autorisés. Par ailleurs, il enrichit le débat sur l’authenticité d’une dimension peu prise en compte à ce jour et particulièrement éclairante dans le cas des productions modernes et contemporaines, qui constituent l’un des enjeux les plus actuels de la réhabilitation.
Il y a deux ans, à l’occasion du cinquantenaire de la Charte de Venise, colloques et publications... more Il y a deux ans, à l’occasion du cinquantenaire de la Charte de Venise, colloques et publications ont proclamé, à travers le monde, l’importance historique de ce « monument de la doctrine » et parfois même, réaffirmé l’actualité de ses principes. Les recherches que j’ai consacrées à Raymond M. Lemaire (1921-1997), dans le cadre de ma thèse de doctorat, m’ont donné l’occasion, à travers l’examen des archives très complètes du conservateur belge, d’éclairer la « fabrique » de la charte. Signée par 23 experts présents au congrès, la première version de celle-ci se révèle avoir été, en réalité, rédigée par un groupe de cinq personnes, parmi lesquels Piero Gazzola et Roberto Pane, membres du comité d’organisation du congrès – et auxquels la paternité de la charte est souvent attribuée sur base d’un document préparatoire rédigé à quatre mains –, les belges Raymond M. Lemaire et Paul Philippot, mais aussi un français, Jean Sonnier, vice-président, 7 ans plus tôt, du comité organisateur du Congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques à Paris et ACMH. Par ailleurs, mes recherches ont mis en lumière le fait que tout en faisant, aujourd’hui encore, figure de monument intangible ou même, de « constitution de l’ICOMOS » à l’échelle internationale, la charte a pourtant fait l’objet, six ans à peine après son adoption, de projets de révision : deux de ses auteurs, P. Gazzola et R. Lemaire, devenus respectivement Président et Secrétaire général de l’ICOMOS, considéraient en effet le document inefficace face aux enjeux montants de la « réanimation » des ensembles urbains. Bien que tous les comités nationaux de l’ICOMOS aient été associés à ces réflexions, qui allaient se poursuivre, sans aboutir, jusque 1990, le rôle de deux français mérite à nouveau d’être souligné: Jean Sonnier, pour sa collaboration avec R. Lemaire à une version révisée de la charte en 1978, et François Sorlin, administrateur civil chargé des sites, en oeuvrant avec Lemaire et Gazzola, pour le Comité des monuments et des sites du Conseil de l’Europe, à l’élaboration des principes qui deviendraient ceux de la conservation intégrée en 1975. Cette étroite implication de deux personnalités françaises lors de la rédaction et de la révision de la charte m’a convaincue de la nécessité d’explorer plus avant le contexte français, là où ma thèse s’était cantonnée aux contextes belge et italien et ceci d’autant plus que la France me paraissait, sur base d’une connaissance superficielle, avoir été moins réceptive – en dehors de personnalités isolées telles qu’Yves-Marie Froidevaux, Bernard Vitry ou Pierre Prunet – aux aspects de la charte les plus proches des principes de la restauration critique. Dans son ouvrage de 2003, X. Laurent révèle que Bertrand Monnet pensait être l’un des seuls ACMH à connaitre le document, et souligne qu’il « est hasardeux de parler d’influence de la charte de Venise avant le milieu des années 1970 » et que « le dépouillement des archives révèle qu’il [lui] a fallu plus de dix ans (…) pour devenir une référence en France », ceci même si Françoise Bercé considère quant à elle la charte comme un événement majeur des années 1960. Cette question n’a, à mon sens, pas suffisamment retenu l’attention des historiens de l’architecture français. C’est pourquoi, ayant eu la chance de bénéficier du statut de chercheur invité à l’INHA en avril et mai dernier, je me suis employée à clarifier les contributions françaises à la charte, sa réception en France et les possibles particularités de ses interprétations par les ACMH en prenant pour point de départ un dépouillement systématique de la revue Monuments historiques afin d’identifier l’apparition des références explicites (ou même implicites) aux principes de la charte ainsi qu’un corpus de projets représentatifs. Alors que j’avais programmé un dépouillement de 1957 à 1976 (du Congrès de Paris au colloque Les restaurations françaises et la Charte de Venise), il s’est avéré nécessaire de poursuivre les investigations jusqu’en 1990, date de la 9e assemblée générale de l’ICOMOS à Lausanne, lors de laquelle les contributions majeures de comité français ont consisté à faire le point sur l’application de la charte de France durant les 20 dernières années. J’ai pu constater que si jusqu’au colloque de 1976, les références à la charte sont essentiellement implicites, dans les années qui suivent, les réflexions se succèdent rapidement, le plus souvent à l’initiative du comité français de l’ICOMOS, dont le premier président avait été Jean Sonnier. Ce sont les résultats de cette recherche que je me propose de présenter dans un article pour la revue Apuntes, autour des quatre balises chronologiques que sont 1957, 1964, 1976 et 1990, en illustrant mon propos par des projets et manifestations (colloques, expositions) représentatifs à propos desquels j’ai approfondi la recherche aux archives de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
EAUH Conference 2018 - URban Renewal and Resilience - Cities in Comparative Perspective, 2018
