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Appel a communication 2019

2019, Appel à communication JJC JANUA

Au XVI e siècle, Montaigne disait à propos de l'éducation des enfants : « Pour frotter et limer leur cervelle contre celle d'autruy, je voudrois qu'on commençast à le promener dès sa plus tendre enfance » (Essais, chap. 25, livre 1). L'une des plus nobles raisons d'entreprendre un voyage est ici énoncée : propice aux rencontres et aux échanges, il est formateur pour l'intelligence et participe intégralement de l'éducation. Au contraire, s'opposant à ce goût manifeste pour le voyage et ses fruits, Jules Renard déclare, désabusé : « À quoi bon voyager ! Il y a de la nature, de la vie et de l'histoire partout » (Journal, 27 août 1906). Qu'importent donc les motivations du voyageur, son entreprise est vaine car il ne découvrira rien d'autre qu'un environnement similaire au sien. Voyager n'est qu'un leurre, l'histoire se répète et l'homme se résume en une médiocrité indigne d'intérêt. Ce désenchantement, propre à un siècle que des perspectives d'aventures ne font plus vibrer, est catégoriquement opposé à l'engouement ordinaire suscité par les nombreux exemples historiques d'individus, peuples ou catégories sociales entreprenant périples, pèlerinages ou expéditions par nécessité, profit ou plaisir. Du nomadisme primitif à l'exploration spatiale, en passant par les pèlerinages religieux ou le commerce des épices, les prétextes pour partir ne manquent pas et se diversifient au fil des siècles. Chaque homme ou chaque femme qui entreprend un périple est motivé(e) par des causes qui lui sont tout à la fois propres et culturelles. S'interroger sur les raisons du voyage nous permettrait d'approfondir nos connaissances aussi bien sur l'imaginaire entourant ce phénomène que sur la vie quotidienne des sociétés passées et présentes. À l'heure du tourisme de masse, où le voyage est un loisir dont l'organisation génère peu de difficultés et la réalité quelques imprévus discrets, la peur de voyager paraît difficilement concevable. Pourtant, cette activité fut longtemps périlleuse. Partir dans un pays lointain, sur une route inconnue, échapper aux corsaires sur mer ou aux brigands sur terre, se nourrir et se loger en toutes circonstances, se frayer un chemin au milieu de populations parfois hostiles, mais aussi répondre à de simples questions financières sont autant d'arguments pertinents pour décourager des velléités de départ. La question se pose alors des motivations du voyage et donc de son intérêt et de son utilité pour ceux qui l'entreprennent car, face à milles contrariétés, pourquoi entreprendre un périple qui n'est qu'incertitude ? Pourquoi voyager ? Qu'en retire-ton ? La réalité est-elle à la hauteur des espérances des voyageurs ? Quel bilan peut-on en dresser une fois le voyage achevé ?

