Archéologie des chasseurs-cueilleurs maritimes.
De la fonction des habitats à l’organisation de l’espace littoral
Archaeology of maritime hunter-gatherers.
From settlement function to the organization of the coastal zone
Actes de la séance de la Société préhistorique française de Rennes, 10-11 avril 2014
Textes publiés sous la direction de Catherine Dupont et Gregor Marchand
Paris, Société préhistorique française, 2016
(Séances de la Société préhistorique française, 6), p. 213-260
www.prehistoire.org
ISSN : 2263-3847 – ISBN : 2-913745-2-913745-65-2
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles
au Mésoindien
L’enjeu des ressources à Saint-Martin
Dominique Bonnissent, Nathalie Serrand, Laurent Bruxelles, Pierrick Fouéré,
Sandrine Grouard, Nathalie Sellier-Ségard et Christian Stouvenot
Résumé : Au cours du IVe millénaire avant notre ère, la partie caraïbe de l’océan Atlantique voit le développement de sociétés insulaires
dans l’archipel des Petites Antilles. Ces communautés pratiquant la collecte de coquillages, la pêche, la chasse sous-marine et terrestre,
une proto-agriculture et la cueillette, y ont développé une culture spéciique au contexte tropical insulaire. La typologie des gisements et
des productions matérielles, les stratégies d’exploitation des ressources alimentaires et des matières premières ainsi que l’occupation du
territoire, montrent que le milieu naturel a inlué sur les modes d’existence et d’organisation de ces populations. Leur structure sociétale
paraît être fondée sur un système cyclique d’exploitation des ressources, modelé en fonction de leur disponibilité, et selon des impératifs socioéconomiques et les besoins de leur pensée symbolique. La notion d’archéoécologie présentée ici dérive de l’Ethnoécologie
qui analyse les interactions entre les humains et leur environnement naturel dans des perspectives historiques, socioculturelles et écologiques. Le concept d’archéoécologie est utilisé dans ce travail pour examiner les interactions passées entre les chasseurs-cueilleurs
maritimes des Petites Antilles, leurs activités et l’environnement. Les paléoenvironnements sont considérés au sens large du terme, soit
les espèces vivantes, les écosystèmes et leurs transformations, les conditions climatiques et leurs variations. S’il apparaît certain que le
milieu naturel façonne en partie les sociétés, cet aspect est d’autant plus marqué dans le contexte insulaire très spéciique de la Caraïbe.
L’île de Saint-Martin, localisée dans le nord des Petites Antilles, offre un terrain privilégié à cette étude. En effet, elle regroupe près d’un
tiers des gisements mésoindiens attestés par des datations absolues dans les Petites Antilles. L’archipel s’étend sur plus de 1 000 km, de Trinidad au sud aux îles Vierges au nord, et trente-sept gisements mésoindiens y sont actuellement recensés jusqu’à l’île de Vieques située au
sud-est de Porto Rico. Le cas de Saint-Martin, qui a livré douze de ces trente-sept gisements, permet d’examiner, sur un petit territoire, les
lieux d’implantation des sites, leur formation et leur évolution taphonomique, en particulier les facteurs d’altérations des dépôts coquilliers.
Très peu développés verticalement à Saint-Martin, ils apparaissent comme la conséquence du mode itinérant des implantations humaines
conjugué aux apports de sables marins lors des tempêtes qui séparent les rejets successifs de coquilles accumulées en un même lieu ou bien
les détruisent lors d’épisodes cycloniques violents. Une étude diachronique et détaillée des occupations sur près de quatre millénaires avant
notre ère permet de discerner une évolution des pratiques anthropiques bien que celles-ci soient à première vue relativement homogènes.
L’analyse globale de tous les paramètres disponibles révèle une forte interaction du trio : les humains, leurs activités et l’environnement.
En effet, l’origine des matières premières exploitées dans les industries et la provenance de la faune consommée identiiée sur les gisements, révèlent que ces populations possèdent une certaine connaissance des ressources spéciiques à chaque île de l’archipel. Ces aspects
suggèrent une grande mobilité des communautés qui se déplacent d’îles en îles en fonction de leurs besoins adaptés à la disponibilité et
à la saisonnalité de certaines ressources. Les moyens de subsistances sont basés en grande partie sur l’exploitation de la malacofaune et
dans une moindre mesure des crustacés. La consommation de poissons, provenant essentiellement des récifs proches des côtes, est attestée
mais sa représentation dans la diète des communautés mésoindiennes reste très dificile à évaluer du fait de la rareté des ossements retrouvés, certainement pour des problèmes de conservation différentielle. D’après l’occurrence élevée des gisements découverts sur le littoral,
somme toute cohérente pour un peuple de navigateurs nomades, on constate que ces communautés s’installent donc de façon privilégiée
sur les plages mais qu’ils fréquentent également l’intérieur des terres ou la faune terrestre apparaît alors ciblée.
Les activités observées sur les sites, liées à l’exploitation des ressources pour l’alimentation ou pour l’industrie et l’artisanat, conditionnent presque systématiquement l’implantation des campements à l’emplacement des zones d’acquisition. Le campement est également le lieu de cuisson et de consommation. La production et l’utilisation d’outils, attestées par le débitage et le façonnage de la pierre,
de la coquille et éventuellement du corail, sont dans la plupart des cas associées aux activités de subsistance. Cependant, certains sites
ont une vocation plus technique et ont clairement eu le statut d’ateliers. On identiie plus rarement des pratiques d’ordre symbolique
dont témoignent des objets lithiques insolites, a priori non fonctionnels. L’ensemble des activités a également laissé des traces d’aménagements anthropiques : différents types d’aires de combustion, des aires de cuisson et de consommation de mollusques, des amas
de débitage de coquilles, essentiellement le strombe géant (Lobatus gigas) exploité pour la fabrication d’outils, des dépôts en fosse
d’objets et des espaces vides pouvant suggérer la présence de huttes lors bivouacs.
Une des particularités des campements mésoindiens de Saint-Martin est leur réoccupation, pour certains, durant des siècles ou des
214
Dominique Bonnissent et al.
millénaires. Ce phénomène paraît directement induit par le mode de vie des communautés qui s’implantent sur les lieux où se trouvent
les ressources qui leurs sont nécessaires. Les données acquises sur l’île permettent de déinir le proil sociétal des communautés
mésoindiennes soit des populations à grande mobilité qui se déplacent à l’aide d’embarcations sur de grandes distances. Ces données,
comparées à celles du reste de l’archipel des Petites Antilles conirment et complètent le schéma décrypté. Ainsi, l’archéoécologie des
populations mésoindiennes des Petites Antilles révèle une symbiose entre les humains, leurs activités et l’environnement. Cet équilibre
fragile pour des communautés tributaires du milieu naturel traduit un mode de vie relativement précaire qui sera progressivement
abandonné pour une semi-sédentarisation à la in de cette période. Dans le même temps, la migration des communautés d’agriculteurspotiers vers la in du Ier millénaire avant notre ère impacte fortement les populations mésoindiennes dans les Petites Antilles, intégrées
aux nouvelles sociétés ou repoussées dans les Grandes Antilles où elles auraient perduré plus longtemps.
Mots-clés : Mésoindien, âge Archaïque, Petites Antilles, campement, faune caraïbe, Saint-Martin.
Abstract: During the 4th millennium BC, the Caribbean part of the Atlantic Ocean witnessed the development of insular societies in
the Lesser Antilles archipelago. These communities which combined shellish collection, ishing, submarine and terrestrial hunting, a
possible proto-agriculture and gathering, developed a culture there rather speciic to the tropical insular context. For this period, the
typology of the deposits and of the material productions, patterns in the exploitation of alimentary resources and of raw materials as
well as patterns in the territorial settlement, show that the natural environment had an inluence on the lifestyle and organization of
these populations. Their social structure seems to be based on a cyclic system of exploitation of resources, shaped according to their
availability and to socio-economic necessities as well as to the needs of their symbolic world. The notion of archaeoecology presented
here comes from that of ethnoecology which analyses the interactions between humans and their natural environment with historical,
sociocultural and ecological perspectives. The concept of archaeoecology is used in this work in order to examine the past interactions
between the maritime hunter-gatherers of the Lesser Antilles, their activities and their environment. The palaeo-environments are
considered in a widely accepted way that is including living species, ecosystems and their evolutions, climatic conditions and their
variations. If it appears quite obvious that the natural environment partly inluenced these societies, this aspect is even more distinct in
the very speciic insular context of the Caribbean.
The island of Saint-Martin, localized in the Northern Lesser Antilles, offers a privileged ield for this study. Indeed, it concentrates about a
third of the Archaic Age sites that are attested by absolute dates in the Lesser Antilles. The archipelago spreads over more than 1 000 km,
from Trinidad in the South to the Virgin Islands in the North, and thirty-seven Archaic Age sites have been, to this point, listed as far North
as the island of Vieques, south-east of Puerto Rico. The case of Saint-Martin, which yielded twelve out of these thirty-seven sites, allows
to examine, on a small territory, the sites’ settlement pattern, their formation and taphonomic evolution, and, in particular, the deterioration
parameters of the shell deposits. Little developed on a vertical scale in Saint-Martin, these shell deposits appear to result from the combination of cyclic human settlements and stormy episodes bringing marine sand deposits which separate the successive discarding events in
the same spot or destroy them, especially during cyclonic episodes. A diachronic and detailed study of the settlements over close to four
millennia allows detecting an evolution in the human practices although they appear quite homogeneous at irst sight. The global analysis
of all available parameters reveals a strong interaction of the trio: humans, activities and environment. Indeed, the origin of the raw materials exploited in the industries and of the fauna which was consumed at the sites, show that these populations have a thorough knowledge
of the resources speciic to each island of archipelago. These aspects suggest that the communities were highly mobile, moving from an
island ton another according to their needs and in adaptation to the availability and seasonality of some of these resources. The means of
subsistence are mostly based on the collecting of shellish and, to a smaller extent, of crustaceans. The consuming of ish, mostly taken
from nearby reefs, is attested but it is dificult to evaluate its representation in the diet of the Archaic Age communities given the rarity of
bones found at the sites, probably as a result of differential preservation problems. Given the high occurrence of known littoral sites, all in
all quite coherent for nomadic navigators, it appears that these communities thus preferentially settled on the coast while they spent time
as well inland where terrestrial fauna then appears to be targeted.
Most of the activities registered at the sites are related to meat-based alimentation which seems to have conditioned the choice of places
to settle quite systematically, according to the settings of the collecting zones. Cooking and consumption were also taking place at the
settlements. The production and use of tools, attested by the debitage and shaping of stone, shell, and coral, are, in most cases, combined with alimentary activities. Meanwhile, some sites have a more speciic, more technical purpose and clearly stand as workshop
sites. Practices of a symbolic dimension are sometimes identiied through, for example, unusual stone tools which aren’t functional a
priori. All these activities are also witnessed by human laying out: various types of iring, cooking and consuming zones, clusters where
the shells, mostly the queen conch (Lobatus gigas), were exploited for the making of tools, objects deposits in pits and empty areas
suggesting the presence of huts installed during bivouacs.
One of the special features of the Archaic Age settlements of Saint-Martin is the reoccupation of some of them, for hundreds or thousands of years. This phenomenon appears to be directly led to by the communities’ lifestyle which establish themselves on the places
where they can ind the resources they need. The results on the island of Saint-Martin allow deining the social proile of the Archaic
Age communities, that is highly mobile and nomadic populations that travel around using canoes over long distances. These data, compared to those collected in the rest of the Lesser Antilles conirm and add to the so far understood pattern. Thus, the archaeoecology of
the Archaic Age populations of the Lesser Antilles reveals a relative symbiosis between humans, their activities and the environment.
This fragile balance for communities interdependent with the natural environment witnesses to a rather precarious lifestyle which will
be progressively discontinued in favour of semi-sedentary settlements at the end of the Archaic Age period. Meanwhile, the migration
of farmer-potter communities around the end of the 1st millennium BC leads to the disappearing of the Archaic Age populations in the
Lesser Antilles, integrated with the new societies or pushed away in the Greater Antilles where they lasted longer.
Keywords: Meso-Indian, Archaic Age, Lesser Antilles, camp, Caribbean fauna, Saint-Martin.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
L
e contexte geographique de l’étude se situe en
Amérique Centrale, dans l’archipel des Antilles qui
borde la mer des Caraïbes sur près de 3 500 km de
long, des côtes du Mexique à celles du Venezuela (ig. 1).
L’archipel comprend deux entités : les Grandes Antilles
au nord sont formées par quatre grandes îles totalisant
une supericie de 207 500 km² et les Petites Antilles à
l’est sont constituées d’une vingtaine d’îles principales et
d’une multitude d’îlets dont les terres émergées ne représentent que 14 000 km². Cette partition géographique a
engendré une grande disparité des ressources terrestres
exploitables entre les Petites et les Grandes Antilles. Le
peuplement initial de l’archipel se serait effectué à la fois
par le Nord de l’Amérique du Sud au Mésoindien ou âge
Archaïque, via Trinidad dès 6000 av. J.-C. (Moore, 1991 ;
Rouse, 1992 ; Boomert, 2000) et par l’Amérique centrale
dès 4500 av. J.-C. via les Grandes Antilles. Du fait d’un
hiatus chronologique de 3 000 ans entre le Paléoindien
(Lithic Age) continental et l’insulaire caribéen, l’existence
de cette période est remise en question dans les Antilles
et les occupations, dont les productions matérielles sont
encore mal caractérisées, sont plus logiquement afiliées
au Mésoindien. Le peuplement de l’archipel s’est vraisemblablement effectué en une double migration par des
populations qui n’avaient pas la même maîtrise technologique. La taille de la pierre et en particulier un débitage laminaire est caractéristique du Nord de l’archipel
alors que le polissage des outils en pierre, en coquille et
en os est plus spéciique au Sud (ig. 2). Dans le Sud, le
foyer mésoindien attesté à Trinidad se propage à travers
les Petites Antilles jusqu’aux Iles Vierges et Porto Rico
(Rouse, 1992). Les populations des Grandes Antilles
seraient à l’origine de productions céramiques embryonnaires vers 2000 av. J.-C. (Keegan et Rodríguez Ramos,
2007) et des premières traces de cultures de plantes alimentaires (Pagán Jiménez et Rodríguez Ramos, 2007).
Dans les Petites Antilles les communautés mésoindiennes
amorcent un processus de néolithisation à travers une
Cuba
Jamaïque
215
forme de présédentarisation (Bonnissent, 2008) et un
outillage sur pierre probablement lié à l’émergence d’une
protoagriculture (Fouéré et Chancerel, 2013).
Les occupations mésoindiennes de Saint-Martin
(ig. 3), attestées à partir de 3300 av. J.-C. comptent parmi
les plus anciennes des Petites Antilles (Bonnissent, 2008).
La chronologie mésoindienne de l’île repose actuellement
sur cinquante-sept datations au radiocarbone réparties
sur les douze gisements connus (ig. 4). Elles couvrent
une période allant de 3300 av. J.-C. jusqu’au début du
ier siècle de notre ère (tabl. 1). Les conditions climatiques
sèches et cycloniques enregistrées à Saint-Martin à cette
période n’ont visiblement pas entravé la circulation des
communautés mésoindiennes dans l’archipel (Bertran
et al., 2004, Bonnissent et al., 2007, Malaizé et al., 2011).
La première partie de cet article présente les gisements
de l’île, des plus anciens aux plus récents, sachant que
certains ont été occupés de façon intermittente durant de
longues durées. La correction de l’effet réservoir marin
a été appliquée pour toutes les calibrations des datations réalisées sur des échantillons de coquilles marines.
La seconde partie de cet article analyse les activités
humaines dans leur contexte environnemental à l’échelle
de l’île de Saint-Martin et le dans le contexte régional.
Seuls les gisements mésoindiens ayant fait l’objet de
datations absolues ont été retenus pour cette étude comparative dans le contexte des Petites Antilles.
LES GISEMENTS MÉSOINDIENS
DE L’ÎLE DE SAINT-MARTIN
Étang Rouge
Le site d’Étang Rouge est un grand gisement localisé
dans la partie occidentale de l’île de Saint-Martin, sur
la côte nord de la péninsule des Terres Basses (ig. 3).
Rép.
Porto Rico Îles Vierges Petites Antilles Petites Antilles Trinidad et
Dominicaine
Nord
Sud
Tobago
Haïti
1000 ap. J.-C.
0
1000 av. J.-C
Redondancasimiroïde
Couriancasimiroïde
Corosan
Ortoiran
Ortoiroïde
2000 av. J.-C
3000 av. J.-C
4000 av. J.-C
Casimirancasimiroïde
Casimirancasimiroïde
Saint-Martin
Néoindien (Ceramic Age)
Mésoindien (Archaic Age)
Banwarian
5000 av. J.-C
6000 av. J.-C
série
: site éponyme à terminaison en oïde
sous-série : site éponyme à terminaison en an
Fig. 1 – Charte chronologique de la période précolombienne dans l’archipel des Antilles (d’après Rouse, 1992 ; Boomert, 2000 ;
Petersen et al., 2004 ; Bonnissent, 2008).
Fig. 1 – Chronological chart for the pre-Columbian period in the Antilles archipelago (after Rouse, 1992; Boomert, 2000; Petersen
et al. 2004; Bonnissent, 2008).
216
Dominique Bonnissent et al.
O
C
xi
500 km
E
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N
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Ca
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M
du
Golfe
N
B
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Floride
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I
Haïti
Porto Rico
P e
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t
e
Jamaïque
n
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i
l
l
Saint-Martin
s
e
Monserrat
Antigua
Guadeloupe
r
Honduras
Dominique
d
e
s
C
a ï b e s
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Martinique
Sainte-Lucie
Saint-Vincent
Aruba
Nicaragua
Curaçao
A n t i l l e s
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A
M
Grenade
N
EA
OC
Bonaire
Margarita
Tobago
Trinidad
C
PA
IF
Venezuela
IQ
UE
NO
RD
: voies migratoires durant la période précéramique
Fig. 2 – La Caraïbe, les Grandes et les Petites Antilles.
Fig. 2 – The Caribbean, Greater and Lesser Antilles.
Gra
6
Baie 10
Lon
gu
Pic du Paradis
424 m
11
4
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MARIGOT
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le
2000
Baie de
l'Embouchure
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Quartier d'Orléans
2
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Rambaud
12
7
9
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Mullet Beach
3
Hope Hill
Pointe des Pierres à Chaux
8B
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Friar's Bay
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5
1
Ilet Pinel
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Terres
Basses
Grandes Cayes
e
Baie d
Baie aux
Cailles Pointe du Bluff
Rouge
Anse
Marcel
ri
ie
Collectivité
d'Outre-mer
de Saint-Martin
Baie O
1 : Etang Rouge, 3318 à 827 av. J.-C.
2 : Pont de Sandy Ground, 2544 à 1093 av. J.-C.
3 : Norman Estate, 2445 à 760 av. J.-C.
4 : Baie Nettlé, 2400 à 2140 av. J.-C.
5 : Trou David, 1954 av. J.-C. à 29 apr. J.-C.
6 : Lot 73, 1930 à 870 av. J.-C.
7 : Salines d’Orient, 1925 à 1430 av. J.-C.
8 : Belle Créole, 1906 à 1706 av. J.-C.
9 : Pointe du Bluff, 1567 à 1260 av. J.-C.
10 : Baie Longue 2, 1500 à 1290 av. J.-C.
11 : Hope Hill, 1343 à 1090 av. J.-C.
12 : Baie Orientale 1, 790 av. J.-C. à 70 apr. J.-C.
Ba
2005
Baie de Petites Cayes
Sites mésoindiens
Si
ms
Simson
onb
aai
Lower Prince's
Quarter
Cul de Sac
Madame
Koolbay
District
B
a
Salt Pond
y
Sint-Maarten,
Antilles Néerlandaises
Etang aux Huîtres
1995
Upper Prince's
Quarter
Guana Bay
Cole Bay
PHILIPSBURG
Great Bay
Cay Bay
0
Little Bay
5 km
485
490
Fig. 3 – Localisation des gisements mésoindiens de l’île de Saint-Martin.
Fig. 3 – Location of the Archaic Age sites on the island of Saint-Martin.
