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1 2 TABLE DES MATIERES SECTION I :........................................................................................................................................ 4 DONNÉES ADMINISTRATIVES ............................................................................................... 4 SECTION II ........................................................................................................................................ 5 RÉSULTATS SCIENTIFIQUES .................................................................................................... 5 1. LE SITE ...................................................................................................................................... 5 2. LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION ....................................................................................... 16 3. DIFFICULTÉS ET MÉTHODOLOGIE (DAHIA SADAOUI) ........................................................ 17 4. RÉSULTATS DE LA PREMIÈRE MISSION ARCHÉOLOGIQUE..................................................... 20 5. LE MOBILIER .......................................................................................................................... 24 5.1 Le décor (Nesrine Nasr) ..................................................................................................... 24 5.2. Les monnaies (Hanen Ben Slimane) ................................................................................. 33 5.3. Les mosaïques (Assala Della) ............................................................................................ 45 5.4. Les objets particuliers (Alessandro Abrignani) .............................................................. 50 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. 79 ANNEXE I ........................................................................................................................................... 84 SEQUENCE STRATIGRAFIQUE (ALESSANDRO ABRIGNANI) ............................................................... 84 3 SECTION I DONNÉES ADMINISTRATIVES Fiche signalétique Identité du site Localisation Pays : Tunisie Département : Carthage Commune : Carthage Lieu-dit ou adresse : Monument circulaire sur la colline du Théâtre Propriétaire du terrain : Etat tunisien (Institut National du Patrimoine) Opération archéologique Nom de l’opération archéologique : Mission archéologique internationale tunisino-espagnole sur le site archéologique du monument circulaire à Carthage. Autorisation de fouille : INP de Tunis 30 mars 2022 Valable jusqu'au 30 mars 2025 Titulaire : Faouzi Mahfoudh, directeur général de l’Institut National du Patrimoine en Tunisie. Operateur archéologique : Sanisera Institut Archaeology des Iles Baléares, Espagne. Responsables scientifiques : a) Samir Aounallah, Directeur des recherches à l’INP de Tunis, b) Fernando Contreras, directeur de Sanisera. Type d’intervention : sondages, fouilles et restauration Emprise du projet : env. 750 m² Surface à étudier : env. 750 m² Dates d’intervention : du 19 avril au 24 mai 2022 Nature des découvertes Ossements d’animaux, fragments de céramique, lampes, verre, mosaïques, fragments de tuile, mobilier lapidaire, monnaies, structures de maçonnerie et décor architectural Lieu de dépôt du mobilier archéologique Reserve n° 53 du musée de Carthage, Tunisie Générique des intervenants Etudiants stagiaires de Sanisera Institut Etudiants stagiaires tunisiens Ouvriers tunisiens 4 SECTION II RÉSULTATS SCIENTIFIQUES 1. LE SITE 1.1. Situation géographique Le site archéologique que nous allons étudier se trouve à Carthage sur la colline du Théâtre, côté sud des anciens murs de Théodose et de l’actuelle grande mosquée de Carthage. Le terrain (figure 1) vers le nord limite avec la grande mosquée, vers l’est, limite avec le Théâtre romain, au sud avec l’habitat moderne de Carthage et à l’ouest avec la grande avenue-boulevard de l’environnement (Cardo Maximus). Le site se trouve à environ 20 kilomètres de la capitale Tunis. Coordonnées du site : Lat 36.857628° et long 10.327794° (avec l’aide de google earth) Altitud s.n.m. env. 42m Figure 1. Emplacement de la fouille à Carthage 1.2. Les composantes de l’ensemble L’ensemble du terrain (figure 2 et 3) : Dans le plan de l’ancienne ville romaine, le site est divisé en trois insulae limitant vers le nord avec le decumanus IV, vers le sud avec le decumanus III, vers l’est avec le cardo III et vers l’ouest avec le cardo maximus. Les trois insulae sont divisées entre elles par le cardo I et le cardo II. Entre le cardo III et le cardo II se trouve une imposante structure en cercle appelée « monument circulaire ». Entre le cardo II et le cardo I nous trouvons une série de constructions que nous appelons « ensemble chrétien » et finalement entre le cardo I et le cardo maximus se trouvent quelques structures de maisons romaines ainsi que plusieurs niveaux de sol en mosaïque dont un circulaire d’environ 160m2. 5 Figure 2 : L’ensemble du terrain. En bleu les deux secteurs les plus importants : le monument circulaire et l’ensemble cultuel, et encadrés en rouge les derniers sondages de P. Senay. Figure 3 : L’ensemble du terrain (vue du terrain après la fouille de 2022) A) LE MONUMENT CIRCULAIRE Ce monument n’a pas intéressé directement notre mission archéologique. Cependant, pour conclure, comme le faisaient les archéologues de l’époque, que le monument circulaire est sans doute un martyrium lié à l’ensemble cultuel qui le jouxte à l’Ouest et qui lui est l’objet de notre fouille, il 6 faut qu’on soit mieux assuré de la chronologie relative des deux monuments et des circulations qui les associaient. Pour cela il est nécessaire de connaitre l’historique de sa fouille, d’indiquer la bibliographie et de pproposer une brève description. Historique : ce monument avait été signalé en 1833 par Falbe dans Recherches sur l’emplacement de Carthage, puis exploré en 1837 avec l’aide de Sir Grenville, qui y voyait un temple païen1, et ensuite par N. Davis en 1858 ; une première fouille partielle a été entreprise par A. Lézine seulement en 19512, dont G.-C. Picard a rendu compte3. C’est dans le cadre de la campagne internationale de sauvegarde de Carthage que le professeur Pierre Senay, avec son équipe canadienne de l’Université de Québec à Trois-Rivières, va prendre en charge l’étude complet du monument à partir de 1976 et jusqu’en 1982 (figure 4). Les résultats des travaux de fouilles et de recherches de cette équipe seront publiés régulièrement dans la revue de l’université du Québec fondée par P. Senay lui-même : « Les Cahiers des Études anciennes (CEA) », à partir de 1976 dans une série intitulée « Carthage », commençant avec le « Carthage I » et se poursuivant jusqu’au « Carthage XI » en 2000. Un article de synthèse sera publié dans l’ouvrage collectif Pour sauver Carthage, 1992, p. 102-114, suivi de la bibliographie des articles s’y rapportant. Figure 4 : Pierre Senay et l’équipe des étudiants de l’Université Trois-Rivières du Canada Falbe, Ch. Excursions dans l’Afrique septentrionale, 1837, 107, pl. 2,4. Lézine, A. Carthage – Utique, Paris, 1968, 181. 3 Picard, G. « Rapport sur l’archéologie romaine en Tunisie pendant l’année 1951 », Bull. arch. 1951-1952, 192-195 et pl. XVIII ; Picard, G. « L’archéologie chrétienne en Afrique (1938-1953) », Actes Ve CIAC, Aix en Provence, 1954, 4546 et fig. 3. 1 2 7 Bibliographie : Voici la bibliographie donnée par P. Senay sur le monument circulaire : - « Carthage I. Rapport préliminaire des fouilles 1976 », Cahiers des études anciennes VI (CEA), Montréal, 1976. 11 tabl., 30 fig., 45 photos et 12 plans. - « Carthage II. Rapport préliminaire des fouilles 1978 », CEA IX, Montréal, 1978, 8 tabl., 11 fig., 30 photos et 12 plans. - « Carthage III. Rapports préliminaires sur la céramique, les monnaies, la mosaïque, le stuc et la géométrie du Monument circulaire 1976-1978 », CEA X, Université du Québec à Trois-Rivières, 1979, 7 photos. 3 planches et 3 plans. - « Monument circulaire de Carthage. Rapport préliminaire des fouilles 1979 », CEA XI, Université du Québec à Trois-Rivières, 1980, 109-124. 13 photos. Plan hors texte. - « Carthage IV. Rapport préliminaire des fouilles 1979 », CEA XII, Université du Québec à Trois-Rivières, 1980, 2 vol., 18 tabl., 6 fig., 36 photos et 39 plans. - « Geometric Rythms of the Circular Monument in Carthage », New Light on Ancient Carthage, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1980, 67-71. - « Excavations on the Site of the Circular Monument in Carthage », AJA LXXXV, 2, 1981, 217. - « Carthage V. Rapports préliminaires sur le verre, les monnaies, la céramique et l’architecture du Monument circulaire », CEA XIII, Université du Québec à Trois-Rivières, 1981, 27 tabl., 230 fig., 6 plans et 2 planches de monnaies. - « Monument circulaire de Carthage rapport préliminaire des fouilles 1982 », CEA XV, Université du Québec à Trois-Rivières, 1983, 187-225, plan et 18 photos. - « Parallèles palestiniens au Monument circulaire de Carthage : proportions et dimensions », BCTH 19 B. 1983, 511-522. - Fouilles archéologiques de Carthage, Interface. 6. 1. 1985, 23-28. - « Carthage IX. L’Aedes Memoria : un témoignage antique sur le Monument circulaire de Carthage », CÉA XIX, Montréal, 1986, 79-85. - « Le Monument circulaire de Carthage : état des recherches ». EMCI XXXII, 7, 1988, 181194. - « Le Monument circulaire de Carthage et les tremblements de terre du Ier siècle de notre ère ». CEA XXIV, Montréal, 1990, 435-440. - « À propos d’une mensa du Louvre et du Monument circulaire de Carthage », BCTH, 1990, 213-221. - « Le Monument circulaire de Carthage », Pour Sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, UNESCO/INP, Tunis, 1992, 103-114. - « Le Monument circulaire de Carthage et les tremblements de terre du IVème siècle de notre ère », Lixus. Actes du colloque Larache. 8-11 novembre 1989, Rome (CEFR. 166), 1992. 387-391. - Beaudoin CARON. « Catalogue des lampes du Monument circulaire de Carthage (19761982) », CEA XXX, Montréal, 1995. - « Carthage XI. Rapport préliminaire des fouilles à la Basilique dite triconque de l'Aedes Memorie de Carthage (fouilles 1994-2000) », CEA XXXVI, Montréal, 2000. 8 plans, de nombreuses photos. - « La rotonde de Carthage ; révision des parties hautes de l’édifice », Lieux de Culte, IX colloque international, Tripoli, 2005, 217-224. Publié en 2008. P. Senay y développe l’hypothèse que le monument circulaire correspondrait à une matérialisation de la Jérusalem céleste. (A notre connaissance c’est sa dernière publication sur ce monument). Voici également une courte bibliographie prenant le monument circulaire comme objet d’étude ou tout simplement le mentionnant. - Hallier, G. « Le monument circulaire du plateau de l’Odéon à Carthage : précision sur la conception et la géométrie d’un parti original », AntAfr, 31, 1995, 201-230. 8 - Hautecoeur, L. Mystique et architecture. Symbolisme du cercle et de la coupole, Paris, 1954. - Baratte, F. et alii. Basiliques chrétiennes d’Afrique du Nord. II – Les monuments de la Tunisie, Bordeaux, 2014,130-132. - Ennabli, L. Carthage, une métropole chrétienne, Paris, 1997, 99-102. - Ennabli, A. Carthage, les travaux et les jours, Paris, 2020, 138-139 et la bibliographie complète sur ce monument, 442-443. - Duval, N. « Les monuments chrétiens de Carthage. Nouvelles basiliques urbaines. Etat de la question ». Bulletin Monumental, t.137, n°4, 1979, 334-335. Description : Tout d’abord, le monument circulaire s’élève dans la Centurie B, sur le plateau de l’Odéon à proximité du Théâtre romain. Son périmètre s’inscrit à l’intérieur du decumanus IV et des cardines II et III. Avec l’ensemble cultuel attenant, le site longe le cardo maximus et s’étend à proximité de la porte septentrionale de la ville (du côté de la grande Mosquée de Carthage). Il est formé de deux couronnes dodécagonales et concentriques, constituées de piliers en forme de trapèze et inscrites dans une structure qui fut d’abord quadrangulaire - car ce type d’édifice commande un plan symétrique - avant de devenir rectangulaire par le rétrécissement de la profondeur de sa façade septentrionale (figure 5). Par son architecture cet édifice est unique en Afrique du Nord. Figure 5 : Plan général du monument circulaire (P. Senay, Carthage I) L’édifice est imposant avec près de 40 m de diamètre et des structures de plus de 5 m audessus des fondations. Les piliers de la première couronne de 1 m 90 de profondeur définissent au centre une salle circulaire de 8 m 40 de diamètre. Une première galerie concentrique mesurant 4 m 80 de largeur, enveloppe cette première couronne. Les piliers de la seconde couronne de 1 m 10 de 9 profondeur sont beaucoup plus larges et moins profonds. Une seconde galerie toujours concentrique mesure 3 m 60 de largeur et donne sur les façades qui sont toutes percées d’arches. Trois façades s’élèvent à 19 m 25 du centre, alors que la façade septentrionale considérablement réduite est réalignée à 15 m 70 du centre. L’édifice date, par la documentation archéologique recueillie, de la seconde moitié du IVème siècle après J.-C (figure 6 et 7). Figure 6 : vue générale du monument circulaire en mai 2022 après le désherbage 10 Figure 7 : vue de l’état actuel du monument circulaire Pour les archéologues qui ont fouillé l’endroit, la typologie du monument circulaire est très probablement celle d’un martyrium chrétien oriental4. La tradition d’architecture religieuse chrétienne lui impose alors un programme bien défini avec un plan rayonnant, une limitation dans les dimensions, un renforcement des cloisons, une multiplication des appuis et une utilisation de la voûte. Ainsi, au monument circulaire, l’édifice est largement ouvert sur l’extérieur par des murs très épais percés d’arcades, un rez-de-chaussée voûté occupant toute la surface du carré, une salle ronde entourée de couloirs annulaires. Ce monument se présente donc comme un édifice à plan central, pourvu de plusieurs enveloppes, dégageant en son centre une salle rituelle, dans la tradition des martyria constantiniens de Palestine. En effet, des caractéristiques communes apparurent dans plusieurs édifices, voire des similitudes de dimensions et de proportions, qui ne peuvent être dues au seul hasard, mais constituent plutôt la preuve de leur appartenance à une même tradition architecturale. Le corpus des basiliques chrétiennes de la Tunisie affirme : « Pour la datation, on distingue au moins quatre états pour le monument circulaire […] La construction de l’édifice circulaire est datée du milieu du IVème siècle, avant que celui-ci soit restauré de manière importante au début du Vème siècle, par la fermeture des arches et l’exhaussement des sols ; il est détruit et abandonné sans doute au moment de l’invasion vandale, peut-être en partie ou totalement écroulé à cette époque. Sa reconstruction fut donc complète au début de l’époque byzantine, au milieu du VIème siecle. de même que les salles attenantes dont une fut pavée de mosaïques géométriques […] Le monument circulaire, continu le corpus, avait été identifié (par P. Senay) à l’Aedes Memoriae connue par le témoignage de Victor de Vita pour l’époque des persécutions vandales, mais cette identification a été récemment rejetée »5. Nous pouvons faire deux remarques sur ce texte : a. la datation donnée ici ne coïncide pas exactement avec les textes des fouilleurs et la documentation archéologique, surtout lorsqu’il s’agit d’une éventuelle reconstruction à l’époque byzantine qui semblerait n’avoir jamais existé ; b. les 4 Senay, P. « Parallèles palestiniens au Monument circulaire de Carthage : proportions et dimensions », BCTH 19 B. 1983, 511-522. 