dans la sociologie francaise contemporaine, on utilise le concept de "domination" comme... more dans la sociologie francaise contemporaine, on utilise le concept de "domination" comme s'il etait substituable a celui de "Herrschaft" en allemand. On montre qu'il n'en est rien, et que les concepts utilises par Max Weber d'une part, et Pierre Bourdieu, de l'autre, ne correspondent pas. D'ou la suggestion dans le domaine des politiques sociales, d'utiliser des concepts moins polymorphes, comme par exemple, "hegemonie" ou "controle social".
Analysing the categories used by the authors of the articles published in the Revue francaise des... more Analysing the categories used by the authors of the articles published in the Revue francaise des Affaires sociales – Revue francaise du Travail shows that usage varies according to perceptions of public action in the domain of employment. At the beginning of the period, the concept of labour was dominant, but it practically vanished in the 1970s when the concept of employment policies was coined and eventually achieved undisputed currency in the late 1970s. Over the period particularly analysed (1946 to 1988), the uncertain borders between what was named “work/labour” and what was named “employment” never completely disappeared among practitionners as well as social scientists (with divergences between academic fields). The considerable variation in nominations (which also echoes changes in denomination in ministerial departments and services) is even more fruitful to study in that, even beyond the corpus of the revue’s articles, it illustrates how different conceptions of public action regarding employment and work/labour have evolved during the period stretching from the end of World War II to the early 1990s: at that date, employment policies were to be reoriented again when the decreasing of employers’ social contributions became one of the main policy instruments.
L’assistance sociale est un domaine de la protection sociale qui ne donne pas lieu frequemment a ... more L’assistance sociale est un domaine de la protection sociale qui ne donne pas lieu frequemment a des analyses. Cela tient certainement au caractere relativement mineur en termes financiers, voire, dans certains pays, marginal, de ce secteur. Il est paradoxal, par contraste, que les analyses sociologiques et de science politique se soient tellement occupees de ce que les dirigeants politiques ont appele « l’activation » de cette assistance. Ce fut pour des raisons politiques car ces dirigeants purent orchestrer assez facilement des controverses sur l’assistance aux pauvres. On a meme parle « d’activer les pauvres », alors qu’en general ce sont les choses qu’on active. Toujours est-il que cette reforme a monopolise l’interet : elle portait, du point de vue des objectifs, des buts grandioses, comme l’eradication de la pauvrete des enfants chez Tony Blair. Ces buts sont bien oublies aujourd’hui ; il est essentiel de retracer historiquement comment la vague des reformes s’est propagee dans tous les pays riches, dont les Etats-Unis et la France ont ete des pionniers a la fin des annees 1980, avec des orientations pratiques opposees. En definitive, activation ou pas, les systemes d’assistance sociale ont, malheureusement, garde leur trait essentiel : ils ne remplissent pas leur objectif principal, a savoir sortir les personnes de la pauvrete, meme si, en tant qu’intervention de dernier ressort, ils ont une utilite incontestable pour reduire cette pauvrete.
Notre systeme de protection sociale n'a pas echappe aux reformes engagees en Europe dans le c... more Notre systeme de protection sociale n'a pas echappe aux reformes engagees en Europe dans le contexte de crise. Il est percu a la fois comme un rempart a la crise et comme un obstacle a une reprise economique. Les auteurs tentent donc de comprendre comment ces differentes idees penetrent les realites des solidarites publiques et privees.
Comparer les politiques familiales des différents pays européens pose des problèmes de méthode, d... more Comparer les politiques familiales des différents pays européens pose des problèmes de méthode, de repérage et de définition. Ainsi, seule une minorité de pays met en oeuvre expressément des politiques familiales. Néanmoins, ailleurs, la vie quotidienne des familles et leurs ressources sont influencées fortement par l'intervention publique. Il faut aussi distinguer politique familiale et politique de population, et noter que beaucoup de pays européens ne poursuivent pas d'objectifs natalistes. D'autres pays ont des politiques publiques à dimension familiale articulant, dans des proportions variables, redistribution verticale et horizontale et, parfois, l'incitation à des comportements (choix familial, choix de fécondité). Ces politiques publiques sont étroitement encastrées dans des fonctionnements sociaux et des traditions politiques et culturelles très contrastés. Leur convergence spontanée est donc exclue.