Pointe Blanche
495
500
217
KIA28815
KIA28108
KIA28116
KIA28115
KIA28121
KIA28123
KIA28119
KIA28124
Beta190805
KIA28114
KIA28126
KIA28127
KIA28112
KIA28120
KIA28125
KIA28117
KIA28111
KIA28113
KIA28118
KIA28110
KIA28109
Erl-9066
Erl-9065
GrN20159
GrN20157
GrN20158
Beta41782
Beta224793
Beta224792
Beta261095
Erl-9074
Erl-9073
Erl-8235
Beta390244
Beta390243
Beta361281
Beta390241
Beta361282
Beta390242
Beta390240
Beta361278
Beta390239
Beta361279
Beta361280
Beta361273
Beta361277
Erl-9071
Erl-9072
Lyon-7578
Erl-9064
Beta187936
Beta187937
Lyon-9190
Beta146427
Beta145372
Beta146425
Beta146424
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
2000 av. J.-C.
5
2
3000 av. J.-C.
Étang Rouge 1
Étang Rouge 3
1
3500 av. J.-C.
3
Baie Orientale 1
12
11
Lot 73
6
2500 av. J.-C.
Salines d’Orient
Belle Créole
Pointe du Bluff
Baie Longue 2
Hope Hill
1500 av. J.-C.
Trou David 1
Trou David 2
1000 av. J.-C.
Baie Nettlé
années cal i br ées (2 σ )
500 av. J.-C.
Norman Estate 2
0
Norman Estate 1
Pont de Sandy Ground 2
Pont de Sandy Ground 1
500 ap. J.-C.
9
10
8
7
4
1 : numéro de site reporté sur la carte de l’île
Fig. 4 – Datations radiométriques en années calibrées des gisements mésoindiens de Saint-Martin (2 σ, 95 % de probabilité). La
correction de l’effet réservoir global a été effectuée pour les échantillons de coquilles marines.
Fig. 4 – Calibrated radiometric dating of the Archaic Age sites of Saint-Martin (2 σ, 95% probability). The marine reservoir effect
correction is applied to marine shell.
Les occupations mésoindiennes ont été localisées au
centre de la plage de Baie Rouge, sur le cordon littoral
qui isole l’Étang Rouge de la mer (ig. 5). La Baie Rouge
est une longue plage de sable de 1,5 km, interrompue à
l’ouest et à l’est par des formations rocheuses. Dans la
zone intertidale, émergent des bancs de grès de plage
ou beach rock formant des dalles inclinées indiquant un
ancien trait de côte. Derrière les sables de plage holocènes, afleurent des tufites et calcaires siliceux attribués
à la formation éocène de Pointe-Blanche (Westercamp
et Tazieff, 1980 ; Dagain et al., 1989). Ce secteur géographique offre plusieurs biotopes exploitables, les ressources marines du littoral et celles de l’Étang Rouge
puis juste au sud celles du Grand Étang de Simsonbaai
(ig. 6). Le gisement est connu par plusieurs interventions
préventives, des diagnostics et des fouilles qui ont permis
de délimiter son extension à la section du cordon sableux
situé entre la mer et l’Étang Rouge (Bonnissent, 2003a,
2005 et 2008 ; Martias, 2005 ; Romon et al., 2008).
La séquence stratigraphique d’Étang Rouge 1 et 3,
d’une amplitude de 6 m, est exceptionnelle et datée entre
le IVe et le Ier millénaire avant notre ère, soit une durée
de près de 2 500 ans (Bonnissent, 2008). Le gisement
consiste en une succession d’aires de campements réparties sur l’arrière du cordon sableux (ig. 7). Les vestiges
correspondent à des niveaux coquilliers, des aires de
combustion, des produits de débitage des industries sur
pierre, sur coquille et sur corail. Les traces d’occupation
s’étendent sur presque 400 m le long du cordon dunaire.
Ce dernier est constitué d’une accumulation de niveaux
de sables d’origine marine et éolienne qui forment un
bourrelet de 6 m d’altitude parallèle au rivage, dont les
couches suivent un pendage de 8 à 11 % vers l’étang
selon un axe nord-sud (Bertran, 2005). Les vestiges ont
été retrouvés sur le lanc sud du cordon côté étang, entre
25 et 60 m en arrière du rivage (Bonnissent et al., 2005).
Côté mer, un front d’érosion vertical, caractéristique des
marées de tempête, en particulier à l’occasion d’épisodes
cycloniques (Paskoff, 1985), a provoqué la destruction
des couches archéologiques. Ce phénomène d’érosion est
fossilisé dans les coupes par des apports sableux postérieurs, redéposés après les phases érosives. La séquence
stratigraphique est marquée par quatre principales phases
de pédogenèse : la dernière correspond au sol actuel, les
trois autres à des paléosols enfouis (Bertran, 2005).
Les vestiges d’occupation identiiés dans la séquence
forment en plan des aires de supericie et de densité très
variables. En coupe, elles se présentent sous la forme de
nappes de vestiges de faible épaisseur parfois dispersées
verticalement dans le sable. Il s’agit essentiellement de
restes coquilliers résultant d’actes de consommation,
d’aires de combustion et de quelques éléments d’industries.
218
Dominique Bonnissent et al.
N° lab.
Site
Échantillon
Date BP
Date calibrée 2σ
Calibration
Référence
Beta146424
Baie Orientale 1
Charbon
2020 ± 40
110 av. J.-C. à 70 ap.
J.-C.
IntCal 98
Bonnissent et al.,
2001
Beta146425
Baie Orientale 1
Charbon
2270 ± 40
400 à 340 et 320 à
210 av. J.-C.
IntCal 98
Bonnissent et al.,
2001
Beta145372
Baie Orientale 1
Charbon
2420 ± 40
760 à 620 et 590 à
400 av. J.-C.
IntCal 98
Bonnissent et al.,
2001
Beta146427
Baie Orientale 1
Lobatus gigas
2850 ± 60
790 à 450 av. J.-C.
IntCal 98, Marine 98
Bonnissent et al.,
2001
Lyon-9190
(SacA28825)
Hope Hill
Lobatus gigas
3310 ± 35
1343 à 1090 av. J.-C.
OxlCal v4.1.7, Marine 05
cet article
Beta187937
Baie Longue 2
Charbon
3140 ± 40
1500 à 1360 et
1360-1320 av. J.-C.
Beta Analytic, Intcal 98
Bonnissen,t 2008
Beta187936
Baie Longue 2
Lobatus gigas
3450 ± 40
1450 à 1290 av. J.-C.
Beta Analytic, Intcal 98,
Marine 98
Bonnissent, 2008
Erl-9064
Pointe du Bluff
Lobatus gigas
3463 ± 48
1567 à 1260 av. J.-C.
OxlCal v3.10, Marine 04
Bonnissent, 2008
Lyon-7578
Belle Créole
Strombe, lame
3810 ± 30
1906 à 1706 av. J.-C.
OxlCal v4.1.7, Marine 05
Yvon, 2009
Erl-9072
Salines d’Orient
Lobatus gigas
3614 ± 48
1735 à 1430 av. J.-C.
OxlCal v3.10, Marine 04
Bonnissent, 2008
Erl-9071
Salines d’Orient
Lobatus gigas
3747 ± 50
1925 à 1588 av. J.-C.
OxlCal v3.10, Marine 04
Bonnissent, 2008
Beta361277
Lot 73
Lobatus gigas
3120 ± 30
1010 à 870 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta361273
Lot 73
Lobatus gigas
3150 ± 30
1060 à 900 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta361280
Lot 73
Lobatus gigas
3330 ± 30
1310 à 1160 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta361279
Lot 73
Lobatus gigas
3390 ± 30
1380 à 1240 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta390239
Lot 73
Lobatus gigas
3390 ± 30
1390 à 1225 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta 361278
Lot 73
Lobatus gigas
3520 ± 30
1500 à 1390 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta390240
Lot 73
Codakia orbicularis
3540 ± 30
1535 à 1410 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta390242
Lot 73
Codakia orbicularis
3550 ± 30
1555 à 1420 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta361282
Lot 73
Codakia orbicularis
3750 ± 30
1810 à 1650 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta390241
Lot 73
Codakia orbicularis
3580 ± 30
1600 à 1445 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta361281
Lot 73
Lobatus gigas
3830 ± 30
1900 à 1740 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta390243
Lot 73
Codakia orbicularis
3820 ± 30
1895 à 1735 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Beta390244
Lot 73
Codakia orbicularis
3850 ± 30
1930 à 1765 av. J.-C.
Marine 13
Cet article
Erl-8235
Trou David 2
Os humain (tibia)
2070 ± 50
204 av. J.-C. à 29 ap.
J.-C.
OxlCal v3.10, IntCal/04,
Marine 04
Bonnissent, 2008
Erl-9073
Trou David 1
Lobatus gigas
3507 ± 48
1614 à 1315 av. J.-C.
OxlCal v3.10, Marine 04
Bonnissent, 2008
Erl-9074
Trou David 1
Charbon
3517 ± 43
1954 à 1738 av. J.-C.
OxlCal v3.10, IntCal/04
Bonnissent 2008
Beta261095
Baie nettlé
Lobatus gigas
4150 ± 40
2400 à 2140 av. J.-C.
IntCal 04, Marine 04
Serrand, 2009
Beta224792
Norman Estate 2 Charbon
2610 ± 40
820 à 760 av. J.-C.
IntCal 04
Bonnissent, 2008
Beta224793
Norman Estate 2 Lobatus gigas
3240 ± 60
1280 à 940 av. J.-C.
IntCal 04, Marine 04
Bonnissent, 2008
Beta41782
Norman Estate 1 Strombe, lame
3580 ± 90
2145 à 1685 av. J.-C.
IntCal 98, Marine 98
Hénocq et Petit, 1998
GrN20158
Norman Estate 1 Strombe
3590 ± 50
2195 à 1895 av. J.-C.
IntCal 98, Marine 98
Knippenberg, 1999a
GrN20157
Norman Estate 1 Strombe
3730 ± 30
2345 à 2140 av. J.-C.
IntCal 98, Marine 98
Knippenberg, 1999a
GrN20159
Norman Estate 1 Strombe
3780 ± 40
2445 à 2180 av. J.-C.
IntCal 98, Marine 98
Knippenberg, 1999a
Erl-9065
Sandy Ground 1
Strombe, lame
3338 ± 48
1417 à 1093 av. J.-C.
OxlCal v3.10, Marine 04
Bonnissent, 2008
Erl-9066
Sandy Ground 2
Strombe, lame
4203 ± 50
2544 à 2188 av. J.-C.
OxlCal v3.10, Marine 04
Bonnissent, 2008
Tabl. 1 – Datations 14C des gisements mésoindiens de Saint-Martin. La correction de l’effet réservoir marin a été appliquée aux
coquilles marines.
Table 1 – Radiocarbon dating of the Archaic Age sites of Saint-Martin. The marine reservoir effect correction is applied on marine
shell.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
219
N° lab.
Site
Échantillon
Date BP
Date calibrée 2σ
Calibration
Référence
KIA28118
Étang Rouge 1
Charbon
2951 ± 52
1316 à 1003 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
KIA28117
Étang Rouge 1
Charbon
3095 ± 23
1414 à 1366 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
KIA28109
Étang Rouge 1
Lobatus gigas
3105 ± 30
1025 à 827 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent, 2008
KIA28110
Étang Rouge 1
Lobatus gigas
3185 ± 30
1151 à 919 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent, 2008
KIA28125
Étang Rouge 1
Charbon
3235 ± 26
1530 à 1432 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
KIA28113
Étang Rouge 1
Lobatus gigas
3320 ± 30
1342 à 1115 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent, 2008
KIA28120
Étang Rouge 1
Charbon
3366 ± 27
1694 à 1601 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
KIA28111
Étang Rouge 1
Lobatus gigas
3380 ± 40
1409 à 1186 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent, 2008
KIA28127
Étang Rouge 1
Charbon
3429 ± 35
1781 à 1678 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
KIA28126
Étang Rouge 1
Charbon
3447 ± 26
1780 à 1686 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
Beta190805
Étang Rouge 1
Charbon
3490 ± 40
1910 à 1700 av. J.-C.
IntCal 98
Bonnissent, 2008
KIA28124
Étang Rouge 1
Charbon
3598 ± 29
1984 à 1881 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent 2008
KIA28119
Étang Rouge 1
Charbon
3655 ± 25
2055 à 1943 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
KIA28123
Étang Rouge 1
Charbon
3684 ± 27
2142 à 2008 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent, 2008
KIA28112
Étang Rouge 1
Lobatus gigas
3775 ± 30
1871 à 1670 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent, 2008
KIA28114
Étang Rouge 1
Lobatus gigas
3800 ± 30
1889 à 1690 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent 2008
KIA28121
Étang Rouge 1
Charbon
3828 ± 27
2351 à 2197 av. J.-C.
Calib rev 4.3, OxlCal v3.9
Bonnissent 2008
KIA28115
Étang Rouge 1
Strombe, lame
4275 ± 30
2549 à 2335 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent 2008
KIA28116
Étang Rouge 1
Lobatus gigas
4505 ± 35
2862 à 2632 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Bonnissent, 2008
KIA28108
Étang Rouge 3
Lobatus gigas
4770 ± 40
3260 à 2926 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Martias, 2005
KIA28815
Étang Rouge 3
Lobatus gigas
4830 ± 40
3318 à 3033 av. J.-C.
Calib rev 5.0.2, Marine
04.14c
Martias, 2005
Tabl. 1 (suite et in) – Datations 14C des gisements mésoindiens de Saint-Martin. La correction de l’effet réservoir marin a été
appliquée aux coquilles marines.
Table 1 (end) – Radiocarbon dating of the Archaic Age sites of Saint-Martin. The marine reservoir effect correction is applied on
marine shell.
La séquence stratigraphique est donc composée de
couches sableuses stériles, intercalées avec des niveaux
d’occupations plus ou moins étendus en plan selon les
périodes.
On identiie quatre principales phases d’occupations.
La première est datée entre 3300 et 2600 av. J.-C. en
années calibrées, d’après trois datations qui sont parmi
les traces d’occupation les plus anciennes disponibles
à ce jour dans l’archipel des Petites Antilles (ig. 4).
Durant cette première phase les rares éléments lithiques
(quatre pièces) attestent de la taille de la pierre (roches
volcaniques, calcaire) ainsi que l’exploitation de Lobatus
(Strombus) gigas, le plus grand gastéropode marin des
Antilles (entre 20 et 30 cm de longueur pour un adulte),
utilisé à la fois pour la consommation alimentaire et pour
l’obtention de lames sur coquilles taillées dans le labre.
La présence de pierres chauffées et de charbons associés
à des coquilles entières de Lobatus gigas pourrait témoigner de la cuisson des mollusques.
Durant la phase 2, déinie entre 2600 et 2150 av. J.-C.,
les premières aires de combustion sont attestées et vraisemblablement utilisées pour la cuisson de coquillages
ain de faciliter l’ouverture des bivalves et l’extraction de
la chair des gastéropodes. C’est au début de cette phase
que la plus ancienne lame sur coquille est datée entre
2549 et 2335 av. J.-C. en années calibrées (ig. 8). Les
quelques éléments lithiques (cinq pièces) sont réduits à
une petite meule ou polissoir, des galets utilisés ou non et
un éclat en tufite (Fouéré, 2005). Les choix alimentaires
semblent se porter sur les gastéropodes Lobatus gigas et
Cittarium pica (Serrand, 2005). Les vestiges sont interprétés comme des aires de campement sporadiques et le
site apparaît alors peu fréquenté.
Durant la phase 3 datée entre 2150 et 1550 av. J.-C.,
les traces d’occupations sont plus denses et certaines
pratiques se généralisent. Les aires de combustion en
fosse, dont les braseros, apparaissent caractéristiques
et sont probablement en relation avec la cuisson des
220
Dominique Bonnissent et al.
N
N
B
5 km
a
i
e
Site d'Etang Rouge
R
o
u
g
e
Etang Rouge
Grand Etang de Simsonbaai
250 m
N
Fig. 5 – Localisation du site d’Étang Rouge sur un cliché IGN de 1954.
Fig. 5 – Location of the Étang Rouge site on the 1954 IGN aerial photography.
plage de
Baie Rouge
cordon sableux
site
Etang Rouge
Fig. 6 – Emplacement du site d’Étang Rouge sur le cordon littoral.
Fig. 6 – Location of the Étang Rouge site on the offshore sandbar.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
221
cordon littoral
dunaire
Sud
Nord
4m
vers Etang Rouge
2m
B'
D
E
F
0m
Plage de Baie Rouge
C
B
Fronts d'érosion
des marées de tempête
G
beach rock
Mer des Caraïbes
6m
H
-2 m
sol et palésols
niveaux mésoindiens
Fig. 7 – Section cumulée des dépôts du cordon d’Étang Rouge.
Fig. 7 – Cumulative sequence of the sandbar deposits at Étang Rouge.
Fig. 8 – Étang Rouge, lame sur coquille de strombe géant
(Lobatus gigas), phase 2.
Fig. 8 – Étang Rouge, tool made out of a shell of queen conch
(Lobatus gigas), phase 2.
mollusques. Des foyers plats sont également présents
ainsi que des épandages de pierres rubéiées. La majorité des aires de combustion apparaît en relation avec
la chauffe de pierres pour la cuisson des coquillages
(ig. 9). Les moyens de subsistance sont toujours axés
sur la consommation de mollusques et particulièrement
sur les bivalves Arca zebra, Codakia orbicularis et
Pinctada imbricata, même si Lobatus gigas est parallèlement exploité (Serrand, 2005). L’industrie lithique,
guère plus documentée que pour les phases précédentes (douze pièces), comprend quelques galets, des
roches volcaniques débitées et un bloc de calcédoine
testé (Fouéré, 2005). On remarque la présence de blocs
d’argile et de nodules d’oxydes de fer, dont l’utilité
nous échappe. Les aires de campement apparaissent
ponctuelles et sont réoccupées à différentes reprises,
comportement qui apparaît symptomatique des communautés mésoindiennes. La densité des vestiges pourrait traduire une fréquentation plus régulière du site
par rapport aux phases 1 et 2 comme en témoignent les
nombreuses aires d’activités qui ont été découvertes.
La phase 4, déterminée entre 1550 et 800 av. J.-C.,
correspond à la plus grande densité des occupations, au
point qu’il devient impossible d’individualiser des aires
d’activités dans certaines zones du gisement formées
alors par de grandes nappes de coquilles d’Arca zebra
(ig. 10). Les aménagements anthropiques comptent plusieurs types d’aires de combustion : une fosse de cuisson
s’apparentant au type « four polynésien », des braseros,
des foyers plats, des épandages de pierres rubéiées et un
calorifère (ig. 11). Ces aires de combustion apparaissent
en relation avec la cuisson d’Arca zebra (Serrand, 2005).
Les restes coquilliers sont retrouvés sous la forme d’aires
de rejets individualisées ou de niveaux très étendus en
partie remobilisés. En effet, certaines aires d’occupation et en particulier les deux principales couches à Arca
zebra, ont subi des remaniements post-dépositionnels
attribués à deux principaux facteurs, le passage de lux
d’eau sur le cordon littoral (Bertran, 2005) et la multiplication des occupations due à la fréquentation du site
(Bonnissent, 2008). Ces agents ont gommé le détail
des aires d’activités limitant l’étude de l’organisation
spatiale sur une partie du gisement. L’accumulation de
coquilles d’Arca zebra relète des pics de fréquentation
du gisement, les populations revenant régulièrement à cet
222
Dominique Bonnissent et al.
Fig. 11 – Étang Rouge, roche calorifère, phase 4.
Fig. 11 – Étang Rouge, heating rocks, phase 4.
Fig. 9 – Étang Rouge, aire de cuisson et de consommation de
coquillages, phase 3.
Fig. 9 – Étang Rouge, shell cooking and shell consumption
area, phase 3.
emplacement y exploiter cette espèce. La consommation
alimentaire est donc toujours axée sur les bivalves dont
Arca zebra, aux côtés d’autres espèces moins représentées
(Serrand, 2005). Cette phase, la plus dense du point de
vue de l’occupation, a livré une industrie lithique conséquente (278 pièces) où dominent les silex, débités sans
grand schéma opératoire à la percussion directe au percuteur dur. La fonction des produits recherchés, des éclats
Fig. 10 – Étang Rouge, couches à aile-de-dindon (Arca zebra), phase 4.
Fig. 10 – Étang Rouge, layers containing turkey wing ark
clam molluscs (Arca zebra), phase 4.
de petit module, n’est pas interprétée. Les roches volcaniques et calcaires sont surtout présentes sous forme de
galets, dont certains utilisés comme percuteurs. On note la
présence de meules ou polissoirs et de possibles lames de
haches retrouvées très altérées (ig. 12). Elles pourraient
attester du polissage de la pierre (Fouéré, 2005). L’industrie sur coquille a révélé quelques lames et des produits de
débitage qui indiquent que des activités de façonnage ont
eu lieu sur le site (Serrand, 2005). Parallèlement, des fragments de coraux utilisés sont associés aux aires de campement. Durant cette phase 4, l’occupation du site apparaît
beaucoup plus dense et les activités industrielles sont plus
représentées que dans les phases précédentes. Ces observations pourraient indiquer que les activités se diversiient
et que les modalités d’occupation du site ont changé :
campements de plus longue durée incluant, en plus des
activités de consommation, la production d’outils.
