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Les thermes de Pompéi

Résumé de l'implantation des thermes au sein de la ville de Pompéi. La problématique tourne autour des édifices thermaux à l'époque Samnite puis l'impact sur ces structures après la déduction coloniale de 89-80 avant notre ère.

Toussaint Caroline Licence 1 Année 2014/2015 LES THERMES À POMPÉI Bassin du frigidarium des thermes de Stabies © Ch.Allg/Fotolia.com C'est au terme de la guerre civile sévissant de 83 à 82 avant notre ère, que Pompéi, autre fois cité Samnite, devint colonie romaine après la déduction Syllaienne amorcée dès l'année 80 av J.C. La cité d'origine Osque, fondée au Vème siècle avant J.C, sera donc baptisée « Colonia Cornelia Veneria Pompeianorum » par Lucius Cornelius Sulla (Sylla). La présence et l'influence romaine marquent le début d'une grande entreprise d’agrandissement de la ville passant par une romanisation de celle-ci sur de nombreux plan : architecturaux, religieux, technologiques et urbanistiques. En effet ce phénomène se caractérise par la construction d'édifices nouveaux mais aussi la transformation de ceux pré-existants. Ces entreprises de changements révèlent deux aspects de l'installation romaine dans la cité autrefois Samnite : premièrement, les changements politiques et religieux démontrent une volonté d’homogénéisation de la colonie au modèle romains, puis l'augmentation démographique, qui entraine l'agrandissement de la ville anciennement concentrée autour de L'Alt Stadt - sousentendu : la veille ville – entourée de remparts partiellement détruits à cette période afin d'élargir la ville du coté Sud-Est (Egon Cesar Compte Corti – Herculanum et Pompéi : vie, mort et résurrection): « Pompéi , une ville de l’Italie romaine (89 av. J.-C. – 79 ap. J.-C.) », N. Monteix 2014/2015 Ce plan nous permet de visualiser clairement les portions de la ville datant de la déduction coloniale en ce qu'elles apparaissent parfaitement parallèles et rectilignes, en comparaison avec le tracé de la « veille ville ». Cependant, l'augmentation démographique de Pompéi n'entrainera pas seulement un agrandissement de la zone urbaine - marqué par la volonté d'installer des citoyens romains ou les colons ayant participé à la déduction – mais également, une nécessité de développer des moyens techniques. Prenons comme exemple l'amélioration des systèmes de distribution de l'eau, grâce à l'édification du Castellum Aquae. Effectivement, ce château d'eau construit durant la période augustéenne est relié à « une branche » de l'aqueduc de Serino1. Le castellum, placé au point culminant de la ville (Porte du Vésuve au nord de la ville), remplaça les nombreuses citernes de récupération des eaux de pluie utilisées à partir du VI ème siècle avant J.C2, au profit d'un système de distribution des eaux plus efficace. Le réseau de canalisations en plombs alimenté par les eaux permet une distribution constante, nécessaire au bon fonctionnement de la ville, dont les besoins accrus nécessitent des quantités de plus en plus importantes. Ce progrès considérable en terme d'approvisionnement permettra aux pompéiens de bénéficier d'un apport quasi permanent. Cette évolution profite à de nombreux domaines, tels que l'agriculture ou le domaine privé (maisons équipées de bains) ou encore aux structures thermales. Il faudra cependant souligner que les thermes publics et privés sont déjà présents dans la société antique dès le Vème siècle en Campanie et plus précisément à Pompéi. Il est en revanche incontestable que le phénomène de colonisation de la ville marque un important et rapide développement des édifices thermaux. L'étude de leur structure et de leur localisation permet effectivement de placer les thermes comme l'un des centres névralgiques de la société du monde romain, en ce qu'ils apparaissent comme un lieu de rencontre et de partage de la communauté urbaine. Leur 1 Adam Jean-Pierre et Varène Pierre,« Le castellum aquae de pompéi, étude architecturale », Revue archéologique, 2008/1 n° 45, p. 37-72. 2 Adam, J-P, La construction romaine : matériaux et techniques, Paris, Grands manuels Picard, 1984, Chap 10, p 257. fonction sociale se traduit par leur implantation au centre politique et public de Pompéi. La colonie désormais placée sous l'égide romaine sera confrontée à la rénovation des bains préexistants ainsi qu'à la construction de nouveaux édifices afin de réponde, une nouvelle fois, aux besoins grandissants de la nouvelle cité impériale. De longues années de redécouverte et de fouille sur le site archéologique de Pompéi, nous apportent - à nous contemporain - une multitude de renseignements et d'informations sur l'évolution et l'utilisation des thermes au sein d'une ville directement touchée par l'hégémonie de Rome. Ainsi ces structures de la vie quotidienne, offrent une véritable source d'analyse archéologique, permettant une meilleure appréhension du processus de colonisation. Au terme de l'analyse, nous pourrons répondre – toujours avec les nuances que présentent les sources et les interprétations archéologiques – au questionnement qu'impose la présence romaine dans l'enceinte pompéienne. En d'autres termes, dans quelle mesure l'appropriation par les colons romains de la Pompéi Samnite peut-elle être mise en lumière par l'étude du matériel archéologique ? À ce titre, notre analyse focalisera la nature des thermes originels avant -80, et leurs évolutions suite à la déduction. I- Institutions thermales de la cité Samnite Pendant près de 200 ans Pompéi fut préservée des tumultes de la colonisation. En ce sens, cette cité développa sa propre culture ses propres techniques, qu'il demeure nécessaire d'aborder pour répondre à l'impératif de transition induit par notre problématique. a- Les bains publics et privés Il apparait logique de débuter notre réflexion par l'exemple le plus ancien de thermes publics à Pompéi , les thermes de Stabies : « Pompéi , une ville de l’Italie romaine (89 av. J.