Commissioned by the University of Louvain and mainly carried on between 1962 and 1972, the renova... more Commissioned by the University of Louvain and mainly carried on between 1962 and 1972, the renovation of the Great Beguinage under the exclusive supervision of Raymond M. Lemaire (1921-1997) has been a crucial milestone in the development of conservative urban policies at the turn of the 1960's. Widely celebrated as a implementation laboratory of the contemporary Venice Charter, of which Lemaire was one of the writers, the operation was considered a pilot project by the council of Europe and contributed to the promotion of the concept of integrated conservation. It is now inscribed on the world heritage list. The in-depth study of the beguinage I had the opportunity to carry on during my PhD research, based on an extensive archival and photographic material, revealed that rather than a conservative project, respectful of the historical layering of the place, the operation had often consisted in a deep restoration of the individual buildings (houses and convents), bordering on reconstruction, in order to provide an ideal overall image of the pre-industrial city. At the light of Lemaire's contemporary texts and reports presented on the international scene (Council of Europe, Unesco, ICOMOS), emphasising the benefits of a « traditional » environment for a healthy social life in response to the rising criticism towards the modernist model, the project appears to have been a manifesto rather than a laboratory. At the turn of the 1970's, the success of the project helped Raymond Lemaire to get many commissions in Brussels, and while promoting a quite scientific approach of the urban areas to renovate, he cannot help but try to reproduce the ideal beguinage model. Confronted to a much more heterogeneous built environment, with a more complex historical layering than in Leuven, he can't escape the temptation of reinventing the pre-industrial city architecture and urban layering on the basis of scarce fragments. Ranging from pastiche to late-modern re-interpretations, his projects, often not or very partly realised, illustrate not only his aesthetic parti pris but above all, his faith in the power of pre-industrial architecture, even reinvented, to make the city a better place to live in.
In his now classic essay on the « Régimes d’historicité », the French historian François Hartog ... more In his now classic essay on the « Régimes d’historicité », the French historian François Hartog (2003) has very well described the effect of globalisation, democratisation and mass consumerism on our relation with the past and thus, with heritage. In the course of the 1970’s, at a time when the ink of the Venice Charter was barely dry, postmodernity triggered a loss of collective anchoring and memory, paradoxically accompanied by an amplification of the thirst for commemorations, in the name of identity or heritage. Pierre Nora’s great endeavour « Les lieux de mémoire », fully corresponds to this « presentism » era, including aside from monuments, museum and archives, intellectual constructions such as the Larousse encyclopaedia (Nora 1989). It very well illustrates the « extension of the heritage domain » as defined by the sociologist Nathalie Heinich (2009). In our « post-monumental » era, anything can possibly become heritage, regardless of scale, of artistic qualities, of age or ontological degree – from tangible to intangible. This is a sign of times. Following the example of Nelson Goodman replacing the essentialist definitions of art with the question « When is there art ? » (Goodman 1976), we should consider focusing on a dynamic and operational definition of heritage. The question « When is there heritage ?» better correspond to contemporary cultural studies and our attempt to understand « heritagization »; it contains the idea of a performative action, implying new actors, new dynamics, new process, new research questions, new difficulties and new opportunities. And by necessity new concepts. We are far from rejecting theories from the past which provided us with effective and stimulating tools. But who could still imagine today, in the situation we described, that any system could fully encompass the heritage reality as the grand theories – Brandi, Riegl,… – succeeded to do? The repeated attempts to get the Venice charter revised from the 1970’s on (Houbart 2014), and the multiplication of thematic documents and charters are the best illustration of this impossibility. But while postmodern thinkers made us suspicious towards large systems, they also made us more modest and above all, more inclined to respect « bricolage », as a most helpful attitude after a shipwreck. We believe that the current return to a case by case approach – as promoted from the interwar period by theoreticians such as Ambrogio Annoni (1946) – often mostly relying on practical constraints such as reuse and technical performances, combined with the use of decontextualised concepts – separated articles from the Venice Charter, for example – and practices – using the Ise shrine periodical rebuilding to advocate any reconstruction project – doesn’t mean to accept a cynical relativism in answer to the cause of a capital-intensive machine. But in practice, we cannot deny that it has sometimes been the case: the clearest examples are the debates addressing the reconstruction of monuments all over Europe, based on a jumble of arguments confusing the pure mercantilism of the tourism industry or unconfessed political reasons with post-conflict identity issues or religious traditions (Monumental 2010). Reflecting on such