Un indicateur conjoncturel de mortalite: L'exemple de la France
Author(s): Jean-Paul Sardon
Source: Population (French Edition), 48e Année, No. 2, (Mar. - Apr., 1993), pp. 347-368
Published by: Institut National d'Études Démographiques
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/1533708
Accessed: 15/04/2008 04:40
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UN INDICATEURCONJONCTUREL
DE MORTALIIE :
L'exemple de la France*
Reprenant une idee de Jean Bourgeois-Pichat, Louis
Henry et Roland Pressat avaient les premiers calcule des taux
de nuptialite en rapportant le nombre des mariages t chaque
age, dans une generation a l'effectif initial de cette generation, plutot qu'ai la population strictement <exposee au risque > parce qu'encore celibataire. Ils definissaient des
<<mariages reduits>>par opposition aux quotients de nuptialite. La synthese, une annee donnee, des mariages rgduits et
des quotients donne des resultats differents, les premiers indices ressentant davantage que les seconds le poids de I'histoire nuptiale passee de chaque generation**. Chaque mesure
ayant ses forces et faiblesses, car elle repose sur un ensemble
specifique d'hypotheses, cette diversite est fructueuse... a condition qu'elle ne debouchepas sur une querelle d'indices***. JeanPaul SARDON****propose ici de faire profiter la mortalite
de cette richesse en introduisant les <deces reduits> et leur
synthese annuelle. L'esperance de vie a la naissance se voit
ainsi contestee dans son monopole, non seulement parce que
la duree de vie moyenne s'en ecarte, mais parce que le calcul
de celui-ci s'accompagne d'une <somme annuelle des deces
reduits >, inferieure a l'unite chaque fois que les generations
successives se rapprochentde I'immortalite.
Bien qu'elle constitue un phenomene demographique tout a fait particulier par son caractere non renouvelable et ineluctable, la mortalite peut
etre analysee a partir des memes principes et avec les memes outils que
les autres evenements demographiques. Nous allons l'etudier par analogie
avec la primo-nuptialite, qui, elle aussi, est non renouvelable mais qui n'est
pas ineluctable.
* Ce travail n'aurait pas ete possible sans les tables de mortalite par sexe et generation
etablies pour la France a partir de la generation 1795 et tres aimablement communiqu6es par
F. Mesle et J. Vallin. Nous remercions egalement A. Confesson pour avoir extrait de ces
fichiers l'information adequate.
** cf. Yves P6ron, <Les indices du moment de la nuptialite des celibataires ?, Population, 6, 1991.
*** Pour la fecondite, cf. l'article de Jean-Louis Rallu et Laurent Toulemon, dans ce
meme numero.
**** INED.
Population,
2, 1993, 347-368
348
UN INDICATEUR
DE MORTALITE
CONJONCTUREL
Ce caractere ineluctable donnant a la mortalite une intensite (dans
les generations) egale a 1, a impose, comme indicateur l'esperance de vie
a la naissance qui n'est autre que la moyenne de la distribution par age
des decedes fournis par la table de mortalite.
L'intensite de la mortalite est effectivement egale a 1 dans les generations puisque chacun est appele a mourir, mais qu'en est-il de la mesure
du moment? Si effectivement la construction d'une table de mortalite du
moment (transversale) amene obligatoirement a un nombre de deces egal
a la racine de la table, il est possible de construire un tableau synthetique
faisant apparaitre un nombre final de deces par tete different de 1. Par
analogie avec ce que l'on fait pour les premiers mariages, on pourra parler,
a propos de ce tableau, de tableau de mortalite du moment.
I1 s'agit la du meme probleme de choix de la table a construire, ou
exactement
de choix des indices a partir desquels on construira la
plus
table, que l'on rencontre dans l'analyse de la primo-nuptialite.
En effet, dans le cas de ce phenomene, nous avons le choix(l) de
calculer des quotients de primo-nuptialite (ou des taux de premiere categorie) ou des evenements reduits (ou taux de seconde categorie). Les premiers rapportent les evenements aux personnes qui n'ont pas encore subi
l'evenement, les seconds rapportent ces memes evenements a toutes les
personnes, qu'elles aient ou non deja subi l'evenement.
Si l'on transpose cela dans le domaine de la mortalite, cela signifie
que l'on peut rapporter les deces d'un age donne, soit aux personnes survivantes de cet age, soit a toutes celles qui ont ou auraient cet age si elles
n'etaient pas deja decedees.
Dans le premier cas, le cas classique, le calcul est simple a faire(2),
mais pour le second, on se trouve devant le probleme d'estimation du denominateur a employer. Deux solutions se pr6sentent: on peut calculer
des taux par rapport a l'effectif initial, comme on le fait pour analyser le
divorce dans les promotions de mariages, ou ajouter a la population
moyenne d'age considere les deces survenus precedemment dans la meme
generation. Dans le premier cas, il s'agit de taux nets affectes par les manifestations du seul phenomene perturbateurqu'est la migration. Dans le second, on tient compte des mouvements migratoires.
Dans le cas qui nous interesse ici, nous avons repris les tables de
mortalite des generations franqaises et utilise les deces de ces tables (auxquels correspondent, sous certaines hypotheses, les taux de seconde categorie). Les deces par generation de ces tables ont ensuite ete reclasses par
annee de survenance, ou plus exactement par couple d'annees puisque ces
deces sont des deces entre anniversaires et donc observes sur deux annees
successives.
(1) Si toutes les statistiques n6cessaires pour mener ces calculs sont disponibles.
Meme si l'on doit tenir compte du ph6nomene perturbateurqu'est la migration.
(2)
DE MORTALITE
CONJONCTUREL
UN INDICATEUR
349
A partir de ce reclassement, nous avons, pour chaque annee, calcule
la somme des dec's(3) et l'age moyen comme nous le ferions si les donnees
etaient des premiers mariages.