Les assemblages de vestiges documentés tout le long
de la séquence stratigraphique d’Étang Rouge permettent
Fig. 12 – Étang Rouge, lames de haches en pierre altérée,
phase 4.
Fig. 12 – Étang Rouge, axe blades made from altered rock,
phase 4.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
de suivre l’évolution des pratiques mésoindiennes qui
apparaissent de prime abord relativement homogènes. On
perçoit cependant des variations dans le choix des mollusques collectés, dans les aménagements anthropiques et
en particulier dans les types d’aires de combustion ainsi
que dans l’outillage lithique plus sophistiqué au cours du
Ier millénaire avant notre ère. La répétition des mêmes
activités à cet emplacement durant plus de 2000 ans en
fait un site spécialisé dans l’exploitation des bivalves et,
en particulier, Arca zebra.
Le complexe d’Étang Rouge apparaît majeur pour
la connaissance des occupations mésoindiennes dans
les Petites Antilles car il a livré une séquence stratiiée
et polyphasée, la seule séquence documentée sur près de
2500 ans dans les Petites Antilles.
Pont de Sandy Ground 1 et 2
Ce site est connu par du mobilier remonté lors du dragage d’une passe artiicielle ouverte à l’emplacement du
Pont de Sandy Ground, édiié dans le cordon littoral de
223
la Baie Nettlé dans la partie occidentale de l’île (ig. 3).
Ce secteur, aujourd’hui comblé par d’épais remblais
urbanisés qui s’étendent sur le Grand Étang de Simsonbaai, était autrefois formé d’un cordon sableux d’une
largeur d’environ 250 m, d’après la carte IGN de 1954
(Bonnissent, 2008). Un cliché IGN effectué la même
année montre que la Baie Nettlé est constituée d’une
série de cordons sableux emboîtés (ig. 13). Ce type
de formation est lié aux accumulations successives de
sable sur le littoral à l’occasion des marées de tempêtes,
provoquant un déplacement du trait de côte vers la mer,
modèle géomorphologique mis en évidence pour la baie
Nettlé (Todisco, 2009) et la baie Orientale sur la côte
opposée de l’île (Bertran, 2001 et 2013). La progradation du rivage permet de dater en chronologie relative
les cordons sableux, les plus éloignés du trait de côte
actuel étant les plus anciens. Une restitution du secteur
permet de situer approximativement les vestiges remontés par dragage sur les plus anciens cordons d’après
l’emplacement de l’actuel Pont de Sandy Ground. Le
mobilier provient des bordures de la passe artiicielle
N
5 km
zones actuellement remblayées
vers
igot
Mar
cordon sableux
N
Pa
ie
Cor
s
don
Pont de
Sandy Ground
ific
iell
e
site
sa
e
bl
ux
8
a
t
art
Grand Etang de
Simsonbaai
D2
0
B
N
e
sse
é
tl
250 m
Fig. 13 – Localisation du Pont de Sandy Ground sur le cordon de la Baie Nettlé (cliché réserve naturelle de Saint-Martin).
Fig. 13 – Location of the Pont de Sandy Ground site on the Baie Nettlé sandbar (photo Saint-Martin natural reserve).
224
Dominique Bonnissent et al.
creusée dans le cordon. Il correspond à des lames sur
coquille et des préformes, des percuteurs sur galets et
deux galets sphériques à connotation symbolique ornés
d’une profonde rainure formant une ellipse désaxée non
fonctionnelle et des coquilles de Lobatus gigas, d’Arca
zebra et de quelques autres espèces (Hénocq et Petit,
1998) fréquemment consommées durant la période
mésoindienne. Les datations par le radiocarbone de
deux lames sur coquille révèlent au moins deux phases
d’occupation distinctes entre 2544 à 2188 av. J.-C. pour
Pont de Sandy Ground 2 et 1417 à 1093 av. J.-C. pour
Pont de Sandy Ground 1 (Bonnissent, 2008).
Bien que le cadre stratigraphique de ce gisement ne
soit pas précisé, les corrélations entre le contexte géomorphologique, le mode d’occupation intermittent, les
productions sur pierre, sur coquille et les datations radiométriques attestent de l’appartenance de ce gisement
à la période mésoindienne. L’écart d’âge observé entre
les deux outils sur coquille datés, soit près de mille ans,
permet d’envisager plusieurs phases d’occupation à cet
emplacement, schéma caractéristique des implantations
mésoindiennes.
Norman Estate 1, 2, 3
Ce gisement mésoindien est repéré dans la partie nordouest de l’île, dans la plaine de Grand-Case, entre le lit
de la ravine Caréta qui alimente la lagune du même nom
et la route nationale 7 (ig. 3). Le site a fait l’objet de plusieurs campagnes de recherches sur trois aires de campement dénommées Norman Estate 1, 2 et 3, (Hénocq
et Petit, 1998 ; Knippenberg, 1999a ; Bonnissent, 2008).
Distantes de plusieurs centaines de mètres, il s’agit
de trois concentrations de restes de consommation,
coquilles marines et faune vertébrée, ainsi que de produits de débitage sur pierre et sur coquille. Elles sont
documentées par des sondages à la tarière, de petits
sondages de quelques m² et des coupes (Knippenberg,
1999a ; Bonnissent, 2008).
Norman Estate 1 est l’occupation la plus dense et
la plus étendue. Elle couvre une supericie d’environ
120 m2 de part et d’autre de la route nationale 7 (ig. 14).
La séquence stratigraphique a livré un principal niveau
d’occupation peu enfoui, entre 0,15 et 0,40 m sous le sol
actuel (Knippenberg, 1999a). Il est constitué de restes de
coquilles marines et d’industrie lithique. L’étude de la
malacofaune montre une exploitation axée sur les bivalves
et en particulier sur Arca zebra (Brokke, 1999) ; la faune
vertébrée est représentée pour l’essentiel par des restes de
poissons de récifs (Nokkert, 1999). Trois datations absolues ont fourni des résultats entre 2445 et 1895 av. J.-C.
en années calibrées (Knippenberg, 1999a). Une lame sur
coquille de Lobatus gigas, retrouvée à la surface de cette
concentration lors de prospections, avait fourni un résultat
de 2145 à 1685 av. J.-C. (Hénocq et Petit, 1998).
La concentration Norman Estate 2, localisée à 400 m
plus au sud, a révélé un niveau archéologique diffus, situé
entre 0,10 et 0,30 m sous le sol actuel. Il contient des fragments de coquilles marines très altérées d’Arca zebra, de
Codakia orbicularis et de Lobatus gigas, des vertèbres de
poissons, quelques fragments de corail et des charbons
de bois. Une lame sur coquille a été retrouvée en surface.
Les datations radiométriques fournissent un résultat entre
1280 et 940 av. J.-C. et un second entre 820 et 760 av. J.-C.
(Bonnissent, 2008), indiquant que le niveau archéologique
s’est formé à la suite d’occupations mésoindiennes de
chronologies différentes. Ces vestiges s’avèrent également plus récents que ceux de Norman Estate 1.
Enin, la concentration Norman Estate 3 est située à
environ 100 m au sud de Norman Estate 1 et n’est pas
calée en chronologie absolue. Les déchets alimentaires
y sont peu abondants et associés à des éclats de silex
(Brokke, 1999 ; Knippenberg, 1999b).
L’étude paléoenvironnementale réalisée pour la lagune
de Grand-Case a permis de documenter le contexte géomorphologique de ce secteur correspondant à une ancienne
vallée submergée par la remontée du niveau de la mer
durant l’Holocène (Bertran et al., 2004). Ainsi, l’analyse
géomorphologique suggère qu’avant la fermeture de la
lagune, celle-ci fut une crique ouverte sur la mer jusque
vers 2500 av. J.-C., avant son colmatage progressif lié à la
formation du cordon littoral. Sa supericie devait correspondre globalement à celle de la lagune que l’on distingue
sur le cliché IGN de 1954 (ig. 14) et il est probable qu’elle
ait pu être le lieu de collecte des principaux bivalves
consommés, en particulier Arca zebra, les occupations
étant alors proches de la mer (Bonnissent et al., 2007).
Le gisement a donc été fréquenté par différents
groupes mésoindiens qui y ont répété des pratiques similaires, essentiellement la consommation de bivalves et
de poissons. Ces communautés se sont implantées aux
abords de la ravine Caréta, fournissant de l’eau douce,
non loin de la lagune de Grand-Case alors en partie
ouverte sur la mer et représentant un milieu de vie privilégié pour le bivalve Arca zebra. Ces coquillages ont pu
être collectés dans ce secteur alors beaucoup plus proche
que les rivages marins actuels. La présence de charbons
de bois suggère la probable réalisation d’aires foyères,
peut-être en relation avec la cuisson des mollusques.
Baie Nettlé
Le gisement de Baie Nettlé occupe, dans la partie occidentale de l’île, le cordon littoral qui sépare la Baie Nettlé
du Grand Étang de Simsonbaii (ig. 3). Ce large cordon
d’environ 250 m est composé de sables biogènes, soit des
particules d’algues calcaires. Long de 3 km, son altitude
ne dépasse pas 3 m. Le gisement a été reconnu par un
diagnostic préventif portant sur une supericie de plus de
5 hectares (Serrand, 2009). Le contexte géomorphologique est le même que celui décrit plus haut pour le site
du Pont de Sandy Ground implanté à l’extrémité orientale
de la baie. L’étude des séquences stratigraphiques illustre
la construction du cordon littoral par progradation de sa
face externe vers la mer sur le rivage de la Baie Nettlé
(Todisco, 2009). Des vestiges d’occupations mésoindiennes suivent la géométrie de l’un des plus anciens cordons (ig. 15).
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
La séquence type montre, à la base, des sables beiges à
grisâtres, le plus souvent positionnés sous la nappe phréatique. Ils sont recouverts par des sables bruns correspondant
à un paléosol mis en place lors d’une phase de développement de végétation sur le paléocordon littoral. Ce paléosol atteint une épaisseur maximale de 60 cm et contient
des vestiges archéologiques. Côté mer il est tronqué
par un front d’érosion marqué par des sables beiges jaunâtres qui l’ont recouvert. Le pendage de ces niveaux de
sable en direction de la mer illustre les phases successives d’édiication du cordon tandis que les troncatures
d’érosion sont vraisemblablement dues à des houles de
forte énergie liées à des épisodes de tempêtes (Buynevich et al., 2004 ; Dougherty et al., 2004). En revers du
cordon, les pendages en direction de la lagune s’apparentent à des dépôts d’overwash, dépôts de sables dus
au vent et aux vagues qui franchissent le cordon lors des
225
épisodes de tempêtes et déposent des sédiments en arrière
(Nummedal et al., 1980 ; Elliott, 1986). La construction
du cordon résulte donc en majeure partie de l’empilement
de couches successives déposées par les tempêtes et le
processus d’overwash. Les niveaux sableux plus grossiers relèteraient quelques événements majeurs, séparés
par des périodes de plus faible énergie, de construction de
dunes embryonnaires et de (re)conquête végétale. C’est
ce dont témoigne l’horizon humifère, le paléosol, qui correspond à une période sans évolution géomorphologique
signiicative. Son enfouissement par les dépôts sableux et
sa troncature signalent, quant à eux, une reprise d’événements d’énergie importante.
Le paléosol a été détecté sur toute la longueur de la parcelle explorée, soit 270 m sur une bande étroite de 20
à 30 m, à une altitude moyenne de 0,5 m. Il a livré de
petites concentrations de densité variable, assez disper-
cordon littoral sableux
N
Lagune de Grand-Case
Delta
Na
tio
na
le
7
5 km
250 m
R a
v i
n e
C a
r é
t a
N
Norman Estate 1
Norman Estate 3
Norman Estate 2
Fig. 14 – Les occupations de Norman Estate dans la plaine de Grand-Case sur un cliché IGN de 1954 (d’après Knippenberg,
1999a ; Bonnissent, 2008).
Fig. 14 – The occupations at Norman Estate in the Grand-Case plain on the 1954 IGN aerial photography (after Knippenberg,
1999a; Bonnissent, 2008).
226
Dominique Bonnissent et al.
Fig. 15 – Localisation du site de Baie Nettlé sur un cliché
IGN de 1952.
Fig. 15 – Location of the Baie Nettlé site on the 1952 IGN
aerial photography.
N
N
N
5 km
Baie Nettlé
sées, composées de coquilles correspondant à des restes
de consommation dont Arca zebra, Lobatus gigas, différentes espèces d’huîtres et de palourdes ainsi que des
éléments liés au débitage et au façonnage des labres de
Lobatus gigas. On note également la présence d’éléments
lithiques dont du silex taillé (Serrand, 2009). Ce mobilier
et les caractéristiques d’occupation associés à une datation au radiocarbone de 2400 à 2140 av. J.-C. en années
calibrées (ig. 4), suggèrent que le gisement est composé
d’occupations mésoindiennes similaires à celles observées à Étang Rouge à la même période (Serrand, 2009).
mer
Trou David
Le site de Trou David 1 est localisé sur la péninsule des
Terres Basses, au sud de la Baie aux Cailles (ig. 3). Les
extrémités de cette baie sont délimitées par des formations rocheuses. Au sud, le Trou David, une curiosité
naturelle, communique avec la mer par l’intermédiaire
d’une arche rocheuse naturelle. Les traces d’occupation
de Trou David 1 ont été repérées à une cinquantaine de
mètres, sur un replat situé à 1,80 m au-dessus de l’actuel niveau marin (ig. 16). La couche archéologique est
discontinue et se suit dans la coupe naturelle du terrain
Grand étang
de Simsonbaii
50m
emprise du diagnostic
emprise du paléosol et des vestiges mésoindiens
Fig. 16 – Emplacement des sites de Trou David 1 et 2, Pointe
du Bluff et Belle Créole sur un cliché IGN de 1954.
Fig. 16 – Location of the Trou David 1 and 2, Pointe du Bluff
and Belle Créole sites on the 1954 IGN aerial photography.
Pointe du Bluff
site Trou David 2
N
site Trou David 1
N
Trou David
Baie aux Cailles
5 km
site Pointe du Bluff
Baie Rouge
Morne aux Cabris
Pointe des Pierres
à Chaux
site Belle Créole
Grand Etang de Simsonbaai
Baie Nettlé
200 m
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
ment repéré dans ce secteur (Sypkens-Smit et Versteeg,
1988 ; Haviser, 1995).
Trou David 2 correspond à un fragment de diaphyse
de tibia humain, partiellement fossilisé, retrouvé à la surface du sol dans le secteur de Trou David 1 (ig. 16). La
proximité de ce reste humain avec le gisement mésoindien offrait la possibilité qu’il puisse être rattaché à cette
période, aucune sépulture mésoindienne n’étant connue
sur l’île. Daté par le radiocarbone, il a fourni le résultat
de 204 av. J.-C. à 29 apr. J.-C. en années calibrées qui se
situe dans la période charnière où l’île est à la fois fréquentée par des groupes mésoindiens et occupée par les
premiers agriculteurs-potiers (Bonnissent, 2008). Aussi,
il est dificile d’attribuer ce reste humain isolé au Mésoou au Néoindien, les deux périodes étant représentées sur
l’île durant cette plage temporelle.
sur une vingtaine de mètres de longueur en bordure du
massif rocheux. La séquence stratigraphique se décompose en trois principaux horizons. De la base au sommet, on observe le socle rocheux du type « formation de
Pointe Blanche » (Westercamp et Tazieff, 1980), puis un
sédiment sablo-limoneux caillouteux comportant un in
niveau coquillier et au sommet un lambeau de dune formé
de sable beige clair. Le niveau archéologique correspond
à un lit de coquilles d’environ 0,10 m d’épaisseur où les
espèces suivantes ont été identiiées par ordre d’abondance : Arca zebra pour l’essentiel, Lobatus gigas et
Cittarium pica. On note la présence de coquilles brûlées,
de charbons et d’un nucléus en silex. Les traces d’exploitation du feu sont probablement liées à des activités alimentaires.
Deux datations par le radiocarbone effectuées sur un
charbon et sur une coquille de Lobatus gigas provenant
du niveau archéologique ont livré les résultats de 1954 à
1738 av. J.-C. et 1614 à 1315 av. J.-C. en années calibrées
(Bonnissent, 2008). Ces datations indiquent la présence
d’au moins deux occupations différées dans le temps à
cet emplacement. Bien que les données disponibles pour
ce gisement soient succinctes, les datations absolues et
la nature des vestiges permettent d’attribuer ces très probables reliefs de consommation à des groupes mésoindiens collecteurs de coquillages. Ce site est peut-être en
rapport avec un dépôt de lames sur coquille ancienne-
N
B aie
au
u
Pr
x
ne
227
Lot 73
Comme nous l’avons déjà mentionné, le sondage 1 fut
réalisé dans une zone dans laquelle nous avions observé
de petites marques ovales lors de la prospection géophysique. Nous avons distingué les unités stratigraphiques
(US) suivantes (ig. 4 et ig. 6) :
Implanté sur le haut de plage de la partie nord de
Baie Longue (ig. 17), sur la péninsule des Terres Basses
(ig. 3), le site du Lot 73 a fait l’objet d’un diagnostic et
s
N
Pointe du
Canonnier
5 km
Plateau calcaire
Lot 73
B
Baie Longue 2
ai
e
L
o
n
Grand Etang
g
u
e
250 m
Fig. 17 – Localisation des sites du Lot 73 et de Baie Longue 2 sur un cliché IGN de 1954.
Fig. 17 – Location of the Lot 73 and Baie Longue 2 sites on the 1954 IGN aerial photography.
228
d’une fouille préventive (Bonnissent, 2012 et à paraître).
Les vestiges sont localisés à l’emplacement d’un ancien
cordon dunaire dont le contexte géomorphologique
montre qu’il a migré vers l’intérieur des terres depuis la
in de l’Holocène, au fur et à mesure de la remontée du
niveau de la mer. La zone des recherches correspond à
une supericie de 250 m². Un total de 330 m² a été fouillé
manuellement sur plusieurs niveaux (ig. 18). Trois phases
d’occupations orientées sur l’exploitation de la faune
marine ont été identiiées sur l’arrière du cordon sableux,
sachant qu’une quatrième phase plus tardive est attribuée
au Néoindien. Une chronologie de plus de 1000 ans, calée
entre 1930 et 870 av. J.-C. en années calibrées (ig. 4),
retrace les pratiques culturelles de collecteurs de coquillages mésoindiens. La séquence sédimentaire est relativement homogène sur la parcelle, bien qu’elle soit plus
ou moins dilatée ou tronquée selon l’emplacement sur
le cordon littoral. On observe une alternance de niveaux
stériles de sable beige d’apport marin et éolien, grossier
et meuble, de paléosols brun clair constitués de sables
indurés intercalés de quatre principaux niveaux coquilliers, le dernier datant du Néoindien. Cette séquence primaire est perturbée côté mer par un épais niveau de sable
beige, très meuble, comportant des déchets de maçonnerie et des dalles de beach rock roulées par la mer. Cette
masse sableuse forme une troncature en biseau à l’avant
du cordon littoral. D’une épaisseur d’au moins 2 m, elle
correspond au dépôt du cyclone Lenny de catégorie 4 qui
a ravagé l’île de Saint-Martin en 1999 et en particulier la
plage de Baie Longue. Les occupations précolombiennes
situées en dessous du front d’érosion ont donc été irrémédiablement détruites comme le montrent les niveaux
inférieurs de la fouille.
L’étude stratigraphique et chronologique du site permet de déterminer trois principales phases d’occupation
mésoindienne. La phase 1, datée par quatre datations au
radiocarbone entre 1930 et 1650 av. J.-C. en années calibrées, correspond aux premiers bivouacs. Le niveau de
campement le plus ancien est constitué d’aires de cuisson et de consommation de palourdes, essentiellement
l’espèce Codakia orbicularis (ig. 19). Ces bivalves
Fig. 18 – Le site du Lot 73 en cours de fouille.
Fig. 18 – Excavation in progress at Lot 73.
Dominique Bonnissent et al.
étaient ouverts et cuits au contact de la chaleur puis leurs
coquilles vides étaient rejetées autour de l’aire de cuisson après consommation. Les coquilles forment deux
principaux amas associés à des charbons et des cendres.
