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Besprechungen
Michel Tarpin, Vici et pagi dans l’Occident romain.
École Française de Rome, Rom 2002. 485 Seiten, zahlr.
Abbildungen, graphische Darstellungen, Karten.
Cet ouvrage a pour origine une thèse de doctorat d’histoire soutenue en 1989 qui a été amendée: le livre embrasse désormais un champ plus vaste et intègre de nouveaux documents. Il comporte un premier ensemble de
246 pages qui constituent la synthèse de la réflexion et
de l’analyse. Il est suivi de cinq annexes où l’auteur examine des points particuliers et donne une bibliographie
(p. 247–306). Vient ensuite le catalogue des inscriptions
des vici (p. 307–380) et celui des inscriptions des pagi
(p. 381– 419). Enfin, tables des correspondances, index
divers, cartes, graphiques, tableaux et photographies
complètent et illustrent le propos et permettent de se repérer aisément dans l’ensemble de l’ouvrage.
Le livre proprement dit est divisé en trois parties.
Dans la première (p. 7– 49), l’auteur cherche à définir
l’origine et le sens de chacun des mots, étymologiquement, en s’appuyant sur les sources littéraires et épigraphiques, riches chacune d’environ 450 textes. Vicus
évoque une unité plurifamiliale. A partir du IIe siècle
av. J.-C., le mot ne varie plus morphologiquement. Pagus
évoque l’idée de planter, de fixer et s’enracine donc à un
territoire. S’ils ne sont pas fréquents, les deux mots ont
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Rom und Provinzen
été utilisés dans la langue latine à toutes les époques.
M. Tarpin conclut des différentes mentions chez les auteurs latins que pagus ne définit pas a priori un groupe
tribal et que la notion de pagus celtique ne se rencontre
que chez César et les auteurs qui remontent à lui ou à une
source antérieure. La différence apparente entre l’utilisation du terme pour la Gaule jusqu’au Ier siècle et son
inexistence pour l’Italie s’explique probablement par la
progression de l’attraction urbaine dans une Italie municipalisée. Les pagi sont fondamentalement des unités
territoriales et non tribales. Quant aux vici, ils sont des
agglomérations complémentaires des oppida et ont un
caractère institutionnel.
Dans une deuxième partie (p. 53 –174), M. Tarpin
s’attache à préciser la nature et le rôle des vici en commençant par les vici ruraux. Il combat l’hypothétique
origine italique: il ne semble pas y avoir de preuve de
l’existence d’agglomérations qui auraient servi de modèle
à l’Italie de la fin de la République. En revanche, les
textes littéraires qui désignent des vici laissent deviner la
plupart du temps qu’il s’agit de bourgs routiers. L’examen
des textes épigraphiques, notamment la lex agraria de 111
qui mentionne des vicani, probablement établis le long
des routes, permet de penser que les vici étaient des regroupements de citoyens, sans fondation donc non autonomes, établis par un magistrat dans l’ager publicus, en
relation avec l’entretien de la voirie. Ils étaient membres
d’une communauté urbaine qui pouvait être située un
peu à l’écart. L’étude des vici de Rome complète la
connaissance de la notion. En effet, dans l’Vrbs, ils apparaissent comme des quartiers délimités par des rues et
comportant des insulae. C’est ainsi qu’il faut comprendre
les descriptions des auteurs qui indiquent que les commerçants ont leur boutique dans le vicus ou que les collèges sont installés dans tel vicus. Il s’agit d’un bâtiment
dans un quartier. Comme subdivision topographique de
la ville, les vici sont devenus, au début de l’Empire, le
cadre du contrôle de la plèbe, notamment pour les distributions frumentaires. Ils ont aussi servi de cadre à la
distribution d’eau. Ils présentent en effet un avantage:
leur faible taille. Ils sont donc un lieu aisé à contrôler. La
réorganisation augustéenne de Rome s’inscrit dans la
continuité des distributions frumentaires de la fin de la
République et notamment de l’action de César. Comme
lui, Auguste a recensé la population vicatim. Il a fait
finalement du vicus un cadre institutionnel. Les compitalia ont à nouveau eu lieu. Les magistri vici, qui existaient
probablement déjà à la fin de la République – et ont dû
subir comme les autres collèges les interdictions des années 64, 56, de la dictature de César et sous Auguste –
ont été rétablis entre 12 et 7 av. J.-C. avec des tâches de
surveillance – les vigiles – sous la responsabilité des magistrats chargés des regiones. On ne sait pas grand-chose
des magistri vici après Auguste. Ils existent encore sous
les Sévères comme l’indique une restauration d’édicule
datée de 235. Les compitales tout comme les vici proprement dits existent sans doute après. Le rôle des magistri
vici est difficile à saisir sous le Haut-Empire en raison des
lacunes des fastes. Sous les Julio-Claudiens il y a peut-
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être une relation entre leur nomination et de grands événements dans la famille impériale.
La troisième partie est consacrée aux pagi et pagani.
