Initiation à l'archéologie des mondes musulmans médiévaux :
L'archéologie c'est la science des choses anciennes. Cette science permet de repenser en profondeur nos connaissances sur le Moyen Âge. La science qui étudie les vestiges matériels du passé permettant de connaître le fonctionnement des sociétés anciennes.
→ quelle est la place de l'archéologie des mondes musulmans médiévaux dans l'ensemble de la discipline archéologique ?
→ quels sont les démarches propres à l'archéologie médiévale et des mondes musulmans en particulier ?
→ quels sont les champs de recherche de l'archéologie islamique ?
Première Partie : l'archéologie des mondes musulmans médiévaux : l'émergence de la discipline au XXe :
L'archéologie a connu une extension progressive dans le temps, le contenu, l'espace, de telle sorte que le champ de l'archéologie embrasse la totalité des cultures.
L'extension dans l'espace :
A la renaissance l'archéologie ne s'intéresse qu'à Rome. Les premières fouilles ont lieu au XVI autour du forum. XVIII on élargie en Campanie par exemple. Première moitié du XIX on s'ouvre vers les Etrusques, les Grecs, les Egyptiens, également des premières explorations au Proche-Orient ou en Scandinavie.
1846 = école française d'archéologie d'Athènes → lancement des fouilles de Delos à partir de 1877 ou Delphes en 1892.
1871 = est créé à Rome un institut archéologique Allemand.
D'autres chantiers s'ouvrent en Palestine, en Crète → début des fouilles archéologiques dans l'ensemble du monde Islamique notamment à l'époque de la colonisation Anglaise ou Française au Moyen-Orient.
Creswell (1879-1974) = inspecteur des monuments en Palestine et en Syrie.
Hamilton = directeur des antiquités de la Palestine et fait la fouille d'un des châteaux Omeyyades sur le site de Khirbat al-Mafdjar.
Début XX on élargit également le champs archéologique à l'Asie. Aujourd'hui la recherche archéologique est développée dans toutes les régions du monde.
L'extension dans le temps :
A l'origine on s’intéresse à la Rome antique, puis on s'intéresse à des civilisations plus anciennes. Deuxième moitié du XIX on s'intéresse aux Mycéniens ou à la civilisation Crétoise.
Arcisse de Caumont (1802-1873) = s'intéresse aux vestiges architecturaux du Haut Moyen Âge.
La Décoché (1812-1875) = s'intéresses aux vestiges funéraires et notamment mérovingiens.
Le XX ouvre le champs chronologique du monde de l'Islam. L'extension temporelle se poursuit puisque dans les années 70' est institutionnalisée en France une archéologie moderne et contemporaine. L'archéologie médiévale scientifique nait seulement au lendemain de la 2nd Guerre Mondiale à Caen avec Michel de Bouard.
l'extension dans le contenu :
On fouillait pour trouver les belles choses de l'antiquité classique. Cette quête de l'objet d'art laisse des traces dans l'enseignement → l'enseignement d'archéologie est associé à l'histoire de l'art.
Au niveau des sites fouiller, maintenant nous fouillons les maisons, les choses plus communes. Maintenant est récolté l'ensemble des tessons. Aujourd'hui la fouille ne se borne plus aux objets fabriqués par l'homme → l'anthropologie = étude des ossements humains.
Aujourd'hui l'archéologie n'est plus seulement l'étude des créations matérielles de l'homme mais des transformations que l'homme à imposer sur le milieu dans lequel il évoluait.
Deuxième Partie : matériel, méthode et militantisme :
→ quels sont les démarches propres à l'archéologie médiévale et des mondes musulmans en particulier ?
Aujourd'hui on parle plutôt de « document » plutôt que de « sources ». L'usage du mot « source » est une invention de la diplomatique du XIX. La source induit un retour à l'origine mais on oublie qu'un document est le produit d'une société et de toutes les sociétés qui ont suivies.
L'archéologie médiévale se constitue de corpus de documents écrits et matériels – c'est ce qui constitue la spécificité de la démarche de l'archéologue médiéviste. Spécificités puisque les différents documents opposent le ponctuel (texte) au global (l'habitat). Le document archéologique est tout de même le résultat de la mise à jour de l'archéologue, il choisi de conserver ce qui l'intéresse. L'archéologue détruit au fur et à mesure qu'il fouille.
L'archéologie médiévale fait partie de la famille de l'archéologie des « périodes historiques ». On pratique la fouille programmée (fouille réfléchie pour un gros site) – fouille de sauvetage/préventive (fouille avant la construction d'un nouveau bâtiment). On utilise d'autres méthodes de prospections : méthode de reconnaissance aérienne + prospection à vue.
L'archéologie du Moyen Âge est née suite aux bombardements de la 2nd Guerre Mondiale. Naissance dans un contexte d'opposition contre l'histoire de l'art, ou contre une histoire faite à partir de documents écrits. Lutter pour faire reconnaître la discipline. Les premiers champs de recherches restent les beaux ouvrages d'art (les châteaux du désert, le palais de Samarra, la grand mosquée de Damas).
I/ De Mahomet aux trois califats arabes (VII-X) :
1 – De Mahomet à la fondation du califat abbasside (VII-750) :
L'islam nait de la révélation divine par un Arabe d'une tribu de La Mecque, la tribu Quraysh → Muhammad (570-632) → 622 = l'Égire → hostilité du clan des Omeyyades. Lorsque le prophète meurt en 632 à Médine, on dit qu'il a posé les bases d'une religion nouvelle : 114 sourates du Coran sont révélées + les cinq piliers d'islam (= prière – jeûne – l'aumône – pèlerinage - ).
Les califes bien guidés (= rashidun) prennent la tête de l'Etat de Médine : Abu Bakr, Umar, Uthman, Ali. Mise en place du premier empire musulman + naissance des grands courants de l'islam. Fondation des premières villes camps comme Fustat. Le 3e calife, Uthman, meurt assassiné, Ali est accusé du meurtre donc conflit entre les membres du clan des Omeyyades (Uthman) dirigé par Muhawiya, et les partisans de Ali. Ce conflit débouche sur la bataille de Siffin sur l'Euphrate en 657 → Ali est vaincu par Muhawiya, naît alors le courant kharidjite (= courant restant aujourd'hui minoritaire en marge du chiisme). Muhawiya est proclamé en 650, calife, à Jérusalem, déplace la capitale à Damas. Les partisans de Ali refusent de se soumettre aux Omeyyades ou à Muhawiya et fondent le courant chiite.
