La figure du professeur d'arabe me semble presenter un interet particulier: a la charniere du... more La figure du professeur d'arabe me semble presenter un interet particulier: a la charniere du monde « europeen » et du monde « indigene », il s'agit peut-etre d'un milieu intermediaire permettant d'approcher un espace d'interculturalite. On peut se demander dans quelle mesure ce milieu a ete sollicite pour exercer un role de mediation dans un contexte colonial ou la memoire des violences de la conquete reste sous-jacente et les oppositions communautaires/nationales toujours vives. L'etude prosopographique devrait permettre de preciser dans quelle proportion ce groupe est compose de « metropolitains » formes en France, d'« Algeriens » issus du monde colonial europeen, de juifs et de musulmans d'Algerie, et dans quelle mesure cette proportion evolue avec le temps. On devrait ainsi pouvoir degager des types correspondant a des profils generationnels differents. Et proposer ainsi une periodisation sans doute significative du point de vue de l'histoire generale de la colonisation. On sera particulierement attentif a saisir les traits caracteristiques des professeurs qui sont en poste lors des decolonisations, pour examiner leur devenir dans les pays nouvellement independants, en France, ou ailleurs. Ce travail prosopographique a ete deja partiellement realise dans le cadre d'une these de doctorat en cours d'achevement. Le corpus est suffisamment limite pour etre traite exhaustivement, au moins pour ce qui est de l'Algerie. Pendant la periode 1830-1880, le nombre des professeurs est tres limite. L'etude prosopographique proprement dite doit donc concerner avant tout la periode I880-I962, apres l'institution de titres specifiquement exiges des candidats a l'enseignement de l'arabe et apres l'instauration de concours de recrutement en I906. Les annuaires de l'universite francaise permettent de recenser les professeurs d'arabe en Algerie. Leur identification permet d'acceder a leurs dossiers de carriere conserves dans la serie F 17 aux archives nationales de France (une derogation est necessaire pour le personnel ne apres 1885). Les archives du rectorat d'Alger, conservees aux archives nationales d'Algerie, devraient permettre de completer cette documentation. L'exploitation des sources concernant les professeurs qui ont fait l'ensemble de leur carriere en Tunisie et au Maroc est plus difficile: les archives concernant le personnel en activite dans les colleges et lycees dependant des directions de l'instruction publique des Etats tunisien et marocain sont conservees a Tunis et a Rabat, sans que nous puissions etre aujourd'hui assures de pouvoir y acceder. Des entretiens avec d'anciens professeurs ou des membres de leur famille peuvent permettre de combler certaines lacunes de la documentation.
La figure du professeur d'arabe me semble presenter un interet particulier: a la charniere du... more La figure du professeur d'arabe me semble presenter un interet particulier: a la charniere du monde « europeen » et du monde « indigene », il s'agit peut-etre d'un milieu intermediaire permettant d'approcher un espace d'interculturalite. On peut se demander dans quelle mesure ce milieu a ete sollicite pour exercer un role de mediation dans un contexte colonial ou la memoire des violences de la conquete reste sous-jacente et les oppositions communautaires/nationales toujours vives. L'etude prosopographique devrait permettre de preciser dans quelle proportion ce groupe est compose de « metropolitains » formes en France, d'« Algeriens » issus du monde colonial europeen, de juifs et de musulmans d'Algerie, et dans quelle mesure cette proportion evolue avec le temps. On devrait ainsi pouvoir degager des types correspondant a des profils generationnels differents. Et proposer ainsi une periodisation sans doute significative du point de vue de l'histoire generale de la colonisation. On sera particulierement attentif a saisir les traits caracteristiques des professeurs qui sont en poste lors des decolonisations, pour examiner leur devenir dans les pays nouvellement independants, en France, ou ailleurs. Ce travail prosopographique a ete deja partiellement realise dans le cadre d'une these de doctorat en cours d'achevement. Le corpus est suffisamment limite pour etre traite exhaustivement, au moins pour ce qui est de l'Algerie. Pendant la periode 1830-1880, le nombre des professeurs est tres limite. L'etude prosopographique proprement dite doit donc concerner avant tout la periode I880-I962, apres l'institution de titres specifiquement exiges des candidats a l'enseignement de l'arabe et apres l'instauration de concours de recrutement en I906. Les annuaires de l'universite francaise permettent de recenser les professeurs d'arabe en Algerie. Leur identification permet d'acceder a leurs dossiers de carriere conserves dans la serie F 17 aux archives nationales de France (une derogation est necessaire pour le personnel ne apres 1885). Les archives du rectorat d'Alger, conservees aux archives nationales d'Algerie, devraient permettre de completer cette documentation. L'exploitation des sources concernant les professeurs qui ont fait l'ensemble de leur carriere en Tunisie et au Maroc est plus difficile: les archives concernant le personnel en activite dans les colleges et lycees dependant des directions de l'instruction publique des Etats tunisien et marocain sont conservees a Tunis et a Rabat, sans que nous puissions etre aujourd'hui assures de pouvoir y acceder. Des entretiens avec d'anciens professeurs ou des membres de leur famille peuvent permettre de combler certaines lacunes de la documentation.
