IEE, Institut d'Etudes Européennes

RÉSUMÉ. — Procéder à une analyse sociologique des oeuvres d'art est-il possible ? Une réflexion à partir des différents arguments plaidant en faveur d'une réponse négative comme d'une réponse positive est proposée dans cet article. Sont ainsi examinés attenti-vement les principaux arguments échangés par les partisans et par les détracteurs de cette sous-discipline de la sociologie de l'art – notamment ceux liés au problème de l'interprétation (comment contrôler sociologiquement ce processus lorsqu'il est appliqué à une oeuvre d'art ?) et aux modalités d'administration de la preuve. La discussion des dif-férents arguments avancés ne conduit pas à conclure à une impossibilité absolue d'explorer de manière heuristiquement pertinente le terrain de la sociologie des oeuvres, mais à prôner une vigilance particulière et à formuler certains principes à l'attention des sociologues qui investissent – parfois de façon encore trop aventureuse – un tel objet. ABSTRACT. — Is it possible to undertake a sociological analysis of works of art ? This article pursues this line of thought by considering the arguments for both the negative and positive answers to this question. It attentively examines the main arguments exchanged by the supporters and detractors of this sub-discipline of the sociology of art, notably those relating to the problem of interpretation (how does one sociologically verify this process when it is applied to a work of art ?) and to the ways of presenting evidence. The discussion of these various arguments does not lead to the conclusion that it is absolutely impossible to heuristically explore the sociology of artworks in a pertinent way, but to an insistence on heightened vigilance and the formulation of certain principles for the use of sociologists who engage with such an object, if sometimes without the requisite caution. La question de la faisabilité d'une sociologie des oeuvres, déjà posée lors du colloque de sociologie de l'art à Marseille en 1985 1. Nous tenons à remercier ici Emmanuelle Sebbah, qui a longuement discuté avec nous des multiples versions de ce texte, ainsi que les membres du comité de rédac-tion de L'Année sociologique, dont les remarques et les observations nous ont été précieuses.

L'obra literària de Patrick Modiano apareix com a inseparable de la ciutat de París, i més particularment del París de l'Ocupació alemanya: el mateix escriptor, els seus lectors, els seus crítics i fins i tot l'Acadèmia Sueca, que li va concedir el Premi Nobel el 2014, es manifesten unànimement d'acord sobre aquest punt. L'espai i el temps estan íntimament entrellaçats en Patrick Modiano, i, sovint, els seus textos connecten París amb el període històric de l'Ocupació, encara que la ciutat es recorre i es descriu literalment també en altres ocasions. Els mètodes estilístics de l'autor, que consisteixen a interconnectar l'espai i el temps i desdibuixar els límits cronològics, creen una imatge nebulosa i indecisa de la ciutat, en la qual, com en Dora Bruder, se superposen diverses capes de temps. Paraules clau: Patrick Modiano, París, memòria, Ocupació, Dora Bruder. ABSTRACT. The Paris of Modiano: layering, sedimentation and landslides The literary work of Patrick Modiano appears to be inseparable from the city of Paris, and especially from the Paris of the German occupation: the writer, his readers, his critics, and even the Swedish Academy which awarded him the Nobel Prize in 2014, unanimously agree on this point. Space and time are intimately intertwined by Patrick Modiano, and his texts often connect Paris with the historical period of the Occupation, although the city is traversed and also described in a literal way on other occasions. The author's stylistic methods, consisting of interconnecting space and time and which blurs chronological boundaries create a nebulous, ambiguous, and indecisive image of the city, in which, as in Dora Bruder, several layers of time are superimposed.

L’Artiste, l’institution et le marché constitue l’ouvrage le plus abouti de la sociologue de l’art française Raymonde Moulin. Paru au début des années 1990, il s’intéresse à la constitution de la valeur de l’art, qui se construit à l’articulation du marché et du musée. Cette analyse repose sur une multitude de données empiriques de première et seconde mains concernant principalement le domaine des arts visuels en France dans les années 1980. Ces données sont examinées avec une grande finesse, en dehors de tout dogmatisme conceptuel et théorique. C’est ce qui a permis à l’ouvrage de bénéficier d’une réception très positive au moment de sa parution, tout particulièrement dans le monde de l’art, mais qui s’est encore élargie au fil des décennies jusqu’à en faire un classique incontournable de la sociologie de l’art.