I. - Resultats
La comparaison de ces resultats(4) avec
ceux obtenus par la methode habituelle de
calcul de la table de mortalite du moment met en evidence l'ampleur des
ecarts entre les deux methodes (tableau 1 et figure 1).
L'esperance de vie deduite des <<deces reduits>>,denommee par la
suite <<dureede vie moyenne>>,est toujours inf6rieure a celle tiree de la
table de mortalite du moment construite a partir des quotients, sauf pendant
les periodes de guerre. Pendant l'entre-deux-guerres, l'ecart etait legerement croissant et en moyenne de 3,7 ans pour le sexe masculin et de 4,9 ans
pour le sexe f6minin (figure Ibis). Apres la seconde guerre mondiale, on
Les indices synthetiques
Figure 1. - Esperance de vie a la naissance
(3) Et divis6 cette somme par la racine de la table pour obtenir un indice.
(4) La comparaison ne porte que sur l'age moyen des distributions ou esperance de
vie a la naissance, car par la table l'intensit6 est 6gale a 1, ce qui n'est pas le cas avec les
deces r6duits.
350
DE MORTALITE
CONJONCTUREL
UN INDICATEUR
ET
A PARTIR
DESDECESREDUITS
TABLEAU1. - INDICESDE MORTALITE
CALCULES
DE LATABLEDU MOMENT
Tabledu moment
A partirdes d6ecs r6duits
Ann6es
1910
1911
1912
1913
1914
1915
1916
1917
1918
1919
1920
1921
1922
1923
1924
1925
1926
1927
1928
1929
1930
1931
1932
1933
1934
1935
1936
1937
1938
1939
1940
1941
1942
1943
1944
1945
1946
1947
1948
1949
Indicateur
Indcateur
conjoncturel
Dur6ede vie moyenne
Esp6rancede vie
Hommes
Femmes
Hommes
Femmes
Hommes
Femmes
0,848
0,837
0,805
0,818
2,040
1,529
1,309
1,250
1,275
0,809
0,723
0,776
0,715
0,742
0,741
0,755
0,770
0,709
0,785
0,722
0,738
0,706
0,708
0,709
0,708
0,713
0,700
0,712
0,710
0,960
0,947
0,801
0,817
1,014
0,957
0,679
0,553
0,530
0,571
0,539
0,811
0,790
0,758
0,772
0,815
0,791
0,840
0,830
1,058
0,789
0,724
0,776
0,711
0,735
0,727
0,742
0,769
0,718
0,791
0,706
0,730
0,697
0,696
0,684
0,680
0,690
0,670
0,686
0,687
0,784
0,751
0,732
0,742
0,896
0,845
0,684
0,575
0,530
0,600
0,559
46,03
43,01
45,82
46,42
35,08
37,71
39,57
38,75
38,93
42,67
46,17
47,66
48,69
48,48
48,84
48,76
48,92
48,85
49,37
48,55
50,16
50,45
50,52
50,88
51,14
51,85
51,68
52,33
52,29
48,91
48,00
51,91
48,03
45,33
44,39
47,13
52,06
52,61
55,73
55,38
48,59
45,39
48,50
49,13
48,75
48,84
48,78
46,41
43,26
46,10
49,15
50,64
51,53
51,47
52,05
51,82
52,31
52,26
53,15
52,03
53,91
54,29
54,39
54,85
55,32
56,14
56,11
57,01
57,12
58,23
56,77
57,16
54,84
53,93
53,01
53,69
57,87
58,45
61,75
61,29
49,39
46,08
49,58
49,33
28,99
26,63
30,91
35,62
28,51
44,40
49,86
50,49
52,80
52,48
53,00
51,97
51,72
53,61
53,20
51,84
54,29
54,46
54,67
55,03
55,43
55,34
55,80
56,09
55,83
56,50
42,45
54,06
53,62
48,92
41,70
51,29
59,84
61,11
62,71
62,11
53,24
49,92
53,79
53,43
53,23
51,66
52,53
52,07
43,12
50,87
53,64
54,66
56,74
56,63
57,38
56,62
56,15
57,73
57,49
56,44
59,29
59,19
59,68
60,12
61,16
61,05
61,66
62,08
61,97
62,55
58,90
61,38
61,48
58,11
53,63
58,59
65,15
66,67
68,75
67,50
UN INDICATEUR
CONJONCTUREL
DE MORTALITI
351
TABLEAU1 (suite)
A partirdes d6ecs r6duits
Annees
1950
1951
1952
1953
1954
1955
1956
1957
1958
1959
1960
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
Indicateur
cnjonctur
conjoncturel
Tabledu moment
Dur6ede vie moyenne
Esperancede vie
Hommes
Femmes
Hommes
Femmes
Hommes
Femmes
0,568
0,544
0,557
0,529
0,528
0,552
0,533
0,533
0,511
0,527
0,508
0,536
0,563
0,536
0,552
0,544
0,556
0,573
0,569
0,600
0,571
0,583
0,593
0,578
0,608
0,610
0,597
0,606
0,607
0,610
0,624
0,616
0,628
0,630
0,636
0,640
0,621
0,617
0,620
0,593
0,564
0,591
0,547
0,543
0,571
0,546
0,546
0,538
0,549
0,525
0,556
0,586
0,544
0,554
0,545
0,556
0,575
0,567
0,598
0,576
0,579
0,592
0,573
0,604
0,601
0,575
0,578
0,581
0,583
0,605
0,589
0,603
0,606
0,606
0,611
0,582
0,577
0,585
57,38
57,00
58,91
58,22
58,72
59,63
59,63
59,87
60,32
60,99
60,81
61,46
61,86
61,49
61,98
61,86
62,14
62,60
62,46
62,84
62,92
63,02
63,41
63,50
64,10
64,33
64,32
64,75
65,10
65,15
65,67
65,75
66,14
66,39
66,84
67,03
67,04
67,23
67,43
63,35
63,15
65,25
64,61
65,28
66,58
66,59
67,06
67,76
68,42
68,49
69,32
69,60
69,36
69,89
69,95
70,29
70,84
70,90
71,14
71,62
71,71
72,25
72,45
73,04
73,36
73,37
73,73
74,19
74,39
74,90
74,95
75,23
75,53
75,78
76,08
75,89
76,18
76,41
63,39
63,12
64,38
64,25
65,02
65,19
65,14
65,47
66,83
66,83
67,00
67,45
66,94
66,82
67,68
67,46
67,81
67,77
67,75
67,41
68,38
68,31
68,49
68,68
68,93
69,01
69,18
69,74
69,84
70,09
70,19
70,40
70,73
70,73
71,17
71,26
71,53
72,05
72,34
72,46
69,18
68,88
70,22
70,21
71,21
71,52
71,66
72,20
73,22
73,35
73,60
74,37
73,86
73,83
74,83
74,72
75,19
75,21