Le sens topographique et territorial est évident jusqu’aux
textes les plus tardifs. Les pagi ont été créés dans un but
administratif: faciliter le contrôle des populations rurales
par l’Etat. Leur fonction censitaire est attestée par l’épigraphie, comme on le voit dans les «tables alimentaires»,
mais également par les sources littéraires. Or cette fonction ne peut être sérieusement et efficacement assurée
qu’à la condition que soient délimités les territoires
concernés. En partant des textes juridiques et épigraphiques, M. Tarpin montre la différence de fonction
entre pagi et cadastres. Les pagi sont des territoires pérennes, aux limites naturelles, de tailles variées qui peuvent contenir des fundi (ces domaines étaient localisés,
lors de leur enregistrement, dans les pagi). Il examine
aussi le rapport entre pagi et limites des cités, notamment
en Narbonnaise, et la question de leur administration, en
particulier en cas de changement de statut de la cité et
par conséquent de la communauté. Dans ce cas, le pagus
paraît être le territoire qui correspond à une communauté marginale. Cette situation ressort aussi de l’usage
du terme paganus – campagnard plutôt que paysan – et
civil, par opposition à urbanus ou oppidanus et à miles.
Cette opposition est topographique et culturelle. Les
pagi sont extérieurs à quelque chose alors que les vici sont
à l’intérieur d’une ville ou compris comme une partie intégrante. Pour M. Tarpin, les uns et les autres montrent
«la volonté impérieuse de marquer la domination de
Rome sur les terres et les hommes à travers leur inscription dans un système formel prédéfini» (p. 245). Peutêtre faut-il être plus réservé: au moins montrent-ils la
capacité qu’a eue Rome d’organiser communautés et
territoires provinciaux selon ses cadres.
Dans la première des annexes qui suivent, l’auteur
présente (p. 247–260) les vici des provinces d’Occident
connus par l’épigraphie comme une illustration de la
volonté consciente de marquer la conquête et l’autorité
romaines. Dans la deuxième (p. 261–290), il étudie les
vici dans la cité. Les exemples épigraphiques montrent la
diversité des cas (vicus chef-lieu, vicus ou vici sans statut
particulier hors du chef-lieu, que celui-ci soit ou non un
vicus, etc.) et que les vici peuvent être intégrés ou disposer d’une autonomie. Ils ont leur administration interne,
leurs magistrats, voire leurs patrons. La définition du
terme vicani n’est cependant pas aisée. La tentative de
distinction entre les vicani et la plebs urbana, dont ils ne
seraient qu’une partie, fondée sur les textes qui mentionnent les sommes accordées lors de distributions ou dans
les cas de fondations attestées par les inscriptions italiennes, peut-elle être étendue aux provinces? Il n’est pas
certain qu’on doive généraliser. Il nous semble qu’il faudrait ici aussi concevoir ou accepter une certaine souplesse: dans quelques cas des provinces gallo-germaniques, le terme vicani suivi d’une épithète ethnique ou
topographique ne peut pas être traduit autrement que
par «les habitants du vicus de …», surtout lorsque les indices textuels ou archéologiques ne laissent pas entrevoir
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une communauté abondante à partir de laquelle les vicani n’auraient été qu’un corps réduit – mais défini comment? – des habitants. Est-il, par exemple, concevable
que les actores vicanorum Portensium (CIL XIII 3106,
Nantes) n’aient agi que pour une partie des habitants du
vicus? Deux courtes pages (283 –284) examinent le vicus
comme bâtiment et non comme quartier et une quatrième annexe présente (p. 285 –290) les magistrats et les
notables des pagi: 36 magistri pagi sont attestés par 25
inscriptions. On connaît aussi 10 noms de préfets attestés
par 10 inscriptions. Affranchis ou hommes libres de naissance, pas toujours d’origine locale, les magistri pagi
apparaissent la plupart du temps comme d’importants
personnages, notables eux-mêmes ou dans l’orbite des
grandes familles locales selon un système clientélaire qui
peut rappeler le cas des sévirs augustaux.
On doit savoir gré à M. Tarpin de rendre aisément et
agréablement accessibles cette documentation et sa réflexion sur les pagi et les vici dans la péninsule italienne
et les provinces occidentales septentrionales de l’empire.
De ce point de vue, le titre de l’ouvrage est un peu trompeur puisqu’il n’y est pas question du tout de l’Afrique au
sens géographique. C’est un regret. La dizaine d’années
entre la soutenance de sa thèse et ce livre font que,
comme il arrive souvent, des articles divers ont été publiés sur le même sujet dans l’intervalle ou en même
temps. M. Tarpin en a écrit plusieurs (voir dans Année
Épigr. 2001, 37 et Année Épigr. 2002, 910 et 926);
M. Dondin-Payre aussi qui avait pu avoir connaissance
de la recherche de M. Tarpin. Ils sont autant d’études détaillées et fouillées qui annonçaient ce livre ou qui le
complètent. On tirera également profit de leur lecture.
Rennes
17:08 Uhr
Nicolas Mathieu
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