-C. – 79 ap. J.-C.) », N. Monteix 2014/2015 En effet, la première phase de construction des thermes de Stabies peut être datée au V ème siècle avant J.C ; ils s’inscrivent donc comme l'édifice thermale le plus ancien de Pompéi: il se constitue d'un simple bain froid, séparé par un couloir desservant plusieurs pièces dotées de cuves plates. Seule l'aile Ouest est construite à cette période : (Voir plan ci-après) Première phase de construction des thermes de Stabies avec la palestre déjà existante (période 1, V ème siècle) . H. Eschebach, Die stabianer Thermen in Pompeji, Berlin, 1979 Les quatre pièces numérotées 3 correspondent aux cuves plates présentent durant la première phase de construction de l'édifice. Il faudra attendre la seconde moitié du III ème siècle avant notre ère 3, pour que ces cuves soient remplacées par de plus grande baignoires d'immersion complète. Le III ème siècle s'inscrit comme un siècle d'importantes évolutions des thermes de Stabies. On constate en effet plusieurs ajouts : tels qu'une pièce rectangulaire prévue pour les bains et un agrandissement de l'aile Ouest de la structure thermale. Après avoir tenté de retracer brièvement la première ère des thermes de Stabies, notre étude s'efforcera d'expliquer son évolution à partir de la seconde moitié du II ème siècle avant J.C jusqu'à l’intervention romaine dans sa structure. C'est au II ème siècle avant n.è que l'aile occidentale est délaissée suite à la construction de celle à l'Est, où nous trouverons l'essentiel des structures balnéaires. Le croquis suivant nous montre le détail de la nouvelle aile datant de la fin du II ème, début du premier siècle, quelques décennies avant la déduction coloniale : 3 Datation proposée par Hélène Dessales dans l'article : « POMPÉI », sur Encyclopædia Universalis. Cependant selon J-P Adam, la date de construction des thermes de Stabies remonterait courant II ème et estime la modification des premières installations au III ème siècle av J.C. Cependant H. Eschebach, lui date la première phase de l'édifice au VI-V sècle avant notre ère et selon lui le III ème siècle marquerait le premier agrandissement de la structure de base. H. Eschebach, Die stabianer Thermen in Pompeji, Berlin, 1979. Ce plan nous éclaire sur plusieurs points : on constate dans un premier temps, l’extension de la palestre dans sa longueur vers le Nord, puis l'apparition, clairement délimitée, des différentes pièces de bains dont nous allons tenter de faire la description. Tout d'abord, pour ce qui concerne les entrées : l'entrée principale se situe rue de l'Abondance, trois entrées rue de Stabies, et enfin trois autres, rue des Thermes (ou rue du Lupanar). La structure prévoit deux sections séparées par le praefurnium qui délimite les bains hommes (entrée principale : rue de l'Abondance) de ceux des femmes (entrée située rue de Stabie). Le praefurnium est situé au milieu de la partie Est, il a pour fonction de chauffer les bains chauds de la zone non-mixte, soit 4 pièces (nous développerons les différentes techniques de chauffe et leurs évolutions ultérieurement). On peut également constater une symétrie entre les parties hommes et femmes (mise à part leur taille), ces derniers ont un apodyterium et un caldarium : bains chauds ainsi qu'un tepidarium : pièce à température moyenne, qui fait office de « sas » nécessaire à la régulation de la température à l'entrée. Cette nouvelle disposition nous permet de noter une transformation dans l'usage des thermes au cours du II ème siècle av J.C : les bains de propreté de l'époque classique et hellénistique connaissent une mutation, ils vont vers une utilisation de détente. Cependant l'exercice et le bien-être dans la pratique thermale resteront étroitement liés (ce que nous verrons plus tard dans le fonctionnement des bains, avec la palestre) Au cours de la période ou Pompéi demeurait encore Samnite, des bains privés pouvaient également être présent dans les maisons des plus riches propriétaires. Les balneum sont des bains privés construits dans les villas appartenant aux notables pompéiens. De taille plus modérée que les thermes publics de la ville, ils sont néanmoins organisés de la même manière, comprenant, un apodyterium (vestiaire) un caldarium ainsi qu'un tepidarium pour les maisons les plus grandes. On en trouve cependant, que très peu dans les maisons datant de la période pré-coloniale et dans celles de familles modestes, en conséquence de leurs coûts d'entretient et de construction élevés. Du fait de leur caractère inusité, nous reviendrons sur le cas des balneum avec plus de précision lorsque nous aborderons la partie traitant du fonctionnement des thermes pompéiens dans leur ensemble. Toutes les réflexions abordées nous amènent à développer celle des différentes structures d'accueil et d'organisation. b- L'organisation et les spécificités architecturales des structures thermales. Pour commencer, nous tenterons de retracer le circuit que pouvaient suivre les usagés des thermes, grâce aux aménagements et aux structures découvertes et interprétées par l'archéologie au fil des années de fouille. Les coutumiers des thermes pompéiens, après être entrés dans l'enceinte de l'édifice, arrivaient directement sur la palestre (cours), délimitée par des péristyles (colonnade). Cette cours avait pour usage de servir de zone d'exercice, dans laquelle on (les hommes car l'entrée des femmes ne conduisait pas directement sur celle-ci) s'adonnait à des activités physiques héritées de la tradition