75,24
75,08
75,85
75,92
76,22
76,33
76,76
76,87
77,22
77,86
77,96
78,29
78,41
78,50
78,88
78,80
79,36
79,45
79,71
80,29
80,49
80,67
352
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
I
12
1910
1
I
1920
I
1
1930
1I
1940
1I
1950
I
1960
I
1970
I
I
1980
INED
04793
1
1990
Figure Ibis. - Ecart entre les esperances de vie calculees, I'une
sur la table du moment, I'autre sur les decbs reduits
observe une inversion : la sous-estimation, qui etait plus forte pour le sexe
f6minin, devient plus forte pour le sexe masculin, et l'ecart decroit au fil
du temps: egal respectivement a 6,0 et 5,8 en 1950, 5,5 et 4,2 en 1970,
il tombe a 4,2 et 3,4 en 1985 et remonte legerement depuis.
L'accroissement de la duree de vie moyenne au cours de la periode
d'apres-guerre apparait plus important que celui de l'esperance de vie a
la naissance.
Les resultats obtenus a partir de cette methode modifient de plus notre
perception de l'evolution de la mortalite au cours de ce siecle. En effet
nous ne disposons pas d'un seul indice, l'esperance de vie a la naissance,
comme dans l'analyse classique, mais egalement d'un indicateur conjoncturel, dont le niveau ne risque pas de nous entrainer, comme nous pourrions
le faire pour la primo-nuptialite, a l'interpreter comme une mesure de <<l'intensite> transversale, comme la valeur vers laquelle tendraient les indica-
353
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
2,1
1910
1920
1930
1940
1950
1960
1970
1980
1990
Figure 2. - Indicateur conjoncturel de mortalite
teurs longitudinaux si les valeurs des taux par age devaient rester inchangees pendant unjemps suffisamment long. II s'agit done de ne voir dans
cet indicateur conjoncturel que le nombre de deces que l'on observerait
si, a chaque age, la population, deja decede ou non, etait en nombre egal,
c'est-a-dire si, en l'absence de toute migration, chacune des generations
etait egale en effectif, ou que le nombre des naissances annuelles etait
constant.
L'evolution de cet indicateur conjoncturel de mortalite (figure 2) met
en evidence plusieurs phases depuis le debut du siecle. Tout d'abord une
diminution de 1910 (premiere date d'observation) a la seconde guerre mondiale, qui introduit une rupture dans l'evolution. En effet, a partir de l'annee 1945-46, le niveau de l'indicateur apparait nettement plus faible que
ne le laissait prevoir la poursuite des tendances de l'entre-deux-guerres,
et la baisse se poursuit jusqu'en 1960-61 a un rythme moins soutenu
qu'avant-guerre. A partir de cette date, on entre dans la derniere phase
354
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
observee, qui se caracterise par un relevement de l'indicateur un peu plus
marque pour le sexe masculin et qui pourrait s'etre arrete en 1985-86.
Ces phases se retrouvent egalement dans l'evolution de l'esperance
de vie a la naissance (de la table) mais elles apparaissent beaucoup moins
nettes (figure 3). La premiere phase s'y traduit par un recul rapide de
l'age au deces, mais beaucoup moins rapide qu'au cours de la deuxieme
phase. Enfin la derniere phase se manifeste par une diminution du rythme
de croissance de l'age au deces.
Figure 3. - Esperance de vie a la naissance
Dans l'evolution de l'esperance de vie a la naissance, on ne retrouve
guere la charniere de 1960-61, car les progres mis en 6vidence par cet
indice sont plus reguliers que pour la duree de vie moyenne (figure 3).
En ce qui concerne les deux guerres mondiales, on voit nettement
que, contrairement au sexe masculin, la seconde a ete plus meurtriere pour
le sexe f6minin que la premiere. Entre 1939 et 1945, il y a eu deux phases:
une premiere au debut de la guerre, qui a affecte surtout le sexe masculin,
puis, apres une periode de repit en 1941-42, une seconde phase encore
plus meurtriere et qui touche de maniere sensiblement egale chacun des
sexes (figures 1 et 2).
La pointe marquee en 1918-19 pour le sexe f6minin, sur la figure 2,
correspond a la grippe espagnole, qui se traduit chez les hommes par une
355
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
legere augmentation de l'indicateur conjoncturel deja eleve du fait des derniers combats. L'analyse des <deces reduits f6minins>>par groupes quinquennaux montre que l'annee 1960 n'est en rien exceptionnelle en depit
du retournement qui l'affecte. En effet, la hausse de l'indicateur que l'on
observe a partir de cette date est le resultat du fait que l'elevation continue
depuis le debut du siecle des taux au-dela de 75 ans n'est plus compensee
par la baisse des taux aux ages inf6rieurs (figure 4).
