EMC-Maladies Infectieuses 2 (2005) 105–118
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Distomatoses
Distomatosis
D. Andriamanantena (Assistante des hôpitaux des Armées) a, P. Rey
(Spécialiste des hôpitaux des Armées, chef du service des maladies
digestives) a, J.-L. Perret (Professeur agrégé du Val-de-Grâce,
chef de la fédération de médecine) a, F. Klotz (Professeur titulaire
de la chaire de médecine tropicale) b,*
a
Hôpital d’instruction des Armées Legouest, BP 10, 57998 Metz, France
EASSA, Val-de-Grâce, 1, place Alphonse-Laveran, 75230 Paris cedex 05, France, IMTSSA Le Pharo,
Marseille, France
b
MOTS CLÉS
Distomatose ;
Foie ;
Poumons ;
Tube digestif
KEYWORDS
Distomatosis;
Liver;
Lung;
Bowel
Résumé Les distomatoses sont des parasitoses consécutives au développement chez les
mammifères et accidentellement chez l’homme, de trématodes, vers plats non segmentés, dénommés douves ou distomes. L’homme se contamine en consommant des aliments
souillés (crudités sauvages, crustacés ou poissons crus). En fonction de l’organe électivement atteint, on distingue trois types de distomatose : distomatoses hépatobiliaires
(fasciolose, opisthorchiase), distomatoses pulmonaires ou paragonimoses, et distomatoses intestinales. Seul le cycle parasitaire de la distomatose hépatobiliaire à Fasciola
hepatica peut se dérouler en Europe, les autres distomatoses étant principalement
rencontrées en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. Le diagnostic, évoqué
devant l’association d’un séjour en zone d’endémie, de coutumes alimentaires exposant
à la contamination et d’une hyperéosinophilie, repose sur la mise en évidence directe du
parasite ou de ses œufs et sur les techniques sérologiques, dont la spécificité a pu être
sensiblement améliorée. Le traitement médical curatif repose sur trois types de médicaments : praziquantel (Biltricide®), bithionol (Bitin®), non commercialisé en France, et
triclabendazole (Egaten®), molécule dont l’efficacité, la bonne tolérance et la simplicité
d’utilisation en font désormais le traitement de référence de la distomatose à Fasciola
hepatica. Une approche endoscopique biliaire est licite dans les formes compliquées. La
prévention repose sur l’éviction des conduites à risque.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract Distomatosis are parasitic zoonosis caused by infection with trematodes ;
humans can accidentally become the definitive host of the parasite. Infection occurs by
ingestion of contaminated food (plants or raw shellfish). Clinical manifestations depend
on the tropism of the fluke : hepatobiliary for fasciolasis and opisthorchiasis, pulmonary
for paragonimiasis, or intestinal. Infection with Fasciola hepatica is a world-wide disease ;
the other distomatosis are endemic in Africa, South America and Southeast Asia. Diagnosis, suspected in front of epidemiological facts (stay in endemic area, food habits) and
hypereosinophilia, is based on the identification of the parasite or its eggs, and on
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : directeur@hpd.sn (F. Klotz).
1638-623X/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcmi.2005.03.001
106
D. Andriamanantena et al.
serology. Drugs of choice are praziquantel, bithionol, and triclabendazole whose effectiveness, good tolerance and single dose make it now the first choice treatment. Endoscopic management is useful in biliary obstruction. Suppression of risk factor is the best way
for preventive approach.
© 2005 Publié par Elsevier SAS.
Introduction
Distomatoses hépatobiliaires
Les distomatoses sont des anthropozoonoses dues
au développement, chez l’hôte définitif, de parasites trématodes, dénommés douves ou distomes.
Ces parasites se caractérisent par la présence de
deux ventouses (stomes) sur une face et un cycle
parasitaire complexe faisant intervenir des mollusques d’eau douce (Fig. 1). L’homme se contamine
par ingestion d’aliments souillés. En fonction de
l’espèce en cause, trois cadres anatomocliniques
de distomatose sont individualisés :
• les distomatoses hépatobiliaires dues à Fasciola
hepatica, Fasciola gigantica, Opisthorchis felineus, Opisthorchis viverrini, Clonorchis sinensis, et Dicrocoelium dendriticum ;
• les distomatoses pulmonaires dues essentiellement à Paragonimus westermani, Paragonimus
africanus et Paragonimus heterotremus ;
• les distomatoses intestinales dues à Fasciolopsis
buski, Heterophyes heterophyes et Metagonimus.
Fasciolose ou distomatose
à « Fasciola hepatica »
Parasite et son cycle
Morphologie
Fasciola hepatica est un ver plat d’aspect lancéolé,
mesurant 20-30 mm × 8-13 mm, blanc au centre et
plus foncé en périphérie.50 Outre ses deux ventouses, il est muni sur l’enveloppe externe, ou cuticule, d’épines cytoplasmiques qui facilitent les déplacements tissulaires. L’appareil génital est
hermaphrodite. Les œufs sont brun clair, ovoïdes
(130-155 × 70-90 lm) et symétriques, et présentent un opercule convexe à l’une de leurs extrémités. La production ovulaire chez l’homme est faible
et de mauvaise qualité. Les douves adultes ont une
longévité de 10 à 12 ans dans les canaux biliaires de
leurs hôtes.
Figure 1 Cycle des distomatoses humaines.
Distomatoses
Cycle évolutif
Les douves adultes, hermaphrodites, pondent leurs
œufs dans les voies biliaires de l’hôte définitif. Ces
œufs, non embryonnés au moment de la ponte,
sont éliminés dans le milieu extérieur avec les
selles et ne pourront poursuivre leur évolution que
dans l’eau. Les miracidi, libérés après éclosion des
œufs au printemps, pénètrent des mollusques
aquatiques, de type limnée : Limnea truncatula
(« limnée à pointe tronquée »), hôte intermédiaire
le plus fréquemment impliqué en France, Limnea
glabra ou autres espèces.2,58 Les mares peu profondes, les berges des ruisseaux et les terres humides
argileuses constituent les habitats idéaux des limnées. La limnée permet au cours de l’été la maturation des trois stades larvaires successifs du miracidium : sporocyste, puis rédie et enfin cercaire.