5 Baratte, F. et alii. Basiliques chrétiennes d’Afrique du Nord. II – Monuments de la Tunisie, Bordeaux, 2014, 132. 11 auteurs du corpus se taisent sur qui, quand et pourquoi l’indentification proposée par Senay a été rejetée. B) L’ENSEMBLE CULTUEL CHRETIEN Il s’agit du secteur occidental du terrain sur lequel se trouve le monument circulaire entre le cardo II, le cardo I, le decumanus IV et la ligne formée par la limite sud du monument circulaire. Des sondages partiels y ont été menés d’abord en 1951 par Lézine et ensuite par P. Senay entre 1976 et 1981 en même temps que le monument circulaire et puis de 1994 à 1999. C’est ce secteur fouillé très partiellement auparavant qui a été l’objet de notre première mission archéologique en 2022. Historique et bibliographie : En 1951, comme nous l’avons déjà dit, l’architecte A. Lézine entreprend quelques fouilles sur le terrain contigu au monument circulaire (qui n’était pas encore fouillé complètement), où il dégage une partie d’une abside vers l’est dont, selon lui, l’un des blocs de fondation porte une croix (il n’y a pas de photos de ce bloc). Or, sur le terrain nous avons trouvé un bloc en marbre blanc cassé avec des molures aux côtés et une croix grecque pâtée de style plutôt byzantin. A. Ennabli nous a confirmait qu’il s’agit du bloc trouvé par Lézine dans l’abside. Sans doute ce bloc ne pouvait pas faire partie des fondations de l’abside (A-t-il été remployé ou simplement replacé dans cet endroit ?). Lézine a également trouvé au côté sud de l’abside, deux pièces : l’une de 7x5 m, pavée d’une mosaïque représentant des calices et des oiseaux dans des médaillons datés de la fin du IV ème s. par une monnaie de Julien l’Apostat (360-363), voisine d’une autre pièce pavée aussi de mosaïques moins riches (deux tombeaux très tardifs sont installés sur la mosaïque, violés et partiellement détruits tous les deux) (figure 8). Pour Lézine, l’ensemble paraît postérieur à l’abside, elle-même postérieure au monument circulaire. Ces mosaïques ont été déposées, selon A. Ennabli, au Musée du Bardo. Figure 8 : Fouille de Lézine en 1951 et bloc remployé avec croix byzantine (P. Senay, Carthage I) 12 Le rapport de Lézine6 affirme que « la construction du monument circulaire serait de la première moitié du IVème s. La salle avec la mosaïque géométrique devrait être datée de l’extrême fin du IVème s. car il nous faut intercaler entre sa construction et celle du monument principal, la basilique au bloc décoré d’une croix ». Il faut dire que Lézine évoque l’existence d’une « basilique » de façon très prudente alors qu’il avait trouvé seulement une partie d’abside et un bloc avec une croix. Le chapitre que Lézine dédie à ce monument dans Architecture romaine d’Afrique, 1962, p. 37-41 et plan 2, permet à G.-Ch. Picard d’avancer l’hypothèse d’un monument cultuel chrétien, présentée à l’occasion du Vème Congrès d’Archéologie chrétienne, 1954, p. 45-46, fig. 3. Cette interprétation est reprise encore par Picard dans son livre sur la Carthage de saint Augustin, 1965, p. 20 et 190 - 195, où il affirme encore l’hypothèse que ce mémorial chrétien serait dédié à saint Cyprien. N. Duval, dans la recension des monuments chrétiens de Carthage parue dans les MEFRA, LXXXIV/2, 1972, p. 1115, mentionne de façon sommaire cet édifice, mais plus tard en 1979, il dira que cette hypothèse de Picard pose des problèmes topographiques (on connait assez bien les basiliques de saint Cyprien) et de principe : « un tel mausolée pouvait-il être à l’intérieur des murs ? »7. La fouille de tout ce secteur reprise par P. Senay notamment de 1994 à 1999 resta inachevée à son départ imprévu en l’an 2000 (figure 9). A. Ennabli écrit « Les fouilles inachevées de P. Senay ont remis au jour une abside sud symétrique de celle dont l’amorce avait été dégagée par A. Lézine dans sa partie sud-est, et aussi une abside vers l’est attenante à la façade ouest du Monument circulaire. Ce sont là des indices d’une « basilique triconque », alignée le long du decumanus IV, avec une façade sur le kardo maximus. L’esquisse en est donnée dans P. Senay, plan général du site 19961998, 4 ».8 Encore une fois apparait l’idée d’une basilique triconque alors que les fouilles n’ont pas été achevées. Figure 9 6 Lézine, A. BCTH, 1951-1952, 192-196, pl. XVIII. Duval, N. Les monuments chrétiens de Carthage. Nouvelles basiliques urbaines. Etat de la question, Bull. Mon., 137, 1979, 377-381. 8 Ennabli, A. Carthage, les travaux et les jours, Paris, 2020, 139. 7 13 Les résultats des sondages de ce secteur ont été publiés par P. Senay dans Carthage XI, 115141 en l’an 2000 (figure 10). Une importante révision de ces résultats a été faite également en 2002 par deux collaborateurs de Senay (voir ci-dessous). Figure 10 : Extension de la fouille de P. Senay de 1976-81 (Senay, Carthage I). Il faut noter les niveaux au-dessus de la mer pour comprendre la fouille de Senay. Ainsi le triconque (visible actuellement) se trouvait au-dessous de cette extension et de la fosse française (les découvertes françaises n’ont pas été signalées ici (voir figure 8). Cette planimétrie insiste surtout sur la fouille de Senay). C) LES MAISONS ROMAINES ET LES PAVEMENTS EN MOSAÏQUES Ce secteur se trouve entre le cardo I et le cardo maximus (figure 11). Il n’a pas été concerné par notre mission archéologique. Cependant nous avons procédé au nettoyage de la grande mosaïque circulaire (voir le chapitre sur les mosaïques) qui était en partie visible. Description : Nous suivons A. Ennabli : « Plusieurs sondages ont été réalisés dans ce secteur […] P. Senay a ouvert dans cette zone un sondage qu’il a sans cesse élargi au cours de ses campagnes de fouilles de 1994 à 1999. Il en a publié les premiers résultats dans Carthage, XI, CEA, XXXVI, 2000. Le sondage qui a atteint 60 x 40 m, a révélé une stratigraphie profonde commençant avec des vestiges puniques consistant en un pavement de terre cuite et une citerne, suivi de cinq autres niveaux d’époque romaine superposés ou contiguës. Le quatrième niveau est marqué par une mosaïque dite « circulaire », de 14 m de diamètre, sur laquelle se sont effondrés des morceaux de voûtes. Cette mosaïque comportait huit motifs rayonnants séparés par un cyprès sortant d’un canthare et entouré de rinceaux peuplés d’oiseaux. 14 Figure 11 : secteur des maisons romaines et pavements en mosaïque Le cinquième niveau est constitué d’une mosaïque cruciforme encadrée par une bordure composée d’une ligne de dauphins affrontés de part et d’autre d’un trident dressé. P. Senay rapporte avoir trouvé sous ce pavement cruciforme une monnaie arabe datée de 142 de l’Hégire, soit 759 apr. J.-C. Sans autre preuve évidente. Le sixième niveau est représenté par une mosaïque à décor floral. P. Senay présume qu’il s’agirait d’un édifice dont la salle principale, pavée de la mosaïque circulaire, était bordée par une autre salle plus petite pavée de la mosaïque cruciforme à bordure de dauphins. Cet ensemble ouvre sur une cour occupée par un large bassin. Les deux mosaïques, circulaire et cruciforme à bordure de dauphins, rappellent les pavements découverts au même endroit, sans grande précision, par N. Davis en 1857. Celui-ci a reproduit dans son livre, p. 171, 412 et 416 les fragments de mosaïques qu’il avait enlevés et qui sont aujourd’hui conservés au British Museum9. R. Cagnat, MSAF, LVII, 1896, p. 252-261, avait entrepris la restitution de cette composition. A. Audollent, Carthage romaine, 1901, la signale p. 170-173, 239, 259 et 660, note 3 ; IMT 666, p. 223-225, décrit cette mosaïque ainsi que les 667 et 668 qui lui sont voisines. K. Dunbabin, dans son article « A Mosaic Workshop in Carthage », dans New Light on Ancient Carthage, 1980, chap. VI. p. 73-83, reproduit ces mosaïques, p. 150, fig. 6/3. Il est très probable que les fragments du British Museum ont été prélevés sur le même pavement que celui mis au jour par P. Senay. […] P. Senay, Rapport préliminaire de fouilles 1994-1999 au site de la basilique dite triconque de l’Aedes Memoriae de Carthage, Bulletin CEDAC, 21, 2002, p. 18-20 avec plans : Plan 1, en bordure du KM : espace ayant révélé la mosaïque cruciforme couvrant 67 m² (fig. 1, p. 21); fig. 2, mosaïque dite circulaire de 14 m de diamètre ; Plan II, p. 23-26 et fig. 3-7: il s’agit d’une maison dont les pièces sont pavées de mosaïques et les murs couverts de peintures; Plan III, p. 26-27 et fig. 8; Plan IV, p. 27 et fig. 9 abside de 4,50 m de rayon construite avec des blocs taillés ; Note 1, p. 28, rappel de la bibliographie portant sur les fouilles canadiennes de P. Senay et son équipe. Il semble bien se confirmer, conclut A. Ennabli, que le Monument circulaire a été construit tardivement dans un ancien quartier d’habitations dont les maisons ont été arasées ne laissant subsister que des fragments de pavements en mosaïque encadrés par des premières assises des murs dont les vestiges se retrouvent dans tout ce secteur entre le kardo maximus et les kardines I - II - III est et les decumani IV-V-VI nord »10. Hinks, R.P. Catalogue of the Greek, Etruscan and Roman Paintings and Mosaics in the British Museum, Londres, 1933, 89-96. fig. 98-105, pl. 29. 10 Ennabli, A. Carthage les travaux et les jours, 2020, 139. 9 15 Finalement, pour avoir une vision d’ensemble des fouilles dans tout le secteur (points B et C), il faut se référer à la publication de Beaudoin Caron et Carl Lavoie (collaborateurs du prof. Senay), publiée en An Tard, 10, 2002 : « Les recherches canadiennes dans le quartier de la “rotonde de l’Odéon” à Carthage : un ensemble paléochrétien des IVème-Vème siècles ou une phase d’occupation et de construction du VIIIème siècle ? Cet article traite d’un nouvel examen des données publiées sur les fouilles à l’ouest du monument circulaire. Les auteurs soutiennent que P. Senay a fermement défendu la théorie, autrefois suggérée par A. Lézine, de la présence d’une basilique chrétienne à l’ouest du monument circulaire. Les auteurs passent en revue les données disponibles pour étudier à nouveau la stratigraphie du secteur et concluent qu’un remplissage systématique a été très tôt visible dans la stratigraphie mais n’a pas été identifié comme tel. Ce remplissage couvre la zone à l’ouest du monument circulaire jusqu’au cardo maximus et il est en partie au-dessus d’un niveau datable, c’est-à-dire la mosaïque géométrique ainsi qu’une mystérieuse structure (sic !) en forme de triconque, et est scellé par la structure d’une grande mosaïque dite « mosaïque aux oiseaux ». A l’intérieur de ce remplissage systématique, des tessons romains très tardifs et quelques tessons islamiques ont été retrouvés, ainsi qu’une pièce de monnaie datée de 759 après J.-C. (142 Heg). Senay a soutenu que le triconque faisait partie d’une basilique, mais pour les auteurs la stratigraphie ne confirme pas cette théorie. Nous allons voir effectivement que nos fouilles confirment bien que le triconque ne faisait pas partie d’une basilique. 2. LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION 2.1. Le cadre de l’intervention et les objectifs Compte tenu de la complexité et de l’importance de ce site, l’équipe d’archéologues composée par Alessandro Abrignani et Silvio Moreno et Umberto Pappalardo, ont conçu un projet archéologique présenté en janvier 2022 à l’Institut National du Patrimoine de Tunis (INP), intitulé : « Récupération urbaine et mise en valeur de la zone archéologique du monument circulaire, triconque et basilique chrétienne de Carthage ». L’objectif était de poursuivre et de compléter les fouilles inachevées et les découvertes du P. Sanay. En effet, l’archéologie - surtout lorsque les fouilles restent incomplètes - laisse souvent des terrains dans un état d’abandon remarquable. A cet égard, cette discipline, qui vise à enrichir le patrimoine national, apparaît parfois aux yeux du public comme un obstacle au développement touristique et civique de la société. Notre objectif est donc de démontrer que l’archéologie peut et doit être un élément d’enrichissement urbain favorisant le développement social et touristique de la ville. C’est pourquoi notre projet consiste tout d’abord à nettoyer la zone archéologique et à restaurer les monuments actuellement visibles (la rotonde et le triconque). Ensuite, nous procéderons à la fouille stratigraphique de la probable « basilique paléochrétienne », car nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de reprendre les travaux afin de savoir si c’est édifice existe véritablement ou pas, de retrouver l’ensemble de son plan, de préciser sa datation. Enfin, nous voulons procéder à la valorisation du secteur par la création d’un jardin aménagé et d’un parcours lumineux autour des monuments avec des panneaux explicatifs pouvant promouvoir le tourisme culturel local et étranger. 2.2. La durée de l’intervention et l’équipe de terrain Grâce à la convention triennale signée entre l’INP de Tunis et l’Institut Sanisera d’Espagne et à une première donation d’une entreprise privée d’Italie (Milan), nous avons pu commencer la première étape de ce projet avec une mission archéologique de deux mois et demi (fin avril, mai et juin 2022). 16 Cette première étape du projet a été dirigée par Samir Aounallah, directeur de recherche de l’Institut National du Patrimoine de Tunis, et codirigée par Fernando Contreras, directeur de Sanisera Institut ainsi que par le P. Silvio Moreno et Alessandro Abrignani. L’équipe de collaborateurs était composée par des membres de l’INP Tunis et une vingtaine de personnes (étudiants étrangers appartenant au Sanisera Institut et étudiants et ouvriers tunisiens). Pour notre séjour nous avons bénéficié de la maison de fouille de Carthage, mise à notre disposition par l’Institut National du Patrimoine. 