hoplitique spartiate. En effet, ils étaient soumis à un entrainement militaire dans les gymnases prévus à cet effet. Néanmoins le caractère martial de la palestre a laissé place à une utilisation plus sportive et urbaine de celle-ci. Pour reprendre l'exemple des thermes de Stabies les athlètes s'entrainaient puis cet espace fut raccordé, au III ème siècle avant J.C aux bains froids (loutron) . Immédiatement après l'entrée des bains, qu'il s'agisse du coté des femmes comme celui des hommes, la première pièce, l'apodyterium, était destinée au déshabillement et au dépôt des effets personnels. Dès lors, les usagers passaient dans le tepidarium du latin tepidus, littéralement « tiède » qui faisait office de « sas », entre la température extérieure et la chaleur du caldarium. Le caldarium, la pièce la plus chaude des thermes, dans laquelle les baigneurs profitaient des piscines chaudes ou des bains de vapeurs4, chauffés grâce au praefurnium. A la fin de leur séance thermales, les hommes comme les femmes sortaient sur la palestre. Au III ème siècle avant J.C une grande piscine en plein air fut ajoutée à celle-ci (bain du gymnase). Toutes les évolutions précédent la déduction coloniale sont cependant difficiles à dater est à interpréter du fait des sources relativement imprécises à ce sujet. C'est pour cela qu'il faudra impérativement nuancer ce descriptif formel du fait de multiples ajouts, remaniements, rénovations etc... En cela il devient difficile d'établir une chronologie absolue des différentes phases de construction de ces établissements. Malgré tout, l'année 79 comme terminus ante quem, nous offre un matériel archéologique riche par sa préservation. Le fait même de pouvoir s'interroger sur les thermes pompéiens est permis par le simple fait de leur implantation au sein du tissus urbain. S'ils sont représentés en aussi grands nombre dans l'Urbs antique, c'est parce que précisément ils avaient un rôle et émanaient d'une volonté sociale. c – Les bains, un institution sociale. Il apparaitra comme essentiel, dans un premier temps, d'expliquer l'importance majeure qu'occupent les thermes dans la cité antique déjà sous influence romaine. Ces lieux peuvent être considérés comme un lieu de rassemblement politique mais aussi de vie sociale, dans lesquels la communauté urbaine se rassemble. Les thermes s'inscrivent au cœur des habitudes et du mode de vie romain en ce qu'il allient bien-être de l'esprit et du corps. 4 Définition proposé par le Dictionnaire Larousse. 1- La politique et les thermes Les thermes occupent une place de premier plan dans la vie politique de la ville. Les élites de la cité s'y retrouvaient que ce soit pour parler affaire ou prendre d'importantes décisions politiques. L'aspect fortement politique du rôle des thermes comprend également les actes d'évergétisme des magistrats en vue dans la cité . Nous aborderons la notion d’évergétisme au travers de la rénovation ou de la construction des thermes de Pompéi, qui sera plus explicitement développé durant la période romaine de la ville. 2- La place des thermes dans la vie sociale Pour commencer, la localisation même des thermes de Pompéi justifie leur importance dans la vie de la cité, dès sa période d'occupation Samnite. Reprenons le seul exemple dont nous disposons : Les thermes de Stabie, ils se situe sur l'un des axes principaux de la cité, soit , au croisement de la rue de l'Abbondance et de la rue de Stabie. Leur proximité avec le Forum (centre névralgique des enjeux politiques) ainsi que les sanctuaires religieux (temple de Vénus) les placent au cœur même de la vie des citoyens. La Campagnie nous offre, grâce à l'extraordinaire conservation des structures thermales, une photographie de ces édifices complexes dont l'analyse peut – sans doute – s'appliquer à tous ces types de constructions, découverts sur la péninsule italienne. Toutefois, il ne s'agit là que d'un état des lieux concernant les thermes pompéiens, dans une temporalité donnée, fixée et exigée par notre analyse. Si cette analyse lève le voile, et révèle la réalité du système balnéaire de la cité durant la période samnite, l’expansion de ce dernier, une fois passé sous égide romaine à la fin du premier siècle avant notre ère, nécessite une toute autre approche. II- Une homogénéisation de la l'Urbs au modèle romain La colonisation de Pompéi entamée dès l'année 89 avant J.C, marque profondément le fonctionnement de la nouvelle cité romaine. Le cadre urbain s'en trouvera fortement modifié, par de nombreuses transformations : religieuse, politique, urbanistique etc... Mais cette période de remaniement marque une évolutions des édifices thermaux sans précédant. Le premier siècle avant notre ère s’inscrit comme un siècle de révolution technologique et d'importante diffusion de la pratique thermale. a- Le 1er siècle avant J.C et le premier de notre ère La déduction coloniale marque l'érection de nouveaux édifices thermaux ainsi que la rénovation et l’agrandissement de ceux préexistant : l'augmentation démographique et la diffusion d'un nouveau mode de vie romain basé sur le raffinement et le bien-être en sont les causes. La nouvelle colonie est pourvue d'un ensemble de 5 établissements thermaux sur lesquels nous appuieront le reste de notre étude. Ici nous nous intéresserons à 4 d'entre eux : Les thermes de Stabies, ceux du Forum, les sub-urbains et pour finir, les thermes Centraux. Pour ce qu'il s'agit des thermes républicains, nous les privilégierons lors de l'analyse de l'évolution des dispositif de chauffe. Pour commencer cette analyse nous nous intéresserons à la rénovations et aux évolutions des thermes de Stabies , dès l'arrivée des colons romains à Pompéi. C'est en effet au 1er siècle avant J.C et plus précisément