Elle permet également une polyembryonie par multiplication parasitaire asexuée, caractéristique du
cycle évolutif du miracidium au sein de la limnée,
qui accroît le nombre de futures douves. Les cercaires se fixent ensuite sur une plante immergée et
évoluent en métacercaire enkystée (250 à 300 lm)
réalisant une forme infestante et résistante du
parasite qui peut demeurer vivante plusieurs mois.
L’homme est un hôte définitif accidentel qui se
contamine en consommant des végétaux aquatiques porteurs de métacercaires enkystées. La digestion de leur enveloppe par les sucs digestifs
libère des distomules qui franchissent en quelques
heures la paroi intestinale de l’hôte, passent dans
la cavité abdominale puis traversent la capsule du
foie pour gagner les canaux biliaires où elles atteignent le stade adulte 3 mois après la contamination.
Épidémiologie
La fasciolose à Fasciola hepatica est une parasitose
cosmopolite que l’on peut rencontrer en Europe, en
Amérique latine, en Afrique du Nord, en Asie et
dans le Pacifique Ouest. En France, les foyers principaux de la maladie humaine se situent dans
l’Ouest et le Sud-Ouest ainsi que la région lyonnaise. Le réservoir de germes est essentiellement
animal (bovins et ovins). L’infection humaine est le
plus souvent consécutive à l’ingestion de cresson
sauvage contaminé. Si les produits des cressonnières correctement surveillées sont en principe sans
danger, il est à noter qu’une épidémie de distomatose à Fasciola hepatica, survenue dans la région
Nord-Pas-de-Calais au printemps 2002 (la première
dans la région depuis 1981), a été consécutive à la
consommation de cresson issu de cressicultures agréées, mais qui ne faisaient plus l’objet d’inspections régulières des autorités sanitaires.59 Outre
le cresson, les pissenlits, mâche et chicorée cueillis
107
dans les pâturages humides constituent également
des sources de contamination. Selon un rapport
récent de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS),18,43 l’incidence de la fasciolose humaine a
augmenté depuis 1980, par la conjugaison de différents facteurs :
• la modification associée des loisirs et des habitudes alimentaires (cueillette individuelle de
végétaux contaminés) ;
• une contamination souvent familiale au cours
d’un même repas mettant en cause des communautés plus ou moins vastes 11;
• des modifications climatiques avec une pluviométrie annuelle augmentée dans certaines régions et qui favorise la prolifération des limnées
et la survie prolongée des métacercaires enkystées 4;
• la possibilité d’une transmission interhumaine
par le biais de mauvaises conditions d’hygiène.
Cette transmission inhabituelle, rapportée par
l’OMS18,43 dans quelques foyers où il existe un
fort taux d’infestation humaine comme en Bolivie, serait consécutive à la consommation
d’eaux souillées et dont la contamination serait
favorisée par une importante concentration
d’œufs dans les excreta.18
Anatomopathologie
À la phase d’invasion, les lésions macroscopiques
associent une augmentation du volume du foie dont
la surface est parsemée de nodules blanchâtres,
des altérations de la capsule de Glisson et du péritoine, et une périhépatite diffuse.4 Microscopiquement, on observe des foyers de nécrose fibrinoïde
et des cristaux de Charcot-Leyden, entourés d’un
granulome inflammatoire réactionnel (Fig. 2),
constitué principalement de polynucléaires éosinophiles. La découverte d’œufs sur les biopsies hépatiques est exceptionnelle et n’a été décrite que lors
d’infestation massive avec multiples localisations
viscérales.44 À la phase d’état, les douves adultes
Figure 2 Granulome hépatique autour de Fasciola hepatica.
108
sont situées dans la lumière des canaux biliaires
dilatés. Des abcès hépatiques secondaires à une
angiocholite peuvent apparaître.70 Les risques évolutifs principaux à long terme sont l’obstruction
complète des canaux biliaires devenus scléreux ou
calcifiés, et la constitution d’une cirrhose.
Tableau clinique
La maladie évolue en deux phases : la phase d’invasion, donnant un tableau d’hépatite toxiinfectieuse ; la phase d’état, responsable de formes chroniques dont les manifestations sont liées à
la présence des douves adultes dans les voies biliaires. Enfin, il existe des formes asymptomatiques.
Formes aiguës
La forme typique d’hépatite toxi-infectieuse débute 1 à 3 semaines après le repas infestant et
associe des douleurs de l’hypocondre droit, une
hépatomégalie modérée et de la fièvre. Une diarrhée, des vomissements, un subictère, des manifestations allergiques cutanéomuqueuses (urticaire,
œdème de Quincke) et une dyspnée asthmatiforme
peuvent compléter le tableau.
Les formes aiguës atypiques sont plus fréquentes. Il peut s’agir de manifestations bronchopulmonaires, à type de toux ou dyspnée, souvent associées sur les radiographies à des infiltrats
parenchymateux, un épanchement pleural, et plus
exceptionnellement un pneumothorax 19; de manifestations cardiovasculaires : épanchement péricardique, insuffisance cardiaque 12; de manifestations neuroencéphaliques : signes méningés, signes
encéphalitiques (déficit et signes focaux, crises
convulsives, altération des fonctions supérieures),22 avec la détection d’une hyperéosinophilie
dans le liquide céphalorachidien qui constitue alors
un élément d’orientation. D’autres aspects trompeurs ont également été rapportés : formes fébriles
pures, formes simulant des abcès hépatiques, hémopéritoine, hématome sous-capsulaire du foie.51
La diffusion de distomules dans d’autres sites
anatomiques que le foie est également trompeuse
et rend compte de nombreuses formes aiguës ectopiques. La localisation extrahépatique la plus fréquente est l’atteinte des tissus sous-cutanés sous
forme de lésions nodulaires, en particulier du thorax et des membres, pouvant s’abcéder.54 La fasciolose pharyngée ou halzoun, décrite essentiellement au Proche-Orient, est liée à la fixation
pharyngée des douves après consommation de foie
parasité mal cuit, à l’origine d’une dysphagie aiguë
avec obstruction laryngée.33
Formes chroniques
Les manifestations associées à la phase d’état sont
observées à partir du troisième mois suivant l’infes-
D. Andriamanantena et al.
tation. La présence des douves adultes dans les
voies biliaires peut être révélée par un tableau
d’angiocholite aiguë (douleur abdominale, fièvre,
ictère) ou des épisodes pseudolithiasiques. L’obstruction biliaire peut également se compliquer
d’une pancréatite aiguë, et à long terme d’une
cirrhose biliaire secondaire.4
Formes asymptomatiques
Elles sont essentiellement dépistées dans l’entourage d’un patient atteint par la détection d’une
hyperéosinophilie.