reconstruction projects, raising questions of identity, has convinced us of the incompleteness of the toolkit we inherited from 20th century theoreticians. Though still perfectly relevant to address the issues that were already present at the time when they were elaborated, they might prove inappropriate to address new types of heritage, new concerns, new issues such as cultural tourism, inclusive approaches, modern heritage or the digital turn. In this context, we have been drawn to look at texts outside the conservation sphere, starting from ontology of art and analytical philosophy. We discovered that taking a step to the side could provide a stimulating insight on heritage conservation problems. In fact, it is not surprising that, facing what many have called a heritage inflation, some new actors could help us. Now that heritage has quitted the monuments sphere to encompass any material or immaterial reality worthy of conservation and that the expert point of view is challenged by the ones of a broad range of stakeholders, from the user to the investor, it becomes interesting to look at this reality from different points of view borrowed to a wide range of human sciences such as law, communication, aesthetics, semiotics, anthropology or philosophy, to name a few. Together with our colleague Muriel Verbeeck, we are currently gathering texts in order to propose an anthology that could complement the existing ones in helping to fill conceptual gaps and throw a reinvigorating light on new problems raising old questions. The originality of the project is to chose most texts outside the conservation world, and to address movable and immovable heritage at the same time. During our presentation, we will provide some examples of the usefulness of these new concepts, some already known by a number of conservators – such as the distinction proposed by Nelson Goodman between allography and autography (Goodman 1976) –, some not – the impact of intention on identity, based on texts by Theodore Scaltsas (1981), for example –, and will encourage the members of the committee who might be interested in this approach to contribute to the project.
Contrairement au procès qui a pu leur être fait, les logiciens sont loin de développer, lorsqu’il... more Contrairement au procès qui a pu leur être fait, les logiciens sont loin de développer, lorsqu’ils parlent d’identité, une approche que l’on peut réduire à ce que Tim Winter appelle un « matérialisme scientiste » (Winter 2013). Au contraire, en utilisant des notions comme les intentions et les attentes, des logiciens comme Theodore Scaltsas, David Wiggins et, en France, Stéphane Ferret et Pascal Engel situent bel et bien l’évaluation des identités (et des authenticités) dans un cadre anthropo-logique. Ils peuvent donc s’intéresser aux raisons pour lesquelles un couteau familial dont le grand-père avait remplacé la lame, et le père, le manche, continue à jouer son rôle patrimonial lorsque le petit-fils en hérite. Wiggins et Scaltsas démontrent très bien que l’identité du bateau de Thésée – ou du Parthénon – dépend de ce que les prêtres, les antiquaires ou les simples fidèles en attendent. Plus étonnant encore de la part d’un logicien, Scaltsas va jusqu’à affirmer que la reconstruction d’un bâtiment à partir de ses propres matériaux est identique ou non selon qui opère cette reconstruction et avec quelles intentions (Scaltsas 1981). Comme Gérard Genette le souligne dans le champ de l’ontologie de l’art, « les traits qui définissent l’identité d’un objet ne sont pas seulement des propriétés internes de composition physique, de forme ou de fonction : ce sont aussi des propriétés, externes si l’on veut, d’emplacement et de relation au site et à l’environnement » (Genette 1994). Comme l’a montré Nelson Goodman, déplacer la question peut être une manière de résoudre des problèmes d’apparence insolubles. C’est ce que font les « critical heritage studies » en posant la question : « quand y a-t-il patrimoine? ». Dans un même ordre d’idées, les logiciens, en considérant les attentes et/ou intentions comme des conditions à prendre en compte dans l’évaluation de l’identité d’un objet patrimonial, peuvent permettre de clarifier son statut. D’où le titre un peu provocateur de cette proposition: « Quand y a-t-il Parthénon ? ».
In the decades following the second world war, the Belgian cities of Brussels and Liège, which d... more In the decades following the second world war, the Belgian cities of Brussels and Liège, which didn’t suffer from any large-scale destruction during the conflict, are subjected to modernistic urban policies leading to the disappearance of whole sections of their traditional urban fabric. Helped by private agencies, cities’ administrations develop ambitious plans aiming to update their built environment and road system, in order to answer the needs of motorised traffic and modern lifestyle. This paper focuses on a practice developed in parallel to this prevailing tendency: under the direction of the city architects Jean Rombaux (Brussels) and Jean Francotte (Liège), some fragments of ancient buildings to be demolished are carefully dismantled and stored, with the aim of being reassembled in order to recreate fragments of idealised traditional townscapes. Through the examples of the Lombard-Violette and Saint-Georges blocks, respectively in the city centres of Brussels and Liège, this paper addresses the reasons behind the operations and the successive projects, and discusses the status of the results.