entre les années 80 et 50, que l'édifice connaitra de nombreux travaux de modifications. Ces réfections sont attestées par l'inscription CIL X, 829. Elle nous informe que les magistrats duumviri iure dicundo Caius Vulius et Publius Animius ont été chargés d'effectuer la construction du laconium et du destrictarium ainsi que de la réfection du portique et de la palestre5 Ces travaux ont été menés en respect de loi de Tarente, qui prévoit un don obligatoire. Qu'il s'agisse des jeux, ludi, adressés aux Dieux ou par l'érection d'un monument à la suite de leur élection. C'est le cas pour les thermes de Stabies comme nous l'illustre le plan suivant : Nielsen, Thermae, fig. 75, d’après A. Maiuri Ce croquis nous permet de visualiser (en gras) l'ajout du laconicum et du destrictarium dans le secteur masculin des thermes, dès le début du Ier siècle avant notre ère. Ce laconicum est construit sur un plan circulaire et surplombé d'une coupole 6. Cette pièce communique avec les 5 Cf pour la traduction de l'inscription : Fascicule de TD N. Monteix 2014/2015. 6 THÉBERT, Yvon. Planches In : Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 (généré le 29 mars 2015). vestiaires alors que le destrictarium n'est accessible que par la palestre. Cette découverte renforce l'hypothèse du lien entre cette pièce et les activités physiques qui pouvaient s'y dérouler : en effet les athlètes avaient la possibilité de se nettoyer avant leur séance de bains. Cependant ces deux derniers ajouts furent détruits au profit de la construction d'un frigidarium, au cours de la seconde moitié du Ier siècle de note ère, à l'ancien emplacement du laconicum . Le frigidarium faisait office de bain froid qui selon l'avis de médecins antiques 7 (sans doute sur recommandation du médecin personnel d'Auguste) serait un remède à certains maux, notamment les maux de tête : Pompéi, thermes de Stabies, état VI (Nielsen, Thermae, fig. 75, d’après A. Maiuri). Ce dernier plan nous indique la position du frigidarium – noté F – à la place qu'occupait auparavant le laconicum. Nous verrons par la suite, grâce à l'analyse des autres édifices thermaux présents à Pompéi, que cet ajout s'encrera dans les nouvelles formes de structures thermales. La destruction du destrictarium quant à lui, permet l’agrandissement du caldarium (toujours dans la zone masculine des bains) dans une forme absidale, au sein de laquelle sera érigé le labrum. L'ajout de cette vasque d'eau froide à fond plat placée dans l'abside du caldarium remplacera la fonction première du destrictarium : elle servira donc aux baigneurs qui désirent se débarrasser de la sueur et de l'huile dont ils sont enduit. Cette adjonction illustre la rupture qui s’opère durant la période impériale, entre le bain de propreté et le bain de détente. Ce tournant dans la structure thermale pourra être étudié au travers des constructions futures. http://books.openedition.org/efr/2189 7 « The use of the baths varied according to individual taste and medical advice » Auguste Mau, Pompeii: Its Life and art, 1904. Les thermes du Forum construit en - 80 suite à la déduction coloniale s'inscrivent comme la preuve évidente de la volonté romaine d'assoir son hégémonie sur la cité tout juste colonisée. Leur édification répond également à un besoin croissant dû à la forte augmentation démographique. Ils sont l'exemple d'un remaniement du cadre urbain de part leur localisation : comme leur nom l'indique, ils sont situés en face du Forum, au nord ouest de la ville, où sont également installés les nouveaux colons vivant de l'agriculture. Cette position privilégiée offre donc un double avantage : un accès plus direct pour les populations rurales ainsi qu'un emplacement politique stratégique : « Pompéi , une ville de l’Italie romaine (89 av. J.-C. – 79 ap. J.-C.) », N. Monteix 2014/2015 L'inscription ci-dessus, concerne la construction des thermes du Forum pris en charge et contrôlés par le collège de quattuorviri sur les fonds publics de la colonie. (Cf : Fascicule de TD) Il sera également intéressant d'étudier leur structure en ce qu'il sont les premiers thermes édifiés immédiatement après la déduction. Ils nous livreront donc un bref aperçu des évolutions qu'ont connus les thermes romains au cours de la deuxième moitié du Ier siècle avant notre ère. La première phase de construction des thermes du Forum (80 avant J.C) nous est en effet peu connue. Ne seront seulement portées à notre connaissance l’existence de deux salles : un tepidarium ainsi qu'un caldarium8. Aux vues du peu d'informations dont nous disposons, nous nous intéresserons aux modifications survenues au cours de la deuxième moitié du siècle. Tout comme pour les thermes stabiens, il fut ajouté à la structure de base, un laconicum ainsi qu'un destrictarium. Pompéi, les thermes du forum durant la seconde moitié du Ier siècle av. n.è. (Nielsen, Thermae, fig. 78, d’après E. La Rocca et alii, Guida archeologica di Pompei, Milan, 1976, p. 131 Procédons à une brève description du plan présenté ci-dessus pièce par pièce : 8 THÉBERT, Yvon. Chapitre II. La révolution de l’hypocauste et l’invention d’un nouvel édifice balnéaire In : Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 (généré le 29 mars 2015). http://books.openedition.org/efr/2170 Aile Est, masculine : P: Palestre, accessible par l'entrée principale (celle des hommes) A: Apodyterium accessible par la Palestre F: Frigidarium : construit sur un plan circulaire surplombé d'une coupole percée qui laisse pénétrer les rayons du soleil, il communique avec l'apodyterium. Il est également équipé de gradins pour le confort des baigneurs9. T: Tepidarium : pièce non chauffée qui comme son nom l'indique doit être tiède pour assurer la transition