Diagnostic
En l’absence de manifestation clinique spécifique
de la fasciolose, le diagnostic, évoqué devant la
notion de consommation d’aliments contaminants
(cresson, pissenlits ou chicorée sauvage), repose
sur la conjonction d’examens biologiques et morphologiques.
Examens biologiques non spécifiques
À l’hémogramme, l’hyperéosinophilie majeure est
un élément important du diagnostic à la phase
d’invasion ; elle est inconstante à la phase chronique. On peut par ailleurs constater des perturbations des tests hépatiques, en général peu importantes et variant selon l’intensité de l’infestation,
et une élévation des immunoglobulines (Ig) E totales.53
Éléments spécifiques du diagnostic
Plus fréquemment que les examens parasitologiques, ce sont les techniques sérologiques qui apportent le diagnostic de certitude. Certains examens
d’imagerie (échographie et tomodensitométrie hépatobiliaires) peuvent fournir des arguments indirects intéressants ; à la phase chronique, des douves adultes peuvent être retrouvées à l’occasion
d’une cholangiographie.
Analyse parasitologique. Il s’agit de la recherche d’œufs de Fasciola hepatica à l’examen direct,
dans les selles ou le liquide de tubage duodénal
(Fig. 3). L’identification d’œufs operculés, caractéristiques, apporte une quasi-certitude diagnostique. L’ingestion de foie d’animal parasité peut être
responsable de faux positifs, en montrant des œufs
en simple transit, ce qui nécessite de répéter les
examens.11 L’analyse parasitologique demeurant
peu sensible, un résultat négatif, attendu en phase
d’invasion mais également possible à la phase chronique en cas de faible infestation, n’élimine pas le
diagnostic.
Techniques sérologiques. Beaucoup plus sensibles que les examens parasitologiques, elles constituent actuellement le moyen diagnostique ma-
Distomatoses
Figure 3 Œuf de Fasciola hepatica.
jeur. Différentes techniques sérologiques sont
disponibles : fixation du complément, immunofluorescence indirecte, électrosynérèse, immunoélectrophorèse, hémagglutination indirecte, test
enzyme-linked immunosorbent assay (Elisa). Pour
réduire le risque de faux positifs, liés aux réactions
croisées avec d’autres parasites (hydatidose, paragonimose, toxocarose, schistosomoses), le diagnostic positif repose idéalement sur l’association
d’une technique très sensible à une technique très
spécifique.71 La mise en évidence d’antigènes de
Fasciola hepatica par western blot a montré une
excellente spécificité dans une étude menée en
Tunisie.28 De même, la détection d’anticorps IgG
de type 4 par technique Elisa, utilisant le Fasciola
worm antigen preparation (FWAP), s’est avérée
très spécifique, puisque cet anticorps n’est détecté
que chez les patients porteurs d’une fasciolose,
sans réaction croisée avec d’autres vers plats ou
ronds.40 La recherche d’antigènes circulants par
technique Elisa, comparée à la détection d’anticorps de type IgG par la même technique, s’est
avérée plus sensible que la recherche d’anticorps,
en particulier en phase précoce.34 De plus, la détection d’antigènes est douée d’une bonne spécificité et le taux d’antigènes apparaît corrélé à l’intensité de l’infestation.60 La détection de
coproantigènes permet de distinguer, en cas de
sérologie positive, les infections chroniques encore
actives des cicatrices sérologiques en zone d’endémie humaine.17 Le titre des anticorps s’avère également être un outil performant pour dater l’infection, le taux d’IgM, très élevé à la phase aiguë,
décroissant à la phase chronique tandis que le titre
des anticorps IgG, peu significatif en phase aiguë,
devient très important en phase chronique.61 Enfin,
ces méthodes sérologiques constituent un moyen
de suivi de l’efficacité thérapeutique, qui se traduit par la diminution, voire la négativation des
titres sérologiques.34,62
Imagerie.
Échographie hépatobiliaire. À la phase aiguë, les
anomalies échographiques, inconstantes et peu
109
spécifiques, montrent une hétérogénéité du parenchyme hépatique et une splénomégalie modérée. À
la phase chronique, les lésions prédominent sur les
voies biliaires qui apparaissent dilatées. Les douves
peuvent être identifiées sous la forme d’images
mobiles de 10 à 20 mm, ovales, hyperéchogènes à
centre hypoéchogène, dont la juxtaposition dans la
vésicule biliaire réalise un aspect en « anneaux
olympiques ». Le diagnostic de certitude peut être
porté par la mise en évidence d’œufs dans le produit d’aspiration biliaire, obtenu par ponction
échoguidée de la vésicule.37 La disparition du parasite des voies biliaires dilatées au décours d’un
tableau de colique hépatique après un traitement
par triclabendazole constitue un argument diagnostique indirect et est un témoin plus précoce de
l’efficacité thérapeutique que la décroissance du
titre des anticorps.57
Examen tomodensitométrique. Parfois normal,
cet examen constitue un élément diagnostique
lorsqu’il montre des abcès de taille variable, surtout s’ils sont de localisation sous-capsulaire, organisés en chapelet et associés ou non à des adénopathies périportales (Fig. 4).30
Imagerie par résonance magnétique (IRM). Sur
des travaux ne portant généralement que sur quelques observations, les données apportées par l’IRM
ne semblent ni plus sensibles ni plus spécifiques que
celles fournies par la tomodensitométrie.38
Cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE). À la phase chronique de la maladie,
la CPRE, éventuellement précédée d’une échoendoscopie, peut conduire au diagnostic dans une
stratégie d’exploration de tableaux ne faisant pas
la preuve de leur étiologie (coliques hépatiques
récidivantes,
angiocholite
ou
pancréatite
aiguë).5,16 Elle peut être normale ou révéler des
Figure 4 Tomodensitométrie montrant un remaniement hétérogène, hypodense, pseudoangiomateux des segments hépatiques
III, VI, VII dû à une distomatose hépatique à Fasciola hepatica
(docteur Boivin).