Quelques autres espèces de coquillages ont été exploitées
dont des huîtres Isognomon alatus et Pinctada imbricata
et le gastéropode Lobatus gigas. Cette dernière espèce
a livré quelques éléments d’industrie : des labres débités et deux préformes retrouvées dans un dépôt. Celui-ci
témoigne d’une pratique classique dans ce contexte où
les communautés mésoindiennes enfouissaient des objets
dans de petites fosses, y compris des outils inis et de la
matière première, vraisemblablement en vue d’une réutilisation. Ce niveau comportait un second dépôt anthropique de dix-neuf petits galets blancs et calibrés, mesurant entre 4,5 et 7,5 cm et portant tous un encroûtement
carbonaté et des altérations suggérant qu’ils ont séjourné
dans la mer. L’interprétation de ce dépôt reste délicate, il
pourrait s’agir de galets de lest, alors seuls vestiges d’un
hypothétique ilet de pêche abandonné avec ses poids.
Cette première phase d’occupation est scellée par un
dépôt sableux d’une épaisseur de 0,10 à 0,20 m.
Fig. 19 – Lot 73, aire de cuisson et de consommation de palourdes blanches (Codakia orbicularis), phase 1.
Fig. 19 – Lot 73, Cooking and consumption area of tiger lucines (Codakia orbicularis), phase 1.
Les campements mésoindiens de la phase 2 sont
calés entre 1600 et 1160 av. J.-C. en années calibrées
par sept datations radiométriques. Il s’agit de l’occupation la plus dense du site (ig. 20). Le niveau a été
dégagé sur une supericie de 250 m² et se compose
d’une succession d’aires d’activités axées sur la cuisson
et la consommation de palourdes, Codakia orbicularis.
L’emprise des différentes aires de consommation et de
rejets est délimitée par les concentrations de coquilles
qui jouxtent systématiquement une aire de cuisson
cendreuse et charbonneuse. Elles ne sont pas forcément
toutes contemporaines comme l’indiquent les datations
radiométriques. Ce niveau est constitué d’un sable grisnoir et dont la concentration en charbons et en coquilles
varie selon l’emplacement sur l’aire d’occupation. Si
l’espèce phare est toujours la palourde, dont les sites de
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
229
Phase 2 (1600 à 1160 BC)
palourde (Codakia orbicularis)
strombes (Strombus gigas, Strombus costatus)
burgo (Cittarium pica)
huître (Pteria colymbus, Isognomon alatus)
lame ou préforme sur coquille
lithique divers
galet
silex
bloc
éclat de lame sur pierre
ocre
Y
Sondage
diagnostic
T1
oxydes de manganèse
corail
fosses de combustion et aires cendreuses
10
0.70 m
0.69 m
F21
0.63 m
0.69 m
0.72 m
0.75 m
gros charbons
F16
concentrations de coquilles
11
0.73 m
amas de débitage
négatifs
0.81 m
0.67 m
F 19
F5, F6, F7bis, F20, F21 : aire de rejets de consommation de Codakia orbicularis
F32 : aire de rejets de consommation de Cittarium pica
12
F 20
F7
F4, F15, F19 : amas de débitage de strombes
0.82 m
F 25
F 7bis
0.80 m
F16, F18 : petit amas de rejets de coquilles d’huîtres
F7, F8, F17, F22, F23, F24, F25 : aire ou fosse de combustion
13
F 23
F 22
F26 : bloc de roche altérée
F 15
F9, F10 : négatifs
0.82 m
0.82 m
0.76 m
0.87 m
0.86 m
14
F8
0.81 m
F 26
0.84 m
F 18
15
0.89 m
0.83 m
0.79 m
0.88 m
F 17
F 32
16
0.91 m
0.86 m
0.95 m
0.84 m
F6
F9
F4
0.87 m
17
F 10
1.02m
0.92 m
18
1.01 m
0.99 m
F5
19
1.08 m
1.11 m
F 24
20
99
tégorie 4,
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21
20
19
18
17
16
15
21
14
13
12
11
10
9
8
7
6
Fig. 20 – Lot 73, carte de répartition du mobilier, aire de campement de la phase 2.
Fig. 20 – Lot 73, distribution map of the archaeological material, phase 2 settlement area.
collecte devaient être proches, quelques autres espèces
sont aussi exploitées comme les huîtres Isognomon alatus et Pinctada imbricata, le lambi Lobatus gigas, le
burgo Cittarium pica et les nérites. La faune vertébrée,
très peu abondante, correspond essentiellement à des
restes de poissons de récifs. Des fragments de crustacés
complètent le cortège des espèces fauniques exploitées
pour la subsistance.
De petites concentrations de fragments de coquilles
de Lobatus gigas correspondent à des déchets de débitage et de façonnage issus de la chaîne opératoire de
la fabrication de lames. L’industrie lithique est composée de nombreux galets en roches volcaniques locales,
basaltes et andésites, avec ou sans trace d’utilisation.
Ces roches ont été également débitées sous la forme de
petits éclats épais et courts tout comme le silex. Trois
galets se distinguent par une extrémité qui présente une
surface totalement plane et polie (ig. 21). Une enclume
sur beach rock et deux éclats de lames de hache polie,
l’un en basalte et l’autre en cherto-tufite complètent
l’assemblage. Le mobilier lithique est dispersé sur toute
la zone d’occupation sans distribution particulière au
regard des aires d’activités. Le corail, généralement
exploité pour ses qualités abrasives est ici pratiquement
absent.
Si plusieurs aires de combustion, identiiées grâce
aux traces charbonneuses, apparaissent liées à la
cuisson des mollusques, certains petits foyers ont eu
vraisemblablement d’autres fonctions, domestiques
ou techniques. Les remplissages de deux fosses de
combustion révèlent que des coquillages tels que les
strombes ont été jetés dans le feu et calcinés, apparemment comme « coquilles de chauffe », pratique qui
constitue l’une des spéciicités de ce site (Bonnissent,
2014 et à paraître).
La carte de répartition du mobilier montre dans la
partie orientale du niveau d’occupation une zone pauvre
en coquilles, centrée autour d’une fosse de combustion
(ig. 20). Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de
cet espace vide, soit un nettoyage de la zone autour du
foyer en repoussant les coquilles sur les côtés, soit des
effets de parois induits par la présence de matières périssables ayant bloqué les rejets, ou les deux effets cumulés.
Ces indices suggèrent la présence d’aménagements sommaires réalisés lors des bivouacs, peut-être des huttes.
L’interprétation spatiale de ces aires de campement
mésoindiennes est plus complexe qu’il n’y paraît car les
bivouacs successifs se superposent en partie les uns aux
autres. Cette seconde phase d’occupation est scellée par
un épais dépôt sableux.
230
Dominique Bonnissent et al.
Fig. 21 – Lot 73, galet à surface plane.
Fig. 21 – Lot 73, pebble with a plane surface.
La phase 3, datée entre 1060 et 870 av. J.-C. par deux
datations absolues, est peu dense et axée sur l’exploitation
des strombes, les palourdes étant toujours représentées.
Une aire de cuisson de strombe géant (Lobatus gigas)
a été dégagée aux côtés de quatre amas de débitage de
coquilles de cette même espèce. Ces amas se présentent
sous la forme de petits tas de coquilles fragmentées résultant de la fabrication d’outils sur coquille. Cette phase est
isolée de la suivante par des sables stériles.
Les données acquises sur le site du Lot 73 conirment
le schéma observé à cette période, soit des campements
côtiers installés près des biotopes où abonde l’une des
espèces de malacofaune exploitable.
Salines d’Orient
Le gisement est implanté à Baie Orientale sur la façade
atlantique, dans la partie nord-est de l’île (ig. 3). Il est localisé sur l’un des plus anciens cordons sableux de la baie
dont le contexte géomorphologique a été étudié dans le
cadre d’interventions préventives (Bonnissent et al., 2001
et 2006). Le littoral est formé d’une série de cordons parallèles, constitués de sables déposés à la suite de tempêtes
durant la in de l’Holocène (Bertran, 2001 et 2013). Il s’agit
là du même type de formation que celle observée pour le
cordon littoral de la Baie Nettlé évoqué plus haut. La présence de trois sites précolombiens d’âges différents dans
la Baie Orientale permet de dater la formation des cordons
successifs (ig. 22). Le site le plus ancien correspond à celui
de Salines d’Orient, découvert sur l’un des cordons les plus
éloignés du rivage actuel : il est daté entre 1925 et 1430
av. J.-C. en années calibrées (Stouvenot, 2006). En avant,
à environ 150 m, on rencontre le gisement mésoindien de
Baie Orientale 1, plus récent et daté entre 800 av. J.-C. et
100 apr. J.-C. en années calibrées. Enin, à une centaine de
mètres en avant, se trouve l’occupation de Baie Orientale 2
attribuée au Néoindien et datée entre 740 et 960 apr. J.-C. en
années calibrées (Bonnissent, 2008 et 2013).
Le sommet du cordon de Salines d’Orient s’élève actuellement à seulement 0,60 m au-dessus du niveau d’eau de
l’étang. Le site couvre une supericie d’environ 120 m de
longueur sur une dizaine de mètres de largeur et s’étend
selon la coniguration linéaire de l’ancien haut de plage
(Stouvenot, 2006). Les deux sondages réalisés révèlent une
séquence sédimentaire identique. On observe, de la base
au sommet, un sable vert clair à composante organique et
à abondantes tufites roulées provenant d’alluvions torrentielles, puis un sable beige clair également à tufites roulées et à quelques coquilles, un sable gris-roux à rares tufites roulées qui forme la base d’un paléosol et concentre
la majorité des coquilles, un sable roux correspondant à
un paléosol et comportant quelques coquilles à la base, le
tout est surmonté d’un remblai sableux récent. Le niveau
archéologique est peu enfoui, les coquilles sont dispersées
entre 0,25 et 0,55 m sous le sol actuel. Les espèces les plus
représentées numériquement et pondéralement sont Codakia orbicularis dont certaines coquilles sont brûlées, Lobatus gigas et dans une moindre mesure Arca zebra et Cittarium pica (Stouvenot, 2006). L’ensemble des coquilles
résulte vraisemblablement d’actes de consommation.
L’outillage est rare, on note cependant la présence de
fragments de columelles de strombes fracturées de façon
intentionnelle et d’une valve d’Arca zebra qui présente
une usure non naturelle, en biais sur un bord. Il pourrait
s’agir d’un outil d’économie ayant fait ofice de racloir. Le
mobilier lithique est anecdotique avec trois éclats de tufite, un galet chauffé et un éclat de silex de taille centimétrique (Stouvenot, 2006). Deux datations par le radiocarbone ont fourni des résultats qui se distribuent entre 1925
à 1588 av. J.-C. et 1735 à 1430 av. J.-C. (Stouvenot, 2006).
Le gisement de Salines d’Orient était donc situé en bordure de rivage durant l’occupation mésoindienne ; il en
est actuellement éloigné de plus de 400 m, compte tenu
de l’évolution géomorphologique de la baie. Il s’agit
donc d’une occupation côtière où la principale activité a
semble-t-il été liée à la consommation de palourdes et de
strombes ; les premières étaient peut-être collectées dans
la zone lagunaire de Salines d’Orient, les seconds dans
les herbiers de la Baie Orientale.
Belle Créole
Le site a été découvert lors d’un diagnostic effectué sur
la péninsule des Terres Basses (ig. 3), à la Pointe des
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
231
N
B
N
a
ie
O
Baie Orientale 2
Néoindien 740-960 apr. J.-C.
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n
5 km
ta
le
Baie Orientale 1
Mésoindien 800 av. J.-C.-100 apr. J.-C.
Salines d'Orient
Mésoindien 1925-1430 av. J.-C.
Sal i n e s
250 m
d'Orient
Fig. 22 – Localisation des sites précolombiens de la Baie Orientale sur un cliché IGN de 1954.
Fig. 22 – Location of the Baie Orientale pre-Columbian sites on the 1954 IGN aerial photography.
Pierres à Chaux, au lieu-dit la Belle Créole (ig. 16). Les
traces d’occupation ont été rencontrées à l’occasion d’un
sondage, à environ 2 m de profondeur dans une couche
d’argile grise. Le niveau est formé de restes de consommation, coquilles de Lobatus gigas et d’Arca zebra, ainsi
que d’éléments de la chaîne opératoire du façonnage
d’outils sur coquille : labres débités, déchets de taille et
une préforme de lame. Cette dernière, datée par le radiocarbone, a fourni un âge de 1906 à 1706 av. J.-C. en
années calibrées (Yvon, 2009). Ces données permettent
de conclure à une occupation mésoindienne.
Pointe du Bluff
Cette occupation est située dans la partie ouest de l’île, sur
la presqu’île que forme la Pointe du Bluff à l’extrémité de
la Baie aux Cailles (ig. 3). Cette presqu’île, constituée
d’un petit morne dont le sommet atteint 27 m d’altitude,
est reliée à la Baie aux Cailles par l’intermédiaire d’un
double cordon sableux isolant, au milieu, un petit étang
(ig. 16). C’est en contrebas du morne, sur un replat situé à
environ 2 m au-dessus du niveau actuel de la mer, que les
vestiges ont été découverts (Stouvenot et Hénocq, 1999).
Le site est constitué d’un unique niveau coquillier. Les
données connues pour cette occupation se limitent aux
observations effectuées dans la coupe naturelle du talus.
Le niveau archéologique constitue une strate d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur et repose sur le substratum rocheux. On y distingue une concentration dense de
coquilles d’Arca zebra, scellée dans un sédiment argileux
rouge, probables restes de consommation. Un fragment
de Lobatus gigas retrouvé dans le niveau à Arca zebra
a fourni une datation de 1567 à 1260 av. J.-C. en années
calibrées (Bonnissent, 2008).
Cette occupation forme une sorte de pendant à celle
de Trou David 1, située à l’autre extrémité de la Baie aux
Cailles. Ces deux occupations présentent des similitudes
du point de vue de leur datation et de la nature des dépôts
constitués pour l’essentiel de restes de consommation
d’Arca zebra. Elles signalent peut-être les vestiges d’un
grand gisement occupant alors l’ancienne plage de la
Baie aux Cailles dont la partie centrale est aujourd’hui
détruite par la remontée du niveau de la mer comme l’a
montré l’étude géomorphologique (Bonnissent, 2008).
Baie longue 2
Le gisement est localisé à l’extrémité occidentale de
l’île, dans la partie sud de la péninsule des Terres Basses,
sur la plage de Baie Longue (ig. 3). Le contexte géomorphologique a été décrit plus haut pour le site du Lot 73,
implanté sur la même plage à environ 200 m au nord
(ig. 17). L’occupation de Baie Longue 2 est donc repérée plus au sud dans la portion centrale de la plage où
le cordon dunaire isole en arrière un étang. Les niveaux
archéologiques ont été relevés à une altitude de 6 à 7 m
au-dessus du niveau actuel de la mer et le sommet du
cordon atteint 10 à 11 m. Ces données sont intéressantes
232
Dominique Bonnissent et al.
à comparer avec celles du Lot 73, localisé à seulement
200 m au nord, et dont le sommet culmine à moins de
4 m d’altitude. Bien que le contexte géomorphologique
soit le même, la portion du cordon située en avant de
l’étang a été soumise à une accrétion plus importante.
En effet, les dunes bordières des plages de Baie Rouge et
de Baie Longue présentent une ligne de crête creusée de
vallons façonnés par les vents dominants. Ainsi, dans ce
contexte, il n’y a pas de correspondance entre l’altitude
des occupations et leur datation à plusieurs dizaines de
mètres de distance (Bonnissent, 2008).
Les vestiges dessinent une concentration de forme
oblongue longue d’environ 80 m et large de 30 m, parallèle au rivage, limitée en somme à la largeur du cordon
littoral (Bonnissent, 2003b). La séquence stratigraphique
a été relevée sur une amplitude de 4 m de hauteur. On
identiie à la base des sables beiges stériles surmontés
d’un niveau sableux induré, légèrement grisé du fait de
la présence de cendres et de particules charbonneuses. Il
comporte essentiellement des coquilles entières et fragmentées, de petits charbons et du silex. Ce niveau, scellé
par un dépôt de sable beige stérile, est surmonté par un
second niveau archéologique, également caractérisé par
un sable grisé et induré comportant des coquilles, du
silex débité et des charbons de bois. La séquence se termine par un épais niveau de sable beige stérile correspondant au dépôt du cyclone Lenny (cf. Lot 73), puis par
une série de remblais. Les espèces reconnues dans les
niveaux d’occupation sont, par ordre d’abondance, les
gastéropodes Lobatus gigas, Nerita peloronta et Nerita
versicolor, et les bivalves Codakia orbicularis, Arca
zebra et Chama sp. L’espèce cible est Lobatus gigas,
actuellement présente dans les herbiers au large de Baie
Longue.
Comme la majorité des coquilles de strombes a été
retrouvée entière et non perforée et que certaines portaient
des traces de brûlure, on en déduit que les coquillages ont
été cuits au contact de la chaleur ain d’extraire la chair
pour leur consommation, comme l’atteste également la
présence de charbons. Cette pratique a été clairement
mise en évidence sur le site plus tardif de Baie Orientale 1
(Bonnissent et Serrand, 2013). Ainsi, les restes coquilliers
de Baie Longue 2 résultent d’activités de consommation
et la répartition des vestiges révèle le caractère ponctuel
des occupations. Les éléments en silex correspondent à
une dizaine de pièces, un probable nucléus et des éclats
portant des traces d’utilisation. Deux datations radiométriques réalisées sur des échantillons récoltés dans le niveau
archéologique inférieur ont livré un résultat entre 1500 à
1320 av. J.-C. et un second entre 1450 à 1290 av. J.-C.
en années calibrées (Bonnissent, 2008).
Hope Hill
Les traces d’occupation ont été découvertes sur un
replat situé à 200 m d’altitude sur le lanc oriental de
Hope Hill, l’un des hauts sommets de l’île (ig. 3). Cette
occupation est très peu décrite, il s’agit de vestiges
fauniques, coquilles marines et restes d’exosquelettes
de crabes retrouvés avec des fragments d’outils sur
coquille. Une datation 14C effectuée sur l’une des lames
a livré un résultat de 1343 à 1090 av. J.-C. en années
calibrées (ig. 4). Le site surplombe toute la Baie Orientale et la haute mer jusqu’à l’île voisine de SaintBarthélemy. Bien que très peu documentée, cette occupation témoigne des incursions mésoindiennes dans
l’intérieur des terres d’où son importance car il s’agit
de la seule implantation d’altitude, éloignée de la mer,
connue à Saint-Martin.
Baie Orientale 1
Ce grand gisement est situé dans la partie orientale de
l’île, dans la baie du même nom, sur la façade atlantique (ig. 3). Il a fait l’objet de recherches préventives
sur près de six hectares : un diagnostic, une évaluation
et une fouille (Bonnissent, 2000 et 2001 ; Bonnissent et
Romon, 2000). Le site correspond à des aires de campement qui forment une longue bande d’occupation sur le
sommet d’un ancien cordon sableux, alors en bordure de
rivage. Les occupations y sont datées entre 790 av. J.-C.
et 70 apr. J.-C. en année calibrées (ig. 4). Ce grand
gisement a marqué une avancée considérable dans la
connaissance des communautés mésoindiennes car il est
le premier des Antilles à avoir été fouillé en aire ouverte
sur une supericie de plus de 500 m². Ces recherches ont
permis d’accéder à une vision spatiale des occupations
et à la découverte de tout un pan complètement ignoré
de la culture mésoindienne. En effet, la lecture spatiale
des aires de campement, alors totalement inédite pour la
région, a révélé des aménagements anthropiques et des
chaînes opératoires inconnues liées à la fois aux activités
de consommation et de production d’outils et d’objets
(Bonnissent, 2013).
Le contexte géomorphologique de la Baie Orientale
correspond à une succession d’anciens cordons sableux qui
suivent la courbe du fond de la baie (ig. 22). Ils résultent
de l’engraissement progressif de la plage par des sables
déposés par les tempêtes et les vents dominants durant
l’Holocène, provoquant une migration du trait de côte qui
a conditionné les implantations humaines successives.
Ainsi, le site mésoindien de Baie Orientale 1, aujourd’hui
en retrait d’environ 200 m du rivage, était alors installé en
bordure de mer sur le haut de plage, actuellement fossilisé sous la forme d’un cordon sableux en retrait (Bertran,
2013). L’occupation mésoindienne de Salines d’Orient
décrite plus haut, antérieure à celle de Baie Orientale 1 et
datée entre 1925 et 1430 av. J.-C., est donc positionnée sur
l’un des plus anciens cordons de la baie, tandis que celle
du site néoindien de Baie Orientale 2 plus récente, datée
entre 740 et 958 apr. J.-C., se situe sur un cordon en avant
du gisement de Baie Orientale 1.