Le surgissement de la révolution en Tunisie, en Égypte puis en Libye, inonde depuis des mois nos ... more Le surgissement de la révolution en Tunisie, en Égypte puis en Libye, inonde depuis des mois nos agendas scientifiques. Dans cette profusion de discours, différentes références ont servi de grilles de lecture pour appréhender l’événement. Les uns l’ont observé à la lumière de l’histoire des révolutions européennes, avec pour principale référence le printemps des peuples de 1848, les autres l’ont rattaché à des traditions et à des normes culturelles, à des cadres religieux. Ce numéro de L’Année du Maghreb s’inscrit dans ce courant d’interrogations, à sa manière, en faisant de l’histoire, de ses expressions et de ses usages, son fil rouge. Les multiples recours sociaux et politiques au passé qui, au Maghreb, accompagnent ou font écho à ce moment révolutionnaire, ont en effet des résonnances temporelles plus anciennes.
La saturation des mémoires, les usages politiques du passé font ressortir avec d’autant plus de force un Besoin d’histoire. Le temps révolutionnaire tend à bousculer les modèles des sciences sociales et le rapport aux sources de l’enquête. Les usages et appropriations de l’histoire témoignent de ce que, depuis les indépendances, les rapports au passé se sont sensiblement transformés, au gré des mutations du contexte politique et social. Ce numéro revêt enfin une dimension programmatique : l’impact profond et le caractère traumatique de l’expérience coloniale sur les sociétés maghrébines ne peut nous exonérer de la nécessité d’explorer l’histoire en amont et à l’aval du colonial. Cela afin de laisser ouvertes toutes les virtualités de l’avenir.
À l’initiative du GIS Moyen-Orient et mondes musulmans, et à l’occasion de son premier congrès, l... more À l’initiative du GIS Moyen-Orient et mondes musulmans, et à l’occasion de son premier congrès, la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations et l’École des hautes études en sociales (Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman) se sont associées pour organiser l’exposition TYPOGRAPHIAe ARABICAe qui se tiendra, du 15 juin au 8 août 2015, dans la galerie du Pôle des langues et civilisations et les salles de lecture de la BULAC.
Commissariat : Fanny Gillet, Alain Messaoudi, Perin Emel Yavuz (ARVIMM – Groupe de recherche sur les arts visuels du monde musulman Maghreb et Moyen-Orient)
Inauguration le 15 juin à 18h30
La typographie de la lettre arabe, ce qui fait la matière même du texte, mérite d’être observée en elle-même. La typographie, à l’instar de la calligraphie, possède une esthétique propre et une beauté rigoureuse et précise que l’exposition TYPOGRAPHIAe ARABICAe se propose de mettre en lumière.
Cette exposition veut sensibiliser un large public à la vitalité de la création typographique actuelle des pays d’écriture arabe, entre le Maroc et l’Iran, en s’inscrivant dans une perspective historique, en particulier depuis le développement de l’imprimerie. Son objectif est de contribuer à rendre plus visible un champ de la création encore méconnu malgré son dynamisme et son affirmation récente.
En partant du présent, dans la galerie du Pôle des langues et des civilisations, l’exposition propose au visiteur de découvrir les travaux d’artistes, de graphistes et de typographes contemporains, en mettant notamment à l’honneur Reza Abedini (Beyrouth) , c-album (Paris), Nadine Chahine (Francfort), Mourad Krinah (Alger), Naji El Mir (Paris), Marco Maione (Paris), Iman Raad (New York), Bahia Shehab (Le Caire) et Fenna Zamouri (Bruxelles). Le travail de ces créateurs traduit la réflexion actuelle autour de la lettre arabe et l’innovation graphique qu’ils y apportent.