90 O
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
80 000 -
70 000 -
60 000 -
50 000 -
40 000 -
30 000 -
10 000 -
1
I
1910
I
I
1915 1920
I
1925
I
1930
I
I
1935 1940
I
1945
I
I
1950 1955
I
1960
I
1965
I
1970
I
I
1975 1980
INED
105093
1985 1990
Figure 4. - Evolution de la somme des deces reduits
La comparaison, pour une ann6e donnee, de la repartition des dec's
obtenue par chacune des deux methodes permet de localiser les ages qui
contribuent a la diff6rence d'esperance de vie. En 1925, pour le sexe f6minin (figure 5), les ecarts entre les deux series sont faibles jusqu'a 20 ans,
puis croissent en valeurs absolue et relative. Si l'on examine, non plus la
repartition mais la distribution des deces (en %), on observe une mortalite
plus forte jusqu'a 28 ans pour les <<deces reduits >>et qui s'inverse au-dela
de cet age.
L'indicateur conjoncturel, en depit de son niveau etonnant qui pourrait nous inciter a le rejeter un peu hativement, contient des
informations faciles a mettre en evidence et qui peuvent se reveler de quelque utilite.
Mesure transversale
et longitudinale
356
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
Deces rdduits
(pour un total
100 000)
de
'c
s
reduits
10 15 20 30 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 1
Figure 5. - Repartition des deces selon I'age et la methode utilisee
En effet, les relations bien connues entre les indicateurs longitudinaux
et transversaux des phenomenes demographiques se pretent a une utilisation
plus simple que pour la f6condite, car ici l'intensite du phenomene est
invariante d'une generation a la suivante.
Dans ce cas, l'indicateur conjoncturel sous-estime de x% l'intensite
du phenomene dans les generations si l'age moyen s'eleve de x centiemes
d'annee au fil des generations.
Ainsi peut-on deduire de l'evolution de l'indicateur conjoncturel de
mortalite que, au cours de la periode de l'entre-deux-guerres, l'esperance
de vie dans les generations les plus concernees par la mortalite651s'elevait
en moyenne de 30 centiemes d'annee par generation, puisque l'indicateur
conjoncturel sous-estimait d'environ 30% l'intensite de la mortalite. La
diminution de l'indicateur au cours de cette periode indiquait, en outre
(5) Nous reviendrons
plus loin sur cette notion d'apparence
impr6cise.
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
357
que les gains d'esperance de vie augmentaient au fil des generations
(figure 2).
Pendant les annees cinquante, les gains d'esperance de vie dans les
generations etaient plus eleves et voisins de 45 centiemes d'annee par generation, et la aussi legerement croissants. Depuis 1960, il semble au
contraire que les gains soient de moins en moins rapides. Ils pourraient
deboucher, tout au moins pour le sexe f6minin, sur une stabilisation autour
de 40 centiemes d'annee par generation. L'ecart entre l'evolution particuliere a chacun des sexes, qui apparait surtout depuis le milieu des annees
soixante-dix, et se manifeste egalement dans l'inversion du rapport entre
les indicateurs masculin et f6minin, traduit un ralentissement des gains plus
forts pour le sexe masculin, c'est-a-dire une aggravation de la surmortalite
masculine6. L'examen des estimations de l'esperance de vie dans les generations confirme grossierement l'analyse faite a partir de l'indicateur
conjoncturel de mortalite (figure 6).
Cette concordance n'est pas etonnante car on peut ecrire l'indicateur
conjoncturel, de l'annee ou la generation g atteint son age moyen, comme
0,9 -
0,8 0,7 0,6 0,5 -
0,4 -
0,30,2 -
0,1
1990
Figure 6. - Comparaison des gains d'esperance de vie dans les
gen6rations avec le niveau de la sous-estimation de la mortalite
par I'indicateurconjoncturel de la mortalite
(6) Pour plus de details, voir J. Vallin, < Dur6e de vie: les femmes creusent l'6cart >>.
Population et Societes, 229, novembre 1988.
358
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITI
le rapport de la mesure de l'intensite dans cette generation a la derivee
de l'age moyen plus un(7):
-=
1+
1 + m'
1 + m'
avec I [g + m(g)] : indicateur de l'annee au cours de laquelle la generation
g atteint son age moyen au deces (m(g)), D(g): intensite de la mortalite
dans la generation g soit 1, m': derivee de m(g) (age moyen au deces).
Toutefois, pour que cette relation soit exacte, il faudrait non seulement que l'intensite evolue de maniere lineaire(8) dans les generations, tout
comme la moyenne de la distribution des taux, mais il faudrait aussi que
les moments centres soient invariants, c'est-a-dire que la forme de la distribution reste inchangee(9). La concordance reste done imparfaite parce
que cette derniere condition n'est pas realisee. En effet, si l'age moyen
au dec's dans les tables de mortalite par generation evolue bien a peu
pres lineairement, la forme de la distribution se transforme (figure 7). En
effet l'augmentation de l'esperance de vie provient d'abord de la reduction
presque totale de la mortalite infantile, puis du recul de la mortalite adulte
vers des ages de plus en plus eleves.
En depit de ces difficultes, l'indicateur conjoncturel pourrait avoir
un interet predictif pour determiner l'evolution de l'esperance de vie dans
les generations, dans les pays ou un tel calcul n'est pas directement possible.
Mais si l'on peut tirer de l'indicateur conjoncturel des informations
sur les variations de l'esperance de vie dans les generations, on ne dispose
pas d'information precise sur le niveau de cette esperance de vie.
La vie moyenne decoulant des <ddces reduits> doit nous permettre
de resoudre ce probleme. En effet, de meme qu'il existe une liaison entre
les indicateurs transversaux et longitudinaux, les ages moyens de chacune
des deux distributions entretiennent entre eux des relations strictes.