Le temps des Omeyyades de Damas (660-750), c'est un temps où la capitale de l'empire passe de Médine à Damas. Conquête vers l'Est jusqu'à la mer d'Aral, et vers l'Ouest jusqu'à la péninsule ibérique. C'est l'époque d'un développement des contestations émanants des nouveaux convertis (ceux qui ne descendent pas d'une grande tribu), débouchant sur la révolution Abbasside (Abul Abbas) → dynastie régnant de 750 à 1258 = un empire dont les limites vont progressivement se rétrécir. Les Abbassides fondent Bagdad en 762. C'est le temps de la fin des conquête à l'exception du Turkestan.
2 – Le califat abbasside : de l'âge d'or du califat au califat sous tutelle et au domaine réduit au bas Iraq (750-X) :
L'âge d'or du monde musulman → Bagdad est la plus grande métropole de son temps. Développement des arts, notamment dans la ville palatine de Samarra. C'est également le temps des sciences, lors du califat d'al-Mahmun. Développement des techniques d’irrigation et l'Irak est la plaque tournante du commerce entre la Méditerranée et l'Océan Indien.
Les turques prennent petit à petit du pouvoir dans l'administration. 945, le grand émir Abbasside est un chiite originaire d'Iran fondant la dynastie des Bouyides, et détient alors le pouvoir réel. Le calife conserve toutefois une fonction symbolique et religieuse.
Le territoire sur lequel s'exerce l'autorité de Bagdad s'est considérablement amoindri au fil des successions des gouverneurs. Mouvement d'émancipation des provinces → émancipation pendant la seconde moitié du VIII : al-Andalus (756 = fondation de la dynastie des Omeyyades qui placent leur capitale à Cordoue) – le Maghreb occidental avec les Idrissides (se prétendent descendants d'Ali) se donnant pour capitale Fez – les Aghlabides sunnites à Kairouan.
Les provinces orientales font également sécession au premier quart du IXe : les Samanides et l'Egypte avec les Soulounides. La Syrie septentrionale s'émancipe avec la dynastie chiite Hamdanides de Mossoul.
3 – Au Xe, naissance des deux autres califats arabes : le Fatimide de Kairouan et l'Omeyyade de Cordoue :
Jusque là toutes les dynasties sont des dynasties d'émirs (gouverneurs) indépendants et maintiennent toutefois la fiction d'une direction commune de l'ensemble de l'umma de sorte à reconnaître l'autorité du calife abbasside de Bagdad.
Calife sunnite à Bagdad, maintenant un autre calife chiite nait au Maghreb, il se proclame donc lui aussi universel et mène une politique extérieure de lutte contre ceux qui sont limitrophes à Kairouan, soit les Omeyyades de Cordoue. C'est donc pour répondre à cette provocation que l'émir de Cordoue se proclame également calife en 929.
Pour les Fatimides de Kairouan, leur but étant donné qu'ils prétendent à l'universel c'est de se débarrasser du calife Abbasside de Bagdad d'où des expéditions vers l'est. Dans le cadre de cette politique orientale, ils font la conquête de l'Egypte en 969. Dynastie des émirs Zirides qui gouverne le Maghreb orientale dès 969-970 jusqu'en 1148.
II/ Les nouveaux peuples et leurs empires (XI-XIII) :
1 – En Occident, des califats arabes aux empires berbères almoravide et almohade :
Les royaumes chrétiens ouvrent des fronts d'expansion en Méditerranée et modifient les frontières des terres d'islam. 1072 = les normands s'emparent de Palerme – 1085 = le roi de Castille Alphonse VI entre dans Tolède – 1099 = les croisés prennent Jérusalem.
la fin des califats arabes en al-Andalus et au Maghreb :
En péninsule ibérique, c'est d'abord le temps de royaumes de Taïfas vers 1010-1090. Vers 980, le califat Omeyyade de Cordoue passe sous la tutelle d'un chef militaire : Almansur, qui fonde la dynastie des Amirides. Cette dynastie s'achève lors d'une guerre civile.
Chapitre 2 : Archéologue des espaces urbains :
Longue histoire de la civilisation urbaine. Des villes fondées par l'Islam qui sont aujourd'hui de grandes capitales : Le Caire (642) – Kairouan (670) – Bagdad (762) – Madrid (860) – Marrakech (1070). L'Islam toujours favorable aux villes dès le MA, contrairement à l'Occident. Damas première capitale politique de l'Islam, de l'empire arabo-musulman → Alep, ou Cordoue furent aussi des capitales politiques. Qui dit urbanisme, dit architecture particulière. Des villes de fondation plus modestes comme Kufa. Des villes saintes comme Médine (madina = la ville).
→ Quels ont été les apports de l'archéologie à notre connaissance des espaces urbains de l'Islam médiéval ?
I/ La ville islamique : le postulat de l'Ecole orientaliste :
l'école orientaliste : les savants, l'arrière plan intellectuel et politique :
Un postulat est un principe incontestable. Les orientalistes ont posé un postulat qui a eut la vie dure, celui de l'existence de « la ville islamique ». Cette expression apparaît pour la première fois dans un article d'un savant français en 1928, et cette expression figure encore dans des publications scientifiques dans les années 1990. L'Ecole orientaliste domine toutes les études sur le monde musulman médiéval des années 20 jusqu'aux 90'. Elle s'est développée au temps de la colonisation européenne, en particulier française et anglaise sur les pays du Maghreb et du Proche-Orient.