chaud-froid C: Caldarium : pièce du secteur chauffé, il comporte une baignoire d'eau chaude ainsi que le labrum (ajout plus tardif qui remonterait aux alentours de l'année 3-4 de notre ère 10) au fond de l'abside. Aile Ouest, féminine : A: Apodyterium directement a l'entrée se situant sur la rue de la Fortune T: Tepidarium : salle tiède C: Caldarium Du fait de sa très grande similitude avec les thermes de Stabies, nous ne développerons pas plus l'aspect architecturale à proprement dit. Ce qui sera intéressant de relever, porte plus sur la richesse de sa décoration et sa taille plus modeste qui marque une sorte de rupture avec les bains de l'époque hellénistique, dont on sait que l'utilisation de propreté de complément à l'exercice physique était privilégiée. Dans ce type de structure thermale, nous nous dirigeons vers des fonctions consacrées à la relaxation et aux rencontres, qu'elles soient politiques ou simplement inhérentes à la vie quotidienne de la communauté urbaine . 9 Cf : Robert Etienne, La vie quotidienne à Pompéi, Paris, Hachette Litttérature, 1998. 10 Datation proposé par Robert Etienne dans La vie quotidienne à Pompéi, Paris, Hachette Litttérature, 1998. A partir des inscriptions CIL X, 824 et 893. Labrum des thermes du Forum. © Ch.Allg/Fotolia.com Tout comme pour les thermes de Stabies et ceux du Forum, nous nous intéresserons à présent aux thermes Sub-urbains et aux thermes Centraux en ce qu'ils comportent des similitudes dans leur organisation : 1: Pompéi, thermes du centre (d’après La Rocca et alii, Guida archeologica di Pompei, Milan, 1976, p. 307) 2: Pompéi, thermes sub-urbains (d’après L. Jacobelli, Lo scavo delle terme suburbane. Notizie preliminari, dans Rivista di studi pompeiani, 1, 1987, p. 151 Il apparaitra logique de les présenter dans l'ordre chronologique de leur édification : Les thermes Sub-urbain diffèrent dans leur organisation architecturale des autres établissements de la ville, à proximité de la porte Marine. Pour commencer ils ne comportent qu'une seule section apparemment mixte et se situe hors de la ville. L'inscription retrouvée près de la porte d'Herculanum : « Etablissement thermal de M.Crassus Frugi. Bain à l'eau de mer et à l'eau douce. Januarius l'affranchis le recommande » nous informe la présence de bains publics à l'usage d'une clientèle sans doute privée dont M.Crassus Frugi, consul en 64 de notre ère, était vraisemblablement le propriétaire11. Pour revenir à sa conception architecturale, il se compose d'un unique vestiaire (Plan 2 annoté : A). Cette pièce ornée de fresques érotiques, lui confère son surnom de « thermes érotique ». La première phase de construction de l'édifice suit un axe linéaire, dans lequel on retrouve les pièces communes aux établissement thermaux, c'est à dire : l'apodyterium, le frigidarium, le tepidarium, le caldarium. Nous pouvons cependant noter deux grandes différences dans la conception de cette édifice dans sa première phase de construction (c'est à dire post 63-62) : premièrement contrairement à tous les autres édifices connus, on voit sur le plan n°2 une évidente communication entre le laconicum et le tepidarium. Le lien entre ces deux pièces, qui, auparavant (Ier siècle avant J.C) demeuraient sans lien visible, devient au Ier siècle de notre ère une disposition architecturale commune aux futures constructions. La nouveauté suivante se remarque également sur le plan (n°2) : on voit que les trois premières pièces (A, F, T) prévoient un accès direct à la palestre. Le tremblement de terre de 63-62 a comme nous le savons bouleversé l'organisation architecturale de la cité coloniale. Effectivement suite à cette catastrophe, une grande entreprise de reconstruction et de rénovation est engagée à Pompéi. C'est précisément dans ce contexte que s'entame la seconde phase de construction des thermes sub-urbains. Sont rajoutées dans l'établissement trois pièces supplémentaire à la construction originelle : une piscina caldina (plan n° 2 : 3), piscine chauffée de dimension 9,55 x 5,50 m12 , une pièce communicante avec la palestre (pièce 1) puis une autre salle ( n°2) qui communique avec la 11 Traduction de l'inscription et interprétations proposée par Robert Etienne dans La vie quotidienne à Pompéi, Hachette littérature, 1998. 12 THÉBERT, Yvon. Chapitre II. La révolution de l’hypocauste et l’invention d’un nouvel édifice balnéaire In : Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 (généré le 30 mars 2015). http://books.openedition.org/efr/2170 pièce n°1 et le caldarium pour ensuite aboutir sur la caldina. L'architecture des thermes Sub-urbains sera caractéristique des bains érigés au Ier siècle de notre ère. Les thermes Centraux (plan n°1) nous permettent de part leur édification plus récente (après 62-63) de détailler ces nouveaux types de constructions en rupture avec les anciens bains de propreté rependus aux siècles antérieurs. « Pompéi , une ville de l’Italie romaine (89 av. J.-C. – 79 ap. J.