Mais les relations sont plus complexes que pour les cumuls. Ainsi,
toujours dans le cas ou l'intensite et l'age moyen sont en evolution lineaire
et les moments centres invariants, la relation s'ecrit(0?):
I[g+m(g)]
V
D'
x[g +m(g)] = m(g) D(g) (+m')
(7) Cf. G. Calot, < Remplacement des generations et stationnarite a terme de la population f6minine d'age f6cond >>.inMelanges en l'honneur de Jean-Guy Merigot sous la direction d'Andre Labourdette, editions Economica, coll. gestion,, serie Politique g6n6rale,
Finance et Marketing, 1992, pp. 695-729 et G. Calot <Relations entre indicateurs d6mographiques longitudinaux et transversaux >>,Population, 5, 1992,pp. 1189-1240.
(8) La constance n'6tant qu'une 6volution lineaire particuliere.
(9) La forme bimodale de la distribution complique sans doute 6galement la relation
entre les indices longitudinaux et transversaux car age moyen, age median et mode sont assez
diff6rents. Le mode, calcule sur des classes d'une annee d'age, est reste a l'age zero jusqu'a
la g6n6ration 1947; dans ces conditions l'age moyen 6tait loin de representer les ages de
forte mortalite.
(10) Cf. note 7.
359
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
7000
INED
05393
6000
0
I
- --
0
10
20
30
40
I- - -
50
i
60
70
80
90
100
Figure 7. - Repartition des d6cbs selon 1'5ge dans les generations
avec x [g + m(g)] : duree de vie moyenne observee I'annee au cours
de laquelle la generation g atteint son age moyen au dcces (m(g)),
D(g): intensite de la mortalite dans la g6neration g,
D' d6rive'e de D(g) (intensite de la mortalite6),
V: variance de m(g),
derive'e de m(g) (age moyen au d'c&s).
Mais si l'intensite est constante, ce qui est le cas pour la mortalite',
le second terme de la soustraction s'annule. La duree de vie moyenne (du
'
'
moment) est donc egale a'esp6rance de vie la naissance de la ge'ne'ration
qui atteint son esperance de vie cette annee-lh.
La comparaison des durees de vie moyenne et des esperances de vie
'ala naissance, dfiment decalees, des generations montre que l'identite theo-
360
DE MORTALITE
UN INDICATEUR
CONJONCTUREL
rique est loin d'etre atteinte. La duree de vie transversale surestime toujours
celle des generations (figure 8), comme si le decalage de l'esperance de
vie a la naissance etait trop grand(.. I1 faut y voir, la encore, l'effet de
la deformation progressive de la distribution. L'ampleur inattendue de
l'ecartt(2 indique que les modifications de la repartition des evenements
au fil du temps peuvent avoir des effets tres importants et nous entrainer
loin des relations etablies dans le cadre d'hypotheses simples.
1910
1920
1930
1940
1950
1960
1970
1980
1990
Figure 8. - Comparaison des esperances de vie transversales
et longitudinales
Pendanttoute la periode de l'entre-deux-guerres,et meme jusqu'au debut
des annees soixante, la progression de la vie moyenne fut plus rapide dans
les tables et tableaux du moment que dans celles par generation.Cette situation
est justement celle que l'on trouve lorsque l'intensite est constante, l'age
moyen en evolution lineaire, et que la distributionse transformeregulierement,
les taux aux ages les plus faibles diminuant au profit des plus ages.
Depuis 1960, les courbes des generations et du moment evoluent de
maniere parallele, le decalage entre les courbes restant constant. C'est la
(1) De l'ordre de 25 a 30 ans pour les g6enrations n6es apres la premiere guerre
mondiale, de 15 a 20 ans pour celles nees au cours du dernier quart du XIXe siecle.
(12) L'6cart, croissant de 3 a 5 ans, pendant l'entre-deux-guerres, s'etablit depuis 1960
a environ 11 ans (figure 8). Ainsi la dur6e de vie moyenne transversale (calculee sur les
< d6ecs r6duits >) surestime aujourd'hui d'environ 17 a 19 % 1'esp6rance de vie des g6n6rations; pendant 1'entre-deux-guerres, cette surestimation 6tait pass6e de 6 % a 12 %.
UN INDICATEUR
CONJONCTUREL
DE MORTALITE
361
DE LA DISTRIBUTION
DESDECESSELONLA GENERATION
TABLEAU2. - MOMENTSCENTRES
Coefficient
Coefficient
d'asym6trie d'aplatissement
gammal
gamma2
Momentscentr6s
Generations
1820
1830
1840
1850
1860
1870
1880
1890
1900
1910
1920
1930
1940
1950
1960
Ordre2
Ordre3
Ordre4
1002,02
1012,13
1015,84
1027,73
1068,51
1153,34
1150,38
1182,96
1185,42
1147,47
1036,87
867,65
804,78
543,48
375,07
12,18
-491,29
- 2964,92
-4268,11
-6329,77
-4503,74
- 12305,55
- 17063,27
-24321,60
-32345,51
-37767,97
-41076,09
-42404,61
- 31112,98
-21488,35
1411858
1447580
1475173
1518467
1629773
1823393
1983373
2199548
2476357
2799033
3000465
3208269
3361074
2490948
1705369
0,0004
-0,0153
-0,0916
-0,1295
-0,1812
-0,1150
-0,3154
-0,4194
-0,5959
-0,8321
- 1,1312
- 1,6072
- 1,8574
- 2,4557
- 2,9583
- 1,5938
- 1,5869
- 1,5705
- 1,5624
- 1,5725
- 1,6292
- 1,5013
- 1,4282
- 1,2378
-0,8742
-0,2091
1,2617
2,1895
5,4333
9,1228
preuve que nous sommes, comme nous l'avons vu plus haut, dans le cas
ou les moments centres ne sont pas invariants. L'analyse des moments de
la distribution des dec's dans les tables de mortalite de quelques generations(03)confirme l'importance des modifications de l'age au deces.