Les premiers exposés sur la ville islamique se font au sein de l'école française d'Alger par les frères Marçais : 1928 = premier article intitulé L'islamisme et la vie urbaine. L'école française de Damas avec Sauvaget. Des monographies remarquables qui restent des mines d'informations pour des villes aujourd'hui en partie détruites comme Alep. Gaston Deverdun publia une monographie sur Marrakech. Les chercheurs occidentaux rencontrent une civilisation possédant une religion différente de la leur → si l'urbanisme est singulier en Orient, c'est du fait de cette différence de religion → d'où l’appellation de « ville islamique/musulmane ».
l'arrière plan intellectuel et politique : la colonisation ; la période ottomane :
La colonisation française au Maghreb et au Proche-Orient se développe dans des régions fortement marquées par la civilisation antique gréco-romaine. Découverte de l'urbanisme antique et des villes musulmanes. La colonisation française serait un renouement avec la civilisation antique après une « parenthèse » de 15 siècles. L'urbanisme antique devenait le modèle par excellence (plan hippodamien) ; en opposition aux rues étroites et tortueuses des quartiers médiévaux.
Les derniers temps de la période ottomane sont violents : la fameuse tyrannie turque que dénonce les intellectuels turcs ou syriens. La ville musulmane serait désarticulée car très cosmopolite. Idée selon laquelle les populations ne savent pas se gouverner.
la ville islamique : les stéréotypes des Orientalistes :
Elle est définie de manière négative : définie par ce qu'elle ne possède pas. Elle aurait perdue la régularité de la ville antique. La ville islamique perd les monuments de la ville antique : les monuments de la ville musulmane ne seraient que la version dégradée des monuments antiques. La ville musulmane n'a pas su se dotée des institutions communales qui permirent le développement de la ville médiévale dans l'Occident chrétien.
« l'inventaire à la Prévert » = observation banale. La ville islamique possède une mosquée, un marché, un hammam, une enceinte dotée de portes, un palais, un réseau de rue labyrinthique. La ville musulmane est traduite par une certaine intemporalité.
Une ville « sans visage ».
la ville islamique reconsidérée :
Les critiques commencent dès les années 60. Le premier facteur qui a joué c'est la décolonisation, mettant un terme à la supériorité de l'homme blanc et de sa bonne parole. On passe du statut « d'informateur » au statut de « chercheur ». Les intellectuels algériens marquent la différence entre les chrétiens et musulmans.
Abdallah Laroui ; Hisham Djait
La notion de « ville islamique » ne peu plus tenir puisque trop peu de villes sont étudiées. Une ville constitue un système complexe au profit d'une population nombreuse, donc le principe « d'anarchie » est désuet.
II/ Des générations de villes entre le VII et le XV :
fondations urbaines et renouveau des cités au temps de l'Empire arabe unitaire (VII-VIII) :
L'archéologie montre l'évolution et la diversité des villes. On peu distinguer 3 générations de villes : les fondations urbaines/revitalisation des sites antiques au temps de l'empire arabe unitaire (Omeyyades) – le temps des gigantesques califiennes (VIII-XI) – les villes à citadelles.
Cette première génération de villes on la situe entre 632 et la révolution Abbasside en 750. Première génération marquée par l'arrivée du peuple arabo-musulman sur les rives méditerranéennes. Un monde marqué par les pestes du temps de l'Empereur Justinien → les villes se contractent et se rétractent. Période du calife Oumar (634-644) et période des Omeyyades.
Deux types de villes : les fondations et agglomérations nouvelles qui sont des lieux de concentration des troupes (= Kûfa (638, tête de pont des armées arabes faisant la conquête de la perse sassanide), Basra, Fustat, Kairouan, Wasit, Anjar) – les cités antiques revitalisées. Les fondations du premier temps reste des villes modestes, Anjar est une ville de 13 hectares, Cordoue : ville revitalisée c'est une centaine d'hectares. A Kufa, le palais et la grande mosquée sont accolés, c'est une ville ouverte comme un campement militaire. Anjar, fondée sous al-Walid (705-715) est une ville inachevée et abandonnée en 744, système de rues orthogonales.
les gigantesques métropoles califiennes :
Cordoue dans la seconde moitié du Xe s'étend sur 5 000 hectares, Bagdad sur 6 000. Le renversement de la conjoncture démographique et politique permettent le développement de ces métropoles. Les califes prétendent gouverner l'universalité du monde musulman. Ces villes sont aussi des espaces de rencontres entre les communautés ethniques et religieuses (des villes sans quartiers distinctifs).
Bagdad capitale sunnite des abbassides depuis sa fondation en 762 jusqu'à la fin du califat 1268. Ville de fondation, circulaire comportant 4 portes ouvrants sur les espaces dominés par le calife. Au centre de cette ville et d'une esplanade sont installés le palais du calife et la grande mosquée. Les habitations du pourtour de cette esplanade sont réservées aux élites administratives et militaires. Ville développées sur les deux rives du Tibre → quartiers commerciaux installés au sud de la ville ronde. 814 = ville ronde abandonnées car dévastée à cause d'une lutte entre prétendants au pouvoir qui s'installent alors dans les palais de la rive droite du Tigre ou à Samarra.
Ville de Samarra n'est pas fermée, elle ne comporte pas de muraille. Construction d'une succession de palais le long du Tigre. Travaux archéologiques jugés insuffisants. Aujourd'hui il nous reste la grande mosquée d'al-Mutawakkil avec son célèbre minaret Malawiyya (« le minaret en spirale ») - la mosquée d'Abu Dulaf. Egalement des vestiges d'un certain nombre de palais comme le palais de Djawsak Khakani (836) faisant 1km5 de long – le palais de Balkuwara (850-860) faisant 700m de long.
→ al-Qahira :
Ville de fondation, fondée en 969 par le général Fatimide chiite, créée ex-nihilo au nord de Fustat. La population de Fustat est sunnite donc le calife doit s'installer à l'écart. Superficie de 160 hectares.