International audienceWhile formal EU law acknowledges the equality of the 24 languages of the Me... more International audienceWhile formal EU law acknowledges the equality of the 24 languages of the Member States, practice has sanctioned the blatant hegemony of the English language over the years, and the United Kingdom has now decided to leave the European Union. Most social scientists do not care about this situation. As members of a trans-European elite, they privilege the certainties of a standardised European English over the strict demands of science and truth that need pluri-lingualism. But there is more to pluri-lingualism than being an indispensable vector to rigorous social science. Language is also indispensable for politics and, as politics is now made in English in the European Union, non-speakers of English now face exclusion from full participation in politics. Contrary to received wisdom, this concerns the majority of European citizens. One key obstacle to the modification of language practices across the Union lies in the structural features of EU law itself, with regard to its very conception of language as a discriminating instrument
dans la sociologie francaise contemporaine, on utilise le concept de "domination" comme... more dans la sociologie francaise contemporaine, on utilise le concept de "domination" comme s'il etait substituable a celui de "Herrschaft" en allemand. On montre qu'il n'en est rien, et que les concepts utilises par Max Weber d'une part, et Pierre Bourdieu, de l'autre, ne correspondent pas. D'ou la suggestion dans le domaine des politiques sociales, d'utiliser des concepts moins polymorphes, comme par exemple, "hegemonie" ou "controle social".
Analysing the categories used by the authors of the articles published in the Revue francaise des... more Analysing the categories used by the authors of the articles published in the Revue francaise des Affaires sociales – Revue francaise du Travail shows that usage varies according to perceptions of public action in the domain of employment. At the beginning of the period, the concept of labour was dominant, but it practically vanished in the 1970s when the concept of employment policies was coined and eventually achieved undisputed currency in the late 1970s. Over the period particularly analysed (1946 to 1988), the uncertain borders between what was named “work/labour” and what was named “employment” never completely disappeared among practitionners as well as social scientists (with divergences between academic fields). The considerable variation in nominations (which also echoes changes in denomination in ministerial departments and services) is even more fruitful to study in that, even beyond the corpus of the revue’s articles, it illustrates how different conceptions of public action regarding employment and work/labour have evolved during the period stretching from the end of World War II to the early 1990s: at that date, employment policies were to be reoriented again when the decreasing of employers’ social contributions became one of the main policy instruments.
L’assistance sociale est un domaine de la protection sociale qui ne donne pas lieu frequemment a ... more L’assistance sociale est un domaine de la protection sociale qui ne donne pas lieu frequemment a des analyses. Cela tient certainement au caractere relativement mineur en termes financiers, voire, dans certains pays, marginal, de ce secteur. Il est paradoxal, par contraste, que les analyses sociologiques et de science politique se soient tellement occupees de ce que les dirigeants politiques ont appele « l’activation » de cette assistance. Ce fut pour des raisons politiques car ces dirigeants purent orchestrer assez facilement des controverses sur l’assistance aux pauvres. On a meme parle « d’activer les pauvres », alors qu’en general ce sont les choses qu’on active. Toujours est-il que cette reforme a monopolise l’interet : elle portait, du point de vue des objectifs, des buts grandioses, comme l’eradication de la pauvrete des enfants chez Tony Blair. Ces buts sont bien oublies aujourd’hui ; il est essentiel de retracer historiquement comment la vague des reformes s’est propagee dans tous les pays riches, dont les Etats-Unis et la France ont ete des pionniers a la fin des annees 1980, avec des orientations pratiques opposees. En definitive, activation ou pas, les systemes d’assistance sociale ont, malheureusement, garde leur trait essentiel : ils ne remplissent pas leur objectif principal, a savoir sortir les personnes de la pauvrete, meme si, en tant qu’intervention de dernier ressort, ils ont une utilite incontestable pour reduire cette pauvrete.
Notre systeme de protection sociale n'a pas echappe aux reformes engagees en Europe dans le c... more Notre systeme de protection sociale n'a pas echappe aux reformes engagees en Europe dans le contexte de crise. Il est percu a la fois comme un rempart a la crise et comme un obstacle a une reprise economique. Les auteurs tentent donc de comprendre comment ces differentes idees penetrent les realites des solidarites publiques et privees.