Le site s’organise en une succession d’aires de campement où les principales activités sont orientées vers
l’exploitation des mollusques et en particulier Lobatus
gigas, pour des motivations d’ordres alimentaires et techniques. Les activités de subsistance sont matérialisées
par des foyers, des épandages de pierres chauffées et des
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
aires de cuisson et de consommation de coquillages. Il
a été démontré que les coquillages, essentiellement des
gastéropodes, sont cuits dans leur coquille sur des lits de
pierres chauffées extraites de foyers adjacents, sortes de
grils permettant de contrôler au mieux les températures
de cuisson très rapides selon les espèces (Bonnissent et
Serrand, 2013). Bien que l’acte de consommation détruise
en partie les aires de cuisson, il n’en reste pas moins des
niveaux de pierres chauffées sur et autour desquels ont
été retrouvées des concentrations de coquilles regroupées
par espèces. Ces rebuts de consommation révèlent donc
une cuisson différenciée. Quelques crustacés sont également exploités dans l’alimentation ainsi que des poissons
de récifs, dont la rareté des témoins osseux paraît liée à
une conservation différentielle des ossements (Grouard,
2013a).
Si l’exploitation alimentaire de Lobatus gigas vise
majoritairement les juvéniles, des adultes au labre développé ont également été sélectionnés et consommés, leur
coquille étant par la suite exploitée pour la fabrication
d’outils (Serrand, 2013). En effet, de petites concentrations de coquilles fracturées dont les remontages ont
montré l’absence des labres, sont interprétées comme
des amas de débitage. Les lames sur coquille façonnées
à partir des labres, sont retrouvées, tout comme les outils
inis et les préformes, dans les 8 dépôts en fosse identiiés sur le site, alors que les outils inutilisables sont abandonnés sur l’aire d’occupation. Un unique dépôt lithique
contenait des objets aux formes insolites à caractère certainement symbolique, ainsi que des blocs préparés de
matières premières. Ces éléments étaient soigneusement
empilés et séparés par une plaque d’argile (Bonnissent,
2013).
Contrairement à l’exploitation des coquillages qui a
laissé des aménagements anthropiques lisibles, la répartition spatiale des matières lithiques ne montre pas d’agencement spéciique, les éléments étant retrouvés éparts sur
toute l’aire d’occupation, à l’exception de l’unique dépôt.
L’industrie lithique apparaît cependant plus diversiiée
dans les productions et les matériaux exploités : les techniques utilisées sont le débitage par percussion directe,
souvent sur enclume, le bouchardage et le polissage ;
les matières premières utilisées sont le silex, les roches
volcaniques et volcano-sédimentaires et les calcaires
(Stouvenot et Randrianassolo, 2013). La production
consiste essentiellement en petits éclats de silex parmi
lesquels les outils sont rares, plusieurs petits perçoirs sont
identiiés. Les pièces exceptionnelles du dépôt lithique
sont réalisées dans une roche provenant de l’île de SaintBarthélemy, un calcaire dont la résistance moyenne interdit toute utilisation fonctionnelle (ig. 23 et ig. 24). Une
ébauche de pendeloque sur un petit galet noir allongé,
constitue l’unique élément de parure connu pour cette
période (ig. 25). Des mortiers ou vases en pierre, seuls
contenants mis au jour, sont les premiers à être réellement
datés en contexte mésoindien dans l’archipel (ig. 26).
L’industrie lithique compte également des meules ou
polissoirs et des galets, utilisés ou non comme percuteurs
et enclumes (Fouéré et Chancerel, 2013).
233
Le corail, exploité pour ses qualités abrasives, a dû
être utilisé à des ins spéciiques comme l’indique le
choix orienté sur deux principales espèces de coraux
branchus : Acropora palmata et Acropora cervicornis.
Les éléments les plus caractéristiques sont des tronçons
de branches qui portent des traces d’abrasion résultant
de leur utilisation, peut-être dans les derniers stades de
la chaîne opératoire de production d’outils sur coquille
(Bonnissent et Mazeas, 2013).
L’étude de ce gisement a non seulement permis de
déinir le mode de vie des sociétés mésoindiennes mais
il sert également d’archétype et d’outil méthodologique pour déchiffrer des occupations similaires dont
les contextes sont plus lacunaires. Les groupes humains
installés sur le littoral disposaient des ressources marines
nécessaires à leur alimentation et à la fabrication de lames
sur coquille. Il est très probable que ces lames sur coquille
aient servi, entre autres, à travailler le bois brut ou préalablement carbonisé pour en faciliter le travail, comme cela
est décrit dans les processus de fabrication d’embarcations
monoxyles. Étant donné le mode de vie nomade des communautés mésoindiennes et l’importance numérique des
dépôts de lames, il est supposé que cette production et son
stockage sont en relation avec un atelier dédié à la fabrication et à l’entretien des embarcations (Bonnissent, 2013).
LES HUMAINS, LEURS ACTIVITÉS
ET L’ENVIRONNEMENT
DANS LE CONTEXTE RÉGIONAL
Analyse chronologique des occupations
mésoindiennes dans les Petites Antilles
Ain d’appréhender les relations entre les humains, leurs
activités et l’environnement, la maîtrise du cadre chronologique s’avère essentielle pour une étude diachronique.
La séquence établie d’après les douze gisements de l’île
de Saint-Martin permet d’esquisser les grandes lignes du
peuplement (ig. 4). Les occupations de la in du IVe millénaire avant notre ère sont très rares avec une seule
occurrence pour le site d’Étang Rouge, un lit de coquilles
et d’éléments lithiques découverts à - 0,6 m sous le niveau
actuel de la mer. Ȧ partir du IIIe millénaire avant notre
ère l’île semble plus visitée avec quatre occurrences mais
c’est au IIe millénaire qu’elle apparaît la plus fréquentée
avec onze occurrences. Le Ier millénaire avant notre ère
est marqué par une baisse de la fréquentation, soit cinq
occurrences seulement. Si ces données chronologiques
ne sont biaisées par une connaissance partielle de l’occupation humaine, elles traduisent que l’île est visitée de
façon sporadique au IVe et IIIe millénaires, relativement
fréquentée au IIe millénaire, puis les incursions des communautés mésoindiennes se raréient, voire disparaissent
vers la in du dernier millénaire avant notre ère.
L’analyse de la répartition chronologique des gisements mésoindiens des Petites Antilles relète un schéma
similaire (ig. 27). Concernant les VIe, Ve et IVe millénaires
234
Fig. 23 – Baie Orientale 1, élément bifacial pédonculé sur calcaire noir.
Fig. 23 – Baie Orientale 1, bifacial artefact with peduncle shaped in a black limestone.
Fig. 24 – Baie Orientale 1, élément ancriforme à bord courbe sur calcaire noir.
Fig. 24 – Baie Orientale 1, anchor-shaped piece with curved edge made of black limestone.
Dominique Bonnissent et al.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
Fig. 25 – Baie Orientale 1, ébauche de pendeloque sur galet
en roche volcanique noire.
Fig. 25 – Baie Orientale 1, preform of a pendant shaped in a
black volcanic pebble.
avant notre ère, des occupations ne sont attestées que
sur les îles de Trinidad et Tobago dans un contexte péricontinental très spéciique (Boomert, 2000). Saint-Martin se singularise donc avec la seule occupation du IVe
millénaire en milieu complètement insulaire connue à
235
ce jour. Au cours du IIIe millénaire seuls trois gisements
sont recensés, la Strombus Line à Barbuda (Vésteinsson,
2012 ; Rousseau, 2014), Jolly Beach à Antigua (Davis,
2000) et très récemment la Grotte du Morne Rita à MarieGalante (Fouéré, 2013) ce qui conirme la relative rareté
de ces gisements. Le IIe millénaire retranscrit une occupation du territoire tout à fait comparable à celle observée à Saint-Martin avec une augmentation de la fréquentation des îles attestée par dix-sept gisements datés de
cette période. Le Ier millénaire avant notre ère est ensuite
marqué par une plus faible occurrence de gisements dans
l’archipel, seulement huit.
Il apparaît donc que les populations mésoindiennes
ont commencé à se propager dans les Petites Antilles
entre les VIe et IVe millénaires avant notre ère, qu’elles
s’y développent au cours du IIIe millénaire pour atteindre
leur diffusion maximale au IIe millénaire. Puis, le taux de
fréquentation des îles décline à nouveau durant le Ier millénaire et la disparition des communautés mésoindiennes
apparaît concomitante avec l’arrivée des populations
d’agriculteurs-potiers vers 500 av. J.-C., qui les auraient
supplantées ou intégrées (Bonnissent, 2008). Il est envisagé que le peuplement mésoindien puisse avoir une origine plus ancienne qui ne pourra être attestée que par des
sites de l’intérieur des terres dont les grottes, puisque les
sites côtiers sont maintenant submergés du fait des phénomènes eustatiques, comme c’est le cas au Paléoindien
et au Mésoindien en Floride (Faught, 2004).
Fig. 26 – Baie Orientale 1, fragment de mortier ou vase en roche volcanique.
Fig. 26 – Baie Orientale 1, fragment of a mortar or pot made in a volcanic stone.
236
Dominique Bonnissent et al.
Whitehead's Bluff
Porto Rico
Anguilla
St Thomas
Fort Bay
Plum Piece
Strombus line
River site
Cattle Field
Burton’s Field
Corre Corre Bay
Barbuda
Krum Bay
Saba
Sugar Factory Pier
St Eustache
Hichmans' Shell Heap
St Kitts Nevis
Antigua
Jolly Beach
Montserrat
Burma Quarry
Cano Hondo
Vieques
Saint-Martin
Étang Rouge
Pont de Sandy Ground 1 et 2
Norman Estate 1 et 2
Baie Nettlé
Trou David 1 et 2
Lot 73
Salines d'Orient
Belle Créole
Pointe du Bluff
Baie Longue 2
Hope Hill
Baie Orientale 1
Morel zéro
Porte d'Enfer
Baie du Nord Ouest
Pointe des Pies
Morne Rita
Guadeloupe
Marie-Galante
Dominique
Chronologie des gisements
1000-0 av. J.-C.
2000-1000 av. J.-C.
3000-2000 av. J.-C.
4000-3000 av. J.-C.
5000-4000 av. J.-C.
6000-5000 av. J.-C.
Martinique
Sainte-Lucie
Saint-Vincent
Heywoods
La Barbade
Grenade
Milford
Tobago
Trinidad
Ortoire
Poonah Road
Late Banwari Trace
Early Banwari Trace
200 km
Fig. 27 – Répartition chronologique et géographique des gisements mésoindiens attestés par des datations absolues dans les Petites Antilles (d’après Figueredo, 1974 ; Armstrong, 1978 ; 1980 ; Roobol et Smith, 1980 ; Lundberg, 1991 ; Versteeg et al., 1993 ;
Delvoye, 1994 ; Richard, 1994a et b ; Crock et al., 1995 ; Drewett, 1995 ; Boomert, 2000 ; Davis, 2000 ; Watters, 2001 ; Hofman et
Hoogland, 2003 ; Hofman et al., 2006 ; Wilson, 2010 ; Bonnissent, 2008 ; Vésteinsson, 2012 ; Rousseau, 2014).
Fig. 27 – Chronological and geographical distribution of the Archaic Age sites with absolute dates in the Lesser Antilles (after Figueredo, 1974; Armstrong, 1978 and 1980; Roobol and Smith, 1980; Lundberg, 1991; Versteeg et al., 1993; Delvoye, 1994; Richard,
1994 a and b; Crock et al., 1995; Drewett, 1995; Boomert, 2000; Davis, 2000; Watters, 2001; Hofman and Hoogland, 2003; Hofman
et al., 2006; Wilson, 2010; Bonnissent, 2008; Vésteinsson, 2012; Rousseau, 2014).
Occupation du territoire et facteurs
péloenvironnementaux
Le contexte géographique
La répartition des implantations mésoindiennes sur l’île
de Saint-Martin, tous millénaires confondus, montre que
le littoral est la zone privilégiée avec dix gisements situés
sur la côte, un seul en contexte périlagunaire, Norman
Estate, et un seul dans l’intérieur des terres en altitude,
Hope Hill (ig. 3). Le choix des lieux de campement appa-
raît non seulement guidé par la recherche de ressources
spéciiques mais aussi par une coniguration particulière,
celles des contextes sableux des plages, plus enclins à
accueillir des embarcations, ce qui apparait somme toute
très logique pour des groupes de navigateurs nomades.
Deux autres aspects ont apparemment joué un rôle dans
le choix des implantations, la présence d’un étang sur
l’arrière plage, lieu où des ressources caractéristiques ont
pu être exploitées comme l’eau saumâtre, l’argile, une
certaine lore et faune, et un accès aisé vers l’intérieur
de l’île par une topographie peu accidentée. Ainsi, le lieu
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
privilégié des implantations correspond dans la plupart
des cas au lido.
Tous les gisements mésoindiens connus sont situés
dans la moitié nord de l’île, en partie française, résultats
des moyens mis en œuvre pour leur détection, mais pas
uniquement (ig. 3). Dans le Sud de l’île, mis à part les
deux grands cordons sableux de Simson Bay et de Philipsburg, favorables à l’occupation humaine et maintenant complètement urbanisés, les côtes sont rocheuses,
les anses étroites ou très encaissées rendant l’accès à
l’intérieur des terres plus dificile, certaines plages sont
couvertes de galets. Ces spéciicités ont pu être contraignantes pour des communautés ayant à gérer à la fois des
embarcations et l’accès à l’intérieur de l’île. Les plages
de la moitié nord de l’île offrent beaucoup plus d’intérêts de ce point de vue et c’est également dans le nord
que sont localisées les principales sources d’eau douce
(Bonnissent, 2008).
L’analyse de l’occupation du territoire à l’échelle
des Petites Antilles révèle que les communautés mésoindiennes privilégient également la frange côtière mais cette
partition géographique, doit être nuancée par les rares sites
de l’intérieur des terres. L’exemple de Plum Piece à Saba,
daté du IIe millénaire avant notre ère, témoigne en effet du
pan terrestre de ces économies fondées sur l'exploitation
ponctuelle et cyclique de certaines ressources. Situé à
400 m d’altitude, la majorité de restes consommés correspond à des espèces terrestres (Hofman et Hoogland, 2003).
La grotte du Morne Rita, bien qu’elle se situe sur le littoral, se distingue également par son contexte de cavité où
des restes humains sont attestés au IIIe millénaire avant
notre ère ce qui en fait la plus ancienne sépulture connue
dans les Petites Antilles (Fouéré, 2013). Ce site correspond également à une grotte ornée dont les gravures sont
attribuées par tradition au Néoindien.
Par ailleurs, la quasi absence d’occupations mésoindiennes dans le Sud de l’archipel, mise à part celle de
Heywoods à la Barbade, peut être imputée soit à un déicit de la recherche dans cette région, soit à une migration
directe de Trinidad au Nord des Petites Antilles (Callaghan, 2003 ; Fitzpatrick, 2006).
Ȧ Saint-Martin, les cinquante-six datations au radiocarbone réparties sur les douze gisements connus offrent
la possibilité que les mêmes groupes aient pu fréquenter plusieurs sites de l’île au cours du IIIe et surtout du
IIe millénaire avant notre ère.
Le contexte géomorphologique des gisements
côtiers
Les données acquises sur l’île de Saint-Martin permettent
de déinir les principaux contextes géomorphologiques
des gisements mésoindiens, les cordons sableux, qui
se rencontrent également sur d’autres îles de l’archipel
(ig. 28). Le littoral de Saint-Martin est caractérisé par
une succession de côtes rocheuses, formant ponctuellement de hautes falaises, sur lesquelles vient prendre appui
une série de cordons littoraux plus ou moins longs. Le
sable qui constitue ces cordons est transporté par la dérive
237
littorale et stocké par la houle dans les zones plus protégées. Ainsi, on trouve des côtes sableuses uniquement
dans les rentrants du littoral saint-martinois où les lidos
isolent, en arrière, des lagunes de taille variable.
La position des cordons sableux a changé au cours du
temps en fonction de la remontée du niveau marin depuis
la in du Pléistocène. Leur position actuelle est acquise
assez récemment, lorsque le rythme de remontée du
niveau marin se ralentit fortement, autour de 4000 av. J.-C.
Il est alors situé vers − 2,5 m et se poursuit plus ou moins
régulièrement jusqu’à nos jours (Burney et Pigott-Burney, 1994 ; Toscano et Macintyre, 2003 ; Klosowska
et al., 2004 ; Milliken et al., 2008 ; Anderson et al., 2010
et 2014 ; Kemp et al., 2011).
Les contextes d’occupation sur les littoraux sableux
vont dépendre de plusieurs paramètres liés à la remontée
du niveau marin, au positionnement du cordon sableux et
à son évolution dépendant à la fois de l’importance des
apports sableux par la dérive littorale, de l’orientation
de la houle mais aussi de l’impact des tempêtes. Globalement, deux types de cordons peuvent être distingués :
– les cordons simples surmontés par une dune bordière unique. Ce sont des secteurs où le rapport entre l’apport de sable et son exportation sont globalement équilibrés, voire en léger déicit. Dans ce dernier cas, on assiste
à l’érosion progressive de la partie externe du cordon
et à l’apparition de dalles de grès (beach rock) formées
initialement au cœur du cordon sableux, au niveau du
biseau salé. On les retrouve sur les sites d’Étang Rouge à
Baie Rouge et du Lot 73 à Baie Longue par exemple où
ils matérialisent un recul de la partie externe du cordon
sableux. Ces cordons uniques peuvent aussi caractériser
un contexte transgressif, le lido se déplaçant progressivement vers l’intérieur au fur et à mesure de la remontée du
niveau marin ;
– les cordons complexes, plus larges, sont constitués
d’une succession de lignes de dunes séparées par des
sillons parallèles. Ce dispositif caractérise des cordons
littoraux en engraissement, c’est-à-dire dont le bilan sédimentaire est positif. Ceci s’explique par une orientation
particulière par rapports aux dérives littorales, à la houle
qui favorise l’apport et le stockage sédimentaire mais
aussi au vent qui prélève le sable sur la plage et l’accumule sur le haut de plage sous forme de dunes. La partie
externe du cordon prograde régulièrement en direction de
la mer, laissant une série de dunes bordières emboîtées en
arrière. Elles se succèdent topographiquement et chronologiquement en direction du littoral actuel. Les sites de
Baie Nettlé ou de Baie Orientale sont installés dans ce
type de contexte. Cette progradation peut s’effectuer sur
plusieurs centaines de mètres comme c’est le cas des sites
de Salines d’Orient, puis de Baie Orientale 1 et 2
Formation et altération des gisements
Ainsi, sur les cordons simples, les occupations vont se
superposer les unes aux autres (ig. 28). En effet, le dispositif de plage et d’arrière-plage n’a connu que de faibles
variations latérales et le contexte topographique actuel
238
Sable éolien et overwash
Dépôt de tempête
Sol et paléosols pédologiques
Paléosols archéologiques
Etang Rouge
Dune bordière actuelle
Cal 3318 à 1003 BC
(21 datations)
Plage
5m
tang
dalles de beach rock
Dominique Bonnissent et al.
mer
fronts d’érosion
5m
recul de la dune bordière
Cal 1900 à 870 BC
(13 datations)
5m
front d’érosion
Lot 73
mer
Dépôt cyclonique Lenny
5m
Baie Oientale 1 et 2
Salines d’Orient
5m
recul de la dune bordière
site mésoindien
de Salines d'Orient
Cal 1925 à 1430 BC
(2 datations)
site mésoindien
site néoindien
de Baie Orientale1 de Baie Orientale 2
Cal 790 BC à 70AD Cal 740 à 958 AD
(4 datations)
(3 datations)
mer
étang
100 m
engraissement de la baie par des cordons sableux, migration du trait de côte
site mésoindiende Baie Nettlé
Cal 2400 à 2140 BC
(1 datation)
Baie Nettlé
cordon actuel
cordon actuel
mer
5 m étang
10 m
engraissement de la baie par des cordons sableux, migration du trait de côte
Fig. 28 – Coupes synthétiques des cordons littoraux d’Étang Rouge, Lot 73, Baie Orientale et Baie Nettlé.
Fig. 28 – Synthesized sections of the sandbars at Étang Rouge, Lot 73, Baie Orientale and Baie Nettlé.
est assez proche de celui connu par les Amérindiens. Les
paléosols pédologiques et archéologiques forment donc
des séquences stratigraphiques épaisses et continues
couvrant plusieurs siècles voire plusieurs millénaires.