L'urbanisme religieux c'est, au sud-est du grand palais, la fondation de la mosquée al-Azhar (970-972). Au nord de la ville, entre l'enceinte de Djawar et Badr, il y a la mosquée al-Hakim. Un vizir construisit en 1125 la mosquée al-Aqmar. Toute une série de construction des mausolées (= mashhad) pour abriter les reliques de la famille du prophète Ali.
les villes à citadelle des pouvoirs non arabes (XI-XVe) :
L'élite politique et administrative se voit remplacer par une aristocratie militaire aux alentours du XIe → à l'est les Seldjoukides, à l'ouest les Berbères. Se multiplies les capitales politiques (= royaumes des Taïfas, Marrakech, Grenade...ect). Ces capitales sont moins peuplées que les capitales califiennes, Alep c'est seulement 200 hectares environ. Présence d'une citadelle édifiée à côté de la ville qu'elle domine. Présence également d’hippodromes. Villes identitaires puisque les califes ne sont pas légitimes car non-arabes, donc ils doivent plus s'affirmer. Fondation d'institutions d'enseignement supérieur en science religieuse (= madrasa). Présence de fondations pieuses récoltants les dons des institutions pieuses (bains, boutiques...ect).
Alep = citadelle d'al-Ghazi (1193-1215) → site occupé depuis la plus haute antiquité et fondé par les Séleucides, sur une acropole.
Marrakech = fondée par les Almoravides. C'était principalement un camp de nomades donc ce fut une ville ouverte sans présence de muraille. L'émir Almohavide construit au cours de l'année 1126 une muraille en terre. L'émir ferme la mosquée prétextant qu'elle est mal orientée et fait construire la mosquée de la Kutubiyya à l'ancien emplacement d'un palais. Le calife almohade construit une citadelle au sud de la ville, à l'extérieur de la muraille urbaine, aujourd'hui il nous reste seulement la porte monumentale de Bab Agnaou.
III/ L'ordre urbain :
le réseau des rues :
Réseau de rues orthogonales → site almohade de Saltès : les rues se coupent à angle droit comme à l'époque romaine ou comme le tracé hippodamien. Réseau de rues hiérarchisées : des axes principaux – des axes secondaires desservant les quartiers. Des rues se terminant souvent sur des impasses pour pouvoir protéger les quartiers lors des révoltes. Les empiètements sur la rue ne sont pas anarchiques mais codifiés relevant d'une législation spécifique : recueils de fatwa – manuels de hisba → sources juridiques distinguant deux types de rues = la voie publique n'appartenant pas à l'Etat, pas de possibilité d'accaparement + rues desservants les maisons gérées en copropriété, possibilité de s'en accaparer.
l'approvisionnement en eau :
Les travaux hydrauliques relèvent du souverain. A l'époque de Saladin, un système d’aqueduc au Caire puisant de l'eau dans le Nil et l'amenant jusqu'à la citadelle. Réutilisation d'aqueducs antiques. Des gestions privées de l'eau par les acteurs sociaux de la ville : possesseurs de bains ou autre. A Grenade on a conservé un réseau de citernes privées.
Cordoue : intervention des souverains depuis le temps des Omeyyades qui prolongent les canalisations antiques – al-Mansur vers 980 fait construire une vaste citerne souterraine – le gouverneur Almoravide met en place une roue hydraulique : l'Albolafia. Ceci pour approvisionner le palais, la grande mosquée et deux fontaines publiques présentent près du palais. Les acteurs sociaux privés aménagent chacun un puis.
l'évacuation des eaux :
Présence d'un réseau d'égouts souterrains recueillant les eaux qui sont ensuite déversées dans le fleuve. Système distinguant deux types d'eaux : les eaux pluviales recueillies pour arroser les jardins, nettoyer les latrines + les eaux usées.
Chapitre 3 : archéologie de la mosquée :
masdjid = mosquée – se prosterner. 2 types de mosquées : la mosquée réservée à une partie de la communauté (mosquée du palais) ; et la mosquée qui est destinée à accueillir tous les fidèles pour la prière du vendredi midi.
I/ Architecture de la mosquée, des origines aux Ottomans :
la maison du Prophète à Médine et la première mosquée de l'islam (622-632) :
Pour Creswell la mosquée de Médine est d'abord une maison que Mahomet utilise secondairement comme lieu de rassemblement des fidèles.
Pour Akkouch ce que construit Mahomet, c'est dès le départ conçu comme une mosquée → la recherche récente rejète l'hypothèse de Creswell pour approuver celle d'Akkouch.
Une cour carrée, construite en brique crue, percée de 3 portes. Le prophète y installe un auvent pour protéger les fidèles du soleil. Au départ on oriente la qibla vers Jérusalem et en 624 on décide de l'orienter vers la Mecque → rupture avec les juifs de Médine.
Creswell plaçait les maisons (celle du prophète + celles des épouses) sur le côté extérieur de la cour avec un accès direct à la cour → proximité directe avec la communauté et la mosquée.
Quelques années avant la mort du prophète est installé le minbar, élément mobilier souvent en bois ou en briques. Il est placé devant le mur de qibla, c'est une sorte de siège/trône. Permet de mettre celui qui dirige la prière, au dessus des fidèles.
la mosquée arabe des amsâr :
amsâr= les villes camps. Premières mosquées fondée en dehors de l'Arabie sont construites dans un contexte arabe des villes camps.
638 = Basra + Kufa – 642 = Fustat. Il nous reste peu de vestiges. Muraille en briques cuites autour de la qibla avec des tours de guet.
la mosquée basilicale :
Aspirations artistiques des omeyyades (Abd al-Malik ou al-Walid) furent fortement marquées par les monuments du Proche-Orient classique et byzantin – on construisait selon des schémas élaborés par les civilisations locales préislamiques en les adaptant aux besoins nouveaux.
Introduction du mihrâb = c'est l'abside des édifices basilicaux de l'antiquité – introduit dans le mur de qibla → permet de mettre en valeur le mur qibla. Deux colonnes à chapiteaux reliées par un arc ; cette porte ouvre sur un renfoncement. Le premier mirhâb conclave est celui ajouté à la mosquée de Médine lors de la reconstruction des années 707/709. On ajoute une nef centrale/axiale dirigée vers le mihrâb. Dans certaines mosquées, la nef au parallèle au mur de qibla.
II/ Diffusion et évolution de la mosquée arabe en Orient et en Occident :
les vastes mosquées abbassides de Samarra :
Mosquée d'al-Mutawakkil ou Grande Mosquée :
Fut la plus grande mosquée de la civilisation islamique dans l'éphémère capitale des califes abbassides à Samarra durant le IXe. Son minaret en spirale hélicoïdale (= malwiya) en fait aussi un exemple unique (inscrit patrimoine mondial de l'UNESCO).