110
anomalies non spécifiques : bombement de la région suprapapillaire correspondant au cholédoque
dilaté et épaissi ; dilatation et irrégularités des
canaux biliaires en radioscopie. Les douves sont
plus rarement identifiées, et dans quelques observations, des parasites mobiles ont pu être extraits
après sphinctérotomie. Après traitement endoscopique, l’ensemble des anomalies cliniques, biologiques et morphologiques disparaissent habituellement.13
Anatomopathologie. Rarement réalisée, l’analyse histologique d’une biopsie hépatique peut
montrer un granulome éosinophile, exceptionnellement centré par les œufs et dont l’identification
est par ailleurs parfois difficile. Ce type de lésion
n’est cependant pas spécifique d’une fasciolose et
peut être observé dans d’autres parasitoses, particulièrement les schistosomoses et la toxocarose.24
D. Andriamanantena et al.
dans les selles ou en l’absence de négativation de la
sérologie 6 mois après la fin du traitement, une
seconde cure amène habituellement une guérison
définitive.3,67
Alternatives médicamenteuses. En cas de rare
intolérance ou d’échec au triclabendazole, le métronidazole et le nitazoxanide pourraient constituer des alternatives. Le nitazoxanide (Cryptaz®),
uniquement disponible en autorisation temporaire
d’utilisation à l’étranger, a été testé, à la posologie
de 500 mg/j pendant 7 jours, contre placebo dans
une étude randomisée en double aveugle et a permis l’éradication parasitaire définitive dans 60 %
des cas.21 L’efficacité du métronidazole en cas
d’échec après un traitement de première ligne par
le triclabendazole est documentée par une récente
étude conduite en Iran.42 À la posologie de 1,5 g/j
pendant 21 jours, la guérison était observée en
deuxième ligne thérapeutique dans 72 % des cas.
Traitement
Traitement médical
Deux molécules anciennes, le praziquantel et le
bithionol, dotées d’une efficacité modérée, ont
maintenant fait place au triclabendazole, devenu
le traitement de référence en raison d’une excellente tolérance et d’une remarquable efficacité.
Praziquantel. Le praziquantel (Biltricide®) est
un antihelminthique à large spectre, actif sur plusieurs espèces de douves, bien toléré mais doué
d’une efficacité inconstante sur Fasciola hepatica,
en particulier dans les phases chroniques de la
maladie.4,25,45 Il est utilisé à la posologie moyenne
de 75 mg/kg/j en une ou trois prises orales, pendant une durée de 1 à 7 jours.
Bithionol. Le bithionol (Bitin®), non commercialisé en France, est actif sur Fasciola hepatica, à la
posologie de 30 à 50 mg/kg/j pendant 20 à
30 jours,6 mais la durée prolongée de traitement et
la fréquence des effets secondaires (nausées, vomissements, douleurs abdominales, prurit, urticaire) en limitent l’utilisation pratique.
Triclabendazole. Le triclabendazole (Egaten®),
dérivé de l’usage vétérinaire et actif aussi bien
dans les formes aiguës que chroniques de la maladie, a constitué une formidable avancée thérapeutique dès les premières études publiées rapportées
en 1995.3,29 L’éradication parasitaire est obtenue
dans 80 % des cas après une prise orale unique de
10 mg/kg, atteignant 94 % en doublant la dose sur
2 jours. La tolérance clinicobiologique est excellente. De rares épisodes de coliques hépatiques
correspondant à l’expulsion des parasites morts
dans les voies biliaires et une élévation modérée
des tests hépatiques à l’induction thérapeutique
sont parfois observés. En cas de persistance d’œufs
Traitement endoscopique
Une approche endoscopique interventionnelle peut
s’avérer nécessaire en complément de la prise en
charge médicale dans les formes biliaires compliquées nécessitant l’extraction perendoscopique
des vers après une sphinctérotomie.15
Prophylaxie
La meilleure mesure prophylactique est individuelle et consiste à éviter la consommation de
crudités sauvages (cresson, mâche, pissenlit). La
prophylaxie collective repose sur le dépistage et le
contrôle vétérinaire avec traitement prophylactique par le triclabendazole.20 En zone de forte endémie, le contrôle des systèmes d’irrigation contaminés par les excreta humains contenant de fortes
densités ovulaires s’avère également indispensable.18
Autres distomatoses hépatobiliaires
Distomatose à « Fasciola gigantica »
Fasciola gigantica est un distome très proche de
Fasciola hepatica, s’en différenciant par sa taille
(adulte lancéolé de grande taille mesurant
2,5 × 7,5 cm) et une moindre diffusion planétaire.
Il est principalement observé en Afrique centrale,
dans le Pacifique Ouest et en Extrême-Orient. Les
hôtes définitifs sont essentiellement des ovins, des
bovins et des caprins, parfois des chameaux et
accidentellement l’homme.31 Le cycle parasitaire
fait également intervenir un mollusque aquatique
comme hôte intermédiaire. Les manifestations cliniques, la démarche diagnostique et le traitement
sont semblables à ceux de Fasciola hepatica.41
Distomatoses
111
Dicrocoeliose ou distomatose à Dicrocoelium
dendriticum
Dicrocoelium dendriticum, anciennement dénommé Dicrocoelium lanceolatum ou petite douve
du foie, est un parasite des voies biliaires de nombreux mammifères, ovins en particulier. L’homme
est très rarement infesté.
Généralités
Cosmopolite, la dicrocoeliose sévit principalement
dans les régions d’élevage d’Europe, d’Asie et
d’Afrique du Nord.50 La douve adulte est un petit
ver plat, lancéolé (5-15 × 1,5-2,5 mm), également
pourvu de deux ventouses, hôte des voies biliaires
de l’hôte définitif. Les œufs, mesurant 45 × 25 lm,
ovalaires, asymétriques et operculés, sont rejetés
avec les matières fécales. Le cycle nécessite deux
hôtes intermédiaires successifs : des mollusques
terrestres (Helicella et Zebrina) puis des fourmis,
vectrices de la métacercaire enkystée. L’infestation de l’hôte définitif est consécutive à l’ingestion
accidentelle de l’insecte, expliquant la contamination préférentielle des enfants, ou par contamination de fruits ou de légumes consommés crus.32
Libérée dans l’estomac ou le duodénum de l’hôte,
la jeune douve gagne ensuite le foie par voie biliaire ascendante et débute la ponte ovulaire 6 à
8 semaines après l’infestation. La longévité de
l’adulte est de plusieurs années.
