Revue des études byzantines
Les sceaux du musée d'Iznik
Jean-Claude Cheynet
Résumé
REB 49 1991 France p. 219-235, 4 pl.
J.-C. Cheynet, Les sceaux du musée d'Iznik. — Dix-huit sceaux byzantins sont actuellement conservés au musée d'Iznik.
La plupart des pièces, réparties entre le 6e et le 12e siècle, étaient jusqu'à maintenant inconnues, notamment les plombs
de Marin stratège des Arméniaques, de Jean Radènos et de Jean Spondylès, ainsi qu'un sceau en caractères latins, dont
l'interprétation fait difficulté.
Citer ce document / Cite this document :
Cheynet Jean-Claude. Les sceaux du musée d'Iznik. In: Revue des études byzantines, tome 49, 1991. pp. 219-235.
doi : 10.3406/rebyz.1991.1841
http://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1991_num_49_1_1841
Document généré le 19/10/2015
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
Jean-Claude CHEYNET
Les musées provinciaux turcs renferment fréquemment des sceaux
byzantins en quantité modeste. Ils présentent le plus souvent
l'avantage, par rapport à des collections plus importantes, de fournir
le lieu de trouvaille des plombs. Même en l'absence d'une telle
information, on peut présumer qu'ils proviennent de la
circonscription qui dépend du musée. Pour cette raison, un inventaire
systématique des sceaux conservés dans ces musées sera d'un grand
intérêt. Il serait ainsi possible de vérifier « le principe de territorialité
des sceaux»1, à savoir que les plombs circulent rarement hors de la
circonscription où ils ont été émis, exception faite de Constantinople.
Si des patronymes apparaissaient à plusieurs reprises dans une même
collection locale, cela constituerait un indice important d'une
implantation locale de la famille. Enfin, il peut être intéressant de
connaître la répartition chronologique pour la confronter à ce que
nous savons de l'histoire de la région.
* Abréviations utilisées :
Konstantopoulos, Molybdoboulld : K. M. Konstantopoulos, Βυζαντιακά μολυβ866ουλλα του έν 'Αθήναις Έθνικοΰ νομισματικού Μουσείου, Athènes 1917.
Laurent, Corpus, II et V : V. Laurent, Le Corpus des sceaux de l'empire byzantin,
II : L'administration centrale, Paris 1981 ; V, L'Église, Paris 1963-1972.
Laurent, Vatican : V. Laurent, Les sceaux byzantins du Médaillier Vatican, Cité du
Vatican 1962.
Seibt, Bleisiegel : W. Seibt, Die byzantinische Bleisiegel in Österreich; I. Kaiserhof,
Vienne 1978.
Skylitzès : Ioannis Scylitzae Synopsis historiarum, éd. I. Thurn, CFHB V, BerlinNew York 1973.
Skylitzès Continué : Ή Συνέχεια της χρονογροφίας τοΰ 'Ιωάννου Σκυλίτζ-η, éd.
Ε. T. Tsolakès, Thessalonique 1968.
Théophane : Theophanis Chronographia, 1-2, éd. C. de Boor, Leipzig 1883-1885.
Zacos-Veglery : G. Zacos-A. Veglery, Byzantine Lead Seals, Bale 1972.
Zacos, II : G. Zacos, Byzantine Lead Seals, II, Berne 1984.
1. Cf. J.-C1. Cheynet- Cécile Morrisson, Lieux de trouvailles et circulation des
sceaux, Studies in Byzantine Sigillography, II, 1990, p. 105-136.
Revue des Études Byzantines 49, 1991, p. 219-235.
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J.-C. CHEYNET
Une première enquête m'a fait connaître les réserves du musée
d'Iznik; qu'il me soit permis ici de remercier les Services Culturels
turcs qui m'ont donné l'autorisation nécessaire et le Directeur du
musée ainsi que ses collaborateurs qui ont mis à ma disposition tout le
matériel recherché. Je souhaite également remercier W. Seibt, qui a
bien voulu me donner son opinion sur les sceaux n° 12 et n° 17.
Le trop petit nombre de pièces, dix-huit, interdit tout commentaire
sur les points évoqués plus haut. Toutefois on peut observer une
répartition équilibrée de la collection sur toute la période byzantine
depuis le 6e siècle, à l'exception du 13e siècle, alors que Nicée était
devenue le centre d'un État. Les pièces sont publiées dans l'ordre
chronologique.
n° 1
Sceau de l'éparque
Inv. 3569.
Des. : sceau fortement échancré aux orifices du canal ; épaisse bordure de feuillage.
Dia. : 18 (champ); 22 (total).
Inédit.
À l'avers, croix latine à gauche, quadrupède regardant vers la
gauche (dromadaire plutôt que cheval portant un cavalier?).
Au revers, monogramme composé autour d'un Π, très proche du
type Zacos-Veglery, n° 114.
