이 논문은 두 가지 문제에 초점을 맞추고자 한다. 첫째는 깡길렘이 제시한 규범성의 개념 뒤에 그만의 독창적인 존재론의 발생과 의미가 전개되고 있다는 것이다. 이 존재론은 베... more 이 논문은 두 가지 문제에 초점을 맞추고자 한다. 첫째는 깡길렘이 제시한 규범성의 개념 뒤에 그만의 독창적인 존재론의 발생과 의미가 전개되고 있다는 것이다. 이 존재론은 베르그손의 사유의 흐름을 따른다. 깡길렘의 규범성과 베르그손의 생명의 약동의 유한성 사이에는 심층적인 친연성이 존재한다. 다음에 우리는 이 두 저자들 사이에 중요한 차이를 드러내고자 하는데 이는 생명에 대한 그들의 관점에서가 아니라 그들이 생명과학에 부여하는 무게에서 나타난다. 우리는 깡길렘에게서 생리적 상수들의 역할에 강조점을 두고 그의 합리주의적 생기론의 윤곽을 그려 보고자 한다.
We propose a philosophical model to naturalise life as a fundamental property of biological syste... more We propose a philosophical model to naturalise life as a fundamental property of biological systems. Our model understands life as a form of second-order organisation (Varela, Maturana, Uribe, 1974, Varela, 1989). Life is specific to a system that does not simply loop over physical states, but also over biological functions, or constraints (Mossio/Montévil 2015, 2020). First, we propose to extend the concept of operational closure invented and analysed by these authors. For us, any biological system, as a supra-organism or as an holobiont is heteronomous, because it works at several levels of organisation entangled, in such a way that it can only close on itself by continuously recomposing itself. This is why it can give rise to new functions within itself, and not simply maintain those that already exist. Second, we show why a heteronomous and normative biological system has specific temporal properties. More precisely, it is able to remember and anticipate, although these last properties are spontaneous and not reflexive, as in humans. We show how such properties can be understood without the help of any supranatural entity.
Les normes de recherche d’un philosophe ne sont pas les mêmes que celles d’un savant expérimental... more Les normes de recherche d’un philosophe ne sont pas les mêmes que celles d’un savant expérimentaliste. L’objectif de ce dernier est d’explorer toutes les hypothèses, et de privilégier celles qui sont en relations avec des faits expérimentaux susceptibles de les falsifier. L’objectif d’un philosophe en l’espèce serait plutôt de mettre en avant l’exigence d’un contrôle démocratique du développement techno-scientifique quand des problèmes sérieux apparaissent, et qu’ils ne sont pas véritablement pris en charge par la communauté scientifique elle-même. Un faisceau d’indices convergents montre que la question des origines du Covid reste une énigme scientifique aujourd’hui. Un faisceau d’indices convergents montre que l’exigence de prendre au sérieux cette question a été étouffée politiquement depuis deux ans en de multiples lieux et de multiples manières. Il est temps que ça cesse.
In this paper, we understand the emergence of life as a pure individuation process. Individuation... more In this paper, we understand the emergence of life as a pure individuation process. Individuation already occurs in open thermodynamics systems near equilibrium. We understand such open systems, as already recursively characterized (R1) by the relation between their internal properties, and their boundary conditions. Second, global properties emerge in such physical systems. We interpret this change as the fact that their structure is the recursive result of their operations (R2). We propose a simulation of the emergence of life in Earth by a mapping (R) through which (R1R2) operators are applied to themselves, so that: RN = (R1R2)N. We suggest that under specific thermodynamic (open systems out of equilibrium) and chemical conditions (autocatalysis, kinetic dynamic stability), this mapping can go up to a limit characterized by a fixed-point equation: R = 12 R. In this equation (1) symbolizes a regime of permanent resonance characterizing the biosphere, as open from inside, by the recursive differential relation between the biosphere and all its holobionts. As such the biosphere is closed on itself as a pure differential entity. (2) symbolizes the regime of permanent change characterizing the emergence of evolution in the biosphere. As such the biosphere is closed on itself, by the principle of descent with modifications, and by the fact that every holobiont evolves in a niche, while evolving with it.
Cet article propose une comparaison des réponses apportées par la France et la Corée du Sud à la ... more Cet article propose une comparaison des réponses apportées par la France et la Corée du Sud à la crise sanitaire ouverte par le COVID 19. Il montre les insuffisances et l'arrogance de la réponse française, dans sa dimension politique, scientifique et médiatique. Il questionne à travers elle le système de valeurs dont elle est l'emblème et l'imaginaire dont elle se nourrit.
La notion de « révolution scientifique » se justifie pour Thomas Kuhn par la dis- tinction qu’il ... more La notion de « révolution scientifique » se justifie pour Thomas Kuhn par la dis- tinction qu’il propose entre des périodes normales et des périodes « anomales », « anormales », ou encore « extraordi- naires » de la science. Les passages du modèle de Priestley à celui de Lavoisier, ou encore du modèle de Ptolémée à celui de Copernic, constituent des exemples de « périodes extraordinaires ». Dans ces périodes, la science ne peut plus être nor- male, car son fonctionnement devient « défectueux » eu égard au « paradigme » sur lequel elle repose. Des changements sont alors en mesure d’apparaître par des procédés qualitativement distincts de ceux qui sont à l’œuvre dans d’anciens « paradigmes », et ils engendrent sou- vent des « conflits » (Kuhn, 1962, chap. 8). Notre réflexion montrera l’importance de deux énoncés fondamentaux pour comprendre la réflexion de Kuhn. Tout d’abord, une théorie scientifique n’a pas véritablement de structure au sens où l’entend Ernest Nagel (1961), car elle constitue plutôt ce que Kuhn nomme « une matrice disciplinaire ». Ensuite, nous proposons d’affirmer que s’il y a bien une « structure » des révolutions scientifiques, cela n’indique en rien que celles-ci sont nécessaires au sens logique, mais plutôt que l’on ne peut que rétros- pectivement trouver des « raisons » qui justifient leur émergence. Et le critère épistémique susceptible de valider l’ana- lyse qui rend compte de la présence de ces raisons ne peut donc être ni la dériva- tion logique ni la falsifiabilité.
This work is focused on the relation between a novel of Stanislas Lem, Solaris, and the work of t... more This work is focused on the relation between a novel of Stanislas Lem, Solaris, and the work of the geochemist James Lovelock. Behind the strong differences between a fiction based on the rule of suspension of disbelief, and a scientific assumption that tries to be compatible with the rule of truth, we will show Gaia and Solaris are based on two common philosophical statements: life must be understood, not simply at the level of the organism, but also at the level of the biosphere; and life is some kind of primitive mind without any intentional purpose, and then without consciousness. Gaia knows how to proceed in order to regulate geochemical conditions that permit its own existence, even if it cannot know that it has this ability and this skill.
L'objectif de ce travail est d'étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de Stanislas Lem et une hypothèse scientifique énoncée dans un style très inhabituel et en un sens pourtant propre à notre époque : l'hypothèse Gaïa de James Lovelock (1979). Nous voudrions faire apparaitre l'idée que la science-fiction est une sorte de cas-limite, un réactif qui renouvelle la fonction esthétique. Et nous voudrions montrer pourquoi ce qui rapproche Gaïa de Solaris engage la recherche scientifique dans des directions qui sont nouvelles, au niveau heuristique, méthod-ologique et même ontologique.
L’objectif de ce travail est d’étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de S... more L’objectif de ce travail est d’étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de Stanislas Lem et une hypothèse scientifique énoncée dans un style très inhabituel et en un sens pourtant propre à notre époque : l’hypothèse Gaïa de James Lovelock (1979). Nous voudrions faire apparaitre l’idée que la science-fiction est une sorte de cas-limite, un réactif qui renouvelle la fonction esthétique. Et nous voudrions montrer pourquoi ce qui rapproche Gaïa de Solaris engage la recherche scientifique dans des directions qui sont nouvelles, au niveau heuristique, méthodologique et même ontologique.
Abstract Advancing the reductionist conviction that biology must be in agreement with the assumpt... more Abstract Advancing the reductionist conviction that biology must be in agreement with the assumptions of reductive physicalism (the upward hierarchy of causal powers, the upward fixing of facts concerning biological levels) A. Rosenberg argues that downward causation ...
The concept of « power » plays an important role in Michel Foucault’s critic of the classical mod... more The concept of « power » plays an important role in Michel Foucault’s critic of the classical model of sovereignty. This paper shows how “power” is related to “normalisation” in Surveiller et punir and in La volonté de savoir. Power is not only the way by which somebody acts on the action of somebody, but also a systemic property emerging in a social network. It emerges as a collective strategy, without any strategist, and without any subject. One could call this a “constructive” property. However, “biopower” is not simply “power”. It is an “extension” of it. In La volonté de Savoir, Foucault tries to understand how biopower will organise a human social network, in which biological constraints are “reflected” by political ones. Human species is not simply the expression of a natural kind, but also the result of a social and of a political construction. This paper analyses this important change in Foucault’s philosophy of power.
Nous souhaitons d’abord indiquer dans ce travail qu’il n’y a pas une, mais deux philosophies de l... more Nous souhaitons d’abord indiquer dans ce travail qu’il n’y a pas une, mais deux philosophies de la responsabilité concurrentes dans le texte de Jonas. Nous souhaitons en indiquer ensuite les limites et dégager un nouvel espace de réflexion autour de l’exportation du concept éthique de promesse sur un terrain qui n’est pas naturellement le sien : l’analyse de la normativité politique.
Nous assistons avec la montée de la bioéthique au bio-droit à un niveau de complexité supplémenta... more Nous assistons avec la montée de la bioéthique au bio-droit à un niveau de complexité supplémentaire : c’est mon sang ou mon sperme qui sont susceptibles d’être utilisés par le pouvoir médical à des fins de recherche, à des fins thérapeutiques, mais aussi à des fins commerciales. Ce sont mes organes que je peux vendre. Il n’est plus possible alors d’ignorer que ce corps, traditionnellement objet de droit est pourtant en même temps « Mon Corps. » Le problème philosophique du « corps propre » fait ainsi irruption dans la doctrine juridique. Voyons comment celle-ci le traite. Plutôt que de nous demander ici seulement comment cette irruption du corps propre transforme le droit, nous allons surtout nous interroger sur la manière dont elle transforme l’éthique et sur la manière dont elle nous oblige à repenser les relations entre l’éthique et le juridique.
My aim, in this essay, is twofold. Firstly, I want to characterise ageing as a normative biologi... more My aim, in this essay, is twofold. Firstly, I want to characterise ageing as a normative biological process, rather than a purely physical one. This, in effect, means that “ageing” is not a pure wear-and-tear mechanism. In fact, it isn’t even a mechanism, and I’ll explain why I’m critical of the use of that word in biology. It is therefore not accurate, in my view, to define ageing either as a mere imbalance between exergonic and endergonic reactions in the metabolism, as “the free radical theory of ageing” does, or as an imbalance between the excessive formation of reactive oxygen species and the limited amount of antioxidant defences. As we’ll see, ageing is a process, but it is also a constraint, or a set of biological constraints, values, functions, and norms. More specifically, it is a repulsive constraint (1). This means that ageing is not so much a norm, or function, as a normative property. [I will focus on the example of the mammal, and will give an illustration of this point through the example of vicious molecular circles in connective tissues and in mitochondria.] With the expression “normative property,” I mean that ageing is not simply a regulative property. It is a property through which the structure and constraints of a living being are actually transformed. Ageing is not destruction or degradation, but self-destruction. Ageing indicates that biological systems have a tendency to lose their normative power, that is, their ability to change their norms and generate new ones, and to do so in a way that’s regulated. I suggest we refer to ageing thus understood as a process of alteration. Secondly, I want to analyse the relations between ageing and longevity. Not all organisms age, as everybody knows. In worms, yeast, and other organisms, ageing is opposed to longevity, which counteracts the process of self-destruction. If the dynamic of ageing is also self-regulated, how are we to understand the claim, often found in the found in the literature, that longevity “counteracts” ageing (23)?
