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Le père Kirill (Govoroun): le silence à propos de la guerre est immoral. parlonsorthodoxie.wordpress.com/2023/10/09/le-pere-kirill-govoroun-le-silence-a-propos-de-la-guerre-estimmoral 9 octobre 2023 « Lorsque la guerre s’est intensifiée en Ukraine, les critiques sont devenues plus sévères, puis il y a eu une rupture avec l’Église orthodoxe russe« – Dans une interview avec katholisch.de, le prêtre orthodoxe et professeur d’ecclésiologie l’archimandrite Kirill (Govoroun) explique pourquoi il n’a pas pu garder le silence sur cette guerre. Le pere Kirill (Govoroun) est connu pour ses critiques du Kremlin et de l’Église orthodoxe russe. Fin septembre, il a été suspendu de son sacerdoce. Il parle ici de ses expériences et des raisons pour lesquelles l’Église orthodoxe russe aurait pu empêcher la guerre en Ukraine. Question : Mon père, pendant longtemps vous avez travaillé en étroite collaboration avec le patriarche orthodoxe russe Cyrille . Votre critique du système en est-elle la conséquence ? Le pere Kirill: Je suppose. Depuis 2012, j’ai critiqué à plusieurs reprises et dans diverses publications et conférences l’idéologie du « monde russe », c’est-à-dire la primauté inconditionnelle de tout ce qui est russe sur le territoire de l’ancienne Union soviétique. J’ai essayé d’avertir le patriarche Cyrille des dangers de cette idéologie, mais il ne voulait pas m’entendre. Finalement, j’ai décidé de démissionner de toutes mes fonctions dans 1/3 l’administration de l’église PM et de me consacrer au travail académique dans divers pays. C’était en février 2012. Lorsque la guerre s’est intensifiée en février 2022, mes critiques sont devenues plus sévères. J’ai vu de mes propres yeux la destruction, la mort et les souffrances que cette idéologie a apportées aux Ukrainiens. Je ne pouvais pas me taire. Je considère que le silence est absolument immoral dans de telles circonstances et je suis convaincu que la vraie raison de ma punition est que je ne suis pas resté bouche cousue à propos des crimes de guerre en Ukraine. Question : Récemment, les médias du monde entier se sont intéressés à votre suspension. Le blog « Il Sismografo », qui est également lu au Vatican, a écrit que vous soutenez les « schismatiques » et cocélébrez avec eux. Pensez-vous que Moscou a une influence sur certaines réactions du Vatican ? Le pere Kirill: À mon avis, la guerre en Ukraine n’offre aucune place au doute sur qui est la victime et qui est le coupable. C’est pourquoi le pape François s’est clairement rangé du côté des victimes dans cette guerre. Cependant, chez certaines personnes au Vatican et autour du Vatican, il semble encore y avoir des doutes quant à savoir qui est l’agresseur . Ceux-ci peuvent être guidés par des théories du complot selon lesquelles certaines « mauvaises puissances » en Occident ont provoqué cette guerre et veulent la poursuivre jusqu’au « dernier Ukrainien ». De telles théories du complot ignorent la volonté et la capacité d’action du peuple ukrainien, comme s’ils n’étaient que des personnages sur un échiquier et ne pouvaient pas décider de par eux-mêmes. Ces théories sont diffusées par la propagande russe et sont largement répandues dans divers milieux religieux, y compris catholiques – jusqu’au Saint-Siège. Question : Vous avez souligné à plusieurs reprises le soutien de l’Église orthodoxe PM à la guerre. Y aurait-il une guerre si l’Église orthodoxe russe jouait un rôle différent ? Le pere Kirill: Il est fort possible que la guerre n’ait pas eu lieu sans la contribution idéologique de l’Église russe. J’explique que la formule pour la guerre en Ukraine est : sacraliser l’armée russe dans ce conflit . Ces idées là remontent aux siècles où les Russes croyaient qu’ils avaient une mission spéciale assignée par Dieu pour sauver l’humanité. Lorsque Poutine est devenu président en 2000, il n’avait pas de telles idées. Ce n’est que grâce à l’influence de Cyrille qu’il a conçu de telles pensées en 2012. En d’autres termes, l’Église orthodoxe russe a fourni des idées et le Kremlin a fourni les armes. C’est ce qui a rendu possible la la guerre en Ukraine. Question : Vous avez souvent soupçonné que la grande majorité des Russes soutenait cette guerre, près de 90% . Est-ce que cela s’applique également aux membres de l’église ? 2/3 Le pere Kirill : Il n’y a pas de données sociologiques fiables qui indiquent combien de Russes et combien d’orthodoxes d’entre eux soutiennent la guerre. À mon avis, l’écrasante majorité de l’Église orthodoxe russe soutient la guerre. Mais il y a aussi des divisions : pour beaucoup d’entre eux, la façon dont Poutine mène la guerre n’est pas assez agressive. Ils veulent plus de destructions- plus de choses terrifiantes. Leur héros était le chef de la milice « Wagner » Evgeny Prigozhin, qui a péri dans un accident d’avion. Ce groupe a même des sympathisants parmi les dirigeants de l’église. Un autre groupe fait preuve d’une loyauté absolue envers Poutine, dont le patriarche de Moscou. Ensuite, il y a une minorité qui est contre la guerre. Je ne sais pas si elle est importante- mais la plus grande partie de cette minorité est passive dans son attitude négative à l’égard de la guerre. Ils se taisent, même s’ils ont une opinion différente. Mais c’est un minorité de la minorité. Question : Que se passera-t-il après la guerre ? Le pere Kirill : Les activistes orthodoxes russes pour la guerre sacrée- vont rester fidèles jusqu’au bout, avec le patriarche Cyrille. ils continueront à y croire même après la défaite de Poutine. Ce sera un problème grave pour l’église dans l’après-guerre . C’est un problème pour les voisins de la Russie, qui restent vulnérables à de nouvelles flambées d’agression russe. La société russe et l’Église pour vivre en paix doivent changer leur point de vue sur la supériorité par la force. Par Mario Trifunovic 3/3