Cette partie contemporaine de l’exposition se poursuit dans les espaces de la BULAC, au rez-de-chaussée de la bibliothèque où le parcours, en remontant le temps, dévoile au regard du visiteur une sélection d’affiches produites dans les années 1970 et 1980. Simples et peu coûteuses à réaliser, elles témoignent d'une période d’engagements politiques souvent marqués par le conflit israélo-
palestinien. D'une grande inventivité graphique, elles retiennent le regard par leur puissance narrative et leurs couleurs.
Au rez-de-jardin de la bibliothèque, l’émotion visuelle profite d’une mise en perspective historique. La langue et son écriture ont été l'objet de débats politiques, en particulier depuis le XIXe siècle que de latiniser l'écriture, pouvait-on développer une typographie adaptée à la massification de l’imprimé ? Reproductions et documents originaux, issus de la collection des livres rares et précieux de la BULAC, présentent les grandes phases de la typographie de la lettre arabe, de la xylographie au Modulex en passant par l’extraordinaire typographie médicéenne. À travers ces collections d’imprimés anciens, l’exposition propose ici un retour vers les expériences qui ont eu lieu en Europe et dans l’Empire ottoman entre le XVIe siècle et le début du XIXe siècle. Le développement de l’imprimé et l’élaboration de modèles typographiques ont soulevé de profondes questions culturelles, religieuses et politiques, au-delà du monde professionnel des typographes et des contraintes techniques auxquelles ils se sont confrontés. Au XXe siècle, alors que l’ordinateur remplace la machine à écrire et que de nouvelles technologies se développent, les recherches sur les formes de la lettre imprimée arabe restent travaillées par la question de la généralisation de l'instruction, comme condition de développement de systèmes politiques démocratiques. L'oeuvre de Roberto Hamm, dans le contexte de l’Algérie de la fin des années 1960 et des années 1970, en fournit un exemple.
La mécanisation de l’écriture d’une langue, l’arabe, qui, pour les musulmans, est celle de la Révélation, a suscité des résistances dans des milieux traditionalistes. En raison des ligatures de l’écriture arabe, sa reproduction mécanique a représenté par le passé un vrai défi technique.
Aujourd'hui, à l'ère de l'informatique, c'est avec des outils nouveaux et en profitant d'espaces comme la Khatt Foundation qu'anime Huda Smitshuijzen AbiFares à Amsterdam que designers et typographes travaillent à la conception de polices originales, en recherchant des équivalences aux polices latines les plus modernes en même temps que l'inscription dans des cultures visuelles particulières aux écritures arabes.
Allons-y
Galerie du Pôle des langues et civilisations
65, rue des Grands Moulins
75013 PARIS
Métro : Bibliothèque François Mitterrand
Bus : 62, 64, 89, 132, 325
Tram : T3a - Avenue de France
"Il s’agit dans un premier temps de rendre compte des histoires de l’art produites nationalement,... more "Il s’agit dans un premier temps de rendre compte des histoires de l’art produites nationalement, et d’en identifier les acteurs et les usages. Nous tenterons de mettre en lumière les dynamiques régionales à l’œuvre et leur inscription dans des processus politiques tels que les mouvements d’indépendance, le panarabisme ou la mondialisation. Un deuxième axe abordera le contexte actuel de réévaluation des modernités extra-occidentales auquel prennent part de nombreuses institutions muséales à l’aune d’outils théoriques tels que l’histoire globale et les études postcoloniales et culturelles, non sans écueils (formes d’assignations, détermination occidentale des conventions esthétiques sous couvert d’universalisme). Cet axe appellera à des comparaisons internationales. Un troisième axe abordera la dimension patrimoniale de la production des histoires de l’art, à travers la question de la conservation des œuvres et des archives, de leur accessibilité dans un moment historique traversé par les conflits, où les productions artistiques sont au cœur du débat public sans constituer pour autant une priorité politique."
Uploads
Papers by Alain Messaoudi
La saturation des mémoires, les usages politiques du passé font ressortir avec d’autant plus de force un Besoin d’histoire. Le temps révolutionnaire tend à bousculer les modèles des sciences sociales et le rapport aux sources de l’enquête. Les usages et appropriations de l’histoire témoignent de ce que, depuis les indépendances, les rapports au passé se sont sensiblement transformés, au gré des mutations du contexte politique et social. Ce numéro revêt enfin une dimension programmatique : l’impact profond et le caractère traumatique de l’expérience coloniale sur les sociétés maghrébines ne peut nous exonérer de la nécessité d’explorer l’histoire en amont et à l’aval du colonial. Cela afin de laisser ouvertes toutes les virtualités de l’avenir.