Tableau clinique
La phase d’invasion est cliniquement muette. La
phase d’état peut être asymptomatique ou être à
l’origine de plaintes digestives non spécifiques ou
plus rarement biliaires.
Diagnostic
Il repose sur la mise en évidence des œufs de
Dicrocoelium dendriticum dans les selles. La principale difficulté est de différencier le véritable
parasitisme biliaire du simple transit d’œufs provenant de petites douves ingérées avec le foie d’un
animal parasité. Lors d’une étude menée en Arabie
Saoudite, parmi 121 patients chez lesquels des
œufs avaient été mis en évidence dans les selles
(Fig. 5), un nouvel examen parasitologique, réalisé
après 3 mois d’un régime excluant toute consommation de foie, ne s’était en fait avéré positif que
chez un quart des patients.35 Le sérodiagnostic
nécessite l’emploi d’antigènes homologues, et
n’est pas réalisé en pratique courante du fait de
l’extrême rareté de la maladie.
Traitement
L’activité des antidistomiens modernes n’est pas
connue.
Figure 5 Œuf de Dicrocoelium dendriticum.
Opisthorchiases
Les opisthorchiases sont des distomatoses hépatobiliaires liées à la présence de douves de la famille
des Opisthorchidae : Clonorchis sinensis (douve de
Chine), Opisthorchis felineus et Opisthorchis viverrini. Leur cycle parasitaire, qui fait intervenir des
hôtes intermédiaires uniquement rencontrés en
Asie du Sud-Est et en Europe centrale, explique la
répartition géographique limitée de ces parasitoses.
Généralités
Parasites et leur cycle.50 Le chien et le chat constituent les hôtes définitifs préférentiels d’Opisthorchis felineus et Opisthorchis viverrini,
l’homme étant accidentellement contaminé. Clonorchis sinensis est un ver plat lancéolé (1025 × 30,5 mm), opalescent et arrondi à ses extrémités (Fig. 6). Le ver adulte pond des œufs (30 lm)
embryonnés, de couleur brune et pourvus d’un
opercule. Opisthorchis felineus et Opisthorchis viverrini ont une morphologie très voisine, de plus
petite taille : vers plats lancéolés (9 × 15 mm),
transparents, arrondis aux extrémités ; les œufs (25
lm), brun-jaune, ovoïdes et operculés, sont également embryonnés à la ponte.
La douve adulte réside dans les voies biliaires de
l’hôte définitif. Après la ponte, les œufs sont éliminés dans le milieu extérieur avec les selles. L’éclo-
Figure 6 Adulte de Clonorchis sinensis.
112
sion nécessite l’ingestion par un mollusque particulier. Le cycle parasitaire fait ensuite intervenir
deux hôtes intermédiaires : le premier est un mollusque aquatique, au sein duquel les miracidi se
transforment et, après polyembryonie, donnent
naissance à des milliers de cercaires. Ces dernières,
libérées dans l’eau, vont s’enkyster dans les muscles d’un poisson d’eau douce, deuxième hôte intermédiaire, sous la forme de métacercaire.
L’homme se contamine en ingérant de la chair de
poisson crue ou mal cuite, la métacercaire libérée
dans le duodénum migrant ensuite dans le système
biliaire où elle atteint sa maturité en 4 semaines et
commence à pondre des œufs. Le cycle complet
évolue environ en 4 mois.
Épidémiologie. Les opisthorchiases sont principalement rencontrées en Asie et en Europe de l’Est.
Au moins 17 millions de personnes seraient infestées dont 9 millions par Opisthorchis viverrini,
7 millions par Clonorchis sinensis et 1,2 million par
Opisthorchis felineus. L’incidence, liée à la prolifération des mollusques hôtes intermédiaires exacerbée durant la saison des pluies, suit un rythme
saisonnier.64 Opisthorchis viverrini s’observe en
Thaïlande65 où la prévalence atteint 90 % des habitants dans certains villages, au Laos et au Cambodge. Opisthorchis felineus sévit en Asie (Japon,
Corée, Vietnam, Inde). Elle est aussi rencontrée en
Pologne et en Russie, notamment en Sibérie, avec
une prévalence atteignant près de 85 % dans certaines zones. La clonorchiase est endémique en Asie
du Sud-Est (Japon, Corée, Chine, Vietnam) où les
coutumes alimentaires sont favorables à la contamination, la prévalence pouvant également atteindre 80 %.
Pathogénie
Les manifestations pathologiques sont corrélées à
l’intensité et à la durée du parasitisme. Les douves
adultes, parasites des canaux biliaires intra- et
extrahépatiques, sont responsables d’irritations et
de microtraumatismes de l’épithélium des voies
biliaires. Lors d’un parasitisme prolongé, apparaissent successivement, des lésions œdémateuses puis
métaplasiques, une prolifération réactionnelle de
l’épithélium qui envahit la lumière des canaux biliaires et provoque des sténoses avec dilatation en
amont. Une fibrose périportale, une cholécystite
chronique, une fibrose sévère de la paroi vésiculaire peuvent également s’installer. Outre l’irritation mécanique provoquée par la présence du parasite, des phénomènes immunopathologiques
interviennent vraisemblablement dans la pathogénie.66 Une atteinte vasculaire est fréquente avec
Opisthorchis viverrini et felineus. Stase biliaire et
surinfection favorisent le développement de lithia-
D. Andriamanantena et al.
ses et à terme la possibilité de l’émergence de
cholangiocarcinomes.1
Tableau clinique
Le tableau clinique, corrélé à la charge parasitaire,
est majoré par les réinfestations répétées à chaque
ingestion de poisson contaminé. Les sujets jeunes
et faiblement parasités sont en général asymptomatiques. La première exposition, notamment chez
des voyageurs en zone d’endémie, peut être à
l’origine d’un tableau d’hépatite aiguë qui apparaît
2 à 4 semaines après la contamination et se résout
spontanément en 1 à 2 semaines.33 Les manifestations cliniques apparaissent essentiellement chez
les porteurs chroniques, après 30 ans en zone d’endémie. Les symptômes initiaux sont peu spécifiques, à type de douleurs de l’hypocondre droit
évoluant initialement par crise, puis permanentes,
secondairement associées à une altération de l’état
général. Le pronostic est lié à la possibilité de
complications sévères, à type de cholangite récurrente, pancréatite et cirrhose biliaire secondaire.