If a man were to make a machine for sortie special purpose, but were to use old wheels, springs, ... more If a man were to make a machine for sortie special purpose, but were to use old wheels, springs, and pulleys, only slightly altered, the whole machine with all its parts, might be said to be specially contrived for its present purpose. 1
Progress in Biophysics and Molecular Biology, 2011
In this essay we examine whether a theoretical and conceptual framework for systems biology could... more In this essay we examine whether a theoretical and conceptual framework for systems biology could be built from the Bailly-Longo (2008-9) proposal. These authors aim to understand life as a coherent critical structure, and propose to develop an extended physical approach of evolution, as a diffusion of biomass in a space of complexity. Their attempt leads to a simple mathematical reconstruction of Gould’s assumption (1989) concerning the bacterial world as a “left wall of least complexity” that we will examine. Extended physical systems are characterized by their constructive properties. Time is acting and new properties emerge by their history that can open the list of their initial properties. This conceptual and theoretical framework is nothing more than a philosophical assumption, but as such it provides a new and exciting approach concerning the evolution of life, and the transition between physics and biology.
Abstract This article attempts to show that, in opposition to analytical and phenomenological tra... more Abstract This article attempts to show that, in opposition to analytical and phenomenological traditions, when Bergson examines the epistemological problem of the measurement of sensations, he tries to connect it with the philosophical question of human freedom, which ...
이 논문은 두 가지 문제에 초점을 맞추고자 한다. 첫째는 깡길렘이 제시한 규범성의 개념 뒤에 그만의 독창적인 존재론의 발생과 의미가 전개되고 있다는 것이다. 이 존재론은 베... more 이 논문은 두 가지 문제에 초점을 맞추고자 한다. 첫째는 깡길렘이 제시한 규범성의 개념 뒤에 그만의 독창적인 존재론의 발생과 의미가 전개되고 있다는 것이다. 이 존재론은 베르그손의 사유의 흐름을 따른다. 깡길렘의 규범성과 베르그손의 생명의 약동의 유한성 사이에는 심층적인 친연성이 존재한다. 다음에 우리는 이 두 저자들 사이에 중요한 차이를 드러내고자 하는데 이는 생명에 대한 그들의 관점에서가 아니라 그들이 생명과학에 부여하는 무게에서 나타난다. 우리는 깡길렘에게서 생리적 상수들의 역할에 강조점을 두고 그의 합리주의적 생기론의 윤곽을 그려 보고자 한다.
We propose a philosophical model to naturalise life as a fundamental property of biological syste... more We propose a philosophical model to naturalise life as a fundamental property of biological systems. Our model understands life as a form of second-order organisation (Varela, Maturana, Uribe, 1974, Varela, 1989). Life is specific to a system that does not simply loop over physical states, but also over biological functions, or constraints (Mossio/Montévil 2015, 2020). First, we propose to extend the concept of operational closure invented and analysed by these authors. For us, any biological system, as a supra-organism or as an holobiont is heteronomous, because it works at several levels of organisation entangled, in such a way that it can only close on itself by continuously recomposing itself. This is why it can give rise to new functions within itself, and not simply maintain those that already exist. Second, we show why a heteronomous and normative biological system has specific temporal properties. More precisely, it is able to remember and anticipate, although these last properties are spontaneous and not reflexive, as in humans. We show how such properties can be understood without the help of any supranatural entity.
Les normes de recherche d’un philosophe ne sont pas les mêmes que celles d’un savant expérimental... more Les normes de recherche d’un philosophe ne sont pas les mêmes que celles d’un savant expérimentaliste. L’objectif de ce dernier est d’explorer toutes les hypothèses, et de privilégier celles qui sont en relations avec des faits expérimentaux susceptibles de les falsifier. L’objectif d’un philosophe en l’espèce serait plutôt de mettre en avant l’exigence d’un contrôle démocratique du développement techno-scientifique quand des problèmes sérieux apparaissent, et qu’ils ne sont pas véritablement pris en charge par la communauté scientifique elle-même. Un faisceau d’indices convergents montre que la question des origines du Covid reste une énigme scientifique aujourd’hui. Un faisceau d’indices convergents montre que l’exigence de prendre au sérieux cette question a été étouffée politiquement depuis deux ans en de multiples lieux et de multiples manières. Il est temps que ça cesse.
In this paper, we understand the emergence of life as a pure individuation process. Individuation... more In this paper, we understand the emergence of life as a pure individuation process. Individuation already occurs in open thermodynamics systems near equilibrium. We understand such open systems, as already recursively characterized (R1) by the relation between their internal properties, and their boundary conditions. Second, global properties emerge in such physical systems. We interpret this change as the fact that their structure is the recursive result of their operations (R2). We propose a simulation of the emergence of life in Earth by a mapping (R) through which (R1R2) operators are applied to themselves, so that: RN = (R1R2)N. We suggest that under specific thermodynamic (open systems out of equilibrium) and chemical conditions (autocatalysis, kinetic dynamic stability), this mapping can go up to a limit characterized by a fixed-point equation: R = 12 R. In this equation (1) symbolizes a regime of permanent resonance characterizing the biosphere, as open from inside, by the recursive differential relation between the biosphere and all its holobionts. As such the biosphere is closed on itself as a pure differential entity. (2) symbolizes the regime of permanent change characterizing the emergence of evolution in the biosphere. As such the biosphere is closed on itself, by the principle of descent with modifications, and by the fact that every holobiont evolves in a niche, while evolving with it.
Cet article propose une comparaison des réponses apportées par la France et la Corée du Sud à la ... more Cet article propose une comparaison des réponses apportées par la France et la Corée du Sud à la crise sanitaire ouverte par le COVID 19. Il montre les insuffisances et l'arrogance de la réponse française, dans sa dimension politique, scientifique et médiatique. Il questionne à travers elle le système de valeurs dont elle est l'emblème et l'imaginaire dont elle se nourrit.
La notion de « révolution scientifique » se justifie pour Thomas Kuhn par la dis- tinction qu’il ... more La notion de « révolution scientifique » se justifie pour Thomas Kuhn par la dis- tinction qu’il propose entre des périodes normales et des périodes « anomales », « anormales », ou encore « extraordi- naires » de la science. Les passages du modèle de Priestley à celui de Lavoisier, ou encore du modèle de Ptolémée à celui de Copernic, constituent des exemples de « périodes extraordinaires ». Dans ces périodes, la science ne peut plus être nor- male, car son fonctionnement devient « défectueux » eu égard au « paradigme » sur lequel elle repose. Des changements sont alors en mesure d’apparaître par des procédés qualitativement distincts de ceux qui sont à l’œuvre dans d’anciens « paradigmes », et ils engendrent sou- vent des « conflits » (Kuhn, 1962, chap. 8). Notre réflexion montrera l’importance de deux énoncés fondamentaux pour comprendre la réflexion de Kuhn. Tout d’abord, une théorie scientifique n’a pas véritablement de structure au sens où l’entend Ernest Nagel (1961), car elle constitue plutôt ce que Kuhn nomme « une matrice disciplinaire ». Ensuite, nous proposons d’affirmer que s’il y a bien une « structure » des révolutions scientifiques, cela n’indique en rien que celles-ci sont nécessaires au sens logique, mais plutôt que l’on ne peut que rétros- pectivement trouver des « raisons » qui justifient leur émergence. Et le critère épistémique susceptible de valider l’ana- lyse qui rend compte de la présence de ces raisons ne peut donc être ni la dériva- tion logique ni la falsifiabilité.
This work is focused on the relation between a novel of Stanislas Lem, Solaris, and the work of t... more This work is focused on the relation between a novel of Stanislas Lem, Solaris, and the work of the geochemist James Lovelock. Behind the strong differences between a fiction based on the rule of suspension of disbelief, and a scientific assumption that tries to be compatible with the rule of truth, we will show Gaia and Solaris are based on two common philosophical statements: life must be understood, not simply at the level of the organism, but also at the level of the biosphere; and life is some kind of primitive mind without any intentional purpose, and then without consciousness. Gaia knows how to proceed in order to regulate geochemical conditions that permit its own existence, even if it cannot know that it has this ability and this skill.
L'objectif de ce travail est d'étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de Stanislas Lem et une hypothèse scientifique énoncée dans un style très inhabituel et en un sens pourtant propre à notre époque : l'hypothèse Gaïa de James Lovelock (1979). Nous voudrions faire apparaitre l'idée que la science-fiction est une sorte de cas-limite, un réactif qui renouvelle la fonction esthétique. Et nous voudrions montrer pourquoi ce qui rapproche Gaïa de Solaris engage la recherche scientifique dans des directions qui sont nouvelles, au niveau heuristique, méthod-ologique et même ontologique.
L’objectif de ce travail est d’étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de S... more L’objectif de ce travail est d’étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de Stanislas Lem et une hypothèse scientifique énoncée dans un style très inhabituel et en un sens pourtant propre à notre époque : l’hypothèse Gaïa de James Lovelock (1979). Nous voudrions faire apparaitre l’idée que la science-fiction est une sorte de cas-limite, un réactif qui renouvelle la fonction esthétique. Et nous voudrions montrer pourquoi ce qui rapproche Gaïa de Solaris engage la recherche scientifique dans des directions qui sont nouvelles, au niveau heuristique, méthodologique et même ontologique.
Abstract Advancing the reductionist conviction that biology must be in agreement with the assumpt... more Abstract Advancing the reductionist conviction that biology must be in agreement with the assumptions of reductive physicalism (the upward hierarchy of causal powers, the upward fixing of facts concerning biological levels) A. Rosenberg argues that downward causation ...
The concept of « power » plays an important role in Michel Foucault’s critic of the classical mod... more The concept of « power » plays an important role in Michel Foucault’s critic of the classical model of sovereignty. This paper shows how “power” is related to “normalisation” in Surveiller et punir and in La volonté de savoir. Power is not only the way by which somebody acts on the action of somebody, but also a systemic property emerging in a social network. It emerges as a collective strategy, without any strategist, and without any subject. One could call this a “constructive” property. However, “biopower” is not simply “power”. It is an “extension” of it. In La volonté de Savoir, Foucault tries to understand how biopower will organise a human social network, in which biological constraints are “reflected” by political ones. Human species is not simply the expression of a natural kind, but also the result of a social and of a political construction. This paper analyses this important change in Foucault’s philosophy of power.
Nous souhaitons d’abord indiquer dans ce travail qu’il n’y a pas une, mais deux philosophies de l... more Nous souhaitons d’abord indiquer dans ce travail qu’il n’y a pas une, mais deux philosophies de la responsabilité concurrentes dans le texte de Jonas. Nous souhaitons en indiquer ensuite les limites et dégager un nouvel espace de réflexion autour de l’exportation du concept éthique de promesse sur un terrain qui n’est pas naturellement le sien : l’analyse de la normativité politique.
Nous assistons avec la montée de la bioéthique au bio-droit à un niveau de complexité supplémenta... more Nous assistons avec la montée de la bioéthique au bio-droit à un niveau de complexité supplémentaire : c’est mon sang ou mon sperme qui sont susceptibles d’être utilisés par le pouvoir médical à des fins de recherche, à des fins thérapeutiques, mais aussi à des fins commerciales. Ce sont mes organes que je peux vendre. Il n’est plus possible alors d’ignorer que ce corps, traditionnellement objet de droit est pourtant en même temps « Mon Corps. » Le problème philosophique du « corps propre » fait ainsi irruption dans la doctrine juridique. Voyons comment celle-ci le traite. Plutôt que de nous demander ici seulement comment cette irruption du corps propre transforme le droit, nous allons surtout nous interroger sur la manière dont elle transforme l’éthique et sur la manière dont elle nous oblige à repenser les relations entre l’éthique et le juridique.