Conservation theories are increasingly understood as historical references, rather than analysis ... more Conservation theories are increasingly understood as historical references, rather than analysis tools. Though theory must not be taught as a history lesson, but as a dynamic reflection process, allowing to think the real: an invitation to transform it right here, right now. Traditional theories – whether for architecture or works of art – often demonstrate their limits in the face of the challenges posed by the new « heritage objects » (i.e. modern architecture, industrial heritage, contemporary art,…).Therefore, from a didactic perspective, we wish to collect an anthology of texts, in order to examine new concepts applicable to different fields of conservation-restoration. Because interdisciplinarity, by definition, is not limited to sciences or to art history, we will borrow elements of thought and analysis from semiology (Eco), literary criticism (Genette), aesthetics (Ingarden), analytical philosophy (Goodman), as well as from contemporary conservators of heritage (Jukka Jokilehto, Munoz-Vinas, ...). The import and adjustment of these conceptual tools to the field of conservation-restoration, largely illustrated with case studies and applications, would allow to renew the approach of heritage preservation. Restoration is defined as a critical act (G. Stout, P. Philippot) where it is the mind that guides the hand. It is therefore necessary to form the judgment and to nurture the reflections of future conservation professionals, upstream from methodologies. The research and publication project is carried out by Muriel Verbeeck (Liège, ESA Saint-Luc, Conservation Department), Claudine Houbart and Stéphane Dawans (Liège University, Faculty of Architecture), within the research unit AAP (Art, archéologie, patrimoine). The three editors are open to international collaborations, in order to include texts coming from all horizons and all tendencies in the anthology. They emphasize, however, the primary objective, which is educational, and the target audience: future conservation professionals. The anthology will be conceived as a practical tool.
Les années 1960 constituent une période clé dans l'histoire de la conservation du patrimoine bâti... more Les années 1960 constituent une période clé dans l'histoire de la conservation du patrimoine bâti. Au-delà de la notion de monument historique, héritée du xixe siècle, des expériences et réflexions dessinent les contours de la réhabilitation des quartiers anciens, à l’initiative, notamment, du Conseil de l’Europe. La portée de ces initiatives, qui conduiront à un changement d’attitude radical à l’égard de ces quartiers passant du statut de taudis à celui de modèle, s’étend rapidement au-delà du Vieux Continent, notamment par le biais du Conseil international des Monuments et des Sites (ICOMOS), fondé en 1965. Le Belge Raymond M. Lemaire (1921–1997) est un acteur important de cet épisode. Après des débuts consacrés à la récupération des oeuvres d’art pillées lors de la seconde guerre mondiale puis à la restauration monumentale, sa carrière prend un tournant international lorsqu’il participe au congrès de Venise (1964) et devient, l’année suivante, le premier Secrétaire général de l’ICOMOS. À ce titre, il participe aux débats initiés par le Conseil de l’Europe tout en menant plusieurs opérations de réhabilitation en Belgique, notamment à Louvain, Bruxelles et Bruges. Basé sur une importante recherche en archives, en particulier au sein du fonds légué par Raymond Lemaire à la KULeuven, ce livre aborde cet épisode de l’intérieur. Loin d’une posture hagiographique, il met en lumière la complexité des processus et les multiples acteurs impliqués dans la formulation de principes internationaux comme dans la concrétisation de projets de terrain. L’ouvrage est composé de deux parties complémentaires. La première retrace, en parallèle, le parcours de Raymond Lemaire de l’archéologie à l’urbanisme, et l’émergence de la conservation intégrée; la seconde s’attache à trois études de cas bruxelloises dans une perspective micro-historique. Tout en éclairant un moment peu étudié de l’histoire de la conservation urbaine et en offrant une première biographie de Raymond M. Lemaire, cet ouvrage veut également susciter la réflexion sur la construction et l’usage des principes et doctrines dans le champ du patrimoine.
Fiorani, D., Kealy, L., Musso, S., Houbart, C., Plevoets, B. (managing ed.), & Van Cleempoel, K. ... more Fiorani, D., Kealy, L., Musso, S., Houbart, C., Plevoets, B. (managing ed.), & Van Cleempoel, K. (Eds.). (2017). Conservation/Adaptation. Keeping Alive the Spirit of the Place. Adaptive Reuse of Heritage with Symbolic Value. Proceedings of the 5th EAAE Conservation Network Workshop. Hasselt: EAAE.