3. DIFFICULTES ET METHODOLOGIE (DAHIA SADAOUI) 3.1. Difficultés de l’étude Les difficultés majeures rencontrées lors de la reprise de l’étude du secteur qui nous concerne sont liées d’une part à la qualité des anciens rapports de fouilles et d’autre part à l’état de conservation des vestiges. En effet, la documentation en notre possession est lacunaire et ne présente pas de manière circonstanciée les données primaires, notamment les rapports de fouilles. De surcroît, il est important de signaler l’inexistence, à Carthage, de ces rapports et l’impossibilité de contacter l’ancien chef de mission Pierre Senay. Par ailleurs, hormis les premières campagnes de mise en valeur du site entreprises entre 2001 et 2002 qui ont consisté en la mise en place d’un système d’éclairage, aucune autre disposition n’a été entreprise pour protéger les vestiges de la végétation, des intempéries et du pillage. Ainsi le site, abandonné peu à près son inauguration, fut complétement dévoré par la végétation. Nous avons repris les travaux après vingt ans d’abandon (figure 11 et 12). Figure 11 : vue du triconque et du monument circulaire en octobre 2021 avant les travaux 17 Figure 12 : vue du triconque et du monument circulaire après le désherbage en avril 2022 3.2. Méthodologie A) L’étude archéologique Le projet a démarré par une recherche documentaire, notamment l’étude des anciennes publications de P. Senay dans la collection Carthage (voir bibliographie ci-dessus). Cette étape avait pour objectif : le regroupement des informations recueillies auparavant (rapports, plans, photographies, étude thématique, etc.), la familiarisation avec l’histoire du site, la localisation des anciennes opérations (surtout du secteur basilical), la conception d’une bibliographie exhaustive et l’établissement d’un état des lieux sur les vestiges visibles actuellement sur le site. Sur le terrain, avant le commencement des fouilles, une importante mission de désherbage a été réalisée (20 avril - début mai 2022) afin de dégager les structures existantes de la végétation qui les envahissat. Cette étape a été suivie par la délimitation de la nouvelle zone à fouiller. La nouvelle zone en question située à l’Ouest du triconque (qui était à ce moment-là en partie visible) a fait l’objet d’un décapage à la pelle mécanique afin de reconnaître les vestiges et d’adapter la stratégie de fouille en conséquence (figure 13). En effet, contrairement aux méthodes de recherches appliquées lors des investigations précédentes qui consistaient surtout en la pratique de sondages à divers endroits et de fouilles partielles, le nouveau programme de recherche a privilégié la fouille systématique plus étendue pour une meilleure lecture et compréhension des structures et du site archéologique en général. Vue la quantité de terre à enlever, il a été décidé également de procéder à la prospection des seaux de terre issus des dégagements, à l’aide d’un détecteur de métaux. Cette opération s’est avérée très fructueuse, puisque de nombreux objets métalliques en bronze et fer ont été extraits des déblais ainsi qu’un nombre élevé de monnaies. Par ailleurs, le projet a développé un volet de formation pour les étudiants s’étalant sur toute la durée du programme. Son objectif est de permettre aux étudiants en archéologie, notamment aux étudiants tunisiens, d’acquérir les compétences nécessaires à la pratique d’une fouille, à la collecte, 18 au traitement et à l’analyse des données, mais aussi à leur valorisation scientifique. Les étudiants ont été associés à toutes les phases du projet de recherche. Figure 13 : secteurs de fouille à l’Ouest du monument circulaire B) La documentation du terrain Le site a fait l’objet de relevés indirects photogrammétriques avant les déblaiements et vers la fin de la première campagne. Cette méthode permettant l’enregistrement d’images avec toutes leurs caractéristiques, a été réalisée par drone par Hakim Kerkeni et par le scanner Lidar 3D effectué par le P. Silvio Moreno. Les zones fouillées et les différentes unités stratigraphiques ont été également documentées avec une couverture photographique faite chaque jour, avant et après le travail de déblaiement, et cela durant toute la durée de la campagne de fouilles. Ce travail a été réalisé, d’une part, par Alessandro Abrignani, responsable des opérations pour la documentation générale du projet et d’autre part, par les étudiants afin de les familiariser aux prises photographiques archéologiques. L’enregistrement des données issues des fouilles se faisait également en renseignant des fiches d’enregistrements relatives à chaque type d’unité stratigraphique et à chaque objet jugé spécial. Comme l’étape précédente et pour les mêmes objectifs, les fiches d’enregistrements étaient complétées par les stagiaires pendant le travail de post-fouille. Pour finir, le mobilier archéologique a reçu un grand soin de la part de tous les participants. Ces derniers ont procédé à son nettoyage, à son marquage puis à son classement en trois grandes catégories : céramiques, autres matériaux et objets spéciaux (monnaie, fragments de céramique portant décoration, etc.). Puis chaque catégorie est reclassée en sous-catégories. Ce travail était suivi par un inventaire et un enregistrement sur papier. Cette mission a été complétée par un inventaire numérique effectué par le responsable d’opération en vue de la publication scientifique. Pour cela, il a créé pour chaque unité stratigraphique une fiche word regroupant tout le mobilier qu’elle contient et deux fiches Excel, une réservée à la céramique et l’autre aux objets organiques et non organiques. 19 Le mobilier issu de la première campagne de fouille réalisée a été mis dans des boîtes (35 au total) et conservé aujourd’hui dans la réserve n° 53 du musée de Carthage à la colline de Byrsa. Toute la documentation (fiches d’enregistrement, inventaire et photographies, etc.) a fait l’objet d’un enregistrement numérique (disque dur) et d’une impression sur papier, le tout est également mis à la disposition du directeur scientifique S. Aounallah au Musée de Carthage. 4. RESULTATS DE LA PREMIERE MISSION ARCHEOLOGIQUE Les résultats de cette première mission archéologique ont été très positifs, même si pour l’instant partiels. Exploration et fouille du secteur ouest du site, terrain situé entre le Cardo II et I de l’insulae romaine. Dans ce sens nous avons premièrement élargi le terrain à l’aide de la pelle mécanique et ensuite nous avons commencé la fouille stratigraphique du terrain sur une superficie d’environ 500 m2 en arrivant dans certains endroits à une profondeur de 2,50 m. Lors de la fouille : - nous avons retrouvé les restes des murs et structures d’une ou plusieurs maisons romaines avec mosaïques ainsi que plusieurs blocs de pierres formant probablement le cardo II (figure 14). Ces restes ont été trouvés à l’intérieur de l’abside Est et Sud du triconque ainsi que sur les deux côtés de l’abside Est. Cela nous indique que le triconque fut construit sur le cardo II (et donc cet insulae romaine avait perdu sa fonction à l’époque de la construction du triconque) et que les restes de la maison romaine ont servi pour la construction du triconque. Donc les structures visibles ainsi que les mosaïques sont précédentes à la construction du triconque. Sur l’étude de ces mosaïques voire cidessous. Figure 14 : détail des structures romaines à l’intérieur du triconque et salles annexes. - nous avons procédé également au nettoyage du triconque (découvert précédemment par Lézine et Senay) (figure 15 et 16) et à la restitution de sa forme en restaurant une partie du mur Est de l’abside Nord qui était tombé ainsi que les escaliers de la salle au nord de l’abside Est appartenant à l’ancienne maison romaine. L’abside Sud en revanche conserve sa hauteur de plus de 2 m. La liaison entre l’abside Nord et l’abside Est a probablement été détruite en partie. 20 L’ouverture des absides est à peu près la même : 4, 50 m et comme le soulignent Caron et Lavoie, il faut noter la grande ressemblance entre ce triconque et celui de la basilique de Damous el Karita (Caron – Lavoie, 2002 : 250). Figure 15 : vue générale du triconque L’abside Nord ne présente pas dans son intérieur de mosaïques romaines. En revanche, il y a deux structures séparées dont la fouille est inachevée. Probablement ces structures font partie de la grande salle absidiale vers l’Ouest. Egalement vers l’abside Sud se trouve un long mur allant EstOuest qui longe l’ouverture de l’abside. Il ne fait pas partie du triconque. Nous pensons qu’il fait partie de la salle absidiale vers l’Ouest. L’abside Est est encadrée par deux salles au Nord et au Sud. Seule la salle Nord semble avoir été occupée. Il est encore difficile de préciser la fonction de ce triconque11. Sans doute a-t-il été construit à l’époque chrétienne, mais aucune installation liturgique ni reliques n’a été retrouvées. A notre avis, le triconque semble avoir été un monument indépendant ne faisant pas partie d’une basilique. La partie centrale du triconque n’a été jamais fouillée complétement. Elle est encore à 1m d’hauteur par rapport à la mosaïque de l’abside Est. Notre prochaine fouille tentera ainsi d’arriver jusqu’au niveau de la mosaïque romaine. - dans le secteur nouveau de la fouille 2022 vers l’Ouest et en continuité du triconque, nous avons trouvé une première construction qui parait être importante. Il s’agit d’une abside vers l’Ouest sensiblement prolongée par une série de murs avec un même style de construction qui donne l’idée d’une grande salle avec abside allant d’Ouest à Est (à confirmer). La nouvelle abside avec ses murs en élévation d’environ 2 m a été très abimé par les voleurs de pierres (fosses de spoliation). Elle Stollmayer, I. Spätantike Triconkoskirchen: ein Baukonzept?, in JAChr, 42, 1999, p. 117-120 : type Zentralbau. La bibliographie sur les triconques est très abondante. Un collaborateur de P. Senay, M. Beauregard, avait commencé en 1980-1990 une thèse sur les monuments de plan centré et, en particulier, sur les triconques dans l’architecture chrétienne, sous la direction de N. Duval qui n’a pu l’admettre à soutenance. Mais il existe aussi en Afrique des églises avec chevet triconque constituées parfois en deux temps : voir N. Duval et J. Cintas, Le martyrium de Cincari et les martyria triconques et tétraconques en Afrique, in MEFRA, 88, 1976, 853-927. 11 21 mesure en profondeur environ 5 m et son ouverture est d’environ 5 m 30. Les autres murs allant vers l’Est s’insèrent à l’intérieur de l’espace central du triconque en se différenciant nettement de ce dernier. En effet, cette abside et ces murs sont déplacés vers le nord par rapport à l’axe principal du triconque (figure 17). Pour l’instant, vu l’état actuel de la fouille, il est difficile de préciser la fonction et la nature de l’abside ainsi que les murs qui apparemment la prolongent. Il faut donc attendre les successives campagnes de fouilles pour mieux comprendre leur présence dans ce secteur. Ce que nous pouvons déjà affirmer c’est que cette abside et ses structures ne sont pas en rapport avec le triconque. Figure 16 : photogrammétrie du triconque (S. Moreno) Figure 17 : la nouvelle abside Ouest et les nouvelles structures de 2022. 22 - dans ce même secteur, une deuxième construction nous a énormément surpris. Il s’agit d’une série de gros murs de coffrage allant toujours vers l’ouest et condamnant les structures précédentes au niveau de la nouvelle abside Ouest (figure 18). Etant donné la partialité de la fouille, nous ne pouvons pas encore préciser la nature de ces constructions. L’étude de la céramique nous en dira davantage sur la datation de ce secteur. Cependant, par l’étude des monnaies (voir ci-dessus), nous savons que ce secteur a été réaménagé à l’époque vandale et byzantine. L’altitude et la technique de construction de ces murs nous fait penser à une construction non romaine. S’agit-il donc d’une construction vandale dans un antérieur édifice romain ou chrétien ou bien une construction arabe de la fin du VIIème siecle ? Figure 18 - finalement et l’avant dernier jour de fouille, nous avons trouvé une chambre avec voute à berceau avec fresques au côté sud de la nouvelle abside Ouest (cette chambre n’a pas été complètement fouillée). Pour la description voir ci-dessous. Cette étape que nous venons de décrire brièvement a été certainement la plus importante. Nous reportons en annexe le journal de fouille et la séquence stratigraphique détaillée faite en italien par Alessandro Abrignani. 23 5. LE MOBILIER 5.1 Le décor (Nesrine Nasr) La fouille pratiquée en 2022, au site dit « complexe cultuel chrétien du monument circulaire », a révélé quelques éléments de décor. Quoique peu nombreux, ils nous semblent d’une éloquence certaine. Il s’agit d’une peinture de voûte et d’un ensemble d’éléments architectoniques. A en juger par ces fragments, le décor aurait été somptueux. Quelles sont les caractéristiques du décor de ce complexe ? Il convient de s’attarder sur la peinture, ainsi que au chaque élément et d’observer aussi leur spécificité. I- Une peinture in situ : Iconographie et caractéristiques du décor peint ! Vers la fin de la première compagne de fouille, en Juin 2022, a été exhumée une partie d’une voûte peinte : l’autre partie est encore ensevelie. Cette voûte appartient à l’US 65 et se situe au sudouest de l’abside occidentale. Un mur coupe cette peinture en deux zones (figure 19). Ce muret aurait été rajouté dans une phase ultérieure du monument. Figure 19 : vue de la voûte peinte peu après sa decouverte Sur un fond blanc a été peint un ensemble de panneaux rouges foncés. Alignés, ils sont encadrés de larges bordures bleues foncées. Il est possible de restituer quatre carrés ou panneaux. Ils forment une trame. Sur l’une de ces bordures bleues se montre un filet ponctué de perles et de 24 pirouettes. Le filet de perles et de pirouettes est peint a secco en des degrés de jaune clair sur un fond bleu grisâtre. Ce dernier est peint à son tour a secco sur un fond blanc. Le filet se termine par deux rosaces ou volutes. Ces deux rosaces sont composées de trois disques circonscrits : un rouge, un jaune et un bleu foncé (figure 20). Sous le filet de perles, se montre une file creusée : c’est probablement le négatif d’un décor linéaire voire d’une baguette en relief stuqué. Au dessous, il y a un champ jaune ocre dont le reste est encore enseveli. Cette même couleur jaune est notée sur la paroi adjacente de cette surface. Figure 20 : detail de la fresque de la voûte peu après sa découverte Figure 21: Caissons des thermes d’Antonin à Carthage (IIème s.). Comparaison avec la voûte peinte. On ne peut passer sans s’attarder sur la couleur bleue. La nuance et l’aspect poudreux ne sont pas sans rappeler le précieux colorant dit le bleu égyptien, ou « fritte d’Alexandrie » ou encore « bleu fritté égyptien »12. Le bleu égyptien se présente en différentes nuances selon la composition13, des analyses spectrométriques sont nécessaires. La plus ancienne attestation de l’usage de ce pigment à Carthage, remonte au VIème siècle avant J.C.14 comme le montre une frise à denticules du quartier Magon. A Carthage, on maitrisait sa recette. De plus, la matière première pour la réalisation de ce pigment est disponible en Tunisie. Les réactifs utilisés consistent en une source de cuivre responsable de la couleur bleue. Pour le fondant, on peut avoir recours au carbonate de sodium. La silice sous forme de sable et le Calcium sous la forme de la chaux vive sont nécessaires15. Après broyage, on réalise un cru qu’on transforme en de petites boules qu’il faut cuire au four16. Frizot, M. « L’analyse des pigments de peintures murales antiques. État de la question et bibliographie », Revue d’Archéométrie, n°6, 1982, 50 ; Dandrau, A. « La peinture murale minoenne, I. La palette du peintre égéen et égyptien à l’Age du Bronze. Nouvelles données analytiques », Bulletin de correspondance hellénique. Volume 123, livraison 1, 1999, 15-16 ; Ball, Ph. Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments, HAZAN, Paris, 2005, 72. 13 Blet-Lemarquand, M. et alii. « Caractérisation de boules de bleu égyptien : analyse par absorption visible et par activation avec des neutrons rapides de cyclotron ». Revue d’Archéométrie, n°21, 1997, 128. 14 Ayed, N. « Les pigments archéologiques en Tunisie », S. Sehili (dir.), Mines et carrières en Afrique du Nord (de l’Antiquité à nos jours) actes du colloque, Tunis, 2020, 214 ; Karmous, T. et alii. « Les peintures de terres cuites à Carthage. Identification des pigments de figurines et de fruits », ArcheoSciences Revue d'archéométrie 29 | 2005, Varia, 48. 15 Frizot, op.cit., 51-52. 16 Ball, op.cit. 72 ; Ayed, op.cit. 214 ; Karmous, op.cit. 48 ; Frizot, op.cit. 49. 