Solution : έπαρχου
6e siècle. L'épaisse bordure des deux faces du plomb et le
monogramme composé autour d'une lettre sont caractéristiques d'une
haute époque, ne dépassant pas le 6e siècle ou le début du suivant. La
fonction de ce plomb reste à déterminer, car l'éparque, lorsqu'il
appose sa marque sur les poids-étalons de verre ou estampille, à partir
de la fin du 6e siècle l'argenterie, ne manque pas de mentionner son
nom pour confirmer la garantie qu'il offre2.
2. Sur ce point, cf. en dernier lieu D. Feissel, Le préfet de Constantinople, les
poids-étalons et les estampillages de l'argenterie au vie et au vne siècle, Revue
numismatique, 6e série, 28, 1986, p. 119-142.
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n° 2
N.
Inv. 1491.
Dia. : 19 (champ); 23 (total).
Des. : fortes échancrures aux orifices du canal et à gauche du champ ; champ bordé
d'une double couronne de feuillage.
Inédit.
Avers et revers identiques : monogrammes constitués autour
d'un Ν et surmontés d'une croisette.
Solution incertaine. Le monogramme est proche du type le plus
habituel des monogrammes se lisant 'Ιωάννου (type Zacos-Veglery,
n° 235), mais celui-ci manque de Γω nécessaire, à moins d'admettre
soit que le graveur ait considéré que le ο remplissait ce manque, mais
une telle équivalence serait inhabituelle à une si haute époque, soit
que la base du Ν avec l'A, pouvait former un ω.
Une solution possible serait Άνανίου, mais le prénom Ananias est
rare, quoique attesté3, à cette époque.
6e siècle.
n°3
N.
Inv. 3568.
Dia. : 16 (champ); 19 (total).
Des. : flan ovale ; frappe décentrée ; épaisse bordure de feuillage.
Inédit.
Avers et revers identiques, entourés d'une bordure de gros points,
composés d'un monogramme cruciforme : au centre un Φ, à droite un
H, à gauche un E, de forme carrée et gravé à l'envers, au sommet un
V avec au-dessous un 0, un Ρ ou un Γ, à la base un A.
À
Solution
7e siècle.
incertaine.
3. Zacos-Veglery, n° 1110.
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J.-C. CHEYNET
n° 4
Léonce
Inv. 3948.
Dia. : 21 (champ); 23 (total).
Des. : profonde échancrure de la partie supérieure du canal ; décentré vers la gauche ;
bordure de gros points ; gravure très nette au revers.
Inédit.
À l'avers, Vierge tenant l'Enfant, entre deux croix. Les traits des
visages de la Vierge et de l'Enfant, d'une grande netteté, sont
esquissés par des lignes de points.
Au revers, monogramme cruciforme ; au sommet Τ et X , à la
base Λ, aux deux extrémités de la barre horizontale Ν et E.
Solution certaine : Λεοντίου.
7e siècle. On remarquera la forme carrée et non pas ronde du
epsilon, ce qui est un signe d'ancienneté. Le type de la Vierge
représentée entre deux croix est assez fréquent avant l'iconoclasme
(voir, à titre d'exemple, Zacos-Veglery, nos 2940, 2941, 2944...).
n° 5
Théodore, patrice et exarque
Inv. 3566.
Dia. : 25 (champ); 27 (total).
Des. : légères échancrures aux orifices du canal; sceau rogné sur le pourtour; points
d'oxydation.
Inédit, mais des pièces proches, voir le commentaire.
À l'avers, monogramme mariai, de type Laurent V (Θεοτόκε βοήθει),
avec, dans les cantons, le prénom du propriétaire du sceau : Θ6-ΟΔ.ρ-ω.
Au revers, monogramme cruciforme comportant en son centre un
CO, au sommet un Τ surmontant un P, à la base un A, à droite un K, à
gauche un Ρ (solution certaine : πατρικίω), avec, dans les cantons, la
fonction : G-ΞΑ-ΡΧ-ω.
Θεοτόκε βοήθει Θεοδώρω πατρικίφ και
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
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7e siècle (fin) -8e siècle (début). La datation et, en conséquence,
l'éventuelle identification du propriétaire de cette bulle sont délicates.