En 1975, la notion de conservation intégrée est consacrée par la Charte européenne du Patrimoine... more En 1975, la notion de conservation intégrée est consacrée par la Charte européenne du Patrimoine architectural, adoptée par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe avant d’être solennellement proclamée et développée au Congrès d’Amsterdam (21-25 octobre 1975). Renouvelant fondamentalement les pratiques de rénovation des centres anciens avec l’ambition de créer un dialogue entre aménageurs et conservateurs, cette approche résulte de dix années de réflexions nourries par des échanges entre experts principalement européens, initiés non seulement par le Conseil de l’Europe (Confrontations de Barcelone (1965), Bath (1966), La Haye (1967) et Avignon (1968)), mais également par l’ICOMOS, dès sa fondation en 1965 (Colloques de Cacérès (1965), Tunis (1966), Leningrad et Graz (1969), Lausanne (1973), Rothenburg et Bruges (1975)). Si un regard macroscopique révèle le rôle central joué par Piero Gazzola et Raymond Lemaire, respectivement président et secrétaire général de l’ICOMOS et auteurs, avec François Sorlin, d’une étude de synthèse préalable à la Charte européenne, cette contribution se propose d’augmenter la focale afin de révéler, à travers l’étude des actes des colloques, le rôle des réseaux d’acteurs en présence dans l’élaboration de la nouvelle politique.
Restaurer ou réhabiliter l’architecture, XIXe-XXIe siècle. Une mise en perspective historiographique des pratiques et des représentations patrimoniales, 2017
Au cours de l’histoire, restauration, construction et histoire de l’architecture ont été intimeme... more Au cours de l’histoire, restauration, construction et histoire de l’architecture ont été intimement liées à ce qu’Aloïs Riegl a appelé le Kunstwollen, la « volonté artistique » de chaque époque. C’est ainsi que même lorsqu’elles se limitent au traitement du bâti existant, les restaurations, tout en s’appuyant sur les connaissances contemporaines en histoire de l’architecture, traduisent des intentions artistiques similaires à celles qu’exprime l’architecture du moment, et alimentent à leur tour l’historiographie. Durant les deux décennies qui suivent la seconde guerre mondiale, la disparition massive, à la faveur des restaurations ou reconstructions, des décors et finitions non figurées ou tardives des intérieurs comme des façades des bâtiments endommagés par la guerre est à mettre en relation avec deux expressions d’une même volonté artistique: un intérêt soutenu pour l’architecture médiévale au détriment de celle des Temps modernes – des 18e et 19e siècles surtout – de la part de nombreux historiens, et l’émergence d’un modernisme tardif à tendance brutaliste, en réponse au rationalisme abstrait du style international. A partir d’exemples en Belgique, Italie et Allemagne, nous illustrerons comment les restaurateurs, qu’ils soient archéologues ou architectes (Roberto Pane, Joseph Wiedemann, Karl Band, Raymond A.G. et Raymond M. Lemaire, par exemple) se rejoignent autour d’une même célébration du matériau brut comme expression d’une vérité constructive assimilée, dans le cas des restaurations, à la vérité archéologique.
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Papers by Claudine Houbart
Cette étroite implication de deux personnalités françaises lors de la rédaction et de la révision de la charte m’a convaincue de la nécessité d’explorer plus avant le contexte français, là où ma thèse s’était cantonnée aux contextes belge et italien et ceci d’autant plus que la France me paraissait, sur base d’une connaissance superficielle, avoir été moins réceptive – en dehors de personnalités isolées telles qu’Yves-Marie Froidevaux, Bernard Vitry ou Pierre Prunet – aux aspects de la charte les plus proches des principes de la restauration critique. Dans son ouvrage de 2003, X. Laurent révèle que Bertrand Monnet pensait être l’un des seuls ACMH à connaitre le document, et souligne qu’il « est hasardeux de parler d’influence de la charte de Venise avant le milieu des années 1970 » et que « le dépouillement des archives révèle qu’il [lui] a fallu plus de dix ans (…) pour devenir une référence en France », ceci même si Françoise Bercé considère quant à elle la charte comme un événement majeur des années 1960. Cette question n’a, à mon sens, pas suffisamment retenu l’attention des historiens de l’architecture français. C’est pourquoi, ayant eu la chance de bénéficier du statut de chercheur invité à l’INHA en avril et mai dernier, je me suis employée à clarifier les contributions françaises à la charte, sa réception en France et les possibles particularités de ses interprétations par les ACMH en prenant pour point de départ un dépouillement systématique de la revue Monuments historiques afin d’identifier l’apparition des références explicites (ou même implicites) aux principes de la charte ainsi qu’un corpus de projets représentatifs. Alors que j’avais programmé un dépouillement de 1957 à 1976 (du Congrès de Paris au colloque Les restaurations françaises et la Charte de Venise), il s’est avéré nécessaire de poursuivre les investigations jusqu’en 1990, date de la 9e assemblée générale de l’ICOMOS à Lausanne, lors de laquelle les contributions majeures de comité français ont consisté à faire le point sur l’application de la charte de France durant les 20 dernières années. J’ai pu constater que si jusqu’au colloque de 1976, les références à la charte sont essentiellement implicites, dans les années qui suivent, les réflexions se succèdent rapidement, le plus souvent à l’initiative du comité français de l’ICOMOS, dont le premier président avait été Jean Sonnier. Ce sont les résultats de cette recherche que je me propose de présenter dans un article pour la revue Apuntes, autour des quatre balises chronologiques que sont 1957, 1964, 1976 et 1990, en illustrant mon propos par des projets et manifestations (colloques, expositions) représentatifs à propos desquels j’ai approfondi la recherche aux archives de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
In our « post-monumental » era, anything can possibly become heritage, regardless of scale, of artistic qualities, of age or ontological degree – from tangible to intangible. This is a sign of times. Following the example of Nelson Goodman replacing the essentialist definitions of art with the question « When is there art ? » (Goodman 1976), we should consider focusing on a dynamic and operational definition of heritage. The question « When is there heritage ?» better correspond to contemporary cultural studies and our attempt to understand « heritagization »; it contains the idea of a performative action, implying new actors, new dynamics, new process, new research questions, new difficulties and new opportunities. And by necessity new concepts.