-C.) », N. Monteix 2014/2015 Au croisement de la Via di Nola et de la Via Stabiana, ils sont tous comme les thermes de Stabies, situés au cœur de la ville à l’intersection de deux artères principales. Aucune trace d'utilisation fut retrouvée lors de leur découverte, et les fouilles archéologiques ont révélé que l'édifice construit après la catastrophe de 63-62, demeurait encore en travaux lors de l'éruption du Vésuve en 79. Profitant des dégâts causés par le tremblement de terre dans l'insula IX-4 et sur les maisons alentours, la possibilité de construire un établissement balnéaire plus grand que tous les autres est rendue possible. Effectivement les thermes Centraux s'inscrivent comme les plus grands thermes de l'Urbs. Selon Etienne Robert, ils marquent « une rupture et annoncent une nouvelle ère de l’architecture thermale. ». Propos qu'il faudra cependant nuancer, car comme l'explique Y. Thébert, il faut faire attention de ne pas tomber dans le « mythe des thermes campanniens ». Ils nous offrent une photographie de l'évolution thermale, sans doute applicable à l’échelle italienne, dû à leur formidable état de préservation et non comme un cas isolé propre à la région et à la colonie. Des similitudes avec les thermes Sub-urbains peuvent être relevées : une section unique et sans doute mixte, le tepidarium communicant avec le laconicum construit sur un plan circulaire. Ils diffèrent cependant de ces derniers sur plusieurs aspects : – Apparition d'une nouvelle forme de caldarium dépourvu d'abside et de labrum, l'absence de cette vasque, assurant une fonction de propreté illustre la rupture entamée par les bains du Ier siècle de notre ère. L'espace dédié au bain est alors agrandis. – Le labrum est remplacé par une petite niche du caldarium sur un pan du mur Sud13. Témoignage de la désuétude de cette installation. Notre analyse nous aura permis de découvrir les transformations et les évolutions auxquelles furent confrontés les bains publics suite à la déduction coloniale. Malgré une utilisation moins importante des bains privés après l'année 63-63, il sera cependant nécessaire d'en dresser un bref catalogue car il en subsiste qui seront encore en état de fonctionnement au moment de l'éruption de 79. Les Thermes de la Praedia de Julia Felix 13THÉBERT, Yvon. Chapitre II. La révolution de l’hypocauste et l’invention d’un nouvel édifice balnéaire In : Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 (généré le 30 mars 2015). http://books.openedition.org/efr/2170 Pompéi, bains de Iulia Felix, Fabbricotti, Bagni. A l'origine, construit en tant que bains privatifs, ils deviennent après le tremblement de terre de 63-62 ouverts au public, en réponse à des besoins financiers plus importants, afin de réparer les dégâts causés par la catastrophe. En comparaison à d'autres structures thermales privées, on constate que le villas offrent les mêmes prestations que les grands thermes publics, autrement dit : un portique à l'entrée, une natatio, un apodyterium, un tepidarium, un laconicum, communiquant avec le tepidarium et enfin un caldarium. Thermes de la maison du Centenaire Les bains privés de la période du Ier siècle de notre siècle « reflètent les réalités des bains publics »14. Les thermes de la maison du Centenaire - au même titre que les bains de la villa Julia Felix - sont construit sur un modèle courant de bains privés c'est à dire : frigidarium, tepidarium, caldarium. Cependant on peut noter l'absence du laconicum, et du labrum dans l'abside du caldarium, qui comme dans les thermes centraux devaient se trouver dans une niche directement dans le caldarium. 14 Idée avancée par: THÉBERT, Yvon. Chapitre II. La révolution de l’hypocauste et l’invention d’un nouvel édifice balnéaire In : Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 (généré le 30 mars 2015). http://books.openedition.org/efr/2170 La monumentalisation des édifices, si l'on prend les thermes centraux comme référence, devient édifiante. Ce fait n’étant pas anodin, une question vient se poser : les évolutions architecturales des édifices thermaux peuvent-elles être développées sans le concours des progrès technologiques. b- Les nouveaux aménagements : vers une modernisation du fonctionnement thermal Nécessité de parler des nouvelles technologies pour expliquer la forte évolution des édifices thermaux. – Le castellum Aquae C'est à partir du IV ème siècle avant J.C, que les maisons pompéiennes furent équipées de citernes individuelles de récupération d'eau de pluie sur les toits des maisons. Les thermes se sont également équipés de ce genre de dispositif (la citerne la plus importante de la cité est celle des thermes du Forum). Cependant ce système d'approvisionnement en eau ne permet pas un apport permanent, nécessaire au bon fonctionnement des édifices thermaux, qui se répandent et s'agrandissent tout au long du développement de la colonie. Cette nécessité de disposer d'un système d'abduction d'eau plus efficace va donc de paire avec l'augmentation du nombre de bains au sein de l'Urbs. L'époque Augustéenne voit l'érection de l'aqueduc de Serino, qui avec la construction du castellum aquae de Pompéi assure un approvisionnement en eau plus efficace. En effet ce château d'eau est construit à l'ouest de la porte du Vésuve, qui se trouve être le point le plus élevé de la cité. Le dénivelé de 750 mètre 15 et un performant système de canalisations en 15 J-P Adam, La construction romaine, Grands manuels Picards, 1984. plombs assurent les réserves d'eau permanente nécessaire au bon fonctionnement des édifices thermaux. Les anciennes citernes sont à présent utilisées comme réserves d'appoint. L'eau accumulée dans le bassin du castellum est filtrée à l'aide d'une grille avant de rentrer dans le bassin de décantation. Après avoir traverser une seconde grille plus fine, l'eau termine par s'écouler dans trois tuyaux de plombs différents qui assurent la distribution urbaine, enterrées sous les trottoirs. Ces canalisations distribuent ensuite les châteaux secondaires qui jonchent la ville. « Pompéi , une ville de l’Italie romaine (89 av. J.-C. – 79 ap. J.