La gravure du prénom dans les cantons se rencontre le plus souvent
dans la première moitié du 8e siècle4, ce qui invite à placer le plomb
à cette époque. En l'absence de toute précision d'ordre géographique,
le sceau est, en principe, attribuable soit à un exarque d'Afrique,
soit à un exarque d'Italie. Cependant, aucun exarque d'Afrique du
nom de Théodore ne peut entrer en ligne de compte, mais il est vrai
que la liste des exarques est lacunaire après 6455; de plus, si le sceau
est bien du 8e siècle, l'exarcat de Carthage a disparu sous les coups
des Arabes. En revanche, plusieurs Théodore, patrices et exarques
d'Italie, sont connus6 : Théodore dit «Calliopa» fut exarque en
ca. 643-645 et ca. 653-666. V. Laurent lui attribue sans hésiter le
plomb de Théodore, apo éparchôn et e(x)arque d'Italie, conservé dans
la collection du Vatican7. La précision géographique s'explique ici
par le risque de confusion avec la province d'Afrique. Un autre
plomb au nom de Théodore, patrice et exarque, a été publié par
V. Laurent et par G. Zacos et A. Veglery8. La légende est proche
de celle de notre sceau : nom, titre et fonctions sont identiques, mais
le monogramme mariai est cantonné par τφ δούλω σου, et le revers
comporte une légende sur six lignes; on peut toutefois penser qu'il
s'agit du même Théodore que celui cité par notre pièce. V. Laurent
a attribué cette pièce au Théodore, également patrice, qui exerça la
fonction d'éparque ca. 678-687. L'absence de toute précision
géographique, qui serait encore nécessaire à cette date pour distinguer
l'Italie de l'Afrique, et la datation du sceau que nous estimons plus
tardive — mais ce dernier critère est évidemment fragile — nous
invitent à chercher un troisième éparque, du nom de Théodore. Il
se trouve qu'un Théodore, potrice et stratège de Sicile, fut envoyé
par Justinien II à Ravenne pour châtier les habitants qui avaient
massacré le précédent exarque9. Théodore aurait séjourné plusieurs
mois ; n'aurait-il pas occupé, au moins temporairement, le poste
d'exarque? Dans ce cas, c'est à lui que nous attribuerions ce sceau.
4. Nombreux exemples dans Zacos-Veglery : n°* 1867, 1912, 1982, 2162, 2167...
Le sceau de plusieurs archevêques de Chypre est disposé de la même façon, et l'un
d'eux, Jean, est attesté par ailleurs sous le règne de Justinien II (Laurent, Corpus,
V/2, 1480-1481).
5. Ch. Diehl, L'Afrique byzantine (533-709), Paris 1896, p. 597.
6. Voir la liste des exarques dans T. S. Brown, Gentlemen and Officers, imperial
Administration and aristocratie Power in Byzantine Italy, A. D. 554-800, Rome 1984,
p. 277.
7. Laurent, Vatican, n° 99 et commentaire, p. 100-101.
8. Ibidem, n° 100; Zacos-Veglery, n°2448; les éditeurs de cette dernière pièce
adoptent eux aussi une datation plus tardive que celle choisie par V. Laurent, mais ne
rejettent pas l'identification proposée par ce dernier.
9. Brown, op. cit., p. 65.
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J.-C. CHEYNET
n° 6
Anonyme
Inv. 3563.
Dia. : 21 ; épaisseur 6.
Des. : mauvaise frappe qui a décentré l'avers vers le haut; couronne de feuillage.
Inédit.
À l'avers, Vierge tenant l'Enfant, debout, entre deux arbustes
(cyprès ?).
Au revers, monogramme cruciforme d'un type rare ; au sommet, Τ
surmonté d'un O, sur la haste un Ο ; à la base Β fermé ; aux extrémités
de la barre horizontale, Θ avec un H inscrit et G avec un Κ inscrit.
Solution : Θεοτόκε βοήθει.
7e-8e siècle. Le type iconographique de la Vierge se trouve
également représenté sur des sceaux de Justinien II et Théodose III
(Zacos-Veglery, nos 29 et 32).
n° 7
Théophane, patrice et protospathaire impérial
Inv. 1005.
Dia. : 30.
Provenance : Bayindir Köyü (près d'Iznik).
Des. : fortement rogné sur le pourtour ; échancrures marquées aux orifices du canal.
Inédit.
À l'avers, monogramme mariai, de type Laurent V (Θεοτόκε βοήθει),
cantonné par le tétrasyllabe habituel (τω σφ δούλω).
Au revers, légende sur six lignes :
+ Θ60
+ ΘεοΦΑΝ6ΙΠΑ
φάνει παf PIKICOSB
τρικίω και βACIAIKCOn
ασιλικω πΡωΤΟΟΠ
ρωτοσπ.ΘΑΡ..
[α]θαρ[ίω].
■+■ Θεοτόκε βοήθει τω σω δούλω Θεοφάνη, πατρικίω και βασιλικω πρωτοσπαθαρίω.
Planche I
Planche II
10
Planche III
11
12
A
13
14
15
Planche IV
16
^
17
;:.Λ
18
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
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8e siècle. L'épigraphie nous conduit à proposer cette date : le β
fermé, le X avec des empattements obliques10 deviennent
exceptionnels après 800. On connaît, au 8e siècle, le sceau d'un Théophane,
patrice et logothète général, dont les caractéristiques épigraphiques
sont proches de celles de notre pièce. Cette similitude suggère que le
logothète est peut-être identique à notre personnage11.
n° 8
Grégoire (?), patrice et comte de l'Opsikion
Inv. 3791.
Dia. : 27.
Des. : flan fortement rogné et sans doute trop petit, ce qui a fait disparaître le tiers
supérieur de l'inscription.
// collection Zacos, nos 1962 et 3113A.
Éd. Zacos-Veglery, nos 1962 et 3113A.
À l'avers, monogramme dont est seulement conservée la partie
inférieure (Κύριε βοήθει, d'après les exemplaires mieux conservés de la
collection Zacos), cantonné par le tétrasyllabe habituel (τω σω δούλω).