« Prendre la route » : les raisons du voyage, de l’Antiquité à nos jours Journées Jeunes Chercheurs JANUA 2019 Au XVIe siècle, Montaigne disait à propos de l’éducation des enfants : « Pour frotter et limer leur cervelle contre celle d’autruy, je voudrois qu’on commençast à le promener dès sa plus tendre enfance » (Essais, chap. 25, livre 1). L’une des plus nobles raisons d’entreprendre un voyage est ici énoncée : propice aux rencontres et aux échanges, il est formateur pour l’intelligence et participe intégralement de l’éducation. Au contraire, s’opposant à ce goût manifeste pour le voyage et ses fruits, Jules Renard déclare, désabusé : « À quoi bon voyager ! Il y a de la nature, de la vie et de l’histoire partout » (Journal, 27 août 1906). Qu’importent donc les motivations du voyageur, son entreprise est vaine car il ne découvrira rien d’autre qu’un environnement similaire au sien. Voyager n’est qu’un leurre, l’histoire se répète et l’homme se résume en une médiocrité indigne d’intérêt. Ce désenchantement, propre à un siècle que des perspectives d’aventures ne font plus vibrer, est catégoriquement opposé à l’engouement ordinaire suscité par les nombreux exemples historiques d’individus, peuples ou catégories sociales entreprenant périples, pèlerinages ou expéditions par nécessité, profit ou plaisir. Du nomadisme primitif à l’exploration spatiale, en passant par les pèlerinages religieux ou le commerce des épices, les prétextes pour partir ne manquent pas et se diversifient au fil des siècles. Chaque homme ou chaque femme qui entreprend un périple est motivé(e) par des causes qui lui sont tout à la fois propres et culturelles. S’interroger sur les raisons du voyage nous permettrait d’approfondir nos connaissances aussi bien sur l’imaginaire entourant ce phénomène que sur la vie quotidienne des sociétés passées et présentes. À l’heure du tourisme de masse, où le voyage est un loisir dont l’organisation génère peu de difficultés et la réalité quelques imprévus discrets, la peur de voyager paraît difficilement concevable. Pourtant, cette activité fut longtemps périlleuse. Partir dans un pays lointain, sur une route inconnue, échapper aux corsaires sur mer ou aux brigands sur terre, se nourrir et se loger en toutes circonstances, se frayer un chemin au milieu de populations parfois hostiles, mais aussi répondre à de simples questions financières sont autant d’arguments pertinents pour décourager des velléités de départ. La question se pose alors des motivations du voyage et donc de son intérêt et de son utilité pour ceux qui l’entreprennent car, face à milles contrariétés, pourquoi entreprendre un périple qui n’est qu’incertitude ? Pourquoi voyager ? Qu’en retire-t-on ? La réalité est-elle à la hauteur des espérances des voyageurs ? Quel bilan peut-on en dresser une fois le voyage achevé ? Pour répondre à cette question, nous envisagerons le voyage dans son sens le plus vaste incluant les courtes et longues distances, les déplacements individuels ou collectifs, les expéditions terrestres, maritimes ou aériennes, les allers-retours ou les voyages à sens unique, afin de s’interroger véritablement sur les motivations qui, depuis l’Antiquité, ont poussé et poussent des êtres humains à se déplacer. Les propositions de communication s’inscriront suivant trois axes :    Le premier s’intéressera aux attentes. En effet, partir, pour un temps ou pour toujours, ne se fait pas sans espérances, espoirs ou craintes. Le questionnement débutera donc par une exploration des aspirations qui motivent le voyageur et le poussent à surmonter les difficultés, réelles ou fantasmées, dans son entreprise. Ces attentes peuvent être aussi bien spirituelles qu’économiques, diplomatiques, scientifiques, guerrières. Les impératifs vitaux, la soif d’une vie meilleure comme la nécessité de partir pour des raisons politiques, seront pris en compte au sein de cet axe. Le deuxième axe concernera les enjeux. Il s’agira d’examiner les modalités et l’organisation logistique concrète du voyage de l’Antiquité à nos jours. Où part-on ? Comment se déplace-ton ? Quelles périodes sont les plus propices au voyage ? Quels dangers et contraintes se rencontrent sur la route ? Cet axe vise à mettre en lumière les façons de voyager, les moyens mis à disposition des voyageurs, ainsi que la durée et la distance à parcourir. La question du déplacement de population, que ce soit sous la contrainte, pour répondre à une nécessité, ou par mode de vie sera intégrée à cette réflexion. Enfin, le troisième axe portera sur les témoignages. Il s’agira de considérer les retours sur expérience. Une fois le voyage accompli, que reste-t-il ? Quels sont les acquis, les pertes ? Est-ce un succès ou un échec ? Quel récit idéalisé ou discours dissuasif fait suite à l’expédition en ellemême ? La manière dont les voyageurs font mémoire de leur expédition à travers les témoignages littéraires, artistiques ou musicaux, sera explorée. Cette réflexion se veut transdisciplinaire, donnant la parole à des jeunes chercheurs (doctorants, masterants ou jeunes docteurs) en histoire, histoire de l’art, archéologie, littérature, musicologie ou philosophie, quelle que soit leur époque de prédilection. Les analyses des sources politiques, économiques, religieuses, artistiques et littéraires sont les bienvenues. Les propositions de communication (500 mots environ) sont à envoyer, accompagnées d’un CV, à l’adresse suivante : association.janua@gmail.com avant le 31 janvier 2019. Les communications retenues ont vocation à être publiées l’année suivante dans les Annales de Janua ( http://annalesdejanua.edel.univpoitiers.fr/ ). Une réponse sera communiquée aux intervenants sélectionnés courant février. L’évènement se déroulera sur deux journées, les 11 et 12 avril 2019. L’après-midi du vendredi sera consacrée à une visite du centreville de Poitiers pour les participants intéressés. L’hébergement des communicants pour deux soirs consécutifs est pris en charge par l’association, ainsi que les deux repas du midi et une partie des frais de transport à hauteur de 50€ par intervenant. Comité d’organisation : Association Janua Zoé Le Nel (CESCM, Master II Mondes médiévaux, littérature médiévale) Claire Boisseau (CESCM, Doctorante en histoire de l’art médiéval) Julie Caron (HeRMA, Doctorante en archéologie antique) Marie Cloutour (Criham, Doctorante en histoire moderne) Gabrielle Schmid (CESCM, Doctorante en histoire de l’art médiéval) Comité scientifique : Yves Lafond (HeRMA, Professeur d’histoire grecque) Séverine Lemaître (HeRMA, Maîtresse de conférences en histoire de l’art et archéologie antique) Vincent Michel (HeRMA, Professeur d’archéologie antique, Directeur du laboratoire) Martin Aurell (CESCM, Professeur d’histoire médiévale, Directeur du laboratoire) Claudio Galderisi (CESCM, Professeur en langues et littératures françaises du Moyen Âge) Guillaume Bourgeois (Criham, Maître de conférences HDR en histoire contemporaine, Directeur du laboratoire) François Brizay (Criham, Professeur d’histoire moderne) Nabila Oulebsir (Criham, Maîtresse de conférence HDR en histoire de l’art contemporain) Photo de couverture : Pieter Brueghel l’Ancien (copie), La chute d’Icare, c. 1595, Musée royal des Beaux Arts de Belgique, Bruxelles