My aim, in this essay, is twofold. Firstly, I want to characterise ageing as a normative biologi... more My aim, in this essay, is twofold. Firstly, I want to characterise ageing as a normative biological process, rather than a purely physical one. This, in effect, means that “ageing” is not a pure wear-and-tear mechanism. In fact, it isn’t even a mechanism, and I’ll explain why I’m critical of the use of that word in biology. It is therefore not accurate, in my view, to define ageing either as a mere imbalance between exergonic and endergonic reactions in the metabolism, as “the free radical theory of ageing” does, or as an imbalance between the excessive formation of reactive oxygen species and the limited amount of antioxidant defences. As we’ll see, ageing is a process, but it is also a constraint, or a set of biological constraints, values, functions, and norms. More specifically, it is a repulsive constraint (1). This means that ageing is not so much a norm, or function, as a normative property. [I will focus on the example of the mammal, and will give an illustration of this point through the example of vicious molecular circles in connective tissues and in mitochondria.] With the expression “normative property,” I mean that ageing is not simply a regulative property. It is a property through which the structure and constraints of a living being are actually transformed. Ageing is not destruction or degradation, but self-destruction. Ageing indicates that biological systems have a tendency to lose their normative power, that is, their ability to change their norms and generate new ones, and to do so in a way that’s regulated. I suggest we refer to ageing thus understood as a process of alteration. Secondly, I want to analyse the relations between ageing and longevity. Not all organisms age, as everybody knows. In worms, yeast, and other organisms, ageing is opposed to longevity, which counteracts the process of self-destruction. If the dynamic of ageing is also self-regulated, how are we to understand the claim, often found in the found in the literature, that longevity “counteracts” ageing (23)?
If a man were to make a machine for sortie special purpose, but were to use old wheels, springs, ... more If a man were to make a machine for sortie special purpose, but were to use old wheels, springs, and pulleys, only slightly altered, the whole machine with all its parts, might be said to be specially contrived for its present purpose. 1
Progress in Biophysics and Molecular Biology, 2011
In this essay we examine whether a theoretical and conceptual framework for systems biology could... more In this essay we examine whether a theoretical and conceptual framework for systems biology could be built from the Bailly-Longo (2008-9) proposal. These authors aim to understand life as a coherent critical structure, and propose to develop an extended physical approach of evolution, as a diffusion of biomass in a space of complexity. Their attempt leads to a simple mathematical reconstruction of Gould’s assumption (1989) concerning the bacterial world as a “left wall of least complexity” that we will examine. Extended physical systems are characterized by their constructive properties. Time is acting and new properties emerge by their history that can open the list of their initial properties. This conceptual and theoretical framework is nothing more than a philosophical assumption, but as such it provides a new and exciting approach concerning the evolution of life, and the transition between physics and biology.
Abstract This article attempts to show that, in opposition to analytical and phenomenological tra... more Abstract This article attempts to show that, in opposition to analytical and phenomenological traditions, when Bergson examines the epistemological problem of the measurement of sensations, he tries to connect it with the philosophical question of human freedom, which ...
Advancing the reductionist conviction that biology must be in agreement with the assumptions of r... more Advancing the reductionist conviction that biology must be in agreement with the assumptions of reductive physicalism (the upward hierarchy of causal powers, the upward fixing of facts concerning biological levels) A. Rosenberg argues that downward causation is ontologically incoherent and that it comes into play only when we are ignorant of the details of biological phenomena. Moreover, in his view, a careful look at relevant details of biological explanations will reveal the basic molecular level that characterizes biological systems, defined by wholly physical properties, e.g., geometrical structures of molecular aggregates (cells). In response, we argue that contrary to his expectations one cannot infer reductionist assumptions even from detailed biological explanations that invoke the molecular level, as interlevel causal reciprocity is essential to these explanations. Recent very detailed explanations that concern the structure and function of chromatin—the intricacies of supposedly basic molecular level—demonstrate this. They show that what seem to be basic physical parameters extend into a more general biological context, thus rendering elusive the concepts of the basic level and causal hierarchy postulated by the reductionists. In fact, relevant phenomena are defined across levels by entangled, extended parameters. Nor can the biological context be explained away by basic physical parameters defining molecular level shaped by evolution as a physical process. Reductionists claim otherwise only because they overlook the evolutionary significance of initial conditions best defined in terms of extended biological parameters. Perhaps the reductionist assumptions (as well as assumptions that postulate any particular levels as causally fundamental) cannot be inferred from biological explanations because biology aims at manipulating organisms rather than producing explanations that meet the coherence requirements of general ontological models. Or possibly the assumptions of an ontology not based on the concept of causal powers stratified across levels can be inferred from biological explanations. The incoherence of downward causation is inevitable,
Biologists and philosophers often use the language of determination in order to describe the natu... more Biologists and philosophers often use the language of determination in order to describe the nature of developmental phenomena. Accounts in terms of determination have often been reductionist. One common idea is that DNA is supposed to play a special explanatory role in developmental explanations, namely, that DNA is a developmental determinant. In this article we try to make sense of determination claims in developmental biology. Adopting a manipulationist approach, we shall first argue that the notion of developmental determinant is causal. We suggest that two different theses concerning developmental determination can be articulated: determination of occurrence and structural determination. We shall argue that, while the first thesis is problematic, the second, opportunely qualified, is feasible. Finally, we shall argue that an analysis of biological causation in terms of determination cannot account for entangled dynamics. Characterising causal entanglement as a particular kind of interactive causation whereby difference-making causes ascribable to different levels of biological organisation influence a particular ontogenetic outcome, we shall, via two illustrative examples, diagnose some potential limits of a reductionist, molecular and intra-level understanding of biological causation.
Organisms, be they uni- or multi-cellular, are agents capable of creating their own norms; they a... more Organisms, be they uni- or multi-cellular, are agents capable of creating their own norms; they are continuously harmonizing their ability to create novelty and stability, that is, they combine plasticity with robustness. Here we articulate the three principles for a theory of organisms proposed in this issue, namely: the default state of proliferation with variation and motility, the principle of variation and the principle of organization. These principles profoundly change both biological observables and their determination with respect to the theoretical framework of physical theories. This radical change opens up the possibility of anchoring mathematical modeling in biologically proper principles.
Elie During & Paul-Antoine Miquel, "We, Bergsonians: The Kyoto Manifesto", Parrhesia, 33, 2020, p... more Elie During & Paul-Antoine Miquel, "We, Bergsonians: The Kyoto Manifesto", Parrhesia, 33, 2020, p. 17-42 (English translation by Barry Dainton).
The Kyoto Manifesto (2015) has already been published in French in Dissertatio, revista de filosofia - volume suplementar 4, dossiê Bergson, 2016, and in Japanese in S. Abiko, H. Fujita, Hisashi & Y. Hirai (eds), The Anatomy of Matter and Memory: Bergson and Contemporary Theories of Perception, Mind and Time, Tokyo, Shoshi Shinsui, 2016.
progress in biophysics and molecular biology, 2012
This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the a... more This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the author for internal non-commercial research and education use, including for instruction at the authors institution and sharing with colleagues. Other uses, including reproduction and distribution, or selling or licensing copies, or posting to personal, institutional or third party websites are prohibited. In most cases authors are permitted to post their version of the article (e.g. in Word or Tex form) to their personal website or institutional repository. Authors requiring further information regarding Elsevier's archiving and manuscript policies are encouraged to visit: http://www.elsevier.com/copyright a b s t r a c t In the last century, jointly with the advent of computers, mathematical theories of information were developed. Shortly thereafter, during the ascent of molecular biology, the concept of information was rapidly transferred into biology at large. Several philosophers and biologists have argued against adopting this concept based on epistemological and ontological arguments, and also, because it encouraged genetic determinism. While the theories of elaboration and transmission of information are valid mathematical theories, their own logic and implicit causal structure make them inimical to biology, and because of it, their applications have and are hindering the development of a sound theory of organisms. Our analysis concentrates on the development of information theories in mathematics and on the differences between these theories regarding the relationship among complexity, information and entropy.
Progress in biophysics and molecular biology, 2016
In this paper, we insist on stressing the epistemic and metaphysical difference between individua... more In this paper, we insist on stressing the epistemic and metaphysical difference between individual and individuation, a distinction originally developed by Gilbert Simondon. Individuation occurs in complex physical systems by the coupling (R1) between the system and its outside conditions. As such the system is not well defined by its sole constituents. Let’s characterize (R2) as follows: the system is not entirely defined by its structure at a given time because this structure will change and global emergent properties will appear, as in the paradigmatic example of phase transition. Thus physical individuation is defined both by the coupling of a physical system with its environment (R1) and by its diachronic dynamics taking place (R2). We interpret biological individuation as a second order one, i.e. as a recursive procedure through which physical individuation is also acting on “its own theatre”. We represent this procedure like a mapping through which (R1R2) are applied to themselves, so that: RN = (R1R2)N. We highlight the relation between this assumption and the concept of extended criticality developed by Bailly, Longo and Montévil.
Progress in Biophysics and Molecular Biology, 2019
Symmetry-based explanations using symmetry breaking (SB) as the key explanatory tool have complem... more Symmetry-based explanations using symmetry breaking (SB) as the key explanatory tool have complemented and replaced traditional causal explanations in various domains of physics. The process of spontaneous SB is now a mainstay of contemporary explanatory accounts of large chunks of condensed-matter physics, quantum field theory, nonlinear dynamics, cosmology, and other disciplines. A wide range of empirical research into various phenomena related to symmetries and SB across biological scales has accumulated as well. Led by these results, we identify and explain some common features of the emergence, propagation, and cascading of SB-induced layers across the biosphere. These features are predicated on the thermodynamic openness and intrinsic functional incompleteness of the systems at stake and have not been systematically analyzed from a general philosophical and methodological perspective. We also consider possible continuity of SB across the physical and biological world and discuss the connection between Darwinism and SB-based analysis of the biosphere and its history.
Contentons-nous donc pour le moment de conclure que l’expérience des choses extérieures n’est pas... more Contentons-nous donc pour le moment de conclure que l’expérience des choses extérieures n’est pas une expérience banale. C’est une expérience élargie. Nous allons constater avec surprise, que dans la mesure où il s’agit d’une expérience élargie, il va y avoir un engagement ontologique dans notre analyse qui va déborder des cadres traditionnels de la phénoménologie. Nous allons questionner cet engagement ontologique tout au long de cet ouvrage. Vous allez voir que même l’expression que nous venons d’utiliser est impropre. Il y a plus encore dans cette expérience qu’un simple engagement ontologique, il y a un changement d’ontologie. Si l’expérience des choses extérieures est si énigmatique, c’est que par elle, nous ne nous contentons pas de basculer dans un monde. Nous basculons d’un monde à un autre, d’une bulle à une autre. Par cette expérience en effet, en un sens nous restons en nous. Les choses extérieures sont là. Elles habitent nos pensées. La table est bien littéralement telle que je la vois. Et pourtant elles ne sont pas en nous, elles sont dans un autre monde que celui de nos pensées, un monde dont celles-ci deviennent à leur tour prisonnières. Et la table que je voyais si bien devient d’un seul coup absolument invisible, aussi invisible que ce stylo que j’ai enfermé dans une trousse, et même plus. Je peux faire sortir le stylo. Mais je ne peux jamais supprimer cette invisibilité de la table. C’est de ce mouvement de bascule que nous allons tenter de produire l’analyse, dans cet essai. Comment pouvons-nous donc être à la fois dans et hors de notre bulle ? Comment notre pensée peut-elle brutalement se retrouver prisonnière, naturalisée dans un monde qui n’est pas le sien, alors que juste auparavant, nous étions persuadés au contraire que c’est le monde matériel qui habitait notre pensée, comme un captif couvert de chaînes d’or ?