We are far from rejecting theories from the past which provided us with effective and stimulating tools. But who could still imagine today, in the situation we described, that any system could fully encompass the heritage reality as the grand theories – Brandi, Riegl,… – succeeded to do? The repeated attempts to get the Venice charter revised from the 1970’s on (Houbart 2014), and the multiplication of thematic documents and charters are the best illustration of this impossibility. But while postmodern thinkers made us suspicious towards large systems, they also made us more modest and above all, more inclined to respect « bricolage », as a most helpful attitude after a shipwreck.
We believe that the current return to a case by case approach – as promoted from the interwar period by theoreticians such as Ambrogio Annoni (1946) – often mostly relying on practical constraints such as reuse and technical performances, combined with the use of decontextualised concepts – separated articles from the Venice Charter, for example – and practices – using the Ise shrine periodical rebuilding to advocate any reconstruction project – doesn’t mean to accept a cynical relativism in answer to the cause of a capital-intensive machine. But in practice, we cannot deny that it has sometimes been the case: the clearest examples are the debates addressing the reconstruction of monuments all over Europe, based on a jumble of arguments confusing the pure mercantilism of the tourism industry or unconfessed political reasons with post-conflict identity issues or religious traditions (Monumental 2010).
Reflecting on such reconstruction projects, raising questions of identity, has convinced us of the incompleteness of the toolkit we inherited from 20th century theoreticians. Though still perfectly relevant to address the issues that were already present at the time when they were elaborated, they might prove inappropriate to address new types of heritage, new concerns, new issues such as cultural tourism, inclusive approaches, modern heritage or the digital turn. In this context, we have been drawn to look at texts outside the conservation sphere, starting from ontology of art and analytical philosophy. We discovered that taking a step to the side could provide a stimulating insight on heritage conservation problems. In fact, it is not surprising that, facing what many have called a heritage inflation, some new actors could help us. Now that heritage has quitted the monuments sphere to encompass any material or immaterial reality worthy of conservation and that the expert point of view is challenged by the ones of a broad range of stakeholders, from the user to the investor, it becomes interesting to look at this reality from different points of view borrowed to a wide range of human sciences such as law, communication, aesthetics, semiotics, anthropology or philosophy, to name a few.
Together with our colleague Muriel Verbeeck, we are currently gathering texts in order to propose an anthology that could complement the existing ones in helping to fill conceptual gaps and throw a reinvigorating light on new problems raising old questions. The originality of the project is to chose most texts outside the conservation world, and to address movable and immovable heritage at the same time. During our presentation, we will provide some examples of the usefulness of these new concepts, some already known by a number of conservators – such as the distinction proposed by Nelson Goodman between allography and autography (Goodman 1976) –, some not – the impact of intention on identity, based on texts by Theodore Scaltsas (1981), for example –, and will encourage the members of the committee who might be interested in this approach to contribute to the project.
Wiggins et Scaltsas démontrent très bien que l’identité du bateau de Thésée – ou du Parthénon – dépend de ce que les prêtres, les antiquaires ou les simples fidèles en attendent. Plus étonnant encore de la part d’un logicien, Scaltsas va jusqu’à affirmer que la reconstruction d’un bâtiment à partir de ses propres matériaux est identique ou non selon qui opère cette reconstruction et avec quelles intentions (Scaltsas 1981). Comme Gérard Genette le souligne dans le champ de l’ontologie de l’art, « les traits qui définissent l’identité d’un objet ne sont pas seulement des propriétés internes de composition physique, de forme ou de fonction : ce sont aussi des propriétés, externes si l’on veut, d’emplacement et de relation au site et à l’environnement » (Genette 1994).