12 25 II-Eléments architectoniques 1- Fragments de corniche Au sud de la nouvelle abside Ouest, US 37, a été découvert un fragment de corniche à modillons (op. B. 2022-10-01-02) (figure 22). Il est taillé dans du marbre blanc aux cristaux très fins de type carrare. La corniche surmonte une série de denticules carrés de 3,5 cm de cote séparées de métatopes ayant une longueur variant entre 1,2 à 1,5 cm. Ces denticules sont coiffés d’un large listel de 4,4 cm cerné à son tour d’un astragale de 1 cm. Au registre médian, haut de 11 cm, on observe un listel de 1,5 cm et un modillon bombé à l’arrière. Il est décoré au soffite d’une feuille d’acanthe à quatre folioles de part et d’autre de la nervure axiale sculptée en saillie. Les folioles sont formées chacune de trois digitations taillées entre autre moyennant un trépan. Ce modillon est encadré par deux entre-modillons lisses. En haut, le registre supérieur est décoré d’un astragale de 3 cm de haut. Il est orné de perles et de pirouettes. Les perles, longues de 2,9 à 3 cm et hautes de 1,5 cm, sont entourées chacune de deux pirouettes rondes et mesurent 1 cm de diamètre. Un deuxième fragment de corniche (Op. B. 2022-10-01-01) provient de la couche superficielle de l’abside sud du Triconque (US 51) (figure 23). Taillé dans un marbre blanc à cristaux fins, il est haut de 8,8 cm. Il s’agit d’une doucine droite soulignée par un listel de 1,2 cm de haut. La face de la doucine est décorée d’une fleur de lotus qui surgit de deux branches en forme de « s ». Cette rosace est traitée sommairement à la pointe. Une coloration ocre est visible au niveau de la rosace : la fleur de lotus aurait été sublimée moyennant de la peinture rouge (figure 23 a). Figure 22: fragment de corniche à modillons Figure 23: fragment de corniche à la feur de lotus Figure 23a : pigmentation rouge de la corniche à la fleur de lotus vue avec microscope dino-lite 26 2- Fragment d’un chapiteau Au sud de la nouvelle abside Ouest (US 37), on a trouvé un fragment de chapiteau (op. B. 2022-10-01-03) (figure 24). De la corbeille du chapiteau, il reste seulement une volute gauche et son calice. Ce chapiteau est taillé dans du marbre Proconèse. Le diamètre de la volute mesure 15 cm. L’enroulement est constitué d’une spire concave et large de 4 cm. La tige de la volute est végétalisée : au sommet a été sculptée une palmette à dix petites folioles de part et d’autre et une centrale au sommet. Au dessous, il y a trois demi-feuilles d’acanthe : la supérieure et la médiane sont à cinq folioles, la feuille inférieure, plus petite, est à seulement quatre folioles. Pour les trois feuilles, on remarque que la foliole centrale est toujours souple et concave. Le calice mesure 18 cm de haut. Il est couvert de trois feuilles d’acanthe. Ces trois feuilles partent de la tige, des œillets en triangles séparent ces feuilles du calice… ce dernier est une baguette dont les deux bords convergent vers le sommet. La feuille d’acanthe supérieure est constituée de cinq folioles concaves et arrondies. De la feuille médiane, il ne reste qu’une foliole inférieure gauche. La feuille inférieure aussi est constituée de cinq folioles. Ces feuilles d’acanthe sont toutes molles, concaves et arrondies. Il convient de s’arrêter sur le type de feuille d’acanthe. Il s’agit d’une acanthe molle. Figure 24 : fragment de fleur du chapitau corinthien 3- Fragments de bases Ils sont tous découverts au sud-est de la nouvelle abside Ouest (US 37), secteur central de la nouvelle fouille. Il s’agit d’un fragment de base (Op. B. 2022.03-01-04) dont reste un tore inférieur haut de 8 cm. Il est couronné d’un listel de 1,8 cm. (figure 25). Il est sculpté dans un marbre blanc à petites veines grises, et à cristaux moyens, de type Proconèse ? Un deuxième fragment de base (Op. B. 2022.03-01-05) a été collecté. De cette base de colonne en Kadhel rose, reste seulement une plinthe de 8,4 cm. Elle est suivie d’un tore inférieur de 4,2 cm de haut. Ce dernier est décoré d’un listel de 1 cm (figure 26). Mais le plus éloquent de cette série est sans doute un fragment de base qui se compose d’une plinthe de 6,5 cm, suivie d’un tore inférieur de 3,2 cm de haut. Ce dernier est décoré d’un listel de 0,7 cm. Une Scotie de 2,3 cm sépare le tore inférieur du tore supérieur haut de 3 cm. Ce dernier est décoré d’un listel de 1cm. Par sa modénature, il appartient à l’ordre ionique attique (figure 27). Il est inventorié (op. B. 2022. 03-01-06). 27 Figure 25: base de colonne en Proconèse? Figure 26: base en Kadhel Figure 27: base d’ordre ionique 4-Caractéristiques du décor architectonique Pour la sculpture des éléments architectoniques, on remarque qu’on a alterné entre la pierre locale à savoir le Kadhel pour les bases et la sculpture des marbres célèbres. Ces derniers sont abondamment utilisés dans l'architecture romaine et ont été importés généralement lors de grands travaux décoratifs17. Il s’agit essentiellement du marbre de Carrare en Italie 18 distingué par ses très fins cristaux. On note aussi un marbre blanc à patine jaune, veiné et à reflet métallique dit Pentélique19 ainsi que un marbre gris-bleuté dit Proconèse20 d’Asie Mineure : un marbre à coût relativement économique21. Ici il convient de préciser que l’observation visuelle et au microscope ne permet pas de trancher quant à l’origine exacte de ces marbres et seules des analyses d’ordre pétrographique nous aideront. Quant à la technique, certaines traces d’instruments utilisés sont bien lisibles : on a noté le recours au trépan pour découper les contours des lobes des feuilles d’acanthe et pour la moulure des perles et des pirouettes. F. Bessière explique que le recours à la sculpture des feuilles d’acanthe au trépan est typique des ateliers de Carthage22. A propos d’ordre, on a observé un fragment de corniche non canonique à décor stylé (op.B. 2022-10-01-01) mais qui ne manque pas d’originalité. Ce dernier, n’est pas sans rappeler deux fragments de corniche à savoir les fragments 70 B 7 et 70 B 17 exhumés au terrain du cinéma au secteur Ouest de Dermech. Ils sont en marbre gris et montrent une doucine décorée de rosace surgissant de deux branches (Figures 28 a et b). 17 Ferchiou, N. « Rinceaux antiques remployés dans la Grande Mosquée de Tunis : parenté de leur style avec celui de certains monuments de Carthage », Antiquités africaines, 1981, 17, 163. 18 http://remacle.org/bloodwolf/erudits/strabon/livre52.htm et Loriot, X. « Une nouvelle inscription d’Ostie, Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2007-2009, 234. 19 Ferchiou, op.cit. 144. 20 Ferchiou, op.cit. 156. 21 Agus, M. et alii. « I marmi bianchi di Uthina : indagine archeomtrica sui reperti provenienti dal settore di scavo », Fouilles archéologiques à Uthina (2001-2007), 2007, 370. 22 Bessière, F. « Les chapiteaux du musée de Carthage : contribution à la connaissance du décor d’architecture d’Afrique proconsulaire, sous la direction du Prof. R. Hannoun et A. Muller, vol III, 2006, 686 : « L’omniprésence du travail au trépan afin de dessiner plutôt que de modeler la feuille est un caractère fort de cette série de Carthage et des productions de Proconsulaire en général, dans le quel le souci de se conformer à un modèle naturaliste devient une préoccupation secondaire ». 28 Figures 28 a et b : fragments de corniche du secteur Ouest de Dermech à Carthage (cl. N. Nasr) Parallèlement, on note aussi le recours à l’ordre corinthien à travers la corniche corinthienne (op.B. 2022-10-01-02) et le fragment de chapiteau (op. B. 2022-10-01-03). Il s’agit aussi d’une base ionique attique (op. B. 2022-03-01-06). D’après N. Ferchiou les bases ioniques attiques étaient largement majoritaires au début de l’ère impériale et notamment à l’époque hellénistique par rapport à celles corinthiennes ou composites23. Pourvue de plinthe et taillée indépendamment du fut, cette base est de type impérial24. Considérant le fait que filet et tore supérieur sont au même aplomb ainsi que la scotie qui dépasse ce tore : il s’agit du type grec25. Il convient de s’arrêter aussi sur le type de feuille d’acanthe noté au fragment du chapiteau. Il s’agit d’une acanthe molle à cinq folioles. Les folioles sont arrondies et légèrement concaves. F. Bessière, suite à l’étude des chapiteaux de Carthage confirme qu’il s’agit de l’acanthe typique et la plus courante à Carthage26. A propos du thème floral noté sur la corniche (op. B. 03-01-01), l’illustration des fleurs est courante dans les contextes funéraires chrétiens à Carthage27. III-Méthodes de datation La peinture : Dater un décor peint est loin d’être une tâche aisée, surtout en l’absence de monnaie ou de céramique… Dans notre cas, on ne peut prétendre dater la peinture, mais on s’est proposé de procéder à des comparaisons. Le choix chromatique à savoir le fond blanc, les bordures bleues foncées et le rouge sombre est noté dans une peinture murale du même site. Il s’agit de ce qu’appelle A. Barbet « premier décor » de la maison près du monument circulaire28 : soit une peinture datant entre le IIIème et le IVème siècle après J.-C.29 et est constituée d’un ensemble de panneaux. I. Chabot parle de rouge bourgogne et de bleu noir30. Aussi l’option de la voûte peinte n’est pas un unicum à Carthage comme à un kilomètre du complexe du monument circulaire a été exhumée la Ferchiou, N. « L’évolution du décor architectonique en Afrique proconsulaire des derniers temps de Carthage aux Antonins », thèse de doctorat, sous la direction du Prof. P. Gros, vol I et II, Université d’Aix en Provence, 1989, 23. 24 Ward Perkins, J.-B. et Strong, D.-E. P.B.S.R. XXVIII, 1960, 20 et P.B.S.R.XXX, 1962, 5. 25 Ferchiou, N. Architecture romaine de Tunisie : l’ordre, rythmes et proportions dans le Tell, 1975, 13. 26 Bessiere, op.cit., 29 : « acanthe molle à digitations à extrémité lancéolées ou arrondies de section plane ou legerement concave présente un contour à découpage dissymétrique caractéristique et un des types les plus representés à Carthage ». 27 Delattre, L. « Le cimetière chrétien de Mcidfa à Carthage », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 50ᵉ année, N. 6, 1906, 424. 28 Barbet, 2013 : op.cit. 36 - 37, fig.32, 33 et 35. 29 Senay, P. « Le rapport préliminaire des fouilles de la basilique dite « trioconque » de l’Aedes Memoriae de Carthage (1994-1996-2000) », Carthage XI, La basilique dite « triconque » de l’Aedes Memoriae. Fouilles 1994-2000, CEA, XXXVI, 2000, 124. 30 Chabot, I. « La mosaïque et les fresques de la maison romaine », 102-108, Carthage XI, La basilique dite « triconque » de l’Aedes Memoriae. Fouilles 1994-2000, CEA, XXXVI, 2000, 115-141, et plan II, 106. 23 29 voûte peinte dite « Kobbet ben Ray » datée du IVème siècle après J.-C.31 : le fond est blanc et est décoré de perroquet et d’alignements floraux géométriques polychromes32. Quant au type de décor et cette combinaison de carreaux cernés de filets de perles et de pirouettes rappelant les caissons, elle est connue comme décor de plafonds33. Il s’agit d’une imitation des caissons en bois34. Pausias, selon Pline l’Ancien, fut le premier à décorer les lambris (XXXV, XL [1])35. Pour A. Barbet, ce décor est rare sur les voûtes, il est caractéristique du Ier siècle avant J.-C., et se rapporte au II style36. Cepandant à Carthage, on le note aussi en sculpture architecturale : non loin de notre site, une voûte à caissons taillés en marbre blanc décore les thermes d’Antonin remontant au IIème siècle37 après J.-C. (voir figure 21). En peinture, le décor à caissons est répandu dans les contextes domestiques romains. De plus, on retient que comme dans notre cas, les voûtes peintes à caissons alternent souvent le rouge et le bleu ou leurs dérivés sur un fond gardé toujours blanc. D’ailleurs, le plafond de la villa della piscina à Centocelle à Rome montre des caissons peints de bleu, de jaune et de rouge bordeaux 38, ils sont décorés de fleurons. La peinture est datée entre le IIème et le IVème style et remonte au milieu du Ier39. Aussi le plafond des fauces à la Maison Samnite à Herculanum, est peint de bandes successives marron foncé, grises, noires. Le centre est laissé blanc, sans aucun motif. Il remonte au Ier siècle avant J.-C. et est du IIème style40. M. Fuchs41 décrit une voûte décorée de caissons où s’alternaient le rouge et le bleu à l’insula 7 à Avenches : il s’agit d’une demeure d’un notable de l’époque sévérienne42. Le décor architectonique et ses moulures : Les vestiges en matière d’éléments architectoniques au monument circulaire ne sont pas nombreux, mais ils nous semblent assez éloquents. Certains furent transposés de leurs monuments originels, ce qui complique leur attribution à tel ou tel monument et leur datation. Des comparaisons des moulures avec ce qu’on trouve sur des monuments déjà datés peuvent nous orienter sur l’époque : une méthode à laquelle a eu recours F. Rakob dans son étude consacrée au temple des eaux à Zaghouan, mais aussi en prenant en considération les inscriptions datées et datant les monuments. D’ailleurs N. Ferchiou dans ce contexte a déclaré : «...seuls les motifs décoratifs empruntés au répertoire architectural (denticules, rais de cœur, perles…) constituent des critères stylistiques relativement sérieux, car ils sont souvent copiés sur des édifices officiels de la région …»43. A ce niveau, il faut noter qu’on désigne par moulure architectonique l’ornementation sculptée agrémentant les éléments architectoniques ou les inscriptions. Ainsi, on considérera les moulures à décor architectonique en l’occurrence les denticules et les perles et pirouettes. Parallèlement, on observera la technique de la sculpture. A propos de perles et de pirouettes, on note un astragale peint sur la voûte et un autre sculpté sur la corniche. On le sait, les perles et pirouettes ont évolué à travers le temps du point de vue de la forme et de l’agencement : ainsi on peut rencontrer des perles rondes, ovales ou larges, entourées de deux pirouettes ou même d’une paire de pirouettes à la fois. La forme de ces dernières peut varier 31 Storz, S. « La Kobbet Bent el Rey, Rapport préliminaire sur les recherches effectuées de 1978 à 1989 », CEDAC, Carthage, 12 Juin 1991, 60. 32 Barbet, 2013, 52. 33 Barbet, A. et Heidet, S. « Stucs, peintures et opus musivum du site de Chamiers ». Aquitania : une revue inter-régionale d'archéologie, tome 16, 1999, 245. 34 Barbet, A. Le décor à caissons, Coupoles, voûtes et plafonds peints d’époque romaine, Ier-IVème siècle apr. J.-C., 2021, 25. 35 https://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/livre35.htm (XXXV, XL [1]) 36 Barbet, 2021, op.cit. 46. 37 Lézine, A. Les thermes d'Antonin à Carthage, Tunis, 1969 et Lézine, A. Carthage-Utique. Études d’architecture et d'urbanisme, Paris, 1968, 42. 38 Barbet, 2021 : op.cit. 31. 39 Barbet, 2021, op.cit. 32. 40 Barbet, 2021, op.cit. 26, fig. 26. 41 Fuchs, M. « Voûte peinte à Vallon (Suisse) ». Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 10, 1995, 1999, 124. 42 https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=jas-003%3A1991%3A74%3A%3A343, 220. 43 Ferchiou, N. « A propos d’une inscription magique grecque : le domaine de Sidi Kaddou », Cahiers de Tunisie, n° 127128, 1984, 184. 30 aussi pour passer des simples sphères, aux losanges ou encore aux carrés posés sur la pointe. Dans notre peinture si les perles sont plutôt longues comme elles atteignent 4 cm sur une hauteur de 1 cm. Une paire de pirouettes rondes les séparent. Ces perles et pirouettes rappellent de point de vue forme l’astragale aux perles et pirouettes ornant le mausolée des officiales de Carthage44 remontant au milieu du IIème siècle après J.-C. 45. Ce même agencement des perles et pirouettes et ces mêmes dimensions sont notés aussi sur l’astragale de perles et pirouettes sculpté sur le premier astragale de l’architrave des thermes d’Antonin à Carthage46. A la corniche corinthienne, on note aussi un astragale où les perles sont ovales et sont entourées de deux pirouettes rondes de part et d’autre. Cet astragale est similaire à la deuxième kimation de la frise architrave des thermes d’Antonin de point de vue agencement, forme et dimensions. Cette corniche corinthienne est soulignée d’une série de denticules : un motif ornemental constitué par de petites découpures quadrangulaires et placées de manière juxtaposée. Ils sont séparés par des vides d’une longueur égale généralement à la moitié de la longueur d’un denticule et désignés du nom de métatomes, métoches ou métopes47. Les sculpteurs de denticules adoptaient à travers les âges différentes échelles, proportions et formes : ainsi ces éléments se déclinent en plusieurs variétés : rectangulaires : allongés ou larges, carrés. Les denticules de la corniche du monument circulaire sont aussi similaires de point de vue forme (carrée) à celle des thermes d’Antonin datés du IIème siècle après J.