Dissertatio, revista de filosofia - volume suplementar 4, dossiê Bergson, 2016, 2016
Manifeste de Kyoto, published in Dissertatio, revista de filosofia - volume suplementar 4, dossi... more Manifeste de Kyoto, published in Dissertatio, revista de filosofia - volume suplementar 4, dossiê Bergson, 2016.
Forthcoming in in S. Abiko, H. Fujita, Hisashi & Y. Hirai (eds), The Anatomy of Matter and Memory: Bergson and Contemporary Theories of Perception, Mind and Time, Tokyo, Shoshi Shinsui, 2016.
Qu'est-ce que la vie ? La vie n'est-elle que de l'information génétique ? Pourquoi ne peut-on pas... more Qu'est-ce que la vie ? La vie n'est-elle que de l'information génétique ? Pourquoi ne peut-on pas penser la vie sans l'évolution ? Les origines de la vie peuvent-elles être objet de science ? En quoi la vie est-elle une propriété émergente? Faut-il opposer la vie vécue à la vie expliquée ?
Cet essai a deux ambitions. Il s’agit d’abord de montrer que la Biosphère n’est pas la Terre. En ... more Cet essai a deux ambitions. Il s’agit d’abord de montrer que la Biosphère n’est pas la Terre. En faisant de Gaïa une entité mixte l’ingénieur anglais James Lovelock s’est placé dans une position confortable : il n’y avait plus besoin de se demander comment la Biosphère a pu émerger sur Terre, autrement dit quelle sont les conditions qui ont rendu possible son émergence. Nous pensons au contraire que cette question est fondamentale et que la science est aujourd’hui dans une position où il devient possible d’apporter une réponse. C’est une réponse qui sera forcément théorique, et forcément à la frontière entre chimie, physique et biologie. C’est à cette frontière que nous allons faire apparaître le personnage de « Vénus » en hommage au philosophe romain Lucrèce. Vénus n’est pas Gaïa, et pourtant elle vient de Gaïa, sa mère nourricière, sa coquille.
Ensuite nous allons aborder sous un certain angle la question de la relation entre l’humain et la biosphère. Nous allons concevoir l’humain de manière différentielle comme un nœud de relations avec les autres êtres vivants, et les conditions abiotiques. C’est dans cette perspective que nous allons aborder la question de sa triple responsabilité vis-à-vis de la manière dont il sculpte les caractéristiques biologiques des générations futures, vis-à-vis de la manière dont il met en danger leur existence, et finalement de la manière dont il met en danger l’existence future de la biosphère elle-même. Nous nommerons cette triple responsabilité : « Prométhée ». Au sujet de Prométhée, notre ambition est de formuler un nouvel impératif éthique : agis de telle sorte que tu prennes en compte les devoirs que tu as vis-à-vis de générations futures et de la biosphère, comme si elles pouvaient revendiquer des droits. Dans cet impératif, le temps se met d'un seul coup à fonctionner à l'envers et les générations futures peuvent se mettre à parler. L'impératif responsabilité fait donc intervenir des interlocuteurs virtuels.
Nous montrons les conséquences que l’application d’un tel impératif peut avoir sur 7 points fondamentaux : croissance démographique exponentielle depuis 50 ans ; taux de disparition des espèces multiplié par cent depuis 1900 et destruction des milieux naturels ; non renouvellement des ressources naturelles ; réchauffement climatique, dont au moins une partie est anthropique ; accroissement des inégalités sociales, et concentration du capital dans des grandes entreprises mondiales ; croissance disruptive du développement bio- technologique (plus ce développement augmente, et moins il y a de contrôle théorique et scientifique sur ce qui se développe) ; instabilité politique internationale conjuguée à la prolifération nucléaire. Si on suit notre impératif, aucune de ces questions ne peut plus être laissée sous la seule responsabilité de la main invisible des tenants d’une économie libérale. Elles sont à présent sous le rétrocontrôle virtuel des générations futures et de la biosphère qui revendiquent leurs droits à travers nous.
Paul-Antoine Miquel Vénus et Prométhée. Essai sur la relation entre l’humain et la biosphère
«C’est en 1979 que l’ingénieur anglais James Lovelock publie Gaia : A New Look of Life on Earth.» L’ouvrage fut assez mal reçu par la communauté scientifique, mais les idées qu’il contenait ont cheminé toutes seules, et fait qu’on se demande si la «mère nourricière», la Terre, «est là pour maintenir les meilleures conditions possibles d’existence pour la biosphère», si Gaïa, divinité chtonienne, est un«super organisme» ou une «entité mixte», à la fois Terre et Biosphère. Philosophe et épistémologue, professeur à l’université de Toulouse-le Mirail, Paul-Antoine Miquel prend au sérieux l’idée que «la biosphère contrôle au moins partiellement la stabilité des paramètres géophysiques et géochimiques qui rendent possible son existence »(d’où : «que l’on change de quelques degrés le pourcentage d’oxygène dans l’atmosphère et toutes les forêts vont brûler…»). Mais il soutient que la Biosphère n’est pas la Terre et n’est pas non plus un Organisme, en introduisant «Vénus», qui vient de Gaïa, «sa coquille», de sorte à faire apparaître la figure originale de la «totalité ouverte». L’aboutissement est un «nouvel impératif éthique», qui sonne comme celui que proposait Hans Jonas : «Agis de telle sorte que tu prennes en compte les devoirs que tu as vis-à-vis de générations futures et de la biosphère, comme si elles pouvaient revendiquer des droits». R.M.
Dans son célèbre ouvrage de 1970, François Jacob assurait à son lecteur « qu’on n’interroge plus ... more Dans son célèbre ouvrage de 1970, François Jacob assurait à son lecteur « qu’on n’interroge plus la vie dans les laboratoires ». Il tentait en même temps pourtant d’y fonder les principes d’une « connaissance du vivant », enfermant ainsi la réflexion philosophique dans un cercle inextricable: comment donc s’y prendre pour caractériser la différence entre le vivant et le non vivant, sans avoir recours à la vie?
Dans le prolongement de la réflexion que je mène depuis quelques années, ce livre tente de lever ce paradoxe en défendant les principes d’une « approche physique étendue » du vital qui rejette pourtant toute forme de métaphysique physicaliste, celle qui nous laisse croire qu’on peut tirer de la science ces deux affirmations ahurissantes: « le monde physique est complet » et « il est clôturé causalement »
La philosophie d'Henri Bergson procède par images. L'intuition n'est donc pas seulement une métho... more La philosophie d'Henri Bergson procède par images. L'intuition n'est donc pas seulement une méthode, mais aussi un langage qui ne parle au propre que lorsqu'il parle au figuré. Elle est une lanterne obscure qui dispense partout de la lumière. Dans L'évolution créatrice, l'intuition n'est pas une simple métaphysique qui se ferait sans la science. Elle est aussi une dialectique qui chevauche l'intelligence, une pensée en durée qui se nourrit de la pensée spatiale. La science et l'art viennent en premier. Ils sont les prolongements du sens commun. La philosophie ne peut rien faire sans eux. Comme Prométhée, comme le voleur de feu, elle se nourrit de ce qui n'est pas fait pour elle. Comme Hermès, comme le messager, elle en fait un langage et un univers que tous doivent pouvoir comprendre et dans lequel tous doivent pouvoir se retrouver. Cette philosophie n'est pas la phénoménologie. Ce n'est pas non plus la métaphysique scientiste de l'intelligence. C'est une attitude spécifique qui ouvre à une pensée de la durée qui n'a plus simplement un sens pour la conscience, mais qui relève et exprime l'incomplétude de l'univers.
Ce livre traite de deux problèmes : comment pouvons-nous faire quotidiennement l’expérience du ... more Ce livre traite de deux problèmes : comment pouvons-nous faire quotidiennement l’expérience du monde extérieur alors que tout en elle semble nous ramener à nos sensations ? Et qui fait le mieux cette expérience ? Ce n’est pas l’homme de tous les jours, c’est le scientifique. Le processus d’objectivation à l’œuvre dans l’expérience systémique du scientifique est aussi ce qui nous dégage du solipsisme. Il nous engage dans un autre monde, dont nous faisons partie et qui n’est pas le nôtre. Cet engagement prend la forme d’une expérience d’immanence redoublée, à partir de laquelle nous proposons de reconstruire le concept de Nature. Le second problème est le passage d’un système physique auto-organisé du type « transition de phase » à un système biologique. L'hypothèse de l'auteur est que ce dernier n’est pas seulement soumis à certaines contraintes qui rendent sa structure causale ouverte et agentive. Il forme un monde de contraintes qui se dédouble de sa structure causale et dont la structure normative est elle-même ouverte et agentive. C’est ainsi que le problème du redoublement d’immanence d’abord aperçu du point de vue des expériences que peut faire la conscience, apparaît désormais à l’intérieur des systèmes que la pensée théorique du savant analyse.
Revue de Presse:
« La notion de « nature » perd aussitôt son évidence si l’on s’interroge sur le mode dont les choses extérieures existent par elles-mêmes, indépendamment des sensations et de la pensée par lesquels l’homme le saisit, ou du processus d’objectivation que la science réalise. Les choses matérielles habitent-elles nos pensées ou un « autre monde » dont la pensée serait prisonnière ? C’est ici une analyse philosophique très fine de la complexité physique, des systèmes biologiques, de la transition du physique au biologique. »
Comment faire alors pour accepter que la biosphère, comme système biologique puisse violer le pri... more Comment faire alors pour accepter que la biosphère, comme système biologique puisse violer le principe de causalité sans pour autant retomber dans le finalisme d’Aristote, ou encore le spiritualisme de Bergson ? Il faut sortir de la représentation du temps comme succession. L’attracteur de Lorentz que nous avons dessiné, n’est rien d’autre qu’une boule de neige un peu sophistiquée qui se transforme en papillon au cours du temps et pour certaines valeurs des paramètres de contrôle définissant les équations qui décrivent la dynamique du système. Le schème temporel central pour comprendre cela n’est autre que le schème de la succession. Ce schème n’est pas adapté au vivant, tout simplement. Il n’est pas adapté à la biosphère. Avec la vie, la temporalité fait des boucles ! Il faut accepter la présence non seulement de boucles spatiales, mais de boucles temporelles. Qu’est-ce qu’une boucle temporelle ? C’est le fait qu’en même temps qu’un système agit dans la succession, il simule aussi son action. Il crée une temporalité de la simulation qui se dédouble de la temporalité de l’action. Comment un tel étrange phénomène peut-il donc se produire, cela passe par deux étapes que les philosophes ont identifiées depuis longtemps : la rétention et la pro-tension.
L’objectif de ce texte est de présenter de la manière la plus directe possible ce que j’ai appelé... more L’objectif de ce texte est de présenter de la manière la plus directe possible ce que j’ai appelé « la condition R » (Sur le concept de nature, 2015). J’insiste tout de suite, « la condition R » est un schème philosophique. La procédure récursive que je vais évoquer n’est pas actuellement l’objet d’une véritable formalisation scientifique. Je vais par ailleurs éviter tout développement trop long et viser directement la pertinence. Mon lecteur jugera. Mais j’insiste : ce n’est pas la précision que je vise. C’est la pertinence.
Ensuite c’est Gilbert Simondon qui constitue ma principale source d’inspiration. Ou plutôt un croisement à la fois temporel et interdisciplinaire, entre Simondon, Schrödinger, et les hypothèses de certains membres de mon groupe de travail à propos de ce qu’ils nomment « la criticité étendue » (Longo/Montévil), terme dont Bailly et Longo étaient les deux inspirateurs, dans leur ouvrage de 2006 (Mathématiques et sciences de la nature/ La singularité physique du vivant).