Un hépatocarcinome peut compliquer l’évolution
au stade de cirrhose, ainsi que la greffe d’un cholangiocarcinome, indépendamment du statut de fibrose hépatique, particulièrement en cas d’infection chronique à Opisthorchis viverrini ou
Clonorchis sinensis, l’intervention d’Opisthorchis
felineus dans la carcinogenèse n’étant pas encore
démontrée.71
Éléments du diagnostic
L’anomalie la plus fréquemment constatée à l’examen clinique est une hépatomégalie, parfois associée à la palpation d’une vésicule biliaire tendue.
L’hyperéosinophilie sanguine est inconstante et a
peu de valeur en zone d’endémie, du fait du polyparasitisme fréquent. Les fonctions hépatiques
sont généralement normales. Les examens tomodensitométriques et échographiques peuvent être
normaux ou faire apparaître des aspects non spécifiques : dilatations irrégulières et rétrécissement
des voies biliaires intrahépatiques, épaississement
des parois de la vésicule biliaire, lithiase biliaire,66
dilatation de la voie biliaire principale, abcès hépatiques.30
Le diagnostic des opisthorchiases repose sur la
mise en évidence des œufs caractéristiques dans
les selles, ou mieux dans le liquide duodénal et la
bile. L’aspect des œufs d’Opisthorchis est très voisin de celui des œufs des petites douves intestinales de type Heterophyes heterophyes (Fig. 7). Un
examen parasitologique négatif n’exclut donc pas
le diagnostic, la recherche des œufs dans les selles
pouvant être négative à la phase d’invasion comme
à la phase d’état en cas de charge parasitaire faible
Distomatoses
113
Distomatoses pulmonaires
(paragonimoses)
Les paragonimoses ou distomatoses pulmonaires
sont des anthropozoonoses causées par des douves
du genre Paragonimus, dont plus de quarante espèces sont actuellement identifiées et une dizaine
pathogène pour l’homme. Les principaux foyers de
paragonimoses sont l’Asie, où Paragonimus westermani est l’espèce la plus répandue, l’Amérique
latine (Paragonimus mexicanus) et l’Afrique (Paragonimus uterobilateralis, Paragonimus africanus).
Des paragonimoses autochtones ont été récemment
rapportées en Amérique du Nord, où l’espèce en
cause est Paragonimus kellicotti.55
Figure 7 Œuf de Clonorchis sinensis.
ou d’obstruction biliaire. Les examens sérologiques
constituent un outil diagnostique. Si les techniques
de fixation du complément, d’hémagglutination,
d’immunoprécipitation étaient d’interprétation
difficile du fait de nombreuses réactions croisées
en zone d’endémie, des techniques sensibles et
plus spécifiques ont maintenant été développées,
telles la recherche d’anticorps monoclonal par
Elisa63 et la recherche de coproantigènes.68 L’examen histologique hépatique montre rarement des
éléments parasitaires évocateurs, plus souvent des
signes inflammatoires et une fibrose non spécifiques.1
Traitement
Le praziquantel (Biltricide®) constitue le traitement de référence, constamment efficace à la posologie de 75 mg/kg en une dose unique ou fractionnée en trois prises sur une journée. Avec un schéma
posologique de 40 à 50 mg/kg utilisé lors des traitements de masse, la guérison est obtenue dans 90
à 95 % des cas. Les critères de guérison, en l’absence de formes compliquées et séquellaires qui
posent parfois de difficiles problèmes de diagnostic
différentiel avec en particulier la greffe d’un cholangiocarcinome, sont la régression des anomalies
échographiques, la disparition des œufs dans les
selles et la diminution du titre des anticorps.56
L’action sur les hôtes intermédiaires en zone
d’endémie étant illusoire, la prophylaxie repose
principalement sur une action importante d’éducation sanitaire visant à changer les habitudes alimentaires. L’éducation sanitaire, couplée à un dépistage de masse par examen parasitologique des
selles et traitement des cas dépistés, a permis de
réduire significativement la prévalence des opisthorchiases dans certaines régions de Thaïlande.36
Généralités
Parasites et leur cycle
Paragonimus westermani est un trématode en
« grain de café » (8-16 × 4-8 × 2-5 mm), translucide et brun rougeâtre. Il est morphologiquement
très proche de Paragonimus mexicanus et Paragonimus kellicotti. Paragonimus heteroptremus, également rencontré en Asie, et Paragonimus africanus sont plus longs et plus larges. Les œufs de
l’ensemble des espèces de Paragonimus sont caractéristiques : jaune-brun, ovalaires et de taille variable selon l’espèce, cernés d’une coque lisse
transparente, épaissie à l’opposé d’un opercule
polaire (Fig. 8). Non embryonnés au moment de la
ponte, ils sont rejetés dans le milieu extérieur avec
les expectorations ou les selles, après déglutition
des crachats.
La complexité du cycle évolutif, qui nécessite
deux hôtes intermédiaires, explique la faible prévalence de la paragonimose dans les zones d’endémie. En contact avec un milieu hydrique, les œufs
poursuivent leur développement puis éclosent en
3 semaines, libérant le miracidium qui contamine le
premier hôte intermédiaire, un mollusque d’eau
douce. La transformation des miracidi conduit au
bout de 3 mois, toujours par un processus de polyembryonie, à la production de nombreuses cercaires. Une fois libérées, elles vont pénétrer un
deuxième hôte intermédiaire (écrevisse, crevette
ou crabe d’eau douce), dans lequel elles s’enkys-
Figure 8 Œuf de Paragonimus westermani.
114
tent en métacercaires. L’hôte définitif s’infeste en
ingérant ces crustacés crus ou mal cuits. Les coques
des métacercaires sont digérées par les sucs, libérant des distomules qui traversent la paroi de l’intestin grêle et poursuivent leur développement
dans la cavité abdominale, avant de traverser le
diaphragme puis la plèvre pour gagner le parenchyme pulmonaire vers le 15e jour après l’infestation. Elles y atteignent le stade adulte en 5 à
6 semaines. Chez l’homme, la localisation pulmonaire est préférentielle mais non exclusive et des
migrations aberrantes sont possibles. La durée de
vie du ver adulte peut atteindre 10 ans.