Jafar al-Mutawakkil, calife abbasside de Bagdad de 847 à 861, construisit à Samarra plusieurs palais et 2 mosquées : mosquée Abu Dulaf et la Grande Mosquée.
De plan rectangulaire, elle mesure environ 239 mètres sur 156 – construite en briques cuites et mortier de gypse (caractéristique de l'architecture abbasside). Murs renforcés de 44 tours semi-circulaires la font ressembler à une forteresse. Mur couronné dans sa partie supérieure d'une frise de brique décorée de stuc. 16 portes ouvraient sur la mosquée composée d'une grande cour intérieure, ouverte et entourée d'arcades couvertes, dont celles du mur de la qibla sont les plus profondes. Ce plan hypostyle est inspiré par les premières mosquées du monde islamique, comme celle de Damas. Cour initialement bordée de galeries à colonnades aujourd'hui disparues et était entourée d'un mur d'enceinte bastionné qu'on nommait ziyada.
Salle de prière se compose de 17 nefs. Centaine de piliers massifs en briques et pierre brute soutenaient le toit plat en bois. Plan en « T » original. Etait décorée de carreaux de céramique bleus et lustrés de sculptures en stuc et de mosaïques de verre et d'or flanqué de deux paires de colonnes de marbre rose. De chaque côté de la salle de prière présence d'une ouverture ; l'une par laquelle entrait l'imam, l'autre donnant sur un débarras où était entreposé le minbar transportable. Autre bâtiment derrière le mihrab servait probablement à accueillir le calife.
Le minaret = Malwiya – séparé de la mosquée de 27m au nord à laquelle il est relié par un pont – structure hélicoïdale composée d'une rampe en spirale de 5 étages le faisant culminer à 54m.
Mosquée d'Abu Dulaf :
diffusion du modèle basilical de l'Egypte à la Péninsule ibérique :
Mosquée de Cordoue construite en 785 et achevée en 980, par Abd al Rahman Ier, premier émir de Cordoue.
Le Caire : mosquée al-Azhar.
III/ Evolution du modèle arabe en Orient : mosquée iranienne et mosquée ottomane :
la mosquée iranienne à quatre iwans :
Isfahan (Iran). Les turcs seldjoukides apportent l'élément architectural de la coupole circulaire ainsi que de l'iwan = pièce voutée fermée sur 3 côtés et ouverte sur le grand côté.
Iwan = vaste porche voûté ouvert sur une façade rectangulaire par un grand arc en tiers-point dit arc persan.
la mosquée ottomane à coupole centrale :
C'est sur le sol anatolien que s'achève en se précisant l'élaboration du dernier type de grande mosquée → mosquée à coupole centrale est le grand acquis de l'architecture ottomane. Coupole centrale connue dès le XIVe dans la grande mosquée de Manisa ou la mosquée Selimiye à Edirne. Pouvoir politique ottoman exporte ce type de mosquée dans l'ensemble des provinces de l'empire et, après avoir imposé une formule, va bloquer toute tentative de renouveau éventuel = art de la capitale devient l'art de tout un empire.
Chapitre 4 : archéologie de la maison en milieu urbain :
I/ L'archétype de la maison urbaine de l'Islam médiéval : la maison à cour centrale :
C'est la maison de l'élite.
la maison à cour centrale : origines, formation et diffusion :
La très grande majorité des sociétés islamiques du bassin méditerranéen a adopté à partir du milieu du IXe, cette maison à cour centrale ou « maison arabe ». Distribution autour de la cour de pièces longitudinales – on passe d'une pièce à l'autre en traversant la cour.
Présence d'une entrée coudée permettant de protéger l'intimité de la famille. Cette entrée va de pair avec l'absence d'ouverture sur l'extérieur → les ouvertures viennent de la cour.
Présence d'espaces spécialisés : cuisine, latrine.
Maison considérée par les archéologue comme un marqueur très fiable de l'islamisation. Maison dite introvertie → fermée sur elle. La maison arabe trouve son prolongement dans les pays musulmans de la méditerranée et les régions à très forte identité islamique comme en Andalousie.
→ quelle est l'origine de cette maison ? La maison arabe est très différente de la domus romaine : conception axiale de l'intérieure de la maison de sorte à impressionner son hôte : quand il rentre il découvre toutes les pièces – système de réception protocolaire – alors que la maison arabe permet de préserver une certaine intimité. La maison arabe vient d'une construction progressive étant mise en évidence à partir des maisons fouillées en Andalousie.
les espaces de la maison à cour centrale de l'Islam médiéval :
L'entrée coudée = ustwan → apparaît très tôt – documentée sur le site de Siraf au sud de l'Iran. Lieu d'attente pour certains visiteurs. En général une pièce de petite dimension pourvue de deux portes + banc de pierre accolé à l'un des murs de la maison + elle est toujours placée dans un angle de la maison. Lorsque nous somme dans une maison de l'élite, c'est parfois un couloir qui s'élargit aux dimensions d'une petite pièce. Beaucoup de témoignage dans les textes juridiques qu'il est interdit à un propriétaire de placer sa porte d'entrée en face de la porte d'entrée de la maison de son voisin.
Deuxième élément identifié c'est l'étable → pièce isolée du reste de la maison. C'est une composante de toutes les maisons urbaines.
C'est dans la cour que se déroule l'essentiel des activités quotidiennes de la maisonnée. La cour permet d'accéder aux différentes pièces. On y trouve un équipement hydraulique. Présence également d'un jardin.
Présence d'un portique créant un espace de transition entre la cour ouverte au ciel, et l'espace couvert et fermée de la maison. Permet de distribuer les pièces de l'étage quand il y a un étage.
La cuisine. Le foyer ne dispose pas de cheminée propre. Les latrines sont toujours situées dans un angle de la maison, à part, avec un accès coudé.