Comme l’a montré Nelson Goodman, déplacer la question peut être une manière de résoudre des problèmes d’apparence insolubles. C’est ce que font les « critical heritage studies » en posant la question : « quand y a-t-il patrimoine? ». Dans un même ordre d’idées, les logiciens, en considérant les attentes et/ou intentions comme des conditions à prendre en compte dans l’évaluation de l’identité d’un objet patrimonial, peuvent permettre de clarifier son statut. D’où le titre un peu provocateur de cette proposition: « Quand y a-t-il Parthénon ? ».
Cette étroite implication de deux personnalités françaises lors de la rédaction et de la révision de la charte m’a convaincue de la nécessité d’explorer plus avant le contexte français, là où ma thèse s’était cantonnée aux contextes belge et italien et ceci d’autant plus que la France me paraissait, sur base d’une connaissance superficielle, avoir été moins réceptive – en dehors de personnalités isolées telles qu’Yves-Marie Froidevaux, Bernard Vitry ou Pierre Prunet – aux aspects de la charte les plus proches des principes de la restauration critique. Dans son ouvrage de 2003, X. Laurent révèle que Bertrand Monnet pensait être l’un des seuls ACMH à connaitre le document, et souligne qu’il « est hasardeux de parler d’influence de la charte de Venise avant le milieu des années 1970 » et que « le dépouillement des archives révèle qu’il [lui] a fallu plus de dix ans (…) pour devenir une référence en France », ceci même si Françoise Bercé considère quant à elle la charte comme un événement majeur des années 1960. Cette question n’a, à mon sens, pas suffisamment retenu l’attention des historiens de l’architecture français. C’est pourquoi, ayant eu la chance de bénéficier du statut de chercheur invité à l’INHA en avril et mai dernier, je me suis employée à clarifier les contributions françaises à la charte, sa réception en France et les possibles particularités de ses interprétations par les ACMH en prenant pour point de départ un dépouillement systématique de la revue Monuments historiques afin d’identifier l’apparition des références explicites (ou même implicites) aux principes de la charte ainsi qu’un corpus de projets représentatifs. Alors que j’avais programmé un dépouillement de 1957 à 1976 (du Congrès de Paris au colloque Les restaurations françaises et la Charte de Venise), il s’est avéré nécessaire de poursuivre les investigations jusqu’en 1990, date de la 9e assemblée générale de l’ICOMOS à Lausanne, lors de laquelle les contributions majeures de comité français ont consisté à faire le point sur l’application de la charte de France durant les 20 dernières années. J’ai pu constater que si jusqu’au colloque de 1976, les références à la charte sont essentiellement implicites, dans les années qui suivent, les réflexions se succèdent rapidement, le plus souvent à l’initiative du comité français de l’ICOMOS, dont le premier président avait été Jean Sonnier. Ce sont les résultats de cette recherche que je me propose de présenter dans un article pour la revue Apuntes, autour des quatre balises chronologiques que sont 1957, 1964, 1976 et 1990, en illustrant mon propos par des projets et manifestations (colloques, expositions) représentatifs à propos desquels j’ai approfondi la recherche aux archives de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
In our « post-monumental » era, anything can possibly become heritage, regardless of scale, of artistic qualities, of age or ontological degree – from tangible to intangible. This is a sign of times. Following the example of Nelson Goodman replacing the essentialist definitions of art with the question « When is there art ? » (Goodman 1976), we should consider focusing on a dynamic and operational definition of heritage. The question « When is there heritage ?» better correspond to contemporary cultural studies and our attempt to understand « heritagization »; it contains the idea of a performative action, implying new actors, new dynamics, new process, new research questions, new difficulties and new opportunities. And by necessity new concepts.
We are far from rejecting theories from the past which provided us with effective and stimulating tools. But who could still imagine today, in the situation we described, that any system could fully encompass the heritage reality as the grand theories – Brandi, Riegl,… – succeeded to do? The repeated attempts to get the Venice charter revised from the 1970’s on (Houbart 2014), and the multiplication of thematic documents and charters are the best illustration of this impossibility. But while postmodern thinkers made us suspicious towards large systems, they also made us more modest and above all, more inclined to respect « bricolage », as a most helpful attitude after a shipwreck.
We believe that the current return to a case by case approach – as promoted from the interwar period by theoreticians such as Ambrogio Annoni (1946) – often mostly relying on practical constraints such as reuse and technical performances, combined with the use of decontextualised concepts – separated articles from the Venice Charter, for example – and practices – using the Ise shrine periodical rebuilding to advocate any reconstruction project – doesn’t mean to accept a cynical relativism in answer to the cause of a capital-intensive machine. But in practice, we cannot deny that it has sometimes been the case: the clearest examples are the debates addressing the reconstruction of monuments all over Europe, based on a jumble of arguments confusing the pure mercantilism of the tourism industry or unconfessed political reasons with post-conflict identity issues or religious traditions (Monumental 2010).