Au revers, légende sur cinq lignes dont la première a disparu.
. . .TP/. .
[πα]τρ(ικίω)
του' [(και) κο]θε[ο]M/TOV0e .
μ(ίτη)
Φ/.ΟΨΙΚ
φ(υλάκτου) [β(ασιλικοΰ)] ΌψικIOV
ίου.
+ Κύριε βοήθει τφ σω δούλω Γρηγορίω (?), πατρικίω και κομίτη του
θεοφύλακτου βασιλικού Όψικίου.
8e siècle (seconde moitié). À cette époque, le comte de l'Opsikion
reste toujours un des principaux chefs de l'armée ; la haute dignité de
patrice lui est normalement conférée, car il est chargé d'arrêter les
raids arabes menés encore jusqu'aux abords de la capitale. Le nom du
comte a disparu avec la partie supérieure du plomb ; on peut toutefois
conjecturer qu'il s'appelait Grégoire, car le sceau de ce dernier
(Zacos-Veglery, nos 1962 et 3113A) présente les mêmes
caractéristiques épigraphiques : lettres nettement gravées, le Β de grande taille
du monogramme ; mais la répartition différente des lettres implique
que notre sceau soit issu d'un autre boullôtèrion. Il s'agit de Grégoire
10. Sur la datation d'après l'épigraphie, cf. N. Oikonomides, A Collection of Dated
Byzantine Lead Seals, Washington D. C. 1986, p. 158-164 et, pour le X , p. 162-163.
11. Laurent, Corpus, II, n°286; Zacos-Veglery, n° 2509 avec reproduction
photographique.
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Mousoulakios, attesté comme chef des Opsikianoi en 777/778 12. Ce
Grégoire est le premier fonctionnaire connu pour avoir obtenu les
dignités combinées d'anthypatos et patrice.
n°9
Marinos, patrice et stratège des Arméniaques
Inv. 3565.
Dia. : 26.
Des. : flan trop petit qui a fait perdre la partie supérieure de la légende ; au revers le
sceau est oblitéré sur le pourtour ; larges échancrures aux orifices du canal ; bordure de
feuillage.
Inédit.
À l'avers, monogramme mariai, de type Laurent V (Θεοτόκε βοήθει),
avec dans les cantons le tétrasyllabe habituel (τω σω δούλω).
Au revers, légende sur cinq lignes en partie mutilées :
..ΑΡΙΝω
[+Μ]αρίνω
. . . PIKICOS
[πατ]ρικίω (και)
. . .ΑΤΙΓω
[στρ]ατιγω
..NAPMGN
[τώ]ν Άρμεν. ΑΚωΝ
[ι]ακών
+ Θεοτόκε βοήθει τω σω δούλω Μαρίνω, πατρικίω και στρατηγώ των
Άρμενιακών.
8e siècle (fin) -9e siècle (début). Marinos est à distinguer du stratège
homonyme, lui aussi patrice, qui fortifia Thessalonique en 86213.
n° 10
Iôannikios
Inv. 3570.
Dia. : 20 (champ); 22 (total).
Des. : Plomb échancré aux orifices du canal; pressé sur l'avers gauche ; fine couronne de
points.
Inédit.
À l'avers, la Vierge tenant le médaillon de l'enfant, de type
Nikopoios ; ce motif devint fort populaire au 11e siècle, après la
12. Théophane, éd. De Boor, p. 451. Sur l'identification de Mousoulakios avec le
comte de l'Opsikion mentionné par les sceaux de la collection Zacos, cf. J. Haldon,
Byzantine Praetorians. An Administrative, Institutional and Social Survey of the Opsikion
and Tagmata, c. 580-900, Bonn 1984, p. 360.
13. Marinos, stratège de Thessalonique connu par une inscription ; sur cette
inscription et sur nos connaissances à propos de ce Marinos, cf. G. Kiourtzian, cidessous, p. 247-253.
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
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redécouverte d'une icône dans l'église des Blachernes sous Romain
III, mais notre sceau porte une représentation d'un type plus
ancien14. Dans le champ, Μ||Θ. À la circonférence, invocation
traditionnelle .... ROH0eiTCOCCO
Au revers, buste de saint Anastase, tenant la croisette des martyrs.
Dans la partie supérieure du champ, Θ- AN -A || T-AC-IC : ό άγιος
'Αναστάσιος, et dans la partie inférieure, + ICOANVKH.
10e siècle (seconde moitié). Saint Anastase est peu fréquemment
représenté sur les sceaux. On supposera que Iôannikios, dont le nom
dénote l'homme d'Église, dépendait d'un couvent placé sous ce
vocable ; le motif de la Vierge lui serait plus personnel, à moins que le
couvent n'ait contenu également une église ou une chapelle dédiée à
celle-ci. Aucun monastère de saint Anastase n'est connu en Bithynie
et, à Constantinople, le seul dont les sources fassent mention était en
activité au 5e siècle15.
n° 11
Georges, ostiaire impérial et ek prosôpou
Inv. 3683.