El tinajero = petite pièce de la maison dans laquelle se trouve une énorme jarre contenant de l'eau. Le tinajero devait servir aux ablutions. Parfois le tinajero est placé dans la cours sur le portique.
II/ Variations autour d'un modèle :
des maisons sans cour en Islam :
→ les maison-tour du Yémen. Ce type de maison apparaît surtout dans les villes antiques de l'Arabie du sud, vers Shabwa. Ces maisons ne sont pas mitoyennes. Maison servant à loger son propriétaire ainsi que sa famille élargie. Les pièces dans les parties les plus basses servent de réserve. Les accès sont étroits, les seuils sont surélevés, au dessus de ces étages de réserve se trouvent les habitations. Chaque famille nucléaire occupe un étage de la maison.
Fonction défensive et symbolique de cet habitat → montrer l'unité d'un lignage. Ce sont des maisons généralement en pierres, d'autres sont en bois, d'autres encore, en mortier de terre. A l'intérieure on circule grâce à un escalier interne. Nombre d'étages est variable, on peu aller jusqu'à 6 étages.
Les plus anciennes maisons sont datées du IXe siècle av. J-C. Ce style architectural est construit jusqu'au XXe. Les maisons-tours de l'Alhambra de l'époque Nasride sont les plus proches de l'Occident.
les maisons polynucléaires et/ou à étage :
La maison de Murcie → une maison possédant 4 cours. On serait en présence d'un groupe familiale élargit : polynucléaire. Maison documentée au XIIe siècle. Les travaux de Jean-Claude David sont importants dans l'étude de ce type de maison pour Damas → Chef de famille très riche occupant la cour principale de la maison, et laissant à ses femmes les cours secondaires et même parfois une cours réservée aux domestiques.
Présence dans certaines maisons, d'un étage : al-gurfa/algorfa / al-masriyya (=on y a souvent accès par un escalier situé à l'extérieure de la maison → étage qui serait destinée à une personne extérieure de la maison). Pour l'al-gurfa accès soit extérieure soit intérieure de la maison. Quand on manque d'espace dans les villes, on construit en hauteur. Cette pièce sert de chambre supplémentaire, mais elle sert aussi souvent de séchoir pour entreposer une partie des récoltes. Ca peut aussi être un boudoir aussi bien masculin que féminin.
la diversité typologique des maisons nasrides de Grenade :
Avec cour / sans cour.
Avec cour : sans portique / avec portique. On entrerait directement dans les maisons sans portique.
III/ Actualité de l'archéologie :
maison urbaine et environnement :
maison urbaine et histoire du genre :
Chapitre 6 : Archéologie funéraire :
Cimetière = maqbara, pl. maqâbir – tombe = qabr
Corpus documentaire : ouvrages de fiqh , récits de voyageurs, de ziyârât (= ouvrages de visites pieuses à l'usage des pèlerins), dictionnaires biographiques, corpus architectural, données archéologiques.
Stèles funéraires sont souvent découvertes hors contexte archéologique. Les cimetières juifs comme les cimetières musulmans ne peuvent être fouillés intentionnellement → on fouille surtout les cimetières en Espagne ou vers Nîmes, dans des zones aujourd'hui non-musulmanes.
I/ Formes, espaces et fonctions du cimetière en Islam médiéval :
des espaces périphériques :
Espace situé extra-muros (extérieure des murailles) → séparation du monde des morts du monde des vivants. Situés facilement sur flans et pieds de montagnes auxquels on attache un caractère sacré → montagne sacrée de Mukattam près du Caire : montagne où dieu aurait parlé à Moïse. Déplacement des cimetière au fur et à mesure de l’expansion urbaine : synonyme du développement urbain.
Cependant, il y a des cimetières intra-muros. Les panthéons royaux se trouvaient au cœur des palais. En cas de siège et d'impossibilité de pouvoir se rendre dans les cimetières extra-muros, on enterre parfois les morts intra-muros.
des espaces ambivalents :
Comme le cimetière est selon les juristes un endroit impur = Ibn Qudama disait qu'il ne fallait pas y prier. Ibn Abdun = les cimetières seraient des lieux épouvantables car des personnes viendraient boire du vin sur les sépultures.
Pour d'autres juristes le cimetière serait un lieu de visites pieuses (= ziyarat), un lieu saint. Car le cimetière peut renfermer des tombes de personnages vénérés de l'Islam. Toutes les grandes villes de l'Islam revendiquent de posséder des tombes de personnages vénérés. Certains même, espèrent être enterrés dans un enclos proche du saint.
II/ Tombes et mausolées en Islam médiéval :
les sépultures en Islam :
Le rituel de l'enterrement. Corps du défunt est soigneusement lavé puis enveloppé dans un linceul. Il est ensuite déposé à même la terre dans la fosse. Enterré sur le flan droit dans une fosse étroite c'est le rituel de shaqq. La coutume de Médine veut que le défunt soit posé à plat sur une niche horizontal.
Le marquage de la tombe est très discret. Un hadith dit qu'il faut égaliser la tombe avec le sol environnent, que la trace de la tombe disparaisse. Les juristes anciens disent qu'il est répréhensible (= haram) de décorer la tombe. Marquage de la tombe pouvant prendre la forme d'un enclos ou d'un mausolée.
les mausolées des souverains et des saints :
Les visites pieuses = ziyarat. Les grandes villes ont leurs saints protecteurs : Bagdad = al-Djilani ; Damas = Ibn al-Arabi ; Kairouan = Uqba b. Nafi ; Moulay Idris = Idris Ier (fondateur de la dynastie des idrissides).
Dans le monde chiite, des tombeaux/mausolées sont créés pour commémorer les martyrs important de l'Islam = mashhad.
La dynastie des Mérinides est la première à créer un mausolée pour ses morts : la ville funéraire de Chella → nécropole dynastique qui au dessus de sa porte d'entrée portait une inscription désignant le ribat. A l'intérieure se trouve une mosquée ; le mausolée d'Abu l-Hasan.
Le Caire : cimetière du Qarafa al-kubra. Cimetière constituant un vaste ensemble avec des ruelles pavées de marbres, des jardins, il y a même la présence d'une mosquée.