-C48. Sur cette même corniche, on note le recours au trépan pour découper les contours des lobes des feuilles d’acanthe du modillon et pour la moulure des perles et des pirouettes. La sculpture au trépan est typique du IIème siècle après J.-C 49. Aussi, l’astragale de cette corniche montre des perles ovales et des pirouettes rondes rappellent celles de la corniche des thermes d’Antonin datée du IIème siècle50. Conclusion On ne peut conclure sans s’attarder sur l’usage du colorant dit « bleu égyptien » à la peinture de la voûte et son caractère précieux51, mais aussi sur la technicité du pictor qui a alterné la technique de la fresque, la technique « a secco » et le recours au stuc52. Pour cette peinture la datation du IVème siècle après J.-C. peut être plausible si on considère la même tonalité de bleu et de rouge notée dans une peinture du même site datant du IVème siècle après J.-C. De plus la peinture de la voûte de « Kobet bent Ray » à Carthage et qui constitue un autre parallèle est datée aussi du IVème après J.-C. En conséquence, l’existence de tant de peintures similaires de point de vue chromatique et motifs dans des sites proches à Carthage plaide pour leur appartenance à un même atelier. A leur tour, les fragments de sculpture architecturale par leur décor et leur ciselure témoignent de l’installation d’un atelier carthaginois : le recours au trépan est un caractère typique de la sculpture carthaginoise. Toujours au niveau des corniches, la corniche corinthienne montrant une acanthe molle à digitations à extrémités lancéolées, légèrement concave et à contour à découpage dissymétrique est caractéristique de Carthage comme déjà expliqué. 44 Exposé au musée du Bardo, suite à une anastylose. Khanoussi, M. « La salle du mausolée », Je suis Bardo, (dir.) S. Aounallah, INP-AMVPPC, 2016, 351. 46 Lézine, A. « Le forum de Carthage », Architecture romaine d’Afrique : recherches et mises au point, 1960, 42 ; Ferchiou, N. « Rinceaux antiques remployés dans la Grande Mosquée de Tunis : parenté de leur style avec celui de certains monuments de Carthage ». Antiquités africaines, 17, 1981, 149, 153. 47 Ginouves, R. et Martin, R. Dictionnaire méthodique de l’architecture grecque et romaine, Matériaux, techniques de construction, techniques et formes du décor, Rome/Athènes, vol I, 1985, 179-180. 48 Lézine, A. Le forum de Carthage in Architecture romaine d’Afrique : recherches et mises au point, 1960, 42. 49 Ferchiou, N. op.cit. 1981, 151. 50 Lézine, A. Le forum de Carthage in Architecture romaine d’Afrique : recherches et mises au point, 1960, 42. 51 Dubois-Pèlerin, E. « Les décors de parois précieux en Italie au Ier siècle ap. J.-C. : sources littéraires et données archéologiques », Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité, tome 119, n°1. 2007, 108. 52 Au niveau de la ligne creuse au bas de la peinture. 45 31 Certes la corniche corinthienne et les bases aux ordres classiques confirment l’adhésion des carthaginois aux normes romaines, cependant le fragment de corniche non canonique qui rappelle d’autres de Dermech serait l’œuvre d’artisans locaux. A la maitrise des ordres classiques, s’ajoutent l’acquisition de marbres importés. D’ailleurs ayant considéré des parallèles provenant des Thermes d’Antonin, on ne peut conclure sans évoquer les dires de N. Ferchiou à propos de la facture de ces bains : « Cependant paraît probable d'ores et déjà la participation d'artistes venus de l'extérieur à la décoration architecturale des Thermes d'Antonin à Carthage »53. 53 Ferchiou, N. 1981. op.cit.163. 32 5.2. Les monnaies (Hanen Ben Slimane) Les monnaies qui ont été recueillies au cours de la fouille faite au mois de mai 2022 dans le complexe cultuel du monument circulaire constituent un ensemble très riche émanant d’un contexte stratigraphique et archéologique méticuleusement fouillé. Au total nous disposons de 72 pièces de monnaies en cuivre recueillies de 21 unités stratigraphiques54. La plupart de ces monnaies sont dans un mauvais état de conservation à cause d’une forte corrosion et certaines sont assez altérées pour être identifiées sans procéder à leur nettoyage. Après un premier examen de la part du laboratoire de restauration, il s’est avéré que 26 pièces sont entièrement abimées, ce qui ne permet pas de les faire nettoyer55. Le reste, soit 46 pièces, ont été nettoyées. Toutefois, parmi ce lot nettoyé, 29 pièces seulement (60 %) ont pu être identifiées avec certitude. Le reste, à savoir 17 pièces, sont trop dégradées au point qu’il est difficile de les dater avec précision tout en y reconnaissant du moins leur appartenance à la période romaine ou peut-être même pour les petites pièces aux périodes vandale et byzantine. Les monnaies livrées par la fouille de 2022 s’échelonnent du IVème siècle à la fin du VIIème siècle. Les 29 pièces identifiées avec certitude se répartissent comme suit : 6 romaines, 5 vandales et 18 byzantines. A. Les monnaies romaines tardives La fouille de cet’ensemble cultuel a livré seulement 6 monnaies romaines tardives datables des IVème et Vème siècles (figure 29). Elles s’étagent de Théodose Ier (379-395) à Théodose II (408450). Elles furent trouvées essentiellement soit à l’entrée du triconque dans les US 31, soit au fond de la nouvelle abside Ouest (US 16, US 30 et US 47). Parmi les deux nummi de Théodose Ier, l’un est frappé par l’atelier de Siscia en Pannonie, tandis que pour le second la marque de l’atelier est indéterminée. Quant aux monnaies d’Honorius (395-423), la première au type du Gloria Romanorum et la deuxième au type de la Concordia Augustorum, sont frappées toutes les deux par l’atelier d’Héraclée. Celles de Théodose II appartiennent au type de la croix dans une couronne et dont l’une est frappée vraisemblablement dans l’atelier de Cyzique (Turquie). Ces monnaies romaines tardives sont réparties sur 5 unités stratigraphiques : Nombre d’exemplaire Empereur Théodose Ier 2 Honorius 2 Théodose II 2 US US 31 US 16 US 47 US 47 US 30 US 56 Figure 29. Répartition des monnaies romaines selon les unités stratigraphiques B. Les monnaies vandales Quant au deuxième lot de monnaies recueillies, il s’agit de 5 pièces frappées respectivement par les trois derniers rois vandales (figure 30). Une monnaie de Thrasamund (496-523) au type de la victoire, deux de Hilderic (523-530) et deux de Gélimer (530-534) trouvées respectivement derrière l’abside nord du triconque (US 32), dans le mur de la nouvelle abside Ouest (US 8) et à l’Est de la chambre voutée (US 11), soit dans des strates qui ont livré les monnaies les plus tardives (du VIème- Pendant la fouille, les monnaies ont été enregistrée sur place et ont reçu un numéro d’inventaire comprenant le nom du site, l’année de découverte, le secteur et l’unité stratigraphique (US) de découverte et le numéro d’objet dans cette US. 55 Nous remercions vivement le technicien du laboratoire du Musée National de Carthage, qui a procédé au nettoyage mécanique et chimique des pièces qui lui ont été confiées. 54 33 VIIème siècle). Toutes ces pièces vandales sont frappées par l’atelier de Carthage aux types les plus communs (la victoire, la croix potencée, le palmier et le monogramme de Gélimer). Les 5 monnaies vandales sont réparties sur 4 unités stratigraphiques comme suit : Nombre d’exemplaire Roi US Thrasamand 1 US 32 Hilderic 1 1 2 US 8 US 11 US 11 US 16 Gélimer Figure 30. Répartition des monnaies vandales selon les unités stratigraphiques C. Les monnaies byzantines La fouille de ce complexe cultuel a livré un nombre élevé de monnaies byzantine (18) qui s’échelonnent du début de l’occupation byzantine jusqu’au la fin du VIIème siècle56 (figure 31). Elles se répartissent comme suit : 10 pièces de Justinien Ier (527-565) (3 nummi, 5 dékanoummions, et un pentanoummion), un dékanoummion de Justin II (565-578), un demi-follis de Focas (602-610), 2 demi-follis d’Héraclius (610-641), 4 demi-follis de Constant II (641-648) et un follis de Justinien II (685-695). Toutes ces pièces byzantines sont frappées par l’atelier provincial de Carthage. Pour les monnaies byzantines, nous constatons une forte concentration de ces pièces dans les US 8 et US 11(nouvelle zone fouillé) qui abritent à elles seules plus que la moitié, à savoir 10 pièces sur 18. Les huit autres pièces se répartissent sur 8 unités stratigraphiques : Nombre d’exemplaire Empereur Justinien Ier 9 Justin II Phocas Héraclius 1 1 2 Constant II 4 Justinien Ier 1 US US 47 US 08 US 16 US 08 US 08 US 31 US 11 US 37 US 30 US 11 US 11 US 11 US 15 US 37 US 11 US 11 US 01 US 08 Figure 31. Répartition des monnaies byzantines selon les unités stratigraphiques Ainsi, la représentativité des différentes périodes d’occupation du site du monument circulaire telle qu’elle est étalée par l’ensemble des monnaies s’avère inégale. La période la mieux représentée, dans ce secteur, est l’époque byzantine avec 62 % de l’ensemble des monnaies identifiées contre 17 % pour la période vandale et 21% pour la période romaine tardive (figure 32 et 33). C’est un faciès La date de la dernière émission recueillie au cours de la fouille est la quatrième indiction du règne de Justinien II soit, l’année 690/1. 56 34 monétaire qui parait ordinaire puisque la part la plus importante des trouvailles monétaires sur un site archéologique dont la stratigraphie n’est pas bouleversée devrait être constituée par la monnaie frappée pendant la dernière période d’occupation. Ce matériel numismatique pourrait être considéré comme représentatif de l’ensemble des monnaies du site de Carthage dégagées par les différentes équipes de la Campagne Internationale de l’Unesco et confirme un faciès monétaire général de Carthage de la fin de la période romaine, vandale et byzantine57. D’autre part, la coexistence de monnaies vandales et de monnaies byzantines dans les mêmes contextes archéologiques (byzantin) prouve que les frappes vandales ont continué à circuler en Afrique au-delà de la reconquête de 533. Répartition des monnaies selon les époques 21% monnaies byzantines monnaies vandales 17% 62% monnaies romaines Figure 32. Répartition des monnaies selon les époques La présence de ce matériel numismatique tardif dans un contexte cultuel chrétien à Carthage n’est pas surprenante car elle est bien attestée dans d’autres monuments tels que les basiliques chrétiennes de Damous El Karita, de Bir Massouda, de Bir el Knissia, etc.58 Il ne s’agit très probablement pas d’offrandes monétaires mais plutôt de monnaies prises de la circulation et qui ont été perdues à un moment donné lors de la fréquentation de l’édifice. Ce lot monétaire s’ajoute au matériel numismatique dégagé lors des fouilles antérieures menées dans le même site du complexe cultuel du monument circulaire. Malgré son importance, son interprétation ne pourrait être définitive qu’après l’achèvement de la fouille du même secteur. Le matériel numismatique livrés pendant les différentes campagnes de fouilles menées par l’Université de Michigan (qui se caractérise par une forte proportion de monnaies byzantines) offre un faciès similaire à celui relevé par les trouvailles monétaires du complexe cultuel du monument circulaire. Voir à ce propos Buttrey, T.-V., Hitchner, R.-B., « The coins-1976 », Excavation at Carthage 1976, Univ. of. Michigan, 1976, vol. IV, Ann Arbor, 1978, 99-163 ; Metcalf, W.-E., Hitchner, R.-B, « The coins-1977 », Excavation at Carthage 1977, Univ. of Michigan, vol. V, New Delhi, 1980, 185-262 ; Metcalf, W.-E., « The coins-1978 », Excavation at Carthage 1978, Univ. of Michigan, vol. VII, Ann Arbor, 1982, 63-168 ; Metcalf, W.-E., « The Michigan Finds at Carthage, 1975-1979: An Analysis », ANSMN (American Numismatic Society. Museum Notes), 32, 1987, 61-81. (Bilan de l’ensemble des trouvailles américaines 1975-1979 de l’Univ. of Michigan), Morrisson C. (1988), 423- 435. Le matériel numismatique livré par les fouilles américaines des deux premières saisons dans le cirque offre le même profil que celui fourni par les matériels des autres secteurs. Voir à ce propos aussi Metcalf, W.-E. « The coins-1982 », Circus and a Byzantine Cemetry at Carthage, vol. I, Ann Arbor, 1988, 337-377. Les trouvailles des fouilles de l'Université Harvard et de celle de Chicago menées entre 1975 et 1978 sur le site du port punique et du tophet de Carthage offre aussi elle un faciès similaire à celui des autres sites publiés de Carthage. 58 Ennabli L. (2000), 161-183. Voir aussi Ennabli L. (1997). 57 35 Fig. 33. Répartition des monnaies selon les unités stratigraphiques les mieux représentées Planche monnaies 1 2 3 4 36 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 37 Droit Revers Poids Atelier Emp. valeur Métal N° inv. N° inv. Fouille Catalogue des monnaies de fouille du monument circulaire Mod. (mm) Références Bib US/Chronologie US Monnaies romaines tardives 10 1 AE AE4 Nummus (384-387) Théodose Ier Siscia Buste diadémé, drapé et cuirassé de Théodose Ier à droite vu de trois quarts en avant. DNTHEODO[ ] 48 2 AE AE4 Théodose Ier ? Buste diadémé, drapé et type non identifiable cuirassé de Théodose Ier à droite vu de trois quarts en avant. 50 3 AE AE4 (Nummus) (408-423) Honorius Héraclée DNHONORI-VS P F AVG ; buste cuirassé, diadémé perlé et drapé à droite, étoile derrière 107 4 AE Æ 4 406 Honorius (395-423) Héraclée 83a 5 AE AE4 Nummus (425-435) Théodose II 83b 6 AE AE4 Nummus Théodose II 404- RIC 39 b2 US 16 (entre les deux murs de l'abside ouest) ? US 31 (entrée du triconque) Gloria Romanorum Héraclée, 1.35 g 15 mm 1ère officine) SMHA en exergue ; deux empereurs (Honorius et Théodose II) se faisant face, têtes tournées l'un vers l'autre, tenant une haste. Buste d'Honorius diadémé Croix potencée. Concordia 0.81 g 12 mm à droite. DNHONORI/[vs Augustorum”, (la Concorde des p f AVG]… augustes. [ ]COR[ ]. A l'ex. SMH[A]. RIC X 397 US 30 RIC 124 US 56 Cyzique ? DNTHEO[ ] Buste Croix dans une couronne. A diadémé, drapé et cuirassé l'ex. SMK? de Théodose II à droite. 1.11 g 13 mm RIC X 449 US 47 fond de l'abside ouest ? Buste diadémé, drapé et cuirassé de Théodose II à droite. 1.21 g 13 mm ? US 47 fond de l'abside ouest 38 Victoria (la Victoire) marchant à 1.67 g 14/16 gauche, tenant une couronne de la main droite et une palme de la gauche. A l'ex. ASIS Croix dans une couronne. 2.24 g 14 mm Monnaies vandales 44 7 Noummion AE Vandale Thrasamand (496-523) Carthage Effigie stélisée de profil à d. Victoire anonyme debout de face 0.79 MIB 42/16 US 32 MIB 42/22 US 8 (abside ouest) 4 8 AE Noummion vandale (Hilderic 523 530) Carthage Buste diademé, drapé et cuirassé à d. Croix potencée dans une couronne de lauriers 0.81 17 9 AE Noummion Vandale (Hilderic 523 530) Carthage Buste diademé, drapé et cuirassé à d. Croix potencée dans une couronne de lauriers 0.78 MIB 42/22 US 11 20 10 AE Noummion Vandale Carthage (Gélimer 530534) Buste diadémé, drapé et cuirassé à d. 0,76 g 10 mm MIB 42/25 US 11 18 12 AE Noummion Vandale Carthage (Gélimer 530534) Buste diadémé de perles, drapé, et cuirassé face à droite. 1.11 g 10/11 mm BMC 68 US 16 (entre les deux murs de l'abside ouest) 39 Monogramme de Gélimer dans une couronne de lauriers. palmier. 9 mm Monnaies byzantines 75 11 AE Noummion Justinien Ier Carthage 537/8 Carthage Buste de Justinien Ier diadémé à d. Lég. illisible 1.10 g 10 mm MIB 193 US 47 fond de l'abside ouest 1.13 g 10/11.5 mm MIB 205 US 8 (abside ouest) 1.14 g 10/11 mm MIB 205 US 16 (entre les deux murs de l'abside ouest) 2.95 g 13/14 mm MIB 188a US 8 (abside ouest) MIBE 200 US 8 (abside ouest) MIBE 80b US 31 bordure linière. 