-C.) », N. Monteix 2014/2015 Cette avancé technologique assure un débit régulier de l'eau à toute la ville et notamment aux édifices qui intéressent notre sujet : les thermes. – L'hypocauste L'amélioration du système de chauffage, tout comme l'amélioration du système d'approvisionnement en eau apparaît comme l'élément essentiel de la modernisation des établissements thermaux. Les thermes publics dans leur première forme – dès le la fin du II ème ou premier siècle avant notre ère – furent dotés de la forme la plus primitive du système de chauffage, assuré par de simples canaux, chauffés par un feu. Par exemple, plusieurs maisons de Pompéi sont pourvues d'un caldarium dont l'un des murs est mitoyen à l'un des murs de la cuisine. Ce lien entre bain et cuisine peut donc révéler un mode de chauffage commun, qu'il s'agisse de la chaleur nécessaire pour concocter un repas ou pour chauffer un bain. Le chauffage par hypocauste apparaît donc comme une révolution technologique dans le fonctionnement même des structures thermales. Le chauffage par hypocauste: chaleur émanant d'un feu ou d'une cloison chauffée16. De ces deux solutions, la dernière fut retenue dans un soucis d'émanation de fumée et de gaz provoquée par le feu . La source de chaleur nécessaire pour chauffer les cloisons, est le praefurnium. Ce foyer se situe au sous-sol des thermes dans une pièce ventilée grâce à une ouverture directement percée dans le mur, et jouxté par une salle capable de recueillir le carburant nécessaire à l'alimentation du foyer. L'Hypocauste est donc un espace semblable à un four, dans laquelle se diffuse la chaleur du praefurnium. Le sol de cette salle, est ce que l'on appelle un sol sur « suspensura », littéralement « sol suspendu ». Il s'agit là d'un sol installé sur un grand nombre de briquettes, construites verticalement sous forme de petites colonnes creuses. Ce dispositif avait pour but de chauffer les bains par le sol et grâce au doubles16 Définition proposée par J-P Adam. cloisons, de chauffer la pièce toute entière. Les thermes du Forum et de Stabies ont bénéficié de ce dispositif dès le début du Ier siècle avant notre ère. Hypocauste des thermes Centraux de Pompéi. J-P Adam, La construction romaine. Ce plan schématise ce qu'aurait été le système de chauffe des thermes Centraux, si leur travaux avaient été terminé. Il met également en évidence, le praefurnium, l'hypocauste, les pilettes verticales, le sol sur suspensura. Ce croquis fait également apparaître une nouveauté datant sans doute de la première moitié du Ier siècle de notre ère : les tubuli. Les tubili sont des canalisations de céramique rectangulaire, mise bout à bout elles forment un conduit de fumée. Celles-ci assurent l'évacuation de la fumée plus efficacement que les tegulae mammatea, situées dans les double-cloisons. Ces dernières furent utilisées au Ier siècle avant J.C dans les thermes de Stabies et du Forum. Les fouilles ont permis de constater que ces derniers étaient équipés de tegulae mammatea, alors que les thermes de Stabies, eux, n'en comptaient plus que dans le tepidarium masculin. En effet, au cours des travaux effectués après le tremblement de terre de 63-62, ils se sont pourvus de tubuli dans le caldarium de la section masculine. Il en va de même pour les thermes Centraux, comme l'atteste le schéma d'hypocauste ci- dessus. Afin de replacer ce système dans un contexte ayant un rapport direct avec notre étude, nous prendrons l'exemple de l'hypocauste des thermes de Stabies : Pompéi, thermes de Stabies, état VI : les hypocaustes.H. Eschebach, Die stabianer Thermen in Pompeji, Berlin, 1979. Les thermes de Stabies après 62, étaient pourvus d'un système d'hypocauste présent dans les quatre pièces de la zone chauffée : deux dans la partie féminine, deux autres dans la partie masculine, schématisée sur le plan ci-dessus par une série de points noirs rectilignes. C'est au cours de la seconde partie du Ier siècle avant notre ère que sont effectués les améliorations du système de chauffage. En effet la destruction du laconicum au profit d'un frigidarium aura pour conséquence de réduire les pièces chaudes à deux au lieu de trois. Cette évolution profite également au tepidarium qui aura l'avantage d’être mieux attiédi. Il ne subit plus les émanation de chaleur provenant de l'ancien laconicum17. Il apparaît de façon évidente que l'évolution des thermes ne peut aller que de paire avec la modernisation des systèmes indispensables à leur bon fonctionnement autrement dit : une 17 Idée avancée par: THÉBERT, Yvon. Chapitre II. La révolution de l’hypocauste et l’invention d’un nouvel édifice balnéaire In : Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 (généré le 31 mars 2015). http://books.openedition.org/efr/2170 meilleure distribution de l'eau ainsi qu'un dispositif de chauffe performant. Cependant ces innovations n'aurait pas eu lieu d’être sans le concours des magistrats et de la colonie pour conduire ces grands travaux d'urbanisations. c- Les actions d’évergétisme Commençons par une rapide définition de la notion d'évergétisme : l'évergétisme est un acte des magistrats, qui font un don ou un service à la communauté. Il peux se présenter sous forme de constructions de monuments, de réfections d'un édifice urbain, ou d'organisations de grandes fêtes en remerciement de son élection, ou encore pour gagner en capital social. Qu'il s'agisse de fêtes ou de constructions, les actes d’évergétisme concernent uniquement le domaine du « plaisir » quotidien : amphithéâtre par M. Porcius et C. Quinctius Valgus, la réfection du théâtre par Marcus Holconius Rufus et M. Holconius Celer à la fin du Ier siècle avant J.C, ou encore la rénovation des thermes qu'il s'agisse de leur construction ou de leur rénovation. Pour citer un exemple que nous avons déjà abordé auparavant : La réfection du portique et de la palestre des thermes de Stabies ainsi que l'ajout du destrictarium et du laconicum par les duumviri iure dicundo Caius Vulius et Publius Animius. Toujours en ce qui concerne les thermes stabiens, le cataclysme de l'an 63-62 a entrainé de longues et importantes rénovations de ceux-ci (comme pour