Dia. : 19 (champ); 23 (total).
Des. : large échancrure à l'orifice supérieur du canal ; pressé et étiré sur les deux faces,
sinon lettres nettement gravées ; couronne de points.
Inédit.
À l'avers : Vierge de face, en buste, peut-être de type Nikopoios (cf.
le sceau suivant). Dans le champ, MP 0V
À la circonférence, formule habituelle d'invocation partiellement
oblitérée : + 0KGROI0GI ΤωΟωΔ..
Au revers, légende sur quatre lignes, précédée et suivie d'un losange
de boules accosté de tirets :
ΓβωΡΓ,
.OCTHA
PICOSGK
npoc/
Γεωργ(ίω)
[β(ασιλικω)] οστηαρίω και εκ
προσ(ώπου)
Γεωργίίο βασιλικώ όστιαρίω και έκ προσώπου.
14. W. Seibt, Der Bildtypus der Theotokos Nikopoios, Δώρημα, στον Ι. Κχρχγιχνόπουλο, ρ. 551-564. Pour des exemples de représentation de la Vierge Nikopoios du
10e siècle, voir p. 564, nos 14 et 15.
15. R. Janin, Églises et monastères [de Constantinople]2, Paris 1969, p. 26-27.
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J.-C. CHEYNET
10e siècle (seconde moitié). On remarquera quelques lettres bouletées caractéristiques de cette époque. Georges semble inconnu par
ailleurs et ne peut être rapproché de 1 Ostiaire Georges dont le sceau
est nettement antérieur16.
n° 12
Isaïe
Inv. 3684.
Dia. : 14 (champ); 17 (total).
Des. : surfrappé, traces d'une légende circulaire au sommet du champ, à droite.
Inédit.
À l'avers, buste de saint Nicolas. Dans le champ, O-NI-K|| .
-ΛΑ -OC : ό άγιος Νικ[ό]λαος.
Au revers, légende mutilée sur quatre lignes.
+ 06..
+Θερ[μέ]
IPOCTAT
προστάτ(α),
OVAATGH
φύλα(τ)τε ΉCA..CCO
σαϊ(αν)
...Λ
+ Θερμέ προστάτα, φύλαττε Ήσαϊαν...
11e siècle. L'épithète θερμός προστάτης est fréquemment accolée à
saint Nicolas dans de nombreux textes hagiographiques, mais n'est
employée qu'une fois en sigillographie, sur un sceau que publia
V. Laurent17. On pourrait songer à une autre restitution Θερμ(ών),
c'est-à-dire qu'Isaïe serait évêque de Thermai, qui dépendait de la
métropole de Syracuse18. Mais les plombs des évêques siciliens
achèvent de disparaître au début du 10e siècle, lorsque les Arabes sont
devenus maîtres de toute l'île.
La fin de la légende, sans doute métrique, ne peut être reconstituée
utilement; les lettres restantes pourraient former l'invocation bien
connue τφ σω δούλω, mais cette invocation est, en principe, liminaire.
On notera enfin un emploi précoce de la ligature IP. Le prénom Isaïe
est d'un usage exclusivement ecclésiastique.
16. Zacos, II, η» 153.
17. Vatican, n° 229, avec un commentaire plus complet sur l'emploi de cette
invocation.
18. Un seul plomb d'un évêque de Thermai est connu; cf. Laurent, Corpus, V/l,
n°901.
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
229
n° 13
N., protospathaire épi tou Chrysotriklinou
et tourmarque de Paphlagonie (?)
Inv. 3564.
Dia. : 24 (champ); 26 (total).
Des. : sceau rogné dans sa partie gauche ; pressé sur les deux faces.
Acheté en 1977.
Inédit.
À l'avers, saint Jean Prodrome, en buste, tenant dans sa main
gauche une grande croix processionnelle bouletée ; geste de la main
droite indistinct; longue barbe habituelle. Dans le champ, Θ-ItO-rfi ΔΡ-Μ : (ό άγιος) Ίω(άννης) (ό) Πρ(ό)δρ(ο)μ(ος).
Au revers : légende sur cinq lignes précédée d'un losange de boules
accosté de tirets.
KÂMICI
ΑΟΠΑΘΘΠ .
Τ£*ΓΛΚΛ.
Τ ΧΡΜΑΡ .
Π ΑΦ. Α.
Καμ£(τζ)η
(πρωτο)σπαθ(αρίο>) έπ[ί]
του Χρ(υσοτρι)γλ'ί[ν(ου)] (και)
τουρμάρ[χ(η)]
Παφ[λ]α[γ-
Καμύτζη (?) πρωτοσπαθαρίω έπί του Χρυσοτρικλίνου και τουρμάρχη
Παφλαγονίας.