Le tableau 2 regroupe, pour chacune des generations choisies, les
moments centres d'ordre 2, 3 et 4 et les coefficients d'asymetrie et d'aplatissement(14). Nous voyons que si l'esperance de vie est en croissance continue, l'ecart type, qui avait augmente moderement jusqu'a la generation
1920, connait depuis un recul qui semble s'accelerer avec les generations
posterieures a la seconde guerre mondiale. Si le moment d'ordre 3 crolt
fortement en valeur absolue(15) au fil des generations, surtout depuis la
generation 1880 (figure 9), celui d'ordre 4 suit le chemin inverse (figure
10)(16). Le moment d'ordre 3 et le coefficient d'asymetrie, qui etaient positifs pour les premieres generations du XIXe siecle, deviennent negatifs,
(13) Il s'agit des g6enrations 1820 a 1960 par pas de 10 ans.
Le moment centre d'ordre 2 correspond a la variance, c'est-h-dire h 1'6talement;
le moment d'ordre 3 permet l'analyse de la sym6trie et celui d'ordre 4 celle de l'aplatissement.
Les coefficients d'asymetrie (1y) et d'aplatissement (y2) de Fisher sont tous les deux normes
par rapporta la loi normale: ils sont nuls lorsque la distributionsuit cette derniere.;yi = ,13 o3,
(14)
et est n6gatif si la distribution est plus 6talee a gauche; y2 =
4- 3, et est
negatif si la distri-
04
bution est plus aplatie que celle de la loi normale.
(15) En valeur relative, la croissance du moment d'ordre 3 diminue r6gulierement depuis
les g6enrations form6es vers la fin du XIXe siecle. Pour celui d'ordre 4, la croissance s'inverse
a partir des g6n6rations du d6but du XXe siecle.
(16) On peut se demander si l'inversion de tendance que l'on observe pour les moments
d'ordre 3 et 4 (et 1'acc6elration de la baisse de l'ecart type) a partir de la g6enration 1940
n'indiquerait pas une extrapolation irr6aliste de la mortalit6 future de ces g6n6rations. Si les
moments 6voluent sans h-coup, il serait sans doute int6ressant de les prendre en compte dans
les projections de population, ou tout au moins de les calculer pour contr6ler la qualit6 des
hypotheses de mortalite.
362
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITI
5000
0
-5 000
-10 000
-15 000
-20 000
-25 000
-30 000
-35 000
-40 000
I_000n
___
-A
1820
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
1830
1840
1850
1860
1870
1880
1890
1900
1910
1920
1930
1940
INED
I 05593
1950
1960
Figure 9. - Moments centres d'ordre 3 selon la generation
3 UU U
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
3 000 000 -
2 500 000 -
2 000 000 -
1 500 000 -
1 00 000 -
500000 -
UI
1820
I
1830
I
I
I
I
I
I
I
I
I
I
1840
1850
1860
1870
1880
I
I
1890
I
I
I
I
I
I
[
I
1900
1910
1920
1930
1940
I
I .
1950
Figure 10. - Moments centres d'ordre 4 selon la generation
INED
05693
1960
UN INDICATEUR
DE MORTALITE
CONJONCTUREL
363
traduisant ainsi la deformation de la distribution qui devient de plus en
plus etalee a gauche a partir de ces generations. L'augmentation du coefficient d'aplatissement au fil des generations a partir de la generation 1870
indique que la distribution des dec's se concentre de plus en plus sur les
valeurs modales par rapport a la loi normale. Mais jusqu'a la generation
1920 la distribution des deces etait plus aplatie que la distribution normale.
Ces evolutions rendent plus complexe la relation entre les ages
moyens transversal et longitudinal, et donc plus difficile l'estimation de
l'esperance de vie des generations a partir des valeurs du moment (calculees sur les deces reduits)'7).
II. - Origine des differences
Le travail d'Y. Peron(18)peut servir de cadre methodologique pour
l'analyse des ecarts entre deces de la table et ? deces reduits ?. Le rapport
(t) des dec's (D) a un age a l'effectif des personnes survivantes (S) a cet
age est le taux de mortalite (des survivants), tandis que le rapport (d) de
ces memes deces a l'effectif des personnes du meme age, qu'elles soient
encore survivantes ou non (N) est le nombre de deces reduits.
Ces deux quantites sont liees entre elles par la proportion de survivants (S/N = p) a l'age considere : le nombre de deces <reduits> est egal
au produit de la proportion de survivants en milieu de periode par le taux
de mortalite ?des survivants>>au cours de l'annee:
d = pt
S D
N S
Les dec's de la table sont egaux au produit des quotients de mortalite
par la frequence de survie au debut de l'intervalle (notee c) mais aussi au
produit des taux de mortalite (des survivants) par la frequence de survie
au milieu de l'intervalle (c'):
d' = cq
D
N
= c't.
La diff6rence entre les deces reduits d et les dec's de la table d' est
donc egale au produit du taux de mortalite des survivants par la diff6rence
entre la proportion observee de survivants et la frequence de survie au
milieu de l'intervalle donnee par la table:
d - d' = t(p - c')
(17) Dans un prochain article, nous pr6senterons un abaque donnant les corrections a
apporter a 1'age moyen transversal pour determiner l'age moyen longitudinal selon les evaluations de chacun des moments d'ordre 2, 3 et 4.
(18) y. Peron, < Les indices du moment de la nuptialit6 des celibataires >>,Population,
6, 1991, 1429-1440.
364
UN INDICATEUR
DE MORTALITE
CONJONCTUREL
Ainsi les deces reduits sont inf6rieurs aux dec's de la table quand
la proportion observee de survivants est inf6rieure a la frequence de survie
donnee par la table.