Épidémiologie
Les paragonimoses sont avant tout des maladies des
animaux carnivores. Dans les zones où elles prédominent, la présence d’un grand nombre de réservoirs et d’hôtes intermédiaires associée aux habitudes alimentaires favorise le cycle du parasite, la
transmission et l’infection de l’homme. L’acquisition par la consommation d’hôtes accidentels
contenant de jeunes douves (rat des champs,
viande crue de sanglier), d’eau contaminée par des
métacercaires provenant de crustacés morts, ou
l’utilisation d’instruments de cuisine mal nettoyés
et contaminés peuvent être impliquées. Seuls des
cas d’importation sont observés en Europe, car les
conditions environnementales nécessaires au cycle
parasitaire ne sont pas réunies.26
Pathogénie
L’intensité des lésions dépend de la charge parasitaire et de la chronicité de la maladie. L’interaction entre la réponse immunitaire locale de l’hôte
et l’action protéolytique des métabolites du parasite aboutit à la formation de kystes qui constituent
les lésions élémentaires caractéristiques. Le kyste,
principalement endobronchique, est limité par une
coque épaisse entourant deux à quatre douves
adultes et est constitué d’un tissu de granulation
renfermant des fibroblastes, des lymphocytes, et
des polynucléaires neutrophiles et éosinophiles.
Des granulomes centrés par un œuf sont souvent
visibles au voisinage des kystes. Les vaisseaux bronchiques sont hypertrophiés, érodés et peuvent se
rompre. La traduction anatomoclinique est essentiellement bronchopulmonaire (bronchopneumonie, pneumonie interstitielle exsudative et hémorragique, bronchectasies), mais, en cas de faible
charge parasitaire, la migration des vers adultes
peut s’interrompre au niveau de la cavité pleurale
et générer des épanchements pleuraux sans atteinte parenchymateuse. Une migration aberrante
peut compliquer cette évolution naturelle et abou-
D. Andriamanantena et al.
tir à la formation de kystes extrapulmonaires, principalement cérébraux et sous-cutanés.46,47
Tableau clinique
Après une incubation qui dure de 2 à 20 jours,
l’apparition des symptômes chez un individu infecté dépend de l’importance de l’infestation et de
la localisation anatomique. Une infestation légère
est généralement asymptomatique. La phase d’invasion, au cours de laquelle les douves immatures
migrent de l’intestin vers les poumons, peut s’accompagner d’une fébricule, d’une urticaire et de
signes digestifs peu spécifiques (diarrhée, douleurs
abdominales). Après quelques jours apparaissent
une toux et une douleur thoracique qui constituent
un point d’appel fréquent et régressent en quelques semaines. Les manifestations chroniques surviennent en moyenne 6 mois après l’infestation.
Forme pulmonaire
Les manifestations pulmonaires chroniques miment
volontiers une tuberculose : toux, expectoration
noirâtre ou brunâtre prolongée, hémoptysies parfois abondantes et sévères, douleurs thoraciques,
dyspnée, souvent associées à une fébricule et à une
asthénie. Les signes physiques sont absents ou pauvres. En l’absence de traitement, une infestation
avec charge parasitaire élevée peut se compliquer
de bronchectasies, d’épisodes de surinfection
(bronchopneumonie, abcès du poumon), d’épanchement pleural sérofibrineux ou purulent récidivant et de pneumothorax.9
La radiographie du thorax peut être normale (10
à 20 % des cas) ou montrer des anomalies variant
selon le stade : infiltrats floconneux labiles au
stade initial, cavités pseudokystiques, images réticulonodulaires (Fig. 9), avec parfois calcifications
arrondies (coques calcifiées de kystes anciens),
anomalies pleurales (pleurésie ou pneumothorax)
isolées ou associées aux anomalies parenchymateuses ; plus rarement, adénopathies médiastinales,
atélectasie secondaire à une sténose bronchique
inflammatoire en endoscopie.46
Formes extrapulmonaires
Isolées ou associées aux localisations pulmonaires,
elles sont consécutives à des migrations aberrantes. Les lésions anatomiques sont, comme dans le
poumon, de nature kystique ou granulomateuse
avec parfois des abcès.
Paragonimose cérébrale
Les symptômes initiaux sont ceux d’une méningoencéphalite avec liquide céphalorachidien inflammatoire, riche en éosinophiles. Secondaire-
Distomatoses
Figure 9 Image pseudokystique calcifiée du parenchyme pulmonaire dans une paragonimose.
ment apparaissent des signes témoignant d’un
processus expansif intracrânien, avec en tomodensitométrie ou en IRM, des calcifications cérébrales
en grappe, des lésions kystiques ou une hydrocéphalie. Ces lésions non spécifiques peuvent
faire évoquer une autre parasitose (cysticercose,
échinococcose), un abcès tuberculeux ou à pyogènes, ou une lésion tumorale.49 Le pronostic vital est
engagé dans ces localisations et les décès sont
fréquents à la phase aiguë.
Paragonimoses sous-cutanées
Les lésions évocatrices sont des nodules fermes,
mobiles et sensibles, visibles le plus souvent sur
l’abdomen ou la paroi thoracique antérieure. Le
diagnostic est fait à l’examen histologique des nodules qui renferment des larves immatures.
Autres formes ectopiques
Plus rarement, Paragonimus peut se localiser dans
la paroi intestinale, le foie, la rate, la cavité péritonéale ou le parenchyme rénal.
Diagnostic
L’hyperéosinophilie à la phase aiguë est sans
grande valeur diagnostique, du fait du polyparasitisme des patients.