La série de photographies intitulée « Sky» est aussi le troisième terme d’un triptyque, composé d... more La série de photographies intitulée « Sky» est aussi le troisième terme d’un triptyque, composé de deux autres ouvrages : « Voice of the Bamboo » et « Trees from the people ». Elle est l’œuvre du photographe coréen Dae Soo Kim. Je vais la commenter en prenant volontairement un angle : celui du philosophe occidental que je suis. Il s’agira donc moins d’une interprétation interne de l’œuvre de cet auteur, que de la faire réagir à partir d’une culture qui n’est pas la sienne, pour tenter d’en ressaisir à la fois la richesse et l’universalité.
Comment mieux préciser les relations entre l'individuation biologique, la biosphère et Gaïa ? Dan... more Comment mieux préciser les relations entre l'individuation biologique, la biosphère et Gaïa ? Dans l'ouvrage écrit par Lovelock en 1979, Gaïa et la biosphère sont clairement confondus. La tâche de cet essai est de trouver un argument théorique pour distinguer la géosphère de la biosphère, et pour mieux comprendre aussi les formes de tissage qui existent entre la géosphère et les organismes vivants qui la composent. Tout n'est pas dans tout, et il est important de trouver un argument pour mieux dissocier et connecter ces entités. Le point central sur lequel tout cet argument repose est la distinction que nous proposons d'introduire entre individuation physique et individuation biologique. Mais en même temps nous voudrions trouver un argument compatible avec l'approche connexionniste et constructiviste proposée par Latour. Elle nous semble fournir une excellente perspective de recherche. Latour en effet refuse de tomber dans le Charybde du réductionnisme et dans le Sylla du holisme, pour traiter de Gaïa. Et cela exige de ne plus penser la biosphère et la géosphère simplement comme des sphères ! Il faut au contraire comprendre en quel sens on peut dire de la géosphère qu'elle est paradoxalement aussi une extension de la biosphère et non pas simplement ce dans quoi on peut déjà définir au préalable ses conditions de viabilité. La terre ne devient ainsi habitable pour les vivants que dans la géosphère. Dans la perspective que nous allons esquisser, la question de son habitabilité devient aussi une question de géophysique.
Je vais m’intéresser à un point qui est à mes yeux symptomatique : nous sommes en tant qu’espèce ... more Je vais m’intéresser à un point qui est à mes yeux symptomatique : nous sommes en tant qu’espèce dans une situation de précarité particulière. La très grande majorité des espèces vivantes a connu l’extinction. Mais la précarité dans laquelle nous nous plaçons vient de notre propre développement économique et technologique. Telle est la rupture fondamentale que ce changement de Siècle instaure. Nous produisons récursivement les conditions de notre propre extinction. Et par voie de conséquence, nous en sommes responsables. Je voudrais donc m’interroger sur cette forme de responsabilité nouvelle qui nous lie à nos semblables, mais qui élargit cette liaison en une double extension, à tous les non semblables qui dépendent de nous dans la biosphère, et aux générations futures de semblables et de non semblables qui courent tout simplement le risque de ne pas pouvoir naître demain, en raison de ce qui advient aujourd’hui.
La notion de « révolution scientifique » se justifie pour Thomas Kuhn, par la distinction qu’il p... more La notion de « révolution scientifique » se justifie pour Thomas Kuhn, par la distinction qu’il propose entre des périodes normales et des périodes « anomales », « anormales », ou encore « extraordinaires » de la science. Le passage du modèle de Priestley à celui de Lavoisier, ou encore du modèle de Ptolémée à celui de Copernic, constituent des exemples de « périodes extraordinaires ». La science ne peut plus être normale, car son fonctionnement devient « défectueux » (1962, Ch. 8), eu égard au « paradigme » sur lequel elle repose. Des changements sont alors en mesure d’apparaître par des procédés qualitativement distincts de ceux qui sont à l’œuvre dans d’anciens paradigmes et ils engendrent souvent des « conflits » (1962, Ch. 8). Notre réflexion montre l’importance de deux énoncés fondamentaux pour comprendre la réflexion de Kuhn. Tout d’abord une théorie scientifique n’a pas véritablement de structure au sens de Ernst Nagel (1961), car elle constitue plutôt ce qu’il nomme : « une matrice disciplinaire ». Ensuite, nous proposons d’affirmer que s’il y a bien une « structure » des révolutions scientifiques, cela n’indique en rien que celles-ci sont nécessaires au sens logique, mais plutôt que l’on ne peut que rétrospectivement trouver des « raisons » qui justifient leur émergence. Et le critère épistémique susceptible de valider l’analyse qui rend compte de la présence de ces raisons ne peut donc être, ni la dérivation logique, ni la falsifiabilité.
Tout l’objectif de ce cours consiste à mieux cerner et isoler les caractéristiques propres à la p... more Tout l’objectif de ce cours consiste à mieux cerner et isoler les caractéristiques propres à la pensée humaine. Lorsque nous pensons à quelque chose, nous sommes en effet en même temps avertis que nous pensons. C’est ainsi que naît l’énigme de la conscience humaine. Nous supposons qu’il est impossible d’aborder correctement le fameux problème de la relation corps/esprit (mind/body problem) sans analyser de près cette énigme. Nous pensons en effet que nombre de spéculations sur la manière d’envisager ce problème dans un cadre dualiste, ou au contraire moniste, dans un cadre réductionniste ou au contraire holiste, tombent d’elles-mêmes, lorsque ce problème est formulé correctement. Dés que nous pensons, nous en sommes avertis. C’est dire, selon la formule célèbre proposée par Ryle, que notre pensée n’est pas seulement instrumentale, elle n’est pas seulement une fonction au service d’un système organique ou biologique. Nous ne nous contentons pas de savoir comment agir, nous savons que nous agissons. Cette différence entre savoir comment (knowing how) et savoir que (knowing that) est une autre manière de formuler dans des termes corrects le problème de la conscience.
Le problème de la complexité biologique abordé à partir de trois couples de notions:
mécanisme/vi... more Le problème de la complexité biologique abordé à partir de trois couples de notions: mécanisme/vitalisme réductionisme/holisme physicalisme/émergentisme
Cette introduction se concentre sur trois points:
- Comment passe-t-on dans l'Evolution créatrice... more Cette introduction se concentre sur trois points: - Comment passe-t-on dans l'Evolution créatrice de la durée vécue par la conscience à la durée présente dans l'univers? - Comment comprendre à travers ce passage les relations entre l'intuition et l'intelligence? - Comment interpréter la finitude de l'élan vital et à travers elle les relations entre la vie et la matière? Nous allons souligner derrière ces trois questions l'importance cruciale de la théorie des deux ordres qui contient toute la métaphysique de Bergson.
There never was such a thing as neo-Bergsonism in France, but there is still room today for Bergs... more There never was such a thing as neo-Bergsonism in France, but there is still room today for Bergsonian questions, even beyond the problems explicitly posed by Bergson. The aim of this workshop is to examine some of these questions by tracking "lines of facts" at the crossroads of philosophical inquiry and natural science. In order to delineate the prospects and limitations of an expanded Bergsonism-a creative metaphysics in keeping with contemporary sciences-, we shall focus on a few themes: the evolution of spacetime in contemporary physics and its impact on discussions of panspsychism, the difference in kind between physical and biological time, the paradoxical topicality of the idea of "élan vital" for apprehending life beyond organism, the possibility for philosophy to engage with science without necessarily turning into philosophy of science. Il n'y a jamais eu de néo-bergsonisme en France, mais il y a encore une place aujourd'hui pour des questions bergsoniennes, au-delà même des problèmes explicitement formulés par Bergson. Ces journées d'étude se proposent d'en examiner quelques-unes en suivant les « lignes de fait » au croisement de l'enquête philosophique et des sciences de la nature. Quelques grands thèmes seront plus particulièrement abordés pour dessiner les contours d'un bergsonisme élargi, redonnant une actualité à l'idée d'une métaphysique inventive, contemporaine des sciences : les reconfigurations de l'espace-temps dans la physique contemporaine et leurs répercussions sur la question du panpsychisme, l'idée d'une différence de nature entre le temps de la physique et le temps de la biologie, l'actualité paradoxale de la notion d'élan vital pour penser la vie au-delà de l'organisme, enfin la possibilité d'une philosophie qui travaille avec les sciences sans se faire pour cela philosophie des sciences. Papers and discussions will be carried out in French and English / Les langues de travail seront le français et l'anglais.
A few comments on a classic paper: “Dialectic and reductionism in ecology”.
Richard Levins, Rich... more A few comments on a classic paper: “Dialectic and reductionism in ecology”. Richard Levins, Richard Lewontin, Synthèse, 43 ( 1980 ) : 47-78 .
In his doctoral thesis, “L'individu et sa genèse physico-biologique”, Simondon proposes three phi... more In his doctoral thesis, “L'individu et sa genèse physico-biologique”, Simondon proposes three philosophical claims that are crucial, in my view. The first is that, in complex physical or biological systems, individuation is not simply the property of an individual, on the contrary, individuality is always the result of an individuation process. The second is that a biological individuated system has a specificity: it acts on its own theatre. The third one is that there must be some non-trivial recursive procedure, through which a physical individuated system can switch into a biological one. In this talk, I'm going to propose a philosophical modelling to develop this philosophical scheme more explicitly. It will enable me to characterize biological individuation as a second-order organisation, and to connect it directly with the two concepts of heteronomy and adaptability. I will show that, unlike physical individuation, biological individuation specifies itself. But it doesn't do it in a logic of maintenance, as proposed by Francisco Varela, who used a symbolism similar to mine. It does it in a logic of heteronomy and adaptability, the logic of life. Varela's model therefore appears to be a special case within a more general framework, which is the only way to understand how new constraints/standards/functions can emerge in a biological system, whether on an evolutionary, ontogenetic or behavioural level. Finally, to say that biological individuation is self-specifying is to say that it can be interpreted, and that we cannot understand how a biological system works if we remain fixated on a strictly causal mode of explanation, and on the search for mechanisms, as if it were a watch, a radiator or a computer. We fail to see that, through and by specific biological repair, immune and perceptive devices, it works in a world of signs, in such a way that biological organisation and cognition are always already coupled at the outset. It is only evolution that will gradually uncouple what has been coupled.
I will focus in this presentation on a new concept of responsibility emerging into French Law, th... more I will focus in this presentation on a new concept of responsibility emerging into French Law, these last years.
Je voudrais développer aujourd’hui trois idées.
Je voudrais d’abord analyser deux formes très di... more Je voudrais développer aujourd’hui trois idées. Je voudrais d’abord analyser deux formes très différentes de causalité en physique. Ensuite, je voudrais montrer que le temps physique n’est pas le temps biologique. Et je voudrais expliquer pourquoi. Je pense que le temps biologique n’est pas causal, au sens traditionnel du terme. Finalement, je vais analyser deux aspects de la temporalité biologique.
L’objectif est de mieux décrire cette relation de pouvoir que nous exerçons sur les générations f... more L’objectif est de mieux décrire cette relation de pouvoir que nous exerçons sur les générations futures et de nous interroger sur la nouvelle forme de responsabilité qu’elle fait naître. L’objectif c’est de dissocier une bonne manière d’exercer cette responsabilité, d’une mauvaise. C’est un objectif normatif.