La géométrie des niveaux archéologiques conirme
bien que l’on a toujours été en contexte d’arrière-plage.
Les niveaux d’occupation sont séparés par des passées
sableuses apportées par le vent ou par les phénomènes
d’overwash lors des tempêtes.
En revanche, du fait de la proximité du littoral, ces
sites sont directement soumis à l’inluence d’évènements
exceptionnels de type marées de tempêtes et marées
cycloniques. Les zones les plus proches du littoral peuvent
alors être détruites par l’érosion. Ce phénomène est bien
visible à Baie Longue sur le site du Lot 73 où les parties
les plus proximales ont été tronquées lors du passage du
cyclone Lenny en 1999. La transgression continue de la
mer est également à l’origine du recul du cordon littoral.
Les anciens niveaux archéologiques sont alors détruits
et seules les parties distales, situées sur l’arrière-plage,
peuvent être enfouies par le phénomène d’accrétion sédimentaire concomitant.
En outre, sur ces cordons simples, l’enfouissement
relativement lent des vestiges rend parfois dificile la distinction entre plusieurs niveaux d’occupation successifs.
Les risques de palimpsestes ne sont pas négligeables.
De plus, la bioturbation est souvent assez importante,
l’arrière-cordon étant colonisé par différentes espèces
végétales dont le raisinier bord de mer et le mancenillier.
La pédogenèse et la bioturbation peuvent alors être responsables de perturbations locales comme la migration de
petits éléments entre les différents niveaux d’occupation.
Sur les cordons complexes, les niveaux d’occupations
sont rarement superposés. En effet, les implantations
amérindiennes se sont déplacées au gré de la progradation
du lido sur la mer. Ȧ défaut d’une stratigraphie verticale,
il est donc nécessaire de faire une étude spatiale du site,
parfois sur une grande surface, ain de pouvoir appréhender une « stratigraphie horizontale ». L’avantage est que
ces sites n’ont subi qu’une inluence directe limitée de la
mer et ont été mis, plus ou moins rapidement, hors d’atteinte des marées de tempêtes ou des marées cycloniques
par la progradation du littoral. Seule la bioturbation et la
pédogenèse sont donc à l’origine de perturbations localisées du fait de leur faible enfouissement, mis à part l’occupation humaine principal facteur de remaniement des
sites lors des réoccupations. En outre, si les relations stratigraphiques ne sont pas toujours aisées à observer, leur
distinction spatiale facilite la caractérisation d’ensembles
homogènes.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
Ainsi, sur l’île de Saint-Martin, les cordons complexes issus de la progradation successive du littoral
combinée au déplacement des occupations, ne favorisent
pas la formation d’amas coquillers. Mais, sur les cordons
simples, moins mobiles et qui ne connaissent qu’une
accrétion sédimentaire verticale, on ne retrouve pas non
plus d’amas. Ici, les niveaux d’occupations se superposent sur plusieurs mètres, séparés par des niveaux de
sable stérile. Cependant, le volume de coquilles ne représente qu’une faible fraction de l’apport sédimentaire et
n’aurait de toutes les façons pas formé d’amas coquillier
à proprement parler. Il apparaît donc que c’est le mode
d’occupation par intermittence qui est essentiellement
responsable de la géométrie des gisements.
Les aménagements anthropiques
Les gisements mésoindiens implantés sur les cordons
littoraux de Saint-Martin présentent tous la même coniguration spatiale, soit une succession d’aires de campement disposées le long des paléorivages, couvrant à la
longue de grandes supericies du fait de la répétition des
occupations. C’est derrière les dunes, où commence à se
développer la végétation littorale offrant des zones
d’ombre, que sont implantés les campements. L’aspect
inédit des recherches conduites à Saint-Martin tient à la
fouille en aire ouverte de ces campements mésoindiens et
à la mise en évidence d’aménagements anthropiques (Bonnissent et al., 2001 et 2006 ; Bonnissent, 2008). Lorsque
les sites archéologiques sont bien conservés, comme c’est
le cas de ceux fouillés en contexte préventif, Étang Rouge,
Lot 73 et Baie Orientale 1, on identiie de nombreux aménagements qui sont mis en relation avec des activités de
subsistance et de production d’outils. Leur étude permet de
déinir les pratiques de ces communautés et d’établir une
typochronologie des aménagements anthropiques.
Les vestiges les plus fréquents sont sans conteste
les aires de cuisson et de consommation de coquillages,
l’exploitation à des ins alimentaires des mollusques étant
récurrente tout au long du Mésoindien à Saint-Martin
(ig. 29). Les aménagements correspondent à des aires
Fig. 29 – Lot 73, aire de campement, phase 2.
Fig. 29 – Lot 73, settlement area, phase 2.
239
de combustion, des foyers plats ou en fosse ayant servi
entre autre à chauffer des pierres, et à des aires de cuisson
constituées de lits de pierres chauffées formant des sortes
de grils sur lesquels étaient disposés les coquillages apparemment agencés par espèces. En effet, bien que l’acte
de consommation détruise en partie l’aire de cuisson, les
rejets différenciés témoignent de cuissons par espèces,
comme l’a conirmé l’expérimentation (Bonnissent et
Serrand 2013). On retrouve sur les sites des épandages
de pierres rubéiées, de cendres et de charbons associés
à des concentrations de coquilles regroupées par espèces
dont certaines sont brûlées (ig. 9). Un seul aménagement
de type « four polynésien » exploité pour la cuisson de
mollusques a été découvert sur le site d’Étang Rouge.
Des braseros correspondent à des fosses de petit diamètre
autour de 0,4 m, peu profondes et creusées dans le sable
(ig. 30). Elles ont servi de réceptacle à du charbon de
bois uniquement, sûrement sous forme de braises, car
leurs limites sont très régulières. Leur fonction est peutêtre liée à la cuisson des mollusques. Des strombes calcinés, identiiés dans des fosses de combustion sur le Lot
73, ont apparemment eu la fonction de pierres de chauffe
(ig. 31). Les calorifères se distinguent des autres aménagements par de petits regroupements de pierres rubéiées, sans charbons ni cendres, indiquant que les pierres
ont été extraites d’aires de combustion (ig. 11 et ig. 32).
Les pierres ont été vraisemblablement collectées encore
chaudes pour une utilisation particulière, interprétation
la plus probable. Ces vestiges indiquent par ailleurs le
déplacement d’éléments et donc un remodelage du campement au fur et à mesure de son occupation. Si la majorité des aires de combustion apparaît en relation avec la
chauffe de pierres pour la cuisson de coquillages, certaines ont sûrement eu des fonctions plus techniques liées
aux propriétés du feu.
La deuxième grande série d’aménagements est liée
à la production d’outils et d’objets, essentiellement sur
coquille. Des amas de débitage de Lobatus gigas sont
identiiés par des concentrations de coquilles fragmentées
d’où les labres, qui servent de support à la fabrication des
Fig. 30 – Étang Rouge, brasero, phase 3.
Fig. 30 – Étang Rouge, brazier, phase 3.
240
Fig. 31 – Lot 73, fosse de combustion, phase 2.
Fig. 31 – Lot 73, iring pit, phase 2.
Fig. 32 – Baie Orientale 1, calorifère.
Fig. 32 – Baie Orientale 1, heating rocks.
Dominique Bonnissent et al.
Fig. 34 – Baie Orientale 1, dépôt de labres de strombe géant
empilés.
Fig. 34 – Baie Orientale 1, deposit of piled up queen conch
lips.
éléments empilés les uns sur les autres, probablement
réunis dans un contenant en matière périssable comme
en témoignent des effets de paroi (ig. 35). Ces dépôts
révèlent une certaine organisation du travail comme l’indique le rangement des lames classées de façon quasisystématique par catégories fonctionnelles, en tous les
cas à la in de la période. Les dépôts lithiques, par comparaison paraissent beaucoup moins fréquents et le plus
spectaculaire est sans conteste celui de Baie Orientale 1
(ig. 36). Réalisé également en fosse, il présente un agencement spéciique en deux niveaux d’objets séparés par
une plaque d’argile. Il contenait uniquement des objets
en pierre à caractère symbolique et des blocs de matière
première. Un dépôt de deux lames en pierre très altérées
est relevé sur le site d’Étang Rouge (ig. 12) et un dépôt
de dix-neuf petits galets blancs a été retrouvé sur le site
du Lot 73, il n’était apparemment pas en fosse. Seule
l’aire de campement de la phase 2 du Lot 73 montre des
espaces vides et des effets de paroi qui pourraient indi-
Fig. 33 – Lot 73, amas de débitage de strombe géant (Lobatus gigas), phase 3.
Fig. 33 – Lot 73, debitage cluster of queen conch (Lobatus
gigas), phase 3.
lames, sont pour la plupart absents (ig. 33). Les labres
débités, les préformes et les lames utilisées ou non, sont
parfois retrouvés dans des dépôts ou « caches », de petites
fosses creusées dans le sable qui ont apparemment servi
de lieu de stockage dans l’optique d’une réutilisation
(ig. 34). Ces dépôts peuvent contenir jusqu’à vingt-deux
Fig. 35 – Baie Orientale 1, dépôt de préformes et de lames
de Lobatus gigas.
Fig. 35 – Baie Orientale 1, deposit of Lobatus gigas preforms
and blades.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
Fig. 36 – Baie Orientale 1, dépôt lithique.
Fig. 36 – Baie Orientale 1, lithic deposit.
quer la présence d’abris ou de huttes, en tous les cas une
réorganisation des rejets de coquilles autour d’un foyer
central (ig. 20).
Du point de vue de la chronologie des aménagements
anthropiques, concernant le IVe millénaire avant notre
ère, il n’y a pas de données disponibles. C’est à partir du
IIIe millénaire sur le site d’Étang Rouge que sont attestées les premières traces d’aires de cuisson de mollusques,
cuits dans leur coquille, au contact de pierres de chauffe,
pratique que l’on retrouvera tout au long de la période et
dont les aménagements sont les plus élaborés et les mieux
conservés sur le site de Baie Orientale 1 au Ier millénaire
avant notre ère (Bonnissent, 2013). Les foyers plats et les
calorifères apparaissent également durant le IIIe millénaire
à Étang Rouge et se rencontrent durant tout le Mésoindien ; seul l’unique four polynésien et les braseros apparaissent spéciiques à ce site. Bien que les plus anciennes
lames sur coquille soient datées autour de 2500 av. J.-C.
à Saint-Martin, le premier dépôt de lames sur coquille
et les premiers amas de débitage retrouvés in situ sont
attestés au début du IIe millénaire sur le site du Lot 73.
Des comparaisons régionales sur l’organisation spatiale
des gisements et sur les aménagements anthropiques ne
peuvent être effectuées du fait de l’absence de fouilles en
aire ouverte visant à récolter ce type d’information.
Modes de prélèvement et de consommation
des ressources alimentaires
L’analyse des ressources exploitées sur les sites côtiers
de Saint-Martin fournit des pistes sur l’organisation des
sociétés mésoindiennes. Les assemblages archéozoologiques sont dominés par les mollusques ; les ensembles
ont été, sur ces sites côtiers, étudiés en détail pour les sites
d’Étang Rouge, Lot 73 et Baie Orientale 1 (Serrand et
Bonnissent, 2005 ; Serrand, 2007 et 2013). Les données
sont moins complètes pour les autres sites, concernés par
des opérations de moindre ampleur.
Ces ensembles traduisent tous la sélection de peu
d’espèces : quelques taxons extraits des fonds sableux à
herbiers, particulièrement le lambi (Lobatus gigas) et les
241
bivalves (Arca zebra, Codakia orbicularis et Pinctada
imbricata) ; s’y ajoute un petit nombre de taxons provenant de la zone médiolittorale rocheuse, en particulier le
burgo (Cittarium pica), les nérites (Nerita peloronta et
Nerita versicolor) et le chiton (Acanthopleura granulata ;
ig. 37). Ces cortèges malacofauniques, très restreints en
regard de la richesse des espèces consommables locales,
est typique des occupations mésoindiennes et tranche avec
la grande diversité des cortèges observés sur les occupations de la période néoindienne suivante. Les restes de
crustacés – dont la langouste souvent représentée – sont,
tout comme ceux de vertébrés, plus rares peut-être pour
des raisons de conservation différentielle (voir infra).
Sur les sites côtiers connus à Saint-Martin, ces cortèges
de mollusques varient peu sinon par le taxon dominant
(ig. 38). Dans l’ordre chronologique, on observe, à Étang
Rouge 1 et 3, que le bivalve (Arca zebra), le lambi (Lobatus gigas), et accessoirement la palourde (Codakia orbicularis) dominent ; à Sandy Ground 1, ce sont Lobatus
gigas et Arca zebra ; à Norman Estate 1, il s’agit essentiellement d’Arca zebra (Brokke, 1999) ; à Baie Nettlé, on
observe surtout Arca zebra, Lobatus gigas, l’huître Pinctada imbricata et Codakia orbicularis ; à Trou David 1,
Arca zebra, Lobatus gigas et le burgo Cittarium pica)
dominent ; sur Lot 73, Codakia orbicularis est l’espèce
cible, associée aux lambis, burgos et huîtres ; à Salines
d’Orient, ce sont Codakia orbicularis, Lobatus gigas et
Cittarium pica ; à Pointe du Bluff, Arca zebra et Lobatus gigas ; à Baie Longue 2, Lobatus gigas, les nérites
Nerita peloronta et Nerita versicolor, Codakia orbicularis et Arca zebra sont les plus représentés ; enin, sur le
gisement de Baie Orientale 1, ce sont Cittarium pica, les
nérites et chitons ainsi que Lobatus gigas.
Les trois sites côtiers d’Étang Rouge, Lot 73 et Baie
Orientale 1, étudiés en détail, précisent ces schémas de
collecte, qui apparaissent sélectifs (ig. 39). Ainsi, sur
le gisement d’Étang Rouge, on observe que la collecte
s’est concentrée sur les zones infralittorales sableuses à
patches d’herbiers et de coraux d’où ont été extraits le
bivalve Arca zebra avec plus d’un millier d’individus, le
lambi Lobatus gigas et accessoirement la palourde Codakia orbicularis, plus présente dans les phases inales. Sur
le site de Lot 73, la palourde (près de 3 000 individus)
est cette fois-ci clairement l’espèce cible, associée aux
lambis, burgos et huîtres. À Baie Orientale 1, l’essentiel
de la collecte s’est faite sur les rochers de la zone médiolittorale, pour y prélever le burgo Cittarium pica et de
grandes espèces de nérites (Nerita peloronta particulièrement) et de chitons (Acanthopleura granulata notamment), et dans les herbiers, pour y collecter le lambi. Sur
les trois sites, les espèces ont été consommées cuites dans
leur coquille par exposition indirecte à la chaleur sur des
pierres chauffées organisées en aires de cuisson
À Étang Rouge 1 et 3, les données métriques des deux
espèces cibles, l’arche et la palourde, montrent qu’il n’y
a pas eu de sélection des individus (ig. 40a) : les plus
grands ne sont pas particulièrement sélectionnés et de très
petits spécimens ont été ramassés. Il semble plutôt que les
bancs des deux espèces aient été littéralement ratissés. Ce
242
Dominique Bonnissent et al.
que conirme la présence d’espèces associées aux arches
dans les mêmes milieux, telles que les chames, ramassées
en même temps mais apparemment non consommées. Sur
la partie occidentale du gisement correspondant à Étang
Rouge 3 (Romon et al., 2008), les différents niveaux
individualisés dans la géostratigaphie et la chronologie
du site montrent, dans la succession des occupations,
d’abord la consommation d’arches, puis d’arches et de
lambis et, enin, de palourdes
Sur le gisement de Lot 73, les données métriques de
l’espèce la plus consommée, la palourde Codakia orbicularis, pour les trois phases distinguées, montrent l’exclu-
sion des très petits spécimens et une répartition intégrant
plus de grands individus que sur le site d’Étang Rouge
(ig. 40b). Au cours des trois phases distinguées (Bonnissent, à paraître), l’importance du burgo et du lambi
semble légèrement augmenter avec le temps.
À Baie Orientale 1, les données métriques des espèces
les plus consommées, le lambi et le burgo, montrent qu’il
n’y a pas eu sélection systématique des plus grands individus (ig. 40c) ; au contraire, les spécimens de tailles petite
et moyenne sont aussi nombreux que les grands. Dans
le cas du lambi, les grands individus adultes ont toutefois aussi été recherchés mais il apparaît que c’était pour
lambi Lobatus gigas
labre = pavillon
5 cm
arche zébrée
Arca zebra
lucine tigrée (palourde)
Codakia orbicularis
huître de l’Atlantique
Pinctada imbricata
burgo, Cittarium pica
nérite tesselée,
Nerita versicolor
nérite dents saignantes,
Nerita peloronta
chiton poilu
Acanthopleura granulata
Fig. 37 – Espèces de mollusques marins les plus représentées dans les gisements de Saint-Martin.
Fig. 37 – The marine mollusc species the most represented at the Saint-Martin sites.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
243
Norman Estate
2445 à 1685 av. J.-C.
Trou David 1
1954 à 1315 av. J.-C.
Baie Orientale 1
790 av. J.-C. à 70 ap. J.-C.
Pointe Bluff
1567 à 1260 av. J.-C.
Etang Rouge
3318 à 827 av. J.-C.
Baie Nettlé
2400 à 2140 av. J.-C.
Lot 73
1930 à 870 av. J.-C.
Pont de Sandy Ground
2544 à 1093 av. J.-C.
Salines d’Orient
1567 à 1260 av. J.-C.
Baie Longue 2
1925 à 1430 av. J.-C.
N
5 km
Fig. 38 – Cortèges simpliiés des espèces de mollusques marins dominantes en nombres d’individus dans les différents gisements
de Saint-Martin.
Fig. 38 – Simpliied series of mollusc species most represented by minimum numbers of individuals (MNI) at the Saint-Martin sites.
Étang Rouge 1 et 3
autres
bivalves
Lot 73
autres
bivalves
Baie Orientale 1
autres
bivalves
autres gastéropodes
% poids de chair *
– les sites sont présentés toutes phases confondues, les tendances quantitatives étant globalement représentatives
– les données pour Lot 73 sont préliminaires
* évalué en multipliant le NMI par un coefficient proportionnel à la taille moyenne des individus de l’espèce
Fig. 39 – Représentation en secteurs proportionnels des espèces de mollusques marins dominantes en poids de chair dans les
gisements d’Étang Rouge 1 et 3, Lot 73 et Baie Orientale 1.
Fig. 39 – Proportional importance of the mollusc species most represented in lesh weight at the sites of Étang Rouge 1 and 3,
Lot 73 and Baie Orientale 1 (all site phases are cumulated, the quantitative patterns being representative; data for Lot 73 are still
preliminary).
244
Dominique Bonnissent et al.
A. Étang Rouge 1 et 3
valves gauches d’Arca zebra
% valves gauches
8
longueur
n ER1 = 4607
n ER3 = 1052
6
4
2
115
111
107
103
99,4
95,6
88
91,8
84,2
80,4
76,6
69
72,8
65,2
61,4
57,6
50
53,8
46,2
42,4
38,6
31
34,8
27,2
23,4
19,6
12
15,8
8,22
0
classes de longueur (mm)
B. Lot 73
% valves gauches
25
valves gauches de Codakia orbicularis
n phase 1 = 757
n phase 2 = 965
n phase 3 = 12
30
15
ensemble trop petit non représenté
mais pas d’individu < 40 mm de longueur
10
5
longueur
109
100
91
82
73
64
55
46
37
28
19
10
0
classes de longueur (mm)
C. Baie Orientale 1
20
18
n = 329
12
10
8
6
4
% d’individus
8
14
longueur
% d’individus
16
6
f
n = 115
4
largeur
2
2
0
classes de longueur (mm)
114
110
106
98
102
94
90
86
82
78
74
70
66
62
58
54
50
46
42
38
34
30
26
22
18
14
10
248
238
227
217
207
196
186
175
165
155
144
134
123
113
92
103
82
71
61
0
classes de largeur (mm)
Fig. 40 – Histogrammes de distribution par classes de taille des espèces majeures de mollusques marins des gisements d’Étang
Rouge 1 et 3, Lot 73 et Baie Orientale 1.
Fig. 40 – Size class distribution histograms for the main mollusc species at the sites of Étang Rouge 1 and 3, Lot 73 and Baie Orientale 1.
répondre aux besoins de l’industrie sur coquille autant
qu’à ceux de la consommation. En effet, sur ce site, les
labres de lambis adultes ont été utilisés, après consommation, pour une production intensive d’outils (voir infra).