6b 13 AE Noummion Justinien Ier (539-540) Carthage Buste de Justinien diadémé à d. [ ]ΛN VOT/XIII. Auto ur un cercle et une couronne de laurier 16 14 Noummion (539/40) Justinien Ier Carthage Buste de Justinien diadémé à d. [ ]ΛN AE 5 15 AE Décanoummion Justinien Ier (533/4-537) Carthage VOT/XIII. Autour un cercle et une couronne de laurier Buste de Justinien diadémé à d. vêtu de la cuirasse et du paludamentum. [ ]IΛNIPPA 6a 16 AE Décanoummion Justinien Ier (547-552) Carthage Buste de Justinien diadémé à d. vêtu de la cuirasse et du paludamentum. [ ]STINI[ ] 82 17 AE Décanoummion Justinien Ier (547-552) Carthage Buste de Justinien diadémé à d. vêtu de la cuirasse et du paludamentum. Légende illisible. 40 Crois entre deux étoiles; à l'ex. KART 4.71 17 mm Victoire marchant à d. En m. d. une couronne de laurier, en m. g. un gl. cr. A l’ex. X entre deux étoiles. VICTO/RIΛΛC Victoire marchant à d. En m. d. 6.48 g 16 mm une couronne de laurier, en m. g. un gl. cr. A l’ex. X entre deux étoiles. VICTO[ ] IΛΛC 29 18 AE Dékanoummion Justinien Ier (547-552) Carthage Buste de Justinien diadémé à d. vêtu de la cuirasse et du paludamentum. [ ]ST[ ] Victoire marchant à d. En m. d. 6.42 g 17 mm une couronne de laurier, en m. g. un gl. cr. A l’ex. X entre deux étoiles. VICTO[ ] MIBE 80b US 11 74 19 AE Dékanoummion Justinien Ier (547-552) Carthage Buste de Justinien diadémé à d. vêtude la cuirasse et du paludamentum. DNIVSTIN[IΛ]NVSPΛC Victoire marchant à d. En m. d. 6.31 g 16/17 une couronne de laurier, en m. g. mm un gl. cr. A l’ex. X entre deux étoiles. VICTO[ ]IΛΛC MIB 200 US 37 43 20 AE Pentanoummion Justinien Ier (538-542) Carthage Buste de f. de Justinien portant le casque, la cuirasse et le bouclier. Lég. Illisible. 2.31 g 12/13 mm MIBE 203a US 30 3.95 g 1.5/1.6 mm MIBE 80a US 11 8.45 g 18/20 mm MIB 98a US 11 28 21 AE Décanoummion (572-578) Justin II Carthage 25 22 AE Demi-follis (606/7) Focas Carthage Є A d. Une croix. Autour, un cercle et une couronne de laurier. A g. Justin, à d. Sophie, couronnés, vêtus de la chlamyde, assis de f. sur un double trône, les mains sur les genoux. Entre leurs têtes, une croix. A l’ex. VITA. DNIV[ ]ΛCC I au milieu, à d. M et à g. N. Buste de f. de Phocas (barbe courte) portant le stemma (sans pendants). Vêtu de la division et du loros. En m. d. la mappa, en m. g. le gl. cr. X.X Au-dessus une DNFOCΛ SPЄRPΛVC croix. A g. Une étoile. A d. Є (=5e année du règne, 606/7) ; à l’ex. KRTG 41 15 23 AE Demi-follis (616/7) Héraclius Carthage Buste de f. d’Héraclius imberbe portant la casque ornée d’une croix, la cuirasse et le paludamentum. DNЄRΛC LIOPPΛV. 89 24 AE Demi- follis (616/7) Héraclius Carthage Buste de f. d’Héraclius avec barbe courte, portant la casque ornée d’une croix, la cuirasse et le paludamentum. Légende illisible. 67 25 AE Demi follis (2e émission 642647) Constant II Carthage [ ]STINTI[ ] Constant II, portant le stemma, vêtu de la chlamyde, tenant en m. d. une longue croix, en m. g. le gl. cr. 21 26 AE Demi-follis (4e émission 652657) surfrappé sur un demi follis de la 2e émission Constant II Carthage Buste de f. de Constant II (imberbe) portant le stemma 27 AE Demi-follis (4e émission 652657) surfrappé sur un demi follis de la 2e emission Constant II 23 Carthage 4.60 g 1.5/1.6 mm US 11 MIB 234 US 15 (centre du triconque) 6.81 g 19/21 mm MIB 196.a. US 37 (couche d'abondant, audessus de la crypte) 4.22 g 1.6/1.8 mm MIB 198a US 11 4.83 g 1.7/1.8 mm MIB 198a US 11 XX. Au-dessus une croix. A g. Une étoile. A d. Є (5e indiction); à l’ex. KRTG XX. Au-dessus une croix. A g. 3.60 g 1.5/1.9 Une étoile. A d. Є (5e indiction); mm à l’ex. KRTG XX. Au centre une croix. À l'ex. CRTG Croix potencée. Au-dessus, une étoile entre deux points. À g. C A d. T Au-dessous XX. Buste de f. de Constant II Croix potencée. Au-dessus, une portant le stemma, vêtu de étoile entre deux points. À g. C, la chlamyde. En main d. à d. T. Au-dessous XX. la mappa et en m. g. le gl. cr. DNCONS [ ] 42 MIB 234 61 11 28 AE Demi Follis ( 652-657) Constant II Carthage Buste de f. de Constant II portant le stemma, vêtu de la chlamyde. En main d. le gl. cr. DNCO[ ] 4.9 g 16 mm MIB 198a US 1 2.28 g 18 mm MIB 55 US 8 (abside ouest) 2.63 g 1.5/1.7 mm 1.57 g 12 mm ? US 15 ? US 11 Croix potencée. Au-dessus deux petits croix de part et d’autre. A g. C, à d. A, au-dessous XX. 29 AE Follis (4e Justinien II émission 690/1) C ?Carthage IVSTIN[ ]NVSPP Buste def.de Justinien II (barbe courte), portant le stemma, vêtu de la chlamyde. En m. d. le gl. cr. 12 30 AE ? ? ? ? 26 31 AE ? non identifiable non identifiable ? ? ? 41 32 AE ? non identifiable ? ? ? 1.48 g 10/11 mm ? US 31 (entrée du triconque) 47 33 AE ? ? Buste lauré à droite ? US 32 34 AE ? ? ? Croix dans une couronnes de lauriers ? 1.48 g 13 mm 52 non identifiable non identifiable 0.71 g 10 mm ? US 11 (la superficie de la partie centrale du monument) 55 35 AE ? non identifiable ? ? ? 17.70 g 21 mm ? US 30 56 36 AE ? non identifiable ? ? ? 3.11 g 15 mm ? US 32 71 37 AE ? non identifiable ? Buste d'un empereur à d. Croix dans une couronne de lauriers 1.91 g 9/10 mm ? US 43 (la grande mosaique) 80 38 AE ? ? ? ? 1.33 g 1.3 mm ? 86 39 AE ? non identifiable non identifiable ? ? ? 1.25 g 12 mm ? US 47 fond de l'abside US 50 (Le fond de l'abside) 43 M Au-dessus Δ, (4e ind.). Au-dessous, KΓω = (K[arta]Γω) 7 40 ? 76 41 ? 31 43 ? 94 44 ? 96 45 ? 27 46 ? non identifiable (probablement vandale) non identifiable non identifiable (vandale ou byzantine ?) non identifiable non identifiable non identifiable ? ? ? 0.94 g 10 mm ? US 8 ? ? ? 20 mm ? US 37 ? ? ? 0.92 g 10 mm ? US 30 ? ? ? 1.28 g 14 mm ? US 15 ? ? ? 1.30 g 15 mm ? US 15 ? ? ? 1.11 g 13 mm ? US 24 44 5.3. Les mosaïques (Assala Della) Les mosaïques redécouvertes lors de cette campagne de fouille sont au nombre de quatre. Un lot de trois mosaïques dans le triconque en face du monument circulaire et une mosaïque circulaire à l’Est du Cardo Maximus. Toutes ces mosaïques faisaient probablement partie des fouilles faites par l’équipe canadienne. Curieusement, de ces quatre mosaïques, une seule fut mentionnée dans les publications canadiennes : la grande mosaïque circulaire59. Pour les trois autres, il existe un silence absolu au moins dans les publications (probablement il existe un rapport dans les archives privées de P. Senay au Canada dont nous ignorons la localisation). Nous savons avec certitude que la mosaïque de l’abside Est fut découverte par l’équipe canadienne parce que nous avons quelques photos de retrouvailles, en revanche pour les mosaiques de l’abside Sud nous ignorons s’ils avaient decouvert la totalité de la mosaique ou seulement une partie. Une fois les fouilles finalisées aux années 2000, la mosaïque dans l’abside Est fut recouverte avec un remblai d’environ 80 cm de terre. Les trois premières mosaïques, appartenant à une ou plusieurs anciennes maisons romaines, sont pratiquement bien conservées, contrairement à la mosaïque circulaire qui est très fragmentaire et fragile. A. Mosaïque géométrique au canthare La première mosaïque, de l’US 18, qui se trouve dans l’abside Est du triconque, présente un tapis de type géométrique polychrome (dont les couleurs sont : rouge, blanc, noir, vert et jaune) (Figure 34 a et b). Figure 34 : a. P. Senay avec les étudiants lors de la decouverte de la mosaïque. b. vue de drone (fouille 2022) de l’abside Est avec les murs de la maison romaine, les assises du cardo II et la mosaïque centrale. Cette mosaïque est encadrée au Nord par la base d’un mur d’une maison romaine, au Sud par l’autre mur de la même maison ainsi que par le mur de l’abside Est, à l’Est par le cardo II et à l’Ouest par le remblai de la partie centrale du triconque. Elle mesure 2,65 m de longueur et 2,32 m de largeur et quant au lit de pose de la mosaïque, il est long de 3,95 m et large de 2,92 m. Les tesselles sont mises en rangées parallèles au mur Nord, détruites sur les côtés Ouest et Sud et cachées sous le mur vers le côté Sud-Ouest. Elles mesurent environ 1 à 1,5 cm de côté. 59 Senay, P. « Le rapport préliminaire des fouilles au site de la basilique dite triconque… », CAE, XXXVI, Quebec, 2000, 123-124. 45 La bordure est constituée de filets blancs suivis d’une bande noire de trois rangées de tesselles puis une seule rangée de tesselles blanches enfin, sur un fond noir, une succession des oves. Le champ conserve presque la totalité de son décor et est orné d’une composition de deux carrés adjacents déterminant huit triangles isocèles blancs. Les carrés inscrivent, sur un fond noir large de 20 cm, des bandes à tresse à deux brins (en rouge et blanc, vert et blanc). Le motif central est inscrit dans un octogone, de 55 cm de chaque côté, qui inscrit à son tour un cercle bordé d’une ligne de dents de scie et animé par une couronne de laurier, alternativement verte et blanche de 80 cm de diamètre. Il représente un canthare de petites dimensions (voir même un calice ou une coupe) duquel jaillit un rinceau avec deux branches de roses, symbolisant la source d’où jaillit une eau pure, fraiche et désaltérante (Figure 35 a et b). Dans l’état actuel de la fouille nous pensons que cette mosaïque ainsi que la maison romaine dont elle faisait partie ont été rasées et remblayées pour construire le triconque. Figures 35 : a. travaux de nettoyage de la mosaique lors de la fouille. b. détail de la mosaïque centrale. B. Mosaïque aux fleurs Une partie de mosaïque, florale, polychrome partiellement détruite couvre le sol de l’US 36 et elle fait partie probablement de la même maison romaine que la mosaïque précédente. Cette mosaïque se trouve dans un petit espace dans la salle sud du triconque à droite et contiguë à l’abside Sud (figures 36 et 37). Figure 36: détail de la mosaïque aux Figure 37: vue d’ensemble de la position de la fleurs après le nettoyage. mosaïque aux fleurs. Elle mesure 80 cm de longueur et 67 cm de largeur. Tandis que le champ fait 65 cm sur 52 cm. 46 Les tesselles sont en marbre de couleurs noir, blanc, vert, jaune et rouge. Elles mesurent environ 2 cm de côté et elles sont en rangées parallèles aux murs. Il faut noter ici que ces tesselles sont plus larges que celles de la mosaïque géométrique. La bordure fait 16 cm des deux cotés. Elle est constituée d’une bande de trois rangées des cubes blancs et puis une autre bande de deux rangées des cubes noirs. Le champ est une composition des quatre fleurons composant une fleur de forme circulaire de 30 cm de diamètre. A l’intérieur de ce cercle et sur un fond blanc se trouve un fleuron circulaire polychrome de 10 cm de diamètre. C. Mosaïque aux nœuds de Salomon Cette mosaïque géométrique (US 51), polychrome, couvre probablement le sol de la même maison romaine précédente. Une partie de cette maison comme dans les cas précédents a été englobée dans l’abside Sud qui conserve encore une élévation d’environ 2, 50 m. Ce tapis fait 2,25 m x 2,70 m (figure 38). Les tesselles sont mises en rangées parallèles au mur Ouest qui appartienent à la maison romaine et vers le nord le tapis a été abimé par une construction postérieure très gossière qui lui passe par-dessus. Les tesselles sont en marbre ayant entre 1,5 et 2 cm de côté (figures 4 et 5). Le tapis est bordé par une torsade polychrome de 13 cm de largeur. Le champ est divisé plus au moins comme un échiquier en cases carrées, mesurant 31 cm de côté, renfermant alternativement, des nœuds de Salomon en rouge et vert. Entre les carrées manifestent des rectangles renfermant chacun deux triangles qui se touche aux sommets. Figure 38. Vue de la mosaique aux noeuds de Salomon à l’intérieur de l’abside sud. Il faut noter que le mur ouest de la mosaïque appartient à la maison romaine, par contre le mur nord sur la mosaïque est un mur postérieur et contemporain probablement à la construction de l’abside. 47 D. Mosaïque circulaire Cette mosaïque est la seule sur laquelle nous avons des renseignements (figure 39). Elle a été découverte en 1994 par l’équipe canadienne de P. Senay. Il s’agit d’un terrain fouillé par sondages en bordure du Cardo Maximus qui longe le site vers l’Ouest. Elle avait été recouverte par une couche de terre de 35 cm environ. En effet, nous l’avons trouvée accidentellement lors de la première prospection du terrain en avril 2022 (un fragment était visible). Pour Beaudoin et Lavoie cette mosaïque dite circulaire daterait du VIIème ou VIIIème siècle (Beaudoin et Lavoie 2002 : 256-257). Elle mesure 14 mètres de diamètre (selon les anciens rapports des fouilles), a été répertorié, à environ, à 4 m au Nord-Ouest du triconque et proche du Cardo Maximus. C’est l’US 43 de notre mission archéologique. Nous avons employé 15 jours de travail pour le nettoyage : seulement une partie a vu le jour en raison du mauvaus état de conservation (presque 12,60 m²) (figure 40 et 41). La dimension des tesselles est très irrégulière, les tesselles blanches ne sont pas en pierres mais en gypse et les autres tesselles sont en calcaire, mais également en terre cuite, qui est un élément favorable pour la datation de cette mosaïque. La mosaïque est organisée autour de huit motifs radieux présidés par des cyprès décorés de fruits et placés dans un panier entre lesquels figurent des médaillons d’acanthe habitées par une grande variété d’oiseaux, canards, coqs, flamants roses, hérons, paons affrontés picotant un bouquet de raisins. Dans ces conditions et vu son état de conservation, nous trouvons quelques parallèles qui se rapproche plus de cette mosaïque dans plusieurs églises en Tunisie comme par exemple l’abside de l’église de Hr Sokrine au musée de Lamta ou la mosaïque habitée du bascôté de l’église d’El Ouara aux réserves du musée de Sbeïtla. Ces mosaïques sont datées du VIème siècle. Le plan, réalisé par P. Senay et son équipe, ne répond pas à ce qu’on a concrètement trouvé sur le terrain, d’où la représentation des volatiles plus au moins visible. Figure 39. Vue de la mosaique circulaire apres nettoyage en 2022. 48 Figure 40. Détail du cyprès de la mosaïque circulaire après découverte en 1994. Figure 41. Détail du même cyprès après nettoyage en 2022. 49 5.4. Les objets particuliers (Alessandro Abrignani) Au cours de la campagne de fouilles 2022, pas moins de 109 objets ont été trouvés dans diverses unités stratigraphiques du secteur ouest de la zone de fouilles, qui ont été définis comme "particuliers". Ces objets ont été stockés et catalogués pendant les jours de travail. Il ressort d'une première statistique générale que 64 % des objets particuliers (Fig. 1) sont des pièces de monnaies. Viennent ensuite les lampes, les objets en métal, les fragments de poterie décorés, les fragments épigraphiques et les objets en ivoire. Figure 42. Les statistiques des objets particuliers (traitement graphique A. Abrignani) Ces objets particuliers ont été répartis en 7 groupes : 1. Fragments de poterie décoré ; 2. Lampe ; 3. Pièces de monnaie60 ; 4. Fragments épigraphiques très petits ; 5. Objets en ivoire ; 6. Objets en métal ; 7. Autres objets. 60 Cette catégorie sera étudiée par mon collègue Hanen Ben Slimane. 50 Les 15 fiches d'objets particuliers suivantes sont présentées dans les catégories : - Fragments de poterie décorée (n° 32, n° 54, n° 58, n° 63, n° 92) (Fig. 2): Figure 43. Les fragments de poterie décorés (traitement graphique A. Abrignani) - Lampes (n° 40, n° 62, n° 69, n° 70B, n° 79, n° 81, n° 84, n° 87, n° 93, n° 97) (Fig. 3): Figure 44. Lampes (élaboration graphique A. Abrignani) 51 - Fragments épigraphiques (n° 2, n° 8, n° 9, n° 42, n° 90, n° 109) (Fig. 4): Figure 45. Fragments épigraphiques (traitement graphique A. Abrignani) - Objets en ivoire (n° 34, n° 36, n° 37, n° 53) (Fig. 5) : Figure 46. Objets en ivoire (traitement graphique A. Abrignani) 52 - Objets en métal (n° 1, n° 19, n° 24, n° 35) (Fig. 6): Figure 47. Objets en métal (traitement graphique A. Abrignani) - Autres objets (n° 39, n° 59, n° 70) (Fig. 7) : Figure 48. Autres objets (traitement graphique A. Abrignani) 53 FICHES OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 32 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Fragment de céramique décorée Photo et parallèle ou reconstruction Datation 450-480 après J.