11e siècle. L'écrasement des lettres les rend peu lisibles, à
commencer par celles du nom initial. On attendrait que le premier caractère
de la légende soit la croisette traditionnelle, mais il semble que ce soit
un K. La troisième lettre aussi est déformée ; on hésite entre un CO ou
un M, cette dernière solution me semblant préférable. On est amené à
reconstituer ainsi le nom : Καμι ; cela suggère Καμύτζης : ce qui paraît
un C sur l'inscription transcrirait en réalité un ζ. Les Kamytzai sont
bien connus : Eustathe fut un des généraux les plus actifs d'Alexis
Comnène, entre 1095 et 1117. En 1082, un certain Kamyrès, homme
d'âge et d'expérience, fut envoyé par le sultan de Nicée, avec sept
mille hommes, au secours d'Alexis Comnène attaqué par les
Normands. P. Gautier se demandait s'il était identique à Eustathe
Kamytzès19, hypothèse qu'il faut probablement rejeter, car, si
19. P. Gautier, Alexiade, IV, index, p. 62, avec toutes les références aux activités
de Kamyrès et Kamytzès.
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J.-C. CHEYNET
Kamyrès avait déjà un certain âge en 1082, il ne devait plus être actif
trente ans plus tard. Kamyrès pourrait être le père d'Eustathe, car un
notable étranger (le chef turc Kamyrès) était facilement intégré à
l'aristocratie byzantine dont firent partie les Kamytzai.
Le Kamyrès de VAlexiade est-il identique au propriétaire de notre
sceau, à supposer notre lecture exacte? Il semble que non, pour
plusieurs raisons. La frappe du sceau semble antérieure à la décennie
1080. Un officier du sultan aurait difficilement occupé une fonction
dans l'administration byzantine, même si nous savons que des chefs
turcs se sont établis en Asie Mineure, au nom des autorités byzantines
officielles ou éventuellement rebelles, lorsque, par exemple, Nicéphore
Mélissènos installa des garnisons turques dans les villes de Phrygie.
Enfin, le titre de protospathaire (ou de spathaire impérial, le A se
distinguant mal du R), s'il est bien adapté à la modeste fonction d'un
tourmarque, dans la seconde moitié du 11e siècle, semble insuffisant
pour un des principaux lieutenants du sultan. Le Kamytzès de notre
sceau serait donc un homonyme inconnu dans les autres sources.
La circonscription où le tourmarque exerçait sa fonction n'est pas
non plus d'une lecture assurée, car, si les trois premières lettres (Π, A,
Φ) ne font pas difficulté et suggèrent le toponyme Paphlagonie, la
quatrième lettre ne ressemble pas à un A, étant apparemment de
forme carrée ; elle est toutefois écrasée. Le doute sur cette lettre ne
permet pas de confirmer avec certitude la lecture. Que le nom d'une
tourma soit identique à celui du thème auquel elle appartient n'est
pas une anomalie, car on connaît, par exemple, une tourma du
Paradounabon, une autre de Dyrrachion20. Voilà une preuve qu'il
faut manier avec prudence l'argument selon lequel un thème n'est pas
encore créé quand on connaît seulement une tourma à son nom,
puisque les deux circonscriptions peuvent coexister.
n° 14
Anthès (?), spatharocandidat impérial
Inv. 4104.
Dia. : 15.
Plomb trouvé à Kizilköy (près de Yeni§ehir).
Des. : pressé et totalement oblitéré sur les bords droit et gauche de chaque face.
Inédit.
À l'avers, saint en buste indistinct; traces de lettres à droite,
ΠΑ. -T : [6 άγιος] Πα[ν]τ(ελέήμων) ?
20. Zacos, II, η» 530 (Paradounabon), n» 222 (Dyrrachion).
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
231
Au revers : légende sur quatre ou cinq lignes :
+ AN
"Av.HRC. .
[θ]η β(ασιλικω) σ[πα. APO . .
θ]αρο[κα-]
ΝΔ ...
νδ[ιδ(άτω)]
"Ανθη βασιλικω σπαθαροκανδιδάτω.
11e siècle. Le prénom d'Anthès, peu fréquent, est toutefois attesté à
cette époque, notamment parmi les Alyatai21.
n° 15
Jean Karantènos
Inv. 3686.
Dia. : 14 (champ) ; 18 (total).
Des. : sceau bien centré, légèrement échancré aux orifices du canal.
Inédit.
À l'avers, saint Jean Prodrome, dont le nimbe est constitué de
points, tenant une longue croix processionnelle terminée par trois
perles.
Dans
le
champ,
ICO-O- ifl -ΡΔ-Μ :
Ίω(άννης)
ό
Πρ(ό)δρ(ο)μ(ος).
Au revers, légende métrique sur cinq lignes :
ΠΡΟ
ΠρόΔΡ0Μ6
δρόμε
CS Π 61(0
σ(κέ)πε Ίω(άννην)
ΤΟΚΑΡ
τό(ν) Καρ(α)ΝΤΙ
ντΐ(νον).
Πρόδρομε, σκέπε Ίωάννην τον Καραντΐνον.