À l’échelle de Saint-Martin, on constate donc le caractère sélectif et pragmatique des pratiques mésoindiennes
de collecte de mollusques pour l’alimentation. Un petit
nombre de taxons est sélectionné dans des milieux propices, caractéristiques des environnements des lieux occupés : fonds sableux à patches d’herbiers et de coraux des
lagunes et des grandes baies et pointes rocheuses les entourant. Dans ces milieux, très riches en mollusques, les taxons
sont exploités de manière pragmatique, soit en « ratissant »
les bancs des espèces grégaires de bivalves comme les
arches et palourdes, soit en prélevant les gastéropodes les
plus accessibles, strombes, burgos, nérites, dont les individus sont moins concentrés dans les herbiers et sur le littoral
rocheux. Ce caractère sélectif cible une ou deux espèces
privilégiées par site mais aucune tendance ne se dégage
encore suggérant des changements de cibles cohérents au
cours du temps. Il semble que les paramètres qui déterminent le choix de l’espèce cible soient directement liés aux
aspects saisonniers et fonctionnels propres à l’occupation
de chaque site. Les exemples des trois sites étudiés en détail
le suggèrent, comme on le verra avec la composante industrielle liée à l’utilisation des coquilles de certaines espèces
collectées.
À l’échelle régionale, d’autres sites mésoindiens, tous
côtiers, sont connus dans le nord des Petites Antilles.
On dispose de données sur la malacofaune pour ceux de
Sugar Factory Pier à Saint Kitts (Armstrong, 1978 ; Goodwin, 1978), Jolly Beach à Antigua (Davis, 1974 et 1982 ;
Nodine, 1990), Krum Bay à St Thomas (Bullen, 1973 ;
Lundberg, 1989), Whitehead’s Bluff à Anguilla (Crock
et al., 1995) et Hichman’s Shell Heap à Nevis (Wilson,
1989). D’après les datations au radiocarbone, ces gisements se situent entre les IIIe et IIe millénaires av. J.-C., à
l’exception d’Hichman’s Shell Heap, daté de la première
moitié du Ier millénaire avant notre ère. Si la disparité des
méthodes de fouille et d’étude faunique (cf. supra) ne
permet pas une synthèse des données, les mêmes observations sont faites que sur les sites de Saint-Martin. Les
ensembles achéozoologiques sont dominés par les restes
de mollusques marins. Ces derniers sont, soit essentielle-
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
ment des grands bivalves collectés sur les fonds rocheux,
coralliens et sableux en eaux peu profondes (Arca zebra,
Anadara notabilis, Codakia orbicularis, Ostrea equestris, Lucina pectinata) ; des strombes Lobatus gigas et
Strombus pugilis, prélevés dans les mêmes milieux ;
soit des taxons issus des zones du médiolittoral rocheux
(Cittarium pica, Acanthopleura granulata, Nerita peloronta). Dans tous les cas, le cortège d’espèces est dominé
par un ou deux taxons sélectionnés dans des milieux
riches, aisément accessibles et disponibles dans les environs immédiats. Cette sélection varie d’un site à l’autre
sans tendance chronologique nette.
Toutes ces données issues de sites côtiers exposent le
pan maritime de l’organisation des communautés mésoindiennes qui ont fréquenté Saint-Martin ou les autres îles
des Petites Antilles. Néanmoins, elles doivent absolument
être pondérées avec des données d’occupations de l’intérieur des terres, peut-être sous-estimées à l’heure actuelle
par la recherche. À Saint-Martin, un unique site de ce type
est connu, celui de Hope Hill, une occupation d’altitude
peu documentée datant du IIe millénaire av. J.-C. (voir
supra). Dans l’archipel, c’est le site de Plum Piece sur
l’île voisine de Saba (Hofman et Hoogland, 2003 ; Hofman et al., 2006), qui témoigne le mieux d’autres réalités
245
économiques mésoindiennes : on y constate une très faible
exploitation du milieu marin (quelques poissons, les mollusques sont très rares) au proit des ressources terrestres
– crustacés, vertébrés dont de nombreux oiseaux. Cela
laisse supposer l’existence de tout un pan complémentaire
de ressources qu’il est donc essentiel de prendre en compte
ain d’appréhender les systèmes d’exploitation développés,
certainement à l’échelle de plusieurs îles, par ces communautés mésoindiennes mobiles et, où néanmoins, le rôle
des ressources marines a certainement été conséquent.
Les vertébrés
Les restes de faune vertébrée sont extrêmement rares sur
les sites mésoindiens de Saint-Martin et présents seulement à Baie Orientale 1, Étang Rouge, Lot 73 et Norman
Estate. La faune vertébrée des trois premiers sites a été
identiiée grâce aux collections patrimoniales du laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, de la collection ostéologique de
recherche « Antilles » déposée à l’UMR 7209 et des collections du Florida Museum of Natural History (Gainesville,
États-Unis). Il a été identiié quinze taxons (ig. 41) pour
soixante-quatorze individus (tabl. 2). L’identiication des
Norman Estate
2445 to 1685 av. J.-C.
Baie Orientale 1
790 av. J.-C. à 70 ap. J.-C.
Étang Rouge
3318 à 827 av. J.-C.
Sparisoma viride
Lot 73
1900 to 870 av. J.-C.
Conodon nobilis
Hæmulon plumieri
Epinephelus adscencionis
Albula vulpes
Hæmulon carbonarium
Lutjanus campechanus
Anisotremus virginianus
Caranx ruber
Acanthurus bahianus
N
5 km
Fig. 41 – Représentation des principaux taxons identiiés sur les sites mésoindiens de Saint-Martin : Baie Orientale 1, Étang
Rouge, Lot 73 (ce travail) et Norman Estate 1 (d’après Nokkert, 1999).
Fig. 41 – Representation of the main taxa of ish identiied at the Archaic Age sites of Saint-Martin: Baie Orientale 1, Étang Rouge,
Lot 73 (Grouard) and Norman Estate 1 (after Nokkert, 1999).
246
Famille
Dominique Bonnissent et al.
Genre / Espèce
Osteichthyes
Albulidae
Baie Orientale
Étang Rouge
Lot 73
NMI Total
1
1
4
6
1
1
Albula vulpes
3
Serranidae
Carangidae
Caranx sp.
Lutjanidae
Lutjanus sp.
1
3
1
Haemulidae
Anisotremus virginicus
Conodon nobilis
1
1
1
1
2
2
1
1
Haemulon album
1
1
Haemulon aurolineatum
1
1
Haemulon carbonarium
2
2
15
18
Haemulon macrostomum
1
Haemulon sciurus
Scaridae
1
3
Haemulon plumieri
Acanthuridae
2
3
3
3
3
Sparisoma cf. viride
1
1
Sparisoma sp.
26
26
Acanthurus sp.
1
1
NMI Total
41
5
28
74
Nombre de taxons S
8
2
7
15
Tabl. 2 – Nombre minimal d’individus par taxon de poisson identiié sur les sites mésoindiens de Saint-Martin (Baie Orientale 1,
Étang Rouge et Lot 73).
Table 2 – Minimal Number of Individuals for each taxa of ish identiied at the Archaic Age sites of Saint-Martin (Baie Orientale 1,
Étang Rouge and Lot 73).
parties anatomiques des poissons (articulaire, basioccipital,
carré, dentaire, otolithe, pharyngial, prémaxillaire, numéro
de vertèbre) en catégories distinctes latéralisées et selon
les classes d’âge, de sexe et de taille, permet de proposer
une attribution de chaque reste à un individu différent et de
présenter les résultats par NMI de combinaison. Les restes
de poissons-perroquets (Scaridæ du genre Sparisoma) sont
les plus nombreux à Baie Orientale 1 (trente individus). Il
s’agit essentiellement de pièces buccales (Grouard, 2013a).
Les gorettes (Hæmulidæ) sont, quant à elles, les plus abondantes à Lot 73 (trente individus, huit espèces), mais uniquement représentées par des otolithes. Poisson-chirurgien
(Acanthuridæ), carangue (Carangidæ), mérou (Serranidæ),
vivaneau (Lutjanidae) et banane de mer (Albulidae) sont
également présents en moindre importance sur chacun des
deux sites. Les reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères ne sont pas représentés. On observe les mêmes tendances sur le site de Norman Estate 1 (Nokkert, 1999), les
cent vingt-sept vertébrés sont presque exclusivement des
poissons de récifs : Scaridae, Haemulidæ, Lutjanidæ et
Acanthuridæ principalement.
Ainsi, les Mésoindiens de Saint-Martin ont orienté
leur pêche sur une sélection de certaines espèces vivant
dans les récifs coralliens peu profonds et les environnements rocheux. En effet, l’abondance spéciique de ces
écosystèmes en contexte de hot spot de la biodiversité
n’est pas représentée dans ces gisements archéologiques.
Cette hypersélection a été conirmée par l’examen des
techniques de pêche possiblement employées (ig. 42).
La population archéologique (n = 63) présente une majorité d’individus de taille petite à moyenne : 16 à 30 cm
de longueur standard (moy. 23,8 cm, min. 10,1 cm, max.
48,3 cm). Par ailleurs, sur les sites mésoindiens de SaintMartin, seuls les ossements les plus robustes nous sont
parvenus : pièces buccales et otolithes notamment. En
effet, la part minérale est majoritaire dans l’émail (97 %),
alors que celle des os n’est que de 70 %. L’otolithe quant
à lui est un biominéral stable, composé de cristaux de carbonate de calcium enrobés dans une matrice protéique.
Par conséquent, ces pièces offrent une meilleure résistance à la diagenèse que les os et ont moins subi l’effet de
fonte taphonomique. Par ailleurs, la pêche a pu être réalisée à la nasse ou au ilet, en l’absence d’hameçons et de
harpons découverts. Les poissons étaient cuits au contact
du feu, peut-être sur des pierres chauffées, comme l’atteste la présence de restes brûlés à Baie Orientale 1.
D’après la littérature disponible sur les Petites
Antilles (Grouard, 2010), seuls quelques sites datés par
le radiocarbone ont fourni des informations sur l’exploitation des vertébrés en contexte mésoindien. Sur les îles
de la Barbade, Antigua et Nevis (Newsom et Wing, 2004 ;
Davis, 2000), les poissons coralliens dominent les assemblages, notamment les poissons-perroquets, des Scaridae. Sur l’île de Saba, le site d’altitude de Plum Piece,
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
247
8
Baie Orientale (36)
Lot 73 (22)
6
Etang Rouge (5)
5
4
3
2
> 50
48‐49
46‐47
44‐45
42‐43
40‐41
38‐39
36‐37
34‐35
32‐33
30‐31
28‐29
26‐27
24‐25
22‐23
20‐21
18‐19
16‐17
14‐15
12‐13
0
10‐11
1
< 09
Nombre d'individus mesurés
7
Es1ma1on Longueur standard (cm)
Haemulidae (29)
7
Scaridae (27)
6
Autres (7)
5
4
3
2
> 50
48‐49
46‐47
44‐45
42‐43
40‐41
38‐39
36‐37
34‐35
32‐33
30‐31
28‐29
26‐27
24‐25
22‐23
20‐21
18‐19
16‐17
14‐15
12‐13
0
10‐11
1
< 09
Nombre d'individus mesurés
8
Es1ma1on Longueur standard (cm)
Fig. 42 – Estimations des Longueurs standard des poissons archéologiques mésoindiens de Saint-Martin (n =63).
Fig. 42 – Estimates of the standard lengths for the Archaic Age ish in Saint-Martin (n = 63).
en contexte forestier, a livré un grand nombre d’oiseaux
nicheurs, essentiellement le pufin d’Audubon (Pufinus
lherminieri, Procellariidæ), le crabe de terre (Gecarcinus
ruricola), et une petite quantité de poissons (Hofman et
Hoogland, 2003) mais seuls les oiseaux ont fait l’objet
d’une identiication spéciique. L’occupation mésoindienne de la grotte du Morne-Rita à Marie-Galante a livré
une sépulture et des restes de pufins pour lesquels il faut
encore démontrer qu’ils résultent d’acte de consommation, le site étant en cours d’étude (Grouard, 2013b).
Ainsi, chaque site présente un spectre de faune spéciique en fonction du contexte littoral ou de l’intérieur
des terres. Cela tend à montrer que les groupes humains
mésoindiens ont exploité les milieux de façon opportuniste
et selon la saisonnalité des ressources recherchées, grâce à
leur grande mobilité (Lundberg, 1991 ; Keegan, 1994 ; Bonnissent et al., 2001 et 2006). Ces constatations impliquent
une excellente connaissance des ressources disponibles
d’un point de vue macro-régional : richesse faunique des
herbiers de Barbuda (Watters, 1997 et 2001 ; Rousseau,
2012) et de Saint-Martin (Bonnissent et al., 2001 et 2006 ;
Serrand, 2005), ligneux des forêts de Saba (Hofman et al.,
2006 ; Bright, 2011) et peut être les colonies de pufins de
Marie-Galante. Ce modèle itinérant saisonnier, hyper spécialisé d’un point de vue local mais très diversiié d’un point
de vue holistique, permet une exploitation des richesses
macro-régionales à long terme de façon raisonnée.
Activités de productions d’objets
L’industrie sur coquille
Sur les gisements mésoindiens de Saint-Martin comme sur
la plupart de ceux des Petites Antilles, un des mollusques
les plus collectés, le lambi Lobatus gigas, a également été
utilisé pour la production d’outils à partir de sa coquille.
Il est à noter qu’aucun élément de parure mésoindien en
coquille n’est à ce jour connu alors que, dans les phases
néoindiennes postérieures, ce type de pièce est omniprésent aux côtés d’outils très similaires à ceux connus au
Mésoindien. Quelques autres gros gastéropodes ont été
occasionnellement utilisés sur les gisements mésoindiens, notamment le strombe laiteux (Strombus costatus)
et les casques (Cassis madagascariensis ou C. lammea).
Le plus ancien outil mésoindien documenté à SaintMartin provient du gisement d’Étang Rouge 3. Il s’agit
248
Dominique Bonnissent et al.
(ig. 37). Cette partie se développe chez les individus de
plus de trois ans sur le côté de l’ouverture de la coquille
et peut atteindre des épaisseurs de 3 à 4 cm, constituant
ainsi une portion de matière relativement aisée à séparer
du reste de la coquille et intéressante à exploiter. Elle est
généralement débitée du reste de la coquille puis façonnée
en une préforme par percussion. L’outil ini est obtenu par
l’abrasion des faces et des bords puis par l’aménagement
d’un tranchant distal (ig. 43). Cette chaîne opératoire de
modiication des labres aboutit à la production d’outils
tranchants qui, par leurs attributs morphologiques s’apparentent à la famille des lames d’herminettes. Cette
d’une coquille de lambi adulte, dépourvue de son labre et
soigneusement évidée, qui présente des traces extérieures
d’exposition à la chaleur (ig. 43a, no 1). Elle a certainement été utilisée comme récipient rudimentaire. Cette
pièce provient de la première phase d’occupation du gisement, datée entre 3300 et 2600 av. J.-C., qui compte parmi
les plus anciennes traces d’occupations de l’archipel. De
tels récipients sont également inventoriés sur le site de
Whitehead’s Bluff à Anguilla, mais bien plus tardivement
entre 1655 et 1290 av. J.-C. (Crock et al., 1995).
En dehors de ces coquilles évidées, le lambi a surtout
été utilisé pour son labre, appelé aussi pavillon ou lèvre
A. Étang Rouge 1 & 3
1
2
3
4
5
5 cm
B. Lot 73
1
2
labres exploitables
préformes
préformes cassées
outils finis
outils repris
outils cassés
possibles déchets de façonnage
NMI lambi
% éléments d'industrie / NMI
ER 1&3
LOT 73
68
1
34
3
75,6
6,7
8
17,8
1
1
3
74
91,9
1,4
0,0
1,4
1,4
4,1
45
BO 1
60
57
2
72
28,4
27,0
0,9
34,1
20
9,5
211
118
228
368
144
51,4
160
28,1
672
31,4
C. Baie Orientale 1
1
2
3
4
5
6
Fig. 43 –Exemples d’éléments d’industrie sur Lobatus gigas issus des gisements d’Étang Rouge 1 et 3, Lot 73 et Baie Orientale 1.
A : Étang Rouge. 1 : Coquille évidée de Lobatus gigas formant contenant, Étang Rouge 3, phase 1, 3300-2600 av. J.-C. ;
2 : labre débité exploitable, Étang Rouge 1 (US1007b), phase 4, 1550-800 av. J.-C. ; 3 : préforme, Étang Rouge 1 (US1007b),
phase 4, 1550-800 av. J.-C. ; 4 : outil ini (herminette), Étang Rouge 1 (US6005), phase 2, 2600-2150 av. J.-C. ; 5 : fragment
d’outil ini (herminette), Étang Rouge 3 (UA 19), phase 3, 2150-1550 av. J.-C. B : Lot 73. 1 : préforme, US1030, phase 1, 19301650 av. J.-C. ; 2 : outil ini, US1013, phase 2, 1600-1160 av. J.-C. C : Baie Orientale 1: tous les éléments sont associés à la fourchette de dates 790 av. J.-C.-70 apr. J.-C. 1 : quatre labres débités exploitables associés dans un dépôt (fait 4) ; 2 : préforme ;
3 et 4 : outils inis ; 5 : outil ini utilisé ; 6 : outil ini utilisé et repris.
Fig. 43 – Examples of tool elements made out of Lobatus gigas from the sites of Étang Rouge 1 and 3, Lot 73 and Baie Orientale 1.
A: Étang Rouge. 1: Gutted shell of Lobatus gigas used as a container, Étang Rouge 3, phase 1, 3300 – 2600 BC; 2: exploitable
detached lip, Étang Rouge 1 (US1007b), phase 4, 1550 – 800 BC; 3: preform, Étang Rouge 1 (US1007b), phase 4, 1550 – 800 BC;
4: inished tool (adze), Étang Rouge 1 (US6005), phase 2, 2600 – 2150 BC; 5: fragment of a inished tool (adze), Étang Rouge 3
(UA19), phase 3, 2150 – 1550 BC. B: Lot 73. 1: Preform, US1030, phase 1, 1930 – 1650 BC; 2: inished tool, US1013, phase 2,
1600 – 1160 BC. C: Baie Orientale 1: all pieces are dated to 790 BC – 70 AD. 1: four exploitable detached lips associated in a deposit
(feature 4); 2: preform; 3 and 4: inished tools; 5: used inished tool; 6: used and reshaped inished tool.
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
chaîne opératoire a été décrite en détail pour le site de
Baie Orientale 1 (Serrand et Bonnissent, 2005 ; Serrand,
2013). Les témoins de ces étapes de production sur un
gisement impliquent la présence de coquilles dépourvues
de leur labre, de fragments de coquilles fracturés lors du
débitage, de déchets de façonnage et de pièces accidentées à différents stades de la production, de préformes
non abouties et, éventuellement d’outils inis ; le tout peut
parfois s’organiser en amas de débitage. Si la majorité
des gisements contient quelques lames inies, voire utilisées ou même cassées, la représentation des étapes de
production, est en revanche variable selon les sites. Certains se caractérisent par une relative pauvreté en déchets
et outils alors que les labres débités sont représentés ;
c’est le cas d’Étang Rouge et de Lot 73 parmi les sites
étudiés. En revanche, d’autres gisements s’apparentent
à de véritables ateliers de production, voire d’utilisation
intensive in situ : l’intégralité de la chaîne opératoire y est
représentée ainsi que des dépôts constitués de préformes
et d’outils inis, voire utilisés ; c’est le cas de Baie Orientale 1.
Ainsi, l’ensemble des phases d’occupation du gisement d’Étang Rouge 1 et 3 totalise soixante-quatorze
éléments représentant directement la production d’outils
sur labres de lambi, outre le récipient ancien documenté
(ig. 43a, no 1). S’y ajoutent plus de cent possibles déchets
de façonnage comptabilisés à part. Les soixante-quatorze
pièces représentent plus de 50 % des cent quarante-quatre
individus de lambis décomptés sur ce gisement, un labre
étant équivalent à un individu. Cet ensemble est dominé
par la présence de soixante-huit labres exploitables
(ig. 43a, no 2) alors qu’on ne compte qu’une préforme
(ig. 43a, no 3), un seul outil ini classique (ig. 43a, no 4),
trois outils cassés et un outil réaffuté (ig. 43a, no 5 ;
Serrand, 2005 et 2007). Notons que s’y ajoute un labre de
Cassis cf. lammea, possible outil d’économie, ramassé
déjà séparé de la coquille. Ces éléments suggèrent au
moins la préparation de labres exploitables de Lobatus
gigas in situ, voire la production d’outils mais ces derniers ne sont pas entreposés sur le site, à l’exception de
rares éléments, délaissés vraisemblablement pour des
raisons techniques, des cassures notamment. La pauvreté
d’éléments d’industrie est particulièrement nette sur la
portion occidentale du gisement, les labres débités et
quelques outils étant concentrés dans la parte orientale.