La présentation clinique et radiologique de la
paragonimose pulmonaire fait souvent évoquer en
premier lieu une tuberculose (qui peut lui être
associée) ou une pathologie tumorale. Orienté par
la notion d’un séjour en zone d’endémie et les
coutumes alimentaires, le diagnostic de certitude
115
est apporté par la mise en évidence des œufs
operculés dans les expectorations, dans le liquide
de lavage bronchoalvéolaire ou dans les selles. Les
œufs peuvent également être recueillis dans le
liquide pleural ou au sein d’une lésion pulmonaire
ponctionnée sous scanner.8 Les parasites ou les
œufs peuvent par ailleurs être retrouvés sur des
biopsies de nodules ou de lésions kystiques de diverses localisations, sous-cutanées, pulmonaires,
intra-abdominales. Les granulomes sans nécrose et
centrés par des débris parasitaires peuvent être
cernés de fibrose.9 Ces examens parasitologiques
ont cependant une sensibilité insuffisante ne dépassant pas 60 %, et sont souvent négatifs à la phase
précoce ou en cas de faible infestation.47
La sérologie permet, en l’absence d’œufs, d’affirmer le diagnostic. La méthode Elisa est actuellement la technique de référence. Très sensible, sa
spécificité a été nettement améliorée par l’utilisation d’anticorps monoclonaux.48 La sérologie est
positive dès la phase précoce par la détection d’anticorps de type IgM, puis de type IgG en phase
chronique.48 Dans les formes cérébrales, les anticorps ne sont détectables (Elisa) dans le liquide
céphalorachidien qu’à la phase aiguë.69 L’intradermoréaction, utilisant des extraits de Paragonimus
adultes, est utile en zone d’endémie pour la surveillance épidémiologique, mais ne constitue pas
un test diagnostique.69
Traitement
Le bithionol (Bitin®) et le niclofolan (Bilevon®) ont
été les premiers traitements utilisés. Efficaces à
95 %, leurs effets secondaires en ont cependant
limité l’utilisation. Le traitement de choix est actuellement représenté par le praziquantel (Biltricide®). À la posologie de 75 mg/kg/j en trois prises,
pendant 2 ou 3 jours, il permet une amélioration
rapide des symptômes et la clairance ovulaire en
quelques semaines, avec une tolérance excellente
dans les formes pulmonaires. Dans les formes cérébrales, une aggravation parfois sévère est possible
à l’induction du traitement, imputée à la réaction
inflammatoire consécutive à la lyse parasitaire, et
doit être prévenue par la prescription concomitante de corticoïdes. Le triclabendazole (Egaten®),
à la dose de 10 mg/kg pendant 1 ou 2 jours, s’est
également avéré efficace et bien toléré dans certaines études.47
Une approche chirurgicale complémentaire peut
s’avérer nécessaire dans les formes compliquées,
pulmonaires (épanchements pleuraux récidivants,
pneumothorax) ou cérébrales.14
La prophylaxie repose sur l’éducation sanitaire
et les modifications des habitudes alimentaires.
116
D. Andriamanantena et al.
Couplées à un traitement de masse par praziquantel, ces mesures ont permis de réduire significativement la prévalence de l’infection au Japon.47
Distomatoses intestinales
Distomatose à « Fasciolopsis buski »
Commune à l’homme et au porc, cette distomatose
intestinale est observée essentiellement en Asie du
Sud-Est, au Laos, au Cambodge, en Chine et dans la
partie centrale de la Thaïlande. Elle affecte principalement les enfants avec une prévalence de 50 %
au Bangladesh, 57 % en Chine et 60 % en Inde.23
Fasciolopsis buski est la plus grande des douves
intestinales parasitant l’homme, mesurant 3 à 7 cm
de long (Fig. 10). Ses œufs sont operculés, jaunebrun, également de grande taille (140 × 90 lm). Le
parasite vit dans l’intestin grêle de l’hôte. Le cycle
fait intervenir l’infection d’un mollusque aquatique
de type planorbe qui libère des cercaires allant
s’enkyster sur des plantes aquatiques sous forme de
métacercaires infestantes. La contamination est
consécutive à la consommation de ces plantes. Les
distomules, libérées dans le duodénum, deviennent
adultes en 3 à 4 mois au niveau de l’iléon. Leur
durée de vie est courte, n’excédant pas 6 mois.
Dans la plupart des cas, le patient est asymptomatique du fait d’un faible parasitisme. Les rares cas
d’infestation massive conduisent à des symptômes
digestifs non spécifiques (vomissements, diarrhée,
douleurs abdominales), parfois à un œdème de la
face. Le diagnostic repose sur l’identification des
œufs dans les selles, plus rarement dans les vomissements.39 La guérison est obtenue dans tous les
cas avec une cure unique de praziquantel (Biltricide®) à la posologie de 75 mg/kg en trois prises.
Malgré la disponibilité d’un traitement efficace, les
modifications des pratiques agricoles et l’urbanisation qui permettent de réduire les réservoirs d’hôtes intermédiaires, la distomatose à Fasciolopsis
buski demeure un problème de santé publique majeur en zone d’endémie,27 essentiellement du fait
de l’impossibilité de faire abandonner les pratiques
culinaires contaminantes.23
Distomatose à « Heterophyes heterophyes »
Le pourtour méditerranéen constitue la principale
zone d’endémie. L’Égypte constitue le plus gros
foyer, Israël, la Tunisie, la Turquie et l’Europe du
Sud (Grèce, Espagne) étant moins concernées.
D’autres foyers sont identifiés au Japon, en Corée
et aux Philippines.7 Heterophyes heterophyes est
une douve de plus petite taille (1 à 2 cm), piriforme, qui se développe chez de nombreux mammifères (chiens, chats, renards). Le cycle se déroule en milieu aquatique et fait intervenir deux
hôtes intermédiaires successifs, un mollusque (Pirenella) puis un poisson d’eau douce (Gambusia) ou
de mer (mulet). L’homme se contamine en consommant des poissons frais, salés ou peu cuits. La
douve est adulte en 15 à 20 jours et vit 2 mois.
Seule l’infestation intense est symptomatique, à
l’origine de manifestations essentiellement digestives (nausées, vomissements, diarrhées parfois sanglantes, douleurs abdominales). Un épanchement
pleural à éosinophiles a été exceptionnellement
décrit.52 Les œufs pondus dans la paroi intestinale
peuvent pénétrer le réseau vasculaire et être embolisés, déterminant des localisations cardiaques et
cérébrales.7 Le diagnostic repose sur la mise en
évidence d’œufs dans les selles, en sachant que la
distinction entre les différents genres de petites
douves (Metagonimus, Opisthorchis, Clonorchis)
est délicate.10 Le praziquantel (Biltricide®) est le
traitement de choix. La prophylaxie consiste à éviter la consommation de poissons insuffisamment
cuits.
Autres distomatoses intestinales7
Figure 10 Adulte de Fasciola buski.
Elles sont dues à différentes douves (Heterophyes
heterophyes, Metagonimus yokogawai, Gastrodiscoides hominis, Watsonius watsoni) et sont rencontrées, selon les espèces, en Asie, en Sibérie ou en
Afrique de l’Ouest. La présentation clinique est
superposable aux autres distomatoses intestinales.
Distomatoses
Le diagnostic est parasitologique et le praziquantel
régulièrement efficace.
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