11e siècle (seconde moitié). Les Karantènoi occupèrent les plus
hautes charges de l'armée depuis le 10e siècle, lorsque le patrice
Théodore K., amiral de la flotte de Basile II, fut vainqueur de
Kourtikios, qui combattait pour le compte de Bardas Sklèros22. Au
siècle suivant, ils devinrent apparentés à la famille impériale des
Argyroi par Constantin K., duc d'Antioche, durant le règne de son
beau-frère, Romain III23. Nicéphore K. fut à la même époque, en
1031, stratège de Nauplie24, et un homonyme, duc de Skopje en
21. Anthès Alyatès fut un des plus fidèles compagnons de Bardas Sklèros
(Skylitzès, p. 315, 318).
22. Ibidem, p. 322.
23. J.-F. Vannier, Familles byzantines : les Argyroi, Paris 1975, p. 42.
24. Skylitzès, p. 386, 387, 389.
232
J.-C. CHEYNET
107325. En fait, la seconde moitié du 11e siècle marqua un certain
déclin des Karantènoi, qui s'accentua au siècle suivant dans la mesure
où ils ne paraissent pas liés aux Comnènes26. Au 13e siècle, ils
fournirent des membres éminents à l'Église réfugiée à Nicée, lorsque
l'un des leurs, Manuel, occupa le trône patriarcal27.
Des sceaux au nom de Jean K. ont déjà été publiés par
Konstantopoulos (Molybdoboulla, nos 640 et 640 β) qui les a datés des
lle-12e siècles ; l'un était au motif de la Vierge, l'autre à celui de saint
Nicolas. Le plomb de Jean K., conservé au musée d'Iznik, étant à
l'effigie de saint Jean Prodrome, nous pensons avoir affaire à un
troisième homonyme, distinct des deux précédents.
Remarquons dans la légende l'abréviation S = καί, banale pour
abréger la conjonction de coordination, mais qui est plus rarement
utilisée pour rendre compte de cette syllabe dans le corps d'un mot;
un autre exemple de cet emploi se trouve dans l'abréviation de
Μακεδονία28.
n° 16
Jean Spondylès, protospathaire, juge et mystolekiès
Inv. 3685.
Dia. : 15 (champ); 18 (total).
Des. : sceau légèrement décentré sur la droite ; échancrures au canal et dans la partie
supérieure gauche ; fine bordure de points.
Inédit.
À l'avers, buste de saint Jean Chrysostome, en tenue d'évêque,
bénissant de la main droite et tenant de la main gauche un livre serti
de perles. Dans le champ, Ιω-0-..ΤΟΜ, [(Ό άγιος)] Ίω(άννης) ό
[Χρυσό]στομ(ος) .
Au revers, légende sur six lignes, précédée d'une croisette :
+ KER0
+ Κ(ύρι)ε β(οήθ)ει
ΙωΑΟΠΑΘ/
Ίω(άννη) (πρωτο)σπαθ(αρίω)
KPIT/SMV
κριτ(η) (καί) μυCTOAGKT/
στολέκτ(η)
ΤωΟΠΟΝ
τω ΣπονAVA/
δύλ(η).
+ Κύριε βοήθει 'Ιωάννη πρωτοσπαθαρίω, κριτή και μυστολέκτη τω
Σπονδύλη.
25. Skylitzès Continué, p. 163.
26. Pour une liste plus complète des Karantènoi tardifs, voir Vannier, op. cit.,
p. 42 n. 1.
27. Sur les Karantènoi du 13e siècle, cf. V. Laurent, Un prostagma impérial
faussement attribué à l'empereur Jean VI Cantacuzène, BEB 22, 1964, p. 250-253.
28. Zacos, II, n° 225, lecture corrigée par N. Oikonomidès, À propos d'une
nouvelle publication de sceaux byzantins, BEB 44, 1986, p. 265.
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
233
11e siècle (seconde moitié). La famille Spondylès est bien
représentée en sigillographie. La dernière mise au point a été faite par
W. Seibt à propos du sceau de Basile Spondylès29. Il apparaît que les
Spondylai atteignirent leur plus grande prospérité au 11e siècle,
exerçant de hautes fonctions civiles, à l'exception de Michel, catépan
d'Antioche sous Romain III, qui semble bien avoir été à l'origine de
la fortune de la lignée. W. Seibt mentionne deux sceaux d'un Jean S.,
le premier sur lequel il s'intitule chartulaire du dioikètès et ôreiarios, le
second où il est commerciaire de Drista, ce dernier sceau portant
l'effigie de saint Nicolas. Ce Jean S. aurait fait carrière dans le second
quart du 11e siècle. En raison de cette datation et de la différence des
saints protecteurs, il nous semble que le mystolektès Jean S. soit à
distinguer de l'homonyme signalé par W. Seibt, ce qui n'a rien
d'étonnant, compte tenu de la banalité du prénom et du nombre
important de Spondylai vivant au 11e siècle.
La fonction de mystolektès n'est pas attestée dans les laktika
parvenus jusqu'à nous et apparaît au 11e siècle. Elle est peut-être
apparentée à celle de mystographe, connue antérieurement, et dans ce
cas son titulaire aurait exercé quelque activité juridique30.
n° 17
Anonyme
Inv. 3567.
Dia. : 21 (champ); 24 (total).