III/ Actualité de l'archéologie :
cimetière musulman de Pampelune :
Lors de la construction d'un parking souterrain on découvre à la Plaza del Castillo des tombes orientées vers la Mecque.
inhumations musulmanes de Nîmes ( première moitié du VIIIe) :
Découvertes à la suite d'une fouille menée par l'INRAP en 2006. On y découvre tout un quartier de la ville antique.
Chapitre 7 : archéologie du jardin :
djanna = terme arabe ; bustan + firdaws = termes perses s'arabisant
I/ Les racines du jardin dans l'architecture de l'Islam :
les héritages :
Un peuple qui nait dans le désert, mais c'est la civilisation qui diffuse le jardin. Les conquérants venus de l'Arabie, entrent en contacte avec des civilisations connaissant la tradition du jardin : Babylone = Mésopotamie entre le Tibre et l'Euphrate ; jardins suspendus développés par Nabuchodonosor pour son épouse → mais les archéologues n'ont jamais trouvé de jardin en fouillant le site → cependant des traces de jardin sur le site de Ninive, cité rivale de Babylone – les jardins de Cyrus le Grand, souverain Achéménide, dans la cité de Pasargarde.
Héritage Babylonien, irakien, et de l'Iran Sassanide.
le corpus documentaire :
D'abord un corpus de sources textuelles composé en particulier de traités d'agriculture. Pour Al-Andalous, entre le XIe et XIVe, nous possédons 6 traités d'agronomie diffusés autour de certaines villes comme Tolède, Séville, Grenade, Alméria. Des auteurs reconnus comme Ibn al-Awwam → introduit en Al-Andalous la technique orientale de l'irrigation au goute à goute pour économiser l'eau tout en maintenant la plante dans un milieu humide.
Corpus archéologique. On retrouve les tracés des canaux et rigoles d'amenées d'eau.
Corpus iconographique → mosaïques présentent dans les cours de mosquées ou palais comme à Damas. Dessins présents dans des manuscrits.
II/ Rôles, configurations et diffusion du jardin dans l'architecture de l'Islam :
les multiples rôles du jardin :
C'est d'abord un rôle symbolique et religieux : djanna = signifie aussi paradis. Ce sont des jardins situés toujours en hauteur, ils sont immenses. Les jardins sont partout fermés par des murs et ouvert par des portes. Les jardins sont irrigués où il y a des parterres entre lesquels où circulent des ruisseaux, des parterres sur lesquels sont plantés des arbres chargés de fruits. 4 fleuves coulent dans les jardins de façon symbolique : eau, miel, lait, vin.
Une fonction esthétique : disposer d'un espace agréablement aménagé. Une fonction sociale, les intrigues amoureuses. Fonction politique, c'est un prolongement politique du palais, on y reçoit des ambassadeurs. Fonction agronomique permettant des expériences entre espèces de plantes.
configuration des jardins :
Jardin organisé selon un plan rectangulaire à l'intérieur duquel l'espace est divisé de manière octogonale. Le jardin doit être parfaitement organisé, à l'image du monde que le calife domine. Riyad = autre terme pour désigner un jardin.
Le jardin organisé de manière moins rigide, le jardin « ouvert » mais il est quand même fermé par une muraille → celui ci est à l'intérieur doté d'un ordre moins géométrique → il est désigné par le terme agdal.
Des jardins situés sur les terrasses des maisons.
L'eau est toujours omniprésente dans les jardins. Elle servira à l'esthétique (sonore, visuelle) des lieux : bassins, fontaines. Rôle d'irrigation essentielle pour cette civilisation du désert. Fonction de confort de sorte à apporter une fraicheur à l'air ambiant.
Utilisation de matériaux divers aux surfaces différentes : le marbre, brique, pierre → pour confirmer l'idée d'abondance.
omniprésence du jardin :
« Châteaux du désert » omeyyades. Les jardins cruciformes des palais abbassides comme à Samarra par exemple. Les palais de ghaznévide et ghouride (Afghanistan). Les palais du Maghreb comme le palais de Raqqada près de Kairouan. Les jardins de la casbah Almohade de Marrakech.
III/ Actualité de l'archéologie :
Chapitre 8 : Archéologie portuaire :
I/ L'Islam et la mer : de l'ignorance à la reconnaissance :
paradoxe : fait linguistique / longue ignorance :
Fait de vocabulaire révélateur des évolutions des sociétés. Importance des mots d'origines arabes dans le vocabulaire de la mer. Importance qualitative des mots.
Dar al-sinaa = l'arsenal – atelier/entrepôt des constructions navales (passer dans la langue française par l'intermédiaire de l'italien arzana). Amir al-bahr = amiral – gouverneur de la mer (passer dans la langue française par l'intermédiaire de la Sicile). Dar al sinaa = darse – bassin. Diwan = douane – la liste sur laquelle on note ceux qui ont droit à une part du butin/des impôts (passer dans la langue française par l'intermédiaire de l'italien doana).
deux mondes qui se sont longtemps ignorés :
Les arabes n'étaient pas un peuple de la mer. Deux mondes qui se sont longtemps ignorés mais dans l'imagerie populaire = Sinbad le marin : les aventures d'un marin de Bassora au temps des Abassides, qui auraient fait des voyages en Afrique et en Asie. On trouve cette histoire dans les contes de Mille et une nuit = recueil anonyme de contes populaires. Un pauvre livreur du nom de Hinbad, travaille dans la ville de Bagdad, un jour il s'assoit sur un banc près de la maison d'un riche marchand et se plain à haute voix de sa situation. Sinbad, le riche marchand, l'entend, le fait entrer dans sa maison et lui raconte que lui aussi il est parti de rien, qu'il est devenu riche au-cours de 7 voyages fantastiques qu'il va raconter. Morale du conte est qu'en acquérant la sagesse, on peu s'offrir bien des richesses.
Henri Pirenne dans sa thèse Mahomet et Charlemagne en 1937 → il nous dit que la conquête arabe en méditerranée à rompue définitivement l'unité de cette mer, que Rome avait forgé. Fernand Braudel, La Méditerranée au temps de Philippe II en 1949→ l'Islam serait un acteur de second plan pendant les siècles de croissance des échanges en méditerranée. Archibald Lewis en 1951, développe l'idée que la conséquence de l'établissement de l'Islam en méditerranée, entraine un ralentissement voir un arrêt de la navigation, sur le plan commercial. Xavier de Planhol dit qu'il y a une incompatibilité naturelle des arabes pour la navigation.