Ce travail est une tentative pour relier les notions d’individuation et d’involution. Nous penson... more Ce travail est une tentative pour relier les notions d’individuation et d’involution. Nous pensons avec Simondon que l’individuation commence avec les systèmes physiques complexes. Nous pensons que la notion de système ouvert implique que l’on ne peut définir l’identité d’un système sans faire intervenir une condition d’hétérogénéité. Le système n’est ainsi défini que récursivement dans la relation avec son contexte, défini par les conditions aux bords. Cela signifie aussi que cette identité est forcément en même temps une recomposition, de telle sorte que la structure du système est en même temps le résultat de ses opérations. Nous nommons R1 la condition d’hétérogénéité et R2 le fait que le système soit résultat de ses opérations. Les opérations récursives qui marquent la naissance de tels opérateurs ne sont pas pour nous anodines, elles engagent ontologiquement. Elles marquent l’exigence d’introduire les notions d’incomplétude et de temporalité comme caractéristiques de l’analyse scientifique de tels systèmes. Nous interprétons alors la condition théorique qui nous fait passer de l’individuation physique à l’individuation biologique, comme le simple fait que les deux opérateurs R1 et R2 puissent être appliqués à eux-mêmes, en sorte que l’individuation soit indéfiniment retardée. Nous montrons le lien entre cette interprétation, les hypothèses d’England fondées sur une version étendue de la seconde loi de la thermodynamique permettant de relier irréversibilité et dissipation d’énergie, et enfin la notion de criticité étendue développée par Bailly, Longo et Montévil. Nous montrons que cette interprétation nous oblige à poser que le niveau le plus approprié pour comprendre l’individuation biologique n’est pas celui de l’organisme, mais celui de la biosphère. Nous montrons pour finir que l’une des principales conséquences de cette application consiste à comprendre le temps biologique comme une involution, autrement dit une évolution qui s’effondre en permanence sur elle-même, de sorte qu’elle ne peut être ressaisie qu’en articulant un principe d’hérédité, et un principe d’horizontalité ou d’alliance. Voilà pourquoi elle ne peut pas prendre la simple forme d’un arbre ou de plusieurs arbres disposés côte à côte.
Compte rendu de lecture : « L'appât des possibles », le dernier ouvrage de Didier Debaise est bie... more Compte rendu de lecture : « L'appât des possibles », le dernier ouvrage de Didier Debaise est bien une « reprise » de Whitehead. Ce n'est pas un simple commentaire universitaire, c'est une lecture avec un angle. Elle met en relief les ouvrages du philosophe anglais. Tout commence avec le problème de « la bifurcation de la nature ». Il faut comprendre la bifurcation comme un geste cosmique de différenciation, une « opération », ou encore une procédure. Ce geste n'est pas simplement anthropologique, même si c'est à travers lui que se développe l'expérience humaine « moderne » de la nature. C'est à travers ce geste pourtant essentiellement local que l'expérience humaine sort d'une simple vision subjective du réel, pour lui substituer une vision nourrie et construite par le recours à l'abstraction. Elle n'est plus ainsi simplement empirique. Par la distinction entre qualités premières et qualités secondes, elle devient théorique. Et Ulysse commence à dénouer les liens qui l'attachent au monde des sirènes. C'est un geste de dissociation et non pas d'association. Il est commandé par la nature elle-même, dans l'effort que fait en même temps l'humain pour se retourner vers elle. C'est par lui, que la science fait de la nature un faisceau d'événements qu'il faut comprendre d'abord dans sa localité, au sens d'abord newtonien, puis einsteinien des référentiels propres, mais aussi dans sa temporalité et finalement, dans « ses corrélations objectives ». Un événement a lieu, il persiste, il est corrélé à d'autres événements. Pourtant dire que ce geste est déjà cosmique, c'est s'interdire de comprendre la nature comme un simple ensemble de phénomènes. Il faut aller plus loin et le livre de Debaise commence par marquer le tournant métaphysique et spéculatif qui se développe dans la pensée de Whitehead, notamment dans Procès et réalité. Mais il s'engage en même temps vers une compréhension nouvelle de la relation entre « objets éternels » et « entités actuelles », dans une approche fondée sur le concept qui lui est propre de « maniérisme universel ». On pourrait réduire la métaphysique de Whitehead à l'exigence de comprendre et de ressaisir l'actuel à partir d'une grammaire des possibles. Les objets éternels seraient alors ces possibles, lointains héritiers des formes platoniciennes. Au fond tout se résoudrait ainsi au niveau d'une sémantique des mondes possibles. On sait à quel point cette idée, de source leibnizienne, a une fortune dans la métaphysique analytique contemporaine. Ce n'est pourtant pas du tout la direction prise par Debaise. Les objets éternels deviennent au contraire des « potentiels » marqués du « sceau de la contingence ». Ils sont toujours envisagés du point de vue de leur préhension. Il sont sentis dans la nature comme tels, et finalement dans la nature primordiale de Dieu qui est lui-même une entité actuelle. Pour citer le philosophe anglais lui-même, en même temps que premier, Dieu est aussi conséquent, et « le monde réagit en retour » sur lui. De ce fait, les entités actuelles ne sont plus des monades spirituelles atemporelles. Elles deviennent au contraire processuelles. Non plus simplement des êtres subjectifs ou des mondes, mais des manières d'être. Nous interprétons la lecture de Debaise au sens d'un accent mis sur le pluralisme ontologique. C'est ce pluralisme finalement qui nourrit la contingence des objets éternels, et non pas simplement leur caractère intrinsèquement virtuel. Ce n'est pas le concept de monde, mais plutôt celui de monde fini, qu'il faut penser rigoureusement dans cette ontologie du superjet. Il n'y a pas besoin de dualisme métaphysique pour l'introduire. En un certain sens, on pourrait dire que l'objet éternel n'est que le résultat du fait non empirique, du fait hautement spéculatif selon lequel l'entité actuelle n'est qu'une manière. On voit en elle tout le passé de l'univers depuis son présent, mais non pas son futur. Et l'univers n'est à chaque fois que cet univers. Cette direction de pensée nous semble productive. Elle nous permet de comparer entre elles les métaphysiques de Bergson et de Whitehead, d'une manière non artificielle et non englobante. Le geste métaphysique, dans sa compréhension cosmique devient alors une intensification de l'expérience. Et cette intensification n'est pas obtenue simplement par la science. Il faut aller au-delà de la bifurcation pour la trouver. Il faut un troisième oeil. L'oeil du savant ne suffit pas. Il faut un maniérisme, une cosmétique des mondes qui ne peut se réduire à une théorie de l'univers et qui met l'accent sur la dimension expressive de la nature. Voilà pourquoi l'approche du philosophe se nourrit de nouvelles abstractions, qui ne sont pas seulement celles à l'oeuvre dans une théorie scientifique. C'est assez dire que l'ouvrage de Debaise, apparaît clairement pour nous au coeur des débats contemporains sur l'exigence de penser une métaphysique de la nature, au delà de la bifurcation, mais aussi du durcissement de la bifurcation sous la forme d'une double réduction et d'un double réductionnisme dont la pensée contemporaine a besoin de sortir. Il y a la réduction idéaliste qui voudrait retrouver le sens du réel à partir du monde de la conscience, et il y a la réduction scientiste qui voudrait réduire d'une manière ou d'une autre la métaphysique au langage et aux méthodes de la science. L'oeil du savant a du poids et l'expérience scientifique n'est pas un simple artifice. Mais il ne
Une version modifiée sera publiée aux Editions Mimesis., 2023
Je voudrais insister aujourd’hui sur un dispositif fondamental qui est à l’œuvre dans la pensée b... more Je voudrais insister aujourd’hui sur un dispositif fondamental qui est à l’œuvre dans la pensée bergsonienne du devenir : c’est le schème conceptuel « actuel/virtuel ». C’est Gilles Deleuze qui a montré l’importance de ce couple dans la pensée de Bergson, et il faut lui rendre hommage. Mais en même temps mon objectif est de regarder comment il fonctionne dans le texte de Bergson, et non pas simplement dans la lecture de Deleuze. Pour l’introduire ici, je voudrais insister sur un point. Penser le réel pour Bergson, c’est penser le réel directement. Par l’intuition. Pas par la spéculation. Pas de pensée du réel qui ne soit en même temps une expérience du réel. Mais l’expérience du réel peut-elle simplement être une expérience de la durée vécue par la conscience ? Pourrait-on donc écrire, par exemple :
(1) Le devenir = Le devenir de la durée vécue par la conscience ?
Cette proposition (1) est un contresens complet sur la philosophie de Bergson. On la voit pourtant couramment employée dans la littérature qui s’y réfère, notamment la littérature analytique. Et le dispositif conceptuel « virtuel/actuel » mis en place dans Matière et mémoire nous permet vraiment déjà de comprendre pourquoi une pensée du devenir requiert un élargissement de l’expérience qui ne peut pas se limiter au point de vue de la conscience. Il sera complété ensuite, dans L’évolution créatrice, par « la théorie des deux ordres ». Ce sont là pour moi les deux dispositifs centraux, les deux schèmes d’une pensée intuitive du devenir qui sont aussi l’apport principal de la métaphysique bergsonienne.
Giuseppe Bianco, Charles T. Wolfe, Gertrudis Van de Vijver (Editors) Canguilhem and Continental Philosophy of Biology Springer, HPTLS series, forthcoming December 2022, 2022
This article focuses on two philosophical assumptions. According to the first one, biological nor... more This article focuses on two philosophical assumptions. According to the first one, biological normativity is not an irreducible property of the living, but rather the living is the historical result of its normative activity. There is therefore a logic of life at work in every living organism that makes it a subject and an agent. It is not the fact that it is already a subject that explains the presence of this logic. It is therefore not impossible to naturalise biological normativity, even if this concept proposed by Georges Canguilhem makes us bifurcate from a world of facts to a world of values. According to the second, we need to extend the concept of operational closure (Varela, 1989) in order to naturalise biological normativity. We propose a new way of writing it that takes into account the fact that architectural constraints (φ 1 φ 2) are always at stake in a biological system. By such constraints, we can predict the presence of specific propulsive and repulsive devices in every organism, by which its organisation can be constantly rebuilt, and through which biological disruption can also be amplified.
A modified version will appear in A. Campo, S. Gozzano (eds.). Einstein vs. Bergson: an Enduring Quarrel of Time, De Gruyter, Berlin , 2021
In this paper, we will insist on four points.
First, Bergson’s philosophy is a metaphysics of du... more In this paper, we will insist on four points. First, Bergson’s philosophy is a metaphysics of duration, based on a lived experience that is called “intuition” (1934, 28-29). Metaphysics cannot be pure speculation. It means that, contrary to Kant’s philosophy, we can have a direct experience of the reality as such (Ding an sich), because we are considered as an active part of it, and not simply hierarchically included in it. The world is also our world, the real is also our lived participation to the reality. As duration, the real is not separated from us, as some kind of first unmoved engine, or some kind of absent divinity. Second, intuition is the very “method” of philosophy (1934, 63; Deleuze 1968), and Bergson draws a clear distinction between philosophy and science. However, science has also an experience of reality. When science is not speculating, it moves in the “absolute” of matter (1934, 33, 43; 1907, 200). Bergson’s metaphysics (1907, 192) follows a dual approach of reality based on two perspectives, coming from philosophy and from science. Unlike all classical metaphysics from Plato to Heidegger, there is no hierarchical privilege attributed to metaphysics on science. Thirdly, metaphysics is the experience of time, but through this experience we are not locked into the world of our subjective consciousness. We are also elements of the material universe in which our body is included. This experience of inclusion is also an ontological one, meaning that our mind is open to another world than the world of consciousness. But this experience of the material world is coming from science, because science is “life looking outward, putting itself outside itself” (1907, 162). It cannot be directly described by philosophy. Four, duration is certainly not simply lived by our consciousness, as some kind of correlate of our subjective intentionality. Such a statement would be a complete misunderstanding of Bergson’s philosophy (Deleuze, 1968, Worms 2006, Miquel 2007, Ansell-Pearson, 2018), since duration is also present as becoming, into the material universe. To be more explicit, duration is not simply a psychological human property, it is also a cosmic one.