Des. : Rogné sur le pourtour, pressé sur la partie gauche du revers.
Inédit.
À l'avers, Vierge de type Nikopoios, en buste, tenant des deux
mains le médaillon de l'Enfant. Dans le champ, traces de lettres.
Au revers, légende en caractères latins :
SCS
S(an)c(torum) STPHANI
t(e)phani
.TOMA
et Toma.
1 Γ siècle (fin)- 12e siècle (début). Le type de ce sceau, écrit en
caractères latins, mais dont l'avers est typiquement byzantin, suggère
qu'il a été conçu en Occident, mais dans une zone où l'influence
byzantine restait forte. On pense à l'Italie normande. Cependant,
29. Seibt, Bleisiegel, n° 163.
30. N. Oikonomidès, Les listes de préséance byzantines des ixe et Xe siècles, Paris
1972, p. 325 n. 223.
234
J.-C. CHEYNET
parmi les sceaux publiés par A. Engel31, aucun ne se rapproche du
nôtre : ou l'avers est de qualité et dans ce cas la pièce date des débuts
de la domination normande et le revers est encore en grec, ou la pièce
est plus tardive avec une légende latine et l'avers est de gravure
médiocre. S'il venait d'Italie, on pourrait imaginer que le plomb aura
été abandonné dans les environs de Nicée, 1096-1097, à l'occasion du
siège entrepris par l'armée des Croisés, qui comprenait un important
contingent de Normands, sous les ordres de Bohémond de Tarente. La
légende du sceau laisse supposer qu'il appartenait au membre d'un
monastère consacré à ces saints.
Compte tenu de la qualité de l'avers, qui semble issu d'un
boullôtèrion byzantin, si ce n'est constantinopolitain, une autre
hypothèse vient à l'esprit : il s'agirait du sceau d'un couvent de
moines latins établis dans l'Empire. Mais ni l'Olympe de Bithynie, ni
la capitale n'ont connu d'établissement comparable au couvent des
Amalfitains à l'Athos.
n° 18
Eumathios Philokalès
Inv. 3687.
Dia. : 20.
Des. : plomb cassé dans sa partie supérieure ; bordure de points.
Inédit.
Au droit, légende sur trois lignes dont la première a disparu :
[Εύ]ΜΑΘ.
μάθ[ι>
OC
ος
Au revers, même configuration :
ΟΦΙ
ό ΦιΛΟΚΑ
λοκάAHC
λης.
Εύμάθιος ό Φιλοκάλης.
12e siècle (seconde moitié). Depuis que l'ancêtre de la famille avait
obtenu la charge de protovestiaire sous Basile II, en dépit de la colère
de ce dernier face aux abus de pouvoir de son protégé, les Philokalai
n'ont cessé d'être au premier rang de l'administration byzantine
jusqu'en 1204. Ils ont laissé de nombreux sceaux, dont la dernière
31. A. Engel, Recherches sur la numismatique et la sigillographie des Normands de
Sicile et d'Italie, Paris 1882.
LES SCEAUX DU MUSÉE D'IZNIK
235
liste a été relevée par W. Seibt (Bleisiegel, nos 149 et 173). Ce dernier
connaît deux Eumathios Philokalès différents : le premier, général
bien connu d'Alexis Comnène, vécut à la fin du 11e siècle et au début
du 12e siècle, le second devint éparque de Constantinople sous Alexis
Ange, donc après 1195. V. Laurent a fait connaître un troisième
Eumathios Philokalès, grammatikos et grand-père d'un sébaste selon
son sceau32; il n'est pas nécessairement le grand-père de l'éparque,
son contemporain, car ce dernier apparaît comme l'un des
personnages les plus riches et les plus influents de son époque, et il est
invraisemblable qu'il ait laissé végéter son grand-père dans la
modeste condition de grammatikos. Il faut donc admettre qu'un autre
Philokalès, mais pas nécessairement prénommé Eumathios, fut titré
sébaste à la fin du 12e siècle, en une période où cette dignité devint
accessible à des fonctionnaires qui n'étaient pas apparentés à la
famille impériale, condition indispensable auparavant. Lequel des
Eumathios a émis notre plomb? D'après les critères épigraphiques
(taille et forme des lettres), le sceau doit être, en principe, daté de la
seconde moitié du 12e siècle, et le général d'Alexis est donc à éliminer.
Aucun argument décisif ne permet de choisir entre les deux
Eumathios restants ; toutefois nous préférons l'attribuer au plus riche
des deux. A quelle occasion fut émis ce sceau privé? L'hypothèse
qu'Eumathios ait exercé une charge dans le thème de l'Opsikion n'est
pas à exclure, car des fonctionnaires utilisèrent leur sceau privé,
même dans l'exercice de leur charge. Nous pourrions aussi y voir un
indice, très fragile tant qu'il ne trouverait pas d'autre confirmation,
de relations entre ce Philokalès et la Bithynie, par exemple à titre de
propriétaire local.
Jean-Claude Cheynet
C.N.R.S.-URA 186
32. Laurent, Corpus, II, n° 1192.