Reflecting on such reconstruction projects, raising questions of identity, has convinced us of the incompleteness of the toolkit we inherited from 20th century theoreticians. Though still perfectly relevant to address the issues that were already present at the time when they were elaborated, they might prove inappropriate to address new types of heritage, new concerns, new issues such as cultural tourism, inclusive approaches, modern heritage or the digital turn. In this context, we have been drawn to look at texts outside the conservation sphere, starting from ontology of art and analytical philosophy. We discovered that taking a step to the side could provide a stimulating insight on heritage conservation problems. In fact, it is not surprising that, facing what many have called a heritage inflation, some new actors could help us. Now that heritage has quitted the monuments sphere to encompass any material or immaterial reality worthy of conservation and that the expert point of view is challenged by the ones of a broad range of stakeholders, from the user to the investor, it becomes interesting to look at this reality from different points of view borrowed to a wide range of human sciences such as law, communication, aesthetics, semiotics, anthropology or philosophy, to name a few.
Together with our colleague Muriel Verbeeck, we are currently gathering texts in order to propose an anthology that could complement the existing ones in helping to fill conceptual gaps and throw a reinvigorating light on new problems raising old questions. The originality of the project is to chose most texts outside the conservation world, and to address movable and immovable heritage at the same time. During our presentation, we will provide some examples of the usefulness of these new concepts, some already known by a number of conservators – such as the distinction proposed by Nelson Goodman between allography and autography (Goodman 1976) –, some not – the impact of intention on identity, based on texts by Theodore Scaltsas (1981), for example –, and will encourage the members of the committee who might be interested in this approach to contribute to the project.
Wiggins et Scaltsas démontrent très bien que l’identité du bateau de Thésée – ou du Parthénon – dépend de ce que les prêtres, les antiquaires ou les simples fidèles en attendent. Plus étonnant encore de la part d’un logicien, Scaltsas va jusqu’à affirmer que la reconstruction d’un bâtiment à partir de ses propres matériaux est identique ou non selon qui opère cette reconstruction et avec quelles intentions (Scaltsas 1981). Comme Gérard Genette le souligne dans le champ de l’ontologie de l’art, « les traits qui définissent l’identité d’un objet ne sont pas seulement des propriétés internes de composition physique, de forme ou de fonction : ce sont aussi des propriétés, externes si l’on veut, d’emplacement et de relation au site et à l’environnement » (Genette 1994).
Comme l’a montré Nelson Goodman, déplacer la question peut être une manière de résoudre des problèmes d’apparence insolubles. C’est ce que font les « critical heritage studies » en posant la question : « quand y a-t-il patrimoine? ». Dans un même ordre d’idées, les logiciens, en considérant les attentes et/ou intentions comme des conditions à prendre en compte dans l’évaluation de l’identité d’un objet patrimonial, peuvent permettre de clarifier son statut. D’où le titre un peu provocateur de cette proposition: « Quand y a-t-il Parthénon ? ».
Traditional theories – whether for architecture or works of art – often demonstrate their limits in the face of the challenges posed by the new « heritage objects » (i.e. modern architecture, industrial heritage, contemporary art,…).Therefore, from a didactic perspective, we wish to collect an anthology of texts, in order to examine new concepts applicable to different fields of conservation-restoration. Because interdisciplinarity, by definition, is not limited to sciences or to art history, we will borrow elements of thought and analysis from semiology (Eco), literary criticism (Genette), aesthetics (Ingarden), analytical philosophy (Goodman), as well as from contemporary conservators of heritage (Jukka Jokilehto, Munoz-Vinas, ...).
The import and adjustment of these conceptual tools to the field of conservation-restoration, largely illustrated with case studies and applications, would allow to renew the approach of heritage preservation. Restoration is defined as a critical act (G. Stout, P. Philippot) where it is the mind that guides the hand. It is therefore necessary to form the judgment and to nurture the reflections of future conservation professionals, upstream from methodologies.
The research and publication project is carried out by Muriel Verbeeck (Liège, ESA Saint-Luc, Conservation Department), Claudine Houbart and Stéphane Dawans (Liège University, Faculty of Architecture), within the research unit AAP (Art, archéologie, patrimoine). The three editors are open to international collaborations, in order to include texts coming from all horizons and all tendencies in the anthology. They emphasize, however, the primary objective, which is educational, and the target audience: future conservation professionals. The anthology will be conceived as a practical tool.