Le dernier ouvrage de Bergson s'intitule : Les deux sources de la morale et de la religion. Il s'... more Le dernier ouvrage de Bergson s'intitule : Les deux sources de la morale et de la religion. Il s'agit de remonter d'abord à la racine de la morale, qui a pour fondement la vie sociale et même « la vie en général » (Bergson 1959d, 287). La vie est en effet elle-même « une discipline exigée par la nature », et toute morale, « pression ou aspiration, est d'essence biologique » (Bergson 1959d, 104), pourvu que l'on donne au mot de « biologie » son « sens purement compréhensif » qui ne renvoie pas qu'à la connaissance du vivant, mais bien à la métaphysique de « l'élan vital ». Mais ce premier effort ne suffit pas. Il faut également remonter jusqu'à la racine de toute religion (Bergson 1959d 266), c'est-à-dire jusqu'au « mysticisme ». Celui-ci n'est pourtant pas simplement « une plus grande ardeur de la foi », « une forme imaginative ». Il puise son contenu original « à la source », c'est-à-dire dans « l'élément » du religieux lui-même (Bergson 1959d 101). Quelle est cette source, indépendante de « la tradition », « la théologie », « l'Eglise » ? Nous montrerons que « l'élément spécifiquement religieux » n'est pas la religion comme doctrine, mais il n'est pas non plus la métaphysique de l'élan vital comme doctrine. Une doctrine est toujours pour Bergson une théorie, un ensemble d'idées qui nous écartent d'une expérience qui est ici celle « d'un vouloir » (Bergson 1959d, 266), d'une volonté. Si cette expérience du religieux nous fait « dépasser les conclusions de L'évolution créatrice » (Bergson 1959d, 272), c'est selon nous en un sens très précis. Elle apparaît en effet comme un dépassement « du » métaphysique dans « le » politique. Telle est en tout cas l'hypothèse de lecture que nous proposerons.
in ‘Déterminismes et complexités : du physique à l’éthique. Autour d’Henri Atlan’ La découverte,, 2008
Je vais tenter de dégager des éléments philosophiques pour penser le problème épistémologique de ... more Je vais tenter de dégager des éléments philosophiques pour penser le problème épistémologique de l’émergence à la fois sur le terrain de la biologie expérimentale et sur celui de la biologie théorique. Ainsi s’explique qu’au voisinage de cette notion apparaissent également les concepts de « complexité » et de « sophistication ». Est-il besoin d’ajouter que ce dernier terme est une invention d’Henri Atlan, et que c’est autour de son travail que ma réflexion va s’organiser ?
Par-delà leurs différences, Nietzsche, Bergson et Dewey accordent une importance stratégique maje... more Par-delà leurs différences, Nietzsche, Bergson et Dewey accordent une importance stratégique majeure à l’évolution du vivant. Très tôt, ils cherchent à exploiter l’ensemble des potentialités qui pourraient découler de la révolution darwinienne. Sans hésiter à intervenir et à prendre parti dans les débats biologiques de leur temps, ils s’appuient sur ceux-ci pour nourrir leurs propres entreprises philosophiques. L’évolution des espèces devient chez eux le moyen de repenser celle de la réalité dans son ensemble, d’initier de nouvelles relations aux sciences, de restaurer la force de proposition de la philosophie et de mettre celle-ci au service de l’action et de l’expérimentation. C’est cette double relation – dialogue avec le darwinisme et les sciences du vivant, usages philosophiques de l’évolution biologique – que les contributions qui forment cet ouvrage se proposent d’explorer.
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Papers by Paul-Antoine Miquel
Un faisceau d’indices convergents montre que la question des origines du Covid reste une énigme scientifique aujourd’hui. Un faisceau d’indices convergents montre que l’exigence de prendre au sérieux cette question a été étouffée politiquement depuis deux ans en de multiples lieux et de multiples manières. Il est temps que ça cesse.
We propose a simulation of the emergence of life in Earth by a mapping (R) through which (R1R2) operators are applied to themselves, so that: RN = (R1R2)N. We suggest that under specific thermodynamic (open systems out of equilibrium) and chemical conditions (autocatalysis, kinetic dynamic stability), this mapping can go up to a limit characterized by a fixed-point equation: R = 12 R. In this equation (1) symbolizes a regime of permanent resonance characterizing the biosphere, as open from inside, by the recursive differential relation between the biosphere and all its holobionts. As such the biosphere is closed on itself as a pure differential entity. (2) symbolizes the regime of permanent change characterizing the emergence of evolution in the biosphere. As such the biosphere is closed on itself, by the principle of descent with modifications, and by the fact that every holobiont evolves in a niche, while evolving with it.
Notre réflexion montrera l’importance de deux énoncés fondamentaux pour comprendre la réflexion de Kuhn. Tout d’abord, une théorie scientifique n’a pas véritablement de structure au sens où l’entend Ernest Nagel (1961), car elle constitue plutôt ce que Kuhn nomme « une matrice disciplinaire ». Ensuite, nous proposons d’affirmer que s’il y a bien une « structure » des révolutions scientifiques, cela n’indique en rien que celles-ci sont nécessaires au sens logique, mais plutôt que l’on ne peut que rétros- pectivement trouver des « raisons » qui justifient leur émergence. Et le critère épistémique susceptible de valider l’ana- lyse qui rend compte de la présence de ces raisons ne peut donc être ni la dériva- tion logique ni la falsifiabilité.
L'objectif de ce travail est d'étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de Stanislas Lem et une hypothèse scientifique énoncée dans un style très inhabituel et en un sens pourtant propre à notre époque : l'hypothèse Gaïa de James Lovelock (1979). Nous voudrions faire apparaitre l'idée que la science-fiction est une sorte de cas-limite, un réactif qui renouvelle la fonction esthétique. Et nous voudrions montrer pourquoi ce qui rapproche Gaïa de Solaris engage la recherche scientifique dans des directions qui sont nouvelles, au niveau heuristique, méthod-ologique et même ontologique.
However, “biopower” is not simply “power”. It is an “extension” of it. In La volonté de Savoir, Foucault tries to understand how biopower will organise a human social network, in which biological constraints are “reflected” by political ones. Human species is not simply the expression of a natural kind, but also the result of a social and of a political construction. This paper analyses this important change in Foucault’s philosophy of power.
Plutôt que de nous demander ici seulement comment cette irruption du corps propre transforme le droit, nous allons surtout nous interroger sur la manière dont elle transforme l’éthique et sur la manière dont elle nous oblige à repenser les relations entre l’éthique et le juridique.
Un faisceau d’indices convergents montre que la question des origines du Covid reste une énigme scientifique aujourd’hui. Un faisceau d’indices convergents montre que l’exigence de prendre au sérieux cette question a été étouffée politiquement depuis deux ans en de multiples lieux et de multiples manières. Il est temps que ça cesse.
We propose a simulation of the emergence of life in Earth by a mapping (R) through which (R1R2) operators are applied to themselves, so that: RN = (R1R2)N. We suggest that under specific thermodynamic (open systems out of equilibrium) and chemical conditions (autocatalysis, kinetic dynamic stability), this mapping can go up to a limit characterized by a fixed-point equation: R = 12 R. In this equation (1) symbolizes a regime of permanent resonance characterizing the biosphere, as open from inside, by the recursive differential relation between the biosphere and all its holobionts. As such the biosphere is closed on itself as a pure differential entity. (2) symbolizes the regime of permanent change characterizing the emergence of evolution in the biosphere. As such the biosphere is closed on itself, by the principle of descent with modifications, and by the fact that every holobiont evolves in a niche, while evolving with it.
Notre réflexion montrera l’importance de deux énoncés fondamentaux pour comprendre la réflexion de Kuhn. Tout d’abord, une théorie scientifique n’a pas véritablement de structure au sens où l’entend Ernest Nagel (1961), car elle constitue plutôt ce que Kuhn nomme « une matrice disciplinaire ». Ensuite, nous proposons d’affirmer que s’il y a bien une « structure » des révolutions scientifiques, cela n’indique en rien que celles-ci sont nécessaires au sens logique, mais plutôt que l’on ne peut que rétros- pectivement trouver des « raisons » qui justifient leur émergence. Et le critère épistémique susceptible de valider l’ana- lyse qui rend compte de la présence de ces raisons ne peut donc être ni la dériva- tion logique ni la falsifiabilité.
L'objectif de ce travail est d'étudier la relation entre un texte de science-fiction célèbre de Stanislas Lem et une hypothèse scientifique énoncée dans un style très inhabituel et en un sens pourtant propre à notre époque : l'hypothèse Gaïa de James Lovelock (1979). Nous voudrions faire apparaitre l'idée que la science-fiction est une sorte de cas-limite, un réactif qui renouvelle la fonction esthétique. Et nous voudrions montrer pourquoi ce qui rapproche Gaïa de Solaris engage la recherche scientifique dans des directions qui sont nouvelles, au niveau heuristique, méthod-ologique et même ontologique.
However, “biopower” is not simply “power”. It is an “extension” of it. In La volonté de Savoir, Foucault tries to understand how biopower will organise a human social network, in which biological constraints are “reflected” by political ones. Human species is not simply the expression of a natural kind, but also the result of a social and of a political construction. This paper analyses this important change in Foucault’s philosophy of power.
Plutôt que de nous demander ici seulement comment cette irruption du corps propre transforme le droit, nous allons surtout nous interroger sur la manière dont elle transforme l’éthique et sur la manière dont elle nous oblige à repenser les relations entre l’éthique et le juridique.
http://www.parrhesiajournal.org/parrhesia33/parrhesia33_during-miquel.pdf
The Kyoto Manifesto (2015) has already been published in French in Dissertatio, revista de filosofia - volume suplementar 4, dossiê Bergson, 2016, and in Japanese in S. Abiko, H. Fujita, Hisashi & Y. Hirai (eds), The Anatomy of Matter and Memory: Bergson and Contemporary Theories of Perception, Mind and Time, Tokyo, Shoshi Shinsui, 2016.
Par cette expérience en effet, en un sens nous restons en nous. Les choses extérieures sont là. Elles habitent nos pensées. La table est bien littéralement telle que je la vois. Et pourtant elles ne sont pas en nous, elles sont dans un autre monde que celui de nos pensées, un monde dont celles-ci deviennent à leur tour prisonnières. Et la table que je voyais si bien devient d’un seul coup absolument invisible, aussi invisible que ce stylo que j’ai enfermé dans une trousse, et même plus. Je peux faire sortir le stylo. Mais je ne peux jamais supprimer cette invisibilité de la table.
C’est de ce mouvement de bascule que nous allons tenter de produire l’analyse, dans cet essai. Comment pouvons-nous donc être à la fois dans et hors de notre bulle ? Comment notre pensée peut-elle brutalement se retrouver prisonnière, naturalisée dans un monde qui n’est pas le sien, alors que juste auparavant, nous étions persuadés au contraire que c’est le monde matériel qui habitait notre pensée, comme un captif couvert de chaînes d’or ?
Forthcoming in in S. Abiko, H. Fujita, Hisashi & Y. Hirai (eds), The Anatomy of Matter and Memory: Bergson and Contemporary Theories of Perception, Mind and Time, Tokyo, Shoshi Shinsui, 2016.
Ensuite nous allons aborder sous un certain angle la question de la relation entre l’humain et la biosphère. Nous allons concevoir l’humain de manière différentielle comme un nœud de relations avec les autres êtres vivants, et les conditions abiotiques. C’est dans cette perspective que nous allons aborder la question de sa triple responsabilité vis-à-vis de la manière dont il sculpte les caractéristiques biologiques des générations futures, vis-à-vis de la manière dont il met en danger leur existence, et finalement de la manière dont il met en danger l’existence future de la biosphère elle-même. Nous nommerons cette triple responsabilité : « Prométhée ». Au sujet de Prométhée, notre ambition est de formuler un nouvel impératif éthique : agis de telle sorte que tu prennes en compte les devoirs que tu as vis-à-vis de générations futures et de la biosphère, comme si elles pouvaient revendiquer des droits. Dans cet impératif, le temps se met d'un seul coup à fonctionner à l'envers et les générations futures peuvent se mettre à parler. L'impératif responsabilité fait donc intervenir des interlocuteurs virtuels.