Comparer les politiques familiales des différents pays européens pose des problèmes de méthode, d... more Comparer les politiques familiales des différents pays européens pose des problèmes de méthode, de repérage et de définition. Ainsi, seule une minorité de pays met en oeuvre expressément des politiques familiales. Néanmoins, ailleurs, la vie quotidienne des familles et leurs ressources sont influencées fortement par l'intervention publique. Il faut aussi distinguer politique familiale et politique de population, et noter que beaucoup de pays européens ne poursuivent pas d'objectifs natalistes. D'autres pays ont des politiques publiques à dimension familiale articulant, dans des proportions variables, redistribution verticale et horizontale et, parfois, l'incitation à des comportements (choix familial, choix de fécondité). Ces politiques publiques sont étroitement encastrées dans des fonctionnements sociaux et des traditions politiques et culturelles très contrastés. Leur convergence spontanée est donc exclue.
International audienceWhile formal EU law acknowledges the equality of the 24 languages of the Me... more International audienceWhile formal EU law acknowledges the equality of the 24 languages of the Member States, practice has sanctioned the blatant hegemony of the English language over the years, and the United Kingdom has now decided to leave the European Union. Most social scientists do not care about this situation. As members of a trans-European elite, they privilege the certainties of a standardised European English over the strict demands of science and truth that need pluri-lingualism. But there is more to pluri-lingualism than being an indispensable vector to rigorous social science. Language is also indispensable for politics and, as politics is now made in English in the European Union, non-speakers of English now face exclusion from full participation in politics. Contrary to received wisdom, this concerns the majority of European citizens. One key obstacle to the modification of language practices across the Union lies in the structural features of EU law itself, with regard to its very conception of language as a discriminating instrument
Résumé
Depuis plus de 10 ans, les réformes de l’activation de la protection sociale ont pris une... more Résumé
Depuis plus de 10 ans, les réformes de l’activation de la protection sociale ont pris une grande ampleur dans tous les pays. Quand on en fait le bilan, on peut comprendre leurs traits communs ainsi que la grande diversité qui a persisté en Europe, et entre l’Europe et les États-Unis. Si les réformes ont eu des conséquences à la fois idéologiques et institutionnelles, si elles ont changé les stratégies politiques, l’activation de la protection sociale s’inscrit dans une logique historique. Partout, ces réformes ont été légitimées par des promesses en matière d’accès à l’emploi, d’élimination de la pauvreté et d’exclusion sociale. Mais ces promesses, on le sait maintenant, n’ont pas été tenues. Si les dépenses sociales ont été contenues, on ne connaît enfin que très mal les effets sur le vécu des personnes, qui sont très difficiles à comparer entre pays.
Abstract
Workfare and employment promotion after 20 years – more noise than light? A contribution to the still-needed assessment
For more than 10 years most countries have promoted the employment of social assistance recipients, that is activation. Any assessment reveals common characteristics as well as continuing and large diversity across Europe and between Europe and the United States. Activation of social protection is part of an historical logic even as these reforms have had both ideological and institutional consequences and have altered political strategies. Everywhere the promises that legitimated the reforms were both access to paid work and elimination of poverty and social exclusion. As we now know, these promises have not been met. While levels of spending have been contained, we know less about the effects on the lived experiences of individuals, these being so hard to compare across countries.
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Papers by Jean-Claude Barbier
Depuis plus de 10 ans, les réformes de l’activation de la protection sociale ont pris une grande ampleur dans tous les pays. Quand on en fait le bilan, on peut comprendre leurs traits communs ainsi que la grande diversité qui a persisté en Europe, et entre l’Europe et les États-Unis. Si les réformes ont eu des conséquences à la fois idéologiques et institutionnelles, si elles ont changé les stratégies politiques, l’activation de la protection sociale s’inscrit dans une logique historique. Partout, ces réformes ont été légitimées par des promesses en matière d’accès à l’emploi, d’élimination de la pauvreté et d’exclusion sociale. Mais ces promesses, on le sait maintenant, n’ont pas été tenues. Si les dépenses sociales ont été contenues, on ne connaît enfin que très mal les effets sur le vécu des personnes, qui sont très difficiles à comparer entre pays.
Abstract
Workfare and employment promotion after 20 years – more noise than light? A contribution to the still-needed assessment
For more than 10 years most countries have promoted the employment of social assistance recipients, that is activation. Any assessment reveals common characteristics as well as continuing and large diversity across Europe and between Europe and the United States. Activation of social protection is part of an historical logic even as these reforms have had both ideological and institutional consequences and have altered political strategies. Everywhere the promises that legitimated the reforms were both access to paid work and elimination of poverty and social exclusion. As we now know, these promises have not been met. While levels of spending have been contained, we know less about the effects on the lived experiences of individuals, these being so hard to compare across countries.