-C. Description Le fragment de céramique (Hayes, A/E, 284) est décoré de cœurs contenant chacun une croix latine en leur centre. Le motif décoratif était répété dans une bande circulaire au centre de la forme céramique. La pièce en céramique est similaire à la trouvaille spéciale n° 54. Bibliographie P. Senay, Carthage I, dans Cahiers des études anciennes VI, Montréal 1976, p. 94, ph. 15. J.W. Hayes, Late Roman Pottery, The British School at Rome, London 1972, p. 271, fig. 55, n.285d. 54 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 40 Provenance US 22 Couche de surface Définition Fragment de lampe Photo Parallèle ou recontruction Datation Sixieme siècle après J.-C. Description Le motif central est gravé : il s'agit d'une croix monogrammatique dont l'œil du rho est tourné vers la gauche. À l'intérieur, le monogramme est décoré de sarments de vigne et de formes géométriques (losanges). Le motif iconographique se trouve en position centrale entre les deux trous d'alimentation. Il existe également un fragment de la frise qui décorait le disque dans le coin inférieur droit : motifs géométriques et formes végétales. Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 203, n° 1021, pl. LV. 55 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 54 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Fragment de céramique décorée Photo Parallèle ou recontruction Datation 450-480 apr. J.-C. Description Le fragment de céramique (Hayes 67, 93A) est décoré de cœurs contenant chacun une croix latine en leur centre. Le motif décoratif était répété dans une bande circulaire au centre de la forme céramique. La pièce en céramique est similaire à la trouvaille spéciale n° 32. Bibliographie P. Senay, Carthage I, dans Cahiers des études anciennes VI, Montréal 1976, p. 94, ph. 15. J.W. Hayes, Late Roman Pottery, The British School at Rome, London 1972, p. 271, fig. 55, n.285d. 56 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 58 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Fragment de céramique décorée Photo Parallèle ou recontruction Datation Début du 6e siècle après J.-C. Description Le fragment de céramique (Hayes 93E - grand plat) est décoré et ne montre qu'une partie du personnage central qui devait être représenté au centre d'une bande circulaire. Du personnage, en effet, seul le bras droit levé reste dans l'acte du geste de bénédiction avec l'index et le majeur levés et les trois autres doigts joints (n° 232b). Le modèle iconographique est le même que celui de la pièce n° 92. Le geste est la clé de l'interprétation. En fait, dans le répertoire décoratif de l'art paléochrétien, le geste est proprement celui du Christ, comme le démontrent plusieurs exemples tant de céramiques que de peintures et de mosaïques d'Afrique du Nord et de tout l'Orbis christianus antiquus. Bibliographie F. Bejaoui, Céramique et religion chrétienne. Les Thèmes bibliques sur la sigillée africaine, Tunis 1997, pp. 168-201, n. 102, n. 103, n. 104, n. 106, n. 108, n. 115, n. 115a, n. 115b, n. 116, n. 117, n. 124 (e relativa bibliografia). J.W. Hayes, Late Roman Pottery, The British School at Rome, London 1972, p. 265, fig. 51, n. 232b. 57 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 62 Provenance US 30 Couche d'abandon à l'intérieur de la salle absidale ouest Définition Fragment de lampe Photo Datation Sixième siècle après J.-C. Description Fragment supérieur d'une lampe à huile qui devait avoir deux petits trous pour l'alimentation. Le motif central représente un monogramme christologique non décoré avec une boucle rho orientée vers la droite. Les hampes des lettres grecques sont unies. La partie restante de la frise entourant le disque est constituée d'une alternance de motifs géométriques et cruciformes. Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (Musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 184, n° 901 (frise), n° 903 (monogramme), pl. XLIX. 58 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 63 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest Définition Fragment de céramique décorée Photo Datation Début du VIe siècle après J.-C. ( ?) Description Le fragment de céramique (93(?), 103A, 104A-B-C) est décoré et porte la figure d'un félin bondissant vers la gauche. Sur sa droite est visible un bras tendu vers la droite tenant une petite amphore. Des comparaisons montrent que la figure du centre devait être celle de Dionysos étanchant la soif d'un petit félin (panthère ?). La divinité devait être représentée de face, nue, avec une chlamyse posée sur son épaule droite. De sa main et de son bras gauche, il tenait un rameau de vigne luxuriante. Probablement autour du dieu de l'intoxication ont dû courir d'autres félins. Bibliographie John W. Hayes, Late Roman Pottery, London: British School at Rome, 1972, pp. 261-263, fig. 50, n. 223c. 59 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 69 Provenance US 37 Couche d'abandon à l'extérieur de la salle de l'abside ouest (côté sud). Définition Fragment supérieur de lampe Photo Datation 6e siècle après J.-C. ( ?) Description Le motif central de la lampe à huile était probablement une croix latine décorée de disques contenant chacun une fleur stylisée à quatre pétales. La partie de la frise décorant le disque de la lampe à huile était ornée de motifs géométriques : alternance de carrés et de triangles. Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, pp. 212213, n° 1080, n° 1081, pl. LVII. John W. Hayes, Late Roman Pottery. London: British School at Rome, 1972, p. 279, n. 329, fig, 56s. 60 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 70B Provenance US 37 Couche d'abandon à l'extérieur de la salle de l'abside ouest (côté sud) Définition Lampe Photo Datation Sixième siècle après J.-C. Description Mesures 12 x 7,4 cm Lampe à huile africaine classique avec bec fracturé. Forme moyenne et régulière avec disque en creux. Deux petits trous pour l'alimentation sont présents ici. Le motif central représente un Christogramme avec l'œil du rho pointant vers la droite. À l'intérieur des tiges des lettres grecques se trouvent de petits globes alignés. Le sujet représenté est situé au centre entre les deux trous d'alimentation. La frise qui entoure le disque est composée de motifs circulaires et de croix stylisées. Les deux motifs alternent le long de la frise. Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 179, n° 868, pl. XLVII. 61 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 79 Provenance US 37 Couche d'abandon à l'extérieur de la salle de l'abside ouest (côté sud) Définition Lampe Photo Datation Sixième siècle après J.-C. Description Mesures 11 x 7,6 cm Lampe à huile africaine classique avec bec fracturé. Forme moyenne et régulière avec disque en creux. Ici, il y a deux petits trous pour l'alimentation. Le motif central représente une croix latine, dont l'intérieur est décoré de cercles contenant un agneau. Aux extrémités intérieures des bras de la croix se trouvent de petits cercles, plus petits que les premiers : deux aux extrémités des bras horizontaux et trois aux extrémités de l'axe vertical. Le sujet représenté se trouve au centre du disque et les deux petits trous pour l'alimentation sont situés sous les bras horizontaux de la croix. La frise qui entoure le disque est constituée d'une alternance de motifs circulaires et géométriques. En particulier, une petite croix est gravée près du bec. Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 208, n° 1054 (croce), p. 211, n° 1082 (fregio), pl. LVII. J. W. Hayes, Late Roman Pottery. London: British School at Rome, 1972, p. 279, n. 329, fig, 56s. 62 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 81 Provenance US 46 Couche d'abandon à l'intérieur de la salle de l'abside ouest Définition Lampe Photo Datation Cinquième siècle après J.-C. Description Lampe africaine classique avec des marques de brûlure dans la partie du bec qui est cassée. Petite, de forme régulière avec un disque en creux. Deux petits trous pour l'alimentation sont présents ici. Le motif central représente un arbre stylisé, dont la couronne triangulaire est constituée de petits globes. Le tronc est petit. Le sujet représenté est situé au centre entre les deux trous d'alimentation. L'arbre, probablement un conifère (sapin ?) ou un cèdre, devrait symboliser l'arbre de vie dans le contexte chrétien. Le conifère, en effet, considéré comme un arbre à feuilles persistantes et capable de vivre dans des environnements défavorables, est proprement une allusion à la Résurrection et donc à la vie éternelle. La frise qui entoure le disque est constituée d'une alternance de motifs géométriques et floraux. Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, pp. 166167, n° 787, n° 792, n° 794, pl. XLIII. A.-L. Delattre, Lampes chrétiennes de Carthage, Lyon 1880, p. 20. 63 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 84 Provenance US 31 Couche d'abandon probablement située au centre de la zone de la salle absidale, vers l'est. Définition Fragments d’une lampe Photo Datation Sixième siècle après J.-C. Description Des fragments composites pour l'image. Forme moyenne, régulière, arrondie avec un disque en creux. Il n'y a qu'un seul petit trou dans le disque pour l'alimentation. Outre les fractures de la lampe à huile, la surface du décor est fortement abrasée. Le motif central doit représenter une croix latine non décorée à l'intérieur, enfermée dans un cadre carré. Sous ce carré se trouve le petit trou pour l'alimentation électrique. La frise qui entoure le disque doit être composée de motifs géométriques et végétaux. La croix latine peut être comparée aux spécimens reproduits dans le tableau 56 de Hayes 1972. Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 179, n° 1156 (forme très composite par rapport à la pièce à conviction n° 84), pl. LXI. J. W. Hayes, Late Roman Pottery, London: British School at Rome, 1972, p. 277, fig. 56. 64 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 87 Provenance US 31 Couche d'abandon probablement située au centre de la zone de la salle absidale, vers l'est. Définition Fragment de lampe Photo Datation Sixième siècle après J.-C. Description Fragment d'une lampe africaine classique. La lampe devait être de forme moyenne avec un disque en retrait. Le motif central devait représenter un Christogramme avec l'œil du rho pointant vers la droite. Les hampes des lettres, qui étaient très étroites, devaient être décorées de lignes internes. La frise entourant le disque devait être composée d'une alternance de formes circulaires et géométriques (triangles). Bibliographie Enciclopedia dell’Arte Antica Classica e Orientale. Atlante delle forme ceramiche I. Ceramica fine romana nel bacino mediterraneo (medo e tardo impero), Roma 1981, tav. LXI, n. 11. A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 171, n° 861, pl. XLVII (Crismon), pp. 180-181, n. 880, pl. XLVIII (frise). A. L. Delattre, Musée Lavigerie de Saint Louis de Carthage, III, 1899, pl. XI, n. 13. 65 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 92 Provenance US 31 Couche d'abandon dans la zone située entre la salle de l'abside ouest et le triconque Définition Fragment de céramique décorée Photo Datation Début du Sixième siècle après J.-C. Description Le fragment de céramique (Hayes 93E - grand plat) montre la représentation d'un personnage portant une tunique et pieds nus. La tunique présente, quant à elle, un motif décoratif : deux lignes verticales constituées de petits cercles. La partie centrale du personnage semble être complètement usée. Le thème iconographique est le même que sur la trouvaille n° 58 (Hayes 1972, fig. 51, n° 232b). Bibliographie F. Bejaoui, Céramique et religion chrétienne. Les Thèmes bibliques sur la sigillée africaine, Tunis 1997, pp. 168-201, n. 102, n. 103, n. 104, n. 106, n. 108, n. 115, n. 115a, n. 115b, n. 116, n. 117, n. 124 (e relativa bibliografia). J.W. Hayes, Late Roman Pottery, The British School at Rome, London 1972, p. 265, fig. 51, n. 232b. 66 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 93 Provenance US 37 Couche d'abandon à l'extérieur de la salle absidale ouest, vers le sud. Définition Fragment de lampe Photo Datation Sixième siècle après J.-C. Description Fragment d'une lampe qui devait avoir le motif iconographique du kantharos à l'intérieur de son disque central, dont on peut voir l'anse gauche et une partie du pied. Des comparaisons probables peuvent être trouvées dans la Fig. 53 de Hayes 1972 et dans Tav. LIX (a) de l'Atlante. La frise entourant le disque devait être constituée d'un motif végétal, représentant une branche de palmier (Atlante, Pl. XCVI, nos 1, 3, 10). Bibliographie Enciclopedia dell’Arte Antica Classica e Orientale. Atlante delle forme ceramiche I. Ceramica fine romana nel bacino mediterraneo (medo e tardo impero), Roma 1981, tav. LIX (a), nn. 32-37, tav. XCVI. A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 220, n° 1126, pl. LIX (fregio). J. W. Hayes, Late Roman Pottery, London: British School at Rome, 1972, p. 270, fig. 53, nn. 273278. 67 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 97 Provenance US 37 Couche d'abandon à l'extérieur de la salle absidale ouest, vers le sud. Définition Fragment de lampe Photo Datation Sixième siècle après J.-C. Description Fragment d'une lampe à huile dans le disque de laquelle se trouvait une décoration avec un cerf aux longs bois, bondissant vers la gauche. La frise entourant le disque devait être composée de motifs géométriques alternés (triangles et carrés). Bibliographie A. Ennabli, Lampes chrétiennes de Tunisie (musées du Bardo et de Carthage), Paris 1976, p. 103, n° 395, pl. XX. 68 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 1 Provenance US 1 Couche de surface initiale Définition Casquette avec monogramme Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 2 Provenance US 4 Couche de remplissage de la coupe de destruction (US 5) sur le mur USM 13 Définition Fragment d'inscription Photo 69 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 8 Provenance US 15 Couche superficielle située dans la zone centrale entre le triconchus et la chambre apsidale occidentale. Définition Fragment d'inscription Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 9 Provenance US 8 Couche de remplissage de la coupe de destruction (US 9) sur le mur USM 13 Définition Fragment d'inscription Photo 70 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 19 Provenance US 16 Couche de remplissage entre USM 13 et USM 42. Définition Objet en métal Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 24 Provenance US 11 Vaste unité de remplissage de US 12. Définition Balle en plomb punique Photo 71 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 34 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Appliqué on ivoire Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 35 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Objet en métal (petite base ?) Photo 72 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 36 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Appliqué on ivoire Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 37 Provenance US 31 Couche d'abandon probablement située au centre de la zone de la salle absidale, vers l'est. Définition Appliqué on ivoire Photo 73 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 39 Provenance US 1 Couche superficielle du site vers l'ouest Définition Carreau de terre cuite décoré Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 42 Provenance US 31 Couche d'abandon probablement située au centre de la zone de la salle absidale, vers l'est. Définition Fragment d'inscription Photo 74 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 53 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Objet en ivoire (pince à cheveux ?) Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 59 Provenance US 30 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest. Définition Fragment de céramique de l'époque phénicienne Photo 75 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 70A Provenance US 37 Couche d'abandon à l'extérieur de la salle de l'abside ouest (côté sud) Définition Fragment de statue en marbre (pouce) Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 90 Provenance US 37 Couche d'abandon à l'extérieur de la salle de l'abside ouest (côté sud) Définition Fragment d'inscription Photo 76 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 91 Provenance US 50 Couche d'abandon dans l'espace absidal ouest Définition Fragment de céramique décorée Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 98 Provenance US 31 Couche d'abandon probablement située au centre de la zone de la salle absidale, vers l'est Définition Fragment de céramique décorée Photo 77 OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 106 Provenance US 59 Couche de abadon immédiatement au nord de l’USM 13. Définition Fragment d'inscription des deux cotés de la dalle. Photo OPERATION BASILICALE 2022 (Carthage – Tunisie) N° objet particulier 109 Provenance US 56 Couche de remblai adjacente aux murs sud de la salle occidentale avec abside Définition Fragment de céramique décorée Photo 78 BIBLIOGRAPHIE Agus, M. et al. (2007). I marmi bianchi di Uthina : indagine archeomtrica sui reperti provenienti dal settore di scavo, in Fouilles archéologiques à Uthina (2001-2007), 370. Ayed, N. (2020). Les pigments archéologiques en Tunisie, in : S. Sehili (dir.), Mines et carrières en Afrique du Nord (de l’Antiquité à nos jours) actes du colloque, Tunis, 214. Ball, Ph. (2005). Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments, HAZAN, Paris, 72. Baratte, F. et alii. (2014). Basiliques chrétiennes d’Afrique du Nord. II – Les monuments de la Tunisie, Bordeaux, 130-132. Barbet, A. (2013). Peintures romaines de Tunisie, 52. Barbet, A. (2021). 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Inquadrare l’intero complesso monumentale all’interno dell’assetto topografico urbano. A partire dal 02 maggio 2022 si è iniziato lo scavo dell’area occidentale rispetto al Monumento Circolare. Con l’ausilio della pala meccanica è stato asportato lo strato superficiale (US 1) per ca. 1.50 mt di profondità fino a intercettare gli strati di interesse archeologico. Sono state individuate, inizialmente, 6 tagli (US 3, US 5, US 7, US 9, US 12, US 14) per asportazione di materiale da costruzione immediatamente sopra o nei pressi della struttura muraria absidale principale USM 13, con i relativi riempimenti (US 2, US 4, US 6, US 8, US 11, US 10). La USM 13 (quota 39.9 mt) risulta essere la struttura principale dell’ambiente absidato, costruita secondo la tecnica dell’opus africanum. La struttura presenta, in generale, dei corsi regolari di pietra locale sbozzata intervallati da grandi blocchi alle estremità. Il legante utilizzato è una malta di colore grigio. Questa unità muraria presenta diverse componenti. Il muro di nord è costruito su una base costituita da grossi blocchi di pietra locale uniti insieme da malta e pietre di medie dimensioni (allo stato attuale dei lavori non si comprende ancora dove possa poggiare l’intera base). I blocchi hanno la seguente misura media: 0.65x0.40x0.20 mt. Il muro settentrionale è costituito da 13 corsi regolari: a partire dall’angolo nord-est, dopo ca. 0.70 mt verso ovest, sono presenti due blocchi che presentano le seguenti misure: 0.40x0.60x0.40 mt ca. e 0.30x0.40xo.30 mt ca. Le pietre dei corsi misurano mediamente 0.20x0.10x0.15 mt ca. Nell’angolo nord-est, il muro è stato distrutto da un taglio US 7. Questa porzione di muro, emersa dallo scavo della US 6, è orientata nord-sud ed è costituita da 11 corsi regolari che dovevano essere incorniciati da una intelaiatura costituita da blocchi di cui ne rimane soltanto uno (0.90x0.60 mt ca.) coperto parzialemte dalla USM 42. Dopo ca. 1.91 mt dall’angolo nord-est, il muro comincia a curvare verso sud formando un abside: i tagli US 5 e US 10 hanno distrutto proprio in questo settore la muratura. Questara struttura presenta nella faccia settentrionale del muro le stesse caratteristiche costruttive del muro settentrionale ma non sono presenti i grossi blocchi perchè sicuramente sono stati portati via dal fenomeno dell’espoliazione del monumento. Qui, i corsi rimanenti sono 14 e sono anch’essi regolari. Una porzione di questo muro, che continua verso sud e distrutta dalla US 3, presenta ca. 12 corsi regolari e le sue misure sono: 1.80x0.77x1.58 mt ca. Lo stesso muro, stedendosi verso sud, viene tagliato dalla US 9, e ulteriormente un’ultima porzione della struttura è visibile nell’angolo sud-est coperta parzialmente dalla USM 40. L’intera struttura muraria presenta tracce di intonaco bianco. La struttura muraria USM 42 (quota 39.8 mt), nella sua faccia meridionale, è costituita da corsi casuali di pietra locale mista ad arenaria, uniti da un conglomerato di colore grigio/bianco. La faccia settentrionale presenta, invece, dei filari regolari, costituiti da pietra locale e arenaria tagliata regolarmente, uniti da un conglomerato di colore grigio/bianco. A causa della disposizione casuale delle pietre nella facciata meridionale del muro, non è comprensibile il numero dei corsi; nella facciata settentrinale, invece, i corsi regolari sono 21. Nella facciata meridionale, la misura media della pietra è 0.21 x 0.14 mt ca.; nella facciata settentrionale, invece, la misura media è 0.40 x 0.20 mt ca. Tra la USM 13 nord e la USM 42 vi è lo strato di abbandono US 16 che è stato asportato con notevole difficoltà data la compattezza del terreno e per la grande quantità di pietre di medie e piccole dimensioni presenti. 84 Questa struttura muraria invade la parte settentrionale dell’ambiente absidale e ingloba e poggia sulla USM 13. Il muro continua la sua curva absidale verso sud-ovest, continuando ad avere la stessa quota. Enormi difficoltà ha dato l’individuazione della US 11 e la sua relativa asportazione. Essa risulta essere il riempimento della grande fossa di espoliazione (US 12) che copre una vasta area del sito archeologico. La US 11 copriva le strutture murarie USM 13, USM 40, USM 52, USM 53 e USM 54 ed era adiacente alle US 8, US 15, US 30, US 31, US 32, US 37. Da questo strato provengono la maggiore quantità di frammenti ceramici e marmorei afferenti alle strutture paleocristiane indagate durante la missione. Si è continuato ad indagare all’interno dell’ambiente absidato compreso tra le strutture USM 42, USM 13, USM 40 e USM 41. Qui sono stati ritrovati degli strati di abbandono US 30, US 34, US 50 (quota 40.7 mt) e la USM 49. L’interesse si è spostato immediatamente a questo ambiente absidale, indagando esternamente verso nord, sud ed est. Verso settentrione è stato approfondito lo strato superficiale US 22 con l’ausilio della pala meccanica. A ca. 1.10 mt di profondità sono stati intercettati i primi livelli archeologici costituiti da 4 tagli (US 25, US 26, US 28, US 33) per l’espoliazione del materiale da costruzione con i relativi riempimenti (US 24, US 27, US 29, 32). L’approfondimento di questa porzione ha consentito l’esportazione della US 58, e, principalmente della US 59. Lo scavo della seguente unità ha consentito di mettere in luce delle strutture murarie del complesso cristiano verso nord (USM 13, USM 40, USM 52). In particolare, a ca. 2.50 mt da est, è stato trovato, alla profondità di ca. 1.70 mt, un tratto di muro (0.60 x 0.50 x 0.35 mt ca.) probabilmente di età romana imperiale. Inoltre è stato trovato anche il muro USM 64. Conseguentemente si proseguito lungo tutta la fascia tangente all’abside N del Triconco. Proprio qui sono state messe in luce dei resti murari e delle unità stratigrafiche (US 60, US 61 entrambe ad una quota di 3.80 mt) comprese tra questi “muri” con un andamento sud – nord. Lo scavo di questa porzione dell’area di indagine ha permesso di comprendere la successione stratigrafica tra la costruzione del Triconco e le strutture di epoca precedente. Nell’area compresa tra l’ambiente absidale e il triconco è stato deciso di scavare affinché si potesse comprendere la relazione che poteva sussistere tra i due monumenti. In questa area, la vasta US 11 era attigua alle unità stratigrafiche US 8, US 15, US 30, US 31, US 32, US 37, considerate tutte strati di abbandono generale dell’area. Sotto a questi strati, una volta asportati, sono state messe in luce porzioni di strutture murarie già note (USM 13, USM 40, USM 42) e delle strutture murarie nuove (USM 52, USM 53, USM 54, USM 55). Questi setti murari, di piccole dimensioni rispetto ai precedenti (USM 13, USM 40, USM 42) hanno un andamento ovest – est. Smantellato lo strato superficiale US 15, la parte centrale del Triconco, viene trovato uno strato bianco (US 20). All’interno dell’area del Triconco si è scavato l’abside est (E) 61 e l’abside sud (S)62. L’unità superficiale (US 18) copre le strutture all’interno dell’abside E e ha una profondità media di 1.30 mt ca. La natura dello strato è friabile poichè si tratta di un riempimento di scavi effettuati precedentemente dall’equipe canadese. Vengono ritrovate le seguenti strutture: 1) Primi basoli in pietra levigata appartententi al cardo II (ad una quota di 6.80 mt); 2) Resti murari di una domus romana (ad una quota di 6 mt); 3) Un tratto del muro USM 23; 4) Il pavimento musivo (quota 6.80 mt). Quest’ultimo è policromo, con motivi geometrici che incorniciano una corona vegetale contenente una coppa da cui fuoriscono degli zampilli d’acqua. Le tesserae sono di colore bianco, terracotta, nero e blu chiaro : gli stessi colori delle tesserae ritrovate sparse nell’intera 61 L’abside E ha una quota di 6.10 mt. L’arco dell’abside misura ca. 4.50 mt e l’area di scavo è ca. 4.60 mt (estovest). 62 L’abside S ha una quota di 4.10 mt. L’arco dell’abside misura ca. 4.51 mt e l’area di scavo è ca. 4.10 mt (nordsud). 85 US 18. Questo pavimento presenta il lato occidentale frattuato; il lato sud, invece, è stato distrutto per la costruzione del muro (USM 23 con quota 5.50 mt). Sul lato nord, i limiti del mosaico coincidono con i muri dell’abitazione. In generale, lo scavo dell’US 18 ha consentito di mettere in luce la sezione stratigrafica muraria interna dell’abside E del Triconco. L’altro intervento è stato fatto all’interno dell’abside S del Triconco 63. Qui è stata individuata la US 51 che presentava una consistenza friabile, dato che si trattava di una copertura di scavi precedenti. Lo strato asportato aveva uno spessore di 1.20 mt ca. e compriva un’area che misurava ca. 3.70 x 4.36 mt. Lo strato compriva le strutture murarie inerenti alla fase antecedente alla costruzione del complesso cristiano. Infatti sono stati ritrovati muri pertinenti alla fase abitativa romana con i relativi mosaici policromi geometrici, le cui quote coincidono con le quote delle strutture abitative ritrovate all’interno dell’abside E del Triconco. Come ultimo si è indagato anche all’interno dell’abside nord (N) del Triconco. Lo strato superficiale asportato (non numerato) coinciderebbe con la US 15. La consistenza dello strato asportato è anch’essa di natura friabile, dato che si tratta di riempimenti moderni consecutivi agli scavi canadesi. Qui, verso nord-est, sono state ritrovati i resti inferiori della struttura muraria dell’abside N64 del Triconco. Contemporaneamente all’intervento di scavo sono stati effettuati i lavori di restauro della porzione della struttura absidale settentrionale del Triconco. Nel piccolo vano sud a pianta quasi rettangolare (1.75 x 2.20 mt ca.), adiacente all’abside E, è stata individuata la US 35, avente uno spessore di 1.20 mt ca. Questo strato presenta una facilità di esportazione per ca. 1 mt grazie alla sua friabilità. I restanti 0.20 mt presentano una leggere compattezza per via delle strutture ritrovate. Infatti, nell’angolo nord-ovest del vano, sono state messe in luce i resti di una probabile struttura con concentrazione di cocciopesto bianco. All’interno del piccolo vano rettangolare (1.77 x 2.20 mt ca.), attiguo a quest’ultimo, è stata individuata la US 36. Lo strato asportato aveva uno spessore di 1.50 mt ca. Questo strato presenta una facilità di esportazione per ca. 1.30 mt grazie alla sua friabilità. I restanti 0.20 mt presentano una leggere compattezza per via delle strutture ritrovate. Infatti, nell’angolo nordovest del vano, sono state messe in luce i resti di una probabile struttura abitativa e di un mosaico pavimentale. Il mosaico (0.90 x 0.67 mt) è policromo afferente molto probabilmente ad un ambiente ad una quota 6.80 mt. Inoltre, sono stati individuati i resti dei muri della dimora che sono stati utilizzati come fondamenta per la costruzione di un muro e per la costruzione del triconco. Da evidenziare sono i resti dell’affresco (0.34 mt ca.) che rivestiva le pareti della “domus”. Si è lavorato anche nell’ambiente a nord dell’abside E. Qui è stato individuata la US 48 che, come le altre precedenti, ha presentato una facilità di esportazione per la sua natura friabile. Le misure dello strato asportato sono: 2.90 x 1 x 1.20 mt ca. Lo scavo della seguente unità ha consentito di mettere in luce le strutture murarie esterne al complesso cristiano, verso settentrione, e di comprendere la successione stratigrafica muraria del complesso stesso. In una porzione del muro sud-est (USM 23) del triconco è stato individuato un taglio di distruzione (US 21) e il relativo riempimento (US 19) per l’esportazione del materiale da costruzione. È stato deciso di allargare l’indagine archeologica anche a sud dell’ambiente absidale. Immediatamente a sud della USM 42 è stata individuata la US 37 che si estendeva per ca. 4.30 x 1.90 x 1.80 mt. All’interno dello strato è stata ritrovata una numerosa quantità di frammenti ceramici, frammenti di marmo (come basi di colonna), numerose tesserae e qualche lucerna. L’esportanzione di questo strato ha consentito di mettere in luce delle strutture murarie sottostanti (USM 54). Sotto alla US 37 sono stati individuati un taglio (US 45) e il relativo rimepimetno (US 44) e, a ridosso del muro (USM 42), un immondezzaio (US 38) colmo di una 63 La superficie del mosaico ritrovato ha una quota di 6.80 mt. La quota dei resti murari dell’abside N è di 2.80 mt. L’arco dell’abside misura ca. 4.60 mt e l’area di scavo è ca. 2.85 mt (nord-sud). 64 86 numerosa quantità di frammenti ceramici e frammenti di marmo. Lo scavo della seguente US ha consentito di mettere in luce la sezione della USM 42, lato meridionale. Successivamente è stata individuata la US 56. Essa viene scavata in direzione est – ovest fino al muro USM 40 e, poi, verso in direzione sud – nord, intorno al muro USM 42. Poprio in prossimità del muro USM 42, lo strato presenta una concentrazione di pietre di medie dimensioni. In prossimità del muro USM 42 sono stati trovati i frammenti di una decorazione architettonica. Lo scavo della US 56 ha permesso di mettere in luce le sezioni murarie di USM 40, USM 42 e USM 13. In posizione inferiore alla US 56 è stato individiduato un ambiente semipogeico (USM 66) e il relativo riempimento (US 65). L’USM 66 si presenta come una struttura semipogeica (cripta), ad una quota di 3.60 mt ca., con le seguenti misure 1.20 x 0.60 x 1 mt ca. Interamente decorata, l’USM è tagliata da un muro ancora non indagato. Rimane del tutto isolato rispetto agli interventi effettuati in questa vasta area di scavo, il lavoro di messa in luce del mosaico circolare situato all’estremità ovest dell’area archeologica. Sotto uno strato superficiale di circa 0.40 mt ca. (US 43) sono stati trovati i lacerti di pavimento musivo policromo. 87