C'est cette situation qui prevaut en France depuis au moins le debut
du XXe siecle, comme en temoigne le tableau 3 qui compare les survivants(l9) tires des tables de mortalite du moment a ceux issus des tables
des generations concernees. La mortalite des generations apparait toujours(20)en avance sur celle du moment. L'ecart relatif entre les deux series
augmente toujours avec l'age, alors que l'ecart absolu passe par un maximum qui devient de plus en plus tardif avec le temps (figures 11 a et
11 b). Les ecarts relatifs ont ete maximaux au lendemain de la seconde
guerre mondiale et se situent actuellement encore au niveau de ceux observes au debut du siecle pour les plus de 70 ans, mais sont tres inf6rieurs
pour les ages les plus jeunes. Ainsi, deces reduits et dec's de la table
deviennent de plus en plus concordants, tout au moins pour les enfants.
DE SURVIVANTS
TABLEAU3. - PROPORTIONS
ETDEDUITES
OBSERVEES
DES
TABLESDU MOMENT
1910
1920
1930
1940
Age
revolu
Observ.
Table
Observ.
Table
Observ.
Table
Observ.
Table
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
94355
78644
72055
65207
54876
51046
41555
27755
9855
690
1
94754
83421
80361
75587
70417
64151
54916
38467
15107
1650
20
95262
82057
75170
67379
60753
50023
43701
29130
11206
846
1
94399
83084
79966
75057
70112
64455
55831
40535
17005
2138
17
96249
86358
79265
71280
63622
56202
43683
32185
12444
1021
1
96282
88934
86306
82161
77991
72302
63233
46846
21463
3010
76
96351
89245
84399
76060
68074
59295
49519
32752
14255
1328
2
95973
88690
86668
83160
79230
73535
63756
45267
17064
1109
3
1950
1960
1970
1980
Age
revolu
Observ.
Table
Observ.
Table
Observ.
Table
Observ.
Table
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
97818
90053
87840
80392
72979
64269
53331
38639
16220
1687
1
97782
94407
93709
92284
90150
86397
78984
63604
33705
5756
135
98827
94622
89639
87028
78955
70398
59422
44029
21728
2666
5
98819
97051
96676
95915
94506
91549
85319
71441
41514
7987
162
99218
97078
94237
89025
85915
76599
66050
50718
27074
4731
20
99210
97977
97559
96903
95739
93070
87580
75584
47723
11739
230
99572
98021
96662
93631
88084
83782
72458
58256
33954
7123
59
99575
98805
98409
97822
96829
94600
89950
80409
55853
16179
555
(19) Au milieu de l'intervalle annuel d'age indique.
(20) Si l'on excepte les p6riodes de guerre.
UN INDICATEURCONJONCTURELDE MORTALITE
Figure 11a. - Rapport des survivants du moment a ceux observes
Figure 11b. - Difference entre survivants du moment
et survivants observes
365
366
UN INDICATEUR
CONJONCTUREL
DE MORTALITE
La baisse continue au fil du temps de tous les taux de mortalite (des
survivants) entraine un retard de la mortalite qui se poursuit d'une generation a la suivante. Ainsi, a chaque age, la frequence de survie s'eleve
d'une generation a l'autre et est donc toujours inf6rieure a celle donnee
par la table du moment. Cela se traduit par des deces reduits beaucoup
moins nombreux et beaucoup moins tardifs que ceux de la table. L'esperance de vie a la naissance determinee a partir des deces reduits est alors
plus faible que celle donnee par la table du moment.
Une analyse plus detaille des facteurs constitutifs des deces reduits(2l met en evidence l'importance croissante avec le temps des modifications des proportions de survivants dans l'evolution de l'indicateur
conjoncturel de mortalite (tableau 4)(22). Ce facteur tend a augmenter le
nombre de deces reduits de plus de 20 % tous les dix ans depuis 1950. A
l'oppose les modifications de distribution des taux de mortalite (de la table
du moment) ont, en dehors des periodes de guerre, un effet depressif sur
l'indicateur conjoncturel.
TABLEAU4. - EFFETSDESVARIATIONS
DESSURVIVANTS
ET DESTAUXDE MORTALITE
SUR
CELLEDESDECESREDUITS
Periodes
D6ecs r6duits
Survivants
Taux
Interaction
1910-1920
1920-1930
1930-1940
1940-1950
1950-1960
1960-1970
1970-1980
1,008
0,898
1,217
0,672
0,982
1,045
1,020
1,058
1,073
1,086
1,125
1,208
1,242
1,238
0,953
0,834
1,114
0,593
0,799
0,839
0,818
0,999
1,004
1,006
1,008
1,018
1,003
1,007
L'existence d'une interaction, quoique relativement faible, indique
que les variations des taux et des proportions ne sont pas independantes.
Vue d'ensemble
A c6te de l'esperance de vie a la naissance fournie par les tables de
mortalite du moment, nous proposons un indicateur conjoncturel beaucoup
plus sensible aux variations de la repartition par age des dec's en raison
de la liberte qu'a cet indice de s'6tablir dans un large eventail de valeurs
(et de s'ecarter meme largement de la valeur de 1). Cet indicateur corres(21) A l'image de celle propos6e
par Y. Peron, <<Les indices du moment de la nuptialit6
des celibataires >, op. cit, p. 1435.
(22) La variation de la somme des deces reduits differe dans ce tableau de celle
qui
pourrait etre calculee a partir du tableau 1 du fait de la non-correspondance exacte entre les
periodes d'observation pour la construction des tables de mortalit6 du moment et de celles
par generation. Nous avons donc, pour ce tableau, reconstruit des d6ces r6duits en multipliant
les proportions de celibataires dans les g6enrations par les taux de mortalit6 des tables du
moment.
DE MORTALITE
UN INDICATEUR
CONJONCTUREL
367
pond exactement a ce que R. Pressat denomme la <<somme des elements
de calendriers>>(23).