Sur le site du Lot 73, les outils sur labres sont également peu représentés avec seulement huit outils et trois
préformes (ig. 43b, nos 1 et 2). Les labres séparés de la
coquille, au nombre de trente-cinq, sont également sousreprésentés bien que de nombreux déchets (environ deux
cent vingt-huit) suggèrent le débitage et le façonnage de
labres. Ces quarante-cinq pièces comptent pour 28 % des
cent soixante individus de lambi décomptés sur le site.
À l’opposé d’Étang Rouge, les préformes et outils présents ne semblent pas avoir pu être abandonnés pour des
raisons de défauts techniques.
Enin, à Baie Orientale 1, deux cent onze éléments
liés à la production d’outils sur labres ont été répertoriés ;
ils représentent 31 % des six cent soixante-douze indivi-
249
dus de lambis décomptés sur le site. Ces deux cent onze
pièces comprennent soixante labres détachés exploitables
(ig. 43c, no 1), cinquante-sept préformes (ig. 43c, no 2),
un préforme cassée et un fragment de préforme ainsi que
soixante-douze outils complets dont certains sont utilisés
(ig. 43c, nos 3 à 6) et vingt outils fragmentaires apparemment fracturés durant l’utilisation. S’y ajoutent plus de
trois cent cinquante déchets potentiels de façonnage des
labres. Ainsi, sur ce gisement, si la proportion de pièces
liées à la production d’outils sur labres est proche de celle
observée sur les autres sites, les outils inis et les différents stades de leur production sont mieux représentés.
Les outils produits sont assez standardisés, certains ont été
utilisés in situ, parmi eux, quelques-uns ont été réaffutés,
voire retouchés, pour continuer à être utilisés, toujours sur
place (ig. 43c, nos 5 et 6). On suppose que ces outils produits et utilisés de manière intensive à Baie Orientale 1
ont été employés comme herminettes dans la fabrication
d’embarcations en bois.
Si les gisements d’Étang Rouge et de Lot 73
témoignent d’une activité de prélèvement de labres et
éventuellement de façonnage, les outils n’ont pas été
clairement utilisés sur place à l’inverse du cas de Baie
Orientale 1 où les activités de production et d’utilisation in situ semblent avoir été centrales dans l’occupation. Elles ont certainement joué un rôle dans le choix
de l’implantation et dans l’organisation de la gestion des
ressources. La recherche de matière première pour cette
industrie pourrait y avoir été prépondérante. De fait, la
collecte de mollusques à des ins alimentaires est moins
intensive : elle semble avoir été organisée en fonction
des nécessités de l’activité de fabrication d’outils d’où la
mise à proit, assez pragmatique et sans recherche de rendement optimal, de quelques taxons aisément accessibles
dans les milieux environnants et sufisamment productifs
pour satisfaire les besoins alimentaires. À l’inverse sur
les sites d’Étang Rouge et de Lot 73, l’activité de collecte à des ins alimentaires est largement prépondérante,
ce qui n’a pas empêché la mise à proit des éléments de
matière exploitable sans que l’activité de production et
surtout celle d’utilisation y soient majeures.
Les ensembles de malacofaune de ces trois sites
relètent donc l’exploitation intensive et pragmatique de
quelques espèces de mollusques selon des dominantes
plutôt alimentaires ou artisanales. Dans chacun des sites,
ces activités ont un caractère systématique, s’inscrivant
dans l’organisation spatiale et se perpétuant au travers
d’occupations répétées. Cela suggère le caractère spécialisé des occupations et des activités majeures qui y sont
menées, organisées autour des ressources, éventuellement de manière saisonnière.
Acquisition et exploitation
des matières premières lithiques
L’étude des matières premières lithiques retrouvées sur
les sites mésoindiens de Saint-Martin a fourni des informations sur certaines des activités techniques ou d’ordre
symbolique de ces groupes, mais aussi sur les territoires
250
parcourus. Le gisement de Baie Orientale 1 où la stratégie
d’approvisionnement en matière lithique a été la mieux
perçue (1 319 pièces), révèle deux origines sensiblement différentes, soit très éloignées, soit « ultralocales »
(Stouvenot et Randrianasolo, 2013 ; Fouéré et Chancerel,
2013), schéma que l’on retrouve sur plusieurs autres sites
mésoindiens des Petites Antilles.
Sur le site de Baie Orientale 1, un premier lot, 53 %,
le plus important numériquement, correspond à des
matières de provenances relativement éloignées : un
silex issu d’Antigua, île distante de 170 km au sud-est de
Saint-Martin (Knippenberg, 2007), et deux autres roches
provenant de Saint-Barthélemy, île située à 25 km au sudouest : un tuf volcanique vert utilisé pour des meules ou
des polissoirs et un calcaire noir constituant le support
d’objets à caractère cérémoniel (ig. 23 ; ig. 24 ; ig. 44 ;
ig. 45 et ig. 46). Le deuxième lot correspondant à 29 %
des pièces, est constitué par un ensemble assez disparate
de roches volcaniques compactes grises à noires formant
un cortège que l’on retrouve presque à l’identique sous
forme de galets dans les ravines immédiatement voisines
du site ; il s’agit donc de roches « ultralocales ». Un troisième groupe (14 %) est composé de roches dont on ne
connaît pas l’origine, un silex blanc laiteux, une roche
volcanique noire qui a servi de support à une ébauche
de pendeloque sur galet (ig. 25), une plaque-enclume
en roche sombre, un vase-mortier en roche volcanique
claire (ig. 26) et de l’argile crue sous forme de plaque.
Des différences se rapportant à la fonction et à l’usage
des objets distinguent également les lots. Les éléments
confectionnés dans les matières d’origine lointaine sont
des objets relativement transformés. On citera des objets
non fonctionnels à caractère symbolique, ainsi que l’importante production sur silex dont la inalité est probablement l’obtention de petits éclats tranchants (Fouéré et
Chancerel, 2013). En revanche, les matières ultralocales
sont généralement réservées à des objets d’une certaine
banalité fonctionnelle : percuteurs, enclumes, éclats grossiers et de nombreux galets utilisés ou non (ig. 47). Si
l’on compare la masse des pièces retrouvées sur le site,
le silex ne représente que 7 % du poids total alors que
les roches volcaniques et volcano-sédimentaires, dont la
plupart sont ultralocales, comptent pour 71 % (Fouéré et
Chancerel, 2013).
Sur les autres sites de Saint-Martin le schéma d’exploitation des matières lithiques paraît globalement
comparable, même si les séries examinées sont moins
conséquentes que celle de Baie Orientale 1 : trois cent
huit pièces à Étang Rouge (Fouéré, 2005), dix à Baie
Longue 2 (Bonnissent et al., 2005), près de cinq cent
au Lot 73 et quatre-vingt-treize pièces à Norman Estate
(Knippenberg et al., 1993 ; Knippenberg, 1999b). Là
aussi les roches d’origine lointaine sont représentées par
une forte proportion de petits éclats de silex probablement originaire d’Antigua, et de meules en tufite vert
pâle ressemblant à celle de Saint-Barthélemy. La présence de roches locales, dont la calcédoine et le jaspe est
assez fréquente : blocs de calcaire corallien et de beach
rock, roches volcaniques sombres d’emploi peu sophis-
Dominique Bonnissent et al.
Fig. 44 – Baie Orientale 1, grande pièce bifaciale à deux
pointes sur calcaire noir.
Fig. 44 – Baie Orientale 1, large bifacial piece with two points
made out of a black limestone.
tiqué, essentiellement des percuteurs et de grands éclats.
Comme à Baie Orientale 1, des nodules d’ocre (hématite)
sont retrouvés sur les sites de Norman Estate (Knippenberg, 1999a), Étang Rouge (Fouéré, 2005) et Lot 73 où
des oxydes de manganèse ont été également identiiés
(analyses A. Queffelec). La présence d’ocres naturelles
est en outre attestée. À Étang Rouge, des lames de haches
sont confectionnées dans une roche verdâtre très altérée
qui n’a pas été identiiée (ig. 12). À Sandy Ground, des
objets assez singuliers, sorte de galets polis portant une
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
251
Fig. 45 – Baie Orientale 1, pièce à piquetage central sur roche volcanique.
Fig. 45 – Baie Orientale 1, piece showing a hammered central area out of a volcanic stone.
Fig. 46 – Baie Orientale 1, grande pièce bifaciale à une pointe sur calcaire noir.
Fig. 46 – Baie Orientale 1, large bifacial piece with one point made out of a black limestone.
gorge (Bonnissent, 2008), sont façonnés dans une roche
volcanique grise qui pourrait être locale. Sur le Lot 73,
parmi le cortège classique propre à cette période, on note
deux fragments de lame de hache et trois galets insolites
à une facette plane dont la fonction reste très hypothétique, résultat d’un usage spéciique ou d’un caractère
cérémoniel (ig. 21).
En dehors de Saint-Martin dans les Petites Antilles,
les comparaisons sont compliquées en raison de l’hétérogénéité des études car bien souvent seules les productions
sur silex sont décrites. Le site de Plum Piece sur l’île voisine de Saba (Hofman et Hoogland, 2003) montre également une répartition des matières premières obéissant au
schéma observé à Saint-Martin : origine lointaine pour le
252
Dominique Bonnissent et al.
Fig. 47 – Lot 73, dépôt de deux galets sur roche verte volcanique, phase 2.
Fig. 47 – Lot 73, deposit including two pebbles made out of volcanic green stone, phase 2.
silex (secteur d’Antigua) mais aussi ultralocale avec des
roches volcaniques ramassées sous forme de galets sur
le rivage maritime voisin. Le site de Pointe des Pies en
Guadeloupe (Richard, 1994a et 1994b) a livré du matériel
lithique composé d’éclats de silex issus exclusivement
d’Antigua et une petite plaquette-polissoir confectionnée
dans un tuf volcanique vert pâle provenant de Saint-Barthélemy, soit d’une distance de 250 km. Ainsi il apparaît
que le secteur d’Antigua, comportant plusieurs gîtes de
silex oligocène d’excellente qualité, représente la principale source d’approvisionnement en cette matière première durant tout le Mésoindien.
Une mention particulière doit être faite pour les
matières colorantes ocreuses qui sont représentées sous la
forme de petits blocs bruts ou utilisés et à l’état de traces
sur des coraux. Elles sont présentes sur plusieurs sites
mésoindiens de Saint-Martin, mais aussi mentionnées
à Plum Piece, Saba (Hofman et Hoogland, 2003, p. 12
et 16). L’utilisation d’ocre est décrite comme matière
colorante pour des sépultures en contexte mésoindien :
Grotte du Morne Rita à Marie-Galante (Fouéré, 2013),
Malmok à Aruba (Versteeg, 1991, p. 108), Puerto Ferro
à Vieques (Chanlatte Baike et Narganes Storde, 1993,
p. 602) et dans les Grandes Antilles, Cap de Samaná en
République Dominicaine (Morbán Laucer, 1995, p. 530).
Cette matière est donc à mettre en relation pour partie
avec une utilisation à des ins funéraires.
En conclusion, la large répartition et la faible diversité des matières premières lithiques utilisées par les
Mésoindiens des Petites Antilles, apportent la conir-
mation que ces groupes arpentaient des territoires très
étendus et que leurs séjours, sans doute assez brefs sur
chaque île, leur ont permis de découvrir et d’exploiter
différentes ressources lithiques. L’utilisation de roches
spéciiques, en particulier le silex d’Antigua, plaide
en faveur d’une certaine homogénéité culturelle sur
de vastes territoires. La comparaison entre le système
d’exploitation des matières lithiques par les communautés mésoindiennes puis par les agriculteurs-potiers du
Néoindien apporte des informations complémentaires.
Si les deux populations exploitent avec la même assiduité les roches « ultralocales » immédiatement voisines
du site, pour des besoins domestiques routiniers, leur
approvisionnement pour la production d’objets spécialisés diffère totalement : les mésoindiens utilisent exclusivement des matières éloignées alors que les néoindiens
optimisent de façon remarquable les ressources des îles
où ils sont installés tout en important de rares roches en
particulier pour la parure. Ainsi, les mésoindiens apparaissent clairement comme des communautés nomades,
en phase avec un territoire très vaste et dont les implantations sans doute trop brèves sur l’île ne leur permettent
pas d’optimiser les ressources lithiques locales.
L’outillage sur corail
L’exploitation des coraux, certainement pour leurs
qualités abrasives, est très aléatoire sur les sites mésoindiens de Saint-Martin et des comparaisons ne peuvent
être effectuées qu’entre les sites fouillés sur de grandes
Archéoécologie des sociétés insulaires des Petites Antilles au Mésoindien
surfaces : Étang Rouge 1, Lot 73 et Baie Orientale 1. Sur
le site d’Étang Rouge 1 les restes de coraux représentent
moins de 12 kg (Bonnissent et al., 2005). Il s’agit pour
l’essentiel d’éléments non transformés, certains brûlés,
dont des blocs de corail cerveau, des galets et quelques
tronçons de coraux branchus (Acropora palmata et A.
cervicornis) portant de nettes traces d’abrasion. Sur le
Lot 73 on recense seulement 1 223 g de corail et aucun
élément transformé. En revanche, le site de Baie Orientale 1 révèle une utilisation axée sur les coraux branchus
(Acropora palmata et A. cervicornis) représentant plus de
90 % du poids des restes (Bonnissent et Mazeas, 2013).
Les tronçons de ces deux espèces, plats pour Acropora
palmata (ig. 48) et de section circulaire pour Acropora
cervicornis (ig. 49), portent de nettes plages abrasées
dues à leur utilisation comme lime, râpe ou polissoir. Ces
tronçons ont pu servir à façonner de la coquille comme
du bois, peut-être dans les phases inales de la fabrication
de lames sur coquille ou dans le travail du bois nécessaire
aux embarcations. La fraîcheur des restes révèle que la
plupart des branches ont été prélevées en mer sur les formations coralliennes situées essentiellement dans la partie nord-est de l’île soit dans le secteur de la Baie Orientale (Bonnissent et Mazeas, 2013). Ce site apparaît sur
bien des points comme hyper spécialisé et son emplacement semble répondre à des impératifs techniques précis
253
combinés, large plage sableuse, abondance de coquilles
de Lobatus gigas dans la baie et présence des principales formations coralliennes de l’île. L’exploitation de
ce matériau est rarement décrite en détail pour les sites
mésoindiens de l’archipel, ce qui empêche des comparaisons en dehors de Saint-Martin.
CONCLUSION
L’
originalité des communautés mésoindiennes des
Petites Antilles tient à leur modus vivendi, un nomadisme maritime pour lequel les grandes traversées n’ont
pas été un obstacle. L’étude réalisée ici sous l’angle de l’archéoécologie révèle une symbiose entre les humains, leurs
activités et l’environnement. La quête de nourriture et de
matières premières diverses est la préoccupation majeure
qui a indiscutablement motivé les déplacements des populations. Ainsi la mobilité apparaît comme le moteur de
l’économie de ces communautés (Bonnissent et al., 2001).
Elle est attestée sur de longues distances par les déplacements de matières premières, collectées directement sur
les gîtes ou importées, peut-être troquées auprès d’autres
groupes ce qui permet d’envisager l’existence de contacts
et d’échanges. Cette mobilité est également tangible par la
Fig. 48 – Baie Orientale 1, tronçon abrasé de corail corne d’élan (Acropora palmata).
Fig. 48 – Baie Orientale 1, abraded section of elkhorn coral (Acropora palmata).
254
Dominique Bonnissent et al.
Fig. 49 – Baie Orientale 1, tronçon abrasé du corail corne de
cerf (Acropora cervicornis).
Fig. 49 – Baie Orientale 1, abraded section of staghorn coral
(Acropora cervicornis).
réoccupation des mêmes campements durant des siècles
ou des millénaires, en général sur les lieux des hot spots de
ressources. Il y a donc systématiquement une relation évi-
dente entre l’implantation des gisements et les ressources
qui y ont été exploitées. Les moyens de subsistance sont
axés sur la collecte de coquillages, la chasse sous-marine
et terrestre, la pêche, certainement la cueillette et vraisemblablement l’exploitation de racines et de tubercules.
Ce mode de vie itinérant semble obéir à des cycles vraisemblablement en partie saisonniers, liés à la disponibilité et à la recherche de ressources spéciiques dont certaines ne sont présentes que sur certaines îles. Ceci permet
d’envisager l’existence d’une multitude d’occupations
contemporaines, chacune étant orientée vers un aspect
économique spéciique. La mobilité est certainement une
caractéristique sociétale mais aussi très probablement une
réponse à l’équilibre précaire de communautés tributaires
de la capacité du milieu naturel insulaire à se renouveler.
Ce peuple a sillonné les mers de l’archipel pendant au
moins quatre millénaires avant notre ère avec visiblement
une certaine apogée au IIe millénaire. L’apparente densiication des occupations à cette période pourrait être liée soit
à la présence de plusieurs communautés qui côtoient les
mêmes îles, soit au fait que les mêmes groupes reviennent
plus fréquemment sur les mêmes lieux peut-être parce que
leur taille a augmenté. Le déclin de cette culture, décelable à travers une baisse généralisée de la fréquentation
des sites, semble s’amorcer au cours du Ier millénaire avant
notre ère bien que l’organisation sociale de ces communautés apparaisse en voie de mutation vers une semi-sédentarisation (Bonnissent, 2013). Cet aspect est suggéré par
la multiplication des dépôts en fosse, dont les outils et les
objets stockés sont destinés à une réutilisation, prémices
d’une forme d’appropriation du territoire et de la ixation des populations. Dans le même temps, la migration
des communautés d’agriculteurs-potiers vers la in du Ier
millénaire avant notre ère apparaît concomitante avec la
rareté des vestiges archéologiques attribuables aux populations mésoindiennes dans les Petites Antilles, intégrées aux
nouvelles sociétés ou repoussées dans les Grandes Antilles
où elles auraient perduré plus longtemps (Rouse, 1992 ;
Rodríguez Ramos, 2007; Bonnissent 2007 et 2008).
Les communautés mésoindiennes ont donc développé
une grande connaissance des ressources du milieu naturel
sur un vaste domaine maritime et sur un ensemble d’îles,
parfois très éloignées les unes des autres. La transmission
de cette connaissance est attestée sur plusieurs millénaires
par la réoccupation des mêmes sites et l’exploitation des
mêmes matières premières propres à chaque île. La transmission d’un savoir implique une certaine cohésion des
communautés, perçue ici à travers un nomadisme maritime
dont l’organisation sociale était probablement de type tribal.
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Guadeloupe, service régional de l’Archéologie, BasseTerre, p. 28-29.
Dominique Bonnissent
UMR 8096 « ArchAm »,
conservateur régional de l’archéologie,
service régional de l’Archéologie,
direction des Affaires culturelles
de Guadeloupe,
28, rue Perrinon,
F - 97100 Basse-Terre
dominique.bonnissent@culture.gouv.fr
Nathalie serrand
UMR 7209 « Archéozoologie, archéobotanique :
sociétés, pratiques et environnements »,
chargée d’opération et de recherche INRAP,
Route de Dolé,
F - 97113 Gourbeyre
nathalie.serrand@inrap.fr
Laurent Bruxelles
UMR 5608 du CNRS « TRACES »,
chargé d’opération et de recherche,
INRAP Méditerranée,
Km delta, 561 rue Étienne-Lenoir,
F - 30900 Nîmes
laurent.bruxelles@inrap.fr
Pierrick Fouéré
UMR 5608 du CNRS « TRACES »,
assistant scientiique et technique,
INRAP Grand-Sud-Ouest et DOM TOM,
210, cours Victor Hugo,
F - 33130 Begles
pierrick.fouere@inrap.fr
Sandrine Grouard
maître de conférences MNHN,
UMR 7209 « Archéozoologie, archéobotanique :
sociétés, pratiques et environnements »,
55, rue Buffon,
F - 75005 Paris
grouard@mnhn.fr
260
Dominique Bonnissent et al.
Nathalie sellier-séGard
chargée d’opération et de recherche,
INRAP, Route de Dolé,
F - 97113 Gourbeyre
nathalie.sellier-segard@inrap.fr
Christian stouvenot
UMR 8096 « ArchAm »,
ingénieur d’études,
service régional de l’Archéologie,
direction des Affaires culturelles
de Guadeloupe,
28, rue Perrinon,
F - 97100 Basse-Terre
christian.stouvenot@culture.gouv.fr