Commissariat : Fanny Gillet, Alain Messaoudi, Perin Emel Yavuz (ARVIMM – Groupe de recherche sur les arts visuels du monde musulman Maghreb et Moyen-Orient)
Inauguration le 15 juin à 18h30
La typographie de la lettre arabe, ce qui fait la matière même du texte, mérite d’être observée en elle-même. La typographie, à l’instar de la calligraphie, possède une esthétique propre et une beauté rigoureuse et précise que l’exposition TYPOGRAPHIAe ARABICAe se propose de mettre en lumière.
Cette exposition veut sensibiliser un large public à la vitalité de la création typographique actuelle des pays d’écriture arabe, entre le Maroc et l’Iran, en s’inscrivant dans une perspective historique, en particulier depuis le développement de l’imprimerie. Son objectif est de contribuer à rendre plus visible un champ de la création encore méconnu malgré son dynamisme et son affirmation récente.
En partant du présent, dans la galerie du Pôle des langues et des civilisations, l’exposition propose au visiteur de découvrir les travaux d’artistes, de graphistes et de typographes contemporains, en mettant notamment à l’honneur Reza Abedini (Beyrouth) , c-album (Paris), Nadine Chahine (Francfort), Mourad Krinah (Alger), Naji El Mir (Paris), Marco Maione (Paris), Iman Raad (New York), Bahia Shehab (Le Caire) et Fenna Zamouri (Bruxelles). Le travail de ces créateurs traduit la réflexion actuelle autour de la lettre arabe et l’innovation graphique qu’ils y apportent.
Cette partie contemporaine de l’exposition se poursuit dans les espaces de la BULAC, au rez-de-chaussée de la bibliothèque où le parcours, en remontant le temps, dévoile au regard du visiteur une sélection d’affiches produites dans les années 1970 et 1980. Simples et peu coûteuses à réaliser, elles témoignent d'une période d’engagements politiques souvent marqués par le conflit israélo-
palestinien. D'une grande inventivité graphique, elles retiennent le regard par leur puissance narrative et leurs couleurs.
Au rez-de-jardin de la bibliothèque, l’émotion visuelle profite d’une mise en perspective historique. La langue et son écriture ont été l'objet de débats politiques, en particulier depuis le XIXe siècle que de latiniser l'écriture, pouvait-on développer une typographie adaptée à la massification de l’imprimé ? Reproductions et documents originaux, issus de la collection des livres rares et précieux de la BULAC, présentent les grandes phases de la typographie de la lettre arabe, de la xylographie au Modulex en passant par l’extraordinaire typographie médicéenne. À travers ces collections d’imprimés anciens, l’exposition propose ici un retour vers les expériences qui ont eu lieu en Europe et dans l’Empire ottoman entre le XVIe siècle et le début du XIXe siècle. Le développement de l’imprimé et l’élaboration de modèles typographiques ont soulevé de profondes questions culturelles, religieuses et politiques, au-delà du monde professionnel des typographes et des contraintes techniques auxquelles ils se sont confrontés. Au XXe siècle, alors que l’ordinateur remplace la machine à écrire et que de nouvelles technologies se développent, les recherches sur les formes de la lettre imprimée arabe restent travaillées par la question de la généralisation de l'instruction, comme condition de développement de systèmes politiques démocratiques. L'oeuvre de Roberto Hamm, dans le contexte de l’Algérie de la fin des années 1960 et des années 1970, en fournit un exemple.
La mécanisation de l’écriture d’une langue, l’arabe, qui, pour les musulmans, est celle de la Révélation, a suscité des résistances dans des milieux traditionalistes. En raison des ligatures de l’écriture arabe, sa reproduction mécanique a représenté par le passé un vrai défi technique.
Aujourd'hui, à l'ère de l'informatique, c'est avec des outils nouveaux et en profitant d'espaces comme la Khatt Foundation qu'anime Huda Smitshuijzen AbiFares à Amsterdam que designers et typographes travaillent à la conception de polices originales, en recherchant des équivalences aux polices latines les plus modernes en même temps que l'inscription dans des cultures visuelles particulières aux écritures arabes.
Allons-y
Galerie du Pôle des langues et civilisations
65, rue des Grands Moulins
75013 PARIS
Métro : Bibliothèque François Mitterrand
Bus : 62, 64, 89, 132, 325
Tram : T3a - Avenue de France
Mission action culturelle
Tél. : 01 81 69 18 38
action-culturelle [à] bulac.fr