Nous montrons les conséquences que l’application d’un tel impératif peut avoir sur 7 points fondamentaux : croissance démographique exponentielle depuis 50 ans ; taux de disparition des espèces multiplié par cent depuis 1900 et destruction des milieux naturels ; non renouvellement des ressources naturelles ; réchauffement climatique, dont au moins une partie est anthropique ; accroissement des inégalités sociales, et concentration du capital dans des grandes entreprises mondiales ; croissance disruptive du développement bio- technologique (plus ce développement augmente, et moins il y a de contrôle théorique et scientifique sur ce qui se développe) ; instabilité politique internationale conjuguée à la prolifération nucléaire. Si on suit notre impératif, aucune de ces questions ne peut plus être laissée sous la seule responsabilité de la main invisible des tenants d’une économie libérale. Elles sont à présent sous le rétrocontrôle virtuel des générations futures et de la biosphère qui revendiquent leurs droits à travers nous.
Paul-Antoine Miquel Vénus et Prométhée. Essai sur la relation entre l’humain et la biosphère
«C’est en 1979 que l’ingénieur anglais James Lovelock publie Gaia : A New Look of Life on Earth.» L’ouvrage fut assez mal reçu par la communauté scientifique, mais les idées qu’il contenait ont cheminé toutes seules, et fait qu’on se demande si la «mère nourricière», la Terre, «est là pour maintenir les meilleures conditions possibles d’existence pour la biosphère», si Gaïa, divinité chtonienne, est un«super organisme» ou une «entité mixte», à la fois Terre et Biosphère. Philosophe et épistémologue, professeur à l’université de Toulouse-le Mirail, Paul-Antoine Miquel prend au sérieux l’idée que «la biosphère contrôle au moins partiellement la stabilité des paramètres géophysiques et géochimiques qui rendent possible son existence »(d’où : «que l’on change de quelques degrés le pourcentage d’oxygène dans l’atmosphère et toutes les forêts vont brûler…»). Mais il soutient que la Biosphère n’est pas la Terre et n’est pas non plus un Organisme, en introduisant «Vénus», qui vient de Gaïa, «sa coquille», de sorte à faire apparaître la figure originale de la «totalité ouverte». L’aboutissement est un «nouvel impératif éthique», qui sonne comme celui que proposait Hans Jonas : «Agis de telle sorte que tu prennes en compte les devoirs que tu as vis-à-vis de générations futures et de la biosphère, comme si elles pouvaient revendiquer des droits». R.M.
Dans le prolongement de la réflexion que je mène depuis quelques années, ce livre tente de lever ce paradoxe en défendant les principes d’une « approche physique étendue » du vital qui rejette pourtant toute forme de métaphysique physicaliste, celle qui nous laisse croire qu’on peut tirer de la science ces deux affirmations ahurissantes: « le monde physique est complet » et « il est clôturé causalement »
Le second problème est le passage d’un système physique auto-organisé du type « transition de phase » à un système biologique. L'hypothèse de l'auteur est que ce dernier n’est pas seulement soumis à certaines contraintes qui rendent sa structure causale ouverte et agentive. Il forme un monde de contraintes qui se dédouble de sa structure causale et dont la structure normative est elle-même ouverte et agentive. C’est ainsi que le problème du redoublement d’immanence d’abord aperçu du point de vue des expériences que peut faire la conscience, apparaît désormais à l’intérieur des systèmes que la pensée théorique du savant analyse.
Revue de Presse:
« La notion de « nature » perd aussitôt son évidence si l’on s’interroge sur le mode dont les choses extérieures existent par elles-mêmes, indépendamment des sensations et de la pensée par lesquels l’homme le saisit, ou du processus d’objectivation que la science réalise. Les choses matérielles habitent-elles nos pensées ou un « autre monde » dont la pensée serait prisonnière ? C’est ici une analyse philosophique très fine de la complexité physique, des systèmes biologiques, de la transition du physique au biologique. »
Robert Maggiori - Libération - 1e Janvier 2016
L’attracteur de Lorentz que nous avons dessiné, n’est rien d’autre qu’une boule de neige un peu sophistiquée qui se transforme en papillon au cours du temps et pour certaines valeurs des paramètres de contrôle définissant les équations qui décrivent la dynamique du système. Le schème temporel central pour comprendre cela n’est autre que le schème de la succession.
Ce schème n’est pas adapté au vivant, tout simplement. Il n’est pas adapté à la biosphère. Avec la vie, la temporalité fait des boucles ! Il faut accepter la présence non seulement de boucles spatiales, mais de boucles temporelles. Qu’est-ce qu’une boucle temporelle ? C’est le fait qu’en même temps qu’un système agit dans la succession, il simule aussi son action. Il crée une temporalité de la simulation qui se dédouble de la temporalité de l’action. Comment un tel étrange phénomène peut-il donc se produire, cela passe par deux étapes que les philosophes ont identifiées depuis longtemps : la rétention et la pro-tension.
Ensuite c’est Gilbert Simondon qui constitue ma principale source d’inspiration. Ou plutôt un croisement à la fois temporel et interdisciplinaire, entre Simondon, Schrödinger, et les hypothèses de certains membres de mon groupe de travail à propos de ce qu’ils nomment « la criticité étendue » (Longo/Montévil), terme dont Bailly et Longo étaient les deux inspirateurs, dans leur ouvrage de 2006 (Mathématiques et sciences de la nature/ La singularité physique du vivant).
Dés que nous pensons, nous en sommes avertis. C’est dire, selon la formule célèbre proposée par Ryle, que notre pensée n’est pas seulement instrumentale, elle n’est pas seulement une fonction au service d’un système organique ou biologique. Nous ne nous contentons pas de savoir comment agir, nous savons que nous agissons. Cette différence entre savoir comment (knowing how) et savoir que (knowing that) est une autre manière de formuler dans des termes corrects le problème de la conscience.
mécanisme/vitalisme
réductionisme/holisme
physicalisme/émergentisme
- Comment passe-t-on dans l'Evolution créatrice de la durée vécue par la conscience à la durée présente dans l'univers?
- Comment comprendre à travers ce passage les relations entre l'intuition et l'intelligence?
- Comment interpréter la finitude de l'élan vital et à travers elle les relations entre la vie et la matière?
Nous allons souligner derrière ces trois questions l'importance cruciale de la théorie des deux ordres qui contient toute la métaphysique de Bergson.
Richard Levins, Richard Lewontin, Synthèse, 43 ( 1980 ) : 47-78 .
In this talk, I'm going to propose a philosophical modelling to develop this philosophical scheme more explicitly. It will enable me to characterize biological individuation as a second-order organisation, and to connect it directly with the two concepts of heteronomy and adaptability. I will show that, unlike physical individuation, biological individuation specifies itself. But it doesn't do it in a logic of maintenance, as proposed by Francisco Varela, who used a symbolism similar to mine. It does it in a logic of heteronomy and adaptability, the logic of life. Varela's model therefore appears to be a special case within a more general framework, which is the only way to understand how new constraints/standards/functions can emerge in a biological system, whether on an evolutionary, ontogenetic or behavioural level.
Finally, to say that biological individuation is self-specifying is to say that it can be interpreted, and that we cannot understand how a biological system works if we remain fixated on a strictly causal mode of explanation, and on the search for mechanisms, as if it were a watch, a radiator or a computer. We fail to see that, through and by specific biological repair, immune and perceptive devices, it works in a world of signs, in such a way that biological organisation and cognition are always already coupled at the outset. It is only evolution that will gradually uncouple what has been coupled.
Je voudrais d’abord analyser deux formes très différentes de causalité en physique.
Ensuite, je voudrais montrer que le temps physique n’est pas le temps biologique. Et je voudrais expliquer pourquoi. Je pense que le temps biologique n’est pas causal, au sens traditionnel du terme.
Finalement, je vais analyser deux aspects de la temporalité biologique.
L’objectif c’est de dissocier une bonne manière d’exercer cette responsabilité, d’une mauvaise. C’est un objectif normatif.
Nous interprétons alors la condition théorique qui nous fait passer de l’individuation physique à l’individuation biologique, comme le simple fait que les deux opérateurs R1 et R2 puissent être appliqués à eux-mêmes, en sorte que l’individuation soit indéfiniment retardée. Nous montrons le lien entre cette interprétation, les hypothèses d’England fondées sur une version étendue de la seconde loi de la thermodynamique permettant de relier irréversibilité et dissipation d’énergie, et enfin la notion de criticité étendue développée par Bailly, Longo et Montévil. Nous montrons que cette interprétation nous oblige à poser que le niveau le plus approprié pour comprendre l’individuation biologique n’est pas celui de l’organisme, mais celui de la biosphère. Nous montrons pour finir que l’une des principales conséquences de cette application consiste à comprendre le temps biologique comme une involution, autrement dit une évolution qui s’effondre en permanence sur elle-même, de sorte qu’elle ne peut être ressaisie qu’en articulant un principe d’hérédité, et un principe d’horizontalité ou d’alliance. Voilà pourquoi elle ne peut pas prendre la simple forme d’un arbre ou de plusieurs arbres disposés côte à côte.
Pour l’introduire ici, je voudrais insister sur un point. Penser le réel pour Bergson, c’est penser le réel directement. Par l’intuition. Pas par la spéculation. Pas de pensée du réel qui ne soit en même temps une expérience du réel. Mais l’expérience du réel peut-elle simplement être une expérience de la durée vécue par la conscience ? Pourrait-on donc écrire, par exemple :
(1) Le devenir = Le devenir de la durée vécue par la conscience ?
Cette proposition (1) est un contresens complet sur la philosophie de Bergson. On la voit pourtant couramment employée dans la littérature qui s’y réfère, notamment la littérature analytique. Et le dispositif conceptuel « virtuel/actuel » mis en place dans Matière et mémoire nous permet vraiment déjà de comprendre pourquoi une pensée du devenir requiert un élargissement de l’expérience qui ne peut pas se limiter au point de vue de la conscience. Il sera complété ensuite, dans L’évolution créatrice, par « la théorie des deux ordres ». Ce sont là pour moi les deux dispositifs centraux, les deux schèmes d’une pensée intuitive du devenir qui sont aussi l’apport principal de la métaphysique bergsonienne.
First, Bergson’s philosophy is a metaphysics of duration, based on a lived experience that is called “intuition” (1934, 28-29). Metaphysics cannot be pure speculation. It means that, contrary to Kant’s philosophy, we can have a direct experience of the reality as such (Ding an sich), because we are considered as an active part of it, and not simply hierarchically included in it. The world is also our world, the real is also our lived participation to the reality. As duration, the real is not separated from us, as some kind of first unmoved engine, or some kind of absent divinity.
Second, intuition is the very “method” of philosophy (1934, 63; Deleuze 1968), and Bergson draws a clear distinction between philosophy and science. However, science has also an experience of reality. When science is not speculating, it moves in the “absolute” of matter (1934, 33, 43; 1907, 200). Bergson’s metaphysics (1907, 192) follows a dual approach of reality based on two perspectives, coming from philosophy and from science. Unlike all classical metaphysics from Plato to Heidegger, there is no hierarchical privilege attributed to metaphysics on science.
Thirdly, metaphysics is the experience of time, but through this experience we are not locked into the world of our subjective consciousness. We are also elements of the material universe in which our body is included. This experience of inclusion is also an ontological one, meaning that our mind is open to another world than the world of consciousness. But this experience of the material world is coming from science, because science is “life looking outward, putting itself outside itself” (1907, 162). It cannot be directly described by philosophy.
Four, duration is certainly not simply lived by our consciousness, as some kind of correlate of our subjective intentionality. Such a statement would be a complete misunderstanding of Bergson’s philosophy (Deleuze, 1968, Worms 2006, Miquel 2007, Ansell-Pearson, 2018), since duration is also present as becoming, into the material universe. To be more explicit, duration is not simply a psychological human property, it is also a cosmic one.