La distribution des taux de mortalite par rapport a 1'effectif initial,
dont la somme donne cet indice, peut egalement etre caracterisee par sa
moyenne. Cette derniere se distingue notablement de l'esperance de vie a
la naissance calculee traditionnellement par un niveau beaucoup plus faible(24) car la mortalite des generations est plus precoce que ne l'indique
au meme age la table de mortalite du moment.
Les indices issus des <dece's reduits > (indicateur conjoncturel et duree de vie moyenne) peuvent etre mis en relation avec ceux calcules dans
les generations et servir ainsi d'estimateurs de la mortalite des cohortes,
meme si la forme tres particuliere (bimodale) de la distribution des taux
de mortalite et sa deformation avec l'augmentation de l'esperance de vie
rendent plus complexes les relations entre les durees moyennes de vie
transversale et longitudinale.
Nous nous retrouvons donc ainsi devant le meme probleme que dans
l'analyse de la nuptialite, a savoir choisir (ou non) la synthese par les
quotients ou celle par les evenements reduits, les memes criteres devant
sans aucun doute deboucher sur le meme choix.
Jean-Paul SARDON
(23) R. Pressat, L'analyse demographique. Conception. Methodes. Resultats, PUF, 1983,
104-105.
(24) II aurait egalement 6et possible de calculer comme pour les autres 6evnements
demographiques non renouvelables un troisieme type de table, calcul6 a partir des proportions
de survivants (donn6es 6galement par les tables de mortalit6 par g6n6ration). Dans ce cas
nous aurions eu un indice synth6tique 6gal a un et un age moyen au deces encore plus faible
que celui mesur6 a partir des < deces r6duits > :
Pour plus de d6tails sur ces diverses tables, voir: J.-P. Sardon <<Quotients, fr6quences
et 6v6nements >, Population, 2, 1993, pp. 489-495.
368
UN INDICATEUR
DE MORTALITE
CONJONCTUREL
SARDON (Jean-Paul). - Un indicateur conjoncturel de mortalite : I'exemple de la France
La mesure de la mortalit6 d'une annee donn6e est souvent limit6e a une table transversale resumee par un seul indice: l'esp6rance de vie issue de cette table. Mais il est tout
a fait possible de produire, comme pour les autres ph6nomenes d6mographiques, un couple
d'indices, le premier correspondant a ce que, dans l'analyse longitudinale, on appelle l'intensit6 du ph6nomene, le second a l'age moyen a la survenance de ce ph6nomene. Pour cela, il faut 6tablir des taux de mortalit6 calcules par rapport a l'effectif initial, ou tout aussi
simplement convertir les quotients de mortalit6, observes a un age et dans une g6n6ration
donn6s, en deces de la table de mortalit6 de chacune des g6enrations consid6r6es.
Le premier indice, somme des d6ecs r6duits ou indicateur conjoncturel de mortalite,
donne le nombre de d6ces que l'on enregistrerait (en l'absence de migrations, si les quotients sont transform6s en d6ces de la table) si le nombre de naissances annuelles 6tait
constant. II r6evle en fait les modifications du calendrier de la mortalit6 au fil des g6enrations. Le second indice donne l'age moyen de cette distribution des d6ecs. La dur6e de vie
moyenne ainsi d6termin6e est toujours inf6rieure a l'esp6rance de vie de la table du moment.
L'application aux donn6es fran9aises montre que ces nouveaux indices peuvent
completer utilement les analyses faites a partir des tables de mortalit6 classiques.
SARDON(Jean-Paul).- A Period Measure of Mortality. The Example of France
Mortality in a given year is often measured by a single index, the expectation of life
at birth in a life table. But it is possible, as in the case of other demographic events, to calculate two indices. The first will measure what in longitudinal studies is called the intensity
of the event; the second the average age at which the event occurs. In order to achieve this
it is necessary to calculate mortality rates related to the initial population, or simply to
convert probabilities of dying in a cohort at different ages into life-table deaths for each of
the cohort considered.
The first of these indices will be a period measure of mortality and shows the numbers of deaths that would be registered (on the assumption of zero migration), if the annual
number of births were to remain constant. It, therefore, shows changes in the timing of
deaths over different cohorts. The second index is the average of this distribution. Life expectancy at birth calculated from this table will always be lower than that calculated from a
traditional table.
The application of these indices to French data shows that use of these new indices
can complement the analysis of mortality by means of traditional life tables.
SARDON (Jean-Paul). - Un indicador coyuntural de mortalidad: el ejemplo de Francia
La medida de la mortalidad para un anio dado se limita a menudo a una tabla transversal resumida por un unico indice: la esperanza de vida fuente de esa tabla. No obstante,
tal como sucede con los demas fen6menos demograficos, es posible producir un par de indices, el primero de los cuales corresponderia a lo que en analisis longitudinal se llama intensidad del fen6meno, y el segundo a la edad media a la realizaci6n del acontecimiento.
Para ello es necesario definir tablas de mortalidad calculadas en relaci6n al efectivo inicial,
o simplemente convertir los cocientes de mortalidad, observados a una edad y para una generaci6n determinadas, en defunciones de la tabla de mortalidad de cada una de las generaciones consideradas.
El primer indice, suma de defunciones reducidas o indicador coyuntural de mortalidad, da el ndmero de defunciones que se registrarian (en ausencia de migraciones, si los cocientes se transforman en defunciones de la tabla) si el ndmero anual de nacimientos fuera
constante. Lo que 6ste refleja son las modificaciones en el calendario de mortalidad a trav6s
de las distintas generaciones. El segundo indice da la edad media de esta distribuci6n de defunciones. La duraci6n media de vida asi definida es siempre inferior a la esperanza de vida
de la tabla del momento.
La aplicaci6n a los datos franceses muestra que estos nuevos indices pueden completar de forma dtil los analisis elaborados a partir de las tablas de mortalidad clasicas.