Lorella Abenavoli

Le son s'est affirme depuis un siecle comme materiau des artistes plasticiens grâce aux techniques d'enregistrement d'abord analogiques puis numeriques. Depuis les annees 1920, avec l'arrivee du son optique, et de facon plus decisive a partir des annees 1960, de nombreux artistes, d'abord dans le domaine de la musique puis dans celui des arts audio, ont utilise le son afin de reveler certains phenomenes physiques comme source de leurs œuvres. Par ailleurs, depuis les annees 1990, parmi les nouvelles disciplines de recherche, correlatives du developpement de l'informatique et de l'audio-numerique, on peut identifier le developpement d'un vaste domaine qui utilise le son a des fins de « visualisation » de phenomenes physiques ou de donnees abstraites non sonores. Ce domaine de recherche s'appelle la sonification. La sonification au quotidien se retrouve dans toutes nos interfaces numeriques sous la forme d'alertes ou d'alarmes ou encore en m...

« In carrying out this project, I first experimented aboard a 300-meter-long container-carrier ship, the MSC Ilona, during a voyage from Charleston (United States) to Antwerp (Belgium). During this crossing, miniscule vibrations marked time with the engines. Following the undulations of the sea, the rolling of the ship caused the containers to creak. The audio-visual installation, which is based on this period of data collection, was created from recordings made directly from the boat. In other words, the work is composed of sound textures, filmed images ─ reflecting variations in the horizon ─ and physically perceptible vibrations, all producing the same experience: that of movement. Evoking an immense and sublime environment, CARGO attempts to give substance to the intangible. » - Librairie Formats' website.

La ressemblance par contact de Georges Didi-Huberman entreprend une archéologie de l’empreinte comme geste fondateur de l’image et comme paradigme de la forme en art. On envisage à notre tour une pratique du sonore comme naissant elle aussi du processus et des procédures de l’empreinte. L’analyse des techniques de captation et d’enregistrement révèle ce qui survit de cette pratique archaïque dans les dispositifs des arts audio, et pose les bases d’un questionnement du sonore électronique et numérique comme art de l’image. Cet article fut rédigé au début de la recherche doctorale de l'auteure et il pose ainsi, bien qu'encore imparfaitement, une des intuitions fortes de sa thèse soutenue en février 2017 et intitulée : Le son plastique : empreindre le flux et l'inouï. Sonification et audification dans les pratiques installatives (2017).

Désir, synesthésie et pulsion scopique fondent cette oeuvre minimaliste de Mary Sherman qui demande « What if you could hear a painting? ». La peinture est le coeur palpitant de cette installation qui, pourtant, se manifeste par le son qui inonde l’espace. C'est ce continuum, mis en
oeuvre techniquement, entre perception visuelle et perception auditive qui fait l’objet de cet article. On se penchera plus précisément sur l’audification, qui est une des catégories taxonomiques
de la sonification, qui ici atomise acoustiquement la peinture dans la
galerie en venant toucher notre corps tout entier.