Le renouvellement historiographique vient avec Maurice Lombard qui publie en 1958, un article intitulé Arsenaux et bois de marine dans la méditerranée musulmane, VIIe-XIe. 1969 il publie L'Islam dans sa première grandeur, et y montre que contrairement à l'idée dominante de l'époque, l'Islam a eut un rôle à jouer dans la méditerranée médiévale. Christophe Picard montre que tous les califes arabes avaient une conception claire de la méditerranée, puisqu'il fallait défendre cet espace face aux byzantins ou contre les cités italiennes + espace idéologisé qui va légitimer le califat.
le corpus documentaire :
Documentation pauvre pour les premiers siècles de l'Islam et riche à partir du XIIe. Des documents d'archives comme des lettres sur papyrus des années 709-714 destinées à la ville d'Aphrodite. Les archives de la Geniza du Caire. Traité fiscal yéménite du début du XVe. Traités administratifs pour l'Egypte Ayyoubide. Des lettres de chancellerie de l'époque Almohade.
Les sources littéraires comme les chroniques dans lesquelles il est parfois question d'expéditions navales. Les récits de voyageurs.
L'iconographie → représentation de navires sur des céramiques = bacini. Des représentations de navires sur des graffitis. Représentation des ports présent dans l'Atlas des villes du monde ou Ciuitates orbis terrarum.
L'archéologie sous-marine → sites de naufrages sur les côtes provençales : l'épave dite de la roche fouras au large de St Tropez ou l'épave de Bataiguier. Des sites de naufrage en Sicile ou en Israël.
II/ Les espaces portuaires du monde musulman médiéval :
du mouillage au port construit : diversité des espaces portuaires :
Marsa = désigne un lieu où un navire peut mouiller – ça peut être un lieu sur la côte ou sur la rive d'un fleuve. Marsat = l'ancre. Ces mots peuvent aussi définir un port construit.
Première infrastructure connue du port c'est la muraille protégeant l'habitat de la ville ainsi que la darse. Infrastructure du port confondue avec infrastructure de la ville. Lorsqu'il y a un port construit, il y a la présence d'un bassin protégé par deux tours, et entre ces deux tours on tend une chaine. Le bassin est en général naturel, il y a peu de bassins creusés. Ex : Port de Madiyya aménagé par les Fatimides, et présence d'un ancien port phénicien, les fatimides creusent un bassin dans le roc, ceinturé d'une muraille et pourvu de deux tours. Présence d'un phare, comme le phare de Cadix. A Malaga, les sources nous font mention d'un quai. A Lisbonne, une partie du port romain fut dégagée et comporte des traces d'une occupation musulmane.
Toutefois les infrastructures construites sont très rares. Mais alors comment faisait-on le débarquement des marchandises et des hommes ? Le débarquement se faisant par transbordement à l'aide de barques. L'accostage sur une zone de grève qui permet de mettre au sec des embarcations en le couchant sur le sable. Le marsa était peut être simplement une plage où l'on pouvait mettre à sec un bateau.
l'infrastructure fondamentale des grands ports : les arsenaux :
Certains arsenaux étaient pourvus de bâtiments en dur, d'autres étaient de simples chantiers en plein air. Les premiers arsenaux apparaissent en méditerranée orientale pour lutter face aux byzantins, comme à Acre, installé par Muhawiya en 649. Plus tard l'arsenal d'Acre est transféré à Tyr. L'abbasside al-Mutawakkil installe à nouveau l'arsenal à Acre plus tard. Autre arsenal important installé à Tarse, c'est le point de départ d'expéditions maritimes et terrestres contre Byzance → 965 = Tarse passe aux mains des chrétiens.
Ces premiers arsenaux disparaissent à l'époque des croisades, et ne sont plus réaménagés par les Mamelouks quand ceux-ci s'emparent des territoires. Ils se concentrent sur des conquêtes terrestres.
L'arsenal d'Alanya développé sur une forteresse byzantine. L'arsenal d'al-Qulzum, au débouché du canal des pharaons. L'arsenal de l'île de Rawda à Fustat mentionné dès 674. Les arsenaux égyptiens, à l'époque Fatimide vont perdre de l'importance face aux progrès des croisés et face à la menace de Saladin qui mit fin à la dynastie Fatimide.
Rôle modeste des arsenaux en méditerranée orientale. En revanche en Occident, les arsenaux apparaissent plus tardivement mais durent plus longtemps. Arsenal de Tunis fondé vers 694, permet aux omeyyades l'armement d'une flotte pour protéger les côtes du Maghreb oriental, et ceci permit la conquête de la Sicile. Egalement des arsenaux à Sousse et Bougie. Premier quart du Xe, mise en place d'arsenaux en al-Andalous pour résister aux incursions des normands. L'arsenal le plus important fut celui de la ville d'Almeria. Est aussi connu celui d'Alcacer do Sal. L'arsenal fluvial de Silves au Portugal ou de Séville.
les embarcations : les mal connues des ports :
Markab = navire/bateau/nef. Un navire avec un mat principal, une proue recourbée en avant de la coque, et une poupe très bombée semblant surmontée d'une cabine. Le seul élément permettant la propulsion du navire c'est la voilure de type latine (à trois pointes et non carrée). La technique de construction des coques révélée : assemblage des planches à clin + goudron + pois pour calfeutrer la coque et permettre d'être étanche + c'est le pin ou le cèdre qui sont utilisés pour la construction. Il ne semble pas y avoir de différence entre le navire de guerre et le navire de commerce.
III/ Actualité de la recherche archéologique : le programme APIM :
origine et mise en place d'un programme de recherche :
Il n'existe pas d'étude de synthèse de l'histoire du commerce dans le monde musulman. L'archéologie a fournit une grande quantité d'informations de tous types.
vers un renouvellement de l'histoire des ports en Islam :