de nombreux autres édifices d'ailleurs). Autre que des rénovations purement architecturales, ils profitent également de réfections décoratives : le frigidarium comprend un sol en marbre et d'un plafond vouté (dôme) orné d'une moulure en stuc figurant la voute céleste 18. Les murs de celui-ci étaient également richement décorés de fresques représentants un paysage naturel. L'apodyterium gravement endommagé par le tremblement de terre, profite également de travaux de rénovation : afin de 18 Description proposée par Etienne Robert. soutenir les murs, un podium pourvu de quatre piliers fut érigé. Les réfections effectuées entre 62 et 79, sont les témoins d'une volonté inaltérable de se reconstruire malgré une crise qui touche la région toute entière (tremblement de terre de 6362). Grâce à l'étude des thermes nous avons pu trouver dans leur évolution, une trace de la présence romaine en ce qu'elle marquera le fonctionnement de la colonie. Notre développement s'est construit autour de deux grands axes de réflexions. Nous nous sommes tout d'abord interrogés sur la nature de ces établissements au cours de la période d'occupation Samnites de la cité. Nous avons donc constaté qu'il s'agit d'édifices plus modestes dont l'architecture et le fonctionnement sont directement hérités des bains de l'époque classique et hellénistique. Cependant les III ème et II ème siècle avant notre ère marque une rupture dans leur fonctionnement originel : de bains de propreté strictement liés à l'exercice physique, on se dirige vers une utilisation plus centrée autour du bien-être et du plaisir. Le deuxième axe conducteur de notre analyse s'est borné à la période coloniale. Les évolutions constatées sont nombreuses : architecturale, fonctionnelle, technologique, etc.. La présence romaine au sein de la nouvelle Urbs engendre inévitablement l’essor des édifices thermaux en réponse à une demande plus importante induite par la forte augmentation démographique (environ 2000 colons s'installent dans l'enceinte de la ville au moment de la déduction syllaienne) mais également à cause de la diffusion massive de ce modèle et de ce nouveau mode de vie. Au premier plan du dossier, apparaît une importante zone industrielle que nous devons comprendre comme l'implantation de riches commerçants romains, qui participeront au développement économique de la cité. Nous ne pouvons cependant pas formuler de réponse précise à notre problématique de départ car oui, il apparaît évident que la colonie sous autorité romaine connait un remaniement et des progrès urbains sans précédent, passant bien sûr par les travaux effectués sur les nombreux édifices thermaux présent dans la cité. Mais les bains de la nouvelle ville romaine répondent à un modèle que l'on pourra appliquer à toute la zone méditerranéenne 19. Malgré cette constatation, il faudra tout de même reconnaître l'héritage romain laissé à Pompéi au travers de ces édifices et des améliorations technologiques ainsi qu'économiques dont a profité la Colonia Cornelia Veneria Pompeianorum. Nous nous permettrons pour finir de formuler l'hypothèse suivante : il semblerait que les colons n'aient pas fait le choix de plaquer sur Pompéi le modèle type de la cité romaine, mais plutôt de préserver l'identité Samnite qui ne sera qu'améliorée et aménagée pour convenir à leur mode de vie. Néanmoins, la période de remodelage urbain la plus frappante prit place entre 62 et 79 : en ce sens, il est permis de remettre en cause l'hypothèse précédemment formulée puisque, cet effort de transformation eut pu préfigurer le visage résolument romain de la colonie. L'éruption du Vésuve interrompit cependant cette grande entreprise. 19 Idée avancée par: THÉBERT, Yvon. Chapitre II. La révolution de l’hypocauste et l’invention d’un nouvel édifice balnéaire In : Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 (généré le 31 mars 2015). http://books.openedition.org/efr/2170 BIBLIOGRAPHIE I- Ouvrages généraux MAU AUGUSTE, Pompeii: Its Life and Art, 2nd édition,1904. ADAM J-P, La construction romaine : matériaux et techniques, 4e éd., Paris, Picard, 2005. THÉBERT, YVON. Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen. Nouvelle édition [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2003 mars 2015). Disponible sur Internet : (généré le 28 <http://books.openedition.org/efr/2147> II- Articles spécialisés ADAM JEAN-PIERRE, VARÈNE PIERRE, « Le castellum aquae de pompéi, étude architecturale », Revue archéologique 1/2008 (n° 45) , p. 37-72 URL : www.cairn.info/revue-archeologique-2008-1page-37.htm. CÉBEILLAC MIREILLE, L'évergétisme des magistrats du Latium et de la Campanie des Gracques à Auguste à travers les témoignages épigraphiques. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 699-722. DESSALES HÉLÈNE, « Des usages de l'eau aux évaluations démographiques », Histoire urbaine 2/2008 (n° 22) , p. 27-41 URL : www.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2008-2-page-27.htm. DESSALES HÉLÈNE, « POMPÉI », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 mars 2015. URL : http://www.universalis-edu.com.ezproxy.unr-runn.fr/encyclopedie/pompei/ LENOIR ELIANE, « Thermes et palestres à l'époque romaine ». In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°1, mars 1995. pp. 62- 76. MONTEIX NICOLAS, « Espace commercial et puissance publique a Pompéi ». Alexandra Dardenay, Emmanuelle Rosso. Dialogues entre sphère publique et sphère privée dans l’espace de la cité romaine. Vecteurs, acteurs, significations, Ausonius editions, ́ pp.161-184, 2013, Scripta Antiqua, PICARD GILBERT-CHARLES , « THERMES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 23 mars 2015. URL : http://www.universalis-edu.com.ezproxy.unr-runn.fr/encyclopedie/thermes/